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version definitive-gestion integree du littoral et des bas - FFEM

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GESTION INTEGREE DES ZONES<br />

COTIERES ET DES BASSINS FLUVIAUX<br />

Définition d’un cadre conceptuel<br />

<strong>et</strong> de critères d’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s<br />

« Eaux Internationales <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> »<br />

Avril 2005


A V A N T - P R O P O S<br />

La présente étude a été réalisée à la demande <strong>du</strong> Comité de pilotage <strong>du</strong> Fonds français<br />

pour l’environnement mondial afin d’éclairer l’action <strong>du</strong> Fonds dans le domaine <strong>des</strong> eaux<br />

internationales <strong>et</strong> particulièrement sur le thème de « la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones<br />

côtières <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux » à la croisée <strong>des</strong> problématiques multiples<br />

continentales <strong>et</strong> marines.<br />

C<strong>et</strong>te étude a été effectuée par une équipe <strong>des</strong> spécialistes de l’IFREMER, de l’IRD, <strong>du</strong><br />

CIRAD, <strong>du</strong> CNRS <strong>et</strong> <strong>du</strong> CEMAGREF avec le pilotage <strong>du</strong> secrétariat <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>,<br />

Christophe <strong>du</strong> Castel.<br />

Pour le <strong>FFEM</strong>, elle constitue un document de référence pour l’élaboration de sa stratégie<br />

dans le domaine <strong>des</strong> eaux internationales <strong>et</strong> pour la définition de proj<strong>et</strong>s de<br />

développement <strong>du</strong>rable innovants <strong>et</strong> démonstratifs.<br />

Le Secrétaire général <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong><br />

Marc-Antoine Martin


INTRODUCTION<br />

NOTE DE SYNTHESE<br />

Les zones côtières sont à l’interface entre les continents <strong>et</strong> les océans. Outre les<br />

échanges entre terre <strong>et</strong> mer, la zone côtière est aussi caractérisée par les nombreuses<br />

interactions entre systèmes biotique <strong>et</strong> abiotique, eux-mêmes largement influencés par<br />

leur exploitation anthropique. Les systèmes côtiers dans le monde subissent en eff<strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

pressions humaines croissantes, sous forme de demande accrue d’espace <strong>et</strong> <strong>des</strong> autres<br />

ressources naturelles. Ces pressions résultent de la croissance démographique <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />

développement économique (agriculture, in<strong>du</strong>strie, tourisme, transport) particulièrement<br />

accentués dans ces zones d’interfaces. Par ailleurs, ces dernières sont suj<strong>et</strong>tes à <strong>des</strong><br />

pressions naturelles résultant <strong>des</strong> systèmes d’échanges à grande échelle entre<br />

l’atmosphère, l’eau <strong>et</strong> les sols, y compris le changement climatique <strong>et</strong> l’élévation <strong>du</strong><br />

niveau de la mer.<br />

Les modifications <strong>des</strong> flux de matière <strong>et</strong> d’énergie dans la zone côtière résultent la<br />

plupart <strong>du</strong> temps <strong>des</strong> activités de l’homme. Une partie importante de ces changements<br />

n’est pas générée dans la zone côtière elle-même mais plus en amont, au niveau <strong>des</strong><br />

<strong>bas</strong>sins versants. Les modifications <strong>du</strong> couvert de ces derniers (urbanisation,<br />

déforestation, mises en culture) <strong>et</strong> les aménagements liés aux usages de l’eau<br />

(stockage, prélèvements, rej<strong>et</strong>s), modifient considérablement la répartition <strong>et</strong> le régime<br />

<strong>des</strong> écoulements, ainsi que la quantité <strong>et</strong> la nature <strong>des</strong> matières soli<strong>des</strong> <strong>et</strong> dissoutes<br />

transportées.<br />

Si le principe de <strong>bas</strong>e d’une <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> ressources en eau <strong>et</strong> de<br />

l’environnement à l’échelle <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant est aujourd’hui largement recommandé, il<br />

reste encore à concevoir <strong>des</strong> systèmes de <strong>gestion</strong> qui perm<strong>et</strong>traient de prendre en<br />

compte les relations physiques <strong>et</strong> socio-économiques entre <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> zones<br />

côtières correspondantes aux diverses échelles de planification.<br />

Dans c<strong>et</strong>te perspective contemporaine d’intégration, <strong>et</strong> à l’issue de sa seconde période<br />

quadriennale, le <strong>FFEM</strong> a souhaité se doter d’un cadre conceptuel <strong>et</strong> <strong>des</strong> critères<br />

d’évaluation nécessaires à l’élargissement de son champ d’intervention à la contribution<br />

<strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants dans la vaste thématique de la qualité <strong>des</strong> Eaux internationales.<br />

________________________________________________ 2 ______________________________________________


ETAT DE L’ART<br />

INTERNATIONAL<br />

On ne peut ignorer le débat international intense sur la <strong>gestion</strong> de l’eau. A la suite <strong>des</strong><br />

conférences de Dublin <strong>et</strong> de Rio (1992), les institutions internationales se sont<br />

multipliées. Une vaste consultation a permis récemment d’aboutir à une « Vision<br />

mondiale de l’eau », entérinée lors <strong>du</strong> Forum mondial de l’eau de La Haye (mars 2000),<br />

<strong>et</strong> son plan d’action dont plusieurs éléments touchent à la Gestion Intégrée <strong>des</strong><br />

Ressources en Eau ou GIRE (IWRM, Integrated Water Resources Management).<br />

En Europe, la Directive cadre sur l’eau pourrait bien devenir la première directive de<br />

développement <strong>du</strong>rable de l’Union Européenne. Sa caractéristique principale est<br />

l’utilisation <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins hydrographiques (districts) en tant qu’unité de <strong>bas</strong>e de toutes<br />

les actions de planification <strong>et</strong> de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources en eau, fondée sur l’implication<br />

de tous les acteurs concernés.<br />

La toute récente Recommandation de l’Union Européenne sur la mise en œuvre de la<br />

<strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières, ne peut que renforcer c<strong>et</strong> instrument déjà très<br />

intégrateur qu’est la Directive Cadre Européenne sur l’Eau.<br />

Plusieurs grands programmes internationaux s’intéressent directement aux interrelations<br />

entre <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone côtière. Nous en citerons trois considérés comme<br />

particulièrement représentatifs <strong>et</strong> utiles à l’obj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te note :<br />

- le LOICZ (Land-Ocean Interaction in the Coastal Zone), qui relève <strong>du</strong> Programme<br />

International Géosphère-Biosphère (PIGB) ; il est donc à caractère scientifique <strong>et</strong><br />

porte sur une thématique à caractère hautement global (les processus bio<br />

géochimiques) ;<br />

- le GIWA (Global International Waters Assessment), qui est une initiative <strong>du</strong> PNUE<br />

soutenue par le Fonds pour l’Environnement Mondial pour ses propres besoins ;<br />

- la LMES (Large Marine Ecosystems Strategy), programme démarré dans le sillage<br />

de Rio 92, qui développe une approche d’évaluation globale <strong>des</strong> 64 grands<br />

écosystèmes marins répertoriés dans le monde, en relation étroite avec les 66<br />

grands <strong>bas</strong>sins définis par le GIWA.<br />

________________________________________________ 3 ______________________________________________


NATIONAL<br />

Le système français a été érigé en « modèle » après plus d’un quart de siècle de<br />

succès dans la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources en eau <strong>du</strong> pays par les Agences de Bassin, puis<br />

de l’Eau, créées par la loi sur l’Eau de 1964 :<br />

- Il s’agit d’abord <strong>du</strong> mouvement général de démocratisation <strong>et</strong> de décentralisation,<br />

qui con<strong>du</strong>it à donner aux citoyens un droit de regard sur ce qui touche le plus<br />

directement leur vie de tous les jours ;<br />

- Il s’agit ensuite de la mise en œuvre effective <strong>des</strong> principes pollueur-payeur <strong>et</strong><br />

usager-payeur au travers <strong>des</strong> redevances perçues au niveau <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants<br />

par les agences, établissements publics dotés de l’autonomie financière ;<br />

- Il s’agit enfin <strong>du</strong> savoir-faire technique <strong>et</strong> économique reconnu de l’école<br />

française de <strong>gestion</strong> de l’eau (gran<strong>des</strong> entreprises françaises de distribution d’eau <strong>et</strong><br />

d’assainissement, formes institutionnelles originales, ingénierie).<br />

Révisée en 1992, la loi sur l’Eau a créé les Schémas Directeurs d’Aménagement <strong>et</strong> de<br />

Gestion <strong>des</strong> Eaux (SDAGE). Avant même que la Directive Cadre sur l’Eau ne soit<br />

publiée, la préparation <strong>et</strong> la mise en œuvre <strong>des</strong> SDAGE a permis d’intégrer l’ensemble<br />

<strong>des</strong> territoires, <strong>du</strong> haut <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants jusqu’aux zones côtières sous une même<br />

politique pour la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> eaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> systèmes aquatiques.<br />

Cependant, le système français a ses limites <strong>et</strong> demande à être<br />

adapté aux conditions rencontrées, non seulement sur le plan<br />

financier mais également pour ce qui est <strong>des</strong> cadres<br />

réglementaires <strong>et</strong> législatifs <strong>et</strong>, non <strong>des</strong> moindres, les aspects<br />

culturels.<br />

________________________________________________ 4 ______________________________________________


CADRE CONCEPTUEL<br />

Comme pour la Gestion Intégrée <strong>des</strong> Ressources en Eau (GIRE) par <strong>bas</strong>sin, il est<br />

maintenant largement reconnu que la Gestion Intégrée <strong>des</strong> Zones Côtières (GIZC) 1 est<br />

indispensable pour créer les <strong>bas</strong>es <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Au niveau national, la<br />

<strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources marines <strong>et</strong> côtières reste limitée à la zone économique exclusive<br />

<strong>des</strong> pays, mais ces derniers sont de plus en plus impliqués dans <strong>des</strong> conventions<br />

régionales qui, au nom <strong>du</strong> même principe d’approche intégrée, les amènent à se<br />

préoccuper <strong>du</strong> devenir de la qualité <strong>des</strong> eaux trans-frontières.<br />

Au nom <strong>du</strong> continuum physique, écologique <strong>et</strong> social <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> de leurs<br />

zones côtières, il est proposé de rapprocher ces deux démarches (GIRE <strong>et</strong> GIZC) aux<br />

principes identiques, <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre en œuvre une approche qui englobe le <strong>bas</strong>sin versant,<br />

le <strong>littoral</strong> <strong>et</strong> les eaux côtières (incluant la zone économique exclusive <strong>des</strong> pays), pour<br />

aboutir à leur <strong>gestion</strong> intégrée aux diverses échelles de planification territoriale requises.<br />

Selon la même approche que le GIWA, dans le cadre géographique <strong>des</strong> 66 sous-régions<br />

qu’il a sélectionnées dans le monde, l’objectif à terme est, par emboîtement d’échelles,<br />

de passer progressivement d’une approche locale à une approche régionale puis<br />

globale incluant les eaux internationales.<br />

De manière générale, dans un diagramme croisant échelles de temps <strong>et</strong> d’espace, les<br />

questions à traiter vont majoritairement se situer sur la diagonale, ajoutant ainsi la<br />

complexité <strong>des</strong> obj<strong>et</strong>s à celle <strong>des</strong> aspects dynamiques (Tab.1). Pour ne pas compliquer<br />

le tableau outre mesure, nous avons volontairement omis de mentionner les conflits<br />

entre usages <strong>et</strong> leurs répercussions importantes sur les plans social, économique <strong>et</strong><br />

écologique.<br />

1 De nombreuses définitions de la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières existent. Nous nous sommes inspirés de celle<br />

proposée par le GESAMP (Joint Group of Experts on the Scientific Aspects of Marine Environmental Protection) : un<br />

processus continu <strong>et</strong> dynamique de rapprochement <strong>des</strong> intérêts <strong>du</strong> gouvernement <strong>et</strong> <strong>des</strong> communautés, de la science <strong>et</strong><br />

de la <strong>gestion</strong>, <strong>des</strong> acteurs économiques <strong>et</strong> <strong>du</strong> public, pour la préparation <strong>et</strong> la mise en œuvre de plans de protection <strong>et</strong> de<br />

développement <strong>des</strong> ressources <strong>et</strong> <strong>des</strong> éco-socio-systèmes côtiers.<br />

________________________________________________ 5 ______________________________________________


Tableau 1 : Les différents impacts croisés <strong>des</strong> activités humaines<br />

sur le <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> la zone côtière<br />

(impacts de préoccupation majeure en gras <strong>et</strong> italique).<br />

Activités<br />

humaines<br />

Urbanisation,<br />

tourisme<br />

Impact sur les<br />

processus liés à l’eau<br />

Accélération <strong>des</strong><br />

transferts par<br />

imperméabilisation <strong>des</strong><br />

sols<br />

Exploitation <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

Phénomènes de<br />

subsidence <strong>du</strong>s au<br />

pompage excessif <strong>des</strong><br />

nappes phréatiques<br />

Agriculture Exploitation <strong>des</strong> eaux<br />

de surface <strong>et</strong><br />

souterraines.<br />

Abaissement de la<br />

nappe, intrusion saline.<br />

Dégradation <strong>des</strong><br />

milieux aquatiques<br />

Exploitation<br />

forestière<br />

(zones humi<strong>des</strong>, <strong>et</strong>c)<br />

Changements dans le<br />

régime de ruissellement.<br />

In<strong>du</strong>strie Exploitation <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

pour les traitements <strong>et</strong> le<br />

refroidissement.<br />

Energie<br />

hydraulique<br />

Exploitation de<br />

pétrole <strong>et</strong> de<br />

gaz<br />

Gran<strong>des</strong><br />

infrastructures<br />

physiques<br />

Navigation de<br />

plaisance <strong>et</strong><br />

commerciale<br />

Pêche <strong>et</strong><br />

aquaculture<br />

Changements <strong>du</strong><br />

régime fluvial.<br />

Risque accru<br />

d’inondations causé par<br />

les phénomènes de<br />

subsidence.<br />

Changements dans les<br />

débits <strong>et</strong> les régimes en<br />

aval<br />

Dégradation <strong>des</strong><br />

milieux aquatiques<br />

Impact sur le transport<br />

solide<br />

Changements dans la<br />

pro<strong>du</strong>ction de sédiments<br />

Erosion dans le <strong>bas</strong>sin<br />

versant causée par <strong>des</strong><br />

changements dans<br />

l’occupation <strong>du</strong> sol.<br />

Erosion dans le <strong>bas</strong>sin<br />

versant.<br />

Augmentation <strong>des</strong> flux<br />

soli<strong>des</strong><br />

Impact sur le transport<br />

d’autres substances<br />

Pollution causée par les<br />

déch<strong>et</strong>s soli<strong>des</strong> <strong>et</strong> liqui<strong>des</strong>.<br />

Pollution causée par les<br />

organiques (pestici<strong>des</strong> <strong>et</strong><br />

herbici<strong>des</strong>).<br />

Eutrophisation <strong>du</strong>e aux<br />

substances nutritives.<br />

Rej<strong>et</strong> accru de substances<br />

nutritives.<br />

Rej<strong>et</strong>s particulaires Pollution thermique.<br />

Pollution <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

causée par le stockage <strong>et</strong><br />

Changements dans le<br />

régime de transport<br />

solide, sédimentation.<br />

Changements dans le<br />

régime de transport<br />

solide causé par les<br />

phénomènes de<br />

subsidence.<br />

Changements dans le<br />

transport solide.<br />

Changements dans le<br />

transport solide causés<br />

par le dragage.<br />

l’élimination de déch<strong>et</strong>s.<br />

Pollution <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

causée par le stockage <strong>et</strong><br />

l’élimination de déch<strong>et</strong>s.<br />

Pollution au cours de la<br />

construction <strong>et</strong> la<br />

maintenance (vidanges)<br />

Pollution, déch<strong>et</strong>s<br />

domestiques <strong>et</strong><br />

déversement<br />

d’hydrocarbures.<br />

Eutrophisation causée par<br />

les substances nutritives.<br />

________________________________________________ 6 ______________________________________________


CRITERES D’ELIGIBILITE DES PROJETS<br />

Dans le cadre global <strong>des</strong> priorités géographiques <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>, l’éligibilité d’un proj<strong>et</strong> est<br />

jugée de façon qualitative <strong>et</strong> combine plusieurs critères : le proj<strong>et</strong> doit être un proj<strong>et</strong> de<br />

contribution <strong>du</strong>rable au développement de la société ou <strong>du</strong> pays concernés, il doit<br />

comporter un enjeu d’environnement mondial, être novateur par rapport à la pratique<br />

habituelle (démarche, technique, institutionnel) <strong>et</strong> être susceptible de repro<strong>du</strong>ctibilité.<br />

En second lieu, mais tout aussi éliminatoires, viennent les critères d’éligibilité par rapport<br />

au montage <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> (montage financier défini, financement <strong>FFEM</strong> minoritaire,<br />

opérateur crédible, dispositif de suivi-évaluation défini).<br />

Lorsque plusieurs proj<strong>et</strong>s recevables sont en concurrence, le <strong>FFEM</strong> utilise <strong>des</strong> critères<br />

de hiérarchisation qui vont porter particulièrement sur les opérations concrètes de<br />

développement, l’eff<strong>et</strong> de levier <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, la mobilisation <strong>du</strong> secteur privé, <strong>et</strong> enfin les<br />

thématiques prioritaires.<br />

C’est dans ce contexte qu’il convient de resituer les critères spécifiques qui vont pouvoir<br />

être attribués aux proj<strong>et</strong>s de <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins<br />

fluviaux, sous le vol<strong>et</strong> Protection <strong>des</strong> eaux internationales <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>. Dans le cas de ce<br />

type de proj<strong>et</strong> à très forte multi-fonctionnalité, outre le choix <strong>des</strong> thématiques<br />

prioritaires, ciblé sur les échanges (biophysiques <strong>et</strong> socio-économiques) entre <strong>bas</strong>sin<br />

versant <strong>et</strong> zone côtière, le critère de repro<strong>du</strong>ctibilité 2 nous paraît particulièrement<br />

fondamental puisque c’est lui qui va perm<strong>et</strong>tre d’apprécier la capacité <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre<br />

en œuvre <strong>des</strong> pratiques de <strong>gestion</strong> intégrée (connaissance, partenariat, participation) qui<br />

soient transposables à d’autres unités géographiques <strong>et</strong> ainsi, de proche en proche,<br />

créer les conditions d’une <strong>gestion</strong> cohérente <strong>des</strong> grands ensembles régionaux.<br />

Quant à l’échelle d’intervention, elle devra répondre aux critères généraux suivants :<br />

- une approche écosystémique ;<br />

- une approche spatiale par <strong>bas</strong>sin hydrographique élargi à la zone côtière, dont la<br />

<strong>gestion</strong> implique l’allocation <strong>du</strong>rable de ressources limitées entre les différents<br />

usagers ;<br />

- une <strong>gestion</strong> de l’information qui réponde aux besoins <strong>des</strong> <strong>gestion</strong>naires <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

usagers ;<br />

- un cadre juridique, <strong>des</strong> arrangements institutionnels <strong>et</strong> <strong>des</strong> partenariats ;<br />

- la participation <strong>du</strong> public <strong>et</strong> la résolution <strong>des</strong> conflits à travers l’identification <strong>des</strong><br />

priorités ;<br />

- <strong>des</strong> plans d’action avec <strong>des</strong> objectifs clairs, mesurables, réalistes <strong>et</strong> faciles à<br />

communiquer.<br />

2 Selon le Conseil scientifique <strong>et</strong> technique <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>, la repro<strong>du</strong>ctibilité « signifie que le proj<strong>et</strong> doit être l’initiateur de<br />

nouvelles pratiques <strong>et</strong> que son objectif est par conséquent de tester sur tous les plans, de la technique à l’économie <strong>et</strong> à<br />

l’acceptabilité sociale, les conditions dans lesquelles il pourra être généralisé <strong>et</strong> pris en charge normalement par le<br />

marché ».<br />

________________________________________________ 7 ______________________________________________


CRITERES DE SELECTION<br />

ET D’EVALUATION DES PROJETS<br />

Sur la <strong>bas</strong>e <strong>du</strong> développement qui précède, il est proposé de construire un système<br />

simple de critères de sélection <strong>et</strong> d’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s qui corresponde aux critères<br />

d’éligibilité <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>te l’élargissement <strong>du</strong> champ d’intervention de sa<br />

thématique « Protection <strong>des</strong> eaux internationales, dans une démarche d’apprentissage<br />

de la synergie entre développement local <strong>et</strong> environnement mondia »l. Dans ce qui suit,<br />

nous parlerons volontairement de « critères d’évaluation », au sens où ils incluent les<br />

critères de sélection <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s, mais perm<strong>et</strong>tent également de fournir <strong>des</strong> indicateurs<br />

utiles au processus de suivi-évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s.<br />

Avant de développer plus avant les conditions de la<br />

repro<strong>du</strong>ctibilité d’un proj<strong>et</strong> de <strong>gestion</strong> intégrée zone côtière<br />

versant, il est indispensable de focaliser l’ensemble de la<br />

démarche sur <strong>des</strong> thématiques spécifiques que le <strong>FFEM</strong><br />

r<strong>et</strong>iendra comme prioritaires.<br />

Les récents (2001) travaux (2001) <strong>du</strong> GESAMP (Joint Group of Experts on the Scientific<br />

Aspects of Marine Environmental Protection), associés aux critères définis par le<br />

Programme Global d’Action pour la Protection de l’Environnement Marin contre les<br />

Pollutions générées par les Activités à Terre (GPA/LBA), nous semblent être une<br />

excellente référence à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.<br />

De la matrice <strong>des</strong> impacts majeurs présentée par le GESAMP, il ressort clairement que<br />

l’effort doit porter en priorité sur :<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> altérations physiques <strong>et</strong> biologiques <strong>des</strong> habitats <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

écosystèmes ;<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> apports, en particulier les changements de débits <strong>et</strong> de régimes<br />

(déplacement de la salinité, creusement, comblement), les rej<strong>et</strong>s d’eaux usées<br />

(domestiques <strong>et</strong> in<strong>du</strong>strielles), <strong>et</strong> les surcharges en nutriments ;<br />

- la <strong>gestion</strong> de la mobilisation <strong>des</strong> sédiments.<br />

En terme d’impacts, les enjeux principaux sont :<br />

la qualité <strong>des</strong> écosystèmes <strong>et</strong> <strong>des</strong> ressources naturelles (renouvelables <strong>et</strong> non<br />

renouvelables),<br />

la <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> développement économique <strong>et</strong> social,<br />

la santé publique <strong>et</strong>, dans une moindre mesure, la sécurité alimentaire.<br />

________________________________________________ 8 ______________________________________________


C’est dans le cadre de ces thématiques prioritaires qu’il est à présent possible de définir<br />

plus avant les conditions qu’un proj<strong>et</strong> doit réunir pour garantir ses capacités de<br />

repro<strong>du</strong>ctibilité. Nous proposons cinq types de capacité ou « piliers » de la<br />

repro<strong>du</strong>ctibilité <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s :<br />

• Pilier 1 – la capacité d’apprentissage par l’é<strong>du</strong>cation, la formation, la prise de<br />

conscience <strong>des</strong> enjeux, <strong>et</strong> le partage <strong>des</strong> résultats entre les acteurs <strong>du</strong><br />

développement socio-économique <strong>et</strong> de la protection environnementale sur un<br />

territoire intégrant <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone côtière. L’objectif est ici la mise en<br />

œuvre <strong>des</strong> processus d’apprentissage pour renforcer les capacités humaines, en<br />

s’assurant que les principaux acteurs puissent acquérir <strong>et</strong> partager un niveau de<br />

connaissance <strong>et</strong> de technicité suffisant pour perm<strong>et</strong>tre le développement <strong>des</strong> quatre<br />

autres piliers.<br />

• Pilier 2 – la capacité de décrire <strong>et</strong> de mesurer les mécanismes qui régissent<br />

les fonctions naturelles <strong>des</strong> écosystèmes terrestres <strong>et</strong> côtiers <strong>et</strong> les<br />

interactions entre milieux <strong>et</strong> activités humaines, <strong>et</strong> de disséminer les<br />

connaissances vers les utilisateurs (décideurs <strong>et</strong> usagers). L’objectif ici n’est pas<br />

d’avoir une approche tout azimut, mais de développer les connaissances <strong>et</strong> les<br />

activités de surveillance nécessaires à la résolution <strong>des</strong> problèmes prioritaires sur un<br />

espace aux interactions particulièrement complexes (<strong>bas</strong>sin versant-zone côtière). Il<br />

s’agit de s’appuyer sur un « collectif » (scientifique/<strong>gestion</strong>naire) qui ait une vision<br />

d’ensemble <strong>des</strong> différents territoires qui composent c<strong>et</strong> espace complexe.<br />

• Pilier 3 – la capacité de créer les conditions juridiques <strong>et</strong> institutionnelles<br />

ainsi que les partenariats nécessaires à la <strong>gestion</strong> <strong>du</strong>rable d’un système<br />

complexe (au-delà de la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>). L’objectif est d’évaluer la capacité locale<br />

<strong>et</strong> nationale de m<strong>et</strong>tre en place <strong>des</strong> politiques, <strong>des</strong> dispositifs juridiques, <strong>des</strong><br />

mécanismes institutionnels, <strong>et</strong> <strong>des</strong> instruments économiques performants, incluant la<br />

participation <strong>des</strong> acteurs <strong>et</strong> la négociation <strong>des</strong> partenariats.<br />

• Pilier 4 – la capacité de fourniture de services, d’infrastructures <strong>et</strong> de pro<strong>du</strong>its<br />

pour un développement équilibré entre zone côtière <strong>et</strong> <strong>bas</strong>sin versant, aux<br />

niveaux local <strong>et</strong> national. Large regroupement qui peut concerner les infrastructures<br />

pour la collecte <strong>des</strong> eaux usées, leur traitement, la fourniture d’eau d’irrigation, d’eau<br />

potable, les réservoirs, ou encore tous les services afférant à l’usage <strong>des</strong> ressources<br />

renouvelables. Ces aménagements pour le développement supposent l’existence de<br />

programmes d’investissements <strong>et</strong> pose la question de la pérennisation <strong>des</strong><br />

financements.<br />

• Pilier 5 – la capacité de prendre en compte l’existant <strong>et</strong> de susciter les<br />

conditions politiques, juridiques <strong>et</strong> institutionnelles favorables aux<br />

emboîtements d’échelle dans le cadre <strong>des</strong> arrangements nationaux <strong>et</strong><br />

internationaux existants. L’objectif est ici, à partir de la connaissance <strong>du</strong> contexte<br />

politique, juridique <strong>et</strong> institutionnel existant, de contribuer à travers le proj<strong>et</strong> à créer<br />

les conditions de mise en compatibilité <strong>des</strong> dispositifs propres à chacun <strong>des</strong> territoires<br />

(<strong>bas</strong>sin versant, zone côtière), non seulement dans la zone couverte par le proj<strong>et</strong><br />

mais au-delà, pour étendre les résultats <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> à <strong>des</strong> ensembles plus vastes <strong>et</strong><br />

ainsi aborder les thématiques prioritaires de manière régionale puis globale.<br />

________________________________________________ 9 ______________________________________________


Les cinq piliers sont ainsi constitués d’un certain nombre d’objectifs se rapportant aux<br />

quatre thématiques prioritaires <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> telles que mentionnées plus haut. Ces objectifs<br />

sont aisément transposables en indicateurs utiles à une sélection de départ mais<br />

