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problèmes 40 . Le géant américain fier de sa marque bière qu’il protége depuis plus de cent ans s’affronte au gouvernement Tchèque. Historiquement, les Tchèques ont une certaine antériorité en matière de bière. Budwar est une petite ville qui a plus de 700 ans d’expérience de transformation de la bière. Les brasseries de Budwar sont réputées nationalement et produisent une bière au goût spécifique, se différenciant de la bière américaine. La compagnie Budwar of Budjovice a enregistré la marque Budweiser en 1895, dix sept ans après celle déposée par A. Busch aux USA. Cette démarche de dépôt de marque a été suivie d’ententes à l’amiable entre la compagnie américaine et Tchèque aboutissant à un accord en 1911. Mais en en 1958, la République Tchèque protége la bière en tant qu’indication géographique. Cette législation nationale donne une protection spécifique à la Bière Budwar gérée par une petite compagnie d’Etat en se référant au savoir faire accumulé sur le territoire de Budwar. En 2000, la République Tchèque a annulé l’enregistrement de la marque « Budweise »r et « Bud » en revendiquant la propriété de ces termes par la ville de Budejovice. Avec l’accession dans l’Union Européenne en mai 2005, la Tchèquoslovaquie a accès au marché de la bière de l’Union. En clair, une fois traduit dans toutes les langues européennes et protégé par le règlement communautaire sur les indications géographiques, les américains auraient du mal à faire prévaloir la marque de Budweiser en U.E (le nom de leur bière Budejovicky Budwar une fois traduit dans plusieurs langues européennes, donne Budweis, Budweiser 41 ). Pour accéder au marché européen, la firme américaine Anheuser-Busch a proposé de racheter des parts de capital de la brasserie Tchèque, voir - même de racheter l’intégralité de Budvar. Cependant, ces tentatives d’achat restent sans succès, car cela suppose la privatisation de l’entreprise nationale de Budwar comme la perte de contrôle des procédés de fabrication d’une des bières les plus réputées dans le monde. Puisque les démarches à l’amiable étaient difficiles, Anheuser-Busch a intenté des procès contre les gouvernements européens refusant l’accès au marché de la bière américaine Budweis. Neuf pays européens ont perdu des procès contre la firme Budweiser et 27 autres pays sont en attente de décision de tribunaux dans le monde. Cette procédure de litige est coûteuse et lourde, mais elle garantit l’accès au marché. Aujourd’hui, en Angleterre par exemple, la bière américaine et la bière Tchèque sont vendues indifféremment sous le nom de Budweiser. Cette politique systématique de procès fait progressivement jurisprudence en faveur de la marque privée américaine 42 . L’interprétation donnée par Anheuser-Bush des conclusions du panel avalise la démarche juridique conduite à l’OMC : une indication géographique ne peut prévaloir sur une marque préexistante et la traduction d’une indication géographique (traduction de Budvar en Budweis et Budweiser) ne peut pas se faire, car elle bloquerait l’accès au marché des marques étrangères. En se félicitant du rapport émis par le Groupe spécial de l’OMC, la firme insiste sur l’importance des règles mondiales des échanges respectueuses des principes du traitement national et du principe de réciprocité. Les producteurs agroalimentaires doivent avoir le même accès à la protection que les Européens 43 . Les conflits d’intérêts entre les firmes sont donc relayés par un jeu d’influence sur les règles mondiales. Les jugements nationaux et internationaux sont des leviers juridiques qu’utilisent les entreprises comme Budweiser pour gagner une position de rente sur le marché. La compréhension des conclusions du règlement des différends de l’Organisation Mondiale du Commerce donne avec précisions les arguments avancés par les parties. Le panel et principales conclusions Les conclusions du panel peuvent être regroupées autour de deux axes : 40 Voir T.Callahan, « Anheuser Busch Vs.Budvar 41 Voir dans www.eubusiness.com/afp l’article « a storm in a beer glass ». 42 wwww. Budwar.cz/english/Budweiser et www.budweiser.com 43 www.freerepublic.com/focus/f-news CIHEAM-IAMM Juin 2005 27
