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Rapport du FEMISE 2005 sur le partenariat euro-méditerranéen

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RAPPORT DU <strong>FEMISE</strong> <strong>2005</strong> SUR LE<br />

PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Analyses et propositions <strong>du</strong><br />

Forum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques<br />

Samir Radwan, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

Coordonnateurs<br />

Février 2006<br />

Ce rapport a été réalisé avec <strong>le</strong> soutien financier de<br />

la Commission des Communautés Européennes. Les<br />

opinions exprimées dans ce texte n’engagent que<br />

<strong>le</strong>s auteurs et ne reflètent pas l’opinion officiel<strong>le</strong> de<br />

la Commission.<br />

Institut de la Méditerranée<br />

C A I S S E D E PA R G N E<br />

PROVENCE - ALPES - CORSE<br />

<strong>FEMISE</strong> <strong>FEMISE</strong><strong>2005</strong>


RAPPORT <strong>FEMISE</strong> <strong>2005</strong> SUR<br />

LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Samir Radwan, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

Coordonnateurs<br />

Février 2006<br />

<strong>2005</strong><br />

Ce rapport a été réalisé avec <strong>le</strong> soutien financier de la Commission des Communautés<br />

Européennes. Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que <strong>le</strong>s auteurs et<br />

ne reflètent pas l’opinion officiel<strong>le</strong> de la Commission.


RAPPORT <strong>FEMISE</strong> <strong>2005</strong> SUR<br />

LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Principaux rédacteurs :<br />

Février 2006<br />

Frédéric Blanc Institut de la Méditerranée, France<br />

Nathalie Grand Institut de la Méditerranée, France<br />

Maryse Louis Economic Research Forum Egypte<br />

Yasmine Fahim Economic Research Forum Egypte<br />

Liste des principa<strong>le</strong>s études Femise utilisées pour la rédaction de ce rapport :<br />

FEM 21-31 : «Promoting Competitivness in the Micro and Small Enterprise Sector in MENA», dirigee par Faculty of<br />

Economics and Political Sciences, Cairo University, coord. Alia El-Mahdi, en collaboration avec INSEA (Maroc),<br />

Bogazici University (Turquie), Consultation and Research Institute (Liban) ; décembre <strong>2005</strong><br />

FEM22-02 : «Impact of Liberalization of Trade in Services: Banking, Te<strong>le</strong>communications and Maritime Transport<br />

in Egypt, Morocco, Tunisia and Turkey», dirigée par Bilkent University, Center for International Economics,<br />

coord. Sübidey Togan en collaboration avec Faculty of Economics and Political Science, Cairo University.<br />

(Egypte), INSEA (Maroc), Université de Tunis (Tunisie) ; décembre <strong>2005</strong><br />

FEM22-06 : «The Informal Economy Employment Impacts Of Trade Liberalisation And Increased Competition In<br />

Export Markets: The North African Texti<strong>le</strong>, Clothing And Footwear Sector», dirigée par Federico Caffè Centre,<br />

Roskilde Univeristy Denmark, coord. Bruno Amoroso, Andrea Gallina, en collaboration avec CREAD (Algeria),<br />

INSEA (Morocco), University of Sussex (United Kingdom), University of Tunis, Tunisia ; octobre <strong>2005</strong><br />

FEM22-07 : «Integration and enlargement of the European Union, <strong>le</strong>ssons for the Arab region», Center for<br />

European Studies, Faculty of Economics and Political Science, Cairo University, coord. Naglaa El Ehwany,<br />

novembre <strong>2005</strong><br />

FEM22-20 : «F<strong>le</strong>xibilité <strong>du</strong> travail et concurrence <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens et services : impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s conditions de<br />

travail et <strong>le</strong> développement <strong>du</strong> secteur informel en Algérie, au Maroc et en Tunisie», dirigée par <strong>le</strong> ROSES,<br />

université de Paris I, coord. Gérard Duchêne, Boris Najman, en collaboration avec CREAD (Algérie), CREQ<br />

(Maroc) et ISTIS (Tunisie) ; novembre <strong>2005</strong><br />

FEM22-22 : «Identification des effets <strong>sur</strong> la croissance et l’emploi des mécanismes d’ajustement micro-éconbomique<br />

de l’offre face à l’ouverture», dirigée par <strong>le</strong> CEFI, université de la Méditerranée, coord. Patricia Augier, Michael<br />

Gasiorek, en collaboration avec INSEA (Maroc), Université de Sussex (Royaume-Uni) ; septembre <strong>2005</strong><br />