également pour le suivi même <strong>et</strong> l’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s. Le suivi de ces indicateurs (qui<br />

s’ajoutent aux indicateurs classiques de résultats) sera d’autant plus opérationnel qu’un<br />

point zéro aura été ainsi fait dès le départ <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>. Sur c<strong>et</strong>te <strong>bas</strong>e, il serait demandé<br />

aux promoteurs <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, au cours <strong>des</strong> principales étapes de développement de ce<br />

dernier, d’examiner dans quelle mesure le proj<strong>et</strong> a permis de développer les capacités<br />

décrites plus haut.<br />

La grille récapitulative (Tab.2) perm<strong>et</strong> d’envisager l’analyse systématique <strong>et</strong> comparée<br />

<strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s.<br />

Tableau 2 : Les cinq piliers de repro<strong>du</strong>ctibilité d’un proj<strong>et</strong><br />

<strong>bas</strong>sin versant / zone côtière.<br />

Thématiques prioritaires<br />

Altérations physiques <strong>et</strong> biologiques – Apports - Mobilisation <strong>des</strong> sédiments<br />

Pilier 1 Pilier 2 Pilier 3 Pilier 4 Pilier 5<br />

Processus<br />

d’apprentissage<br />

Information<br />

E<strong>du</strong>cation<br />

Formation<br />

technique<br />

Formation<br />

<strong>gestion</strong>naires<br />

Partage de<br />

l’information<br />

Communication<br />

Développement<br />

<strong>et</strong><br />

dissémination<br />

<strong>des</strong><br />

connaissances<br />

Recherche<br />

interdisciplinaire<br />

Surveillance<br />

Pro<strong>du</strong>ction de<br />

l’information<br />

Dissémination de<br />

l’information <strong>et</strong><br />

représentation<br />

Outils <strong>et</strong><br />

technologies<br />

Adaptation aux<br />

cadres<br />

politique,<br />

juridique <strong>et</strong><br />

institutionnel<br />

Dispositifs<br />

juridiques<br />

Cadres<br />

institutionnels<br />

Participation<br />

Instruments<br />

économiques<br />

Partenariat<br />

Développement<br />

<strong>des</strong><br />

infrastructures <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> services<br />

Secteur public<br />

Secteur privé<br />

Programmes<br />

d’investissements<br />

Mécanismes de<br />

financement<br />

Extension par<br />

emboîtement<br />

d’échelles<br />

Bassin versant<br />

Zone côtière<br />

Mise en cohérence<br />

La note détaillée développe le tableau 2 <strong>et</strong> propose de faire de ces questions autant<br />

d’indicateurs auxquels il est possible d’attribuer une valeur sur la <strong>bas</strong>e d’une notation<br />

ternaire simple (1 à 3 : faible, moyen, fort) qui perm<strong>et</strong>te ensuite de pondérer les<br />

moyennes.<br />

________________________________________________ 10 ______________________________________________


L’application <strong>des</strong> critères d’évaluation sur un proj<strong>et</strong> qui n’a pas encore démarré portera<br />

essentiellement sur les potentialités estimées de mise en œuvre de la construction <strong>des</strong><br />

cinq piliers de sa repro<strong>du</strong>ctibilité. Ces potentialités peuvent être estimées d’après la<br />

présentation <strong>du</strong> contexte, <strong>des</strong> objectifs <strong>et</strong> <strong>des</strong> activités qui sont décrits dans la fiche<br />

d’identification <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>. L’estimation peut être complétée par un certain nombre de<br />

questions adressées aux auteurs <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, sur la <strong>bas</strong>e <strong>des</strong> indicateurs proposés sous<br />

chacun <strong>des</strong> piliers. Ce sont en eff<strong>et</strong> ces indicateurs, adaptés au contexte <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> (leur<br />

liste n’a pas la prétention d’être exhaustive), qui perm<strong>et</strong>tront de donner une valeur<br />

indicielle à chacun <strong>des</strong> piliers de repro<strong>du</strong>ctibilité <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, plus particulièrement à l’issue<br />

de la phase de préparation <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>.<br />

________________________________________________ 11 ______________________________________________


S O M M A I R E<br />

1. INTRODUCTION ……………….………..….……………………..……………….. 13<br />

2. ETAT DES LIEUX ………………………………………………..……………….... 14<br />

2.1. LOICZ : Land-Ocean Interactions in the Coastal Zone ………………. 15<br />

2.2. GIWA : Global International Waters Assessment ………………..……. 16<br />

2.3. LMES : Stratégie pour l’étude <strong>des</strong> grands écosystèmes marins …… 19<br />

2.4. La <strong>gestion</strong> de l’eau …………………………………………………………… 22<br />

3. PROPOSITION D’UN CADRE CONCEPTUEL ……….…………………………. 24<br />

3.1. L’approche écosystémique ………………………………………………… 28<br />

3.2. L’approche spatiale ………………………………………………………….. 31<br />

3.2.1. Le système « naturel » ……………………………………………………… 31<br />

3.2.2. Le système humain ……………………………………………….…………. 34<br />

4. VERS UNE STRATEGIE DE GESTION INTEGREE DES ZONES COTIERES<br />

ET DES BASSINS VERSANTS ………………………………………….………… 41<br />

4.1. Thématiques prioritaires <strong>et</strong> enboîtement d’échelles ………………..…. 43<br />

4.2. La connaissance ………………………….…………………….………..…... 46<br />

4.3. Les institutions <strong>et</strong> le partenariat ……………..…………………………….. 51<br />

4.4. La participation <strong>du</strong> public ………………….……………………...………… 55<br />

5. DEFINITION DES CRITERES D’EVALUATION …………….…………..………. 57<br />

6. EXEMPLE D’APPLICATION ……………………………………………………….. 63<br />

7. REFERENCES ……………………………………………………………………….. 66<br />

8. ANNEXES …………………………………………………………………………….. 68<br />

________________________________________________ 12 _________________________________________________


« La terre constitue un tout<br />

marqué par l’interdépendance »<br />

Déclaration de Rio, 1992, Article 1<br />

1. INTRODUCTION<br />

Les zones côtières sont à l’interface entre les<br />

continents <strong>et</strong> les océans. Outre les échanges entre<br />

terre <strong>et</strong> mer, la zone côtière est aussi caractérisée<br />

par les nombreuses interactions entre systèmes<br />

biotique <strong>et</strong> abiotique <strong>et</strong> leur exploitation par l’homme.<br />

Les systèmes côtiers dans le monde subissent en<br />

eff<strong>et</strong> <strong>des</strong> pressions humaines croissantes, sous<br />

forme de demande accrue d’espace <strong>et</strong> <strong>des</strong> autres<br />

ressources, de développement in<strong>du</strong>striel ou encore<br />

de développement <strong>du</strong> tourisme <strong>et</strong> <strong>des</strong> activités de<br />

transport. Ils sont de plus suj<strong>et</strong>s à <strong>des</strong> pressions<br />

naturelles résultant <strong>des</strong> systèmes d’échanges à<br />

grande échelle entre l’atmosphère, l’eau <strong>et</strong> les sols, y<br />

compris le changement climatique <strong>et</strong> l’élévation <strong>du</strong><br />

niveau de la mer.<br />

Les déviations <strong>des</strong> flux de matière <strong>et</strong> d’énergie dans<br />

la zone côtière résultent la plupart <strong>du</strong> temps <strong>des</strong><br />

activités de l’homme. Une partie importante de ces<br />

changements n’est pas générée dans la zone côtière<br />

elle-même mais plus en amont, au niveau <strong>des</strong><br />

<strong>bas</strong>sins versants. Les modifications <strong>du</strong> couvert de<br />

ces derniers (urbanisation, déforestation, mises en<br />

culture) <strong>et</strong> les aménagements liés aux usages de<br />

l’eau (stockage, prélèvements, rej<strong>et</strong>s), modifient<br />

considérablement la répartition <strong>et</strong> le régime <strong>des</strong><br />

écoulements, ainsi que la quantité <strong>et</strong> la nature <strong>des</strong><br />

matières soli<strong>des</strong> <strong>et</strong> dissoutes.<br />

Se préoccuper de la santé <strong>des</strong> écosystèmes côtiers<br />

nécessite donc de remonter de la mer vers la terre<br />

pour prendre en compte les activités <strong>et</strong> les<br />

changements intervenant au niveau <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins<br />

fluviaux qui leur correspondent.<br />

L’urbanisation galopante <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> (15 méga-cités de<br />

plus de 9 millions d’habitants, sur les 25 existantes<br />

actuellement dans le monde, sont sur la côte)<br />

provoque également une utilisation accrue <strong>des</strong><br />

ressources en eau, tant pour l’alimentation en eau<br />

potable que pour l’irrigation. Dans de nombreuses<br />

régions, la distribution géographique de la<br />

consommation en eau potable correspond à la<br />

concentration territoriale <strong>des</strong> déch<strong>et</strong>s, se tra<strong>du</strong>isant<br />

par <strong>des</strong> problèmes de pollution <strong>et</strong>/ou de salinisation<br />

<strong>des</strong> nappes phréatiques, <strong>et</strong> d’écoulement <strong>des</strong> eaux<br />

usées en mer.<br />

L’irrigation, premier consommateur de la ressource<br />

en eau, se développe préférentiellement à l’aval <strong>des</strong><br />

<strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> dans les plaines côtières,<br />

favorisant ainsi les conflits entre usages. Au<br />

problème de la non-filtration <strong>et</strong> de l’accélération <strong>du</strong><br />

passage <strong>des</strong> flux de l’amont vers l’aval, va se<br />

juxtaposer le problème crucial de la rar<strong>et</strong>é de l’eau <strong>et</strong><br />

de ses conséquences particulièrement dramatiques<br />

pour les populations. Ces phénomènes pourraient<br />

encore s’accentuer dans certaines zones, sous le<br />

double eff<strong>et</strong> <strong>du</strong> changement climatique (élévation <strong>du</strong><br />

niveau de la mer) <strong>et</strong> <strong>des</strong> phénomènes de<br />

subsidence. Sur le <strong>littoral</strong>, le problème de la Gestion<br />

Intégrée <strong>des</strong> Ressources en Eau (GIRE) ne peut être<br />

ainsi dissocié de la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> zones côtières.<br />

Si le principe de <strong>bas</strong>e d’une <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong><br />

ressources en eau <strong>et</strong> de l’environnement à l’échelle<br />

<strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant est aujourd’hui largement<br />

recommandée, il reste encore à concevoir <strong>des</strong><br />

systèmes de <strong>gestion</strong> qui perm<strong>et</strong>traient de prendre en<br />

compte les relations physiques <strong>et</strong> socio-économiques<br />

entre <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> zones <strong>littoral</strong>es<br />

correspondantes aux diverses échelles de<br />

planification. Dans c<strong>et</strong>te perspective contemporaine<br />

d’intégration, <strong>et</strong> à l’issue de sa seconde période<br />

quadriennale, le <strong>FFEM</strong> a souhaité se doter d’un<br />

cadre conceptuel <strong>et</strong> <strong>des</strong> critères d’évaluation<br />

nécessaires à l’élargissement de son champ<br />

d’intervention à la contribution <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants<br />

dans la vaste thématique de la qualité <strong>des</strong> Eaux<br />

internationales.<br />

________________________________________________ 13 _________________________________________________


2. ETAT DES LIEUX<br />

Une culture politique internationale s’élabore depuis les années 80 autour d’une triple<br />

idée, inscrite dans la déclaration de Rio de 1992 : la vulnérabilité <strong>des</strong> ressources<br />

planétaires, l’interdépendance <strong>des</strong> acteurs vis-à-vis de ces dernières, <strong>et</strong> leur<br />

responsabilité devant les générations futures pour leur préservation. C’est le concept de<br />

développement <strong>du</strong>rable avec ses quatre piliers (social, économique, environnemental <strong>et</strong><br />

culturel) qui vise avant tout à créer une communauté de valeurs à l’échelle planétaire,<br />

dont le contenu concr<strong>et</strong> est non seulement variable selon les régions <strong>du</strong> monde, mais<br />

encore en évolution constante avec la progression <strong>des</strong> connaissances <strong>et</strong> <strong>des</strong> valeurs<br />

véhiculées par les sociétés en présence.<br />

Ainsi, peu à peu, malgré les réticences, <strong>des</strong> espèces, <strong>des</strong> entités biologiques ou<br />

territoriales sont qualifiées de biens communs par <strong>des</strong> textes internationaux ou <strong>du</strong> moins<br />

de biens méritant une <strong>gestion</strong> particulière dont les conditions sont définies en commun.<br />

Sont ainsi pris en compte, depuis près de 70 ans : certains patrimoines biologiques, <strong>des</strong><br />

biotopes ou gisements de ressources frontalières (grands fleuves, mers régionales) ou<br />

spécifiques comme l’Antarctique, <strong>des</strong> espèces, le climat, la biodiversité, <strong>et</strong> plus<br />

récemment l’eau, les sols, <strong>et</strong> les océans. Tout se passe comme si l’interdépendance<br />

scientifiquement attestée <strong>des</strong> écosystèmes à l’échelle globale rendait de plus en plus<br />

difficile une <strong>gestion</strong> publique séparée, par chaque Etat, de ses ressources <strong>et</strong> milieux<br />

naturels.<br />

Dans ce contexte, l’objectif global de la recherche en matière de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> zones<br />

côtières <strong>et</strong> marines consiste à repérer, aux différentes échelles spatiales <strong>et</strong> temporelles<br />

<strong>et</strong> selon les questions posées, les leviers <strong>et</strong> les variables clefs <strong>du</strong> système (naturel <strong>et</strong><br />

social) qui vont perm<strong>et</strong>tre <strong>des</strong> rétroactions entre le <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> la zone côtière.<br />

Dans ce qui suit, on a choisi de présenter brièvement trois initiatives internationales plus<br />

particulièrement axées sur la <strong>des</strong>cription de ces échanges entre <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone<br />

côtière. La première, le LOICZ, est à caractère scientifique <strong>et</strong> porte sur une thématique à<br />

caractère hautement global (les processus bio-géochimiques). La deuxième, le GIWA,<br />

est plus directement axée sur le diagnostic régional <strong>et</strong> fait directement le lien avec la<br />

dernière initiative présentée : la Stratégie Grands Ecosystèmes Marins (LMES). Il est à<br />

noter que ces initiatives internationales ont toutes les trois adopté une stratégie<br />

incrémentale ou d’emboîtement d’échelles, pour passer de l’observation locale à<br />

l’observation régionale selon une approche normalisée au niveau global.<br />

________________________________________________ 14 _________________________________________________


2.1. LOICZ : Land-Ocean Interactions in the Coastal Zone<br />

Le LOICZ relève <strong>du</strong> Programme International Géosphère-Biosphère (PIGB) d’étude <strong>du</strong><br />

changement global. Il a démarré en 1993.<br />

Les objectifs généraux <strong>du</strong> LOICZ (ELOISE pour le programme de l’Union Européenne)<br />

sont les suivants :<br />

a) Déterminer aux échelles globales <strong>et</strong> régionales ;<br />

- les flux de matériaux échangés entre terre, mer <strong>et</strong> atmosphère au niveau de la<br />

zone côtière,<br />

- la capacité <strong>des</strong> systèmes côtiers à transformer <strong>et</strong> stocker la matière<br />

particulaire <strong>et</strong> dissoute,<br />

- les eff<strong>et</strong>s <strong>des</strong> changements <strong>des</strong> conditions de forçage externes sur la<br />

structure <strong>et</strong> le fonctionnement <strong>des</strong> écosystèmes côtiers.<br />

b) Déterminer comment les changements en matière d’occupation <strong>des</strong> sols, de climat,<br />

de niveau de la mer, <strong>et</strong> d’activités humaines, altèrent les flux <strong>et</strong> les r<strong>et</strong>enues de<br />

matériel particulaire dans la zone côtière, <strong>et</strong> affectent la morphodynamique côtière ;<br />

c) Déterminer comment les changements <strong>des</strong> systèmes côtiers, y compris les réponses<br />

aux différents apports de matière organique <strong>et</strong> de nutriments terrestres <strong>et</strong><br />

océaniques, sont susceptibles d’affecter le cycle global <strong>du</strong> carbone <strong>et</strong> la composition<br />

en gaz traces de l’atmosphère ;<br />

d) Evaluer dans quelle mesure les réponses <strong>des</strong> systèmes côtiers au changement<br />

global vont modifier les mo<strong>des</strong> d’exploitation de l’homme, <strong>et</strong> développer plus avant<br />

les conditions scientifiques <strong>et</strong> socio-économiques pour la <strong>gestion</strong> intégrée de<br />

l’environnement côtier.<br />

Outre les observations terrain, le LOICZ m<strong>et</strong> particulièrement l’accent sur la modélisation<br />

<strong>des</strong> processus environnementaux clé <strong>et</strong> préconise dans ce sens de combiner les<br />

travaux sur les dynamiques <strong>du</strong> carbone, de l’azote, <strong>du</strong> phosphore, <strong>des</strong> sédiments <strong>et</strong> de<br />

l’eau dans la zone côtière, avec l’analyse socio-économique <strong>des</strong> principaux facteurs de<br />

modification de ces dynamiques. De manière résumée, l’approche LOICZ vise ainsi à<br />

encourager les chercheurs <strong>des</strong> différentes régions <strong>du</strong> monde à développer <strong>des</strong> modèles<br />

de flux de carbone, d’azote, de phosphore <strong>et</strong> de sédiments, en premier lieu à l’échelle<br />

locale puis à une échelle régionale ou de <strong>bas</strong>sin.<br />

Le cadre commun d’analyse développé à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> relève <strong>du</strong> système DPSIR (Driving<br />

force-Pressure-State-Impact-Response), les pressions étant volontairement limitées aux<br />

changements dans les cycles bio-géochimiques.<br />

________________________________________________ 15 _________________________________________________


Pour rester réaliste en terme de capacités de mise en œuvre (financières, humaines), il<br />

a été décidé de partir <strong>du</strong> local pour aller progressivement vers le régional <strong>et</strong> aboutir enfin<br />

à <strong>des</strong> modèles plus globaux. Pour répondre à c<strong>et</strong> objectif d’emboîtement d’échelles, il a<br />

fallu établir en première approche une typologie côtière (Annexe 2) dont les limites<br />

géographiques peuvent être très variées puisqu’elle prend en compte un certain nombre<br />

d’éléments situés entre 200 mètres d’altitude côté terre, <strong>et</strong> 200 mètres de profondeur<br />

côté mer (la plus grande partie <strong>du</strong> plateau continental).<br />

Sur le plan de la représentation globale, la grande difficulté <strong>du</strong> LOICZ est d’avoir affaire<br />

à une bande côtière qui, mise bout à bout, a une longueur d’environ 500.000 km mais<br />

une largeur de seulement 50 km en moyenne ! Quoiqu’il en soit, les larges unités<br />

géographiques définies sur la <strong>bas</strong>e de c<strong>et</strong>te typologie côtière sont considérées comme<br />

autant de cadres qui doivent notamment perm<strong>et</strong>tre de :<br />

organiser les <strong>bas</strong>es de données ;<br />

sélectionner certaines régions pour <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> plus approfondies (télédétection,<br />

surveillance à long terme) ;<br />

emboîter les modèles locaux avec <strong>des</strong> modèles régionaux <strong>et</strong> globaux ;<br />

analyse, compilation <strong>et</strong> compte ren<strong>du</strong> <strong>des</strong> résultats <strong>du</strong> LOICZ sous la forme de<br />

synthèses régionales <strong>et</strong> globales.<br />

Après neuf années de recherche en coopération, LOICZ achève sa première phase <strong>et</strong><br />

réalise actuellement un ouvrage de synthèse qui portera sur les habitats côtiers <strong>et</strong> les<br />

ressources vivantes, l’eau <strong>et</strong> la zone côtière, les dynamiques à l’œuvre dans la zone<br />

côtière, les impacts <strong>et</strong> les rétroactions <strong>des</strong> cycles <strong>du</strong> carbone, de l’azote <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />

phosphore, <strong>et</strong> la science au service de la <strong>gestion</strong>.<br />

Les cycles <strong>du</strong> C, N <strong>et</strong> P ont été modélisés sur plus de 200 sites, perm<strong>et</strong>tant d’établir un<br />

ratio relativement simple entre densité de population <strong>et</strong> apports à la côte au niveau <strong>du</strong><br />

<strong>bas</strong>sin versant. L’application multi-régionale <strong>du</strong> modèle DPSIR a permis d’établir <strong>des</strong><br />

comparaisons, d’analyser les tendances <strong>et</strong> de définir un certain nombre de <strong>bas</strong>sins<br />

prioritaires en matière d’interactions <strong>bas</strong>sin versant-zone - côtière sous influence de<br />

l’homme. Les promoteurs estiment qu’ils disposent à présent de jeux de données<br />

suffisamment importants pour pouvoir les extrapoler à <strong>des</strong> zones peu renseignées,<br />

selon la typologie côtière <strong>du</strong> LOICZ. C<strong>et</strong>te vision moyenne <strong>des</strong> apports ne répond pas<br />

pour autant à la question <strong>des</strong> seuils au-delà <strong>des</strong>quels les systèmes changent<br />

temporairement ou irrémédiablement.<br />

La seconde phase <strong>du</strong> LOICZ est en cours de préparation. D’ores <strong>et</strong> déjà, il y a un bon<br />

consensus pour une plus grande intervention <strong>des</strong> disciplines de dimension sociale, la<br />

participation <strong>des</strong> acteurs locaux, <strong>et</strong> le couplage entre sciences de la nature <strong>et</strong> sciences<br />

humaines. De manière intéressante, certaines thématiques clé semblent être déjà<br />

sélectionnées en rapport avec les changements <strong>du</strong> Système Terre :<br />

- altérations hydrologiques <strong>et</strong> élévation <strong>du</strong> niveau de la mer aux échelles<br />

globales,<br />

________________________________________________ 16 _________________________________________________


- changement climatique dans les régions polaires,<br />

- eutrophisation dans les régions tempérées,<br />

- érosion <strong>des</strong> sols dans les régions tropicales.<br />

Exemple de proj<strong>et</strong> associé au LOICZ : EuroCat<br />

Dans le contexte global de la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> zones côtières, les<br />

réponses politiques à tous les niveaux de gouvernance <strong>et</strong> de la<br />

société, doivent devenir plus flexibles pour pouvoir prendre en<br />

compte les changements socio-économiques <strong>et</strong><br />

environnementaux, y compris l’élévation <strong>du</strong> niveau de la mer (cf.<br />

Annexe 3). Le futur étant marqué par l’incertitude, la prédiction<br />

restera toujours un vœux pieux. Il est cependant possible de<br />

formuler <strong>des</strong> scénarios susceptibles d’éclairer sur les<br />

développements possibles <strong>du</strong> futur. C’est une <strong>des</strong> activités <strong>du</strong><br />

proj<strong>et</strong> EuroCat dans l’estuaire de Humber en Grande Br<strong>et</strong>agne.<br />

Sur la <strong>bas</strong>e d’une étude environnementale intégrée, trois<br />

scénarios régionaux <strong>des</strong> devenirs possibles de l’estuaire ont été<br />

construits à partir de quatre scénarios existants au niveau<br />

national pour la période 2000-2040 : le scénario Business as<br />

usual, scénario de <strong>bas</strong>e aligné sur le scénario national épousant<br />

les tendances mondiales <strong>du</strong> marché, le scénario Policy targ<strong>et</strong>,<br />

qui prend en compte les objectifs <strong>et</strong> le calendrier <strong>des</strong> directives<br />

européennes, <strong>et</strong> le scénario Deep green, où la protection<br />

environnementale devient hautement prioritaire pour r<strong>et</strong>rouver<br />

<strong>des</strong> niveaux bruit de fond, « naturels », de nutriments <strong>et</strong> de<br />

contaminants dans l’ensemble <strong>du</strong> système <strong>bas</strong>sin versant-zone<br />

côtière. Les différentes situations socio-économiques <strong>et</strong><br />

environnementales décrites par ces scénarios vont faciliter<br />

l’exploration <strong>des</strong> possibles mesures à prendre pour améliorer la<br />

qualité de l’eau dans l’estuaire. Les travaux en cours portent sur<br />

l’estimation <strong>des</strong> flux de nutriments <strong>et</strong> de contaminants selon les<br />

différents cas de figure.<br />

________________________________________________ 17 _________________________________________________


2.2. GIWA : Global International Waters Assessment<br />

Le GIWA est une initiative <strong>du</strong> PNUE soutenue par le FEM pour ses propres besoins. En<br />

eff<strong>et</strong>, l’objectif global <strong>du</strong> GIWA est de développer un système global d’évaluation<br />

environnementale qui puisse être utilisé par le FEM <strong>et</strong> ses partenaires pour identifier les<br />

priorités d’actions atténuantes (mitigation) ou correctrices dans les eaux internationales,<br />

<strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tent de générer <strong>des</strong> gains environnementaux aux niveaux national, régional<br />

<strong>et</strong> global.<br />

L’un <strong>des</strong> principaux outils d’évaluation proposé par le GIWA est celui de l’analyse <strong>des</strong><br />

chaînes de cause à eff<strong>et</strong> selon cinq grands domaines : la diminution <strong>des</strong> ressources en<br />

eau exploitables, la pollution, la modification <strong>des</strong> habitats <strong>et</strong> <strong>des</strong> communautés,<br />

l’exploitation non <strong>du</strong>rable <strong>des</strong> pêches <strong>et</strong> autres ressources vivantes, <strong>et</strong> le changement<br />

climatique.<br />

Chacun de ces domaines a ensuite été subdivisé en un certain nombre de problèmes 3<br />

qui, au nombre de 23, représentent la <strong>bas</strong>e <strong>des</strong> analyses de cause à eff<strong>et</strong>. Lors de la<br />

construction d’une de ces chaînes (de cause à eff<strong>et</strong>) autour d’un problème spécifique, il<br />

convient d’éviter d’adopter une attitude par trop anthropocentrique, par exemple en<br />

ignorant les besoins en eau douce de l’environnement lui-même ou la valeur intrinsèque<br />

(fonctions / services) <strong>des</strong> zones humi<strong>des</strong>. Il est important à c<strong>et</strong> égard de signaler que<br />

l’approche <strong>du</strong> GIWA a été construite notamment à partir de l’Evaluation Mondiale <strong>des</strong><br />

Ressources en Eau Douce, publiée sous l’égide <strong>des</strong> Nations Unies (Comprehensive<br />

Assessment of the Freshwater resources of the World, 1997).<br />

Une approche globale <strong>du</strong> type GIWA nécessite <strong>des</strong> critères de délimitation<br />

géographique <strong>des</strong> systèmes. Dans le cas <strong>des</strong> eaux internationales, il est logique de<br />

considérer les grands <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> les mers ou les lacs récepteurs qui leur sont<br />

associés. L’approche GIWA ne nie pas pour autant la nécessité de subdiviser ces<br />

gran<strong>des</strong> entités afin de pouvoir travailler à <strong>des</strong> échelles appropriées aux problèmes<br />

environnementaux <strong>et</strong> à leurs causes. En tout, sur la <strong>bas</strong>e d’un ensemble de<br />

considérations environnementales, biogéographiques <strong>et</strong> géopolitiques, 66 sous-régions<br />

(Annexe 1) ont été définies <strong>et</strong> constituent les unités de référence de l’évaluation <strong>du</strong><br />

GIWA. Certaines d’entre elles font depuis longtemps l’obj<strong>et</strong> d’accords politiques<br />

internationaux à travers le programme Mers Régionales <strong>du</strong> PNUE, telles que la Baltique<br />

(Commission d’Helsinki), la Mer Noire (Programme Environnemental Mer Noire <strong>du</strong> FEM)<br />

ou encore la Méditerranée (Convention de Barcelone révisée).<br />

3 Diminution <strong>des</strong> ressources en eau exploitables : Ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> débits, Pollution <strong>des</strong> ressources en eau existantes,<br />

