PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise
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formation des formateurs eux-mêmes de l’autre, montraient à quel point le Maroc manquait cruellement de stratégie de développement de ses ressources humaines. Si à partir des années soixante dix les aspects sociaux du développement ont reçu une attention particulière, le ciblage du traitement des déficits sociaux péchait par tergiversation ou improvisation. L’Etat entendait s’occuper de tout et prétendait avoir les moyens de traiter de tout dans un contexte politique de confrontation et de conflictualité sur le terrain même de la légitimité politique. Le mode d’intervention publique semblait omettre que la définition d'objectifs sociaux de promotion du capital humain, réalistes et cohérents, constitue une étape indispensable lors de l'élaboration de toute stratégie de développement national. 1-3 1983-92 : Redressement des équilibres et Instabilité de la croissance 1-3-1 L’accélération et le ralentissement de la croissance sont dus en grande partie à la nature de production du secteur agricole. Le secteur agricole, bien qu’il ne produise que 17% du PIB, reste à l’origine des fortes fluctuations de la croissance réelle pendant la période considérée. Avec une population en augmentation de 2% par an, le revenu réel par habitat a nettement stagné au cours de la dernière période. La croissance des activités non agricoles n’a pas été suffisante pour réduire le niveau de chômage. La croissance de l’offre manufacturière est non seulement entravée par la faiblesse de la demande interne, notamment d’origine rurale, mais aussi par le ralentissement de la demande externe provenant des principaux marchés européens. De surcroît, elle manquait cruellement des ingrédients de fécondation d’un sentier novateur ou des bases solides d’un rythme soutenu : un cadre macroéconomique saint. La politique d’ajustement s’est déroulée en deux phases. Au cours de la première (1983-86), l’accent a été mis sur la stabilisation de l’économie grâce à des mesures de contraction fiscale et monétaire et à une importante dévaluation des taux de change effectifs réels (23% entre 1982 et 1986). Lors de cette période, les conditions de vie de la population urbaine ont vraisemblablement été affectées par la contraction des dépenses publiques, celles des populations rurales ont été adoucies par des conditions climatiques favorables. Au cours de la seconde phase (1987-1991), tout en réduisant davantage les déséquilibres macro-économiques, le rythme de l’ajustement a été intensifié par l’amorce de réformes structurelles destinées à améliorer les conditions de l’offre (libéralisation des prix, des échanges, modernisation de la fiscalité, privatisation, réforme du marché financier etc..). Plus particulièrement, au cours de la seconde moitié des années 80, la vive expansion des exportations (11,5% par an en termes réels de 1987 à 1991) et la légère relance des dépenses publiques ont été les principaux facteurs d’ajustement et d’amélioration des revenus des ménages. 1-3-2 Au cours de la première phase d’ajustement, en 1982-1986, la double contrainte du remboursement de la dette extérieure et de la réduction des recettes gouvernementales suite à la contraction de l’activité économique a conduit les pouvoirs publics à assurer l’effort de l’ajustement par une réduction des dépenses publiques. Celles-ci sont passées de 34,4% à 22,2% du PIB ; en particulier, les dépenses d’équipement ont été réduites à moins de 4% du PIB. Au cours de la seconde moitié des années 80, les dépenses et les recettes ont recommencé à s’accroître, atteignant respectivement 25,9% et 22,9% du PIB en 1991. Les dépenses d’équipement ont, elles aussi, augmenté d’environ 7%. L’impact sur la scène sociale des changements intervenus dans les dépenses publiques et les recettes fiscales est complexe. : - Premièrement, les pouvoirs publics se sont abstenus de recourir à des licenciements dans la fonction publique pour éviter de grossir le nombre 65
de chômeurs. Mais l’austérité budgétaire, qui s’est réalisée par le blocage des salaires nominaux et la réduction des dépenses d’équipement, a eu des impacts négatifs indirects sur la situation des pauvres par le manque de ressources affectées à l’infrastructure de base (eau, électricité etc..) comme aux secteurs sociaux ; - Deuxièmement, il est vraisemblable que les couches les plus démunies ont été touchés par la réduction des subventions à la consommation, même si cette réduction reflète principalement la baisse des prix mondiaux de ces biens et l’élimination de certains articles de la liste des produits subventionnés sans grande influence dans le panier de consommation des larges couches de la population; - Troisièmement, et en dépit des efforts des pouvoirs publics de contenir les réductions nominales des dépenses sociales, le volume réel par habitant de ces dépenses a diminué. L’état de gêne des finances publiques condamnait à des coupes budgétaires et/ou des réalisations lentes et fort différées dans le temps. - Enfin il est à noter que le Maroc est « parvenu à réduire les déséquilibres … en évitant les troubles sociaux majeurs ». 