FEM22-34 : «Les perspectives de changement sectoriel dans <strong>le</strong>s pays <strong>méditerranéen</strong>s: quels secteurs de croissance<br />

après l’in<strong>du</strong>strie légère?», dirigée par <strong>le</strong> CEPII, coord. Agnes Chevalier, Jean-Raphael Chaponnière, et Marc<br />

Lautier, en collaboration avec CARE-Université de Rouen (France), CEPN-Université de Paris 13 (France),<br />

ESSEC Tunis (Tunisie), Hebrew University Jerusa<strong>le</strong>m (Israel), Université de Grenade (Espagne) ; juil<strong>le</strong>t <strong>2005</strong><br />

FEM22-36 : «Obstac<strong>le</strong>s to South-South Integration, to trade and to foreign direct investment: the MENA countries<br />

case», dirigée par CATT-Université de Pau, réseau EMMA, coord. Jacques Le Cacheux, en collaboration avec<br />

Université de Grenade ; octobre <strong>2005</strong><br />

FEM22-39 : «South-South Trade Monetary and Financial Integration and the Euro-Mediterranean Partnership: An<br />

Empirical Investigation», dirigée par Institute of Financial Economics, American University of Beirut, Dir.<br />

Simon Neaime ; juin <strong>2005</strong><br />

-iii-


Février 2006<br />

Membres <strong>du</strong> Steering Committee :<br />

Samir RADWAN Economic Research Forum Egypte<br />

Jean-Louis REIFFERS Institut de la Méditerranée France<br />

Nuhad ABDALLAH Academic Unit for Scientific Research ( AUSR) Syrie<br />

Sergio ALESSANDRINI Université de Modène Italie<br />

Aziz Al KAZAZ Deutches Orient Institut University of Hamburg Al<strong>le</strong>magne<br />

Bruno AMOROSO Federico Caffe Center Roskilde University Danemark<br />

Slimane BEDRANI CREAD Algérie<br />

Gérard DUCHENE Université de Paris XII France<br />

Mahmoud EL JAFARI Al Quds University of Jerusa<strong>le</strong>m Pa<strong>le</strong>stine<br />

Alia EL MAHDI MSA Université-Le Caire Egypte<br />

Michael GASIOREK Sussex University Royaume-Uni<br />

A<strong>le</strong>jandro LORCA CORRONS Universidad Autonoma de Madrid Espagne<br />

Samir MAKDISI Institute of Financial Economics Am. Univ. in Beirut Liban<br />

Tuomo MELASUO University of Tampere TAPRI Finlande<br />

Jan MICHALEK Department of Economics Université de Varsovie Pologne<br />

Cherif MONDHER ESC Sfax Tunisie<br />

Seyfeddin MUAZ Royal Scientific Society Jordanie<br />

Lahcen OULAHJ Université Mohammed V Maroc<br />

Yilmaz ÖZKAN Center for Mediterranean Studies Turquie<br />

Khalid SEKKAT Université Libre de Bruxel<strong>le</strong>s Belgique<br />

Alfred TOVIAS Leonard Davis Institute of International Relations Israël<br />

Meine Pieter Van DIJK UNESCO-IHE Institute for Water e<strong>du</strong>cation Hollande<br />

-iv-


TABLE DES MATIERES<br />

Intro<strong>du</strong>ction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.1<br />

I- Les entreprises face à l’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.5<br />

1. Les petites entreprises, une nouvel<strong>le</strong> panacée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.5<br />

2. La relation ouverture-emploi <strong>du</strong> point de vue des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . .p.13<br />

3. Déterminants des comportement : l’informalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.18<br />

4. Comportements d’ajustements des entreprises et emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.22<br />

II- Des spécialisations sectoriel<strong>le</strong>s à ajuster pour modifier la dynamique . . . p.26<br />

1. Une trajectoire in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.26<br />

2. L’impact des stratégies in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> la relation ouverture-emploi . . . . . . . . . . .p.28<br />

3. Le texti<strong>le</strong>, secteur révélateur des dynamiques in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.34<br />

4. Les services, opportunités de relais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.49<br />

III-L’intégration régiona<strong>le</strong> : l’heure des choix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.63<br />

1. l’insertion internationa<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> des PM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.64<br />

2. L’intégration <strong>euro</strong>péenne, un modè<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s inititiaves régiona<strong>le</strong>s au sud . . . . . . .p.71<br />

3. Les migrations en Méditerranée : la voie d’une intégration plus profonde . . . . . . . .p.86<br />

Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.98<br />

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.101<br />

Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.105<br />

Indicateurs sociaux-économiques des PM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.107<br />

Indicateurs macroéconomiques des PM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.108<br />

Entrées d’IDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.109<br />

Panorama des échanges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.110<br />

Modélisation de l’impact d’un accord sud-sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.111<br />

