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D_iles_en_iles10_SpecialCRAssises.pdf - FFEM

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Invasions biologiques <strong>en</strong> milieux insulaires<br />

Définition, histoire, éradications et leurs conséqu<strong>en</strong>ces<br />

par Michel Pascal, INRA - R<strong>en</strong>nes, France<br />

Michel Pascal, surnommé «Ratator», lors d’une mission PIM08 sur la Galite, <strong>en</strong> Tunisie.<br />

ne synthèse portant sur l’évolution<br />

UHolocène<br />

de la faune française de<br />

les seuls muridés introduits (le rat noir, le<br />

rat surmulot et la souris grise).<br />

vertébrés , fondée sur la définition suivante Les invasions biologiques sont considérées<br />

de l’invasion biologique: « Une invasion comme l’une des trois principales causes<br />

biologique survi<strong>en</strong>t quand une espèce de perte de diversité spécifique à l’échelle<br />

constitue hors de son aire de répartition mondiale leur impact étant estimé de<br />

initiale une ou des populations pér<strong>en</strong>nes même niveau que celui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par<br />

et autonomes dans les milieux naturels le changem<strong>en</strong>t climatique , les deux<br />

investis », m<strong>en</strong>tionne le fait docum<strong>en</strong>té processus pouvant <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> synergie.<br />

que depuis 10 000 ans au moins l’homme Elles sont à l’origine de plus de 80 % des<br />

a introduit des espèces <strong>en</strong> France. Si son 271 extinctions docum<strong>en</strong>tées de vertébrés<br />

rôle est demeuré modeste jusque dans les<br />

années 1600, il n’a cessé de s’accroître<br />

depuis, la fréqu<strong>en</strong>ce de ces introductions<br />

passant de moins d’une invasion par siècle<br />

<strong>en</strong>tre –9200 et 1600 à 132 pour le demisiècle<br />

écoulé. Ce phénomène est confirmé<br />

par les conclusions du projet europé<strong>en</strong><br />

DAISIE qui a inv<strong>en</strong>torié l’introduction<br />

sur le contin<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> de près de 11<br />

000 espèces végétales et animales <strong>en</strong>tre<br />

interv<strong>en</strong>ues depuis 1500.<br />

1500 et nos jours et établi que l’évolution<br />

Sus scrofa, espèce introduite et invasive sur les<br />

expon<strong>en</strong>tielle du nombre d’introductions îles Cocos, au Costa Rica.<br />

ne manifeste aucun ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t. La grande majorité de ces extinctions sont<br />

Outre que les épidémies et épizooties interv<strong>en</strong>ues sur des îles « vraies », c’est-à-<br />

parmi les plus sévères ont pour origine des dire des îles qui n’ont jamais été <strong>en</strong> contact<br />

invasions biologiques et que l’émerg<strong>en</strong>ce avec une masse contin<strong>en</strong>tale ou l’ont été<br />

de maladies vectorielles est au c<strong>en</strong>tre des dans un très lointain passé telles les grandes<br />

préoccupations de l’OMS, Pim<strong>en</strong>tel et al îles de Méditerranée. Leurs écosystèmes<br />

(2005). estim<strong>en</strong>t à 120 milliards de dollars se caractéris<strong>en</strong>t par une faible diversité<br />

par an l’impact économique produit par les spécifique, l’abs<strong>en</strong>ce de représ<strong>en</strong>tants<br />

quelques 50 000 espèces introduites sur le de certains groupes taxonomiques, des<br />

territoire des Etats-Unis et à 18 milliards chaînes trophiques simplifiées et un fort<br />

de dollars par an les pertes provoquées par taux d’<strong>en</strong>démisme. Ces caractéristiques<br />

J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES<br />

Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : petites-<strong>iles</strong>.med@conservatoire-du-littoral.fr – +33-4-42-91-28-36<br />

Louis-Marie Préau - PIM08<br />

Image extraite de la prés<strong>en</strong>tation de M.Pascal<br />

les r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t vulnérables<br />

aux agressions, tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />

celles d’origine anthropique telles les<br />

invasions biologiques.<br />

Cette fragilité associée au fait que<br />

les îles sont des <strong>en</strong>tités closes où la<br />

probabilité de succès d’une éradication<br />

et de pér<strong>en</strong>nisation du résultat est plus<br />

élevée que sur les contin<strong>en</strong>ts explique<br />

que de telles opérations de gestion y ai<strong>en</strong>t<br />

été réalisées précocem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> grand<br />

nombre. À titre d’exemple, 344 t<strong>en</strong>tatives<br />

d’éradication de populations insulaires de<br />

Rattus ont été rec<strong>en</strong>sées à ce jour, dont<br />

318 ont été couronnées de succès, l’île la<br />

plus vaste de cet <strong>en</strong>semble couvrant une<br />

superficie de 11 300 ha .<br />

Nous avons réalisé avec succès<br />

l’éradication de populations de rats<br />

surmulots, de rats noirs, de mangoustes<br />

de Java et de putois sur 61 îles ou îlots<br />

de 12 archipels sous juridiction française<br />

situés <strong>en</strong> milieu tempéré, méditerrané<strong>en</strong><br />

ou tropical. Des suivis post-éradications<br />

ont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’effet positif de la<br />

disparition de l’espèce cible sur le succès<br />

reproducteur, le nombre de couple nicheurs<br />

et l’abondance d’espèces d’oiseaux<br />

autochtones. Ils ont égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong><br />

évid<strong>en</strong>ce l’effet de cette disparition sur<br />

l’abondance de micromammifères et la<br />

destruction de nids de tortues marines .<br />

La démonstration de la faisabilité de<br />

telles opérations et de leurs conséqu<strong>en</strong>ces<br />

positives pour des espèces autochtones a<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré un fort <strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour les<br />

éradications. Cet <strong>en</strong>thousiasme ne doit<br />

pas masquer que de telles opérations<br />

nécessit<strong>en</strong>t une importante préparation<br />

destinée, <strong>en</strong>tre autres, à apprécier si la<br />

disparition de l’espèce cible n’aurait pas<br />

d’effets plus pervers que son mainti<strong>en</strong>.<br />

Ceci implique un inv<strong>en</strong>taire préalable<br />

rigoureux des espèces allochtones et<br />

autochtones prés<strong>en</strong>tes sur le site et de<br />

leurs interactions. Par ailleurs, toute<br />

opération d’éradication doit se pourvoir<br />

des moy<strong>en</strong>s permettant d’établir si les<br />

effets att<strong>en</strong>dus de son succès sont ou non<br />

au r<strong>en</strong>dez-vous.<br />

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