PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise
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En voyant le pays s’installer dans un contexte de chômage durable et menaçant, l’Etat cherchait des palliatifs et des exutoires face à un système éducatif de plus en plus inadapté. Les vertus de la en termes de meilleures garanties d’employabilité s’acheminaient à être présentées comme l’alternative la plus indiquée face aux impasses de l’enseignement général. Bien plus, le système de formation professionnelle était réputé offrir des formules de reconversion et de mise à jour salvatrices. C’est dans ce sens qu’est intervenue la décision du sommet de l’Etat en juillet 1984. Depuis lors et jusqu’à pratiquement le milieu des années 1990, ni l’évolution des effectifs des stagiaires ni les dotations budgétaires ne peuvent témoigner d’une avancée notoire. Mais en s’orientant vers un modèle de développement « plus industriel », on est obligé par la force des choses à considérer les besoins relatifs à la structure de l’emploi, aux fonctions de l’entreprise, aux chaînes industrielles sur lesquelles se fondera l’activité sectorielle privilégiée (tourisme, Offshoring, textile..)…Ces nouveaux seuils imposent d’identifier et de veiller à la satisfaction des besoins de formation et de perfectionnement voués à supporter le changement de la structure de l’appareil productif lui même, par des interventions sectorielles spécifiques, y compris dans le domaine de la formation professionnelle. De la sorte, et avec la nouvelle orientation consistant à élaborer des stratégies sectorielles proprement dites, le Maroc semble s’acheminer vers une meilleure maîtrise des fondements d’un plan d’action stratégique pour le développement des secteurs et de leurs métiers. Et c’est de l’adéquation de l’offre de formation avec cette perspective complexe d’élargissement-approfondissement de composantes de l’appareil productif que dépend le modèle de croissance qui garantit le dépassement de l’épineux problème de l’emploi. En témoigne les corrections et les nouvelles orientations des interventions du bras de l’Etat dans le domaine de la formation professionnelle : l’OFPPT. Les impératifs d’une diversification productive compétitive ont commencé à l’imprégner au fur et à mesure que l’idée de mise à niveau de l’appareil productif gagnait du terrain. La logique d’offre de formation cède devant celle de la réponse à la demande de l’entreprise et induit un grand chantier de réforme du système de formation professionnelle. 73 3-2 Vers l’intelligibilité des impératifs de la mise à niveau : 3-2-1 Les accords d’association et celui avec l’UE principal partenaire aux échanges extérieurs en particulier, ont été le détonateur d’une prise de conscience déroutante. On s’est rendu compte du fait que le Maroc s’ouvre et s’associe sans préparation conséquente. Les composantes principales d’une stratégie de compétitivité paraissent hors de portée pour un pays qui ne peut compter que sur ses propres potentialités. Dans le contexte de la libéralisation des marchés et de l’ouverture sur l’économie mondiale, l’économie marocaine est appelée assumer des changements profonds et contraignants. Sur le plan technologique, l’ouverture a des implications directes de coûts et d’organisation. Du côté de la structure de l’emploi aussi, l’expansion et/ou la tendance à la diversification des activités induisent des transformations en chaîne, qualitatives et quantitatives sur la demande de travail. 74 Si la croissance économique s’est accompagnée de profondes modifications sectorielles et par niveau de formation de la demande de travail, ce sont les performances respectives des activités productives qui ont influé sur leur propension à créer des emplois. A ce propos, il importe de souligner qu’au cours des dix dernières années le renforcement du poids du tertiaire et la relative et différenciée progression du secondaire ont imprimé le rythme de créations nettes d’emploi sur fond de modification de la répartition de la demande de travail entre secteur public et secteur privé d’une part, et de prépondérance des milieux urbains, d’autre part. 73 Ministère des TP, de la FP et de la Formation des cadres : l’autoévaluation des établissements de formation professionnelle, Rabat 1994. Voir aussi : Ministère de la FP, organisation et bilan du système de formation professionnelle, Rabat, Janvier 1996. 74 Voir Rapport du Cinquantenaire, (i) Rapport thématique : Croissance Economique et Développement Humain, op. cit., pp.78-80 et (ii) Recueil des contributions, pp.332-336. 81