Modélisation de l’impact d’un accord nord-sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.112<br />

Modélisation de l’impact d’une libéralisation multilatéra<strong>le</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.113<br />

-v-


-vi-


Samir Radwan, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

INTRODUCTION<br />

La Méditerranée, en tant que région, est<br />

à nouveau à un moment charnière. Il<br />

y a dix ans, <strong>le</strong> processus de Barcelone<br />

créait un cadre novateur de coopération<br />

nord-sud, qui jetait éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s bases<br />

d'une intégration sud-sud et mettait en<br />

relief <strong>le</strong>s directions pour créer un espace<br />

de paix et de prospérité. L'actuel<strong>le</strong> transition<br />

vers la politique de voisinage crée<br />

à son tour opportunités et chal<strong>le</strong>nges.<br />

C'est dans ce cadre que <strong>le</strong> Femise a pour<br />

rô<strong>le</strong> d'examiner <strong>le</strong>s résultats obtenus et<br />

d'identifier <strong>le</strong>s pré-requis <strong>du</strong> succès de la<br />

politique de voisinage.<br />

Sur <strong>le</strong> plan des résultats obtenus jusqu'ici,<br />

<strong>le</strong> rapport <strong>du</strong> Femise <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s dix<br />

ans de Barcelone, réalisé en février<br />

<strong>2005</strong>, re<strong>le</strong>vait un bilan des 10 premières<br />

années <strong>du</strong> Processus, contrasté <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

plan économique. S’il est vrai que ses<br />

résultats ne sont ni à la hauteur des<br />

espoirs qui avaient été placés en lui,<br />

ni à la hauteur de la modification de<br />

dynamique nécessaire dans <strong>le</strong>s PM pour<br />

impulser des changements visib<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong> quotidien des agents, <strong>le</strong> rapport concluait<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s faits suivants :<br />

√ deux points positifs sont incontestab<strong>le</strong>s<br />

et vont servir de présupposés<br />

dans ce rapport. Le premier est<br />

qu'une discipline macroéconomique a<br />

été acquise, qui permet la préservation<br />

des grands équilibres macroécono-<br />

Coordonnateurs<br />

Février 2006<br />

-1-<br />

miques, indispensab<strong>le</strong>s pour bâtir une<br />

nouvel<strong>le</strong> dynamique dans ces pays. Il<br />

est important de souligner que, non<br />

seu<strong>le</strong>ment cet acquis se me<strong>sur</strong>e dans<br />

<strong>le</strong>s chiffres (Cf. <strong>Rapport</strong> <strong>2005</strong>), notamment<br />

dans <strong>le</strong>s budgets, dans <strong>le</strong>s balances<br />

des paiements ou encore au niveau<br />

de l'inflation, ce qui préserve l'avenir,<br />

donne un certain temps aux PM pour<br />

entreprendre <strong>le</strong>s modifications nécessaires<br />

et à l'Europe pour imaginer <strong>le</strong>s<br />

outils de soutien efficaces, mais, tout<br />

aussi important, qu'il est maintenant<br />

ancré dans <strong>le</strong>s anticipations des agents,<br />

notamment non locaux. Il suffit ainsi de<br />

souligner que même parmi <strong>le</strong>s agences<br />

<strong>le</strong>s plus conservatrices évaluant tous<br />

<strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Monde <strong>sur</strong> divers critères,<br />

la grande majorité des PM obtient <strong>le</strong>s<br />

meil<strong>le</strong>urs classements en termes de<br />

régulation économique.<br />

√ Le second point positif, lui aussi<br />

porteur d'espoir <strong>sur</strong> <strong>le</strong> futur des accords<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>s, est <strong>le</strong> soutien presque<br />

indéfectib<strong>le</strong> que la société civi<strong>le</strong><br />

dans l'Euromed apporte au processus.<br />

Paradoxa<strong>le</strong>ment, même <strong>le</strong>s jugements<br />

<strong>du</strong>rs à l'occasion <strong>du</strong> dixième anniversaire<br />

démontrent en fait une sorte de dépit<br />

envers un outil prometteur, mais qui tarde<br />

à donner des résultats tangib<strong>le</strong>s. C'est<br />

bien cela qui doit aujourd'hui constituer<br />

une priorité : comment rendre visib<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s efforts des deux rives, rendre visib<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s actions entreprises dans <strong>le</strong> cadre des<br />