- Compatibilité avec les règles de l’OMC des exigences de réciprocité et d’équivalence de la CE en matière d’enregistrement d’IG de pays tiers - Coexistence entre IG et marques Compatibilité avec les textes de l’OMC des dispositions de la CE en matière de réciprocité et d’équivalence Le rapport du panel analyse le système européen de protection des IG et arrive à la conclusion selon laquelle le Règlement 2081/92 discrimine de façon illégale les producteurs des pays tiers (violation des obligations de traitement national tant de l’accord ADPIC que de l’accord GATT). Le panel considère que le règlement 2081/92 n’est pas conforme aux règles de l’OMC sur 4 points : conditions d’équivalence et réciprocité en ce qui concerne la possibilité d’obtenir une protection ; la procédure de demande d’enregistrement en ce qu’elle exige un examen et une transmission du dossier par un gouvernement ; la procédure d’enregistrement en ce qu’elle exige une vérification et une transmission des objections par un gouvernement ; les structures d’inspection en ce que la CE exige une participation des gouvernements. Le panel condamne les conditions d’équivalence et de réciprocité Le panel estime que les conditions d’équivalence et de réciprocité, prévues à l’article 12 (1) n’assurent pas une égalité d’opportunités entre les producteurs européens et ceux des pays tiers dans l’obtention de la protection des IG dans la zone UE. L’article 12 (1) du Règlement 2081/92 stipule que : Sans préjudice des accords internationaux, le présent règlement s'applique aux produits agricoles ou aux denrées alimentaires en provenance d'un pays tiers, à condition : - que le pays tiers soit en mesure de donner des garanties identiques ou équivalentes à celles qui sont visées à l'article 4, qu'il existe dans le pays tiers concerné un régime de contrôle équivalent à celui défini à l'article 10, que le pays tiers concerné soit disposé à accorder une protection équivalente à celle existant dans la Communauté, aux produits agricoles ou aux denrées alimentaires correspondantes provenant de la Communauté. L’allégation de discrimination entre ressortissants dans l’enregistrement des indications géographiques s’applique dès que l’enregistrement est soumis à une condition de réciprocité. Les ressortissants des pays tiers ne pourraient être tenus de mettre en œuvre les réglementations communautaires. Le panel critique les procédures communautaires de demande d’enregistrement et d’objection L’article 5 du Règlement 2081/92 précise qu’une demande d’enregistrement d’une IG doit être envoyée à l’Etat Membre: l’Etat Membre examine et transmet la requête à la Commission s’il considère qu’elle satisfait aux exigences du Règlement. L’article 12 A du Règlement 2081/92 prévoit la même procédure pour les pays tiers. : les autorités nationales reçoivent la candidature et, si elles considèrent que les exigences sont respectées, elles peuvent l’envoyer à la Commission européenne. Le Règlement 2081/92 prévoit les conditions d’opposition à l’enregistrement d’IG pour des ressortissants de l’UE (article 7) et de pays tiers (art. 12). Dans les deux cas, l’objection doit être présentée via l’autorité nationale (l’Etat Membre ou l’autorité gouvernementale d’un pays tiers). CIHEAM-IAMM Juin 2005 28
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Historiquement, les Tchèques ont une certaine antériorité en matière de bière. Budwar est une petite<br />
ville qui a plus de 700 ans d’expérience de transformation de la bière. Les brasseries de Budwar sont<br />
réputées nationalement et produisent une bière au goût spécifique, se différenciant de la bière<br />
américaine. La compagnie Budwar of Budjovice a enregistré la marque Budweiser en 1895, dix sept<br />