Abaissement <strong>des</strong> nappes d’eau. Pollution : Microbiologie, Eutrophisation, Contaminants, Matières en suspension, Déch<strong>et</strong>s<br />

soli<strong>des</strong>, Température, Radionucléi<strong>des</strong>, Epandages. Modification <strong>des</strong> habitats <strong>et</strong> <strong>des</strong> communautés : Perte d’écosystèmes<br />

ou d’écotones, Modification <strong>des</strong> écosystèmes ou écotones, y compris la structure <strong>des</strong> communautés <strong>et</strong>/ou la composition<br />

en espèces. Exploitation non <strong>du</strong>rable <strong>des</strong> pêches <strong>et</strong> autres ressources vivantes : Surexploitation, Pratiques de récoltes<br />

<strong>des</strong>tructrices, Prises secondaires <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>s excessifs, Diminution de vitalité <strong>du</strong> stock par contamination ou maladie,<br />

Impacts sur la diversité biologique <strong>et</strong> génétique. Changement climatique : Changements dans les cycles hydrologiques,<br />

Niveau de la mer, Radiations UV-B accrue <strong>du</strong>e à la diminution de l’ozone, Changements <strong>des</strong> fonctions source/puits de CO2<br />

<strong>des</strong> océans, Changements soudains de la circulation générale.<br />

________________________________________________ 18 _________________________________________________


Après une longue phase préparatoire (Faisabilité, Mise en place <strong>des</strong> réseaux, Définition<br />

<strong>du</strong> protocole d’évaluation), le GIWA est rentré dans sa phase analytique dans un certain<br />

nombre <strong>des</strong> 66 sous-régions pré-sélectionnées, particulièrement dans celles où le travail<br />

a déjà été bien avancé sous la forme d’Analyse Diagnostic Tranfrontières.<br />

Les résultats atten<strong>du</strong>s de ces exercices peuvent être résumés comme suit :<br />

évaluation stratégique de l’état écologique <strong>et</strong> <strong>des</strong> priorités d’action dans les eaux<br />

transfrontières (échelles régionale <strong>et</strong> globale) à l’usage programmatique <strong>du</strong> FEM <strong>et</strong><br />

de ses partenaires ;<br />

mise à disposition <strong>des</strong> éléments d’information nécessaires au FEM, aux<br />

organisations régionales <strong>et</strong> aux gouvernements, pour juger <strong>des</strong> actions qu’il convient<br />

de privilégier dans les proj<strong>et</strong>s qui leur sont soumis ;<br />

identification d’approches plus <strong>du</strong>rables <strong>des</strong> usages de l’eau <strong>et</strong> <strong>des</strong> ressources<br />

qui leur sont associées, aux niveaux national <strong>et</strong> local ;<br />

protocoles pour la con<strong>du</strong>ite d’analyses <strong>des</strong> chaînes causales <strong>et</strong> <strong>des</strong> diagnostics<br />

transfrontières, à l’usage <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s Eaux Internationales <strong>du</strong> FEM ;<br />

un important renforcement <strong>du</strong> levier <strong>des</strong> co-financements <strong>du</strong> fait d’une meilleure<br />

orientation <strong>et</strong> d’une crédibilité accrue <strong>des</strong> futurs proj<strong>et</strong>s ;<br />

une information de <strong>bas</strong>e aux niveaux régional <strong>et</strong> sous-régional qui devrait faciliter<br />

la préparation <strong>des</strong> Analyses Diagnostics Transfrontières <strong>et</strong> accroître la capacité<br />

d’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s en cours de réalisation ou de soumission au FEM.<br />

Comme signalé sur la liste <strong>des</strong> 66 sous-régions <strong>du</strong> GIWA (Annexe 1), 64 d’entre elles<br />

correspondent à <strong>des</strong> Grands Ecosystèmes Marins qui font l’obj<strong>et</strong> d’une stratégie de<br />

recherche co-pilotée par la NOAA <strong>et</strong> l’UICN.<br />

2.3. LMES : Stratégie pour l’étude <strong>des</strong> grands écosystèmes<br />

marins<br />

Ce programme, démarré dans le sillage de la Conférence de Rio (1992), consiste à<br />

adopter une approche d’évaluation globale <strong>des</strong> grands écosystèmes marins répertoriés<br />

dans le monde, soit 64 unités censées contenir 95% de la biomasse <strong>des</strong> captures<br />

mondiales. Ces grands écosystèmes marins sont <strong>des</strong> régions marines englobant le bord<br />

<strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> les estuaires, les marges continentales <strong>et</strong> les systèmes côtiers<br />

<strong>des</strong> courants océaniques. Chaque région, qui peut être de 200.000 km² ou plus, est<br />

caractérisée par sa bathymétrie, son hydrographie, sa pro<strong>du</strong>ctivité, <strong>et</strong> ses populations<br />

trophiquement dépendantes.<br />

________________________________________________ 19 _________________________________________________


A ce jour, outre les nombreuses étu<strong>des</strong> en cours, trente <strong>et</strong> un pays d’Asie, d’Afrique <strong>et</strong><br />

de l’europe de l’Est (Courant <strong>du</strong> Benguela, Mer Jaune, Mer Baltique, Courant <strong>du</strong><br />

Humboldt, Courant de Guinée) se sont engagés (niveau ministériel) sur c<strong>et</strong>te approche<br />

écosystémique régionale en termes de ressources marines <strong>et</strong> d’habitats <strong>et</strong> plus<br />

particulièrement dans le domaine de la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>des</strong> pêches, de la ré<strong>du</strong>ction de la<br />

pollution <strong>et</strong> de l’eutrophisation, <strong>et</strong> de la restauration <strong>des</strong> habitats dégradés tels que les<br />

récifs coralliens, les mangroves, <strong>et</strong> les zones humi<strong>des</strong>.<br />

Basée sur ces expériences, une stratégie d’approche en cinq mo<strong>du</strong>les a été mise au<br />

point : (1) pro<strong>du</strong>ctivité, (2) ressources <strong>et</strong> pêche, (3) pollution <strong>et</strong> santé de l’écosystème,<br />

(4) socio-économie, <strong>et</strong> (5) gouvernance. L’approche se veut donc résolument intersectorielle<br />

avec le soutien <strong>du</strong> FEM <strong>et</strong> de ses agences partenaires. Elle collabore avec<br />

d’autres programmes complémentaires tels que les vol<strong>et</strong>s Ressources Marines Vivantes<br />

<strong>et</strong> Côtier <strong>du</strong> GOOS (Global Ocean Observing System) qui, sur la <strong>bas</strong>e <strong>des</strong><br />

connaissances acquises, développe les systèmes de surveillance appropriés. A c<strong>et</strong>te<br />

échelle, les données issues <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> campagnes océanographiques sont utilement<br />

complétées par celles de l’observation spatiale.<br />

Dans le système PNUE-PNUD/GEF, les connaissances ainsi acquises sont mises à<br />

profit dans l’élaboration <strong>des</strong> Analyses Diagnostics Transfrontières (ADT), <strong>du</strong> Plan<br />

d’Action Stratégique (PAS) régional, <strong>et</strong> <strong>des</strong> plans d’action nationaux qui en résultent. La<br />

Méditerranée est un bon exemple de mise en place progressive de ces dispositifs de<br />

<strong>gestion</strong>.<br />

________________________________________________ 20 _________________________________________________


Les mo<strong>du</strong>les LMES<br />

Pro<strong>du</strong>ctivité : plus particulièrement, l’activité photosynthétique,<br />

la biodiversité zooplanctonique, <strong>et</strong> la variabilité océanographique.<br />

La première phase <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> LME sur le courant de Guinée a visé la<br />

mise en œuvre d’enregistreurs de plancton en continu à partir de<br />

navires containers traversant le Golfe de Guinée toutes les cinq<br />

semaines pendant cinq ans (1995-1999), en collaboration entre le<br />

ministère <strong>des</strong> Pêches Ghanéen <strong>et</strong> la Fondation pour les sciences<br />

océaniques Sir Allister Hardy de Plymouth (UK).<br />

Ressource <strong>et</strong> pêche : dont l’étude de la biodiversité, les poissons,<br />

les mollusques, les espèces démersales <strong>et</strong> pélagiques. Egalement<br />

dans le Golfe de Guinée, une campagne multinationale (Bénin,<br />

Cameroun, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria, Togo) de chalutage de<br />

fonds a eu lieu en 1998.<br />

Pollution <strong>et</strong> santé de l’écosystème : ayant trait à l’eutrophisation,<br />

les biotoxines, la pathologie, les maladies émergentes <strong>et</strong> les<br />

indices de santé. Probablement les paramètres les plus délicats à<br />

évaluer sur d’aussi gran<strong>des</strong> surfaces.<br />

Socio-économie : estimation de la valeur <strong>des</strong> écosystèmes. Une<br />

approche générique <strong>du</strong> calcul <strong>des</strong> biens <strong>et</strong> <strong>des</strong> services <strong>des</strong> LME<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> analyses d’impact sur ces biens <strong>et</strong> services, est dispo-nible<br />

sur le site www.edc.uri.e<strong>du</strong>/lme.<br />

Gouvernance : <strong>bas</strong>ée sur l’approche intégrée décrite par Constanza<br />

<strong>et</strong> al (1998) selon six principes : responsabilité, identification <strong>des</strong><br />

limites <strong>du</strong> système, précaution, <strong>gestion</strong> adaptative, allocation <strong>des</strong><br />

coûts <strong>et</strong> bénéfices, participation. C<strong>et</strong>te approche a été initiée sur le<br />

proj<strong>et</strong> LME <strong>du</strong> courant de Benguela, piloté par une Commission <strong>du</strong><br />

même nom regroupant l’Angola, l’Afrique <strong>du</strong> sud, <strong>et</strong> la Namibie.<br />

________________________________________________ 21 _________________________________________________


Toutes ces initiatives (LOICZ, GIWA, LMES), qui se veulent cohérentes <strong>et</strong><br />

complémentaires, relèvent de cadres institutionnels <strong>et</strong> de financements différents <strong>et</strong> ont<br />

donc leur logique propre qui ne va pas nécessairement dans le sens souhaité de la<br />

rationalisation <strong>des</strong> approches. Ceci étant dit, elles représentent un effort global<br />

considérable de développement de la connaissance à l’échelle de gran<strong>des</strong> unités<br />

régionales. Leurs acquis en font d’ores <strong>et</strong> déjà <strong>des</strong> cadres de référence pour<br />

l’articulation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s <strong>bas</strong>sin versant-zone côtière s’inscrivant à l’intérieur de leurs<br />

limites. Qu’en est-il plus en amont ?<br />

2.4. La <strong>gestion</strong> de l’eau<br />

Dans c<strong>et</strong> état de lieu, on ne peut ignorer le débat international intense sur la <strong>gestion</strong> de<br />

l’eau. A la suite <strong>des</strong> conférences de Dublin <strong>et</strong> de Rio (1992), les institutions<br />

internationales se sont multipliées : on citera entre autres le Conseil de concertation<br />

pour l’approvisionnement en eau <strong>et</strong> l’assainissement (WSSCC), le Partenariat<br />

international pour l’eau (GWP), le Réseau international <strong>des</strong> organismes de <strong>bas</strong>sin<br />

(RIOB), le Conseil mondial de l’eau (CME), l’Office international de l’eau (OIE), <strong>et</strong> le<br />

Secrétariat international de l’eau (SIE). Une vaste consultation a permis récemment<br />

d’aboutir à une « Vision mondiale de l’eau », entérinée lors <strong>du</strong> Forum mondial de l’eau<br />

de La Haye (mars 2000), <strong>et</strong> son plan d’action (GWP, 2000) dont plusieurs éléments<br />

touchent à la Gestion Intégrée <strong>des</strong> Ressources en Eau ou GIRE (IWRM, Integrated<br />

Water Resources Management).<br />

La Vision mondiale de l’eau recommande notamment de :<br />

- faire participer toutes les parties intéressées à la <strong>gestion</strong> intégrée ;<br />

- instaurer la tarification de tous les services d’eau en fonction de la totalité <strong>des</strong><br />

coûts ;<br />

- augmenter le financement public pour la recherche <strong>et</strong> l’innovation dans l’intérêt de<br />

la population ;<br />

- reconnaître la nécessité de coopérer à la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> ressources en eau<br />

dans les <strong>bas</strong>sins fluviaux internationaux ;<br />

- accroître massivement les investissements dans le domaine de l’eau.<br />

La valeur économique de l’eau est aujourd’hui un fait reconnu mais trop fréquemment<br />

associé à la privatisation <strong>des</strong> services d’eau, obj<strong>et</strong> de débat intense lors <strong>du</strong> dernier<br />

Somm<strong>et</strong> de Johannesburg. L’eau a effectivement une valeur mais elle ne peut pas être<br />

traitée comme un simple bien économique en raison de son caractère essentiel à la vie.<br />

La Directive Cadre Européenne sur l’Eau ne dit rien d’autre lorsqu’elle déclare en<br />

préambule que « l’eau n’est pas un bien marchand comme les autres mais un<br />

patrimoine qu’il faut protéger, défendre <strong>et</strong> traiter comme tel ». En complément, on<br />

mentionnera l’initiative de l’Académie de l’Eau qui a aboutit à « La Charte sociale de<br />

l’eau » présentée à La Haye en mars 2000. C<strong>et</strong>te charte propose trois recommandations<br />

qui résument bien le consensus international actuel sur ces questions :<br />

________________________________________________ 22 _________________________________________________


- gérer l’eau pour tous les hommes <strong>et</strong> leurs <strong>des</strong>cendants, en préservant<br />

l’environnement avec une politique de développement <strong>du</strong>rable ;<br />

- associer étroitement les usagers aux choix d’aménagement ;<br />

- considérer l’eau comme un bien économique <strong>et</strong> social <strong>et</strong> prévoir son accès pour<br />

tous.<br />

Pour compléter ce tour d’horizon international de la <strong>gestion</strong> de l’eau, nous citerons<br />

l’initiative « Gestion <strong>des</strong> grands fleuves », lancée en 1989 par le Canada puis soutenue<br />

par les fonds multilatéraux de la Francophonie sous l’égide de l’Agence<br />

Intergouvernementale de la Francophonie (Burton, 2001) : le proj<strong>et</strong> a débuté en Afrique<br />

de l’Ouest, sur les fleuves Sénégal <strong>et</strong> Niger (1990), puis s’est éten<strong>du</strong> à plusieurs grands<br />

systèmes d’eau douce en Afrique de l’Ouest <strong>et</strong> de l’Est, <strong>et</strong> en Asie <strong>du</strong> Sud-Est. Le<br />

Réseau francophone de <strong>gestion</strong>naires d’écosystèmes fluviaux <strong>et</strong> lacustres qui s’est ainsi<br />

progressivement constitué a permis de capitaliser un grand savoir-faire en matière de<br />

développement <strong>des</strong> capacités de <strong>gestion</strong> par <strong>bas</strong>sin.<br />

Nous terminerons enfin avec la Directive Cadre Européenne sur l’Eau, aux vastes<br />

implications pour la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources en eau <strong>et</strong> <strong>des</strong> écosystèmes aquatiques<br />

partout en Europe. Appliquée de manière exhaustive <strong>et</strong> opportune, la Directive cadre sur<br />

l’eau pourrait bien devenir la première directive de développement <strong>du</strong>rable de l’Union<br />

Européenne. Sa caractéristique principale est l’utilisation <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins<br />

hydrographiques en tant qu’unité de <strong>bas</strong>e de toutes les actions de planification <strong>et</strong> de<br />

<strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources en eau, fondées sur l’implication de tous les acteurs concernés.<br />

Les bénéfices escomptés de sa mise en œuvre sont :<br />

- une meilleure qualité écologique <strong>des</strong> écosystèmes d’eaux douces <strong>et</strong> d’eaux<br />

côtières en Europe ;<br />

- une diversité biologique accrue (meilleure <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> habitats/espèces situés<br />

dans les zones aquatiques <strong>et</strong> humi<strong>des</strong>) ;<br />

- une <strong>du</strong>rabilité accrue de l’utilisation de l’eau (<strong>gestion</strong> <strong>et</strong> utilisation plus efficaces<br />

<strong>des</strong> ressources en eau) ;<br />

- une pollution ré<strong>du</strong>ite <strong>des</strong> eaux douces <strong>et</strong> côtières ;<br />

- l’atténuation <strong>des</strong> conséquences <strong>des</strong> inondations <strong>et</strong> sécheresses ;<br />

- <strong>des</strong> politiques de l’eau plus efficaces <strong>et</strong> effectives, grâce à un meilleur ciblage <strong>des</strong><br />

interventions perm<strong>et</strong>tant de ré<strong>du</strong>ire les coûts.<br />

La toute récente Recommandation de l’Union Européenne sur la mise en œuvre de la<br />

<strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières, ne peut que renforcer c<strong>et</strong> instrument audacieux <strong>et</strong><br />

résolument orienté vers le futur qu’est la Directive Cadre Européenne sur l’Eau.<br />

________________________________________________ 23 _________________________________________________


3. PROPOSITION D’UN CADRE CONCEPTUEL<br />

En moins de 20 ans, le débat sur l’eau est ainsi passé d’un niveau technique, axé<br />

d’abord sur l’évaluation <strong>des</strong> ressources disponibles <strong>et</strong> la répartition entre les usages<br />

dominants, à une approche multi-usages, englobant le cours d’eau <strong>et</strong> son <strong>bas</strong>sin<br />

versant. Très récemment, le Partenariat Mondial pour l’Eau (GWP, 2000) a confirmé<br />

l’importance de la Gestion Intégrée <strong>des</strong> Ressources en Eau (GIRE). En Europe, elle<br />

constitue l’un <strong>des</strong> principes fondamentaux de la Directive Cadre sur l’Eau comme<br />

mentionné plus haut.<br />

Comme pour les <strong>bas</strong>sins fluviaux, il est maintenant largement reconnu que la Gestion<br />

Intégrée <strong>des</strong> Zones Côtières (GIZC) 4 est indispensable pour créer les <strong>bas</strong>es <strong>du</strong><br />

développement <strong>du</strong>rable. Au niveau national, la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources marines <strong>et</strong><br />

côtières reste limitée à la zone économique exclusive <strong>des</strong> pays, mais ces derniers sont<br />

de plus en plus impliqués dans <strong>des</strong> conventions régionales qui, au nom <strong>du</strong> même<br />

principe d’approche intégrée, les amènent à se préoccuper <strong>du</strong> devenir de la qualité <strong>des</strong><br />

eaux transfrontalières.<br />

Repères pour une « culture de développement<br />

<strong>du</strong>rable » (HCCI, Janvier 2005)<br />

• M<strong>et</strong>tre en œuvre autant que possible la synergie entre<br />

les aspects sociaux, environnementaux, économiques<br />

<strong>et</strong> culturels <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable (DD).<br />

• Tenter d’accorder l’action au mieux avec les outils de<br />

gouvernance politique locale <strong>et</strong> internationale <strong>du</strong> DD.<br />

• Considérer que la lutte contre la pauvr<strong>et</strong>é, la politique<br />

de genre (égalité hommes/femmes), la protection de<br />

l’environnement, ne sont pas <strong>des</strong> actions sectorielles,<br />

mais <strong>des</strong> politiques transversales, intrinsèquement<br />

liées.<br />

4 De nombreuses définitions de la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières existent. Nous nous sommes inspirés de celle<br />

proposée par le GESAMP (Joint Group of Experts on the Scientific Aspects of Marine Environmental Protection) : un<br />

processus continu <strong>et</strong> dynamique de rapprochement <strong>des</strong> intérêts <strong>du</strong> gouvernement <strong>et</strong> <strong>des</strong> communautés, de la science <strong>et</strong><br />

de la <strong>gestion</strong>, <strong>des</strong> acteurs économiques <strong>et</strong> <strong>du</strong> public, pour la préparation <strong>et</strong> la mise en œuvre de plans de protection <strong>et</strong> de<br />

développement <strong>des</strong> ressources <strong>et</strong> <strong>des</strong> éco-socio-systèmes côtiers.<br />

________________________________________________ 24 _________________________________________________


• Articuler autant que possible l’action aux échelles<br />

de territoires : local, national, sous-régional,<br />

international.<br />

• Recueillir <strong>et</strong> prendre appui sur l’expertise locale,<br />

mutualiser <strong>et</strong> transm<strong>et</strong>tre l’information, organiser la<br />

recherche <strong>et</strong> vulgariser les r<strong>et</strong>ours d’expérience.<br />

• Favoriser le lien entre l’action de terrain <strong>et</strong> la mise<br />

en œuvre de l’é<strong>du</strong>cation a la solidarité internationale<br />

, a l’environnement <strong>et</strong> aux comportements <strong>du</strong>rables<br />

en Europe <strong>et</strong> dans les pays <strong>du</strong> Sud.<br />

Au nom <strong>du</strong> continuum physique <strong>et</strong> écologique <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> de leurs zones<br />

côtières, il est donc proposé de rapprocher ces deux approches (GIRE <strong>et</strong> GIZC) aux<br />

principes identiques <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre une approche qui englobe le <strong>bas</strong>sin versant, le<br />

<strong>littoral</strong> <strong>et</strong> les eaux côtières (incluant la zone économique exclusive <strong>des</strong> pays). Selon la<br />

même approche que le GIWA, dans le cadre géographique <strong>des</strong> 66 sous-régions<br />

(Annexe 1), l’objectif à terme est, par emboîtement d’échelles, de passer<br />

progressivement d’une approche locale à une approche régionale puis globale incluant<br />

les eaux internationales.<br />

Bien évidemment, le point de départ consiste à trouver un compromis entre une échelle<br />

réaliste <strong>du</strong> point de vue de la tangibilité de l’impact d’un proj<strong>et</strong> à moyen terme, <strong>et</strong> une<br />

échelle englobant un <strong>bas</strong>sin suffisamment grand pour pouvoir m<strong>et</strong>tre en relation le<br />

fonctionnement <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s sur le <strong>littoral</strong> <strong>et</strong> les eaux côtières.<br />

De manière générale, dans un diagramme croisant échelles de temps <strong>et</strong> d’espace, les<br />

questions à traiter vont majoritairement se situer sur la diagonale, ajoutant ainsi la<br />

complexité <strong>des</strong> obj<strong>et</strong>s à celle <strong>des</strong> aspects dynamiques (Tab.1). Ainsi, les changements<br />

importants <strong>des</strong> débits d’un grand fleuve auront <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s de longue <strong>du</strong>rée sur le <strong>littoral</strong><br />

<strong>et</strong> bien au-delà, comme on a pu l’observer dans le cas <strong>du</strong> Nil pour la Méditerranée<br />

orientale ou dans le cas <strong>du</strong> fleuve jaune (Huang He) pour la mer de Bohai : le fleuve<br />

jaune n’a pas atteint la mer pendant quelques jours pour la première fois depuis<br />

plusieurs millénaires en 1972, <strong>et</strong> pendant 7 mois consécutifs en 1997.<br />

________________________________________________ 25 _________________________________________________


De manière générale, la définition de l’échelle d’intervention devrait s’appuyer sur les<br />

critères suivants :<br />

une approche écosystémique ,<br />

une approche spatiale où par <strong>bas</strong>sin hydrologique élargi à la zone côtière, dont la<br />

<strong>gestion</strong> implique l’allocation <strong>du</strong>rable entre les usagers de ressources limitées ,<br />

la <strong>gestion</strong> de l’information où les systèmes de <strong>gestion</strong> de l’information doivent<br />

répondre aux besoins <strong>des</strong> <strong>gestion</strong>naires ,<br />

<strong>des</strong> arrangements institutionnels <strong>et</strong> <strong>des</strong> partenariats ,<br />

un cadre juridique ;<br />

la participation <strong>du</strong> public ;<br />

la résolution de conflits à travers l’identification <strong>des</strong> priorités ;<br />

<strong>des</strong> plans d’action avec <strong>des</strong> objectifs clairs, mesurables, réalistes <strong>et</strong> faciles à<br />

communiquer.<br />

________________________________________________ 26 _________________________________________________


Activités<br />

humaines<br />

Urbanisation,<br />

tourisme<br />

Tableau 1 : Les différents impacts croisés <strong>des</strong> activités<br />

humaines sur le <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> la zone côtière<br />

(impacts de préoccupation majeure en gras <strong>et</strong> italique)<br />

Impact sur les<br />

processus liés à l’eau<br />

Accélération <strong>des</strong><br />

transferts par<br />

imperméabilisation <strong>des</strong><br />

sols<br />

Exploitation <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

Phénomènes de<br />

subsidence <strong>du</strong>s au<br />

pompage excessif <strong>des</strong><br />

nappes phréatiques<br />

Agriculture Exploitation <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines.<br />

Abaissement de la<br />

nappe, intrusion saline.<br />

Dégradation <strong>des</strong><br />

milieux aquatiques<br />

Exploitation<br />

forestière<br />

(zones humi<strong>des</strong>, <strong>et</strong>c.)<br />

Changements dans le<br />

régime de ruissellement.<br />

In<strong>du</strong>strie Exploitation <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

pour les traitements <strong>et</strong> le<br />

refroidissement.<br />

Energie<br />

hydraulique<br />

Centrales<br />

thermiques <strong>et</strong><br />

nucléaires<br />

Exploitation<br />

de pétrole <strong>et</strong><br />

de gaz<br />

Gran<strong>des</strong><br />

infrastructures<br />

physiques<br />

Navigation de<br />

plaisance <strong>et</strong><br />

commerciale<br />

Pêche <strong>et</strong><br />

aquaculture<br />

Changements <strong>du</strong><br />

régime fluvial.<br />

Exploitation de l’eau de<br />

surface pour le<br />

refroidissement.<br />

Risque accru<br />

d’inondations causé par<br />

les phénomènes de<br />

subsidence.<br />

Changements dans les<br />

débits <strong>et</strong> les régimes en<br />

aval<br />

Dégradation <strong>des</strong><br />

milieux aquatiques<br />

Impact sur le transport<br />

solide<br />

Changements dans la<br />

pro<strong>du</strong>ction de sédiments<br />

Erosion dans le <strong>bas</strong>sin<br />

versant causée par <strong>des</strong><br />

changements dans<br />

l’occupation <strong>du</strong> sol.<br />

Erosion dans le <strong>bas</strong>sin<br />

versant.<br />

Augmentation <strong>des</strong> flux<br />

soli<strong>des</strong><br />

Impact sur le transport<br />

d’autres substances<br />

Pollution causée par les<br />

déch<strong>et</strong>s soli<strong>des</strong> <strong>et</strong><br />

liqui<strong>des</strong>.<br />

Pollution causée par<br />

les pestici<strong>des</strong> <strong>et</strong><br />

herbici<strong>des</strong>.<br />

Eutrophisation <strong>du</strong>e aux<br />

substances nutritives.<br />

Rej<strong>et</strong> accru de<br />

substances nutritives.<br />

Rej<strong>et</strong>s particulaires Pollution thermique.<br />

Pollution <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

causée par le stockage<br />

<strong>et</strong> l’élimination de<br />

Changements dans le<br />

régime de transport<br />

solide, sédimentation.<br />

Changements dans le<br />

régime de transport<br />

solide causé par<br />

l’affaissement de terrain.<br />

Changements dans le<br />

transport solide.<br />

Changements dans le<br />

transport solide causés<br />

par le dragage.<br />

déch<strong>et</strong>s.<br />

Pollution thermique.<br />

Pollution <strong>des</strong> eaux de<br />

surface <strong>et</strong> souterraines<br />

causée par le stockage<br />

<strong>et</strong> l’élimination de<br />

déch<strong>et</strong>s.<br />

Pollution au cours de la<br />

construction <strong>et</strong> de la<br />

maintenance (vidanges)<br />

Pollution, déch<strong>et</strong>s<br />

domestiques <strong>et</strong><br />

déversement<br />

d’hydrocarbures.<br />

Eutrophisation causée<br />

par les substances<br />

nutritives.<br />

________________________________________________ 27 _________________________________________________


3.1 L’approche écosystémique<br />

La bonne marche de l’écosystème global (dont l’homme fait partie) passe par celle <strong>des</strong><br />