accords d'associations, rendre visib<strong>le</strong>s


<strong>le</strong>s effets positifs des ajustements qui<br />

pèsent, bref faire appréhender l'impact<br />

<strong>du</strong> processus par <strong>le</strong>s agents plus que par<br />

<strong>le</strong>s agences, dans <strong>le</strong>ur quotidien.<br />

√ A l'inverse, des facteurs internes<br />

(élargissement de l'Europe, persistance<br />

des conflits régionaux) et des facteurs<br />

externes (évolution de l'OMC impliquant<br />

une ouverture généralisée qui a dilué<br />

<strong>le</strong>s évolutions des PM, ouverture de la<br />

Chine, notamment dans <strong>le</strong> contexte de<br />

la fin des accords multi-fibres), facteurs<br />

parfois imprévisib<strong>le</strong>s, parfois ignorés,<br />

ont pesé lourdement <strong>sur</strong> la dynamique<br />

<strong>du</strong> processus <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>. Et<br />

pour gérer <strong>le</strong>urs conséquences, la seu<strong>le</strong><br />

stabilité macro-économique ne peut être<br />

suffisante. El<strong>le</strong> sert d'assise indispensab<strong>le</strong>,<br />

mais el<strong>le</strong> doit être complétée par<br />

des éléments qui, eux, donnent des<br />

impulsions. Le rapport annuel 2006 <strong>du</strong><br />

BIT <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s tendances de l'emploi dans<br />

<strong>le</strong> monde insiste d'ail<strong>le</strong>urs <strong>sur</strong> <strong>le</strong> fait que<br />

la croissance économique seu<strong>le</strong> ne suffit<br />

pas à satisfaire <strong>le</strong>s besoins globaux en<br />

emploi.<br />

Le <strong>partenariat</strong> a été conçu dans l'idée<br />

qu'en mêlant la stabilité macro-économique<br />

à une stratégie d'ouverture<br />

incarnée dans une zone de libre-échange<br />

avec l'Europe, <strong>le</strong>s PM auraient disposé<br />

des fondamentaux <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squels se<br />

seraient greffés automatiquement des<br />

effets in<strong>du</strong>its, comme une amélioration<br />

de la compétitivité des tissus pro<strong>du</strong>ctifs,<br />

une évolution de la spécialisation sectoriel<strong>le</strong>,<br />

une amélioration des relations<br />

régiona<strong>le</strong>s au sein des rives sud, effets à<br />

même de placer <strong>le</strong>s PM dans une dynamique<br />

plus vertueuse, ce que n'auraient<br />

pas manquer de re<strong>le</strong>ver la communauté<br />

internationa<strong>le</strong>, modifiant alors ses anticipations<br />

pour la région et, de ce fait,<br />

-2-<br />

amplifiant <strong>le</strong> mouvement. Force est de<br />

constater que l'on a <strong>sur</strong>estimé ce mécanisme,<br />

la plupart des relations automatiques<br />

prévues ayant fort peu progressé.<br />

Le présent rapport se situe dans <strong>le</strong> prolongement<br />

de ce constat. En premier<br />

lieu, il prend pour acquis la stabilisation<br />

macro-économique sans y revenir,<br />

d'autant que l'année <strong>2005</strong> est marquée<br />

par <strong>le</strong> phénomène conjoncturel de l'énergie,<br />

rendant encore trop rapides d'éventuel<strong>le</strong>s<br />

conclusions. En même temps, il<br />

se situe dans une perspective d'insuffisance<br />

de l'équilibre atteint actuel<strong>le</strong>ment,<br />

puisque <strong>le</strong> problème de l'emploi ne se<br />

résout pas à une vitesse satisfaisante.<br />

L'idée est donc d'identifier dans <strong>le</strong>s conditions<br />

initia<strong>le</strong>s et actuel<strong>le</strong>s que rencontrent<br />

<strong>le</strong>s agents, <strong>le</strong>s raisons spécifiques<br />

qui ont con<strong>du</strong>it à l'insuffisance de la<br />

dynamique promue par <strong>le</strong>s accords d'association,<br />

en tentant de mettre en relief<br />

ce qui pourrait permettre de modifier<br />

<strong>le</strong>s sentiers de croissance et <strong>le</strong>s formes<br />

d'ajustement social. Cette question<br />

avaient été posée par <strong>le</strong> Femise dans<br />

son dernier programme de recherche,<br />

notamment en s'interrogeant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

capacités de l'offre des PM à répondre<br />

aux sollicitations issues de la stratégie<br />

d'ouverture, c'est-à-dire à maximiser <strong>le</strong>s<br />

effets in<strong>du</strong>its escomptés dans la mise en<br />

place <strong>du</strong> processus.<br />

Dans <strong>le</strong> présent rapport, <strong>sur</strong> la base de<br />

plusieurs travaux de recherche, l'hypothèse<br />

est de placer <strong>le</strong>s sources d'une<br />

nouvel<strong>le</strong> dynamique dans un renouvel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>du</strong> comportement des agents, en<br />

