Amnestiy International 2013

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains. Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

21.10.2013 Views

J Procès inéquitables Cette année encore, des civils accusés d’infractions liées à la sécurité ont comparu devant la Cour de sûreté de l’État dans le cadre de procès qui n’étaient pas conformes aux normes d’équité internationalement reconnues. Inculpées aux termes d’articles du Code pénal érigeant la dissidence pacifique en infraction, plusieurs centaines de personnes, dont neuf enfants, ont été déférées devant cette juridiction. n Uday Abu Isa a été condamné en janvier à deux ans d’emprisonnement par la Cour de sûreté de l’État pour avoir brûlé un portrait du roi au cours d’une manifestation. Ce prisonnier d’opinion a été détenu pendant sept semaines avant d’être élargi à la faveur d’une grâce accordée par le roi. Il s’est plaint d’avoir été battu par des policiers après son interpellation. Détention sans procès Cette année encore, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de personnes ont été maintenues en détention prolongée sans inculpation ni jugement en vertu de la Loi de 1954 relative à la prévention de la criminalité. Ce texte autorise les gouverneurs de province à ordonner le maintien en détention, sans inculpation et pour une durée indéterminée, de quiconque est soupçonné d’avoir commis un crime ou est considéré comme représentant un « danger pour la société ». Violences et discrimination à l’égard des femmes Les femmes étaient victimes de discrimination dans la législation et dans la pratique ; elles n’étaient pas suffisamment protégées contre les violences liées au genre. Dix femmes au moins auraient été tuées par des parents proches de sexe masculin au nom de l’« honneur » de leur famille. Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et la rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes [ONU] ont recommandé au gouvernement de réviser la Loi relative à la citoyenneté et à la nationalité afin que les Jordaniennes puissent transmettre leur nationalité à leurs enfants et à leur conjoint, comme les Jordaniens peuvent le faire. Ils l’ont également appelé à lever les réserves formulées aux articles 9 et 16 de la Convention sur les femmes [ONU] relatifs à la nationalité et à la discrimination dans le cadre des relations familiales. Le Premier ministre a déclaré, en novembre, que le gouvernement allait prendre en compte la question des réserves. Droits des migrants – les employés de maison Selon certaines sources, des employés de maison, essentiellement des femmes, étaient enfermés au domicile de leur employeur, privés de leur salaire et dépouillés de leur passeport. Certains subissaient des mauvais traitements psychologiques ou physiques, y compris des violences sexuelles, de la part de leur employeur. En mars, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] a exhorté le gouvernement à faire en sorte que toutes les personnes employées en Jordanie, y compris les domestiques migrants, exercent leurs droits liés au travail, quelle que soit leur origine nationale ou ethnique. Réfugiés et demandeurs d’asile Des milliers de personnes qui fuyaient le conflit en Syrie se sont réfugiées en Jordanie. En décembre, le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré que 163 088 Syriens étaient enregistrés ou en cours d’enregistrement auprès de ses services ; le nombre total de réfugiés présents sur le territoire était probablement plus élevé. Selon certaines informations, des réfugiés palestiniens et syriens ont été renvoyés en Syrie contre leur gré. Le 31 août, le ministre jordanien des Affaires étrangères a annoncé que 200 Syriens environ avaient été expulsés du camp de réfugiés de Zaatari et ramenés à la frontière syrienne pour participation à une « émeute » et incitation à la violence. Peine de mort Seize personnes au moins ont été condamnées à mort ; au moins cinq peines capitales ont été commuées. Aucune exécution n’a eu lieu. La Jordanie n’avait procédé à aucune exécution depuis 2006. Visites et documents d’Amnesty International v Amnesty International s’est rendue en Jordanie en février et en juillet pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains en Syrie. 162 Amnesty International - Rapport 2013

