Journal of Film Preservation - FIAF
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n’existent que projetés ; un peu donc comme des partitions de musique<br />
qui n’existent, en tant que musique, qu’exécutées. En tant que partition,<br />
la musique est objet d’étude, tout comme un film sauvegardé nonprojeté<br />
peut être objet d’étude.<br />
Or, cet aspect de mise en valeur quasi “ontologique” qui accompagne le<br />
fait cinématographique devrait être un atout pour l’impact qu’il possède<br />
en tant qu’objet patrimonial. Comment se fait-il alors que c’est<br />
précisément cette force inhérente au cinématographe - de l’institution<br />
‘musée du cinéma’ - qui en fait également sa faiblesse? Le cinéma ne<br />
jouit pas du même genre d’engouement ni du même prestige culturel<br />
que connaissent l’opéra, le concert, la danse, bref tous les arts du<br />
spectacle où l’élément live se porte garant de son unicité. En-dehors du<br />
fait que le cinéma ne semble pas être en péril, ce dont j’ai déjà parlé plus<br />
haut, le spectacle cinématographique ne possède pas le haut quotient de<br />
spectacularité qu’ont les autres spectacles. Dans les autres arts du<br />
spectacle l’aspect live est constamment sensible et visible, ne fût-ce que<br />
par le travail engagé sur scène, travail dont on voit le produit (il est<br />
regrettable qu’on ne puisse montrer tout le travail investi par les<br />
cinémathèques afin de pouvoir projeter les films dans leur salle. Il est<br />
d’ailleurs un aspect où ce travail est sensible - et apprécié - c’est<br />
l’accompagnement des films muets par un pianiste ou par orchestre).<br />
Bref, la mise en valeur, pour qu’elle puisse accéder au statut de<br />
l’événementiel doit au moins promettre, faire miroiter une expérience<br />
hors du commun. C’est l’événement qui est garant d’un vécu possible.<br />
On voit à nouveau que l’aspect identitaire, existentiel est au centre de ce<br />
besoin culturel contemporain.<br />
L’événement et les médias<br />
Avec l’événement, nous sommes en plein dans la médiatisation, comprise<br />
dans son sens le plus large. Médiatiquement, les faits et phénomènes<br />
culturels n’existent que s’ils sont de l’ordre de l’exemplaire ou de<br />
l’unique, de l’événement, hors du commun. (le Petit Robert définit<br />
l’événement de la façon suivante : “ce qui arrive et ce qui a de<br />
l’importance pour l’homme”). La programmation de films en<br />
programmes continus et les expositions des collections permanentes<br />
n’ont absolument rien d’événementiel ; ils font, pour ainsi dire, partie de<br />
notre quotidien. Ce phénomène est vécu comme une évidence. Tout<br />
comme dans une petite ville, le jeudi il y a marché, dans une ville plus<br />
importante, il y a un musée et dans les capitales, des “musées du<br />
cinéma”. Libre à vous d’y aller si ça vous chante.<br />
Les arts traditionnels l’ont compris : pour attirer l’attention des médias,<br />
ils doivent articuler et pr<strong>of</strong>iler leurs activités, leur donner un aspect<br />
d’événement. C’est ce que les médias exigent, car sans cette forme<br />
d’articulation en “événement”, les médias sont incapables d’en rendre<br />
compte... 13 L’événement peut être de n’importe quel ordre : ainsi<br />
l’architecture pourra devenir l’événement dans lequel a lieu l’exposition<br />
de peinture (de type musée) ou encore de la bibliothèque. Si, en tant<br />
que non-chercheur, en tant que membre du “grand public”, je me<br />
29 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 58/59 / 1999<br />
cinematográfica si ésta existe<br />
comercialmente ? Existe, además, puesto que<br />
el cine sigue siendo accesible de distintas<br />
maneras : en la televisión, en vídeo o en<br />
discos que pueden ser alquilados o<br />
comprados. ¿Cómo transmitir la idea de que<br />
nuestro patrimonio cinematográfico está y<br />
sigue estando en peligro ? Tal es la<br />
paradoja : el patrimonio que resulta<br />
accesible es de nuestra común propiedad y<br />
aquello que no resulta accesible no se<br />
considera como parte del patrimonio. Los<br />
valores han sido subvertidos : la<br />
accesibilidad ha pasado de ser un medio a<br />
ser el fin último.<br />
En el imaginario popular, el archivo<br />
representa una ilusión de riqueza<br />
inagotable. Obviamente, la impresión de<br />
totalidad es falsa : basta con tratar de<br />
localizar algunas películas en soporte vídeo.<br />
De hecho, toda la etapa del cine mudo, de la<br />
que se conserva tan poco en nuestros<br />
archivos, casi no existe en vídeo. Si<br />
examinamos la lista del American <strong>Film</strong><br />
Institute de las mejores películas americanas<br />
del siglo, veremos que sólo contiene dos o<br />
tres títulos del período silente. No se puede<br />
confiar en la memoria para salvaguardar el<br />
patrimonio. Por supuesto que la demanda<br />
del mercado para estas películas es<br />
prácticamente inexistente. Pero,<br />
ateniéndonos a la idea de que todo lo que<br />
resulta accesible por medios electrónicos<br />
puede considerarse preservado, ¿qué<br />
significa esta “pérdida” teniendo en cuenta<br />
la riqueza de todo lo que es accesible ? Es lo<br />
que se llama “selección natural”. Pero los<br />
que trabajamos en las cinematecas sabemos<br />
que esta selección tiene muy poco de<br />
“natural”. Está determinada por las leyes<br />
del mercado.<br />
Si el concepto de archivo tiende a<br />
confundirse hoy día cada vez más con el<br />
concepto de accesibilidad, y si es también<br />
cierto que las nuevas tecnologías cambian la<br />
cultura, como afirmaron Saint-Simon y<br />
Marx, resulta muy útil tratar de descubrir<br />
cuál es el contexto de esta nueva cultura.<br />
Un joven crítico holandés se muestra a favor<br />
de un acercamiento al cine a través del<br />
vídeo porque, dice, es la única garantía para<br />
que el espectador se vea sorprendido por la<br />
película : la televisión y el vídeo pueden<br />
sorprender al espectador y situarlo frente a<br />
la película simplemente por el hecho de que<br />
las películas le son <strong>of</strong>recidas e impuestas<br />
(interesante paradoja). También subraya<br />
que la diferencia entre el cine y la televisiónvídeo<br />
tiene una influencia directa sobre el<br />
modo en que un sujeto define su amor por el<br />
cine. Asistir a una proyección