écosystèmes de moindre dimension.<br />

Fondements <strong>et</strong> avantages de<br />

l’approche écosystémique<br />

Tous les éléments (physiques, chimiques <strong>et</strong> biologiques)<br />

d’un écosystème étant interdépendants, les ressources<br />

doivent être gérées comme <strong>des</strong> systèmes dynamiques <strong>et</strong><br />

intégrés plutôt que comme <strong>des</strong> éléments distincts. En<br />

pratique, chaque intervenant doit pouvoir comprendre<br />

les conséquences de ses gestes sur la <strong>du</strong>rabilité <strong>des</strong><br />

écosystèmes. L’attention est donc davantage portée sur<br />

les interrelations <strong>des</strong> différents éléments d’un<br />

écosystème, ce qui favorise leur <strong>gestion</strong> intégrée.<br />

La nature dynamique <strong>et</strong> complexe <strong>des</strong> écosystèmes<br />

nécessite que l’approche écosystémique soit souple <strong>et</strong><br />

évolutive. L’accent est mis sur les questions à long<br />

terme ou à grande échelle, ce qui perm<strong>et</strong> d’adopter une<br />

stratégie davantage orientée vers « l’anticipation <strong>et</strong> la<br />

prévention » plutôt que la méthode la plus courante de<br />

« réaction <strong>et</strong> correction ».<br />

La complexité <strong>des</strong> problèmes <strong>et</strong> <strong>des</strong> enjeux soulevés au<br />

sein d’un écosystème ne peut être abordée que par<br />

l’intégration <strong>des</strong> préoccupations scientifiques, sociales<br />

<strong>et</strong> économiques, pour lesquelles la recherche, la<br />

planification, la communication <strong>et</strong> la <strong>gestion</strong><br />

environnementale doivent devenir encore plus<br />

interdisciplinaires. Plus particulièrement, c<strong>et</strong>te approche<br />

offre un mécanisme perm<strong>et</strong>tant d’intégrer les sciences <strong>et</strong><br />

la <strong>gestion</strong>.<br />

________________________________________________ 28 _________________________________________________


Dans c<strong>et</strong>te approche, l’homme est partie intégrante de l’écosystème auquel il s’adapte<br />

ou qu’il change pour ses usages, selon <strong>des</strong> cycles évolutifs (adaptatifs) successifs.<br />

L’approche écosystémique a fondamentalement trait aux valeurs humaines lorsqu’il<br />

apparaît qu’en dernier recours, c’est le système social qui impose ses limites <strong>et</strong> ses<br />

contraintes sur la capacité de l’homme à gérer le système biologique (cf. Annexe 3).<br />

Ceci n’empêche cependant pas de tenter de définir, pour pouvoir les mesurer, les<br />

principaux aspects écologiques à prendre en compte, quel que soit l’écosystème (Vogt<br />

<strong>et</strong> al., 1997) :<br />

intégration de tous les éléments biologiques (biotiques) <strong>et</strong> non-biologiques<br />

(abiotiques) ;<br />

suivi <strong>des</strong> mouvements énergétiques <strong>et</strong> particulaires (eau, matières en suspension,<br />

nutriments, polluants, <strong>et</strong>c.) dans <strong>et</strong> hors <strong>des</strong> limites de l’écosystème ;<br />

utilisation de la monnaie courante appelée « énergie » pour mesurer les fonctions<br />

de l’écosystème <strong>et</strong> la force <strong>des</strong> liens entre composantes de l’écosystème. En<br />

pratique, ce sont les variations de l’accumulation de la matière organique ou <strong>du</strong><br />

carbone qui sont mesurées dans un espace <strong>et</strong> une période définis en tant que<br />

processus d’assimilation de l’énergie (photosynthèse) ;<br />

définition <strong>des</strong> limites ou de la plus p<strong>et</strong>ite unité écosystémique susceptible de<br />

s’auto-maintenir ;<br />

l’incorporation explicite <strong>des</strong> échelles spatiale <strong>et</strong> temporelle ;<br />

la prise en considération de systèmes ou d’espèces qui sont fortement<br />

interdépendantes <strong>et</strong> suj<strong>et</strong>s à de forts eff<strong>et</strong>s rétroactifs. Ces eff<strong>et</strong>s peuvent s’exprimer<br />

aux niveaux de l’espèce ou de l’écosystème, <strong>et</strong> peuvent être aussi bien générés par<br />

<strong>des</strong> microorganismes <strong>et</strong>/ou <strong>des</strong> consommateurs ;<br />

la prise en compte <strong>des</strong> cycles adaptatifs à <strong>des</strong> échelles spatiales <strong>et</strong> temporelles<br />

définies, tout en identifiant l’ « histoire » (traces <strong>des</strong> perturbations ou <strong>des</strong> structures<br />

passées) de l’écosystème ;<br />

identification <strong>du</strong> degré de résilience de l’écosystème ou de sa capacité à<br />

s’adapter aux changements tout en maintenant l’intégrité de ses fonctions.<br />

________________________________________________ 29 _________________________________________________


L’homme dans l’écosystème (cf. Annexe 2):<br />

l’exemple de l’effondrement <strong>des</strong> pêcheries<br />

Bien que le niveau de captures de la pêche mondiale semble être resté<br />

relativement stable dans les dernières décennies, l’analyse <strong>des</strong> données<br />

(Pauly <strong>et</strong> al. 1998) montre que leur composition dominante est passée de<br />

grands poissons carnivores aux planctivores <strong>et</strong> à <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its invertébrés. Ce<br />

glissement peut être quantifié en assignant une fraction de niveau<br />

trophique à chaque espèce, selon la composition de leur alimentation. Les<br />

valeurs attribuées à ces niveaux trophiques vont de 1 pour les pro<strong>du</strong>cteurs<br />

primaires à plus de 4,6 pour quelques prédateurs de bout de chaîne comme<br />

le thon dans les eaux pélagiques <strong>du</strong> large ou les mérous pour les poissons<br />

de fond. De l’agrégation <strong>des</strong> données en provenance de toutes les zones<br />

marines, la tendance <strong>des</strong> 45 dernières années montre un déclin <strong>du</strong> niveau<br />

trophique moyen de plus de 3,3 à moins de 3,1. Dans l’Atlantique Nord-<br />

Ouest, le niveau trophique moyen est maintenant en <strong>des</strong>sous de 2,9. Il n’y a<br />

plus beaucoup de marge pour <strong>des</strong> baisses supplémentaires, puisque la<br />

plupart <strong>des</strong> poissons ont <strong>des</strong> niveaux trophiques compris entre 3 <strong>et</strong> 4. De<br />

fait, beaucoup de pêcheries dépendent maintenant <strong>des</strong> invertébrés, qui<br />

sont plutôt dans les <strong>bas</strong> niveaux trophiques.<br />

Les tendances globales montrent une baisse de niveau trophique de 0,1<br />

par 10 ans. Ce chiffre est probablement sous-estimé, particulièrement dans<br />

les pays tropicaux en développement, où les données transmises font peu<br />

la distinction entre les espèces. De plus, les analyses faites jusqu’à<br />

présent, ne considéraient pas la baisse de niveau trophique qui s’opère<br />

chez les espèces <strong>du</strong> fait de la mortalité (par pêche) accrue <strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s<br />

plus âgés, qui ont tendance à se situer à <strong>des</strong> niveaux trophiques plus<br />

élevés que les jeunes de la même espèce. Il est donc fort probable que le<br />

maintien <strong>des</strong> tendances actuelles va con<strong>du</strong>ire à un effondrement généralisé<br />

de bon nombre de pêcheries. Toutes les observations faites montrent qu’il<br />

est probablement illusoire de vouloir estimer les débarquements futurs par<br />

extrapolation <strong>des</strong> tendances actuelles.<br />

Les coûts engendrés par c<strong>et</strong>te situation restent très difficiles à évaluer <strong>du</strong><br />

fait que l’exploitation massive <strong>des</strong> stocks est souvent associée à un<br />

remplacement <strong>des</strong> p<strong>et</strong>ites pêches traditionnelles par la pêche in<strong>du</strong>strielle.<br />

Les p<strong>et</strong>its pêcheurs perdent leur moyen de subsistance <strong>et</strong> ont tendance à<br />

se déplacer vers les pôles d’emploi, les villes. Les coûts de c<strong>et</strong>te<br />

con<strong>version</strong> de membres de la société d’un état pro<strong>du</strong>ctif en un état<br />

impro<strong>du</strong>ctif, sont pris en charge par l’ensemble de la société <strong>et</strong> non pas<br />

attribués au phénomène de remplacement <strong>des</strong> pêcheries. (D’après Ludwig,<br />

2002).<br />

________________________________________________ 30 _________________________________________________


3.2 L’approche spatiale<br />

Face à la complexité <strong>des</strong> environnements littoraux <strong>et</strong> fluviaux, il s’agit de développer une<br />

analyse suffisamment simple <strong>des</strong> traits fondamentaux de ces écosystèmes <strong>et</strong> de leurs<br />

interactions avec les usages de l’homme, qui puisse être validée par les scientifiques <strong>et</strong><br />

utilisée par les <strong>gestion</strong>naires, ainsi que par tous les groupes d’intérêt concernés.<br />

L’approche systémique, malgré ses limites, est un moyen commode pour aborder le<br />

<strong>bas</strong>sin fluvial à différentes échelles spatiales, qu’il s’agisse <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin dans sa totalité ou<br />

<strong>des</strong> habitats marins, côtiers <strong>et</strong> fluviaux indivi<strong>du</strong>alisés. Dans c<strong>et</strong>te approche systémique,<br />

on distingue deux composantes principales : le système naturel <strong>et</strong> le système humain<br />

qui interagissent <strong>et</strong>, au bout <strong>du</strong> compte, s’adaptent aux changements pour aller vers un<br />

même <strong>des</strong>tin.<br />

3.2.1. Le système « naturel »<br />

Dans le cas de l’approche intégrée <strong>bas</strong>sin versant – zone côtière, on prendra en compte<br />

les limites propres à chaque question abordée, ce qui signifie qu’un problème donné de<br />

<strong>gestion</strong> détermine les limites <strong>du</strong> système. Ainsi, une approche systémique d’un<br />

problème local <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> (ex : déforestation de la mangrove pour l’aménagement <strong>des</strong><br />

<strong>bas</strong>sins de crev<strong>et</strong>ticulture), qui ne résulte pas spécifiquement d’un impact <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin<br />

fluvial, se limitera à la portion <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> concerné. Les questions liées aux apports<br />

sédimentaires ou de nutriments exigeront par contre une approche systémique qui<br />

englobe la totalité <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin <strong>et</strong> parfois au-delà (apports atmosphériques).<br />

Dans la pratique, on considérera comme unités de référence les différents « territoires »<br />

à l’intérieur <strong>des</strong> limites géographiques <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant (ou ligne de partage <strong>des</strong> eaux)<br />

côté terre, <strong>et</strong> <strong>des</strong> limites plus souples côté mer, adaptées au problème de <strong>gestion</strong> mais<br />

toujours dans le cadre d’une problématique régionale (identifiée par exemple dans le<br />

cadre <strong>des</strong> Analyses Diagnostics Transfrontières). L’annexe 2 propose une typologie<br />

simple <strong>des</strong> différentes formations <strong>littoral</strong>es concernées.<br />

L’approche <strong>bas</strong>sin versant / zone côtière peut être considérée comme une approche à<br />

moyenne échelle qui s’inscrit dans un cadre plus large, m<strong>et</strong>tant en relation les trois<br />

composantes abiotiques <strong>des</strong> systèmes naturels que sont l’atmosphère, l’hydrosphère <strong>et</strong><br />

la lithosphère, <strong>et</strong> la composante biotique plus connue sous le nom de biosphère (Fig. 1).<br />

________________________________________________ 31 _________________________________________________


Figure 1 : Composantes naturelles <strong>du</strong> système <strong>et</strong> interactions entre<br />

éléments de la composante abiotique (d’après PNUE-PAM, 1999).<br />

Dans ce système, l’atmosphère, l’hydrosphère <strong>et</strong> la lithosphère sont reliées par leur<br />

structure géologique, géophysique <strong>et</strong> écologique. Plus déterminantes sont néanmoins<br />

les relations établies par les processus naturels majeurs que sont les écoulements<br />

hydrologiques, le transport <strong>des</strong> sédiments <strong>et</strong> <strong>des</strong> diverses matières en suspension, ainsi<br />

que les transferts d’énergie <strong>et</strong> de substances nutritives.<br />

Les sous-systèmes géographiques qui nous intéressent plus particulièrement dans c<strong>et</strong><br />

ensemble sont le cours d’eau <strong>et</strong> son <strong>bas</strong>sin versant, l’estuaire <strong>et</strong> le <strong>littoral</strong>.<br />

Dans le système <strong>littoral</strong>, quatre zones sont en interaction : les eaux côtières (ZEE pour<br />

les Etats côtiers), la bande <strong>littoral</strong>e, l’estuaire <strong>et</strong> la plaine côtière.<br />

L’air, l’eau <strong>et</strong> le substrat marin en sont les principales composantes abiotiques bien que<br />

leur influence respective diffère selon les zones.<br />

Les processus d’échanges au sein de l’hydrosphère continentale <strong>et</strong> marine régulent<br />

dans une large mesure la pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> ressources renouvelables <strong>et</strong> interviennent sur<br />

la qualité de l’eau <strong>et</strong> la dynamique de la ligne de côte.<br />

La bande <strong>littoral</strong>e est le lieu <strong>des</strong> transports sédimentaires longitudinaux à la côte, mais<br />

aussi <strong>des</strong> lessivages <strong>des</strong> marées hautes <strong>et</strong> <strong>des</strong> houles ainsi que <strong>du</strong> transport éolien.<br />

C’est la zone d’interface par excellence entre terre <strong>et</strong> mer qui, à ce titre, peut se révéler<br />

très pro<strong>du</strong>ctive biologiquement comme c’est le cas dans les zones d’estuaire.<br />

D’un point de vue hydrologique, la plaine côtière est le lieu de transition de tous les<br />

apports, en surface mais également en profondeur, <strong>du</strong> fait <strong>des</strong> cours d’eau souterrains<br />

<strong>et</strong> de leur importance dans l’alimentation <strong>des</strong> réserves aquifères.<br />

________________________________________________ 32 _________________________________________________


Les apports <strong>des</strong> sources souterraines<br />

dans les eaux côtières<br />

Dans sa large revue, Buddemeier (1996) indique qu’il y a de<br />

plus en plus évidence d’apports significatifs de nutriments<br />

<strong>et</strong> de contaminants en provenance <strong>des</strong> sources d’eau<br />

souterraines qui sont directement rej<strong>et</strong>és dans les eaux<br />

côtières <strong>et</strong> les océans (failles sous-marines), <strong>du</strong> fait de la<br />

dégradation croissante de leur qualité. Les processus<br />

physiques <strong>et</strong> chimiques en jeu sont complexes <strong>et</strong> très<br />

variables dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace, <strong>et</strong> de nouvelles<br />

métho<strong>des</strong> d’observation sont demandent à être<br />

développées. Dans les zones où les structures géologiques<br />

sont particulièrement suj<strong>et</strong>tes à <strong>des</strong> sorties d’eaux<br />

souterraines, <strong>et</strong> où les eaux côtières sont particulièrement<br />

sensibles à l’eutrophisation, il serait prudent d’appliquer <strong>des</strong><br />

normes strictes de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> nutriments (sources<br />

d’énergie, fertilisants) dans les <strong>bas</strong>sins versants<br />

correspondants (D’après GESAMP, 2001).<br />

Le <strong>bas</strong>sin fluvial comprend le fleuve principal alimenté par son réseau hydrographique.<br />

Très schématiquement, on distinguera les p<strong>et</strong>its <strong>bas</strong>sins de tête qui représentent les<br />

zones d’alimentation <strong>du</strong> système fluvial, puis plus en aval, la zone de transfert où les<br />

liens entre le <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> le cours d’eau sont moins directs, <strong>et</strong> enfin, dans la partie<br />

<strong>bas</strong>se, la zone de dépôt, en interaction directe avec les sédiments côtiers. Dans ce<br />

système, la circulation <strong>des</strong> flux dans chacune <strong>des</strong> parties <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin obéit à la même<br />

logique amont-aval. Pour une section donnée de cours d’eau, c’est donc l’ensemble <strong>du</strong><br />

<strong>bas</strong>sin amont qui doit être pris en compte, parce que c’est l’ensemble <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin qui est<br />

concerné par les fonctions de pro<strong>du</strong>ction (redistribution <strong>du</strong> forçage climatique :<br />

précipitations, énergie, évaporation) <strong>et</strong> les fonctions de transfert (naturelles ou<br />

artificielles).<br />

Le cycle hydrologique d’un <strong>bas</strong>sin versant peut être représenté par un système simple<br />

où les précipitations se déplacent à travers un certain nombre de réservoirs grâce à une<br />

série de processus de transfert <strong>et</strong> contribuent au débit d’eau, à l’évaporation <strong>et</strong> aux<br />

infiltrations profon<strong>des</strong> <strong>des</strong> eaux souterraines. On aura ainsi :<br />

Précipitation – Débit – Evaporation – Changement dans le stockage<br />

=<br />

zéro<br />

________________________________________________ 33 _________________________________________________


Bien évidemment, comme dit précédemment, ce bilan global prendra <strong>des</strong> formes très<br />

différentes selon chaque unité de surface, les unités aval recevant les écoulements<br />

superficiels <strong>et</strong> sub-superficiels <strong>des</strong> unités amont.<br />

Prélèvement <strong>et</strong> consommation d’eau<br />

L’utilisation de l’eau ne change pas la quantité globale présente<br />

à l’échelle planétaire. Sauf exceptions rarissimes, les usages<br />

humains de l’eau ne dissocient pas la molécule d’eau, ni ne la<br />

créent : ils en changent la phase (état solide, liquide ou gazeux),<br />

la composition chimique, la localisation <strong>et</strong> donc l’accessibilité<br />

(en prélevant dans un aquifère <strong>et</strong> en rej<strong>et</strong>ant dans l’atmosphère<br />

ou dans une rivière, en infiltrant l’eau prélevée en rivière dans le<br />

sol, en l’évaporant ou encore en stockant l’eau dans une<br />

pro<strong>du</strong>ction végétale <strong>et</strong> en transportant celle-ci). Ce sont donc<br />

bien à la fois une atteinte à l’accessibilité, une modification <strong>des</strong><br />

flux <strong>et</strong> <strong>des</strong> stocks localisés (épuisement d’une réserve<br />

souterraine fossile) <strong>et</strong> le passage de circuits lents à <strong>des</strong> circuits<br />

rapi<strong>des</strong> de c<strong>et</strong>te eau qui sont en cause <strong>et</strong> non l’exploitation<br />

irréversible d’une ressource globalement finie. Les bilans<br />

globaux n’ont donc pas grand sens : ils ne font qu’additionner<br />

<strong>des</strong> bilans locaux, alors que les pluies de l’Amazonie n’ont<br />

jamais résolu les problèmes d’approvisionnement en eau <strong>des</strong><br />

pays méditerranéens.<br />

C’est la distribution dans l’espace <strong>et</strong> dans le temps <strong>des</strong><br />

usages par rapport aux ressources qui importe. (d’après<br />

Roche, 2000).<br />

3.2.2. Le système humain<br />

Les éléments <strong>du</strong> système humain sont reliés par les structures démographique, sociale<br />

<strong>et</strong> administrative. Ces liens sont d’autant plus forts que les zones concernées ont <strong>des</strong><br />

densités élevées comme dans le cas <strong>des</strong> zones urbaines. Ces zones sont<br />

particulièrement affectées par les mouvements de population, les flux de marchandises<br />

<strong>et</strong> de pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong>, non <strong>des</strong> moindres, les flux financiers, qui sont aujourd’hui <strong>des</strong><br />

processus globaux.<br />

________________________________________________ 34 _________________________________________________


Il convient de rappeler au passage que l’homme ne gère pas plus le <strong>bas</strong>sin versant que<br />

la zone côtière, mais au mieux gère ses propres activités en regard de son accès aux<br />

ressources <strong>et</strong> <strong>des</strong> contraintes propres aux milieux naturels qui les constituent.<br />

Il exerce par contre <strong>des</strong> activités à forts impacts sur les milieux naturels, bien au-delà de<br />

la zone stricte d’activité, qui se rapportent à :<br />

<strong>des</strong> changements dans l’occupation <strong>des</strong> sols d’un <strong>bas</strong>sin fluvial ou d’une région<br />

entière, liés au développement urbain, l’exploitation <strong>des</strong> ressources minières, la<br />

déforestation ou encore les changements de pratiques agricoles ;<br />

la construction d’infrastructures de stockage (barrages), de prélèvements<br />

(irrigation) ou toute autre forme de réservoir, ainsi que les pratiques de dragage<br />

(navigation, exploitation de matériaux) ;<br />

les rej<strong>et</strong>s de déch<strong>et</strong>s soli<strong>des</strong> <strong>et</strong> de substances de toutes sortes, y compris les<br />

nutriments.<br />

________________________________________________ 35 _________________________________________________


Rivières, barrages <strong>et</strong> cycles biogéochimiques<br />

Les rivières jouent un rôle important, bien que mal quantifié,<br />

dans les cycles globaux <strong>du</strong> carbone <strong>et</strong> <strong>des</strong> nutriments tels que<br />

l’azote, ainsi que <strong>du</strong> fer <strong>et</strong> de la silice. Les barrages, dont le rôle<br />

est de régulariser les apports d’eau tant par rapport aux<br />

deman<strong>des</strong> qu’aux crues, interceptent une part non négligeable<br />

<strong>des</strong> transports soli<strong>des</strong> <strong>des</strong> cours d’eau. On estime ainsi que<br />

globalement les barrages ont ré<strong>du</strong>it les apports de sédiments à<br />

la mer de 25 à 30%. La baisse d’apports en nutriments signifie<br />

également une baisse de fertilisants pour le plancton océanique<br />

qui lui-même joue un rôle fondamental dans l'absorption <strong>du</strong><br />

dioxyde de carbone de l’atmosphère (le GIECC ∗ estime qu’en<br />

l’absence de plancton océanique, les concentrations de dioxyde<br />

de carbone seraient 55% plus hautes qu’elles ne sont<br />

aujourd’hui). Si c<strong>et</strong>te baisse d’apports en nutriments est<br />

largement compensée par les rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> activités humaines<br />

(fertilisants agricoles, eaux usées <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>s in<strong>du</strong>striels) pour ce<br />

qui est <strong>des</strong> nitrates <strong>et</strong> <strong>des</strong> phosphates, il n’en va pas de même<br />

pour les silicates, peu pro<strong>du</strong>its artificiellement. Les silicates<br />

sont essentiels au développement <strong>des</strong> diatomées, plancton à<br />

squel<strong>et</strong>te siliceux, qui jouent probablement le premier rôle dans<br />

la séquestration <strong>du</strong> carbone (par rapport aux autres espèces<br />

planctoniques). Les apports en silicates dissous <strong>du</strong> Danube ont<br />

ainsi été ré<strong>du</strong>its <strong>des</strong> 2/3 suite à la construction d’un barrage, ce<br />

qui a entraîné <strong>des</strong> changements drastiques dans la composition<br />

<strong>des</strong> espèces phytoplanctoniques en Mer Noire, où les<br />

diatomées ont été progressivement remplacées par les<br />

coccolithophoridés <strong>et</strong> les flagellés. Les barrages, lorsqu’ils sont<br />

mal conçus, influent également sur la biodiversité par<br />

fragmentation <strong>des</strong> écosystèmes aquatiques, isolant les espèces<br />

migratrices en amont ou en aval, <strong>et</strong> stoppant n<strong>et</strong> leurs<br />

mouvements migratoires. (d’après International Rivers N<strong>et</strong>work,<br />

2002).<br />

Pour pouvoir agir plus efficacement sur tous ces problèmes, une analyse plus<br />

rigoureuse <strong>et</strong> quantitative <strong>du</strong> système est indispensable où, à l’exemple <strong>du</strong> LOICZ pour<br />

les cycles biogéochimiques (DPSIR), les processus sous-jacents sont décrits <strong>et</strong><br />

modélisés dans <strong>et</strong> entre les différents compartiments <strong>du</strong> système naturel (cf. Annexe 4).<br />

________________________________________________ 36 _________________________________________________


La <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> fonctions <strong>et</strong> <strong>des</strong> infrastructures de soutien <strong>des</strong> usages <strong>du</strong> <strong>littoral</strong><br />

suivra ainsi les mêmes délimitations faites entre eaux côtières, bande <strong>littoral</strong>e, estuaire<br />

<strong>et</strong> plaine côtière. C<strong>et</strong>te dernière tient en l’occurrence une place particulièrement<br />

importante puisqu’elle abrite la plupart <strong>des</strong> fonctions économiques, publiques <strong>et</strong><br />

sociales, soutenues par <strong>des</strong> infrastructures massives, au premier <strong>des</strong>quelles figure<br />

l’urbanisation.<br />

Pour ce qui est <strong>des</strong> usages <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin fluvial, la situation est complexe <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> très<br />

grand nombre d’usages potentiels qui englobent :<br />

- les usages domestiques (alimentation en eau potable, abreuvement <strong>du</strong> bétail) ;<br />

- les usages agricoles <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striels, y compris la pro<strong>du</strong>ction énergétique ;<br />

- les usages in situ qui n’exigent pas de prélèvement (navigation, tourisme <strong>et</strong> loisirs,<br />

<strong>et</strong>c.).<br />

A ces usages, s’ajoutent toutes les interventions de protection contre les risques. En<br />

eff<strong>et</strong>, la diminution <strong>des</strong> ressources en eau exploitables <strong>et</strong> les déséquilibres entre<br />

ressources <strong>et</strong> demande <strong>des</strong> usages, con<strong>du</strong>isent à gérer la demande <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre <strong>des</strong> politiques globales ayant par exemple pour objectif :<br />

- la lutte contre les inondations par ajustement (action dans les zones directement<br />

exposées aux inondations), ré<strong>du</strong>ction (action sur le <strong>bas</strong>sin versant), <strong>et</strong>/ou protection<br />

(le long <strong>du</strong> cours d’eau) ;<br />

- la lutte contre la sécheresse qui prend essentiellement trois formes :<br />

l’augmentation de l’offre, la ré<strong>du</strong>ction de la demande, <strong>et</strong> la ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> impacts,<br />

notamment par anticipation ;<br />

- la ré<strong>du</strong>ction de la pollution, préoccupation majeure pour la préservation de la<br />

qualité <strong>des</strong> eaux côtières.<br />

________________________________________________ 37 _________________________________________________


Le poids majeur de l’agriculture dans<br />

l’état <strong>des</strong> prélèvements <strong>et</strong> <strong>des</strong> usages de l’eau :<br />

L’agriculture représente aujourd’hui 70% <strong>des</strong> prélèvements d’eau<br />

dans le monde (l’alimentation en eau potable, 10% <strong>et</strong> l’in<strong>du</strong>strie,<br />

20%). Par suite, les situations de surexploitation <strong>des</strong> ressources<br />

en eau sont souvent liées à l’usage agricole. L’épuisement <strong>des</strong><br />

ressources disponibles m<strong>et</strong> alors directement en cause<br />

l’autosuffisance alimentaire <strong>des</strong> Etats les plus démunis en matière<br />

de ressources en eau. L’accroissement de l’offre, qui a constitué<br />

la réponse traditionnelle <strong>des</strong> politiques de l’eau, atteint aujourd’hui<br />

ses limites <strong>et</strong> se heurte à <strong>des</strong> obstacles sociaux, économiques <strong>et</strong><br />

