Journal of Film Preservation - FIAF

Cette classification n’est pas anodine vis-à-vis de la restauration : la prise
en compte de la bipolarité esthétique et historique, prônée par Cesare
Brandi (5) (1906 - 1987), privilégie l’œuvre d’art. Grand penseur italien
de la restauration, Cesare Brandi joue un rôle essentiel dans la mise sur
pied d’une véritable politique de restauration tant par l’enseignement et
l’écriture que par la création, en 1938, de l’instrument national italien
adéquat pour cette mission : l’Istituto Centrale per il Restauro (6).
Il faut aussi citer Aloïs Riegl (7) (1858 - 1905) qui, à Vienne, dès le
début du 20ème siècle, chargé de concevoir la réglementation de la
protection des monuments historiques en Autriche, a élaboré une théorie
des valeurs qui sous-tend toute politique de traitement des biens
culturels. En simplifiant un peu, on peut dire qu’il affecte le patrimoine
culturel à protéger de quatre valeurs : historique, esthétique,
d’ancienneté et d’usage (8).
Il est clair que la théorie de Cesare Brandi convient parfaitement aux
œuvres d’art ; la théorie des valeurs d’Aloïs Riegl, plus complexe, permet
de traiter l’ensemble des biens culturels et en particulier tous ceux dont
la fonction, dite encore à valeur d’usage, est importante. C’est pourquoi,
la pensée moderne en matière de restauration du patrimoine privilégie
Aloïs Riegl dont les idées s’adaptent mieux au patrimoine très élargi à de
nombreux secteurs qu’est le patrimoine culturel au sens actuel (9). En
particulier, la théorie d’Aloïs Riegl permet au mobilier d’acquérir ses
lettres de noblesse, en rejoignant l’architecture dont l’assimilation aux
beaux-arts, au sens d’arts de contemplation, irritait certains qui, à juste
titre, mettaient l’accent sur la fonction, notion essentielle en architecture.
La doctrine d’Aloïs Riegl est plus souple et permet, par exemple, des
solutions diversifiées de restauration de la photographie selon que celleci
est considérée comme un art ou comme un document (10), et permet
aussi d’envisager les divers aspects de la «restauration» de spectacles
plastiques tels que le cinéma (11).
B. Le contexte de présentation des biens culturels
Du point de vue de leur survie physique, le contexte de présentation des
biens culturels est essentiel : musée, monument civil (château) ou
religieux (église, temple, synagogue, mosquée), site archéologique, centre
d’archives, bibliothèque, cinémathèque, etc. sont des lieux de conservation
à priorités différentes.
Le contexte de présentation le plus protecteur semble être le musée où le
contrôle du climat et la présence d’un gardiennage limitent les périls ; le
plus grand danger, dans ce cas, sont les expositions itinérantes (12), si
prisées des chercheurs dont les travaux sont ainsi visualisés par le monde
entier mieux que par un livre, mais aussi prisées de ceux qui sont
chargés des campagnes publicitaires ou même des responsables politiques
dont les visées diplomatiques risquent d’instrumentaliser le patrimoine
: les manutentions, les variations de climat et de pression, enfin
tout ce qui est mobile autour d’œuvres qui ont traversé des siècles dans
la tranquillité de leurs cimaises, les met aujourd’hui en péril.
3 Journal of Film Preservation / 58/59 / 1999
Policy of the Restoration of the
Cultural Heritage: Urgencies and
Contengency
Summary by Eileen Bowser
Part I concerns the two necessities for a
policy of conservation - restoration: the
urgent need to stabilize the work for the
purposes of preservation, and the contingent
need to make the work available to the
public. A summary history of policies of
conservation - restoration in the 20th
century is presented, including the ideas of
Cesare Brandi and the creation in 1938 of
the Italian Central Institute for Restoration
(which tends to privilege the fine arts), and
those of the Austrian Aloïs Riegl at the start
of the 20th century, who drew up the rules
for the protection of historic monuments in
Austria. Riegl’s ideas were more flexible,
pemitting for example, restoration of
photography either as art or as document.
The risks are considered for the movement of
the cultural heritage from secure and
climate-controlled conditions in museums
and archives for the purposes of presenting it
to the public. The dangers are much the
same in the presentation of all kinds of
works: handling of fragile works, extreme
changes of temperature and humidity,
exposure to sun and air and microbes,
insufficient security, catastrophes, etc. Use is
generally antithetical to conservation.
The history of the International Committee
of the Blue Shield, created in 1996 is traced.
It brought together the non-governemental
organizations dedicated to the various types
of cultural heritage, ICOM for the museums,
ICOMOS for monuments and sites, IFLA for
libraries and CIA for archives.
Part II looks to the archival services that
have the duty to provide the right
environment and to apply curative
treatments for stabilization of the works in
their care, to develop a policy of
conservation - restoration for the cultural
heritage. The more the society is developed,
and new materials and processes found, the
more it is vulnerable to new dangers. It
needs to be noted that stabilization measures
are the more difficult that they are often
undertaken in emergency conditions when a
process of deterioration is already underway.
Yet one must be sure that the treatments will
work and that they are reversible. Scientific
research must respond to these demands.
As for contingent needs: the aesthetic
measures of cleaning and repairing are
useful for the study of the cultural heritage
but may be not essential for its survival.