Journal of Film Preservation - FIAF
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part majeure pour les films isolés dans leur propre production.<br />
En effet, l’histoire du cinéma colonial français n’a retenu que les<br />
noms les plus célèbres (Léon Poirier, Leenhardt ou Marcel Ichac)<br />
auteurs d’un nombre extrêmement mineur de films tandis que les<br />
cinéastes les plus représentés dans ce fonds n’ont pas inscrit leur<br />
nom dans l’histoire du cinéma.<br />
A l’exception de André Zwobada et Jean Benoit-Lévy qui ont chacun<br />
tourné une dizaine de films et sont connus des historiens et des<br />
archivistes, nous possédons très peu d’informations sur les cinéastes<br />
majoritairement présents dans ce fonds, à commencer par le premier<br />
d’entre eux René Bugniet (spécialisé dans les films de la vie<br />
quotidienne et du développement économique), Philippe Este (axé<br />
lui aussi sur la vie quotidienne), René Moreau (le tourisme), Georges<br />
R. Manue (le développement économique), Charles Fasquelle (le<br />
tourisme) ou Alfred Chaumel qui a abordé tous les sujets.<br />
Un cinéaste mérite que l’on s’y attarde : J.K. Raymond-Millet : très<br />
représenté dans l’ensemble de nos collections documentaires,<br />
producteur et réalisateur avec son épouse Monique Muntcho dès les<br />
années 20, ce cinéaste très prolifique reste une énigme, n’ayant fait<br />
l’objet d’aucune étude. D’abord journaliste de cinéma, il signe<br />
plusieurs livres dont Afrique si passionnément française (1925) avant<br />
d’aborder la réalisation de documentaires sur les régions françaises et<br />
de se spécialiser dans le film colonial de 1929 à 1955, qualité qu’il<br />
défend dans les annuaires du cinéma de l’époque. J.K. Raymond-<br />
Millet s’est intéressé à tous les sujets, de l’aviation à Madagascar à un<br />
village de lépreux en passant par la fabrication du tapioca. Il est le<br />
cinéaste et producteur qui a le plus bénéficié des aides financières de<br />
l’Etat français pour réaliser ces films que nous conservons désormais.<br />
Nous avons par ailleurs des versions remaniées, réutilisées,<br />
manipulées de ces films dont nous conservons, sauvegardons et<br />
restaurons les éléments les plus significatifs.<br />
Conclusion<br />
Quels regards la France a-t-elle porté sur le Maghreb et l’Afrique<br />
noire à travers sa production cinématographique, de la naissance du<br />
cinéma aux indépendances ? Fictions, documentaires et publicités<br />
permettent d’appréhender la cohérence de ce regard et de<br />
comprendre la nature du message colonial à travers ces différentes<br />
formes de cinéma. L’identification, la restauration et l’analyse de ce<br />
fonds se poursuit. Nous sommes conscients que ce retour vers le<br />
passé n’a de sens que relié au présent. Valoriser ces films et les<br />
décrypter, c’est aussi regarder autrement les images produites<br />
aujourd’hui.<br />
[Cette conférence s’est appuyée sur les travaux d’inventaire, de catalogage et<br />
d’indexation mené par le département Catalogage-analyse et celui de la<br />
programmation des restaurations et accès aux collections aux Archives du<br />
film et du Dépôt légal du CNC]<br />
59 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001