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Amnestiy International 2013

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

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K<br />

sous-sols de postes de police, et de détenus<br />

déshabillés, contraints à s’allonger ou à s’accroupir<br />

sur le sol de béton froid, aspergés d’eau glacée, et<br />

frappés, y compris à coups de pied, par des agents<br />

des forces de sécurité, souvent jusqu’à en perdre<br />

connaissance. Ceux qui s’évanouissaient étaient<br />

ranimés à l’eau froide, puis de nouveau battus, à<br />

intervalles réguliers. Ces traitements répétitifs<br />

pouvaient durer des heures. Dix des témoins de<br />

l’accusation se sont rétractés lors des audiences,<br />

affirmant avoir eux-mêmes été contraints sous la<br />

torture ou divers mauvais traitements de témoigner<br />

contre les prévenus.<br />

Certains des prévenus ont identifié les policiers et<br />

autres agents des services de sécurité qui les avaient<br />

torturés ou maltraités. Les membres des forces de<br />

sécurité accusés par les prévenus et leurs avocats<br />

d’avoir ouvert le feu sur les manifestants et de les<br />

avoir maltraités en détention ont témoigné en tant que<br />

victimes ou témoins, certains anonymement. Tous ont<br />

plaidé la légitime défense. Lorsqu’on leur a demandé<br />

qui leur avait ordonné d’ouvrir le feu, certains ont<br />

répondu qu’ils n’avaient pas reçu cet ordre mais<br />

qu’on ne les avait pas non plus enjoints de ne pas<br />

tirer. Les services du procureur général se sont<br />

penchés sur les allégations de torture à la demande<br />

du président le tribunal, pour finalement les rejeter.<br />

Sept des accusés ont été condamnés à des peines<br />

allant jusqu’à sept ans d’emprisonnement.<br />

n La militante du droit du travail Roza Touletaïeva, qui<br />

avait été l’un des principaux contacts de la presse et<br />

des organisations internationales pendant la grève des<br />

travailleurs du secteur pétrolier, en 2011, a déclaré lors<br />

du procès que les agents des services de sécurité qui<br />

avaient mené son interrogatoire l’avaient suspendue<br />

par les cheveux, avaient menacé de s’en prendre à sa<br />

fille, âgée de 14 ans, lui avaient mis un sac en plastique<br />

sur la tête pour l’empêcher de respirer, et l’avaient<br />

soumise à des humiliations et à des sévices sexuels.<br />

Elle a déclaré qu’elle avait trop honte pour pouvoir<br />

décrire devant la cour les actes de torture sexuelle<br />

qu’elle avait subis, en raison de la présence de sa<br />

famille et d’amis dans le public. Elle a été condamnée à<br />

sept ans d’emprisonnement pour « incitation à la<br />

discorde sociale ».<br />

Procès inéquitables<br />

Outre les 37 personnes arrêtées à Janaozen en<br />

décembre 2011 et jugées en mars 2012, trois<br />

militants d’opposition résidant à Almaty ont également<br />

été interpellés en janvier 2012 pour leur rôle présumé<br />

dans les troubles ainsi que, en juin, le directeur d’un<br />

théâtre de renom et un militant d’un mouvement de<br />

jeunesse. Ces cinq personnes ont été inculpées<br />

d’« incitation à la discorde sociale » et de<br />

« déstabilisation de la situation dans la région ».<br />

Trois d‘entre elles ont été remises en liberté<br />

conditionnelle, après avoir passé plusieurs semaines<br />

de détention dans les locaux du Service de sécurité<br />

nationale et accepté de signer des « aveux », dans<br />

lesquels elles reconnaissaient s’être rendues à<br />

Janaozen pour soutenir les ouvriers en grève.<br />

Défavorables aux personnes inculpées dans le<br />

cadre de l’affaire de Janaozen, certaines déclarations<br />

faites par de hauts responsables dans les médias<br />

d’État compromettaient toute chance pour ces<br />

personnes d’être jugées équitablement. De<br />

nombreuses atteintes à la procédure ont en outre été<br />

constatées (accès limité aux avocats et aux familles,<br />

par exemple). Les avocats représentant les militants<br />

détenus par le Service de sécurité nationale ont dû<br />

signer des engagements de confidentialité qui leur<br />

interdisaient de divulguer la moindre information sur<br />

la procédure en cours contre leurs clients.<br />

n Vladimir Kozlov, dirigeant du parti d’opposition<br />

Alga, non reconnu officiellement, a été arrêté le<br />

23 janvier à son domicile d’Almaty par des agents du<br />

Service de sécurité nationale. Il était accusé<br />

d’« incitation à la discorde sociale ». Son domicile a<br />

été perquisitionné, ainsi que les bureaux d’Alga à<br />

Almaty et les maisons ou appartements de plusieurs<br />

autres membres de cette formation. Vladimir Kozlov<br />

s’était rendu à Janaozen en janvier, en tant que<br />

membre d’un groupe d’observation public<br />

indépendant qui avait pour mission d’enquêter sur les<br />

allégations de torture et d’autres mauvais traitements<br />

en garde à vue, et qui avait ensuite fait part de ses<br />

conclusions au Parlement européen. Il a été placé en<br />

détention dans les locaux du Service de sécurité<br />

nationale d’Aktaou, et n’avait qu’un accès limité à ses<br />

avocats et à sa famille. Le 8 octobre, il a été déclaré<br />

coupable par le tribunal municipal d’Aktaou<br />

d’« incitation à la discorde sociale » et de tentative de<br />

renversement de l’ordre constitutionnel. Il a été<br />

condamné à sept ans et demi d’emprisonnement et à<br />

la confiscation de ses biens. Amnesty <strong>International</strong> le<br />

considérait comme un prisonnier d’opinion. Les<br />

observateurs indépendants qui ont pu assister à son<br />

164 Amnesty <strong>International</strong> - Rapport <strong>2013</strong>

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