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Journal of Film Preservation - FIAF

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Soyons clair. Il n’est nullement dans mon propos ici d’accuser le<br />

programme du BFI d’un manque de qualité. Je crois au contraire savoir<br />

que l’entreprise a été faite avec beaucoup de soin et avec les meilleurs<br />

intentions culturelles possibles. Ce que le BFI avec ce programme ne<br />

semble pas remarquer - et c’est ce que je reproche - c’est qu’elle se meut<br />

ainsi - sans le vouloir et sans l’ambitionner - dans un champ commercial.<br />

Elle médiatise et sans s’en rendre compte elle entre dans une mentalité<br />

économique qui est contraire à sa vocation.<br />

Comment vivre avec cette tyrannie du vécu?<br />

Cette nouvelle culture - dont les gens de la culture ne s’occupent pas<br />

assez et refusent souvent de voir alors que par ailleurs ils en font<br />

évidemment partie comme tout un chacun - diffuse, permanente,<br />

décentralisée (ô combien), omniprésente, médiatisée, commercialisée à<br />

outrance (ne fût-ce que parce qu’elle ne peut se permettre de faire<br />

l’économie de la publicité et du marketing) est un véritable défi pour<br />

nous qui nous occupons de culture.<br />

Un défi à double visage, à double tranchant : car d’un côté il est<br />

indispensable que nous nous situions en son milieu. Pas question de la<br />

nier ; car cette arrogance pourrait nous coûter cher : l’oubli pur et<br />

simple. D’autre part cette culture mémoriale est implacable : tout ce qui<br />

n’entrera pas dans son système - très ouvert et souple en effet, on l’a vu,<br />

tout semble pouvoir devenir patrimoniable, digne d’être mémorisé et<br />

commémoré - sera tôt ou tard éliminé. Selon le raisonnement simpliste<br />

mais implacable que ce qui n’entre pas dans le système de la mémoire et<br />

du mémorable n’est pas digne d’y entrer et sera donc voué à l’oubli.<br />

Tout ce qui n’entre pas dans l’ordinateur - mémoire type - sera<br />

définitivement voué à l’oubli. Tout ce qui n’est pas médiatisé, fait partie<br />

du non-événementiel, et peut donc être oublié. Tout ce qui ne peut être<br />

vécu - en touriste - est relégué au marginal.<br />

Il faut donc coûte que coûte s’attacher à cette bouée de sauvetage qu’est<br />

une certaine idée de patrimoine. La faire passer dans le système<br />

mémorial tout en gardant la spécificité véritablement patrimoniale.<br />

Comment le cinéma peut y arriver, je l’ai dit, n’est pas aisé. Beaucoup<br />

joue contre lui... La tâche est ingrate.<br />

Nous, qui travaillons dans le champ culturel avons souvent un peu un<br />

comportement naïf. Nous sommes fiers quand nous sommes reconnus<br />

par les médias ; et en effet c’est un signe de reconnaissance et la preuve<br />

tangible de notre existence dans le monde contemporain. C’est avec une<br />

certaine admiration et envie aussi que nous voyons comment le Victoria<br />

and Albert Museum parvient à commercialiser son patrimoine. Nous<br />

admettons le beau travail accompli par le BFI pour la diffusion du<br />

cinéma qui nous tient à coeur. Certes. Mais nous sommes un peu<br />

aveuglés par ces résultats. Quelles en sont les conséquences? Quel est<br />

l’enjeu? Quel jeu jouons-nous? Et comment parvenir, pour la culture à<br />

tirer notre épingle de ce jeu. Car, comme avait coutume de dire les<br />

marxistes, le ‘système’ lui n’est pas naïf...<br />

Une attitude constructrice est nécessaire, et si j’ai donné ici l’impression<br />

33 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 58/59 / 1999<br />

comunicación resulta necesaria en una<br />

época en que todo parece formar parte del<br />

patrimonio, es el precio que debemos pagar<br />

por nuestra voracidad. Esta nueva cultura<br />

es un verdadero obstáculo para los que nos<br />

ocupamos de la cultura. Un obstáculo de dos<br />

caras, porque por una parte estamos<br />

obligados a situarnos en su entorno, ni<br />

siquiera se plantea la posibilidad de<br />

ignorarlo, se trataría de una arrogancia que<br />

podría costarnos muy cara. Por otra parte,<br />

esta nueva cultura de la memoria es<br />

implacable : todo lo que no es registrado por<br />

la computadora, será olvidado. Todo lo que<br />

no es recogido por los medios de<br />

comunicación, será un “no-evento”. Todo<br />

aquello que no puede ser vivido como una<br />

experiencia, será relegado a la<br />

marginalidad.<br />

Debemos pues, a cualquier precio,<br />

agarrarnos a la tabla de salvación que sólo<br />

puede ser una determinada idea de<br />

patrimonio. Hacerla partícipe de este<br />

sistema actual de la memoria preservando,<br />

al mismo tiempo, la especificidad<br />

auténticamente patrimonial. Cómo el cine<br />

puede lograrlo, no resulta fácil decirlo. En<br />

cualquier caso, no será fácil. Si en el estado<br />

de cosas actual el gran centro comercial de<br />

Oberhausen es un hecho cultural<br />

comparable a la ciudad de Florencia ; si una<br />

velada en un restaurante se equipara en la<br />

mentalidad contemporánea a una velada en<br />

la ópera o a un concierto, si en efecto la vida<br />

cotidiana se ha “estetizado” fuera de toda<br />

medida, el deber que nos incumbe y que nos<br />

diferencia de los agentes de mercado -incluso<br />

si trabajamos en el mismo terreno o si<br />

estamos obligados a hacerlo- es nuestra<br />

preocupación por la calidad, su<br />

autenticidad, su seriedad, su estética fuerte.<br />

Preservemos la calidad, preservemos valores<br />

que seguramente no son los que están en<br />

boga. Para el asunto que nos concierne de<br />

un modo más directo eso significaría :<br />

después de haber salvado películas,<br />

salvemos el cine en su integridad, el cine que<br />

ha sido uno de los grandes momentos de la<br />

historia del siglo XX.

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