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hydrocarbures. L’Algérie est-elle condamnée à fournir l’Europe en hydrocarbures. Dans le
moyen terme, compte tenu de la concurrence à venir, il ne faut pas espérer améliorer le
coefficient de diversification des exportations algériennes qui n’est que le reflet de celle de
la de la production nationale.
Le développement soutenable dans les pays riches en matières premières, à l’image
de l’Algérie, dépend de manière plus ou moins importante du prix mondial de ces dernières.
Dans les années cinquante et soixante d’importantes contributions ont été faites sur la
question dite de la dégradation des termes de l’échange (R. Prebish et J. Bagwati ). Le débat
a connu un renouvellement dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Le « miracle » de
certains pays asiatiques, pauvres en matières premières, et l’échec des pays d’Afrique et
celui, à un moindre degré, des pays de la région MENA, riches en ces mêmes ressources,
ont probablement inspiré le débat.
Au plan de l’analyse, la pathologie du dutch disease et les barrières douanières se
seraient conjuguées pour conduire l’économie algérienne à une structure de plus en plus
dominée par les hydrocarbures et de plus en plus vulnérable aux conditions de leur
valorisation internationale. Le peu de compétitivité de l’économie algérienne résulterait des
mêmes causalités.
Le modèle du dutch disease divise l’économie en trois secteurs : le secteur en
boom, le secteur des biens échangeables et celui des non échangeables. Une telle répartition
sectorielle permet de mettre en évidence, à un niveau plus fin, les effets d'un "boom" et
d’en mesurer le poids de l'ajustement pour chaque secteur. Le boom déclenche deux effets
qui se conjuguent.
Le mouvement des ressources est décrit sur le marché du travail par le déplacement
du travail des secteurs des échangeables et des non échangeables vers le secteur en boom
grâce à des taux de salaire plus élevés. Ce phénomène est qualifié de désindustrialisation
directe puisque le secteur manufacturier voit son output se contracter.
Le second effet est lié à la hausse de la dépense générée par celle des revenus. Il
consiste à montrer comment la hausse de la demande des non échangeables, suite à la
hausse des revenus, va accroître leur prix relatif en termes d’échangeables. Cette hausse est
équivalente à une appréciation du taux de change réel aux prix internationaux donnés. Il en
résulte une amélioration de la profitabilité du secteur des non échangeables qui devient
capable d'absorber une hausse du salaire réel et de l'imposer à celui des échangeables ; ce
qui a pour effet d’apprécier à son tour le taux de change réel. C’est l’effet de
désindustrialisation indirecte mis en évidence par un déplacement de ressources des
échangeables vers les non échangeables.
Au total, les effets ressource et dépense se combinent dans le même sens pour le
secteur des échangeables hors boom et provoquent une contraction de son produit par
désindustrialisation directe et indirecte. C'est là l'effet essentiel du "dutch disease" 2 qui est
obtenu sur le plan théorique grâce à la séquence d'ajustement qui commence par une
hausse du taux de salaire réel qui se transmet aux prix relatifs pour se terminer par une
2 W.M. CORDEN: Booming sector and dutch disease economics : survey and consolidation i Oxford
Economics Papers n° 36, 1984 et W.M. CORDEN et J.P. NEARY : Booming sector and industrialization in a
small open economy in the Economic Journal n° 92, Déc. 1982.
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