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Concurrence et organisation de la compétition<br />
Les produits d’appellation d’origine ayant des liens spécifiques aux terroirs supposent un certain<br />
niveau de coordination entre acteurs. Des stratégies collectives sont nécessaires et des formes<br />
d’organisation contractuelles se constituent pour déterminer les caractéristiques spécifiques du produit<br />
afin de le différencier sur le marché . Cette coordination entre acteurs a été analysée par les<br />
économistes néo-institutionnels qui en ont conclu à la nécessité d’arrangements spécifiques entre<br />
acteurs. La forme organisationnelle « hybride », selon les termes de Williamson (1985), est en partie<br />
déterminée par la recherche de diminution des coûts. Pour les signes officiels de qualité, il s’agit de<br />
démarches volontaires de producteurs pour le respect des cahiers de charges validés par décrets par la<br />
puissance publique. Ces accords collectifs prennent du temps et les suivis de qualité entraînent des<br />
investissements nouveaux. Les travaux sur les coûts ont montré que, dans le cas des produits labellisés<br />
d’origine, les coûts de transaction sont plus élevés que les coûts de production (Barjolle/Chappuis,<br />
1999).<br />
Si les lois autorisent les producteurs à créer des interprofessions afin d’améliorer la qualité d’un<br />
service ou de mieux réguler le marché, ces accords restent sensibles du point de vue de la concurrence.<br />
Ainsi, les autorités de la concurrence sont intervenues au cas par cas pour juger des pratiques de<br />
monopole ou des refus d’accès au marché 58 . En Union Européenne, les autorités de la concurrence ont<br />
dénoncé les contrôles directs de l’offre qui s’effectuent au long de la chaîne avec allocation de quotas<br />
et de pénalités par producteurs. Ces mesures de contrôle direct par le volume sont parfois doublées de<br />
mesures sur des prix plafonds à ne pas dépasser, comme dans le cas du Fromage Parmesan ou du<br />
Cantal 59 . D’autres cas ont montré que certaines règles de consortium étaient discriminantes et<br />
pouvaient bloquer l’arrivée de nouveaux arrivants pour limiter les volumes de production. Cependant<br />
vu le volume et la taille des marchés de ces produits, il est rare que les autorités interviennent. Seules<br />
les interventions directes sur les prix ou les volumes ont été jugées anti-concurrentielles, comme dans<br />
le cas du Parmesan ou de Cognac. Les condamnations ont porté sur les accords collectifs, considérés<br />
comme ententes illégales sur les prix ou les quantités par les autorités de la concurrence 60 .<br />
L’hypothèse que les groupements interprofessionnels constitueraient des formes de clubs qui<br />
limiteraient l’offre ne peut pas être généralisée. Certains travaux ont montré que les systèmes de<br />
qualité collectives génèrent des formes d’organisation caractérisées par des provisions contractuelles<br />
particulières. Ils suivent une stratégie de différenciation (Valschini, 1999). La compétition est<br />
encouragée dès que des produits nouveaux peuvent être mis sur le marché en encourageant différents<br />
types d’acteurs à se mobiliser pour créer des segments de marché. Les indications géographiques sont<br />
un moyen pour les pays en développement de différencier leurs produits, de se prémunir des chutes de<br />
prix, et de garantir des formes de redistribution tout au long de la chaîne. Cette fonction de<br />
développement rural de long terme et d’aide à la formation d’organisation sociale et aux dynamiques<br />
territoriales est soulignée dans le rapport Dolphin qui cite notamment les travaux de Murdoch, de<br />
Belletti et Marescotti(2000) 61 .<br />
Les marques quant à elles peuvent être réallouées et faire l’objet d’intégration verticale au sein d’une<br />
même entreprise. L’achat par Pernod-Ricard de Chivas, Martell et Glen Grant ou les tentatives de<br />
58<br />
. Les produits d’appellation d’origine sont jugés au cas par cas, car la taille du marché de ces produit<br />
et les volumes de production sont variables.<br />
59<br />
Un résumé des cas importants a été réalisé dans l’étude de l’OCDE sur les appellations d’origine et<br />
les indications géographiques (2000).<br />
60<br />
Voir également S.Marette dans « Politique de concurrence et secteur agro-alimentaire dans l’Union<br />
Européenne » Inra, sciences sociales, n°4/02, Juin 2003.<br />
61<br />
Dans WP7, Final Report, p.47.<br />
37<br />
CIHEAM-IAMM<br />
Juin 2005