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Journal of Film Preservation - FIAF

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Platoon, Oliver Stone (1986).<br />

Courtesy <strong>of</strong> the Cinémathèque Suisse, Lausanne<br />

Les anticolonialistes vont ainsi voir RAS, d’Yves Boisset, (1973) ou<br />

Avoir 20 ans dans les Aurès, de René Vautier (1972). Quelques années<br />

plus tard, en 1979, les “ pieds-noirs ” pleurent en découvrant Le<br />

Coup de Sirocco, avec Roger Hanin, et les militaires apprécient<br />

L’Honneur d’un capitaine, de Pierre Schoendoerffer, en 1981. Ces films<br />

intéressent des publics bien distincts.<br />

Côté américain, le vrai sujet de la plupart des films n’est pas le<br />

Vietnam, mais le traumatisme de la société (Taxi Driver, Voyage au<br />

bout de l’enfer) qui opère une descente dans la folie (Apocalypse Now),<br />

trouve un exutoire dans la violence extrême (Hamburger Hill, Platoon)<br />

et se construit un imaginaire de revanche (les Rambo et autres Portés<br />

disparus).<br />

S’installe alors le sentiment que le cinéma<br />

américain s’est d’avantage exprimé sur la guerre du<br />

Vietnam, que ne l’a fait le cinéma français par<br />

rapport à la guerre d’Algérie. Le cinéma peut être<br />

un prisme déformant. Le volume des films<br />

américains et le spectacle qu’ils <strong>of</strong>frent donnent<br />

une dimension formidable à la guerre du Vietnam.<br />

En revanche, la relative discrétion du cinéma<br />

français sur la guerre d’Algérie peut laisser accroire<br />

que ce ne fut qu’un épisode certes douloureux,<br />

mais comparativement moins important. Ce n’est<br />

pas aussi simple. La guerre du Vietnam a été filmée<br />

en direct par la télévision américaine. Le cinéma<br />

américain racontera donc une histoire qui est déjà<br />

connue au travers des nombreux reportages télévisuels ou<br />

photographiques. En revanche, le cinéma de la guerre d’Algérie, qui<br />

doit traiter d’une guerre mal connue, est obligé de reconstituer à la<br />

fois l’histoire et la fiction.<br />

Le cas français, entre départ et retour.<br />

Dans le cas du cinéma français, il faut insister sur l’importance de la<br />

censure. Dix huit films ont été censurés ou leur diffusion a été<br />

reportée, entre 1955 et 1962. Il faut citer Le Petit soldat de Jean Luc<br />

Godard, Adieu Philippine de Jacques Rozier, Muriel, d’Alain Resnais.<br />

Cette censure massive a conduit à l’autocensure. Ce cinéma est obligé<br />

alors de n’évoquer la guerre d’Algérie que par les “ départs ” et les<br />

“ retours ”. La guerre elle-même reste absente. Dans des films comme<br />

La Belle vie de Robert Enrico (1963), ou L’Insoumis d’Alain Cavalier<br />

(1964), le spectateur découvre des soldats français qui attendent leur<br />

départ pour la guerre d’Algérie, ou des soldats traumatisés, perdus<br />

qui en reviennent.<br />

Il faut invoquer la “forme” des films français sur la guerre<br />

d’indépendance algérienne. C’est un aspect étonnant des films<br />

représentant le départ vers l’Algérie et on devine le chagrin sur le<br />

visage des militaires face à “ la sale guerre ” dans Les Parapluies de<br />

Cherbourg (Palme d’or au festival de Cannes en 1964) de Jacques<br />

48 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001

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