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Journal of Film Preservation - FIAF

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Demy ou Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda; des retours de guerre se<br />

dévoilent comme Muriel d’Alain Resnais. Mais très peu de ces films<br />

envisagent ce qui se passe entre ces deux moments à l’intérieur de<br />

cette guerre. La raison en est aussi que ce “ milieu ” est difficilement<br />

“ cernable ”, dans la chronologie de la guerre elle-même. La plupart<br />

des films sur la guerre d’Algérie ne sont pas datés. Il est difficile de<br />

savoir exactement de quelle période ils traitent. L’historien, après un<br />

visionnage précis, découvre qu’en réalité, la plupart de ces films<br />

traitent des derniers moments du conflit, en 1961 et 1962. Mais on<br />

ne voit jamais les origines, le déclenchement ni le déroulement de<br />

cette guerre. On retrouve l’obligation du spectacle évoquée pour le<br />

“ cinéma Vietnam ”. La guerre d’Algérie, filmée, spectaculaire, est<br />

celle de sa fin : les effets terribles du plan Challe en 1960, les visées<br />

de l’OAS et le putsch des généraux contre la République en 1961, la<br />

guerre implacable entre le général de Gaulle et l’OAS, les attentats<br />

meurtriers de 1962, etc. Il y a alors une superposition de guerres sur<br />

la guerre qui est plus facile à montrer.<br />

Dans les premiers temps, malgré l’épisode des Gorges de Palestro en<br />

1956 (le massacre de soldats français par une unité de l’ALN) et les<br />

embuscades, beaucoup de monde en France reste persuadé que l’on<br />

n’est pas dans une véritable guerre, que l’Algérie restera<br />

éternellement française. Le vote des “ pouvoirs spéciaux ”, qui envoie<br />

le contingent en Algérie et fait réellement basculer la France dans la<br />

guerre, en mars 1956 se fait à la quasi-unanimité de la classe<br />

politique. La prise de conscience de l’usage de la torture vient plus<br />

tard, après la “ bataille d’Alger ” livrée en 1957. La Question d’Henri<br />

Alleg, est publiée en 1958. En 1956, les opposants à la guerre<br />

d’Algérie ne sont qu’une poignée. Quatre ans plus tard, en revanche,<br />

tout le monde est contre la guerre, la société veut en sortir.<br />

L’impossible réconciliation par les images.<br />

Il existe à propos de la guerre du Vietnam un<br />

consensus politique, donc esthétique aux Etats-<br />

Unis, mais le consensus politique sur l’Algérie est<br />

impossible en France. Les films français sur cette<br />

période visent toujours des publics différents,<br />

soldats, pieds-noirs, hardis, Algériens, qui<br />

paraissent incapables de se réconcilier. Les<br />

Américains, eux, retrouvent une forme d’unité, à<br />

partir de la défaite au Vietnam, pour repartir à<br />

“ l’assaut ” du monde. La situation française est<br />

différente : la fin de la guerre d’Algérie n’apaise<br />

pas les esprits. La société française n’est pas<br />

nécessairement “ pro-coloniale” au début et<br />

“ anti-coloniale ” à la fin de la guerre d’Algérie en<br />

se prononçant massivement lors de référendums<br />

pour l’indépendance. En réalité, en 1962, elle veut en finir avec cette<br />

guerre et... avec l’homme du Sud. Attitude toujours vivace. Les<br />

publics ne se mélangent pas, la réconciliation par la simple vertu des<br />

49 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001<br />

La bataille d’Alger, Gillo Pontecovo (1966).<br />

Courtesy <strong>of</strong> the Cinémathèque Suisse, Lausanne

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