ans après celle déposée par A. Busch aux USA. Cette démarche de dépôt de marque a été suivie<br />
d’ententes à l’amiable entre la compagnie américaine et Tchèque aboutissant à un accord en 1911.<br />
Mais en en 1958, la République Tchèque protége la bière en tant qu’indication géographique. Cette<br />
législation nationale donne une protection spécifique à la Bière Budwar gérée par une petite<br />
compagnie d’Etat en se référant au savoir faire accumulé sur le territoire de Budwar. En 2000, la<br />
République Tchèque a annulé l’enregistrement de la marque « Budweise »r et « Bud » en revendiquant<br />
la propriété de ces termes par la ville de Budejovice. Avec l’accession dans l’Union Européenne en<br />
mai 2005, la Tchèquoslovaquie a accès au marché de la bière de l’Union. En clair, une fois traduit<br />
dans toutes les langues européennes et protégé par le règlement communautaire sur les indications<br />
géographiques, les américains auraient du mal à faire prévaloir la marque de Budweiser en U.E (le<br />
nom de leur bière Budejovicky Budwar une fois traduit dans plusieurs langues européennes, donne<br />
Budweis, Budweiser 41 ).<br />
Pour accéder au marché européen, la firme américaine Anheuser-Busch a proposé de racheter des<br />
parts de capital de la brasserie Tchèque, voir - même de racheter l’intégralité de Budvar. Cependant,<br />
ces tentatives d’achat restent sans succès, car cela suppose la privatisation de l’entreprise nationale de<br />
Budwar comme la perte de contrôle des procédés de fabrication d’une des bières les plus réputées dans<br />
le monde. Puisque les démarches à l’amiable étaient difficiles, Anheuser-Busch a intenté des procès<br />
contre les gouvernements européens refusant l’accès au marché de la bière américaine Budweis. Neuf<br />
pays européens ont perdu des procès contre la firme Budweiser et 27 autres pays sont en attente de<br />
décision de tribunaux dans le monde. Cette procédure de litige est coûteuse et lourde, mais elle<br />
garantit l’accès au marché. Aujourd’hui, en Angleterre par exemple, la bière américaine et la bière<br />
Tchèque sont vendues indifféremment sous le nom de Budweiser. Cette politique systématique de<br />
procès fait progressivement jurisprudence en faveur de la marque privée américaine 42 .<br />
L’interprétation donnée par Anheuser-Bush des conclusions du panel avalise la démarche juridique<br />
conduite à l’OMC : une indication géographique ne peut prévaloir sur une marque préexistante et la<br />
traduction d’une indication géographique (traduction de Budvar en Budweis et Budweiser) ne peut pas<br />
se faire, car elle bloquerait l’accès au marché des marques étrangères. En se félicitant du rapport émis<br />
par le Groupe spécial de l’OMC, la firme insiste sur l’importance des règles mondiales des échanges<br />
respectueuses des principes du traitement national et du principe de réciprocité. Les producteurs agroalimentaires<br />
doivent avoir le même accès à la protection que les Européens 43 .<br />
Les conflits d’intérêts entre les firmes sont donc relayés par un jeu d’influence sur les règles<br />
mondiales. Les jugements nationaux et internationaux sont des leviers juridiques qu’utilisent les<br />
entreprises comme Budweiser pour gagner une position de rente sur le marché. La compréhension des<br />
conclusions du règlement des différends de l’Organisation <strong>Mo</strong>ndiale du Commerce donne avec<br />
précisions les arguments avancés par les parties.<br />
Le panel et principales conclusions<br />
Les conclusions du panel peuvent être regroupées autour de deux axes :<br />
40 Voir T.Callahan, « Anheuser Busch Vs.Budvar<br />
41 Voir dans www.eubusiness.com/afp l’article « a storm in a beer glass ».<br />
42 wwww. Budwar.cz/english/Budweiser et www.budweiser.com<br />
43 www.freerepublic.com/focus/f-news<br />
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