PDF, FR, 219 p., 3,1 Mo - Femise
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I -Dynamique économique : Sources, performances et contraintes.<br />
L'analyse rétrospective des tendances macro-économiques met en évidence quatre ou cinq<br />
principales phases de croissance qui ont marqué l'évolution de l'économie nationale. Une phase<br />
de croissance modérée à lente, allant du début des années soixante jusqu'à 1972; une phase de<br />
croissance élevée, volontariste mais génératrice de déséquilibres entre 1973 et 1982 ; une phase<br />
de stabilisation et d’ajustement structurels entre 1983 et 1992 ; une phase de redressement des<br />
équilibres dans un contexte d’instabilité de la croissance ; une nouvelle phase de tentative de<br />
relance débutant avec l’ère dite d’alternance et de transition démocratique.<br />
Pour caractériser ces différentes phases et définir les critères de leur périodisation, soulignons<br />
que les principaux traits distinctifs concernent tout autant le rythme que les mécanismes de la<br />
croissance. 33 En effet, l’historique des vicissitudes du sentier de croissance au Maroc trouverait<br />
l’expression de sa condensation dans les freins à la diversification productive et à la<br />
compétitivité. Comme facteurs se traduisant par des performances médiocres de l’ensemble de<br />
l’économie marocaine, ces freins résultent pour une grande part des déficiences en matière de<br />
productivité. Le processus de transformation structurelle de l’économie marocaine va s’avérer<br />
trop lent en raison de blocages de compétitivité, dus aux bas niveaux de formation du capital<br />
humain et de son déploiement au sein des entreprises. C’est la raison pour laquelle la<br />
problématique de croissance faible est qualifiée d’omniprésente au Maroc.<br />
1-1 1956-72 : Profil de croissance lent et Emergence des problèmes de développement<br />
humain.<br />
1-1-1 La première phase, qui s’étend de 1956 à 1972, a fait l'objet de quatre plans de<br />
développement économique et social. La stratégie de croissance économique du Maroc reposait<br />
essentiellement sur l’industrialisation par la substitution des importations, la protection du marché<br />
intérieur et la recherche de l’autosuffisance dans le secteur agricole. Si l’industrie bénéficiait de<br />
généreuses incitations à l’investissement et si les prix de certains produits agricoles étaient<br />
subventionnés par l’Etat, la politique économique n’encourageait guère l’augmentation de la<br />
productivité, ni la compétitivité sur le marché international et la substitution en amont était<br />
limitée. L’économie restait tributaire de l’importation des biens intermédiaires et s’accommodait<br />
de cette situation génératrice des privilèges et abus de l’économie de rente.<br />
Par conséquent et sur près de quinze ans, le taux de croissance demeurait modeste (moins de<br />
5% par an) reflétant ainsi la part croissante, mais faible, des ressources intérieures allouées à<br />
l'investissement. Ce rythme était à l'image d'une prudence qui présidait à la formation de la<br />
politique financière et monétaire, la croissance s'appuyait sur une augmentation régulière, mais<br />
lente, de la part des ressources disponibles affectées à l'investissement. 34 Le déficit en ressources<br />
de l'économie et ses besoins en financement extérieur étaient faibles, bien que l'effort d'épargne<br />
manquât de vigueur. Apparemment, l'économie marocaine affichait des bases financières saines,<br />
mais sa capacité de croissance demeurait modérée.<br />
Au cours de cette phase, la croissance du PIB a été lente (environ 3,5% par an). Le Maroc a suivi<br />
une politique prudente et ses emprunts extérieurs sont restés relativement faibles.<br />
L’investissement a pu être financé grâce aux recettes provenant de l’exportation des phosphates<br />
et des produits agricoles. Le taux d'investissement a varié entre 11,5% et 14,5%. Les déficits du<br />
trésor et du compte courant ont été maintenus à des niveaux soutenables. Une soutenabilité<br />
33<br />
Cf. le chapitre 2 Historique des taux de croissance au Maroc, Banque <strong>Mo</strong>ndiale : Promouvoir la croissance et<br />
l’emploi dans le Royaume du Maroc (2006), pp.7-12,<br />
34<br />
Voir A. Tiano, la politique économique et financière du Maroc indépendant, PUF, coll. Tiers-monde, Paris<br />
,1963<br />
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