premier lieu dans <strong>le</strong> tissu des entreprises<br />

loca<strong>le</strong>s car ce sont el<strong>le</strong>s qui vont offrir <strong>le</strong>s<br />

emplois absolument nécessaires à l'équilibre<br />

de la région. Toutefois, ces entre-


prises évoluent dans un cadre sectoriel<br />

historique, <strong>le</strong>nt à se modifier et qui dessine<br />

un certain nombre de contraintes.<br />

Il s'agit donc dans un deuxième temps<br />

de cerner <strong>le</strong>s contraintes issues de la<br />

structure sectoriel<strong>le</strong> de ces entreprises,<br />

notamment en termes de spécialisation,<br />

en cherchant <strong>le</strong>s opportunités qui pourraient<br />

impulser un cerc<strong>le</strong> vertueux. Cette<br />

impulsion peut adroitement être épaulée<br />

dans <strong>le</strong> cadre d'accords régionaux,<br />

c'est de fait l'idée même <strong>du</strong> <strong>partenariat</strong><br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>. Dès lors se pose la<br />

question <strong>du</strong> type d'association nord-sud<br />

et sud-sud qui sera cohérente tant avec<br />

<strong>le</strong>s objectifs initiaux de 1995 qu'avec <strong>le</strong>s<br />

évolutions géo-politiques actuel<strong>le</strong>s.<br />

Dans une première partie, <strong>le</strong> rapport<br />

utilise plusieurs enquêtes entreprises<br />

réalisées par des équipes <strong>du</strong> réseau,<br />

ainsi que des traitements spécifiques<br />

d'enquêtes entreprises nationa<strong>le</strong>s, pour<br />

mieux appréhendés <strong>le</strong>s comportements<br />

des firmes et <strong>le</strong>s conséquences pour<br />

el<strong>le</strong>s de l'ouverture, notamment en termes<br />

d'emplois.<br />

Les tissus locaux restent extraordinairement<br />

dominés par <strong>le</strong>s TPE, qui pourvoient<br />

à l'essentiel de l'emploi privé.<br />

Dans <strong>le</strong>urs comportements, dans <strong>le</strong>urs<br />

contraintes et <strong>le</strong>urs perspectives réside<br />

la dynamique de l'emploi, mais éga<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s marges de manœuvre budgétaires<br />

des Etats par la fiscalité, rendant<br />

la compréhension des comportements<br />

indispensab<strong>le</strong>, en particulier <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan<br />

de la distinction informel/formel qui<br />

apparaît, dans <strong>le</strong>s recherches Femise,<br />

bien plus floue que l'on ne pouvait <strong>le</strong><br />

penser.<br />

La deuxième partie propose une analyse<br />

sectoriel<strong>le</strong> de l'économie des PM, avec<br />

-3-<br />

une importance donnée au secteur <strong>du</strong><br />

texti<strong>le</strong>. Il est en effet apparu clairement<br />

que l'amélioration de l'offre, indispensab<strong>le</strong><br />

face aux contraintes d'emplois que<br />

connaissent <strong>le</strong>s PM, ne peut pas décou<strong>le</strong>r<br />

automatiquement de la seu<strong>le</strong> stratégie<br />

d'ouverture. Parmi <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

conditions de la compétitivité et de la<br />

pérennité des entreprises se trouve la<br />

spécialisation, <strong>le</strong> métier et sa dynamique<br />

au niveau <strong>euro</strong>péen et mondial.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la région <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>ne,<br />

la situation actuel<strong>le</strong> des PM doit<br />

évidemment beaucoup au fait que <strong>le</strong>s<br />

deux secteurs de base de l'économie de<br />

ces pays (en 1995 comme aujourd'hui)<br />

sont d'une part l'agriculture, longtemps<br />

en marge des accords et seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s agendas aujourd'hui, et d'autre<br />

part, <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, proprement<br />

bou<strong>le</strong>versé par la fin des accords multifibres<br />

et l'ouverture de la Chine.<br />

Se demander comment enc<strong>le</strong>ncher une<br />

dynamique plus en phase avec <strong>le</strong>s<br />

besoins des PM, c'est forcément progresser<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan agrico<strong>le</strong>, dossier<br />

déjà traité par <strong>le</strong> Femise en 2003 et<br />

qui ne sera pas l'objet de ce rapport.<br />

C'est aussi se poser la question de<br />

l'après texti<strong>le</strong>, ou <strong>du</strong> moins de l'après<br />

<strong>2005</strong>. Les choix de spécialisation,<br />

qu'ils soient dictés par une adaptation<br />

forcée aux changements des données<br />

de la concurrence au niveau national<br />

ou international ou par des stratégies<br />

de politique in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>, ne sont pas<br />

