Journal of Film Preservation - FIAF

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Notes 1 Il s’agit, ici, d’une partie seulement de sa formation scolaire. J’aurai l’occasion de parler ailleurs de ses études chez les Frères du Sacré-Coeur (“Brothers School”) à Richmond et au Lac Mégantic. Le cas de l’école de Point-aux-Trembles mérite d’être développé séparément. Cependant, je dois signaler que mes recherches sur le passage de Mack dans cette école ne sont pas terminées. J’ai à ma disposition des documents que je dois encore analyser. 2 SENNETT, Mack and (as told to) SHIPP, Cameron, King of Comedy, New York, 1954, Doubleday and Company, inc., (284 pages), p. 17 3 FOWLER, Gene, Father Goose: The Story of Mack Sennett, New York, 1934, Covici Friede Publishers, (200 pages), le livre est dédié à W. C. Fields 4 Les Patriotes sont des “révolutionnaires” qui s’inspirent de la Révolution française dans le but de changer le fonctionnement politique du Bas-Canada. Mgr Lartigue, évêque de Montréal, par un mandement explicite, avait frappé d’excommunication des centaines de catholiques romains qui avaient pris part à la révolte de 1837. Parmi ces patriotes, il y avait, outre des francophones, des anglophones et des Irlandais. 5 La plus grande partie des informations historiques sur l’école de Pointe-aux- Trembles provient du livre du pasteur J. A. Boucher: Esquisse historique de l’Institut Français Evangélique de la Pointe-aux- Trembles, imprimé par R. A. Regnault, Montréal, 1948. La ville de Pointe-aux- Trembles a aussi publié des bulletins à l’occasion de son tricentenaire et, plus récemment, pour son 325ème anniversaire où il est fait mention de cette école. 6 Auteur inconnu, Up to the Light, the Story of French Protestantism in Canada, Ryerson Press, 1928 7 Cependant, il y aurait d’autres témoignages plus positifs et plus nuancés. J’aimerais citer celui d’Adolph Zukor qui, dans Le public n’a jamais tort (Corréa, Paris, 1954), qualifie Mack d’”Harmonieux Chaudronnier” (p. 152). “Chaudronnier” faisant référence à son métier alors qu’il demeure à East Berlin; mais Sennett est aussi un cinéaste-chaudronnier qui travaille beaucoup et qui récupère tous les matériaux qu’il peut trouver. “Harmonieux” aussi parce que Mack reste préoccupé par des questions de musique, d’harmonie, de rythme. Dans cette école, les règlements étaient nombreux. En voici quelques exemples: “Le port de l’uniforme est obligatoire”, “il est absolument défendu de mâcher de la gomme”, “les parents ne peuvent voir les enfants que le dimanche après-midi entre 2 heures et 4 heures 30”, “il est strictement défendu de vendre, d’acheter, de prêter ou d’emprunter quoi que ce soit entre camarades”, etc. Une journée débute à 6 heures. Ensuite, se succèdent des périodes d’étude de la Bible, de classe et de repas. L’élève se couche vers 21 heures. La devise sur l’écusson officiel de l’école est Fiat Lux. Parmi les matières enseignées, nous avons connaissance de celle à laquelle Mack se réfère en particulier, celle de l’expression orale en français. Effectivement, dans le livre Up to the Light, il est précisé que “Naturally a great deal of attention is paid to the French language which is in each school the language used extensively in the primary classes. (…) In addition to the regular class drills, rethorical exercises are held. Those are much appreciated by students, who learn thus how to become proficient in public speaking.” (p. 175) On sait que Mack conduira un grand nombre de ses discussions avec ses scénaristes sur la base de cette capacité à exprimer clairement et brièvement ses attentes. C’est également ce qui justifie l’emploi de la langue française par Mack tout au long de sa vie. En 1952, dans un hommage qui lui est rendu à Cannes, il tente de dire en français ce que le traducteur aurait mal exprimé. C’est également dans cette langue qu’il s’adressa, à la fin de sa vie, à Mme Dorris Hasley, responsable des droits sur les œuvres de Sennett pour la Reece-Hasley Agency. Par ailleurs, on insistait beaucoup dans cette école, sur l’apprentissage de la musique et du chant. Il s’agissait d’apprendre à chanter les psaumes. Mme Rosa Raymond fut professeur de chant. L’orgue et le piano situés dans la chapelle sont bien mis en évidence sur la carte postale. Il est donc probable