écologiques. L’enjeu devient la maîtrise de la demande en eau de<br />

l’ensemble <strong>des</strong> usages <strong>et</strong> notamment agricole. Il repose sur de<br />

nouveaux mo<strong>des</strong> de pro<strong>du</strong>ction (ex : agrobiologie) <strong>et</strong> outils de<br />

<strong>gestion</strong> tant techniques (efficiences <strong>du</strong> transport <strong>et</strong> lutte contre les<br />

fuites), qu’économiques (incitations à limiter le gaspillage) <strong>et</strong><br />

institutionnels (responsabilisation <strong>des</strong> usagers, décentralisation,<br />

transparence). Des expériences intéressantes apparaissent dans<br />

certains pays. Elles mobilisent généralement une large gamme<br />

d’instruments <strong>et</strong> accroissent l’implication <strong>des</strong> usagers.<br />

Outre les incidences sur la quantité d’eau, l’agriculture influence la<br />

qualité <strong>des</strong> eaux de surface <strong>et</strong> souterraines (eutrophisation,<br />

pollution, salinisation, sédimentation), ainsi que l’intégrité <strong>des</strong><br />

écosystèmes aquatiques. Rappelons par ailleurs que les futurs<br />

modèles agricoles <strong>et</strong> d’utilisation <strong>des</strong> eaux peuvent influencer <strong>et</strong><br />

être eux-mêmes fortement influencés par le changement<br />

climatique. Par exemple, les plans visant à poursuivre l’irrigation<br />

<strong>des</strong> zones semi-ari<strong>des</strong> au sud de l’Union Européenne par le<br />

développement d’infrastructures d’irrigation coûteuses <strong>et</strong> aux<br />

répercussions importantes sur l’écosystème peuvent accélérer les<br />

phénomènes de salinisation <strong>et</strong> de sodisation (processus<br />

entraînant la défloculation <strong>des</strong> argiles <strong>et</strong> la ré<strong>du</strong>ction de la<br />

perméabilité) entraînant l’accélération de la désertification.<br />

Le système naturel est un système de ressources multiples mobilisées par l’homme pour<br />

fournir <strong>des</strong> biens <strong>et</strong> <strong>des</strong> services à un système d’usages multiples. L’objectif d’une<br />

<strong>gestion</strong> intégrant <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone côtière est de gérer, dans son espace<br />

d’intervention, l’interaction entre ces deux systèmes de manière à sauvegarder l’intérêt<br />

<strong>des</strong> deux <strong>et</strong> à résoudre les conflits entre protection <strong>et</strong> développement.<br />

________________________________________________ 38 _________________________________________________


On r<strong>et</strong>rouve l’approche <strong>des</strong> relations de causes à eff<strong>et</strong>s chère à tout proj<strong>et</strong> (<strong>et</strong><br />

notamment <strong>du</strong> GIWA) sur un fond de conflit latent entre les fonctions qu’offrent la nature<br />

<strong>et</strong> les fonctions d’usage :<br />

- impact sur l’occupation <strong>du</strong> territoire, rentrant en conflit avec la fonction de<br />

transport <strong>des</strong> milieux naturels ;<br />

- impact sur la quantité <strong>et</strong> la qualité <strong>des</strong> ressources naturelles, rentrant en conflit<br />

avec la fonction de pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> milieux naturels ;<br />

- impact sur la structure <strong>et</strong> la fonction <strong>des</strong> écosystèmes, rentrant en conflit avec<br />

leur fonction de régulation <strong>et</strong> donc leur capacité d’adaptation (résilience) ;<br />

- impact sur les paysages (dits « naturels » ou non), rentrant en conflit avec la<br />

fonction d’information <strong>des</strong> milieux naturels.<br />

Dans ce contexte, on comprend bien que la question <strong>des</strong> usages, qu’ils s’exercent sur le<br />

<strong>littoral</strong> ou sur le <strong>bas</strong>sin versant, est intimement liée à la question de l’occupation <strong>des</strong><br />

sols, <strong>et</strong> que les politiques d’aménagement <strong>du</strong> territoire auront un rôle tout aussi<br />

fondamental dans la <strong>gestion</strong> de ces impacts.<br />

________________________________________________ 39 _________________________________________________


Tableau 2 : Les fonctions économiques de la nature<br />

Fonction de transport Fonction de régulation<br />

(valeur indirecte)<br />

Fournit l’espace <strong>et</strong> le substrat appropriés pour :<br />

1. l’habitat <strong>et</strong> l’urbanisation<br />

2. l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture<br />

3. la con<strong>version</strong> de l’énergie, l’in<strong>du</strong>strie, le<br />

tourisme<br />

4. le transport, l’approvisionnement en eau,<br />

l’électricité<br />

5. les activités sociales (loisirs, sports)<br />

6. la protection de la nature (paysages, <strong>et</strong>c.)<br />

Fonction de pro<strong>du</strong>ction<br />

(valeur directe)<br />

Fournit les ressources renouvelables <strong>et</strong> non<br />

renouvelables telles que :<br />

1. l’oxygène <strong>et</strong> l’eau<br />

2. les aliments<br />

3. les ressources génétiques<br />

4. les substances bio-actives<br />

5. les matières premières<br />

6. les sources d’énergie (pétrole, gaz,<br />

bois, charbon)<br />

7. le fourrage <strong>et</strong> les fertilisants<br />

8. les ressources ornementales, <strong>et</strong>c.<br />

Régule les processus suivants :<br />

1. le climat local <strong>et</strong> global<br />

2. l’équilibre énergétique local <strong>et</strong> global<br />

3. le ruissellement <strong>et</strong> les processus associés<br />

4. l’alimentation <strong>des</strong> eaux souterraines<br />

5. la composition <strong>et</strong> la fertilité <strong>des</strong> sols<br />

6. l’érosion <strong>et</strong> les transports soli<strong>des</strong><br />

7. le stockage de l’énergie (biomasse)<br />

8. le stockage <strong>et</strong> recyclage de la matière<br />

organique <strong>et</strong> <strong>des</strong> nutriments<br />

9. le stockage <strong>et</strong> le recyclage <strong>des</strong> déch<strong>et</strong>s<br />

10. les processus biologiques de la chaîne<br />

alimentaire<br />

11. la disponibilité <strong>des</strong> zones de repro<strong>du</strong>ction<br />

12. le maintien de la diversité biologique <strong>et</strong><br />

génétique<br />

13. a composition chimique de l’atmosphère, de<br />

l’hydrosphère, <strong>des</strong> sols, <strong>et</strong>c.<br />

Fonction d’information<br />

(valeur d’existence)<br />

Apporte <strong>des</strong> informations sur les valeurs non<br />

monétaires suivantes :<br />

1. les valeurs esthétiques <strong>et</strong> paysagères<br />

2. les valeurs spirituelles <strong>et</strong> religieuses<br />

3. les valeurs culturelles <strong>et</strong> artistiques<br />

4. les valeurs historiques (patrimoine)<br />

5. les valeurs scientifiques <strong>et</strong> é<strong>du</strong>catives<br />

________________________________________________ 40 _________________________________________________


4. VERS UNE STRATEGIE DE GESTION INTEGREE DES<br />

ZONES COTIERES ET DES BASSINS VERSANTS<br />

La <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> celle <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> repose sur deux histoires différentes.<br />

La <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux est essentiellement centrée sur une ressource, l’eau<br />

(liée il est vrai à l’autre ressource que sont les sols), <strong>et</strong> sur ses usages multiples, ce qui<br />

facilite une certaine multisectorialité au sein d’institutions spécialisées.<br />

Le système français, lui-même largement inspiré <strong>du</strong> système de<br />

<strong>gestion</strong> <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin de la Ruhr, a été érigé en « modèle » après plus<br />

d’un quart de siècle de succès dans la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources en<br />

eau <strong>du</strong> pays par les agences de <strong>bas</strong>sin, puis de l’eau, créées par la<br />

loi de 1964. C<strong>et</strong> engouement pour le modèle français de <strong>gestion</strong> de<br />

l’eau tient essentiellement à quelques éléments les plus visibles<br />

ou <strong>du</strong> moins les mieux perçus par les techniciens <strong>et</strong> responsables<br />

de l’eau <strong>des</strong> autres pays : décentralisation, concertation <strong>et</strong> mise en<br />

place d’un système de financement.<br />

Il s’agit d’abord <strong>du</strong> mouvement général de démocratisation <strong>et</strong> de<br />

décentralisation, qui con<strong>du</strong>it à donner aux citoyens un droit de<br />

regard sur ce qui touche le plus directement leur vie de tous les<br />

jours. La <strong>gestion</strong> de l’eau, première ressource naturelle vitale,<br />

paraît constituer un vecteur porteur <strong>du</strong> mouvement au nom <strong>du</strong>quel<br />

le comité de <strong>bas</strong>sin est couramment présenté comme le<br />

« parlement de l’eau ».<br />

Il s’agit ensuite de la mise en œuvre effective <strong>des</strong> principes<br />

pollueur-payeur <strong>et</strong> usager-payeur au travers <strong>des</strong> redevances<br />

perçues au niveau <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants par les agences,<br />

établissements publics dotés de l’autonomie financière. Quand,<br />

partout dans le monde, on observe une ré<strong>du</strong>ction drastique <strong>du</strong><br />

budg<strong>et</strong> de l’Etat central consacré aux grands travaux pour les<br />

ressources en eau, ces redevances constituent un levier important<br />

pour améliorer <strong>et</strong> rendre <strong>du</strong>rable la <strong>gestion</strong> de la ressource en eau.<br />

Il s’agit enfin <strong>du</strong> savoir-faire technique <strong>et</strong> économique reconnu de<br />

l’école française de <strong>gestion</strong> de l’eau (gran<strong>des</strong> entreprises<br />

françaises de distribution d’eau <strong>et</strong> d’assainissement, formes<br />

institutionnelles originales, ingénierie) à une époque où un grand<br />

nombre de municipalités, <strong>des</strong> mégapoles jusqu’aux p<strong>et</strong>its centres<br />

urbains, se trouvent confrontées à d’énormes difficultés<br />

techniques <strong>et</strong> financières dans la <strong>gestion</strong> de ces services publics<br />

(Académie de l’Eau, 1996).<br />

________________________________________________ 41 _________________________________________________


Selon une étude de l’Académie de l’Eau (1996) sur neuf cas de<br />

réforme <strong>des</strong> systèmes de <strong>gestion</strong> de l’eau dans autant de pays,<br />

répartis sur quatre continents, les gran<strong>des</strong> tendances montrent<br />

que :<br />

- le principe de <strong>bas</strong>e d’une <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> ressources en<br />

eau <strong>et</strong> de l’environnement à l’échelle <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant est<br />

unanimement admis. Dans la plupart <strong>des</strong> cas, le principe est<br />

formellement appliqué <strong>et</strong> les limites <strong>du</strong> territoire de <strong>gestion</strong><br />

sont celles <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin hydrographique ;<br />

- le deuxième principe important, qui consiste à intro<strong>du</strong>ire une<br />

dimension économique dans la <strong>gestion</strong> de l’eau (principe<br />

pollueur-usager-payeur), est également admis comme<br />

fondement nécessaire pour assurer la viabilité <strong>du</strong> système,<br />

bien que la mise en œuvre reste timide <strong>et</strong> que l’intervention<br />

<strong>des</strong> états soit toujours présente pour financer les<br />

investissements lourds ;<br />

- la principale difficulté est ainsi d’ordre financier : même si les<br />

simulations théoriques montrent qu’un système de<br />

redevances serait supportable, les r<strong>et</strong>ards accumulés dans la<br />

protection de l’environnement demandent <strong>des</strong> investissement<br />

s massifs, obligeant les régions à recourir au budg<strong>et</strong> de l’Etat<br />

ou à <strong>des</strong> financements externes. Affirmer seulement le<br />

principe usager-pollueur-payeur est insuffisant <strong>et</strong> il n’est<br />

jamais trop tôt pour se pencher sur les aspects financiers de<br />

la décentralisation <strong>du</strong> pouvoir de décision.<br />

La <strong>gestion</strong> <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> quant à elle concerne de multiples ressources concernant autant de<br />

secteurs d’activité différents. Outre la <strong>gestion</strong> de ces ressources, elle est marquée par<br />

<strong>des</strong> régimes fondamentalement différents d’occupation <strong>des</strong> sols <strong>et</strong> d’attribution de ces<br />

ressources selon qu’elles se situent à terre ou dans le domaine public maritime.<br />

On a donc affaire à deux systèmes de <strong>gestion</strong> qui fonctionnent en parallèle, d’autant<br />

plus que les impacts observés sur la zone côtière sont souvent liés à <strong>des</strong> réponses<br />

décalées dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace <strong>du</strong> système naturel mais également <strong>du</strong><br />

système social. La mise en évidence de ces différentes échelles de temps <strong>et</strong> d’espace<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> mécanismes de rétroaction entre les phénomènes amont <strong>et</strong> aval, est donc<br />

fondamentale pour la mise en place de mo<strong>des</strong> de <strong>gestion</strong> intégrant <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong><br />

zone côtière. Pour être réaliste, l’approche doit donc être incrémentale, avec <strong>des</strong> mo<strong>des</strong><br />

d’action adaptés à chaque niveau d’intervention, local, national <strong>et</strong> régional<br />

(international).<br />

________________________________________________ 42 _________________________________________________


Le processus à engager est un processus pro-actif de planification de type stratégique<br />

(anticipation <strong>des</strong> changements à moyen <strong>et</strong> long terme), qui perm<strong>et</strong>te d’identifier une<br />

politique générale avec <strong>des</strong> objectifs <strong>et</strong> <strong>des</strong> lignes d’action.<br />

Dans ce processus, l’accent est mis sur une identification partagée <strong>des</strong> objectifs <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

actions à m<strong>et</strong>tre en œuvre. Le processus est en fait très semblable à celui prôné par la<br />

démarche GIRE (Gestion Intégrée <strong>des</strong> Ressources en Eau) ou la démarche GIZC<br />

(Gestion Intégrée <strong>des</strong> Zones Côtières), à la différence près que l’analyse (échelle,<br />

caractéristiques, thèmes <strong>et</strong> modèles d’interaction) porte sur la structure <strong>et</strong> la dynamique<br />

<strong>des</strong> relations existant entre les <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> le <strong>littoral</strong>, comme décrit<br />

précédemment.<br />

Le but de c<strong>et</strong>te étude, tel que définit dans les termes de référence, n’étant pas de<br />

s’attarder sur les différentes phases <strong>du</strong> processus de planification participative, mais<br />

plutôt, dans le cadre de ce processus, de dégager <strong>des</strong> critères simples <strong>et</strong> utiles<br />

d’évaluation de ce type de proj<strong>et</strong>, nous proposons d’examiner plus avant quatre<br />

éléments génériques qui nous semblent fondamentaux pour le succès de l’approche :<br />

les thématiques prioritaires <strong>et</strong> les emboîtements d’échelles, la connaissance, les<br />

institutions <strong>et</strong> le partenariat, la participation <strong>du</strong> public.<br />

4.1. Thématiques prioritaires <strong>et</strong> emboîtement d’échelles<br />

Du point de vue de l’écologie, il est aujourd’hui pratiquement impossible de prédire la<br />

nature ou le degré de variations que les activités de l’homme peuvent infliger au niveau<br />

de l’espèce (sinon sa disparition totale dont la cause humaine première est rarement<br />

avérée). En fait, les grands écosystèmes comme les <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> les zones<br />

côtières tendent à avoir un caractère d’état plus stable que leurs composantes<br />

indivi<strong>du</strong>elles (communautés), qui sont plutôt oscillants ou chaotiques (qualité qui en<br />

r<strong>et</strong>our contribue probablement à la stabilité de l’ensemble ; cf. Annexe 3). Loin de se<br />

désintéresser <strong>des</strong> seconds, il est donc assez logique, malgré les difficultés d’échelle, de<br />

s’intéresser aux premiers, plus particulièrement aux flux bio-géochimiques qui les<br />

traversent, eux-mêmes expression régionale de phénomènes globaux, comme le fait le<br />

programme scientifique LOICZ.<br />

Si l’on veut contrôler les flux de nutriments (on pourrait parler aussi de flux de certains<br />

polluants) dans la zone côtière, <strong>et</strong> donc dans les mers régionales, il faut bien connaître<br />

les sources <strong>et</strong> les puits naturels <strong>et</strong> anthropiques dans les différents sous-systèmes<br />

aquatiques sur l’ensemble <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant jusqu’aux sites d’accumulation en mer,<br />

puis les délais de réponse (spatiale <strong>et</strong> temporelle) <strong>du</strong> système naturel aux impacts <strong>du</strong><br />

système humain. Les questions, simples en apparence, sont alors : quelles sont les<br />

principales voies empruntées par les nutriments de la terre vers la mer <strong>et</strong> combien de<br />

temps leur faut-il pour atteindre les sites de déposition en mer ?<br />

Côté <strong>bas</strong>sin versant, quel type d’émission (ponctuel ou diffus) est principalement<br />

responsable <strong>des</strong> phénomènes d’eutrophisation en aval ? Du point de vue de la socioéconomie,<br />

il est nécessaire d’identifier les acteurs économiques <strong>et</strong> leurs pratiques<br />

culturales, les mo<strong>des</strong> d’occupation de l’espace <strong>et</strong> de pro<strong>du</strong>ction ou encore de la<br />

croissance démographique prévisible <strong>et</strong> <strong>du</strong> type <strong>et</strong> de l’éten<strong>du</strong>e <strong>des</strong> activités<br />

économiques susceptibles de peser sur les apports en mer.<br />

________________________________________________ 43 _________________________________________________


C’est le type de question que les plans d’action pour les mers régionales tels que<br />

HELCOM (Baltique) ou OSPARCOM (Mer <strong>du</strong> Nord) ne font que commencer à se poser,<br />

mais l’ouvrage est énorme car cela demande de structurer la coopération avec l’amont<br />

représenté par plus d’organisations que de <strong>bas</strong>sins versants.<br />

De manière générale, le rapport <strong>du</strong> GESAMP (2001) établit une hiérarchisation <strong>des</strong><br />

impacts en fonction <strong>des</strong> critères r<strong>et</strong>enus dans le cadre <strong>du</strong> Programme Global d’Action<br />

pour la Protection de l’Environnement Marin contre les Pollutions générées par les<br />

Activités Terrestres (GPA/LBA). Il en ressort clairement que l’effort devrait porter en<br />

priorité sur :<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> altérations physiques <strong>et</strong> biologiques <strong>des</strong> habitats <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

écosystèmes ;<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> apports, en particulier les changements de débits <strong>et</strong> de régimes<br />

(déplacement de la salinité, creusement, comblement), les rej<strong>et</strong>s d’eaux usées<br />

(domestiques <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striels), <strong>et</strong> les surcharges en nutriments ;<br />

- la <strong>gestion</strong> de la mobilisation <strong>des</strong> sédiments.<br />

En terme d’impacts, les enjeux principaux sont :<br />

la qualité <strong>des</strong> écosystèmes <strong>et</strong> <strong>des</strong> ressources naturelles (renouvelables <strong>et</strong> non<br />

renouvelables),<br />

la <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> développement économique <strong>et</strong> social,<br />

la santé publique <strong>et</strong>, dans une moindre mesure, la sécurité alimentaire.<br />

Nous proposons que ces priorités soient r<strong>et</strong>enues pour la hiérarchisation <strong>des</strong> thèmes<br />

figurant dans les proj<strong>et</strong>s soumis au <strong>FFEM</strong>. Nous reviendrons sur ce point fondamental<br />

dans le chapitre qui suit.<br />

Ces exemples montrent l’importance qu’un proj<strong>et</strong> de <strong>gestion</strong> intégrée <strong>bas</strong>sin versant /<br />

zone côtière ne soit pas traité comme un proj<strong>et</strong> local isolé mais dès le départ soit pensé<br />

dans le cadre d’une stratégie régionale prévoyant <strong>des</strong> emboîtements d’échelles <strong>du</strong> type<br />

GIWA.<br />

Sur le plan de la planification, à laquelle le proj<strong>et</strong> est censé contribuer, une politique<br />

nationale de l’eau avisée devrait prôner l’échelle <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins hydrographiques <strong>et</strong><br />

fluviaux, avec une mise en application locale. La solution, incontournable pour les<br />

décideurs, réside alors dans l’intégration de la <strong>gestion</strong> locale <strong>et</strong> <strong>des</strong> stratégies subnationales<br />

(régionales, provinciales, <strong>et</strong>c.). A titre d’exemple, la loi française de 1992 a<br />

prévu deux niveaux de planification de l’eau : celui <strong>des</strong> agences de l’eau, avec les<br />

SDAGE qui fixent les gran<strong>des</strong> orientations, <strong>et</strong> celui de circonscriptions hydrauliques plus<br />

p<strong>et</strong>ites (de 1000 à 5000 km²), avec les SAGE. Ces dernières ne couvrent pas<br />

exhaustivement le territoire <strong>et</strong> sont localisées en fonction <strong>des</strong> enjeux locaux (conflits<br />

d’usage notamment).<br />

________________________________________________ 44 _________________________________________________


Les ré<strong>du</strong>ctions d’échelle concordent avec les ré<strong>du</strong>ctions d’horizon de <strong>gestion</strong>. On<br />

élabore une stratégie <strong>et</strong> on planifie sur <strong>des</strong> grands ensembles qui définiront les principes<br />

<strong>et</strong> les orientations qui devront ensuite être adaptés aux conditions de <strong>gestion</strong><br />

opérationnelle sur de plus p<strong>et</strong>its espaces.<br />

Considérations parallèles sur les impacts<br />

de l’eff<strong>et</strong> de serre <strong>et</strong> les changements d’échelle<br />

La notion d’impact implique un choix implicite d’échelles liées à<br />

l’organisation humaine. Un temps de référence largement<br />

adopté est la génération ; l’échelle d’espace est déjà plus<br />

variable : continentale pour l’ONU, régionale pour les Etats, elle<br />

sera le <strong>bas</strong>sin versant pour les <strong>gestion</strong>naires de l’eau <strong>et</strong> la<br />

parcelle pour les exploitants agricoles. Ainsi <strong>des</strong> acteurs<br />

différents pourront se référer à <strong>des</strong> échelles temporelles <strong>et</strong><br />

spatiales différentes. La typologie <strong>des</strong> impacts dépend <strong>du</strong> choix<br />

<strong>des</strong> « impactés », qui relève dès lors d’un choix économique <strong>et</strong><br />

politique. Si l’étude <strong>des</strong> impacts est très liée aux échelles<br />

spatiales <strong>et</strong> temporelles caractéristiques de l’organisation<br />

humaine, elle est également dépendante <strong>des</strong> échelles liées à<br />

l’étude <strong>du</strong> climat <strong>et</strong> de sa variabilité. Ces échelles sont<br />

désormais classiquement au nombre de trois :<br />

- l’échelle globale ; il est ici question <strong>du</strong> climat, <strong>du</strong> système<br />

atmosphérique, <strong>du</strong> système océanique. Dans ce compartiment,<br />

les interactions traitent à grande maille <strong>des</strong> couplages<br />

de type océan atmosphère <strong>et</strong> les évolutions sont envisagées<br />

sur <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de l’ordre <strong>du</strong> siècle.<br />

- l’échelle régionale ; elle reçoit <strong>du</strong> compartiment global <strong>des</strong><br />

forçages de température, précipitations, radiation ; elle<br />

convoque un grand nombre de disciplines scientifiques pour<br />

l’étude <strong>des</strong> impacts <strong>du</strong> changement climatique sur les<br />

gran<strong>des</strong> entités régionales allant <strong>des</strong> grands <strong>bas</strong>sins<br />

versants (<strong>bas</strong>sins internationaux en général) aux systèmes<br />

littoraux (grands écosystèmes marins). A c<strong>et</strong> étage, l’étude<br />

passe par exemple par l’élaboration de fonctions de<br />

pro<strong>du</strong>ction ou de transfert par lesquelles les hydrologues<br />

décrivent l’utilisation faite par les sols <strong>des</strong> quantités d’eau<br />

disponibles. Les problèmes d’adaptation peuvent être<br />

illustrés à c<strong>et</strong>te échelle, par exemple par l’étude <strong>des</strong><br />

modifications <strong>des</strong> contours forestiers sous scénario<br />

climatique modifié.<br />

________________________________________________ 45 _________________________________________________


- les échelles détaillées ; on y trouve le maximum d’interactions<br />

entre les systèmes économiques indivi<strong>du</strong>els <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s<br />

physiques. C’est souvent à c<strong>et</strong>te échelle que les institutions<br />

scientifiques spécialisées interviennent en sciences humaines<br />

<strong>et</strong> sociales sur les questions d’impacts, qu’il s’agisse <strong>du</strong><br />

<strong>bas</strong>sin versant ou <strong>des</strong> eaux côtières. C’est aussi le plus<br />

souvent dans ce compartiment que la <strong>gestion</strong> de ces impacts<br />

est envisagée avec les services <strong>et</strong> agences <strong>gestion</strong>naires.<br />

Dans le cas de l‘eff<strong>et</strong> de serre, les liens entre échelles sont<br />

principalement traités de façon <strong>des</strong>cendante parce que les<br />

phénomènes ont d’abord été observés globalement. Il n’en va<br />

pas de même dans le cas <strong>des</strong> cycles biogéochimiques dont la<br />

mesure <strong>des</strong> flux <strong>et</strong> de leur altération ne peut être appréhendée<br />

significativement qu’à une échelle détaillée, pour être ensuite<br />

extrapolée de proche en proche, vers l’échelle régionale. C’est le<br />

défi <strong>du</strong> programme LOICZ. Les impacts <strong>et</strong> leur <strong>gestion</strong> sont,<br />

quant à eux, traités aux échelles détaillées bien que, dans le cas<br />

de l’eff<strong>et</strong> de serre, la compréhension globale de la variabilité <strong>du</strong><br />

système doive se faire au niveau agrégé de l’échelle régionale.<br />

C’est le défi <strong>du</strong> programme GIWA. (D’après PIGB-PMRC, 2002).<br />

4.2. La connaissance<br />

La connaissance <strong>des</strong> différents systèmes, de leurs ressources <strong>et</strong> de leurs interactions,<br />

est indéniablement importante mais, dans une telle démarche de <strong>gestion</strong> intégrée, n’est<br />

pas une fin en soi. La Directive Cadre Européenne sur l’Eau va ainsi plus loin que les<br />

SDAGE français en appliquant ce principe <strong>et</strong> en passant d’une politique de moyens à<br />

une politique d’objectifs de qualité <strong>des</strong> milieux aquatiques. Le cadre de <strong>gestion</strong> mis en<br />

place doit être suffisamment évolutif (adaptatif) pour pouvoir intégrer les connaissances<br />

au fur <strong>et</strong> à mesure qu’elles progressent. Il faut entendre ici le terme « connaissance » au<br />

sens large, englobant à la fois les données de type scientifique (recherche <strong>et</strong> suivi), les<br />

savoirs populaires <strong>et</strong> traditionnels, <strong>et</strong> l’expertise <strong>des</strong> intervenants. On peut l’aborder<br />

sous cinq aspects : la définition <strong>du</strong> besoin de connaissances, les programmes de suivi,<br />

la <strong>gestion</strong> de l’information, l’intégration de l’information <strong>et</strong> l’utilisation de l’expertise<br />