neutres <strong>du</strong> point de vue des résultats<br />

en termes d'emploi et de croissance<br />

d'un pays.<br />

Comme l'a déjà souligné <strong>le</strong> Femise, il<br />

est important pour <strong>le</strong>s PM de chercher<br />

à se positionner <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés exter-


nes <strong>le</strong>s plus dynamiques, ajustement<br />

qui reste à accomplir pour la plupart<br />

d'entre eux.<br />

Mais la compétitivité des entreprises<br />

exportatrices des PM ne peut être une<br />

fin en soi étant donné <strong>le</strong> problème<br />

d'emploi auquel ces pays doivent faire<br />

face. En plus de se situer dans des<br />

secteurs générateurs d'une croissance<br />

économique rapide, <strong>le</strong>s spécialisations<br />

des PM doivent permettre d'absorber<br />

suffisamment d'emploi pour au moins<br />

maintenir <strong>le</strong>s niveaux de chômage<br />

actuels.<br />

L'adaptation des tissus in<strong>du</strong>striels aux<br />

changements des données de la concurrence<br />

au niveau domestique et<br />

international peut décou<strong>le</strong>r de politiques<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s volontaristes ou de<br />

réformes sectoriel<strong>le</strong>s. Cette transition<br />

engendre un déplacement des facteurs<br />

de pro<strong>du</strong>ction, engendrant ici destruction<br />

d'emploi et là création d'emploi.<br />

Pour <strong>le</strong>s PM, la question <strong>du</strong> bilan final<br />

est sans doute la plus importante. On<br />

observera notamment qu'au-delà des<br />

secteurs in<strong>du</strong>striels, certains services<br />

vont revêtir une importance extrême et<br />

que <strong>le</strong>ur libéralisation est à même de<br />

modifier certains processus actuels.<br />

Dans la troisième partie, la question<br />

abordée est cel<strong>le</strong> de l'intégration régiona<strong>le</strong>,<br />

tant <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan des potentialités<br />

que recè<strong>le</strong> une intégration régiona<strong>le</strong><br />

au sud, que de la forme que peuvent<br />

prendre l'intégration <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>ne<br />

et l'intégration sud.<br />

Sur un plan strictement économique,<br />

il serait illusoire de croire que l'élargissement<br />

<strong>euro</strong>péen, mais <strong>sur</strong>tout <strong>le</strong>s<br />

conflits régionaux <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s rives sud<br />

-4-<br />

sont sans effet <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s anticipations des<br />

agents et, par conséquent, <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s flux<br />

économiques. Avec la mise en place de<br />

la politique de nouveau voisin, cette<br />

question de la forme de l'intégration<br />

va se poser de manière aiguë. Doitel<strong>le</strong><br />

être unilatéra<strong>le</strong>, multilatéra<strong>le</strong> ou<br />

prendre la forme d'accords régionaux<br />

entre pays de même niveau de développement<br />

? Chacune de ces options<br />

s'exprime de manière spécifique. Une<br />

intégration Sud-Sud signifierait des<br />

réallocations de facteurs spécifiques<br />

qui pourraient être sensib<strong>le</strong>ment différentes<br />

de cel<strong>le</strong>s qui seraient générées<br />

par une intégration avec l'Europe par<br />

exemp<strong>le</strong>. Etant donnée la situation<br />

socio-économique des PM, il faut éviter<br />

que <strong>le</strong>s PM supportent plusieurs fois<br />

<strong>le</strong>s mêmes coûts d'ajustement, ce qui<br />

doit entrainer une profonde réf<strong>le</strong>xion<br />

<strong>sur</strong> la cohérence d'ensemb<strong>le</strong> des divers<br />

accords.<br />

Et puis, il y a la dimension symbolique,<br />

bien trop sous-estimée : la pérennité<br />

d'une région <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>ne,<br />

on l'a dit en intro<strong>du</strong>ction, ne peut se<br />

concevoir sans <strong>le</strong> soutien de la société<br />

civi<strong>le</strong>. Ce même soutien de la société<br />

civi<strong>le</strong> qui sera <strong>le</strong> plus grand moteur de<br />

la vitesse de transition, une fois <strong>le</strong>s<br />

bonnes directions (enfin) déterminées.<br />

C'est pour cela qu'il est indispensab<strong>le</strong><br />

que <strong>le</strong>s accords d'association, que <strong>le</strong><br />

<strong>partenariat</strong>, que la politique de voisinage<br />

pénètre fermement <strong>le</strong> quotidien<br />

des agents. Là, non seu<strong>le</strong>ment la<br />

politique <strong>euro</strong>péenne, mais au moins<br />

autant la politique régiona<strong>le</strong> des PM<br />

seront déterminantes.<br />

Enfin, <strong>le</strong> rapport annuel <strong>2005</strong> s'intéresse<br />

