Journal of Film Preservation - FIAF
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tout le monde avait compris qu’il s’agissait de Chirac. Or la presse<br />
avait passé sous silence le discours et retenu seulement l’”agité”…<br />
Dans ces deux cas, c’est le choix de l’information, pas de l’image, qui<br />
fait problème. Il n’y a ni censure, ni autocensure mais un problème<br />
d’évaluation de conscience, d’écart entre une analyse, celle du<br />
pouvoir et une autre… A qui appartient l’information ?<br />
Demeurons encore dans l’écrit avec un autre cas, celui du<br />
Washington Post qui, en pleine guerre froide, sait valoriser le<br />
cambriolage du Watergate et crée, face au Président des USA, une<br />
situation telle qu’il doit démissionner. Ce journalisme, dit<br />
d’investigation, a gagné ses médailles en France, avec les enquêtes du<br />
Monde notamment, qui a su révéler l’affaire du Rainbow-Warrior, et<br />
plus encore les abus de pouvoir de la classe politique, aidant la<br />
justice à se libérer de sa dépendance vis-à-vis de l’exécutif. Si en<br />
France, l’ordre judiciaire a réussi à mettre un terme à l’impunité des<br />
dirigeants politiques, à leur arrogance, c’est bien grâce à cette liberté<br />
d’investigation et à sa publicisation hors de l’ordonnancement<br />
hiérarchique - les informations que décrète et veut imposer le<br />
pouvoir politique. En France, où on cherche à se saisir de la totalité<br />
du pouvoir plus qu’à le partager, la toute-puissance de la classe<br />
politique a dû, pour la première fois, plier le genou comme aux USA.<br />
Est-ce le pouvoir, qui non seulement gouverne, mais doit aussi écrire<br />
l’histoire ? Ou bien est-ce la presse qui sélectionne ce qui lui plaît,<br />
quand il lui plaît ?(Le Monde a publié la totalité des discours<br />
plusieurs jours après avoir relaté l’incident).<br />
Revenons aux images, avec un autre cas, dans le cinéma de fiction.<br />
En 1975, le cinéaste suisse Daniel Schmid réalise L’Ombre des anges,<br />
d’après un texte de Fassbinder. Il s’agit de combattre les stéréotypes<br />
de l’antisémitisme. Schmid met en scène des Allemands juifs, ou des<br />
Juifs allemands comme on voudra, qui exercent des activités que<br />
jamais, de mémoire d’Allemand non juif, on n’a attribué à des Juifs :<br />
proxénètes, tenanciers de bistrots, etc. Il s’agit de montrer que les<br />
Juifs peuvent avoir une activité comme les autres, être des citoyens<br />
comme les autres. Mais furieux qu’on les présente comme des<br />
souteneurs, bien des Juifs ne l’ont pas pris ainsi, les antisémites étant,<br />
pour leur part, confortés dans l’idée que décidément les Juifs sont<br />
nocifs : ainsi le film n’avait pas été perçu de la même façon, au même<br />
degré par les différents publics, seuls quelques intellectuels ont<br />
donné acte à Schmid pour avoir voulu faire un film contre<br />
l’antisémitisme.<br />
A un autre niveau, on retrouve ce type de dispositif avec le film<br />
palestinien de Elia Suleiman, en 1991 : voulant évoquer l’identité<br />
palestinienne, il se situe en exil à New-York, se filmant lui-même,<br />
faisant un film sur sa propre interrogation, montrant qu’il est avant<br />
tout un artiste, un créateur. Comment les Palestiniens sentent-ils<br />
cette image de leur propre identité ? A qui appartiennent les images<br />
de Homage by Assassination ? Aux Palestiniens, à l’auteur, à la<br />
61 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001<br />
The author explores the complexities <strong>of</strong><br />
various kinds <strong>of</strong> image control. He discusses<br />
information control or selection in all media<br />
from the point <strong>of</strong> view <strong>of</strong> censorship, the<br />
press, the creative artists, the subjects being<br />
photographed, and the spectators. He gives<br />
examples from the political arena and from<br />
historical events as well as film and<br />
television. One example is the political figure<br />
who gives a speech on a chosen subject but<br />
the press ignores the subject in favor <strong>of</strong> other<br />
information, news, gossip or scandal,<br />
concerning the politician and political<br />
affairs. Daniel Schmid’s attempt to combat<br />
the Jewish stereotypes <strong>of</strong> anti-semitism in<br />
L’Ombre des Anges (1975) was<br />
misunderstood: it was seen by Jews as<br />
demeaning (Jews as pimps, for example) and<br />
by anti-semites as confirmation <strong>of</strong> Jewish<br />
degradation. Elia Suleiman wanted to evoke<br />
the Palestinian identity in Homage by<br />
Assassination (1991), and interrogated<br />
himself, an exile in New York, showing that<br />
he is above all an artist. Do his images<br />
belong to Palestinians, to himself, to the<br />
production?<br />
The artist considers himself the owner <strong>of</strong> the<br />
image he has created, but it also belongs to<br />
the person or culture, nation or community<br />
depicted. In most film production, the<br />
producing company owns the rights to the<br />
images in legal terms, the artist or artists<br />
having been contracted to the company. The<br />
actor, a subject, does not control his/her own<br />
image : an actor may be shown nude or in<br />
sexual scenes with no notice that a body<br />
substitute was used with the face <strong>of</strong> the<br />
actor. On the other hand, a star may sell his<br />
image for purposes <strong>of</strong> selling a product.<br />
Ownership is even more complex when the<br />
images represent public space, such as a<br />
monument or a Parisian street, for a film or<br />
a postcard. To whom does the image belong,<br />
the creator, or the society or community?<br />
When the French occupied overseas colonies,<br />
those colonized were not able to make films.<br />
The entire production was French. As was<br />
said in the colonies: « the camera forgot to<br />
film what it saw. » Whose are these images?<br />
Abdelkader Benali has shown that it is not<br />
only a matter <strong>of</strong> a simple absence, such<br />
films are evidence that can be preserved as a<br />
source <strong>of</strong> truth, reversing their function.<br />
There is also the question <strong>of</strong> spectatorship:<br />
the images may be considered to belong to<br />
those who see them, and no one sees them in<br />
quite the same way, depending on<br />
experience, knowledge, even individual<br />
circumstances at the time. Therefore, each<br />
one sees a different film, and may be the<br />
owner <strong>of</strong> those images.