4 Jordanie. La décision de libérer deux détracteurs du gouvernement est considérée comme un premier pas positif (MDE 16/001/2012). 4 Jordanie. Il faut libérer les six militants réformistes qui font l’objet d’une enquête pour avoir « insulté » le roi (MDE 16/002/2012). 4 Jordan: Arbitrary arrests, torture and other ill-treatment and lack of adequate medical care of detained protestors (MDE 16/003/2012). 4 Jordanie : l’arrestation de 20 militants favorables aux réformes annonce un tour de vis contre la liberté d’expression (PRE01/489/2012). KAZAKHSTAN RÉPUBLIQUE DU KAZAKHSTAN Chef de l’État : Noursoultan Nazarbaïev Chef du gouvernement : Karim Massimov, remplacé par Serik Akhmetov le 24 septembre À l’issue d’une enquête judiciaire sur l’emploi, par des agents des forces de sécurité, de méthodes ayant entraîné la mort lors des troubles de Janaozen en décembre 2011, des poursuites ont été engagées contre cinq fonctionnaires. Un certain nombre de personnes accusées d’avoir organisé ces événements ou d’y avoir participé ont été traduites en justice en mars. La plupart d’entre elles affirmaient avoir été contraintes sous la torture de faire des « aveux ». Le dirigeant d’un parti d’opposition non reconnu par les autorités, accusé d’avoir participé aux violences de Janaozen, a été condamné à une lourde peine d’emprisonnement à l’issue un procès non équitable. Des organes de presse indépendants ont été qualifiés d’extrémistes et ont été fermés. Cette année encore, des personnes ont été extradées alors qu’elles risquaient d’être torturées et, plus généralement, maltraitées à leur arrivée dans le pays demandeur. Utilisation excessive de la force L’enquête menée sur le recours à des méthodes meurtrières par les forces de sécurité lors des événements survenus à Janaozen a débouché en janvier 2012 sur l’inculpation de cinq gradés pour abus de pouvoir. Le nombre de morts et de blessés graves par balle indiquait toutefois qu’ils étaient loin d’être les seuls membres des forces de sécurité à avoir fait usage d’armes à feu. Le 16 décembre 2011, à Janaozen, une ville du sud-ouest du pays, de Amnesty International - Rapport 2013 violents affrontements avaient éclaté entre manifestants et policiers à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire de l’indépendance du Kazakhstan. Au moins 15 personnes avaient été tuées et plus de 100 grièvement blessées. Selon certaines informations, les forces de sécurité n’avaient pas été formées pour contenir manifestants et grévistes par des méthodes non violentes et proportionnées, alors que les autorités étaient confrontées depuis des mois à un mouvement de grève et de contestation mené par les travailleurs du secteur pétrolier, leurs familles et leurs sympathisants. En réponse aux appels lancés en faveur de l’ouverture d’autres enquêtes prenant en compte toutes les personnes tuées ou blessées, y compris celles qui n’avaient pas été comptabilisées officiellement, afin d’établir le bilan réel des violences et de traduire en justice tous les responsables, les services du procureur général ont fait savoir en octobre que tous les éléments disponibles avaient été attentivement examinés par l’antenne régionale du ministère de l’Intérieur, et que rien ne justifiait l’inculpation d’autres membres des forces de sécurité. n Cinq gradés des forces de sécurité de la région de Manguistaou et de la ville de Janaozen ont été inculpés fin janvier d’abus de pouvoir, pour usage injustifié d’armes à feu. Selon les services du procureur général, certains d’entre eux auraient été identifiés grâce à des images vidéos. Ils ont été condamnés en mai à des peines allant de cinq à sept ans d’emprisonnement. Plusieurs policiers appelés à témoigner lors du procès ont confirmé qu’ils avaient eux-mêmes tiré directement sur des manifestants. Ils n’ont pourtant pas été inculpés. Torture et autres mauvais traitements Trente-sept personnes accusées d’avoir organisé les violences de Janaozen ou d’y avoir participé ont été traduites en justice au mois de mars à Aktaou, le chef-lieu de région. La plupart d’entre elles ont déclaré avoir été torturées ou, plus généralement, maltraitées en détention par des agents des forces de sécurité qui cherchaient ainsi à les faire passer aux « aveux ». Elles se sont rétractées pendant le procès. Les méthodes de torture décrites par les prévenus correspondaient à celles qu’avaient dénoncées en décembre 2011 nombre de personnes interpellées puis libérées. Ces témoignages faisaient état de détention dans des centres non officiels ou dans les 163 K