aux aspects migratoires. Le<br />

<strong>partenariat</strong> a cherché à créer une zone


équilibrée de paix et de prospérité,<br />

c'est-à-dire d'établir de jure l'interdépendance<br />

qui lie <strong>le</strong>s deux rives de<br />

facto. Mais, <strong>le</strong> déséquilibre entre possibilité<br />

de circulation de flux financiers,<br />

des flux de marchandises et des flux<br />

d'hommes, ces derniers étant systématiquement<br />

plus contraints, ne peut que<br />

générer des frictions, des réallocations<br />

économiques non optima<strong>le</strong> et mettre<br />

en avant <strong>le</strong> caractère partiel de l'outil<br />

actuel. On pourra notamment penser<br />

que pour faire pénétrer <strong>le</strong>s accords<br />

d'association dans <strong>le</strong> quotidien, pour<br />

conquérir l'opinion publique au sud et<br />

disposer d'un appui permettant l'accélération<br />

des réformes, une évolution<br />

dans <strong>le</strong>s possibilités de circulation<br />

des hommes va être très rapidement<br />

nécessaire.<br />

De plus, <strong>sur</strong> un plan strictement économique,<br />

il faut bien convenir que de<br />

toute façon il faudra <strong>du</strong> temps pour que<br />

<strong>le</strong>s anticipations de la Communauté<br />

internationa<strong>le</strong> se modifient en profondeur<br />

quant aux contextes à l'œuvre<br />

dans <strong>le</strong>s PM, ce qui continuera à peser<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s flux d'investissement, d'autant<br />

qu'un désavantage subjectif persistera<br />

entre eux et <strong>le</strong>s pays de l'Est (parce<br />

qu'un projet politique connu y œuvre)<br />

ou la Chine (parce que son poids fait<br />

naître des perspectives économiques<br />

sans équiva<strong>le</strong>nt). Or, <strong>le</strong>s besoins financiers<br />

d'investissements, <strong>sur</strong> des petits<br />

projets, sont importants, comme on<br />

va <strong>le</strong> voir dans la suite. De ce point de<br />

vue, la migration est créatrice d'une<br />

ressource, cel<strong>le</strong> des fonds rapatriés<br />

par <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs émigrés (principa<strong>le</strong>ment<br />

en Europe) dont tout laisse à<br />

penser qu'el<strong>le</strong> peut constituer un <strong>le</strong>vier<br />

important susceptib<strong>le</strong> de rehausser <strong>le</strong><br />

sentier de croissance.<br />

-5-<br />

I- Les entreprises face à l’ouverture<br />

1. Les petites entreprises, une nouvel<strong>le</strong><br />

panacée ?<br />

Etudier <strong>le</strong>s performances des MPE (Micro<br />

et petites entreprises) n'est pas une<br />

tâche faci<strong>le</strong>, qui requière (au moins) de<br />

re<strong>le</strong>ver deux défis : (i) un défi théorique<br />

qui comprend des problèmes de définition,<br />

de cadre conceptuel, etc., et (ii) <strong>le</strong>s<br />

défis pratiques, puisqu'il s'agit d'analyser<br />

plus de 90% des entreprises qui existent<br />

dans un pays, dont la plupart sont non<br />

seu<strong>le</strong>ment « informel<strong>le</strong>s », mais aussi si<br />

profondément intégrées dans la société<br />

qu'il est diffici<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s localiser physiquement.<br />

Le besoin impératif de placer <strong>le</strong>s PM <strong>sur</strong><br />

des sentiers de croissance plus é<strong>le</strong>vés a<br />

ren<strong>du</strong> nécessaire la mise en oeuvre de<br />

nouvel<strong>le</strong>s sources qui dynamiseraient<br />

ces économies. Étant donné <strong>le</strong> poids des<br />

MPE dans l'activité économique, el<strong>le</strong>s<br />

pourraient représenter cette « puissance<br />

endogène » qui, moyennant un soutien<br />

adapté, pourrait contribuer significativement<br />

à une croissance <strong>du</strong>rab<strong>le</strong>. Les<br />

MPE semb<strong>le</strong>nt ainsi être en me<strong>sur</strong>e de<br />

contribuer à trouver une solution au<br />

problème de chômage, de constituer un<br />

canal transformant l'épargne privée en<br />

investissement et de devenir une source<br />

pour augmenter la va<strong>le</strong>ur ajoutée des<br />

économies.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s MPE sont considérées<br />

comme un outil informel de stratégie de<br />

<strong>sur</strong>vie, non <strong>du</strong>rab<strong>le</strong> et d'une faib<strong>le</strong> pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

