PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise
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En dépit du fait que la valeur ajoutée agricole a augmenté à un taux annuel de 3,7% à prix<br />
constants, les bénéfices de la croissance n’ont pas atteint les couches sociales les plus<br />
pauvres .Pour des raisons de niveau de productivité, la croissance agricole n’a bénéficié qu’à la<br />
frange des salariés agricoles les mieux rémunérés et aux exploitants agricoles les mieux lotis.<br />
Analphabétisme rural général et faiblesses de modernisation et d’actualisation des connaissances<br />
professionnelles des paysans inhibaient l’élévation de la productivité en dehors des périmètres<br />
irrigués ou des modalités de mise en valeur des terres étaient décrétées obligatoires et ou des<br />
plans d’assolement couplés à l’encouragement pour l’acquisition des moyens techniques de<br />
modernisation relevaient de l’administration centrale.<br />
En milieu urbain, l'évolution générale du niveau de vie des ménages a été beaucoup plus<br />
satisfaisante. La prise en charge étatique des conditions de vie de l'ensemble de l’environnement<br />
de la population urbaine a permis d'améliorer le niveau de vie des ménages les plus défavorisés à<br />
la différence de ce qui s'est passé en milieu rural. Le pourcentage de ménages très défavorisés a<br />
néanmoins augmenté puisqu'il est passé de 0,5% à 2,9% de 1960 à 1971.. C’est l’arrivée massive<br />
et soutenue des migrants ruraux qui a contribué à augmenter le nombre relatif des ménages très<br />
défavorisés. En outre, elle a exercé une pression croissante sur le système éducatif et semé les<br />
fondements d’un déficit social, cumulatif et grandissant.<br />
1-1-4 Toutefois, si la croissance économique du milieu urbain permettait d'améliorer le niveau de<br />
vie des ménages urbains, mais aussi celui d'un nombre important de ménages ruraux par<br />
l'intermédiaire de l'émigration, c’est qu’à l’époque le système productif marocain, peu diversifié et<br />
peu évolué sur le plan technologique, n’avait pas d’exigences particulières en matière de profil<br />
de la main d’œuvre. L’output du système d’éducation-formation était recherché en tant que tel<br />
pour satisfaire les besoins en main d’œuvre et en cadres techniques. Il est à rappeler que le Maroc<br />
indépendant a hérité d’un système de formation professionnelle qui concordait plus ou moins<br />
avec les besoins de formation dans les principaux métiers sur lesquels repose l’appareil productif<br />
du secteur dit moderne. Le plan quinquennal 1960-64 qui a marqué les promesses d’évolution de<br />
la formation professionnelle, a consacré la nécessité d’une action stratégique pour<br />
approfondir et élargir les orientations consistant à développer certaines filières de formation et de<br />
perfectionnement professionnel en étroite relation avec ce qui a été retenu et pratiqué comme<br />
grandes options de développement.<br />
1-1-5 Que ce soit en matière de formation des cadres ou dans les domaines de la formation<br />
professionnelle proprement dite, les plans de développement de la décennie soixante traduisirent<br />
les options retenues pour l’agriculture, le tourisme et l’industrie d’import-substitution. Mais si<br />
qualitativement l’effort de formation supervisé par la puissance publique s’attachait à garantir des<br />
niveaux de qualification adéquats, sur le plan quantitatif les filières de l’enseignement<br />
professionnel demeuraient l’exception au sein du système national d’éducation-formation. Leur<br />
caractère court et leurs perspectives réputées limitées et/ou handicapantes sur l’échelle de la<br />
promotion sociale, amenuisaient la demande sociale et la rétrécissaient aux couches les plus<br />
démunies et donc aux rejets des filières de l’enseignement long et général. Progressivement,<br />
l’enseignement professionnel et technique va perdre de son attrait et se comprimer en peau de<br />
chagrin face aux illusions de la généralisation de la filière garantissant le fonctionnariat et par la<br />
même la proximité et la protection ou mise sur orbite des cercles du pouvoir et des privilèges.<br />
Ces deux visions de l’avenir ont imprégné les esprits des responsables et des familles. Le modèle<br />
éducatif de référence qui a pris le dessus est celui de l’enseignement général long. Le modèle à<br />
éviter ou à contourner est celui lié et rattaché à un domaine de formation résolument<br />
professionnel. Le statut alléchant des métiers de l’administration dissuadait de mettre en<br />
perspective toute évolution positive des métiers et professions en dehors de la fonction publique.<br />
L’entreprise à succès garanti sous laquelle il faut s’abriter n’est pas celle qui est une industrie<br />
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