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Un Dieu impartial ? Jugement sur les œuvres et justification par la foi

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<strong>Un</strong> <strong>Dieu</strong> <strong>im<strong>par</strong>tial</strong> ? <strong>Jugement</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> <strong>œuvres</strong> <strong>et</strong> <strong>justification</strong> <strong>par</strong> <strong>la</strong> <strong>foi</strong><br />

c. La distinction Juif/Grec<br />

Pour <strong>les</strong> Juifs du temps de Paul, il y avait devant <strong>Dieu</strong> comme devant <strong>les</strong><br />

hommes deux humanités en quelque sorte, Israël <strong>et</strong> <strong>les</strong> nations. Les païens,<br />

appelés « Grecs » <strong>par</strong>ce qu’ap<strong>par</strong>tenant globalement à <strong>la</strong> civilisation hellénistique,<br />

sont situés hors du champ de <strong>la</strong> Révé<strong>la</strong>tion confiée au peuple de l’alliance.<br />

Paul a utilisé en 1.16 c<strong>et</strong>te division du monde antique pour attester l’offre<br />

universelle du salut de <strong>Dieu</strong> : au Juif, d’abord, puis au Grec11 . On r<strong>et</strong>rouve c<strong>et</strong>te<br />

dualité Juif/Grec dans <strong>les</strong> vers<strong>et</strong>s 9 <strong>et</strong> 10 du chapitre 2, non plus pour réunir <strong>les</strong><br />

deux camps dans <strong>la</strong> perspective du salut, mais pour énoncer leur égalité sous le<br />

jugement. Le terme de « païens » (<strong>et</strong>hnè, <strong>les</strong> nations) est employé au v. 14 pour<br />

évoquer un trait majeur de leur condition : ils ignorent <strong>la</strong> Tôrâ.<br />

Le contraste Juif/Grec se r<strong>et</strong>rouve dans l’Église <strong>et</strong> on distingue aisément<br />

dans le Nouveau Testament l’existence de judéo-chrétiens <strong>et</strong> de paganochrétiens,<br />

même si d’autres termes peuvent <strong>les</strong> désigner, étant entendu que c<strong>et</strong><br />

état de fait socio-culturel ne devrait pas porter atteinte à l’unité profonde de<br />

l’unique peuple de <strong>Dieu</strong> (Ga 3.28). On s’est interrogé : en 2.1-16, est-on en<br />

présence de <strong>la</strong> sé<strong>par</strong>ation traditionnelle de l’humanité en deux grandes famil<strong>les</strong>,<br />

Juifs <strong>et</strong> non-Juifs, ou de <strong>la</strong> dualité d’origine qui demeure dans l’Église, judéochrétiens<br />

<strong>et</strong> pagano-chrétiens ? Les Grecs ou païens dont <strong>par</strong>le ici l’apôtre<br />

seraient-ils des pagano-chrétiens ? C<strong>et</strong>te solution facilite, à certains égards,<br />

l’interprétation du passage : <strong>la</strong> possibilité de « faire le bien » <strong>et</strong> « ce qu’ordonne<br />

<strong>la</strong> Loi » (v. 10 <strong>et</strong> 14) se comprend mieux pour des pagano-chrétiens bénéficiant<br />

des lumières <strong>et</strong> de l’aide de l’Esprit Saint que pour des païens12 . C<strong>et</strong>te lecture<br />

tentante a eu des défenseurs chez <strong>les</strong> Pères de l’Église <strong>et</strong> en conserve <strong>par</strong>mi <strong>les</strong><br />

modernes. Mais Paul, à ce stade de son développement, ne dirige pas son regard<br />

<strong>sur</strong> l’Église. Il s’en prend à ce sens d’un privilège devant <strong>Dieu</strong> que le Juif,<br />

éventuellement tel judéo-chrétien, estime posséder en tant que Juif. Depuis<br />

1.18 il considère l’humanité : en 2.9-10 il montre que dans <strong>les</strong> deux branches<br />

de c<strong>et</strong>te humanité, chez le Juif comme chez le Grec, on comm<strong>et</strong> le mal ou l’on<br />

11. En 1.13, on rencontre une distinction beaucoup plus rare, une distinction interne au monde païen entre <strong>les</strong><br />

« Grecs », <strong>les</strong> popu<strong>la</strong>tions marquées <strong>par</strong> <strong>la</strong> civilisation hellénistique, <strong>et</strong> <strong>les</strong> « Barbares », <strong>les</strong> autres. Tous ont droit à<br />

entendre l’Évangile !<br />

12. Il est vrai que le v. 7 emploie une expression forte « persévérer à bien faire » <strong>et</strong> on peut être tenté d’estimer que<br />

seule <strong>la</strong> grâce de <strong>Dieu</strong> peut réaliser ce<strong>la</strong> dans <strong>la</strong> vie de pagano-chrétiens (J.A. FITZMYER, Romans, Anchor Bible, New<br />

York, Doubleday, 1993, p. 297 : « il se réfère implicitement à des chrétiens ») mais le même contraste Juif/Grec vaut<br />

pour <strong>la</strong> pratique du mal, <strong>et</strong> le v. 12 signale c<strong>la</strong>irement des personnes qui sont « sans <strong>la</strong> Loi ». Les païens visés en 14-16<br />

ap<strong>par</strong>tiendraient difficilement à <strong>la</strong> communauté chrétienne.<br />

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