que Mack a eu l’occasion de développer ici son intérêt et ses connaissances pour le chant. Le rêve, défendu par sa mère et partagé avec sa sœur Mary de devenir chanteur, fut en revanche encouragé lors de son passage dans cette école. Un autre élément important à signaler est la présence d’une immense ferme dans les environs de l’école. Les garçons étaient encouragés à y passer du temps. Or, la vie de Mack est également marquée par le besoin de conserver des liens avec la ferme de son enfance à Danville. Plus tard, il fera construire une grande ferme à proximité du studio de la Keystone. Lorsqu’il reviendra au Québec pour visiter sa mère durant l’été, à partir de 1915, il pourra aussi se retrouver dans la ferme développée par sa mère qui était une véritable femme d’affaires. Il a été souvent écrit et ses biographes Mitry et Turconi (King of Comedy) l’ont répété, Mack n’était pas un très bon élève. Il y a aussi toute une mythologie qui présente Mack comme un personnage rustre et un peu primitif (cf.: écrits de Linda Arvidson, la femme de Griffith, ceux de Gloria Swanson et de quelques autres) 7 . Sur base de la présente recherche, on apprend qu’il a étudié dans une école qui lui délivre une solide formation en français et en musique, et que c’est aussi une école 70 Journal of Film Preservation / 58/59 / 1999
qui prône une éducation rigoureuse et est probablement l’école la plus progressive de tout le Québec en 1896. Mack prétend détester l’école. Cependant il est capable de citer La Tentation de Saint-Antoine de Flaubert; il écrit de longs textes théoriques dans son News Bulletin ainsi qu’une “novelized comedy” de 250 pages dans les années 50, etc. D’autre part, la lecture des nombreux textes “théoriques” de Sennett laisse entrevoir une grande capacité d’analyse et de compréhension de son médium, le cinéma. La dernière question est: pourquoi envoit-on les frères Sinnott dans cette école? Les raisons de cette décision tiennent au fait de l’éloignement de l’école et à sa mission d’initiation à la langue française. Or, 1896 est l’année qui précède celle du départ de la famille pour les Etats-Unis. La décision de mettre les fils dans cette école est révélatrice du conflit qui existe entre les parents de Mack dont la mère voulait installer la famille au Canada alors que le père souhaitait son départ pour les Etats-Unis. Le souhait exprimé par Mack dans Father Goose d’oblitérer le “nom du père” 8 en modifiant son nom de famille est révélateur d’un conflit avec son père. Sa mère fera de même en se faisant appeler Mme Sennett. Ce fait est confirmé par toutes les personnes que j’ai rencontrées qui l’ont connue durant les années 30 au Québec. Dans King of Comedy, Mack dit “At any rate, it sometimes appears to me that I never left my early Canadian influences far behind” (p. 18) : je crois que c’est vrai9 . Et c’est cela que j’ai tenté de démontrer à partir d’un exemple issu d’un fait qui semblait être de moindre importance, celui du passage de Mack Sennett par l’école de Pointe-aux-Trembles. 8 Par ailleurs, les connaissances que j’ai acquises au sujet du père de Mack viendront démontrer que le fils ressemble beaucoup au père. Celui-ci connaîtra divers démêlés avec la justice canadienne et il aura toujours un comportement de “maverick”. Il défiera la loi comme Mack le fera à Hollywood. Un film en préparation illustre le caractère “déviant” du père. 9 Je crois que son apprentissage de la langue française, au Québec, l’a disposé à être plus réceptif aux comédies françaises. Son statut d’”Irlandais” dans les cantons de l’Est de l’époque le préparait à son statut d’”indépendant” dans le Hollywood naissant. Son esprit de critique sociale est aussi facilité parce qu’il sera un étranger à Hollywood et qu’il a déjà fait l’apprentissage de cette expérience au Québec, sans parler de son admiration pour les “French Canucks” forts comme des ours. Mais tout ceci, et d’autres choses, sera le contenu d’un livre en préparation sur Mack Sennett et le Québec. A RT C ONSERVATION BV KON. WILHELMINAHAVEN ZZ 19 3134 KG VLAARDINGEN TELEFOON 0031 10 23 402 91 06 539 468 40 06 514 048 48 TELEFAX 0031 10 46 034 37 E - MAIL INFO@ARTCONSERVATION.NL K.V.K. ROTTERDAM 190851 RESTAURATIE & CONSERVERING VAN KUNSTVOORWERPEN
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