Journal of Film Preservation - FIAF

tradicional del arte, sino que se ha infiltrado
por doquier. Las diferencias que existían
entre el hecho de asistir a un concierto, salir
de compras, comer en un restaurante,
visitar una exposición, pasear por el bosque,
tomar una copa, pasar un fin de semana en
una ciudad extranjera, etc. se han
difuminado. A todo ello se le conoce como
“salir”. O “hacer una escapada”. Basta con
echarle una ojeada a nuestro diarios y
revistas, y por supuesto a la televisión, y
veremos que todas estas actividades se
encuentran englobadas bajo denominaciones
tales como “citas”, “agenda” o “guía”. Las
viejas instituciones culturales no se
encuentran automáticamente excluidas de
estas actividades. Al contrario. Desde el
momento en que estas instituciones se
convierten en lugares donde ocurren
“eventos”, donde hay que hacer cola para
entrar, donde se reúnen multitudes, entran a
formar parte del mismo dominio estético.
La selección se ha convertido en la selección
de acuerdo con las posibilidades de crear
eventos. Esta selección es operada ante todo
por los medios de comunicación. Incluso el
propio concepto de “mediatización” debe ser
ampliado, ya que no se refiere únicamente a
los medios sino a una actitud “mediática”
que está aflorando : los sistemas para
conseguir comunicar y encauzar el enorme
flujo de actividades, seleccionando aquello
que de verdad promete constituirse en
experiencia : los best-sellers, los ganadores
de premios, las listas de las mejores
películas.
Puede ocurrir que cada vez que se opera
una selección de este tipo, ello implique que
el resto carece de valor. Si se elaboran listas
de lo que resulta necesario salvaguardar, se
tiende a eliminar lo que no figura, lo que no
es recordado y recogido en ellas. No se trata
de proceder a su eliminación física, pero
resulta eliminado desde el momento en que
se convierte en marginal, aunque siga
funcionando como un valor suplementario
de nuestra riqueza patrimonial. El mercado
lo tolerará. Si usted ya ha visto los 354
clásicos del cine que el BFI ha seleccionado,
que al parecer constituyen las bases
indispensables de la cultura
cinematográfica, olvide el resto. Porque
resulta necesario elegir. No se puede
preservar todo. Y esta selección esconde una
devaluación implícita de todo aquello que no
resulta incluido. En una época en que todo
debe ser considerado como patrimonio
cultural, es cada vez más evidente que no
todo puede ser salvaguardado.
Esta implicación con los medios de
médiatique. Or, tout comme le terme “tourisme” est beaucoup trop étroit
et trop faible pour couvrir le phénomène de libre choix associatif
évoqué, le terme “médiatisation” doit être élargi. Il ne s’agit pas
seulement des médias, mais d’une attitude médiatrice qui se fait jour :
tout moyen pour rendre le flot d’activités lisible, pour en faire ressortir
ce qui promet vraiment une expérience, un vécu. Il suffit de regarder
comment nos quotidiens et nos magazines, et évidemment la télévision,
traitent de ces différents domaines d’activité et les regroupent sous des
dénominations comme “agenda” ou “guide”. Par ailleurs, de nombreuses
publications spécialisées sont consacrées à ces activités centrées sur le
vécu et font un travail de différenciation.
Je pense encore, par exemple, à toutes ces procédures de sélection : les
best-sellers, les “coups de cœur “, les sélections étoilées, les conseils, les
prix, les commémorations, les “semaines”, les “journées”, les “années”
consacrées à tel ou tel thème... et bien entendu pour rester dans notre
domaine : les listes avec les meilleurs films, les grands classiques et les
grands auteurs. On remarquera que d’anciennes occurrences de critères
se retrouvent ici, cependant mises sur le même pied que de nombreux
autres non déduits de l’ancienne culture.
Est-ce qu’il est faux de penser qu’à chaque fois qu’une sélection est ainsi
faite, implicitement il est affirmé : “en fait, le reste est sans valeur”? J’ai le
sentiment que l’on est en train de faire un inventaire de ce qu’il s’agit
vraiment de sauvegarder (par référendum, opinion publique ou jury de
spécialistes, par audimat), afin d’éliminer (c’est la conséquence de ce
choix) ce qui n’est pas retenu. Disons, ne pas l’éliminer physiquement
mais le rendre marginal, et donc fragile, superflu. Il continuera à
fonctionner comme signe supplémentaire de notre richesse. Le marché le
tolère. Encore.
Allez visiter Bruges, signifie, n’allez pas vous perdre à Ostende. Si vous
avez vu les 354 classiques du cinéma que le BFI a sélectionné - ce qui
est indispensable pour la culture cinématographique, c’est le basic! - le
reste, et bien le reste oubliez-le. Même si les spectateurs ne le pensent
pas forcément, les autorités n’hésiteront pas à en tirer des conclusions.
On les entend raisonner : “Ajoutons encore 354 films méconnus. Et
soyons larges: 354 films cultes. Et, pourquoi pas, pour faire la bonne
mesure, 354 films nanars” diront-ils, “et nous aurons l’essentiel. Car il
faut faire des choix”. Il sera alors question de “représentabilité”. On ne
peut tout sauvegarder, gardons le prototype. Ou, encore : un Godard
suffit! Car cette forme de sélection - la commémoration y joue un rôle
essentiel - aussi large et étendue qu’elle soit, cache une dévalorisation
implicite de tout ce qui n’est pas inclus. Bien entendu, ce qui n’est pas
inclus fait encore partie d’une richesse virtuelle ; elle est signe de notre
abondance... Jusqu’à nouvel ordre. C’est à dire jusqu’au jour où, pour
une raison ou une autre, il faudra bien s’en défaire. Le patrimoine
monumental en offre suffisamment d’exemples dans tous les pays. A une
époque où il s’agit de tout garder, il devient de plus en plus évident que
le tout ne peut être sauvegardé. La surabondance oblige à des procédures
de sélection et d’élimination.
32 Journal of Film Preservation / 58/59 / 1999