PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise

soumise au contrôle, à la supervision et aux ponctions de l’Etat, mais celle qui est sous la coupole
la plus directe de celui-ci.
Parce qu’elle a ancré dans les esprits les improbabilités de succès du développement professionnel
des métiers et amoindri leur place dans la dynamique globale de la société, cette vision des
choses s’est avérée en profonde dissonance par rapport à la philosophie générale de la croissance
poursuivie par l’Etat en ce sens qu’elle a inhibé et contrecarré des besoins réels de formation et
de perfectionnement professionnel. Un modèle de développement de type industriel ne pouvait
que se faire ajourner dans un contexte ou les préalables aux chaînes industrielles sur lesquelles
pouvait se fonder une activité sectorielle ascendante, font défaut. Le Maroc n’a pas su ou n’a pas
pu identifier et soutenir les besoins de formation et de perfectionnement professionnel voués à
supporter le changement escompté de son appareil productif selon un processus de
perfectionnement et de remontée. Une inadéquation est donc à relever entre les options retenues
au titre des stratégies sectorielles de développement et l’effort déployé sur le terrain de l’offre
publique de formation en termes d’élargissement et de définition des filières de formation
professionnelle pour des métiers ouverts sur le potentiel de développement escompté. 38
1-1-6 La rapidité et l’ampleur de la croissance urbaine constituent la première source de
déclenchement de toute une série de difficultés. Le problème découle d'abord de la pression
démographique interne et externe, celle des villes et celle des campagnes, qui se conjuguent en
milieu urbain et qui vont se révéler d'autant plus fortes que la politique démographique n'était pas
encore effective au Maroc. Les plus sérieux problèmes auxquels ont eu à faire face les cités
marocaines sont les pénuries d'emploi, de terrains équipés, de logements et de services urbains
La population urbaine représentait au milieu de 1971 environ 35% de la population nationale,
contre 29% en 1960. Chaque jour les villes devaient déjà accueillir 1.000 habitants
supplémentaires. Progressivement, les villes et encore plus les campagnes vont entrer dans une
situation d’insuffisance et de carence même au niveau de l’ensemble du monde rural en services
publics de base. Le déficit en équipements de base ira grandissant et génère tambour battant un
processus de déficits en capital humain. L’utilité pratique de l’alphabétisation ne figurait pas en
tête des grandes priorités nationales. 39 La formation professionnelle se faisait d’une manière
désordonnée, en l’absence de définition de besoins précis. L’enseignement technique pour le
commerce et l’industrie bricolait ses programmes et la formation pour le domaine de l’agriculture
restait mal adaptée. 40
1-2 1973-1982 : Une croissance volontariste génératrice de déséquilibres
1-2-1 Le Maroc est un pays déjà très urbanisé qui doit faire face à une croissance urbaine très
rapide ainsi qu'à des problèmes aigus d'amélioration des conditions de vie de la population vivant
dans les médinas et les bidonvilles. Les grandes agglomérations qui accueillent une grande partie
de la population nouvelle, subissent une pression particulièrement vive qui génère une demande
d’éducation, d'emploi, de logement et de services urbains de plus en plus forte. Confronté aux
difficultés croissantes des agglomérations urbaines, le Gouvernement marocain avait mis en place
38
Voir à ce propos les effectifs et la nature des filières de la FP initiale dans les années
1960…………………………………..
39
Cf. J. Bourchachen, la lutte contre l’analphabétisme au Maroc : éclairage longitudinal, Les Cahiers du Plan,
n°7 Avril-Mai2006, pp.4-13
40
Voir à ce propos les commentaires du volume II du Plan 1968-72, pp.598-599.
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