3-2-2 Les dix dernières années sont également celles qui ont enregistré un net niveau d’amélioration des aptitudes éducatives et de qualification du facteur travail. La tendance à la croissance de la qualification du capital humain est liée, d’un côté à la progression relative de la main d’œuvre ayant bénéficié des prestations de l’enseignement fondamental et secondaire et/ou de la formation professionnelle. Elle traduit par conséquent l’accroissement du rythme de créations d’emplois destinés aux lauréats de la formation professionnelle. Mais d’un autre côté, le relèvement du niveau de qualification n’est pas exclusif à la seule main d’œuvre. Il a également concerné les cadres moyens et techniciens diplômés d’une part et les diplômés de l’enseignement supérieur de l’autre, bien qu’avec une cadence moindre et peu soutenue. Mais c’est dans le milieu rural que l’emploi affiche les dotations les plus insuffisantes en potentiel éduqué. Jaugé sous l’angle des capacités éducatives, le travail rural a enregistré une certaine progression. Celle-ci est le reflet de l’effort de scolarisation entrepris au sein des campagnes. Un effort du reste tronqué et peu adapté aussi bien sous l’angle logistique que du point de vue du socle pédagogique. Il en a résulté des limites notoires pour de larges pans du monde rural. Progressivement, les activités agricoles incorporent des actifs ayant fréquenté les paliers de l’enseignement fondamental dans un contexte de chômage urbain acerbe au niveau national et de faiblesse de l’offre de formation professionnelle résolument tournée vers l’agriculture et les besoins du monde rural. D’ou la prépondérance des ouvriers et des manœuvres dans l’agriculture. La prépondérance de pareil statut professionnel témoigne des blocages que rencontre l’agriculture marocaine et du caractère encore figé de ses structures malgré l’élargissement de ses îlots de modernité. Le potentiel économique des zones rurales reste inégalement développé et le mode d’intervention publique n’a pas fait des ruraux des acteurs responsables du développement. 75 En 2008, la recherche d’une stratégie appropriée pour l’agriculture marocaine reste à l’ordre du jour. Par conséquent et au regard de la population active occupée, le niveau général de qualification au Maroc demeure modeste. Par certains côtés, il paraît même indigent. La tendance manifeste vers son amélioration, toute récente qu’elle soit, ne peut combler les déficits des décennies manquées de développement, celles des années soixante dix et quatre vingt notamment. Toujours est-il que, sous la pression de l’ouverture et de ses répercussions en chaîne, il est à espérer que les impératifs du progrès technique et les conditionnalités des nouvelles technologies renforceraient l’esprit d et la lettre de la nouvelle réforme de la formation professionnelle et de son statut au sein de l’évolution d’ensemble du système rénové de formation-éducation au Maroc. 3-2-3 Les défis de l’insertion réussie au sein de l’économie mondialisée se complexifient. Ils confrontent le spectre changeant des conditions permissives de la compétitivité 76 .Danslecasdu Maroc, la nécessité de développer les compétences des salariés est aujourd’hui une préoccupation très largement partagée mais c’est le résultat d’une pression. Celle du contexte des pénuries qui se profilent sur le marché du travail. 77 La qualité et le niveau de la croissance dépendent de la qualité de l’emploi. Un tel résultat ne peut être obtenu sans effort soutenu en matière de capital humain. Dans un contexte d’ouverture, le « niveau » des compétences requises s’élargit et produit des bouleversements au sein des secteurs les plus dynamiques d’abord mais sans épargner les autres pans de l’économie. Cette situation impose de plus en plus à chaque entreprise d’essayer de se ressourcer contre les manifestations de l’instabilité de l’environnement. En la matière, ce sont les démarches compétences qui sont usitées pour mobiliser face aux risques d’instabilité croissante de nature microéconomique ou 75 Voir à ce propos Stratégie 2020 de développement Rural, Conseil Général du Développement Agricole, Ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Pèches Maritimes, Doc. De Référence, 1999. 76 Sur les ambiguïtés de la notion consacrée de compétitivité voir le n°2.433 de Problèmes Economiques, Août 1994, pp. 8-14. 77 L. Jaidi, la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi.Un défi pour la compétitivité, Lettre n°188, CMC, p. 13 82
