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Journal of Film Preservation - FIAF

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tentative de représentation de chacune des deux cultures. En me<br />

servant de cet exemple, je vais affirmer à mon tour, qu’une telle<br />

représentation du différend entre le “Nous” et l’”Autre” <strong>of</strong>fre une<br />

solution au problème général de la représentation de l’Autre.<br />

Les premières représentations des Aborigènes dans le cinéma<br />

australien de fiction démontrent un manque de connaissance chez les<br />

cinéastes du moindre détail des cultures autochtones que la<br />

colonisation britannique a déplacé. Deux films tournés par l’un des<br />

grands cinéastes des années trente, Charles Chauvel, révèlent deux<br />

représentations différentes des Aborigènes australiens. Dans Heritage,<br />

sorti en 1935, les personnages Aborigènes sont joués par des<br />

Aborigènes mais Chauvel les représente comme des Indiens<br />

d’Amérique. Dans Uncivilised, sorti en 1936, les Aborigènes sont à<br />

nouveau joués par des Aborigènes, mais cette fois, ils ressemblent<br />

aux personnages africains d’un film de Tarzan. En revanche, l’autre<br />

grand cinéaste de l’époque, Ken Hall, n’inclut aucun Aborigène dans<br />

sa trentaine de films. Lequel des deux cinéastes a fait le plus de mal?<br />

La solution préférée dans le cinéma colonial australien contemporain<br />

de grand public est de suivre l’exemple de Ken Hall, c’est-à-dire de<br />

ne pas du tout représenter les Aborigènes. The Man from Snowy River<br />

- L’Homme de la rivière d’argent - en est la quintessence. Ce film, dès<br />

sa sortie en 1981, attirera plus de spectateurs australiens que tout<br />

autre film jusque là - même plus de spectateurs que les grands succès<br />

hollywoodiens de l’époque, comme La Guerre des étoiles. L’Homme de<br />

la rivière d’argent raconte la conquête de la campagne montagneuse<br />

sur la rivière d’argent pendant les années 1880. Mais malgré le thème<br />

distinctement colonial du film, on n’y voit aucun Aborigène.<br />

Il est possible que les Aborigènes n’aient jamais habité ce pays<br />

montagneux mais qu’ils habitaient la région plate et féconde qui<br />

entourait ces montagnes. Ou sont les Aborigènes dans The Man from<br />

Snowy River ? Ils sont curieusement absents et la façon dont le film<br />

s’est encrer dans l’imaginaire mythique de l’Australie implique que<br />

nombreux sont les Australiens qui désirent l’absence des Aborigènes<br />

en réalité.<br />

La pensée contemporaine occidentale, face à son histoire de<br />

représentations déformées de l’Autre, non seulement dans le cinéma,<br />

mais dans tous les domaines artistiques, préfère croire qu’il reste<br />

possible de représenter l’Autre de façon authentique. Edward Saïd,<br />

auteur d’Orientalisme, dans un article publié en 1989 dans Critical<br />

Inquiry, propose une modification de perspective dans la<br />

conceptualisation de l’Autre2. Saïd affirme que nous devons arrêter<br />

de considérer les autres cultures comme ontologiquement<br />

constituées, et commencer à les comprendre comme historiquement<br />

constituées. Une fois que l’on reconnaît l’évolution historique dans la<br />

constitution d’une culture, on commence à effacer les éléments<br />

exclusivistes trop souvent attribués à une culture, la nôtre surtout.<br />

Saïd ajoute à son argumentation qu’il n’est pas possible de<br />

25 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 63 / 2001<br />

This article is sited in the heart <strong>of</strong> the<br />

general problem <strong>of</strong> representation <strong>of</strong> the<br />

Other. More specifically, in the case <strong>of</strong><br />

Australian cinema, how do you depict the<br />

Other when you occupy the land that once<br />

was his? Territorial identity seems<br />

problematic for the Australian inhabitants <strong>of</strong><br />

British origin.<br />

Edward Said and E. Ann Kaplan believe<br />

that it is possible in the end to represent the<br />

Other. On the other hand, Bill Readings<br />

strongly affirms that the representation <strong>of</strong><br />

another culture is impossible. Readings<br />

analyzes the film set in Australia, Where<br />

the Green Ants Dream (1984) by Werner<br />

Herzog, and supports his argument by<br />

calling on the concept <strong>of</strong> the “differend” by<br />

Lyotard. Readings shows that this film<br />

succeeds because Herzog does not try to<br />

represent the aboriginal tribe, but rather, to<br />

draw the attention <strong>of</strong> the spectator to the<br />

elements that show the impossibility <strong>of</strong><br />

representing it.<br />

Taking this film, Where the Green Ants<br />

Dream, and the arguments <strong>of</strong> Said, Kaplan<br />

and Readings for a point <strong>of</strong> departure, the<br />

author begins with a brief look at the first<br />

efforts <strong>of</strong> Australian films to represent the<br />

Aborigines. Following that, he turns to two<br />

key sequences from Herzog’s film. He also<br />

discuss the problem that springs from<br />

Reading’s argument: if you cannot represent<br />

another culture, what can be done? Finally,<br />

Emerson hopes to demonstrate that while<br />

the arguments <strong>of</strong> Said and Kaplan would<br />

appear more desirable at first sight, it is<br />

Readings who is right.

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