PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise

1-4-2 Les principaux leviers d'action de ce programme dit de changement se sont concentrés sur le
reprofilage des instruments de politique économique, la concrétisation du désengagement de l'Etat et
le démantèlement des restrictions aux échanges extérieurs. Les nouveaux choix ont esquissé un
processus de transformation du cadre d'action et des règles du jeu des agents économiques. Ils ont
envoyé des signaux vers une plus grande liberté des intervenants privés dans la conception de leurs
plans d’affaires et l’élaboration de leurs décisions d’investissement. Ils ont ainsi donné des gages aux
sphères de l’initiative privée quant à la prééminence d’un nouveau mode de comportement des
autorités publiques prenant en compte les exigences de la concurrence et de la compétitivité.
Depuis la mise en œuvre de la politique d’ajustement structurel, le Maroc a entrepris un
programme de réformes ambitieux, structuré autour de deux axes fondamentaux : le premier est
centré sur la consolidation des équilibres macro-économiques. En la matière, la politique
poursuivie a permis de réaliser des progrès tant en matière d’amélioration du niveau de croissance
économique qu'au plan de l’amorce du processus d’assainissement des finances publiques. Ainsi le
déficit du Trésor a été réduit graduellement pour ne plus représenter que l'équivalent de 3-4% du
PIB en moyenne, le compte courant de la balance des paiements est revenu à un niveau proche de
l'équilibre. Ces progrès appréciables réalisés au niveau du rétablissement des équilibres financiers se
sont accompagnés d'un taux de croissance économique moyen de 3,3% et d'un ralentissement
notable du taux d'inflation. C’est dire ici l’effort déployé sur le terrain épineux de la psychologie des
acteurs de l’économie. Dans ce domaine sensible, tout un travail pédagogique de remise en
confiance des acteurs fût effectué et partiellement réussi si l’on s’en tient à la progression du taux
d’investissement interne et à la nette et variée augmentation des créations des sociétés à caractère
économique ou encore à la régression des signes de conflictualité sur les scènes sociales et
syndicales. 46
Le second axe est constitué par le lancement de diverses réformes structurelles : ouverture de
l’économie, déréglementation de différents secteurs, redimensionnement de l’action économique
de l’Etat à travers un processus de privatisation d’entreprises publiques, réformes du système
fiscal, du système financier etc.. Dans leur ensemble, ces mesures visaient l’amélioration de la
compétitivité de l’économie. Mais immédiatement, on s’est aperçu que celle-ci revêtait des
dimensions multiples et inextricables : l’économie marocaine posait de sérieux problèmes de
redressement, de mise à niveau et de modernisation, de ressourcement et de diversification
productive. Les perspectives de l’accord d’association avec l’UE et les contraintes
d’approfondissement de l’ouverture de l’économie imposaient des normes et des délais. D’une
manière de plus en plus accentuée, les déficits des sphères de l’économie exhumaient et
explicitaient celles de l’ensemble du tissu social. Des objectifs généraux et sectoriels stratégiques
n’ont aucune portée dans le contexte d’un pays qui n’a pas encore de vision concernant la
manière de reconfigurer et de pondérer sa place et ses orientations par rapport aux mutations de
l’économie mondiale dans le sens de l’enrichissement des expressions de son insertion dans sa
logique générale. 47
1-4-3 Conscient de cette situation, le Maroc a élaboré une Stratégie de Développement Social
axée sur les besoins prioritaires relatifs à l’alphabétisation, l’éducation et la santé de base, la
promotion de l’emploi et le développement des filets de sécurité. Cette stratégie fût baptisée
46 Voir à ce propos la spécificité du lexique utilisé et martelé par le ministre des finances du redressement des
grands équilibres macro-économiques .Une étude lexicologique ferait ressortir la présence d’un vocabulaire ciblé
et politiquement orienté. F. Oualalou, ministre des finances de cette époque et durant deux législatures n’a pas
cessé d’utiliser des notions et concepts traduisant le souci ou l’obsession d’instaurer un véritable climat de
confiance et de réactivation des initiatives entrepreneuriales. Cf. Discours des projets de Lois des Finances 1998-
2002.
47 Voir notre ouvrage, Prolégomènes à l’économie de la Mondialisation, 2 tomes, à paraître Octobre 2008.
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