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Procès inéquitables<br />

Cette année encore, des civils accusés d’infractions<br />

liées à la sécurité ont comparu devant la Cour de<br />

sûreté de l’État dans le cadre de procès qui n’étaient<br />

pas conformes aux normes d’équité<br />

internationalement reconnues. Inculpées aux termes<br />

d’articles du Code pénal érigeant la dissidence<br />

pacifique en infraction, plusieurs centaines de<br />

personnes, dont neuf enfants, ont été déférées devant<br />

cette juridiction.<br />

n Uday Abu Isa a été condamné en janvier à deux ans<br />

d’emprisonnement par la Cour de sûreté de l’État pour<br />

avoir brûlé un portrait du roi au cours d’une<br />

manifestation. Ce prisonnier d’opinion a été détenu<br />

pendant sept semaines avant d’être élargi à la faveur<br />

d’une grâce accordée par le roi. Il s’est plaint d’avoir été<br />

battu par des policiers après son interpellation.<br />

Détention sans procès<br />

Cette année encore, plusieurs centaines, voire<br />

plusieurs milliers, de personnes ont été maintenues<br />

en détention prolongée sans inculpation ni jugement<br />

en vertu de la Loi de 1954 relative à la prévention de<br />

la criminalité. Ce texte autorise les gouverneurs de<br />

province à ordonner le maintien en détention, sans<br />

inculpation et pour une durée indéterminée, de<br />

quiconque est soupçonné d’avoir commis un crime<br />

ou est considéré comme représentant un « danger<br />

pour la société ».<br />

Violences et discrimination à l’égard des<br />

femmes<br />

Les femmes étaient victimes de discrimination dans la<br />

législation et dans la pratique ; elles n’étaient pas<br />

suffisamment protégées contre les violences liées au<br />

genre. Dix femmes au moins auraient été tuées par<br />

des parents proches de sexe masculin au nom de<br />

l’« honneur » de leur famille.<br />

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à<br />

l’égard des femmes et la rapporteuse spéciale sur la<br />

violence contre les femmes [ONU] ont recommandé<br />

au gouvernement de réviser la Loi relative à la<br />

citoyenneté et à la nationalité afin que les<br />

Jordaniennes puissent transmettre leur nationalité à<br />

leurs enfants et à leur conjoint, comme les Jordaniens<br />

peuvent le faire. Ils l’ont également appelé à lever les<br />

réserves formulées aux articles 9 et 16 de la<br />

Convention sur les femmes [ONU] relatifs à la<br />

nationalité et à la discrimination dans le cadre des<br />

relations familiales. Le Premier ministre a déclaré, en<br />

novembre, que le gouvernement allait prendre en<br />

compte la question des réserves.<br />

Droits des migrants – les employés de<br />

maison<br />

Selon certaines sources, des employés de maison,<br />

essentiellement des femmes, étaient enfermés au<br />

domicile de leur employeur, privés de leur salaire et<br />

dépouillés de leur passeport. Certains subissaient des<br />

mauvais traitements psychologiques ou physiques, y<br />

compris des violences sexuelles, de la part de leur<br />

employeur.<br />

En mars, le Comité pour l’élimination de la<br />

discrimination raciale [ONU] a exhorté le<br />

gouvernement à faire en sorte que toutes les<br />

personnes employées en Jordanie, y compris les<br />

domestiques migrants, exercent leurs droits liés au<br />

travail, quelle que soit leur origine nationale ou<br />

ethnique.<br />

Réfugiés et demandeurs d’asile<br />

Des milliers de personnes qui fuyaient le conflit en<br />

Syrie se sont réfugiées en Jordanie. En décembre, le<br />

bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour<br />

les réfugiés (HCR) a déclaré que 163 088 Syriens<br />

étaient enregistrés ou en cours d’enregistrement<br />

auprès de ses services ; le nombre total de réfugiés<br />

présents sur le territoire était probablement plus<br />

élevé. Selon certaines informations, des réfugiés<br />

palestiniens et syriens ont été renvoyés en Syrie<br />

contre leur gré. Le 31 août, le ministre jordanien des<br />

Affaires étrangères a annoncé que 200 Syriens<br />

environ avaient été expulsés du camp de réfugiés de<br />

Zaatari et ramenés à la frontière syrienne pour<br />

participation à une « émeute » et incitation à la<br />

violence.<br />

Peine de mort<br />

Seize personnes au moins ont été condamnées à<br />

mort ; au moins cinq peines capitales ont été<br />

commuées. Aucune exécution n’a eu lieu. La<br />

Jordanie n’avait procédé à aucune exécution depuis<br />

2006.<br />

Visites et documents d’Amnesty<br />

<strong>International</strong><br />

v Amnesty <strong>International</strong> s’est rendue en Jordanie en février et en juillet<br />

pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains en Syrie.<br />

162 Amnesty <strong>International</strong> - Rapport <strong>2013</strong>

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