(Burton, 2001).<br />

La définition <strong>du</strong> besoin s’appuie sur <strong>des</strong> informations provenant d’un vaste éventail de<br />

domaines <strong>et</strong> de secteurs. L’objectif n’est pas de réunir <strong>des</strong> quantités extraordinaires<br />

d’informations sur les différents systèmes, mais de dégager une appréciation<br />

d’ensemble sur l’état <strong>des</strong> lieux, en se concentrant sur trois ou quatre questions centrales<br />

préalablement identifiées.<br />

________________________________________________ 46 _________________________________________________


Il s’agit bien de dépasser les simples approches sectorielles <strong>et</strong> d’aborder les problèmes<br />

transversaux d’organisation <strong>des</strong> territoires, <strong>du</strong> haut <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant jusqu’à son milieu<br />

récepteur, la zone côtière. S’il n’existe déjà, les données collectées participent à la<br />

construction d’un système d’information géographique <strong>et</strong> au renseignement d’un certain<br />

nombre d’indicateurs.<br />

Les informations concernent également les données de <strong>bas</strong>e sur les acteurs, trop<br />

souvent occultées : quelle est la relation de chaque groupe d’acteurs aux problèmes<br />

environnementaux diagnostiqués, <strong>et</strong> chacun est-il en mesure de participer à<br />

l’amélioration <strong>des</strong> situations environnementales observées ? Quelles sont les activités<br />

dominantes <strong>et</strong> secondaires, comment s’organisent-elles ? Il s’agit de repérer les<br />

logiques d’acteurs, les conflits avérés ou potentiels, les forces de résistance <strong>et</strong> de<br />

changements éventuels. On peut ainsi espérer que les représentations pro<strong>du</strong>ites<br />

correspondent aux enjeux <strong>et</strong> soient reconnues par les acteurs concernés par la <strong>gestion</strong><br />

de l’eau.<br />

L’expertise<br />

La connaissance nécessaire à la <strong>gestion</strong> intégrée d’un<br />

<strong>bas</strong>sin fluvial ne se limite pas aux données scientifiques<br />

recueillies <strong>et</strong> aux rapports techniques pro<strong>du</strong>its par les<br />

institutions nationales ou régionales. Dans bien <strong>des</strong><br />

domaines, <strong>et</strong> notamment pour ce qui est <strong>des</strong> connaissances<br />

requises à l’échelle locale, l’information scientifique <strong>et</strong><br />

technique « officielle » fait très souvent défaut. Par contre, il<br />

existe une large <strong>bas</strong>e de connaissances <strong>et</strong> de savoir-faire<br />

qui n’est pas accessible par les moyens traditionnels de<br />

recherche de l’information. Il s’agit d’une part <strong>des</strong> savoirs<br />

populaires <strong>et</strong> traditionnels <strong>et</strong>, d’autre part, de l’expertise <strong>des</strong><br />

professionnels qui oeuvrent déjà dans <strong>des</strong> programmes <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s, autant à l’échelle locale qu’aux niveaux national<br />

<strong>et</strong> régional.<br />

Ce travail nécessite notamment une équipe d’experts, capables d’organiser les données<br />

<strong>et</strong> de construire un système d’information fonctionnel <strong>et</strong> approprié aux questions à traiter<br />

(SIG, mais aussi grilles <strong>et</strong> cartes manuelles), de faire de la recherche documentaire, de<br />

mener <strong>des</strong> entr<strong>et</strong>iens avec <strong>des</strong> responsables <strong>et</strong> <strong>des</strong> usagers, <strong>et</strong> de rendre un diagnostic<br />

sous forme d’un document clair, lisible <strong>et</strong> accessible.<br />

________________________________________________ 47 _________________________________________________


L’expérience en cours sur la mise en œuvre de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau<br />

montre que la connaissance relative aux usages <strong>et</strong> aux activités humaines sur le <strong>bas</strong>sin<br />

versant <strong>et</strong> dans la zone côtière, est acquise de manière superficielle mais ne perm<strong>et</strong> en<br />

général pas d’évaluer la performance de la <strong>gestion</strong> réalisée. Les données relatives à la<br />

ressource sont par contre par tradition mieux connues, même si les <strong>du</strong>rées<br />

d’observation sont souvent insuffisantes.<br />

Par ailleurs, dans le cas de l’eau, les aspects quantitatifs sont beaucoup mieux<br />

documentés que les aspects qualitatifs. Il y a peu d’information sur la qualité <strong>et</strong> les flux<br />

de sédiments, <strong>et</strong> les habitats sont décrits de manière superficielle ou incomplète. De<br />

manière générale, il y a d’importantes lacunes en ce qui concerne l’homogénéité de la<br />

couverture spatiale <strong>et</strong> temporelle de chacun <strong>des</strong> systèmes (fluvial <strong>et</strong> côtier) <strong>et</strong> à plus<br />

forte raison entre eux.<br />

Les programmes de suivi de la qualité <strong>des</strong> eaux (douces <strong>et</strong> salées) peuvent être mis<br />

en place pour différents objectifs : fournir une information sur l’état <strong>et</strong> l’évolution <strong>des</strong><br />

écosystèmes aquatiques, fournir une information en temps réel pour une prise de<br />

décision (en général, pour un objectif de santé publique), s’assurer que la qualité de<br />

l’eau répond aux exigences d’un ou de plusieurs usages ou encore contrôler l’efficacité<br />

<strong>des</strong> interventions.<br />

La connaissance <strong>et</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> chiffres d’apport à la mer de toutes les substances<br />

polluantes ainsi que <strong>des</strong> composés naturellement présents dans les eaux est un<br />

problème récurrent dans toutes les régions <strong>du</strong> monde. Une stratégie efficace passe par<br />

<strong>des</strong> zonages territoriaux <strong>des</strong> activités de surveillance <strong>du</strong> milieu pour pouvoir, selon le<br />

type d’information que l’on cherche, à la fois en organiser les modalités concrètes<br />

(stratégies d’échantillonnages, <strong>gestion</strong> de la donnée, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> en structurer les résultats<br />

(présentation <strong>des</strong> données, aires de représentativité <strong>des</strong> diagnostics, <strong>et</strong>c.).<br />

S’il est relativement facile de définir <strong>et</strong> d’appliquer les critères de ce type de zonage en<br />

milieu terrestre où la plupart <strong>des</strong> écosystèmes abordés ont une faible dynamique<br />

spatiale (au sens géographique), il n’en va pas de même pour les écosystèmes marins,<br />

y compris leurs substrats sédimentaires, qui sont soumis à <strong>des</strong> transports<br />

hydrodynamiques de grande emprise spatiale <strong>et</strong> à <strong>des</strong> variations temporelles<br />

considérables.<br />

Il n’en reste pas moins que l’on doit tendre vers une cohérence fonctionnelle <strong>et</strong><br />

géographique <strong>des</strong> zonages pour, à terme, traiter dans le même référentiel, les<br />

informations concernant la partie marine <strong>et</strong> la partie continentale. Dans ce sens, la<br />

définition <strong>des</strong> limites de l’unité territoriale fonctionnelle <strong>bas</strong>sin versant / zone côtière est<br />

déterminante.<br />

________________________________________________ 48 _________________________________________________


Bassins <strong>et</strong> zones homogènes <strong>des</strong><br />

agences de l’Eau en France<br />

- La loi sur l’Eau <strong>du</strong> 3 janvier 1992 affirme que l’eau <strong>et</strong> les<br />

milieux aquatiques constituent un patrimoine fragile, commun<br />

<strong>et</strong> utile à tous, qu’il faut protéger, partager <strong>et</strong> valoriser. Elle<br />

recommande que les politiques de protection <strong>et</strong> de mise en<br />

valeur <strong>des</strong> eaux douces <strong>et</strong> côtières soient menées avec<br />

cohérence <strong>et</strong> continuité. La mer ne doit plus être considérée<br />

comme réceptacle ultime <strong>des</strong> apports <strong>et</strong> <strong>des</strong> rej<strong>et</strong>s <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin<br />

hydrographique qui la borde, elle doit s’y intégrer en matière<br />

de <strong>gestion</strong> de ces apports. Pour tra<strong>du</strong>ire ces principes de<br />

<strong>gestion</strong> équilibrée, la loi sur l’Eau a créé un nouvel outil de<br />

planification à long terme <strong>des</strong> volontés locales à l’échelle <strong>du</strong><br />

<strong>bas</strong>sin : le Schéma Directeur d’Aménagement <strong>et</strong> de Gestion<br />

<strong>des</strong> Eaux (SDAGE).<br />

Les cinq <strong>bas</strong>sins ayant une façade <strong>littoral</strong>e ont inscrit dans<br />

leur SDAGE, la volonté de protéger <strong>et</strong> restaurer les milieux<br />

aquatiques <strong>et</strong> littoraux remarquables. Aux stratégies<br />

communes (accentuer l’effort de dépollution bactérienne dans<br />

les secteurs de forte fréquentation pour la baignade <strong>et</strong><br />

l’activité aquacole, protéger <strong>et</strong> restaurer les milieux aquatiques<br />

<strong>et</strong> littoraux remarquables) s’ajoutent <strong>des</strong> préoccupations plus<br />

régionales prises en compte dans le septième programme de<br />

chaque agence de l’Eau. Un autre axe de la politique menée<br />

par les agences de l’Eau est de rechercher une meilleure<br />

cohérence <strong>des</strong> réseaux d’observation de la qualité <strong>des</strong> eaux<br />

marines <strong>et</strong> <strong>des</strong> eaux douces. C<strong>et</strong>te réflexion s’est tra<strong>du</strong>ite en<br />

amont par différentes approches <strong>du</strong> zonage, la plus avancée<br />

étant probablement celle menée par l’agence de l’Eau Rhône-<br />

Méditerranée-Corse, en collaboration avec l’IFREMER (Morel <strong>et</strong><br />

al, 1999).<br />

La volonté, aujourd’hui universelle, de coordination <strong>des</strong> réseaux de surveillance ne<br />

relève pas d’un objectif technocratique : il apparaît à tous les niveaux (conventions<br />

internationales <strong>et</strong> régionales, directives européennes, dispositions nationales) que ces<br />

informations ne révèlent leur richesse que quand elles sont rassemblées, corrélées <strong>et</strong><br />

synthétisées, de façon à faire apparaître les relations de cause à eff<strong>et</strong>, les interactions<br />

entre les compartiments physiques <strong>et</strong> biologiques, entre politique d’occupation <strong>des</strong><br />

espaces <strong>et</strong> altération <strong>des</strong> usages, entre court <strong>et</strong> moyen termes.<br />

Outre la constitution <strong>des</strong> <strong>bas</strong>es de connaissance nécessaires à la planification, le<br />

programme de suivi représente un <strong>des</strong> outils (il alimente essentiellement les indicateurs<br />

d’état mais pas de processus) d’évaluation <strong>du</strong> succès <strong>du</strong> plan <strong>et</strong> d’atteinte de ses<br />

objectifs, tout <strong>du</strong> moins pour ce qui est de la réponse <strong>du</strong> système à la mise en œuvre <strong>du</strong><br />

plan, ainsi que de la performance <strong>des</strong> outils utilisés pour atteindre ces objectifs.<br />

________________________________________________ 49 _________________________________________________


Il est important ici de rappeler que les programmes de suivi n’ont pas à être<br />

nécessairement hautement techniques.<br />

La surveillance volontaire (très prisée dans les pays anglo-saxons) peut être un moyen<br />

de faire participer les citoyens, fournissant ainsi une occasion tangible de participation<br />

<strong>du</strong> public aux objectifs <strong>du</strong> plan <strong>et</strong>, de là, à l’intégrité de leur propre environnement.<br />

De nos jours, les techniques d’observation spatiale perm<strong>et</strong>tent de passer à <strong>des</strong> échelles<br />

parfaitement adaptées au suivi <strong>des</strong> grands <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> mers régionales. La<br />

télédétection satellite ou aéroportée perm<strong>et</strong> aussi bien d’observer <strong>des</strong> changements<br />

rapi<strong>des</strong> (feux de brousse) que plus lents (évolution d’un trait de côte), mais est souvent<br />

en défaut pour fournir une évaluation de l’occupation <strong>du</strong> sol qui soit adaptée aux enjeux<br />

de <strong>gestion</strong> de l’eau dans les <strong>bas</strong>sins versants. Les progrès technologiques atten<strong>du</strong>s <strong>des</strong><br />

futurs outils satellitaires devraient perm<strong>et</strong>tre de combler une partie de ces lacunes en<br />

offrant une précision accrue.<br />

La <strong>gestion</strong> de l’information tout au long <strong>du</strong> processus de planification <strong>et</strong> de mise en<br />

œuvre est une question fondamentale. En général, l’information ne manque pas mais<br />

elle est difficile d’accès <strong>et</strong> surtout elle n’est pas synthétisée, ni vérifiée. La qualité <strong>et</strong> la<br />

disponibilité <strong>des</strong> supports cartographiques sont très variables selon les pays <strong>et</strong> les<br />

thèmes abordés. Souvent, l’échelle ne correspond pas aux besoins <strong>et</strong> l’information est<br />

périmée. Dans ce domaine, la compétition est intense : <strong>des</strong> centres de cartographie<br />

nationale existent un peu partout mais en général, on préfère développer son propre<br />

service, si bien que l’on arrive à une dispersion <strong>des</strong> capacités en SIG dans les<br />

différentes administrations nationales <strong>et</strong> les collectivités territoriales. Le développement<br />

<strong>des</strong> technologies <strong>des</strong> banques de données <strong>et</strong> de leur mise en forme cartographique, en<br />

association avec les nouvelles technologies de la communication (Intern<strong>et</strong>), peut fournir<br />

<strong>des</strong> outils puissants de mise en réseau <strong>des</strong> données en résolvant les problèmes de<br />

propriété par la participation directe de leurs pro<strong>du</strong>cteurs. Bien évidemment, le<br />

développement de ces potentialités technologiques ne pourra se faire que si le contexte<br />

institutionnel <strong>et</strong> politique y est favorable. La <strong>gestion</strong> de l’information con<strong>du</strong>it entre autres<br />

à :<br />

- la réalisation de cartes de sensibilité <strong>et</strong> de vulnérabilité <strong>des</strong> différents écosystèmes<br />

<strong>et</strong> de fiches d’identité décrivant les caractéristiques <strong>et</strong> les risques encourus sur les<br />

zones les plus sensibles ;<br />

- l’analyse prospective <strong>et</strong> l’élaboration <strong>des</strong> scénarios <strong>des</strong> possibles changements dans<br />

le futur ;<br />

- l’identification <strong>des</strong> priorités d’intervention avec leurs instruments politiques <strong>et</strong><br />

financiers appropriés.<br />

L’intégration de l’information, outre son aspect technique (SIG <strong>et</strong> modèles type<br />

DPSIR), aboutit souvent à un plan directeur dont les supports d’information sont<br />

standardisés à l’intérieur d’un même <strong>bas</strong>sin, comme c’est le cas <strong>des</strong> SDAGE en France.<br />

Cela est certainement moins vrai à l’heure actuelle au niveau <strong>des</strong> organisations<br />

régionales de <strong>bas</strong>sin (ORB) dont les informations en provenance <strong>des</strong> pays membres<br />

sont loin d’être normalisées.<br />

________________________________________________ 50 _________________________________________________


Bien qu’encore au stade de développement, les systèmes développés par les agences<br />

régionales comme l’Agence Européenne pour l’Environnement peuvent devenir <strong>des</strong><br />

moyens de connexion étroite <strong>des</strong> informations en provenance <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong><br />

celles pro<strong>du</strong>ites dans le cadre <strong>des</strong> conventions liées aux mers régionales.<br />

Dans les deux cas, <strong>et</strong> quelle que soit la dimension <strong>du</strong> territoire prise en compte, une<br />

autre dimension de l’intégration de l’information reste très peu abordée : celle de<br />

l’intégration <strong>des</strong> informations environnementales avec celles provenant <strong>des</strong> différents<br />

secteurs socio-économiques, en bref l’intégration <strong>des</strong> données économiques, réalité à<br />

laquelle les <strong>gestion</strong>naires ont à faire face constamment.<br />

Dans le processus d’acquisition <strong>et</strong> de partage <strong>des</strong> connaissances, l’expertise est certes<br />

indispensable mais elle est trop souvent ré<strong>du</strong>ite à l’expertise internationale alors que<br />

beaucoup de pays bénéficient d’un vivier de professionnels en place dans les institutions<br />

publiques ou privées. Tout proj<strong>et</strong> devrait se soucier de l’identification de c<strong>et</strong>te expertise,<br />

éminemment inter-sectorielle <strong>et</strong> inter-disciplinaire dans le cas de l’approche intégrée<br />

<strong>bas</strong>sin versant / zone côtière. Les réseaux régionaux déjà existants pourraient être<br />

renforcés en collaboration avec l’expertise internationale <strong>et</strong> les bailleurs de fonds.<br />

Qu’il s’agisse <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> de la GIRE (Gestion intégrée <strong>des</strong> ressources en<br />

eau) ou <strong>des</strong> zones côtières <strong>et</strong> de la GIZC (Gestion intégrée <strong>des</strong> zones côtières), il s’agit<br />

là d’un objectif majeur de mise en réseau <strong>des</strong> expériences aux niveaux régional <strong>et</strong><br />

mondial, qui est au cœur de la notion <strong>du</strong> développement <strong>des</strong> capacités humaines.<br />

4.3. Les institutions <strong>et</strong> le partenariat<br />

La <strong>gestion</strong> intégrée d’un <strong>bas</strong>sin fluvial <strong>et</strong> de sa zone côtière fait appel à la prise en<br />

compte d’un large éventail d’usages qu’il faut concilier tout en maintenant les fonctions<br />

naturelles <strong>des</strong> écosystèmes. A ce jour, la <strong>gestion</strong> est encore éclatée entre secteurs<br />

d’activité (y compris l’environnement) <strong>et</strong> l’aménagement <strong>du</strong> territoire. La mise en place<br />

d’une <strong>gestion</strong> intégrée requiert donc une réflexion sur les institutions <strong>et</strong> les mécanismes<br />

de coordination inter-institutionnelle, ainsi que sur tous les autres intervenants dans le<br />

secteur privé <strong>et</strong> les populations locales.<br />

La <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources naturelles, la <strong>gestion</strong> de l’environnement, l’aménagement <strong>du</strong><br />

territoire, correspondent à <strong>des</strong> politiques nationales que seuls les gouvernements sont<br />

en mesure de mieux coordonner pour le développement d’une <strong>gestion</strong> intégrée. Il ne<br />

s’agit pas de tout unifier sous une seule institution (ce qui est concevable pour les<br />

<strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> les zones côtières pris séparément ne l’est plus dans une <strong>gestion</strong><br />

associant les deux), mais de m<strong>et</strong>tre en place <strong>des</strong> mécanismes de coordination adaptés<br />

aux conditions <strong>du</strong> pays, qui perm<strong>et</strong>tent d’assurer un ensemble de fonctions sur un<br />

territoire cohérent, à partir de compétences <strong>et</strong> d’initiatives nombreuses, tant indivi<strong>du</strong>elles<br />

que collectives, tant publiques que privées.<br />

________________________________________________ 51 _________________________________________________


Quelques exemples de processus nationaux<br />

pour le développement de la GIZC :<br />

Les programmes nationaux de <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones<br />

côtières <strong>des</strong> Etats-Unis (1972), <strong>du</strong> Sri Lanka (1981), <strong>et</strong> de la<br />

Nouvelle-Zélande (1991) ont été lancés simultanément à la<br />

promulgation d’une loi nationale. Dans ces trois pays, la loi a<br />

procuré l’autorité <strong>et</strong> le cadre d’actions nécessaires pour<br />

l’élaboration de plans plus détaillés <strong>et</strong> de systèmes de<br />

réglementation au niveau national (Sri Lnaka) ou à <strong>des</strong> niveaux<br />

de gouvernance plus régionaux (Etats aux USA ; Régions en<br />

Nelle Zélande). Les Etats-Unis ont pu initier leur programme avec<br />

tout l’arsenal juridique <strong>et</strong> financier nécessaire. En Nelle Zélande,<br />

le gouvernement a procédé à l’harmonisation de plus de 100 lois<br />

pour aboutir à la loi sur la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources de 1991. Les<br />

requis portent notamment sur l’intégration à tous les niveaux <strong>et</strong><br />

établissent <strong>des</strong> panels indépendants pour la révision <strong>des</strong><br />

politiques <strong>et</strong> <strong>des</strong> programmes nationaux <strong>et</strong> régionaux.<br />

En Equateur, le programme national a été officialisé par Décr<strong>et</strong><br />

Exécutif sans prévision particulière pour une nouvelle législation.<br />

Une revue juridique attentive <strong>des</strong> textes a effectivement montré<br />

que les lois existantes étaient suffisamment adaptées pour servir<br />

les objectifs <strong>du</strong> programme.<br />

Aux Philippines, les proj<strong>et</strong>s locaux ont devancé les programmes<br />

nationaux. Après plus de dix ans d’expériences locales, une<br />

coordination nationale a été mise en place. Le changement<br />

législatif le plus significatif en matière de GIZC, tient au nouveau<br />

code de Gouvernement Local qui donne <strong>des</strong> pouvoirs<br />

substantiels aux Provinces <strong>et</strong> aux Communes, y compris la<br />

juridiction locale sur les milieux aquatiques.<br />

En Australie, la politique nationale de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> côtes a vu le<br />

jour suite à un inventaire global <strong>des</strong> zones côtières. La politique<br />

(plan stratégique) n’est pas axée sur la réglementation mais sur<br />

l’incitation aux bonnes pratiques de <strong>gestion</strong> <strong>et</strong> sur le soutien<br />

technique aux localités.<br />

________________________________________________ 52 _________________________________________________


A l’exception <strong>des</strong> Philippines, chacun de ces pays s’est doté<br />

d’une institution pilote pour la mise en œuvre de la politique<br />

nationale GIZC (plan d’action). L’institution nationale pilote pour<br />

les zones côtières peut ainsi être positionnée dans <strong>des</strong><br />

ministères ou départements très différents : Département <strong>du</strong><br />

commerce (NOAA) aux USA, Ministère <strong>des</strong> Pêches au Sri Lanka,<br />

Cabin<strong>et</strong> <strong>du</strong> Président de la République en Equateur, Ministère de<br />

l’Environnement en Nelle Zélande <strong>et</strong> en Australie. Aux<br />

Philippines, les principaux programmes GIZC sont partagés entre<br />

deux ministères, Agriculture d’une part, <strong>et</strong> Environnement <strong>et</strong><br />

Ressources Naturelles d’autre part.<br />

Le rôle de ces institutions pilotes peut également varier : au Sri<br />

Lanka, le Département de Conservation <strong>des</strong> Côtes attribue <strong>des</strong><br />

permis (avec délégation mineure aux administrations de District),<br />

tout en ayant <strong>des</strong> fonctions de planification. Ailleurs, l’institution<br />

coordinatrice peut être plus orientée vers le suivi <strong>des</strong> politiques<br />

<strong>et</strong> la planification, avec attribution de moyens financiers (USA,<br />

Australie) ou techniques (Philippines) aux autorités locales.<br />

Que ce soit dans la zone côtière ou sur le <strong>bas</strong>sin versant, il est clair qu’il n’y a pas de<br />

modèle idéal d’arrangement institutionnel qui puisse convenir à toutes les situations. Ce<br />

qui importe, c’est la mise sur pied de mécanismes de coopération efficaces. Dans<br />

certains contextes, c<strong>et</strong>te fonction de coordination sera mieux assurée au sein d’une<br />

organisation unique, alors qu’ailleurs la mise en place d’une telle institution susciterait<br />

trop d’oppositions pour que le but premier puisse être atteint. C<strong>et</strong>te reconnaissance <strong>du</strong><br />

principe de subsidiarité apparaît clairement dans la Directive européenne sur la politique<br />

communautaire dans le domaine de l’eau : c’est la responsabilité <strong>des</strong> Etats membres de<br />

désigner « l’autorité compétente » qui sera chargée d’appliquer les règles prévues à la<br />

directive de chaque district hydrographique (<strong>bas</strong>sin). Il n’y a pas de modèle imposé mais<br />

<strong>des</strong> objectifs à atteindre à un horizon temporel donné via la mise en œuvre d’un<br />

programme de mesures. C<strong>et</strong>te autorité compétente devra ensuite être décrite en<br />

fonction de son territoire, de son statut juridique <strong>et</strong> de ses responsabilités.<br />

Dans le cadre d’une <strong>gestion</strong> intégrée <strong>bas</strong>sin versant / zone côtière, le défi qui se pose<br />

est celui de la coopération entre la ou les autorités compétentes agissant sur les deux<br />

systèmes. Pour rester réaliste, il est avant tout nécessaire de « créer » les conditions de<br />

c<strong>et</strong>te coopération, en commençant par <strong>des</strong> questions précises sur la <strong>gestion</strong> <strong>du</strong> bien<br />

commun qu’est la qualité de l’eau. Pour m<strong>et</strong>tre en œuvre ces actions par objectif <strong>et</strong> ainsi<br />

renforcer la coopération par la pratique, il est nécessaire de prévoir la négociation d’un<br />

ensemble d’accords sous la forme d’accords volontaires ou de contrats particuliers.<br />

________________________________________________ 53 _________________________________________________


Outre les engagements financiers sur les programmes d’action, ces contrats ont trait à<br />

<strong>des</strong> engagements précis sur les politiques <strong>et</strong> les interventions que les partenaires<br />

(collectivités territoriales, Etat) entendent mener sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire concerné <strong>et</strong><br />

sur les mo<strong>des</strong> de concertation envisagés (plan de développement, acquisition de zones<br />

à protéger, regroupement de services sociaux). Avec les organismes privés, ces<br />

contributions peuvent aller de la simple l<strong>et</strong>tre d’engagement à la convention détaillée, de<br />

la contribution financière (programme d’investissement) au sponsoring.<br />

Enseignements <strong>et</strong> potentiels <strong>du</strong> partenariat<br />

public-privé dans le secteur de l’eau<br />

La population mondiale <strong>des</strong>servie par <strong>des</strong> opérateurs privés est<br />

passée de 90 millions en 1988 (dont 40 en France) à environ 200<br />

millions en 1998 <strong>et</strong> vraisemblablement aux alentours de 250<br />

millions en 2000. L’ouverture <strong>des</strong> marchés aux opérateurs<br />

privés, même si elle con<strong>du</strong>isait à 500 millions d’habitants<br />

<strong>des</strong>servis par ceux-ci d’ici 10 ans, ferait passer la part <strong>des</strong><br />

populations urbaines ainsi alimentées aux alentours de 15%.Les<br />

principaux opérateurs privés <strong>du</strong> secteur se partagent<br />

aujourd’hui entre : (1) les groupes formés historiquement autour<br />

<strong>des</strong> métiers de l’eau (les 3 français), spécialistes de la <strong>gestion</strong><br />

déléguée ; (2) les groupes privés propriétaires de leurs<br />

infrastructures (BOT : Build, Operate and Transfer), qui<br />

concernent en général une installation spécifique <strong>et</strong> rarement<br />

un système compl<strong>et</strong> ; (3) les entreprises municipales vendant<br />

leur savoir-faire via <strong>des</strong> filiales spécialisées aujourd’hui<br />

dominées par les majors comme Vivendi <strong>et</strong> Suez-Lyonnaise ; (4)<br />

les grands groupes électriques dont on parle moins mais dont<br />

le poids est largement à l’échelle <strong>des</strong> majors cités<br />

précédemment.<br />

Dans ce contexte économique, la concurrence internationale<br />

porte tout à la fois sur le modèle d’organisation institutionnelle<br />

(<strong>gestion</strong> déléguée par contrat, privatisation, système<br />

d’économie mixte) <strong>et</strong> sur les marchés étroitement liés au choix<br />

d’organisation institutionnelle <strong>des</strong> pays. L’enjeu économique de<br />

ces choix oriente significativement les choix de financement<br />

<strong>des</strong> institutions internationales qui en général privilégient le<br />

financement d’investissements <strong>et</strong> d’équipements nouveaux<br />

alors que l’effort devrait être porté davantage sur l’amélioration<br />

<strong>et</strong> la modernisation <strong>des</strong> services existants, ce que la <strong>gestion</strong><br />

déléguée perm<strong>et</strong> de faire. (D’après Roche, 2000).<br />

________________________________________________ 54 _________________________________________________


On ne peut aborder la coopération entre institutions <strong>et</strong> le partenariat sans évoquer le<br />

cas <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins internationaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> mers régionales. Si les configurations<br />

géographiques <strong>du</strong> partage <strong>des</strong> eaux se posent de manière très différente dans les deux<br />

cas (les pays qui partagent un <strong>bas</strong>sin fluvial sont en général traversés par le fleuve<br />

concerné ou frontaliers avec lui ; les pays qui partagent une mer régionale sont situés<br />

autour de c<strong>et</strong>te mer, à l’exception <strong>des</strong> Etats insulaires), les montages de coopération<br />

internationale sont très proches. En général, tout commence par une coopération<br />

technique de faible envergure qui vise un échange ou une collecte conjointe de<br />

données. A mesure que la confiance mutuelle s’installe, <strong>et</strong> parfois sous la pression<br />

d’évènements majeurs <strong>du</strong>s à <strong>des</strong> pollutions chroniques (eutrophisation) ou accidentelles<br />

