Journal of Film Preservation - FIAF

stabilisation, on entend désinfection (désinsectisation mais aussi
annihilation ou destruction souvent très difficile des moisissures (32)),
désacidification des papiers (33), pose d’un film de protection sur les
métaux après les avoir traités par des inhibiteurs de corrosion, refixage
d’écailles de peinture, de fragment de fresque, pose de textiles fragiles et
plats sur des fonds de soutien, mannequinage de costumes,
consolidation de masse des papiers (34), systèmes complexes de
maintien des supports de bois des tableaux et tous les traitements de
renfort des supports de toile depuis les pièces et les bandes de tension
jusqu’aux divers rentoilages et doublages (35).
A partir du moment où l’on touche aux biens culturels, il faut s’assurer
que les traitements menés sont efficaces et réversibles ainsi que doués
d’innocuité pour les œuvres originales : la recherche scientifique en
conservation-restauration (36) doit répondre à ces trois exigences ; ce
sujet est difficile et si la restauration ne peut plus se satisfaire des progrès
purement empiriques du siècle précédent, il apparaît que l’ensemble des
connaissances, en particulier en sciences physiques, indispensables pour
mener les recherches interdisciplinaires qu’exige la conservationrestauration,
est particulièrement difficile à rassembler, ce dont témoigne
l’extraordinaire faiblesse de ce domaine dans la littérature technique, par
rapport à la débauche de moyens mis au service de la pure analyse, par
nature plus simple, des matériaux constitutifs du patrimoine culturel et à
la masse de publications qui s’ensuivent.
Opérations contingentes
Par définition une opération contingente est celle qui n’est ni prioritaire,
ni indispensable mais qui est un sous-produit d’autre chose.
Les mesures esthétiques de nettoyage et de réintégration, cette dernière
dite aussi complément de forme (37), sont utiles à la lecture du
patrimoine culturel mais ne sont pas indispensables à sa survie ; c’est
pourquoi elles peuvent être appelées contingentes. Elles sont le
complément nécessaire à un projet de publication d’un ouvrage,
catalogue raisonné ou autre type d’ouvrage, ou à un projet d’exposition
itinérante, ou d’ouverture de salles d’un musée, ou un projet de fête dans
une église ou un château... Souvent dans ce cas, le contexte scientifique
est excellent pour proposer des opérations de mise en valeur : la
recherche en histoire de l’art est déjà réalisée et la problématique posée
au sein d’un corpus connu ; la disponibilité des laboratoires est grande,
car ils sont plus intéressés et flattés d’être impliqués par la connaissance
des œuvres et surtout la datation, domaine valorisateur par excellence,
que par leur remise en état ; enfin la technique de fabrication, volet
essentiel de l’histoire de l’art et de l’archéologie, est connue avant que la
restauration ne soit envisagée.
La véritable «reconnaissance de l’œuvre d’art», au sens de Cesare Brandi
(38), dans la variété de ses acceptions, est possible et permet
d’échafauder un projet cohérent de nettoyage et de réintégration, en
fonction des choix de la proportion des diverses valeurs, au sens d’Aloïs
Riegl, du patrimoine en jeu, valeurs esthétique, historique, d’ancienneté
8 Journal of Film Preservation / 58/59 / 1999