Impact de la libéralisation commerciale sur le marché du ... - Femise

4.3.2 Libéralisation commerciale et formation des salaires :
Les résultats des estimations des équations du salaire réel aussi bien au niveau global
que par catégorie de salariés sont présentés dans les tableaux 22 à 27 suivants. Ces
résultats présentent dans l’ensemble une certaine cohérence avec ceux dégagés par les
estimations des équations de demande de travail. D’abord au niveau global, les
déterminants des niveaux de salaire demeurent principalement le niveau d’activité
représenté par la production, le niveau d’emploi et la productivité. L’estimation de
l’équation de formation des salaires au niveau global fait en effet apparaître une forte
élasticité du salaire moyen par rapport au niveau de production. Le coefficient d’élasticité
correspondant est évalué à 0,19 (tableau 22 dernière colonne) dans l’équation basée sur
les données de panel FACS-ICA avec un niveau de signification statistique largement
acceptable. Un résultat similaire est obtenu concernant la productivité apparente du travail
et son incidence sur le salaire moyen avec un coefficient d’élasticité de l’ordre de 0,16
(tableau 22 dernière colonne). Il semble à la lumière de ces estimations que ces deux
variables s’accaparent l’essentiel de l’explication de la formation des salaires. La troisième
variable à prendre en considération, bien qu’à un degré plus limité, est le niveau d’emploi
qui, au vu des estimations effectuées, agit négativement sur la formation des salaires. La
disponibilité relative de la main-d’œuvre est de nature à réduire les tensions sur le marché
du travail et partant sur les niveaux de salaire. Enfin, la variable stock de capital
représenté par le niveau des immobilisations semble peser faiblement sur la formation de
salaires avec des coefficients de régression très réduits et de faible signification
statistique.
A côté des variables usuelles précédentes influençant la formation des salaires, les
estimations effectuées font état d’une faible incidence de la dynamique d’ouverture sur le
niveau du salaire moyen pour l’ensemble du secteur industriel. Le coefficient de
régression correspondant à la variable représentant l’ouverture commerciale varie selon
les spécifications retenues et les échantillons de données autour de la valeur nulle avec
une faible signification au plan statistique (tableaux de 22 à 27). Ce coefficient prend
même la valeur négative qui signifie un accroissement du salaire moyen sous l’effet de
l’ouverture pour des estimations basées sur les données de l’enquête FACS, mais
toujours avec une faible signification statistique. La conclusion que l’on peut tirer de ces
résultats est que la dynamique d’ouverture n’a pas induit une pression nette à la hausse
des salaires moyens. Bien au contraire, on observe une absence d’effet apparent sur la
formation des salaires au niveau global ou même, dans certaines spécifications, un léger
effet positif. D’un point de vue global, ce dernier résultat présente une certaine cohérence
avec les estimations effectuées au niveau de la demande de travail où on a relevé, toutes
choses étant égales par ailleurs, un effet positif de l’ouverture commerciale sur l’emploi
global. Un tel effet sur l’emploi doit en toute logique apparaître au niveau de la formation
des salaires de la manière indiquée précédemment. On notera par ailleurs qu’outre l’effet
de l’ouverture, la formation de salaires présente des configurations différenciées selon les
spécificités propres aux entreprises en termes de taille, de la nature des ses débouchés,
de la part du capital étranger, etc. Les estimations effectuées au niveau global montrent à
ce propos une plus grande sensibilité de la formation des salaires dans les entreprises
Libéralisation commerciale et marché du travail au Maroc et en Tunisie sept 2010 Page 69 sur 113