PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise
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ou d’incapacités à intérioriser les rythmes qu’imposent les différents degrés et étapes d’ouverture<br />
de l’économie mondiale.<br />
La tendance à la détérioration à long terme du sentier de croissance au Maroc doit bien avoir<br />
quelques déterminants majeurs au sein de la foulée des grandes causalités consacrées par les<br />
analyses conventionnelles. Celles-ci mettent en avant de leur grille de repérage i) le degré de<br />
stabilité politico-économique ii) la faible ou forte propension à appliquer les réformes<br />
structurelles iii) le positionnement géographique et son évolution par rapport à la configuration<br />
des flux de l’économie mondiale. Or pour ce qui est de l’évolution d’ensemble du Royaume du<br />
Maroc et de son économie, c’est tout le contraire d’un processus vertueux de convergence<br />
économique vis-à-vis des voisins et des foyers dynamiques de l’économie mondiale qui s’est<br />
déclenché et menace de se poursuivre..<br />
L’explication par les externalités comme facteurs de croissance a le mérite de focaliser l’attention<br />
sur les facteurs endogènes : la productivité globale de la main d’œuvre est affectée par<br />
l’apprentissage par l’action et par la diffusion des connaissances qui dépendent des<br />
investissements des entreprises. L’analyse du régime de productivité de l’économie marocaine fait<br />
ressortir son caractère volatil. 62 Volatilité imputable aux chocs ou adversités internes (aléas<br />
climatiques) et aux chocs externes mais aussi à l’insuffisante valorisation du capital humain et<br />
corrélativement à la sous utilisation des capacités de production. L’idée de rôle critique joué par<br />
«lestockdeconnaissances»danslesgainsdeproductivitéestuneidéefécondeencesensqu’elle<br />
aide à comprendre la lenteur et la nature des changements structurels du PIB entre 1980 et<br />
1998. 63 Or cette forte résistance aux changements des structures de l’offre est liée aux faiblesses<br />
de la croissance de la productivité totale des facteurs et l’analyse de la décomposition de cette<br />
croissance montre que la contribution du travail est restée constante depuis les années 1960. 64 Le<br />
faible niveau de capital humain se retrouve à la source de l’incapacité à entraîner un rythme de<br />
croissance plus soutenu et les effets pervers du capital humain inhibent les perspectives de<br />
croissance de l’ensemble du pays.<br />
Au Maroc, la faiblesse de la croissance n’est pas liée aux contraintes de financement, interne et<br />
externe, même si les opportunités d’investissement sont limitées et les PME n’ont pas l’accès<br />
facile au financement bancaire. Elle est à rattacher plutôt au faible taux de rendement social des<br />
facteurs de production et principalement à l’insuffisance et/ou à l’inadéquation des<br />
investissements dans les facteurs complémentaires, capital humain en tête. Malgré le fait que le<br />
Maroc consacre plus de 6% du PIB 65 à son système d’éducation-formation, les rendements<br />
demeurent très modestes 66 . La faiblesse du taux de rendement est en partie due à l’équation de<br />
qualité des prestations éducatives. Parmi la très large panoplie des facteurs qui déterminent le<br />
rendement de l’éducation, il y a en premier lieu l’environnement socio-économique, un<br />
environnement miné par deux grands discriminants majeurs : la pauvreté et l’analphabétisme.<br />
L’ingénierie éducative du Maroc opère dans un milieu ambiant qui secrète des antidotes et nourrit<br />
l’inefficience.<br />
62 Cf.Rapport du Cinquantenaire..Recueil des contributions Croissance économique et Développement humain,<br />
N.Baraka &A.Benrida : La croissance économique et l’emploi, pp.316 et s.<br />
63 La part du secteur primaire est passée de 19,9% à18,9%, celle du secteur secondaire de33,6 à 28,5 %. Les<br />
services non marchands de12,9 à16,3%et les services marchands de33,7 à 36,2 %.<br />
64 Cf. L. Achy et Kh. Sekkat, L’économie marocaine en questions, L’Harmattan, 2007, p. 35.<br />
65 Les dépenses de l’éducation ont varié entre 5 et 6,5% du PIB entre 1975 et 1982. Lors de la période de<br />
l’ajustement structurel, elles ont été comprimées en dessous de 5%. Malgré un doublement de sa population<br />
depuis l’indépendance, le Maroc est un pays ou la part des dépenses sociales de l’éducation et aussi de la santé<br />
ont curieusement accusé une grande stabilité en pourcentage du PIB. Mais en proportions du budget de l’Etat, les<br />
crédits sont passés de 16,4 à 28% entre 1960 et 2004.<br />
66 Voir à ce propos le rapport du COSEF qui relève le fait que l’obtention d’ un diplôme de l’enseignement<br />
supérieur se limite aux 5 % d’une promotion de100 élèves inscrits à l’enseignement primaire et dont 12%<br />
arrivent à décrocher une inscription auprès d’une faculté ou grande école .<br />
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