(marée noire) aux eff<strong>et</strong>s désastreux pour tout le monde, la coopération s’accroît pour<br />

déboucher sur <strong>des</strong> accords ou conventions régionales, <strong>bas</strong>és sur l’engagement<br />

volontaire (non obligatoire) <strong>des</strong> pays.<br />

En théorie, la plupart de ces conventions visent à présent le développement <strong>du</strong>rable <strong>des</strong><br />

milieux concernés mais en pratique, leurs actions portent plutôt sur <strong>des</strong> domaines<br />

particuliers comme l’hydroélectricité, la navigation ou encore la qualité <strong>des</strong> eaux. C’est<br />

sur ce dernier thème qu’il pourrait se développer <strong>des</strong> liens forts entre structures<br />

internationales amont <strong>et</strong> aval, notamment entre <strong>des</strong> Organisations Régionales de Bassin<br />

(ORB) rénovées <strong>et</strong> les Secrétariats techniques <strong>des</strong> Conventions Mers Régionales. La<br />

notion de Grands Ecosystèmes Marins (Large Marine Ecosystems) pourrait dans<br />

certains cas représenter une échelle intermédiaire appropriée pour l’analyse <strong>des</strong> apports<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s d’un grand fleuve, mais leur définition réelle reste floue dans bien <strong>des</strong><br />

régions <strong>du</strong> monde (Cf. la liste <strong>des</strong> régions GIWA en Annexe 1).<br />

4.4. La participation <strong>du</strong> public<br />

La participation <strong>du</strong> public perm<strong>et</strong> d’identifier les besoins <strong>et</strong> les préoccupations de tous<br />

les usages de l’eau <strong>et</strong> d’engager un processus d’appropriation <strong>du</strong> contenu même de la<br />

planification. Si tout le monde est aujourd’hui d’accord sur ce principe (<strong>et</strong> effectivement<br />

tous les proj<strong>et</strong>s le m<strong>et</strong>tent en avant), encore faudrait-il considérer ses différents degrés<br />

de mise en œuvre concrète (Donaldson in Burton, 2001) :<br />

- l’é<strong>du</strong>cation : très peu de liens existent entre les programmes d’é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> la mise<br />

en œuvre <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s à caractère très transversal comme la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong><br />

<strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> zones côtières ;<br />

- l’information : l’information est en général fragmentaire ; elle porte sur <strong>des</strong> enjeux<br />

particuliers comme la conservation de l’eau <strong>et</strong> la protection <strong>des</strong> habitats ; elle est la<br />

plupart <strong>du</strong> temps développée <strong>et</strong> diffusée sans aucune intervention <strong>du</strong> public sur le<br />

contenu <strong>et</strong> la décision de pro<strong>du</strong>ire le document ;<br />

- la rétroaction <strong>du</strong> public sur l’information : la décision est prise mais le document<br />

(la décision ou le plan d’action) est soumis au public pour commentaires ; c’est en<br />

général lorsque <strong>des</strong> experts ou <strong>des</strong> élus ont discuté <strong>et</strong> adopté une politique qu’ils<br />

veulent obtenir la réaction <strong>du</strong> public sur leur décision ; il peut ou non y avoir<br />

engagement formel <strong>du</strong> promoteur à tenir compte <strong>des</strong> commentaires reçus ;<br />

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- la consultation publique : il s’agit de la procé<strong>du</strong>re (légale ou non) d’étude d’impact<br />

environnemental où la consultation <strong>du</strong> public est exigée ; mais, il convient de<br />

rappeler qu’en général, le public n’est informé de la proposition que bien après les<br />

étapes de définition <strong>et</strong> de conceptualisation ; le processus est réactif <strong>et</strong> conflictuel<br />

par nature, puisque le public est appelé à réagir à la proposition dans un mode où<br />

souvent seule la critique est possible ; pour pallier ce défaut majeur, on peut avoir<br />

recours à <strong>des</strong> comités consultatifs publics, ce qui ne garantit toujours pas que le<br />

public puisse partager la responsabilité ou la propriété <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> puisque le besoin a<br />

été établi sans lui <strong>et</strong> que la mise en œuvre pourra se faire sans son implication ;<br />

- la planification conjointe, reconnaît le droit <strong>des</strong> parties intéressées d’être à la table<br />

de prise de décision ; on est dans le cas de la démarche de <strong>gestion</strong> intégrée, où le<br />

processus démarre dès le début de l’étape de définition <strong>du</strong> besoin <strong>et</strong> de conception<br />

<strong>du</strong> proj<strong>et</strong> ; le groupe devient le promoteur <strong>et</strong> le champion <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, ce qui le<br />

responsabilise <strong>et</strong> lui donne un sentiment d’appropriation ;<br />

La participation <strong>du</strong> public comme moyen de développement de la collectivité est<br />

associée de près à la décentralisation <strong>et</strong> au développement <strong>des</strong> collectivités territoriales<br />

pour la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> biens communs (l’eau, le domaine public maritime). Le but est<br />

d’accroître les capacités de ces collectivités afin qu’elles puissent s’impliquer<br />

significativement dans la <strong>gestion</strong> <strong>et</strong> la prise de décision. La démocratie représentative<br />

s’appuie de plus en plus sur <strong>des</strong> formes de démocratie participative dans laquelle les<br />

indivi<strong>du</strong>s en tant que citoyens <strong>et</strong> partie prenante d’un territoire, s’impliquent ou<br />

demandent à s’impliquer davantage dans les processus de prise de décision. Ainsi,<br />

l’article 14 de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau impose une participation active<br />

<strong>du</strong> public allant bien au-delà de l’information <strong>du</strong> public pratiquée dans le cadre de la loi<br />

sur l’eau française de 1992.<br />

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5. DEFINITION DES CRITERES D’EVALUATION<br />

Sur la <strong>bas</strong>e <strong>du</strong> développement qui précède, il s’agit de construire un système simple de<br />

critères d’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s qui à la fois doit correspondre aux critères d’éligibilité <strong>du</strong><br />

<strong>FFEM</strong> <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre l’élargissement <strong>du</strong> champ d’intervention de sa thématique Eaux<br />

internationales dans une démarche d’apprentissage de la synergie entre développement<br />

local <strong>et</strong> environnement mondial.<br />

Rappelons les principaux critères d’éligibilité <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s soumis au <strong>FFEM</strong> : le proj<strong>et</strong> doit<br />

contribuer au développement <strong>du</strong> pays ou de la région, il doit comporter un enjeu<br />

d’environnement mondial, être novateur par rapport aux approches classiques, <strong>et</strong> être<br />

susceptible de repro<strong>du</strong>ctibilité. Dans le cas de la <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> zones côtières pour la protection <strong>des</strong> eaux internationales (type de proj<strong>et</strong> à très forte<br />

multi-fonctionnalité), le critère de repro<strong>du</strong>ctibilité 5 paraît particulièrement fondamental<br />

puisque c’est lui qui va perm<strong>et</strong>tre d’apprécier la capacité <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre en œuvre<br />

<strong>des</strong> pratiques de <strong>gestion</strong> intégrée (connaissance, partenariat, participation) qui soit<br />

transposables à d’autres unités géographiques <strong>et</strong> ainsi, de proche en proche, créer les<br />

conditions d’une <strong>gestion</strong> cohérente <strong>des</strong> grands ensembles régionaux.<br />

Le point de départ doit être les thématiques proposées comme prioritaires pour le<br />

<strong>FFEM</strong>, sous son vol<strong>et</strong> « Eaux internationales », à savoir (cf. chapitre 4.1) :<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> altérations physiques <strong>et</strong> biologiques <strong>des</strong> habitats <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

écosystèmes ;<br />

- la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> apports, en particulier les changements de débits <strong>et</strong> de régimes<br />

(déplacement de la salinité, creusement, comblement), les rej<strong>et</strong>s d’eaux usées<br />

(domestiques <strong>et</strong> in<strong>du</strong>strielles) <strong>et</strong> les surcharges en nutriments ;<br />

- la <strong>gestion</strong> de la mobilisation <strong>des</strong> sédiments.<br />

En terme d’impacts, les enjeux principaux sont :<br />

la qualité <strong>des</strong> écosystèmes <strong>et</strong> <strong>des</strong> ressources naturelles (renouvelables <strong>et</strong> non<br />

renouvelables),<br />

la <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> développement économique <strong>et</strong> social,<br />

la santé publique <strong>et</strong>, dans une moindre mesure, la sécurité alimentaire.<br />

5 Selon le Conseil scientifique <strong>et</strong> technique <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>, la repro<strong>du</strong>ctibilité « signifie que le proj<strong>et</strong> doit être l’initiateur de<br />

nouvelles pratiques <strong>et</strong> que son objectif est par conséquent de tester sur tous les plans, de la technique à l’économie <strong>et</strong> à<br />

l’acceptabilité sociale, les conditions dans lesquelles il pourra être généralisé <strong>et</strong> pris en charge normalement par le<br />

marché ».<br />

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En référence à ces thèmes <strong>et</strong> enjeux prioritaires, on peut alors tenter de définir plus<br />

avant les conditions qu’un proj<strong>et</strong> doit réunir pour garantir ses capacités de<br />

repro<strong>du</strong>ctibilité. Nous proposons ainsi cinq types génériques de capacité que nous<br />

appellerons les « piliers » de repro<strong>du</strong>ctibilité d’un proj<strong>et</strong> :<br />

• Pilier 1 – la capacité d’apprentissage par l’é<strong>du</strong>cation, la formation, la prise de<br />

conscience <strong>des</strong> enjeux, <strong>et</strong> le partage <strong>des</strong> résultats entre les acteurs <strong>du</strong><br />

développement socio-économique <strong>et</strong> de la protection environnementale sur un<br />

territoire intégrant <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone côtière.<br />

• Pilier 2 – la capacité de décrire <strong>et</strong> de mesurer les mécanismes qui régissent les<br />

fonctions naturelles <strong>des</strong> écosystèmes terrestres <strong>et</strong> côtiers <strong>et</strong> les interactions entre<br />

milieux <strong>et</strong> activités humaines, <strong>et</strong> de disséminer les connaissances vers les utilisateurs<br />

(décideurs <strong>et</strong> usagers).<br />

• Pilier 3 – la capacité de créer les conditions juridiques <strong>et</strong> institutionnelles ainsi que<br />

les partenariats nécessaires à la <strong>gestion</strong> <strong>du</strong>rable d’un système complexe (au-delà de<br />

la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>).<br />

• Pilier 4 – la capacité de fourniture de services, d’infrastructures <strong>et</strong> de pro<strong>du</strong>its pour<br />

un développement équilibré entre zone côtière <strong>et</strong> <strong>bas</strong>sin versant, aux niveaux local <strong>et</strong><br />

national.<br />

• Pilier 5 – la capacité de prendre en compte l’existant <strong>et</strong> de susciter les conditions<br />

politiques, juridiques <strong>et</strong> institutionnelles favorables aux emboîtements d’échelle dans<br />

le cadre <strong>des</strong> arrangements nationaux <strong>et</strong> internationaux existants.<br />

Le développement <strong>des</strong> capacités repose sur l’identification <strong>des</strong> besoins en matière<br />

d’é<strong>du</strong>cation, d’information, de technologies, de méthodologies, de cadres institutionnels,<br />

de services <strong>et</strong> d’intégration politique, <strong>et</strong> les moyens mobilisés pour y répondre. Les<br />

processus qui sous-tendent la formation de ces capacités étant complexes, il convient<br />

d’en simplifier l’évaluation selon un certain nombre d’objectifs (indicateurs) propres à<br />

chacun <strong>des</strong> piliers :<br />

• Pilier 1 - L’objectif est ici la mise en œuvre <strong>des</strong> processus d’apprentissage pour<br />

renforcer les capacités humaines, en s’assurant que les principaux acteurs pourraient<br />

acquérir <strong>et</strong> partager un niveau de connaissance <strong>et</strong> de technicité suffisant pour<br />

perm<strong>et</strong>tre le développement <strong>des</strong> quatre autres piliers, plus particulièrement :<br />

- l’information <strong>et</strong> la participation croisées <strong>des</strong> différents groupes d’intérêt dans le<br />

processus de construction <strong>des</strong> chaînes de cause à eff<strong>et</strong> sur une ou plusieurs <strong>des</strong><br />

thématiques prioritaires (altérations physiques <strong>des</strong> écosystèmes, eaux usées,<br />

nutriments, mobilisation <strong>des</strong> sédiments) ;<br />

- l’existence, la qualité <strong>et</strong> les domaines d’é<strong>du</strong>cation nécessaire au soutien à moyen<br />

<strong>et</strong> long terme <strong>des</strong> processus de <strong>gestion</strong> correspondants ;<br />

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- le développement de la formation technique en fonction <strong>des</strong> forces <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

faiblesses de l’existant ;<br />

- le développement de la formation <strong>des</strong> <strong>gestion</strong>naires <strong>et</strong> <strong>des</strong> opérateurs locaux ;<br />

- le partage de l’information entre les communautés ou groupes d’intérêt, plus<br />

particulièrement entre les deux systèmes zone côtière <strong>et</strong> <strong>bas</strong>sin versant, <strong>et</strong> avec<br />

les autres zones jouxtant ou extérieures à celle couverte par le proj<strong>et</strong>.<br />

• Pilier 2 - L’objectif ici n’est pas d’avoir une approche tout azimut, mais de<br />

développer les connaissances strictement nécessaires à la résolution <strong>des</strong> problèmes<br />

prioritaires sur un espace aux interactions particulièrement complexes (<strong>bas</strong>sin<br />

versant-zone côtière). Il s’agit de s’appuyer sur un « collectif »<br />

(scientifiques/<strong>gestion</strong>naires) qui ait une vision d’ensemble <strong>des</strong> différents territoires qui<br />

compose c<strong>et</strong> espace complexe, notamment à travers :<br />

- la promotion de la recherche interdisciplinaire (sciences de la nature <strong>et</strong><br />

sciences sociales) <strong>et</strong> <strong>des</strong> activités de surveillance pour la connaissance <strong>et</strong> le suivi<br />

<strong>des</strong> dynamiques propres aux écosystèmes terrestres <strong>et</strong> côtiers, <strong>des</strong> impacts <strong>des</strong><br />

activités humaines qu’ils subissent, <strong>et</strong> <strong>des</strong> réponses pour remédier à ces impacts<br />

(ex : mise en correspondance qualité rivières – eaux côtières, intégration <strong>des</strong><br />

expertises hydrologie-océanographie côtière-géographie humaine) ;<br />

- la pro<strong>du</strong>ction de l’information nécessaire <strong>et</strong> utile par rapport aux thématiques<br />

prioritaires, son accessibilité, sa qualité <strong>et</strong> sa normalisation pour qu’elle puisse être<br />

comparée <strong>et</strong> regroupée au sein d’entités géographiques plus larges, sur <strong>des</strong><br />

problèmes communs ;<br />

- la dissémination de l’information, de manière à ce que les acteurs (décideurs,<br />

<strong>gestion</strong>naires, usagers) <strong>des</strong> deux systèmes, zone côtière <strong>et</strong> <strong>bas</strong>sin versant, aient<br />

le même niveau d’information par rapport à <strong>des</strong> espaces qui peuvent se situer en<br />

amont ou en aval <strong>du</strong> territoire où ils se trouvent, <strong>et</strong> rapprochent ainsi<br />

progressivement leurs représentations respectives <strong>du</strong> système <strong>bas</strong>sin versantzone<br />

côtière ;<br />

- les outils <strong>et</strong> les technologies au service de la collecte, <strong>du</strong> traitement <strong>et</strong> de<br />

l’utilisation <strong>des</strong> données pour l’identification <strong>des</strong> priorités (scénarios) d’actions <strong>et</strong><br />

de prise de décision, <strong>et</strong> leur compatibilité avec les autres systèmes existants.<br />

• Pilier 3 – L’objectif est d’évaluer la capacité locale <strong>et</strong> nationale de m<strong>et</strong>tre en place<br />

<strong>des</strong> politiques, <strong>des</strong> dispositifs juridiques <strong>et</strong> <strong>des</strong> mécanismes institutionnels<br />

performants, incluant la participation <strong>des</strong> acteurs <strong>et</strong> la négociation <strong>des</strong> partenariats,<br />

notamment :<br />

- la compatibilité <strong>des</strong> dispositifs juridiques régissant les cativités sur le <strong>bas</strong>sin<br />

versant <strong>et</strong> dans la zone côtière ;<br />

________________________________________________ 59 _________________________________________________


- l’aptitude <strong>et</strong> l’efficacité <strong>des</strong> cadres institutionnels locaux, provinciaux (régionaux)<br />

dans l’élaboration <strong>des</strong> politiques, la négociation <strong>des</strong> accords <strong>et</strong> la mise en œuvre<br />

<strong>des</strong> plans d’action, ainsi que la coordination possible entre les cadres<br />

institutionnels propres au <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> à la zone côtière (problème de<br />

continuité avec la <strong>gestion</strong> <strong>du</strong> domaine public maritime) ;<br />

- les formes de la participation (outils, approches) perm<strong>et</strong>tant aux acteurs de<br />

s’engager dans le processus de planification <strong>et</strong> de prise de décision ;<br />

- la place faite aux instruments économiques en terme d’identification <strong>des</strong><br />

besoins, de leur utilisation <strong>et</strong> de leur rôle d’incitation ;<br />

- les formes de partenariat envisagées <strong>et</strong> leur efficacité entre les différents groupes<br />

d’intérêt, particulièrement pour les activités amont qui ont un impact sur les<br />

activités aval (ex : forestiers-agriculteurs-pêcheurs-aquaculteurs).<br />

• Pilier 4 - Large regroupement qui peut concerner les infrastructures pour la collecte<br />

<strong>des</strong> eaux usées, leur traitement, la fourniture d’eau d’irrigation, d’eau potable, les<br />

réservoirs ou encore tous les services afférant à l’usage <strong>des</strong> ressources<br />

renouvelables. Ces aménagements pour le développement supposent l’existence de<br />

programmes d’investissement <strong>et</strong> pose la question de la pérennisation <strong>des</strong><br />

financements, qu’il s’agisse :<br />

- <strong>du</strong> secteur public, aux niveaux local, régional <strong>et</strong> national, ce qui est disponible <strong>et</strong><br />

les besoins identifiés ;<br />

- <strong>du</strong> secteur privé, les pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> services disponibles <strong>et</strong> les potentialités de<br />

développement selon les stratégies à l’œuvre ;<br />

- de manière générale, les programmes d’investissements, qui devraient être<br />

moteurs pour <strong>des</strong> partenariats public-privé mis en œuvre de manière coordonnée<br />

<strong>et</strong> sur <strong>des</strong> objectifs complémentaires entre l’amont <strong>et</strong> l’aval ;<br />

- les mécanismes de financement locaux <strong>et</strong> régionaux qui vont perm<strong>et</strong>tre<br />

d’assurer la pérennité <strong>des</strong> infrastructures <strong>et</strong> <strong>des</strong> services mis en place, ainsi que<br />

de leur bon fonctionnement.<br />

• Pilier 5 - L’objectif est ici, à partir de la connaissance <strong>du</strong> contexte politique,<br />

juridique <strong>et</strong> institutionnel existant, de contribuer à travers le proj<strong>et</strong> à créer les<br />

conditions de mise en compatibilité <strong>des</strong> dispositifs propres à chacun <strong>des</strong> territoires,<br />

non seulement dans la zone couverte par le proj<strong>et</strong> mais au-delà, pour étendre<br />

l’impact <strong>des</strong> résultats à <strong>des</strong> ensembles plus vastes, <strong>et</strong> ainsi pouvoir aborder les<br />

thématiques prioritaires de manière régionale puis globale, plus particulièrement :<br />

- pour ce qui est <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> <strong>des</strong> arrangements nationaux <strong>et</strong><br />

internationaux dont il relève effectivement ou pourrait relever, en tant que<br />

composante d’une grande unité régionale (<strong>bas</strong>sin national ou international dans le<br />

cas <strong>des</strong> grands fleuves) ;<br />

________________________________________________ 60 _________________________________________________


- pour ce qui est <strong>du</strong> milieu récepteur ou zone côtière correspondante, <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

arrangements nationaux <strong>et</strong> internationaux dont elle relève effectivement ou<br />

pourrait relever, en tant que partie d’une mer régionale ;<br />

- en envisageant la mise en cohérence <strong>des</strong> deux systèmes politique-juridiqueinstitutionnel<br />

(<strong>bas</strong>sin versant / zone côtière) sur la <strong>bas</strong>e de thématiques prioritaires<br />

<strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> (altérations physiques <strong>des</strong> écosystèmes, eaux usées, nutriments,<br />

mobilisation <strong>des</strong> sédiments).<br />

Les cinq piliers sont ainsi constitués d’un certain nombre d’objectifs se rapportant aux<br />

quatre thématiques prioritaires <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> telles que mentionnées plus haut. Ces objectifs<br />

sont aisément transposables en indicateurs utiles à une sélection de départ mais<br />

également pour le suivi même <strong>et</strong> l’évaluation <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s. Sur c<strong>et</strong>te <strong>bas</strong>e, il serait<br />

demandé aux promoteurs <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, au cours <strong>des</strong> principales étapes de développement<br />

de ce dernier, d’examiner dans quelle mesure le proj<strong>et</strong> a permis de développer les<br />

capacités en terme :<br />

- de niveau d’information, d’appropriation <strong>et</strong> d’engagement <strong>des</strong> citoyens pour une<br />

<strong>gestion</strong> <strong>du</strong>rable <strong>des</strong> ressources <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin versant jusqu’aux milieux côtiers ;<br />

- de ressources humaines effectivement disponibles, par l’é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> la formation<br />

aux principes <strong>et</strong> aux pratiques d’une <strong>gestion</strong> intégrée pour le développement <strong>du</strong>rable<br />

;<br />

- de ressources financières nécessaires au développement <strong>des</strong> actions <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

opérations d’investissement ;<br />

- d’engagement <strong>du</strong>rable <strong>du</strong> système politique, juridique <strong>et</strong> institutionnel vers le<br />

développement <strong>du</strong>rable <strong>et</strong> concerté <strong>des</strong> territoires ;<br />

- d’engagement <strong>des</strong> institutions internationales pour le développement <strong>des</strong> cadres de<br />

coopération nécessaires entre les pays <strong>et</strong> dans le respect <strong>des</strong> conventions<br />

internationales.<br />

C<strong>et</strong>te approche a aussi l’intérêt de perm<strong>et</strong>tre l’analyse comparée <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s selon la<br />

grille récapitulative qui suit .<br />

________________________________________________ 61 _________________________________________________


Tableau 3 : Les cinq piliers de repro<strong>du</strong>ctibilité d’un<br />

proj<strong>et</strong> intégrant <strong>bas</strong>sin versant <strong>et</strong> zone côtière.<br />

THEMATIQUES PRIORITAIRES<br />

Altérations physiques <strong>et</strong> biologiques - Apports -Mobilisation <strong>des</strong> sédiments<br />

Pilier 1 Pilier 2 Pilier 3 Pilier 4 Pilier 5<br />

Processus<br />

d’apprentissage<br />

Information<br />

E<strong>du</strong>cation<br />

Formation<br />

technique<br />

Formation<br />

<strong>gestion</strong>naires<br />

Partage de<br />

l’information<br />

Communication<br />

Développement<br />

<strong>et</strong><br />

dissémination<br />

<strong>des</strong><br />

connaissances<br />

Recherche<br />

interdisciplinaire<br />

Surveillance<br />

Pro<strong>du</strong>ction de<br />

l’information<br />

Dissémination de<br />

l’information <strong>et</strong><br />

représentation<br />

Outils <strong>et</strong><br />

technologies<br />

Adaptation aux<br />

cadres<br />

politique,<br />

juridique <strong>et</strong><br />

institutionnel<br />

Dispositifs<br />

juridiques<br />

Cadres<br />

institutionnels<br />

Participation<br />

Instruments<br />

économiques<br />

Partenariat<br />

Développement<br />

<strong>des</strong><br />

infrastructures <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> services<br />

Secteur public<br />

Secteur privé<br />

Programmes<br />

d’investissements<br />

Mécanismes de<br />

financement<br />

Extension par<br />

emboîtement<br />

d’échelles<br />

Bassin versant<br />

Zone côtière<br />

Mise en cohérence<br />

Ces critères d’évaluation ne doivent pas être considérés de manière absolue mais<br />

relativement à la ou les problématiques prioritaires <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, qui doivent elles-mêmes<br />

relever <strong>des</strong> thématiques prioritaires <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong>. Il est proposé d’attribuer une valeur à<br />

chacun <strong>des</strong> indicateurs <strong>du</strong> tableau 3 (sous chacun <strong>des</strong> piliers) sur la <strong>bas</strong>e d’une notation<br />

ternaire (1 à 3 ; faible, moyen, fort) qui perm<strong>et</strong>te ensuite de pondérer les moyennes.<br />

Bien évidemment, l’application <strong>des</strong> critères d’évaluation sur un proj<strong>et</strong> qui n’a pas encore<br />

démarré portera essentiellement sur les potentialités estimées de mise en œuvre de la<br />

construction <strong>des</strong> cinq piliers de sa repro<strong>du</strong>ctibilité. Ces potentialités peuvent être<br />

estimées d’après la présentation <strong>du</strong> contexte, <strong>des</strong> objectifs <strong>et</strong> <strong>des</strong> activités qui sont<br />

décrits dans la fiche d’identification <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>.<br />

L’estimation peut être complétée par un certain nombre de questions adressées aux<br />

auteurs <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, sur la <strong>bas</strong>e <strong>des</strong> indicateurs proposés sous chacun <strong>des</strong> piliers. Ce sont<br />

en eff<strong>et</strong> ces indicateurs, adaptés au contexte <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> (leur liste n’a pas la prétention<br />

d’être exhaustive), qui perm<strong>et</strong>tront de donner une valeur indicielle à chacun <strong>des</strong> piliers<br />

de repro<strong>du</strong>ctibilité <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>, plus particulièrement à l’issue de la phase de préparation<br />

<strong>du</strong> proj<strong>et</strong>.<br />

________________________________________________ 62 _________________________________________________


6. EXEMPLE D’APPLICATION<br />

L’exemple d’application qui suit porte sur un proj<strong>et</strong> soumis au Comité de Pilotage <strong>du</strong><br />

<strong>FFEM</strong> <strong>du</strong> 26 mars 2004 <strong>et</strong> qui a <strong>et</strong>e r<strong>et</strong>enu depuis : Gestion <strong>des</strong> écosystèmes fluviolacustres<br />