44 3-1-3 Les réformes structurelles du commerce et de l’industrie, de l’agriculture et des finances ont joué un rôle dans la régulation du marché du travail et dans la détermination des niveaux de revenus des agents économiques. Par conséquent, elles ont eu un impact sur l’évolution de la dimension et du profil de la pauvreté. Ainsi de 1986 à 1991, le marché de l’emploi dans le monde rural s’est accru de 1,77% par an, soit un taux légèrement au-dessus de l’augmentation moyenne de la population active, le chômage s’est donc maintenu aux environs de 5%. La situation en milieu urbain est différente : au cours de l’ensemble de la période d’ajustement (1982-1991), la croissance moyenne de l’emploi urbain a été (4,2%) bien moindre que celle de la population active (5,3%). L’expansion des activités d’exportation à forte intensité de main d’œuvre (Textile, cuir) n’a pas totalement compensé la perte des effectifs dus à la compression des investissements publics et au déclin du secteur de la construction. Elle n’est pas parvenue non plus à absorber le flux des nouveaux arrivants sur le marché du travail (jeunes et exode rural). Le secteur informel a constitué un espace d’absorption d’une partie de l’excédent de main d’œuvre urbaine. Le chômage a fluctué aux environs de 15-20%. L’incidence du chômage parmi les couches les moins loties est importante tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Elle est de 30% pour les pauvres en milieu urbain et de près de 7% en milieu rural, comparé à 20,6% et 5,6% respectivement pour l’ensemble dans les deux zones. Au cours de cette période d’ajustement, la politique salariale conduite par les pouvoirs publics a été orientée de manière à ne pas aggraver la situation sociale des salariés à faible revenu, les réajustements des salaires minimums dans le secteur privé et dans l’agriculture ont contribué à sauvegarder ou même à améliorer le pouvoir d’achat de ces catégories de salariés. Mais, la tendance au développement de la flexibilité du travail dans les secteurs modernes de l’économie et la précarité de l’emploi dans les activités informelles ont fait qu’une partie importante des salariés n’ont pas bénéficié de l’effet positif de ces réajustements. D’autre part, les salaires moyens réels de la fonction publique et des secteurs de l’industrie et des services ont été laminés par l’écart défavorable entre la hausse des prix et les niveaux de réajustement de ces salaires. 44 Voir C. Morrisson ,Ajustement et équité au Maroc, Etudes du Centre de Développement de l’OCDE , 1991 66
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formation des formateurs eux-mêmes de l’autre, montraient à quel point le Maroc manquait<br />
cruellement de stratégie de développement de ses ressources humaines.<br />
Si à partir des années soixante dix les aspects sociaux du développement ont reçu une attention<br />
particulière, le ciblage du traitement des déficits sociaux péchait par tergiversation ou<br />
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dans un contexte politique de confrontation et de conflictualité sur le terrain même de la<br />
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d'objectifs sociaux de promotion du capital humain, réalistes et cohérents, constitue une étape<br />
indispensable lors de l'élaboration de toute stratégie de développement national.<br />
1-3 1983-92 : Redressement des équilibres et Instabilité de la croissance<br />
1-3-1 L’accélération et le ralentissement de la croissance sont dus en grande partie à la nature de<br />
production du secteur agricole. Le secteur agricole, bien qu’il ne produise que 17% du PIB, reste<br />
à l’origine des fortes fluctuations de la croissance réelle pendant la période considérée. Avec une<br />
population en augmentation de 2% par an, le revenu réel par habitat a nettement stagné au cours<br />
de la dernière période. La croissance des activités non agricoles n’a pas été suffisante pour réduire<br />
le niveau de chômage. La croissance de l’offre manufacturière est non seulement entravée par la<br />
faiblesse de la demande interne, notamment d’origine rurale, mais aussi par le ralentissement de<br />
la demande externe provenant des principaux marchés européens. De surcroît, elle manquait<br />
cruellement des ingrédients de fécondation d’un sentier novateur ou des bases solides d’un<br />
rythme soutenu : un cadre macroéconomique saint.<br />
La politique d’ajustement s’est déroulée en deux phases. Au cours de la première (1983-86),<br />
l’accent a été mis sur la stabilisation de l’économie grâce à des mesures de contraction fiscale et<br />
monétaire et à une importante dévaluation des taux de change effectifs réels (23% entre 1982 et<br />
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vraisemblablement été affectées par la contraction des dépenses publiques, celles des populations<br />
rurales ont été adoucies par des conditions climatiques favorables. Au cours de la seconde phase<br />
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l’ajustement a été intensifié par l’amorce de réformes structurelles destinées à améliorer les<br />
conditions de l’offre (libéralisation des prix, des échanges, modernisation de la fiscalité,<br />
privatisation, réforme du marché financier etc..). Plus particulièrement, au cours de la seconde<br />
moitié des années 80, la vive expansion des exportations (11,5% par an en termes réels de 1987 à<br />
1991) et la légère relance des dépenses publiques ont été les principaux facteurs d’ajustement et<br />
d’amélioration des revenus des ménages.<br />
1-3-2 Au cours de la première phase d’ajustement, en 1982-1986, la double contrainte du<br />
remboursement de la dette extérieure et de la réduction des recettes gouvernementales suite à la<br />
contraction de l’activité économique a conduit les pouvoirs publics à assurer l’effort de<br />
l’ajustement par une réduction des dépenses publiques. Celles-ci sont passées de 34,4% à 22,2%<br />
du PIB ; en particulier, les dépenses d’équipement ont été réduites à moins de 4% du PIB. Au<br />
cours de la seconde moitié des années 80, les dépenses et les recettes ont recommencé à<br />
s’accroître, atteignant respectivement 25,9% et 22,9% du PIB en 1991. Les dépenses<br />
d’équipement ont, elles aussi, augmenté d’environ 7%.<br />
L’impact sur la scène sociale des changements intervenus dans les dépenses publiques et les<br />
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