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en termes de meilleures garanties d’employabilité s’acheminaient à être présentées comme<br />
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de formation professionnelle était réputé offrir des formules de reconversion et de mise à jour<br />
salvatrices. C’est dans ce sens qu’est intervenue la décision du sommet de l’Etat en juillet 1984.<br />
Depuis lors et jusqu’à pratiquement le milieu des années 1990, ni l’évolution des effectifs des<br />
stagiaires ni les dotations budgétaires ne peuvent témoigner d’une avancée notoire.<br />
Mais en s’orientant vers un modèle de développement « plus industriel », on est obligé par la<br />
force des choses à considérer les besoins relatifs à la structure de l’emploi, aux fonctions de<br />
l’entreprise, aux chaînes industrielles sur lesquelles se fondera l’activité sectorielle privilégiée<br />
(tourisme, Offshoring, textile..)…Ces nouveaux seuils imposent d’identifier et de veiller à la<br />
satisfaction des besoins de formation et de perfectionnement voués à supporter le changement de<br />
la structure de l’appareil productif lui même, par des interventions sectorielles spécifiques, y<br />
compris dans le domaine de la formation professionnelle. De la sorte, et avec la nouvelle<br />
orientation consistant à élaborer des stratégies sectorielles proprement dites, le Maroc semble<br />
s’acheminer vers une meilleure maîtrise des fondements d’un plan d’action stratégique pour le<br />
développement des secteurs et de leurs métiers. Et c’est de l’adéquation de l’offre de formation<br />
avec cette perspective complexe d’élargissement-approfondissement de composantes de l’appareil<br />
productif que dépend le modèle de croissance qui garantit le dépassement de l’épineux problème<br />
de l’emploi. En témoigne les corrections et les nouvelles orientations des interventions du bras de<br />
l’Etat dans le domaine de la formation professionnelle : l’OFPPT. Les impératifs d’une<br />
diversification productive compétitive ont commencé à l’imprégner au fur et à mesure que l’idée<br />
de mise à niveau de l’appareil productif gagnait du terrain. La logique d’offre de formation cède<br />
devant celle de la réponse à la demande de l’entreprise et induit un grand chantier de réforme du<br />
système de formation professionnelle. 73<br />
3-2 Vers l’intelligibilité des impératifs de la mise à niveau :<br />
3-2-1 Les accords d’association et celui avec l’UE principal partenaire aux échanges extérieurs<br />
en particulier, ont été le détonateur d’une prise de conscience déroutante. On s’est rendu compte<br />
du fait que le Maroc s’ouvre et s’associe sans préparation conséquente. Les composantes<br />
principales d’une stratégie de compétitivité paraissent hors de portée pour un pays qui ne peut<br />
compter que sur ses propres potentialités.<br />
Dans le contexte de la libéralisation des marchés et de l’ouverture sur l’économie mondiale,<br />
l’économie marocaine est appelée assumer des changements profonds et contraignants. Sur le<br />
plan technologique, l’ouverture a des implications directes de coûts et d’organisation. Du côté de<br />
la structure de l’emploi aussi, l’expansion et/ou la tendance à la diversification des activités<br />
induisent des transformations en chaîne, qualitatives et quantitatives sur la demande de travail. 74<br />
Si la croissance économique s’est accompagnée de profondes modifications sectorielles et par<br />
niveau de formation de la demande de travail, ce sont les performances respectives des activités<br />
productives qui ont influé sur leur propension à créer des emplois. A ce propos, il importe de<br />
souligner qu’au cours des dix dernières années le renforcement du poids du tertiaire et la relative<br />
et différenciée progression du secondaire ont imprimé le rythme de créations nettes d’emploi sur<br />
fond de modification de la répartition de la demande de travail entre secteur public et secteur<br />
privé d’une part, et de prépondérance des milieux urbains, d’autre part.<br />
73 Ministère des TP, de la FP et de la Formation des cadres : l’autoévaluation des établissements de formation<br />
professionnelle, Rabat 1994. Voir aussi : Ministère de la FP, organisation et bilan du système de formation<br />
professionnelle, Rabat, Janvier 1996.<br />
74 Voir Rapport du Cinquantenaire, (i) Rapport thématique : Croissance Economique et Développement Humain,<br />
op. cit., pp.78-80 et (ii) Recueil des contributions, pp.332-336.<br />
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