Journal of Film Preservation - FIAF
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1 Chauvel et Hall ont chacun des textes<br />
entiers qui leur sont consacrés. Voir, par<br />
exemple, Hall, Ken G. Australian <strong>Film</strong> :<br />
The Inside Story. Sydney, Summit Books,<br />
1980 ; et Cunningham, Stuart. Featuring<br />
Australia : The Cinema <strong>of</strong> Charles Chauvel.<br />
Sydney, Allen & Unwin, 1991.<br />
2 Saïd, Edward. “Representing the<br />
Colonised: Anthropology’s Interlocutors”.<br />
Critical Inquiry. Winter 1989, Vol. 15,<br />
No. 2, p. 225.<br />
3 Readings, Bill. “Pagans, Perverts or<br />
Primitives? Experimental Justice in the<br />
Empire <strong>of</strong> Capital”. Dans Benjamin,<br />
Andrew (dir.) Judging Lyotard. London,<br />
Routledge, 1992, p. 177.<br />
4 Pour l’élaboration détaillée de la notion<br />
du différend, se reporter à Lyotard, Jean-<br />
François. Le Différend. Paris, Éditions de<br />
Minuit, 1983<br />
5 Pour une introduction aux cultures<br />
aborigènes, consulter Berndt, R M & C<br />
H, avec Stanton, J E. The World <strong>of</strong> the<br />
First Australians. Sydney, Landsdowne,<br />
1981.<br />
6 E. Ann Kaplan. Looking for the Other.<br />
New York, Routledge, 1997, p. 187.<br />
7 Césaire, Aimé. Discours sur le<br />
colonialisme. Paris, Présence Africaine,<br />
1955, pp.11-12.<br />
aborigènes australiennes, entre elles, auraient sans doute moins de<br />
difficulté à se comprendre. Mais après tout, le traitement infligé par<br />
les Allemands à leurs voisins européens pendant la deuxième guerre<br />
mondiale a-t-il été différent de celui des colonisateurs européens<br />
envers les peuples colonisés? Aimé Césaire, dans “Discours sur le<br />
colonialisme” ne le croyait pas7. Le deuxième point se rapporte au<br />
degré relatif d’impact dans un film entre la représentation du<br />
différend qui existe entre deux cultures et la représentation quelle<br />
qu’elle soit des cultures. Malgré tout, dans Le Pays où rêvent les<br />
fourmis vertes le spectateur devra remarquer les images des<br />
Aborigènes représentés. Quelques-unes de ces images ne sont pas<br />
fondées sur la réalité. En premier lieu, aucune communauté<br />
aborigène ne croit aux fourmis vertes, parce que ces fourmis ont été<br />
inventées pour le film. Il est aussi très peu probable qu’un Aborigène,<br />
tout comme n’importe qui d’autre, puisse empêcher inconsciemment<br />
la montée d’un ascenseur.<br />
Si le spectateur ne sait rien au sujet des Aborigènes australiens,<br />
comme ce serait le cas pour un public à l’extérieur de l’Australie,<br />
mais aussi à l’intérieur, existe-t-il le risque de disséminer de fausses<br />
images? Pour le critique de film pr<strong>of</strong>essionnel, il est évident que les<br />
images fictives sont figuratives, mais le spectateur du samedi soir<br />
pourrait les interpréter comme des vérités. La question à poser, c’est<br />
si la représentation du différend dans Le Pays où rêvent les fourmis<br />
vertes est assez forte pour permettre au spectateur occidental de<br />
comprendre l’irreprésentabilité de la culture aborigène?<br />
L’approche de la représentation de l’Autre de Bill Readings en faisant<br />
appel à la notion du différend est radicale et n’est évidemment pas<br />
parfaite. Le but de cette intervention a pourtant été de démontrer que<br />
c’est cette approche de la représentation de l’Autre qui <strong>of</strong>fre la<br />
meilleure chance d’établir une bonne relation entre deux cultures très<br />
différentes. L’important, c’est de laisser de côté le désir de pouvoir<br />
comprendre d’autres cultures. Cela exige un changement dans le<br />
cadre idéologique contemporain. Il faut tout simplement cultiver le<br />
respect de l’autre culture, et reconnaître que l’autre culture a le droit<br />
souverain de rester inconnue et incompréhensible pour l’Occident.<br />
Dans cette perspective, le cinéma australien colonial/postcolonial n’a<br />
plus besoin d’essayer d’atteindre le faux espoir d’une représentation<br />
authentique des cultures aborigènes. Ce cinéma devrait plutôt essayer<br />
de développer le respect pour les croyances de ces cultures chez les<br />
spectateurs australiens de tout bord. De cette façon les Aborigènes<br />
australiens, même s’ils ont perdu leur terre, peuvent reprendre leur<br />
identité culturelle à la culture qui l’a prise.<br />
28 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001