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En ce qui concerne les marques, les stratégies sont offensives et dépendent de la création de valeur, car<br />

une marque est capitalisée dans une entreprise. Les travaux sur l’estimation de la valeur-marque se<br />

focalisent soit sur le comportement du consommateur comme source du capital-marque, soit sur la<br />

stratégie financière du propriétaire de la marque (Grippaldi, Rastoin, 2005). Les mesures du capitalmarque<br />

divergent en fonction des écoles, mais un consensus se fait pour concevoir la marque soit en<br />

tant que facteur de croissance et de profit dans la dynamique d’une entreprise soit en tant que facteur<br />

de décision d’achat pour le consommateur. Dans les deux cas de figure, la création de la valeur est au<br />

centre des stratégies industrielles que ce soit par la finance ou par le marketing (image de marque,<br />

lisibilité, notoriété, fidélité). Les acquisitions de marques sont donc des pratiques industrielles<br />

répandues, même s’il existe des risques de perte de valeur du fait de facteurs sociologiques ou<br />

politiques .<br />

L’étude conduite par Grippaldi et Rastoin montre que la marque capte une part croissante des<br />

investissements immatériels des entreprises. Les auteurs constatent une corrélation entre le cours<br />

boursier, la performance économique et la marque. La publicité et les moyens commerciaux concédés<br />

à la grande distribution peuvent dépasser les investissements matériels comme dans le cas des IAA en<br />

France. La part des marques est difficilement estimable mais le tableau élaboré à partir des données de<br />

BusinessWeek montre que la marque de l’entreprise Budweiser est classée quatrième avec une valeur<br />

de 11,89 milliards en 2003 parmi les top 10 des marques agroalimentaires 54 . Rapporté à la valeur<br />

moyenne de l’entreprise (38,3 milliards de dollars), la part de la marque représente 29% de la valeur<br />

de l’entreprise. Ce ratio valeur de la marque/valeur de l’entreprise signale l’importance accordée au<br />

filtre de l’image de marque pour conquérir les parts de marché. On peut noter que 29% est encore un<br />

ratio relativement faible par rapport au 71% de McDonald. Cependant le montant de la valeur marque<br />

indique l’importance de cette démarche de protection pour un industriel, tel que Budweiser. Si d’autres<br />

formes de protection venaient à être imposées par un système de registre multilatéral, par exemple, les<br />

marques pourraient perdre leur statut et leur position de « club exclusif.<br />

Dans ces conditions, on comprend que Budweiser tente d’infléchir les règles du commerce mondial<br />

pour faire reconnaître les marques et limiter la portée en traduction des Indications Géographiques, via<br />

le panel OMC qui s’est conclu par la remise d’un premier rapport du groupe spécial en mars 2005.<br />

L’entreprise se félicite du résultat, même si elle regrette que la cohabitation marque et IG ait été<br />

maintenue 55 . La reconnaissance par le panel OMC du principe du « premier arrivé, premier servi »,<br />

confère l’antériorité aux entreprises qui savent se mobiliser et qui ont les moyens économiques de<br />

défendre leur position. En effet, le dépôt de la marque Budweiser par A.Busch s’est fait en 1878, alors<br />

que les Tchèques n’ont déposé la marque sur leur bière que dix sept ans après et ne se sont adossés aux<br />

indications géographiques que quatre vingt ans après. Les tentatives actuelles de traduction de Budvar<br />

en Budweiser achoppent sur le principe de l’antériorité. Les succès des jugements conduits au cas par<br />

cas en Europe par Budweiser, comme le succès du panel dénonçant le règlement européen, montrent<br />

que les stratégies d’entreprise d’accès aux circuits de commercialisation sont offensives.<br />

Les risques de déstabilisation des IG par les marques sont élevés, car les facteurs économiques et<br />

juridiques jouent à court terme en faveur des marques. La globalisation des marques et les mécanismes<br />

de réputation (publicité avec procédures privées de certification de type ISO) se développent sur de<br />

larges marchés hors de portée des protections de type indications géographiques qui s’adressent<br />

surtout à l’organisation en amont des producteurs. Les marques deviennent crédibles vis à vis des<br />

consommateurs sans nécessité d’intervention publique. Autorégulées par des cahiers de charges<br />

internes et des mécanismes privés de certification indépendantes du client et du fournisseur<br />

(certification d’assurance qualité ou ISO), les critères de marque de type « label » garantis par un<br />

organisme tiers indépendant se développent. Les consommateurs peuvent consentir à payer plus cher<br />

une marque réputée pour la qualité, tandis que l’industriel est protégé de tout phénomène de « free<br />

54<br />

Dans d’autres secteurs, comme l’automobile, une marque peut valoir 22 milliards de dollars comme<br />

dans le cas de la firme Mercedes selon Interbrand.<br />

55<br />

Voir dossier de presse OMC avec allocutions officielles américaines.<br />

35<br />

CIHEAM-IAMM<br />

Juin 2005

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