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Journal of Film Preservation - FIAF

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camionneurs, et que Chabrol ne nous dit-il pas sur les turpitudes de<br />

la bourgeoisie de province.<br />

Alors que penser ? A qui appartiennent les images, qui sont aussi des<br />

informations ? Et comment en décider ?<br />

Une première frontière sépare le domaine public de ce qui est<br />

privé, et une seconde oppose l’image stylisée, revue par le regard,<br />

d’une autre qui appartient au domaine public. Mais dans le<br />

domaine privé lui-même une autre frontière est née qu’illustre le cas<br />

du peintre Manet. Prenez l’exemple du “Bain”, premier titre du<br />

“Déjeuner sur l’herbe”. La nouveauté est bien que ce tableau ne<br />

renvoie qu’à lui-même, et pas, comme c’était le cas pour les œuvres<br />

de David ou Delacroix, à la mythologie ou à l’histoire, fut-ce au passé<br />

de la peinture. Dans le temps et l’espace de leurs toiles, il y avait un<br />

“ailleurs”, qui pouvait être historique, mythique, religieux - alors que<br />

dans “Le déjeuner sur l’herbe”, la femme nue qui nous regarde nous<br />

frappe pour qu’on la regarde en direct. A partir de cette date-là, -<br />

1863 -, la peinture sera celle d’une perception et non pas d’un<br />

imaginaire, Degas, Picasso, qui ne sont plus hantés par une présence<br />

invisible, suivent ce passé spirituel qui est leur héritage culturel :<br />

désormais, il devient impossible de peindre une femme nue en<br />

voyant en elle Aphrodite ou Vénus. L’artiste regarde la société avec<br />

son œil à lui, quitte à entrer en conflit avec les valeurs qu’elle porte.<br />

Dans un portrait, le visage n’est plus celui de la personne peinte mais<br />

celui que l’artiste a vu.<br />

Ainsi croire que l’art du portrait est mort à cause de l’apparition de la<br />

photographie est n’apercevoir qu’un aspect du problème. Lorsque le<br />

peintre Courbet disait “Moi aussi je suis un gouvernement”, il<br />

signifiait par là qu’il entendait être autonome, qu’il avait sa propre<br />

vision du monde. En ce sens, ces peintres sont assurément les<br />

ancêtres de cinéastes tels que Vigo, Eisenstein, Godard ou<br />

Fassbinder, ainsi que de certains photographes. A ce titre, l’artiste,<br />

cet intellectuel, se juge le propriétaire de ce regard. Il y a une<br />

appropriation par indivisibilité de l’objet peint, photographié ou<br />

filmé et du sujet qu’il a recréé.<br />

Pourtant, ce réel peint, photographié ou filmé appartient aussi à un<br />

autre, une personne ou une culture, une nation ou une communauté.<br />

Comment différencier le droit de l’un du droit de l’autre, des autres ?<br />

Aux temps du muet et aux tout débuts du cinéma, dans le cas des<br />

images d’un film, celui qui se dit aujourd’hui artiste, était considéré<br />

comme un machiniste. On jugeait que ce n’était pas lui qui pensait<br />

les images mais son appareil. Dans les actualités cinématographiques,<br />

son nom n’était pas même mentionné, mais seulement celui de la<br />

firme qui l’employait : Fox, Pathé, etc. Le preneur d’images était<br />

dénommé un “chasseur d’images”, ainsi assimilé à un stade<br />

élémentaire de l’évolution des sociétés. Il n’a pas le statut d’un<br />

homme cultivé. Pour la société dirigeante, pour l’État, ce qui n’est<br />

pas écrit, l’image, n’a pas d’identité. Sans foi, ni loi, orpheline, se<br />

63 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001<br />

También está la cuestión del público : se<br />

podría concebir que las imágenes pertenecen<br />

a quienes las ven, y que cada espectador las<br />

ve de distinta manera, según las<br />

circunstancias, sus conocimientos, sus<br />

vivencias. Por consiguiente cada espectador<br />

ve una película diferente, y podría ser<br />

considerado como dueño de sus imágenes.

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