<strong>du</strong> Rio Magdalena, Colombie<br />

Pilier 1<br />

E<strong>du</strong>cation/Formation<br />

Information 2,2<br />

E<strong>du</strong>cation 1<br />

Formation technique 3<br />

Formation <strong>gestion</strong> 2<br />

Partage information 1,4<br />

TOTAL<br />

RECAPITULATIF*<br />

Thématique principale : Lutte contre l’érosion<br />

<strong>et</strong> atténuation de ses impacts<br />

Pilier 2<br />

Connaissance<br />

Interdisciplinarité 2<br />

Pro<strong>du</strong>ction/Info. 2,2<br />

Outils <strong>et</strong><br />

Technologie 3<br />

Pilier 3<br />

Gouvernance<br />

Cadre institutionnel<br />

2<br />

Participation 1,3<br />

Instruments<br />

réglementaires<br />

<strong>et</strong> économiques 1<br />

Partenariat 3<br />

Pilier 4<br />

Services<br />

Secteur<br />

public 3<br />

Secteur<br />

privé 3<br />

Pilier 5<br />

Coordination<br />

Bassin/Mer<br />

Bassins<br />

versants 3<br />

Zone<br />

côtière 1<br />

Mise en cohérence<br />

2<br />

2 2,4 1,9 3 2<br />

* Le détail de la démarche est donné plus loin (Valeur minimale : 0 – Valeur maximale : 3)<br />

Commentaires généraux :<br />

o La thématique centrale fait partie <strong>des</strong> thématiques prioritaires « Eaux<br />

internationales » <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> (cf. page 33 de ce document).<br />

o La moyenne <strong>des</strong> indices (score 2,3) va dans le sens d’un proj<strong>et</strong> pertinent dans le<br />

cadre de la problématique <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> sur Gestion intégrée <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> zones côtières, en termes d’identification préliminaire <strong>du</strong> contexte, de<br />

caractérisation de la problématique choisie (érosion <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s), d’identification <strong>du</strong><br />

cadre territorial, <strong>et</strong> de définition <strong>des</strong> objectifs.<br />

o L’analyse doit porter sur l’ensemble <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> qui est supposé former un ensemble<br />

cohérent, <strong>et</strong> non pas sur chacun de ses objectifs <strong>et</strong> de ses composantes.<br />

o Les piliers portant la Gouvernance (score 1,9), la coordination inter <strong>bas</strong>sins versants<br />

<strong>et</strong> mer côtière (score 2), <strong>et</strong> l’ E<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> la formation (score 2) sont les plus faibles.<br />

________________________________________________ 63 _________________________________________________


o Le proj<strong>et</strong> a de soli<strong>des</strong> appuis en termes de pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> connaissances (score 2,4)<br />

<strong>et</strong> de coordination avec les agences publiques <strong>et</strong> privées pro<strong>du</strong>ctrices de services<br />

(score 3).<br />

Gouvernance :<br />

o On note un écart qui pourrait être significatif entre le libellé de l’Objectif 2 qui parle<br />

de « Stratégie » (au sens d’une ensemble cohérent de politiques, d’instruments <strong>et</strong><br />

d’acteurs) <strong>et</strong> la Composante 2 qui ne parle plus que d’ « outils <strong>et</strong> de métho<strong>des</strong> » de<br />

<strong>gestion</strong> de BV.<br />

o Il conviendra particulièrement de porter l’attention sur les capacités <strong>et</strong> les conditions<br />

d’amélioration de la gouvernance pour garantir la pérennité. Par exemple, dans la<br />

brève <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> institutions, il n’est strictement rien dit à propos <strong>des</strong> CARs, les<br />

Corporations Autonomes Régionales qui ont pour mandat de m<strong>et</strong>tre en œuvre la<br />

politique <strong>du</strong> Ministère de l’Environnement. Plus inquiétant, il est dit en <strong>des</strong>sous <strong>des</strong><br />

Risques <strong>et</strong> Conditionnalités (page 32) que les « CARs pourront connaître <strong>des</strong><br />

fortunes diverses ».<br />

o La participation n’est pas garantie si le Comité <strong>du</strong> pilotage <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> n’a aucune<br />

représentation locale en son sein. Les CARs ne devraient-ils pas en faire partie ?<br />

o Malgré la présence <strong>et</strong> le rôle de CORMAGDALENA, il manque un comité technique<br />

dans le montage institutionnel qui perm<strong>et</strong>trait de faire la coordination technique entre<br />

organisations intervenantes <strong>et</strong> de faire participer les groupes d’acteurs concernés.<br />

Ce ou ces groupes techniques pourraient être sous la coordination <strong>des</strong> CARs<br />

puisqu’il est dit qu’ils assureront la maîtrise d’œuvre.<br />

o Les conditions de la participation (score 1,3) ne semblent pas réunis ou tout <strong>du</strong><br />

moins ne sont pas exposées clairement, qu’il s’agisse de l’identification <strong>des</strong> groupes<br />

d’intérêt, de la connaissance de leurs comportements, ou de leur information.<br />

o Pratiquement aucune mention n’est faite <strong>des</strong> instruments réglementaires <strong>et</strong><br />

économiques (score 1). Si l’on compte se reposer sur la garantie de fonctionnement<br />

que semble représenter CORMAGDALENA, il conviendrait de faire une analyse<br />

plus approfondie <strong>des</strong> forces <strong>et</strong> faiblesses de l’institution.<br />

Coordination inter <strong>bas</strong>sins versants <strong>et</strong> mer côtière :<br />

o Si la coordination inter <strong>bas</strong>sins versants semblent assurer grâce à la participation<br />

<strong>des</strong> institutions clé <strong>et</strong> la mise en œuvre <strong>des</strong> mécanismes institutionnels existants, il<br />

n’en va pas de même avec la mer côtière bien qu’il soit fait rapidement mention de la<br />

Convention de Carthagène.<br />

o La mise en cohérence de la <strong>gestion</strong> Bassin versant / Mer côtière nécessite de mieux<br />

identifier les institutions nationales en charge <strong>du</strong> suivi de la Convention de<br />

Carthagène <strong>et</strong> la coordination existante ou non avec le Schéma Directeur<br />

d’aménagement <strong>du</strong> <strong>bas</strong>sin.<br />

________________________________________________ 64 _________________________________________________


E<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> Formation :<br />

o La faiblesse apparente <strong>des</strong> conditions de la participation (cf. Pilier Gouvernance) se<br />

reflète dans l’imprécision <strong>du</strong> système d’information <strong>et</strong> la faiblesse <strong>du</strong> partage de<br />

l’information qui s’en suit, le dispositif décrit très succinctement sous la Conclusion<br />

<strong>du</strong> diagnostic (page 18 : « brochure <strong>et</strong> séminaire spécifique ») ne paraissant pas à la<br />

hauteur <strong>des</strong> ambitions dans ce domaine.<br />

o Bien que la formation apparaissent tout <strong>du</strong> long <strong>du</strong> calendrier prévisionnel <strong>du</strong> proj<strong>et</strong>,<br />

aucune précision n’est donnée sur sa nature <strong>et</strong> sur les groupes bénéficiaires.<br />

Connaissances :<br />

o Les outils <strong>et</strong> les métho<strong>des</strong> de diagnostic sont présentés de manière clairs, prennent<br />

en compte l’existant <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent en jeu les organisations clé dans le domaine.<br />

o A la critique <strong>du</strong> Comité Scientifique <strong>et</strong> Technique <strong>du</strong> <strong>FFEM</strong> sur l’ambition de la<br />

modélisation, les auteurs répondent clairement sur les objectifs limités d’une telle<br />

modélisation.<br />

o La <strong>des</strong>cription de l’intégration <strong>des</strong> résultats dans un système d’information qui soit<br />

ensuite communicable aux décideurs <strong>et</strong> acteurs est par contre quasiment absente.<br />

o Enfin, l’interdisciplinarité a un score relativement faible <strong>du</strong> fait de la quasi absence<br />

<strong>des</strong> outils <strong>et</strong> techniques de l’observation sociale pour la promotion de la participation<br />

(Pilier Gouvernance).<br />

Services :<br />

o La capacité de fourniture de services, d’infrastructures <strong>et</strong> de pro<strong>du</strong>its pour le<br />

développement local <strong>et</strong> national semble assurer <strong>du</strong> fait de la participation<br />

d’institutions publiques dotées financièrement (CORMAGDALENA) <strong>et</strong> chargées de<br />

travaux importants (aménagement <strong>du</strong> canal <strong>du</strong> Dique) avec l’aide de partenaires<br />

privés qualifiés (Ex : Compagnie Nationale <strong>du</strong> Rhône).<br />

________________________________________________ 65 _________________________________________________


7. REFERENCES<br />

- Burton Jean : La <strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> ressources en eau par <strong>bas</strong>sin.<br />

Manuel de formation. 240p. Ed. Institut de l’énergie <strong>et</strong> de l’environnement de<br />

la Francophonie IEPF, 2001.<br />

- Conseil Mondial de l’Eau : Vision Mondiale de l’Eau – L’eau : l’affaire de<br />

tout le monde. La Haye, Hollande.<br />

- GESAMP : Protecting the Oceans from Land-<strong>bas</strong>ed Activities. Land<strong>bas</strong>ed<br />

sources and activities affecting the quality and uses of the marine,<br />

coastal and associated freshwater environment. GESAMP Reports and<br />

Studies No 71, 162 pp. 2001.<br />

- Roche Pierre-Alain : L’eau au XXIème siècle : enjeux, conflits, marché. In<br />

Ramses 2, Les gran<strong>des</strong> tendances <strong>du</strong> monde. Coordination T. de Montbrial <strong>et</strong><br />

P. Jacqu<strong>et</strong>. Ed. Dunod, 2001.<br />

- PNUE/PAM/PAP : Cadre conceptuel <strong>et</strong> directives pour la <strong>gestion</strong><br />

intégrée <strong>du</strong> <strong>littoral</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>bas</strong>sins fluviaux. Split, Programme d’actions<br />

prioritaires, 1999.<br />

- Henocque Yves, Denis Jacques : Des outils <strong>et</strong> <strong>des</strong> hommes pour une<br />

<strong>gestion</strong> intégrée <strong>des</strong> zones côtières. Guide méthodologique, Volume II.<br />

COI-UNESCO Manuels <strong>et</strong> Gui<strong>des</strong> N. 42, 2001.<br />

- International Rivers N<strong>et</strong>work : Flooding the Land, Warming the Earth.<br />

Greenhouse Gas Emissions from Dams. Report, 2002.<br />

- Humborg Christoph, Kölle Christian : Integrated coastal management<br />

from the perspective of nutrient control. Journal of Coastal Conservation<br />

5 : 135-144, 1999.<br />

- Gunderson Lance H., Holling C.S. : Panarchy, Understanding<br />

Transformations in Human and Natural Systems. Ed. Island Press, 507<br />

pp, 2002.<br />

- Académie de l’Eau : Etude comparative de la <strong>gestion</strong> par <strong>bas</strong>sin.<br />

Rapport, 1996.<br />

- Global Water Partnership : Towards Water Security : A Framework for<br />

Action. Stockholm, Suède, 2000.<br />

________________________________________________ 66 _________________________________________________


- Allan T., Mota<strong>du</strong>llah K., Hall A. : The Role of River Basin Management in<br />

the Vision Process and Framework for Action up to Now. IHP-V Technical<br />

Document in Hydrology, 31 : 127-139, 1999.<br />

- Vogt Kristiina, Gordon John, Wargo John, Vogt Daniel : Ecosystems,<br />

Balancing Science with Management. Ed. Springer, 470 pp, 1996.<br />

- Morel Marc, Andral Bruno, Berthomé Jean-Paul, Joanny Michel :<br />

Surveillance de la qualité de l’environnement <strong>littoral</strong>. Propositions pour<br />

une meilleure coordination <strong>des</strong> réseaux. Ed. IFREMER, Coll. Bilans <strong>et</strong><br />

Perspectives, 1999.<br />

- Turner R.K., Adger W.N., Lorenzoni I. : Towards Integrated Modelling<br />

and Analysis in Coastal Zones : Principles and Practices. LOICZ Reports<br />

& Studies No 11, iv + 122 pp., 1998.<br />

- Pern<strong>et</strong>ta John, Mee Laurence : GIWA, the Global International<br />

Assessment. Report, 1998.<br />

- PIGB-PMRC-France : Rencontre internationale de la recherche<br />

scientifique sur l’eff<strong>et</strong> de serre <strong>du</strong> 21 mai 2001 – Ministère de la<br />

Recherche. Textes rassemblés par F. Clin, C. Court<strong>et</strong>, R. Delmas, 2002.<br />

- Costanza R. <strong>et</strong> al. : The value of the world’s ecosystem services and<br />

natural capital. Nature, 387 : 253-260, 1997.<br />

- HCCI : Memento developpement <strong>du</strong>rable : Criteres de developpement<br />

<strong>du</strong>rable appliques aux actions de cooperation <strong>et</strong> de solidarite<br />

internationale. Haut Conseil de la Cooperation Internationale, Janvier 2005.<br />

________________________________________________ 67 _________________________________________________


8. ANNEXES<br />

Annexe 1 : Les régions géographiques <strong>du</strong> GIWA<br />

Annexe 2 : Classification <strong>des</strong> littoraux<br />

Annexe 3 : Représentation schématique <strong>du</strong> cycle<br />

évolutif <strong>des</strong> écosystèmes <strong>et</strong> de leurs quatre<br />

fonctions de contrôle (d’après Gunderson <strong>et</strong><br />

Holling, 2002).<br />

Annexe 4 : Cadre général de l‘analyse DPSIR (Forces<br />

motrices-Pression-Etat-Eff<strong>et</strong>-Réponse).<br />

D‘après le schéma <strong>des</strong> indicateurs environnementaux<br />

de l’OCDE (PNUE/PAM, 2001)<br />

________________________________________________ 68 _________________________________________________


MEGA<br />

REGION<br />

(I)ARCTIQUE<br />

(II)<br />

ATLANTIQUE<br />

NORD<br />

(III)<br />

PACIFIQUE<br />

NORD<br />

∗∗∗∗ Large Marine Ecosystem<br />

Annexe 1 : Les régions géographiques <strong>du</strong> GIWA<br />

1.Arctique<br />

SOUS-REGION MEGA<br />

REGION<br />

2. Golfe de Mexico LME ∗<br />

3. Mer Caraïbes LME<br />

4. Iles Caraïbes<br />

5. Plateau Sud-Est LME<br />

6. Plateau Nord-Est LME<br />

7. Plateau Ecossais LME<br />

8. Golfe <strong>du</strong> St. Laurent<br />

9. Plateau Terre Neuve LME<br />

10. Baie de Baffin, Mer <strong>du</strong><br />

Labrador, Archipel canadien<br />

11. Mer de Barents LME<br />

12. Mer de Norvège LME<br />

13. Plateau <strong>des</strong> Féroé<br />

14. Plateau islandais LME<br />

15. Plateau <strong>du</strong> Groenland<br />

oriental LME<br />

16. Plateau <strong>du</strong> Groenland<br />

occidental LME<br />

17. Baltique LME<br />

18. Mer <strong>du</strong> Nord LME<br />

19. Biscay Celtique LME<br />

20. Ibérique LME<br />

21. Mer Méditerranée LME<br />

22. Mer Noire LME<br />

23. Mer Caspienne<br />

24. Mer d’Aral<br />

25. Golfe d’Alaska LME<br />

26. Courant Californien LME<br />

27. Golfe de Californie LME<br />

28. Mer de Bering Ouest LME<br />

29. Mer de Bering Est LME<br />

30. Mer d’Okhotsk LME<br />

31. Courant Oyashio LME<br />

32. Courant Kuroshio LME<br />

33. Mer <strong>du</strong> Japon LME<br />

34. Mer Jaune LME<br />

35. Mer de Bohai<br />

36. Mer de Chine Est LME<br />

37. Archipel Hawaïen LME<br />

(IV)<br />

AMERIQUE<br />

DU SUD EST<br />

(V) AFRIQUE<br />

(VI) OCEAN<br />

INDIEN<br />

(VII) SUD-EST<br />

ASIE &<br />

PACIFIQUE<br />

SUD<br />

(VIII)<br />

PACIFIQUE<br />

SUD-OUEST<br />

(IX)<br />

ANTARCTIQ<br />

UE<br />

SOUS REGION<br />

38. Plateau de Patagonie LME<br />

39. Courant <strong>du</strong> Brésil LME<br />

40. Plateau Brésil Nord-Est LME<br />

40a. Brésil Nord-Est<br />

40b. Amazone<br />

41. Courant <strong>des</strong> Canaries LME<br />

42. Golfe de Guinée LME<br />

43. Lac Tchad<br />

44. Courant <strong>du</strong> Benguela LME<br />

45. Courant Agulhas LME<br />

46. Courant côtier <strong>des</strong> Somalies<br />

LME<br />

47. Lacs de la vallée <strong>du</strong> Rift,<br />

Afrique de l’Est<br />

48. Golfe d’Aden<br />

49. Mer Rouge LME<br />

50. Golfe Persique<br />

51. Jourdain (système fluvial<br />

fermé)<br />

52. Mer d’Arabie LME<br />

53. Baie <strong>du</strong> Bengal<br />

54. Mer de Chine <strong>du</strong> Sud LME<br />

55. Fleuve Mekong<br />

56. Mer <strong>des</strong> Sulu-Célèbes LME<br />

57. Mers indonésiennes LME<br />

58. Plateau Nord Australien LME<br />

59. Bassin Mer de Corail<br />

60. Grande Barrière de Corail<br />

LME<br />

61. Great Australian Bight<br />

62. P<strong>et</strong>its Etats insulaires<br />

63. Plateau Néozélandais<br />

64. Courant Humboldt LME<br />

65. Pacifique équatorial Est<br />

66. Antarctique LME<br />

________________________________________________ 69 _________________________________________________


Annexe 2 : Classification <strong>des</strong> littoraux<br />

La résistance géologique, les régimes de précipitations <strong>et</strong> de vent expliquent en<br />

grande partie la genèse <strong>du</strong> <strong>littoral</strong>. A court terme, ces paramètres peuvent être<br />

considérés comme étant stables <strong>et</strong> les formations <strong>littoral</strong>es peuvent être décrites<br />

principalement par les processus géomorpho-dynamiques. Sur <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> plus<br />

longues, les processus écologiques <strong>et</strong> biologiques prennent de l’importance,<br />

aboutissant par exemple à la formation de zones humi<strong>des</strong> <strong>et</strong> de mangroves. En<br />

milieu tropical, un processus biologique tel que la formation de récifs coralliens<br />

est directement à l’origine de la formation <strong>des</strong> plages.<br />

Il convient de mentionner enfin tous les ouvrages de protection <strong>du</strong> <strong>littoral</strong>, tels<br />

que digues, revêtements, brise-lames <strong>et</strong> digues d’estuaire ou marines, qui en<br />

certains endroits, ont complètement modifié la forme <strong>des</strong> littoraux.<br />

Sur c<strong>et</strong>te <strong>bas</strong>e, on propose la classification suivante :<br />

1. Côtes à processus géomorphologiques dominants<br />

Côtes rocheuses<br />

Falaises<br />

Plages de gal<strong>et</strong><br />

Plages de sable<br />

Laisses de vase<br />

2. Côtes à processus géomorphologiques <strong>et</strong> biologiques conjoints<br />

Dunes<br />

Marais salants<br />

Mangroves<br />

Zones humi<strong>des</strong> <strong>et</strong> lagunaires<br />

Herbiers marins<br />

3. Côte à processus biologique dominant<br />

Formation de récifs coralliens<br />

4. Côte à influence humaine dominante<br />

Digues, revêtements<br />

Brise-lames<br />

Digues d’estuaire ou marine, <strong>et</strong>c.<br />

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Annexe 3 : Représentation schématique <strong>du</strong> cycle évolutif <strong>des</strong><br />

écosystèmes <strong>et</strong> de leurs quatre fonctions de<br />

contrôle (d’après Gunderson <strong>et</strong> Holling, 2002).<br />

On a longtemps considéré que les phases successives d’un écosystème étaient<br />

contrôlées par deux fonctions : l’exploitation, pendant laquelle il y a une rapide réaction<br />

ou recolonisation d’une zone récemment impactée, <strong>et</strong> la conservation, pendant laquelle<br />

il y a lente accumulation <strong>et</strong> stockage d’énergie <strong>et</strong> de matériaux. En écologie, les espèces<br />

en phase d’exploitation sont qualifiées de stratèges r, <strong>et</strong> celles en phase de<br />

conservation, de stratèges K, où r représente le taux de croissance instantané d’une<br />

population <strong>et</strong> K, le niveau maximal atteint par une population. Les espèces de type r<br />

sont caractérisées par une propension à la dispersion extensive <strong>et</strong> une croissance<br />

rapide dans un milieu de forte compétition (que le meilleur gagne), alors que les<br />

espèces de type K tendent à avoir <strong>des</strong> taux de croissance plus lents <strong>et</strong> se développent<br />

dans un milieu plus compartimenté. Pour un économiste ou un théoricien de<br />

l’organisation, on r<strong>et</strong>rouve ces fonctions dans le marché pro<strong>du</strong>ctif pour la phase<br />

d’exploitation, <strong>et</strong> dans la hiérarchie bureaucratique pour la phase de conservation.<br />

Mais une approche écologique plus approfondie montre qu’il manque deux autres<br />

fonctions au système : celle de la libération (release) ou de la « <strong>des</strong>truction créatrice »,<br />

selon les termes d’un économiste <strong>des</strong> années 50 (Schump<strong>et</strong>er). Dans c<strong>et</strong>te phase Ω,<br />

l’accumulation de plus en plus compactée de la biomasse <strong>et</strong> <strong>des</strong> nutriments devient de<br />

plus en plus explosive jusqu’à qu’elle soit soudainement libérée par <strong>des</strong> phénomènes<br />

tels que les feux de forêt, les sécheresses, les invasions d’insectes ou un intense<br />

broutage.<br />

L’autre fonction (phase α) est celle de la réorganisation, dans laquelle le sol minimise les<br />

pertes de nutriments <strong>et</strong> les réorganise pour qu’ils redeviennent disponibles pour la<br />

phase suivante d’exploitation. Une partie de c<strong>et</strong>te réorganisation comprend l’apparition<br />

<strong>et</strong> l’expansion transitoires d’organismes opportunistes, les organismes pionniers. Ils sont<br />

le fruit de la croissance de végétaux qui ont depuis disparus, de semences stockées<br />

quelque part par le passé, <strong>et</strong> proviennent également de la dispersion de propagules<br />

endémiques <strong>et</strong> exotiques.<br />

________________________________________________ 71 _________________________________________________


La phase de réorganisation est comparable à ce qui se passe dans l’in<strong>du</strong>strie, lorsque<br />

celle-ci innove <strong>et</strong> se restructure ou dans la société, lorsque sont mis en marche <strong>des</strong><br />

processus politiques <strong>et</strong> économiques en réponse à une phase de récession ou à une<br />

transformation sociale.<br />

Si la phase omega représente la fin, elle est immédiatement suivie de la phase alpha, le<br />

commencement – une progression au moins aussi intéressante philosophiquement<br />

qu’écologiquement !<br />

Le cycle évolutif pris dans sa forme générale est une métaphore applicable à un certain<br />

nombre de systèmes, bien qu’il doive être considéré comme indicatif, indiquant plutôt<br />

<strong>des</strong> tendances avec un certain degré de prédiction aux différentes étapes. Les différents<br />

acteurs <strong>et</strong> espèces, pionniers, passeurs, chefs, révolutionnaires <strong>et</strong> leaders, peuvent en<br />

fait être présents tout au long <strong>du</strong> cycle, mais leur rôle <strong>et</strong> leur importance changent alors<br />

que leur action agit sur le cycle.<br />

Les quatre phases <strong>du</strong> cycle peuvent se superposer mais la séparation la plus n<strong>et</strong>te aura<br />

lieu entre les phases K (conservation) <strong>et</strong> Ω (libération), c’est-à-dire le glissement qui<br />

s’opère lorsqu’une région stable s’écroule ou lorsqu’une perturbation déplace les<br />

variables en un autre lieu plus stable. Cependant, même les séquences les plus<br />

prévisibles, de la phase r à la phase K, peuvent être modifiées par <strong>des</strong> évènements<br />

épisodiques ou extrêmes.<br />

Quelques exemples d’application <strong>des</strong> quatre phases<br />

<strong>du</strong> cycle évolutif (adaptatif) de Gunderson <strong>et</strong> Holling (2002)<br />

SYSTEME PHASES DU CYCLE EVOLUTIF (ADAPTATIF) RÉFÉRENCE<br />

r K Ω α<br />

Ecosystèmes exploitation conservation libération réorganisatio<br />

n<br />

Holling 1986<br />

Economie marché, monopole, <strong>des</strong>truction invention Schump<strong>et</strong>er 1950<br />

entreprise hiérarchie créatrice<br />

Organisations adhésion bureaucratie<br />

routine<br />

Institutions marché<br />

d’objectifs<br />

catalyseurs<br />

hérétiques<br />

visionnaires Westley 1995<br />

hiérarchies sectarisme isolement Thompson 1983<br />

Indivi<strong>du</strong>s sensations réflexion intuition sentiment<br />

Jung, dans Mann<br />

<strong>et</strong> al. 1976<br />

________________________________________________ 72 _________________________________________________


Les auteurs de c<strong>et</strong>te approche théorique perçoivent deux grands cadres d‘intégration: la<br />

première consiste à intégrer les dynamiques de changement dans l‘espace, <strong>du</strong> local au<br />

global en passant par le régional, <strong>et</strong> dans le temps, <strong>des</strong> mois au millénaire. On peut citer<br />

comme exemple les impacts <strong>du</strong> changement climatique sur les écosystèmes régionaux<br />

<strong>et</strong> sur la santé <strong>des</strong> populations locales ou la mondialisation économique sur l’emploi<br />

régional <strong>et</strong> l’environnement ou encore l’apparition de nouvelles maladies comme le<br />

SIDA, <strong>et</strong> leur propagation mondiale. Là encore, l’économiste dira que les systèmes<br />

sociaux, économiques <strong>et</strong> écologiques sont de plus en plus con<strong>du</strong>its par les externalités,<br />

que ce soit aux niveaux local ou régional. L‘écologiste dira, lui, que ces systèmes sont<br />

de plus en plus couplés entre eux, si bien que les processus rapi<strong>des</strong> <strong>et</strong> lents, locaux <strong>et</strong><br />

distants, ne peuvent être traités séparément.<br />

Pour étudier ces phénomènes intimement couplés dans le temps <strong>et</strong> dans l‘espace, il n‘y<br />

a pas d‘autre voie que l‘interdisciplinarité.<br />

________________________________________________ 73 _________________________________________________


Annexe 4 : Cadre général de l‘analyse DPSIR (Forces motrices-<br />

Pression-Etat-Eff<strong>et</strong>-Réponse). D‘après le schéma<br />

<strong>des</strong> indicateurs environnementaux de l’OCDE.<br />

(PNUE/PAM, 2001)<br />

________________________________________________ 74 _________________________________________________


Rédacteur : Yves Henocque, IFREMER<br />

Comité de validation scientifique <strong>et</strong><br />

technique :<br />

Patrick Le Goulven, IRD<br />

Pierre Chevallier, IRD<br />

Marcel Kuper, CIRAD<br />

André Monaco, CNRS<br />

Thierry Point<strong>et</strong>, BRGM<br />

Thierry Rieu, CEMAGREF<br />

FONDS FRANCAIS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL<br />

AGENCE FRANÇAISE DE DEVELOPPEMENT<br />

5, rue Roland Barthes – 75598 PARIS cedex 12<br />

Tél. +33 1 53 44 42 42 – Fax +33 1 53 44 32 48 - http://www.ffem.n<strong>et</strong> – Courriel : ffem@afd.fr

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