C'est pour remettre en cause<br />

cette vision qu'il est apparu nécessaire<br />

d'étudier ce secteur. Malgré <strong>le</strong>s nombreuses<br />

difficultés que cela impliquait, une<br />

tel<strong>le</strong> initiative a été considérée comme


susceptib<strong>le</strong> de renforcer la compréhen-<br />

sion <strong>du</strong> secteur et de son potentiel, pour<br />

permettre la mise en œuvre de politiques<br />

ciblées et efficaces. C'est pourquoi,<br />

<strong>le</strong> <strong>FEMISE</strong> (en coopération avec plusieurs<br />

autres bail<strong>le</strong>urs internationaux) a financé<br />

une étude importante et novatrice <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s moyens de promouvoir la compétitivité<br />

des MPE dans quatre partenaires<br />

<strong>méditerranéen</strong>s : l'Egypte, <strong>le</strong> Liban, <strong>le</strong><br />

Maroc et la Turquie (FEM21-31). L'étude<br />

est basée <strong>sur</strong> une enquête de terrain<br />

auprès de 5 000 micro et petites entreprises<br />

opérant dans chacun de ces pays<br />

(3 000 dans <strong>le</strong> cas <strong>du</strong> Liban), qui vise à<br />

comprendre <strong>le</strong>urs caractéristiques, <strong>le</strong>s<br />

obstac<strong>le</strong>s grévant <strong>le</strong>urs performances,<br />

<strong>le</strong>urs perspectives et <strong>le</strong>s déterminants<br />

de <strong>le</strong>ur succès.<br />

Les principa<strong>le</strong>s enquêtes ont été con<strong>du</strong>ites<br />

dans <strong>le</strong>s quatre pays entre 2001<br />

(la Turquie), 2002 (<strong>le</strong> Maroc) et 2003<br />

(l'Egypte et <strong>le</strong> Liban), puis ont été suivies<br />

par une enquête complémentaire<br />

(sauf dans <strong>le</strong> cas <strong>du</strong> Liban). L'enquête<br />

était basée <strong>sur</strong> des questionnaires portant<br />

<strong>sur</strong> l'entreprise, l'entrepreneur et au<br />

niveau <strong>du</strong> ménage. La base de données<br />

de ces enquêtes permettra la meil<strong>le</strong>ure<br />

évaluation des performances des MPE<br />

et la meil<strong>le</strong>ure compréhension de <strong>le</strong>urs<br />

besoins.<br />

Le profil des MPE dans <strong>le</strong>s PM<br />

Le secteur des MPE, défini ici comme<br />

des entreprises formel<strong>le</strong>s et informel<strong>le</strong>s<br />

employant de 1 à 49 personnes, constitue<br />

l'épine dorsa<strong>le</strong> de l'activité dans <strong>le</strong>s<br />

PM. Ce secteur représente plus de 90%<br />

des entreprises, employant 60-70% des<br />

effectifs dans ces pays et contribuant<br />

entre 30 et 50% de la va<strong>le</strong>ur ajoutée des<br />

économies.<br />

-6-<br />

En Egypte, 97% des entreprises (formel<strong>le</strong>s<br />

et informel<strong>le</strong>s) sont des MPE<br />

(employant de 1 à 49 personnes), dont<br />

81% environ d'informel<strong>le</strong>s[1]. On doit<br />

aussi remarquer que <strong>le</strong>s femmes travaillant<br />

informel<strong>le</strong>ment ne représentent<br />

seu<strong>le</strong>ment 14% des effectifs non déclarés,<br />

ce qui est une part relativement<br />

modeste dans la me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong>s femmes<br />

constituent 50% de la population[2].<br />

Les MPE égyptiennes représentent 62%<br />

des emplois formels et informels totaux<br />

(88% des emplois informels contre 23%<br />

des formels). En Turquie, ce secteur<br />

représente 99,4% <strong>du</strong> nombre total d'entreprises,<br />

dont la plupart sont formel<strong>le</strong>s<br />

depuis que l'enregistrement de la société<br />

est une obligation à la pratique de certaines<br />

activités. Le secteur représente 73%<br />

des emplois non-agrico<strong>le</strong>s et 64,8% de<br />

va<strong>le</strong>ur ajoutée tota<strong>le</strong>. Au Liban, 96%<br />

d'entreprises sont micro (88%) ou petites<br />

(8%) représentant plus de 50%<br />

d'emploi total. Au Maroc, <strong>le</strong>s MPE représentent<br />

99,6% <strong>du</strong> total des entreprises<br />

et plus de 70% d'emploi total.<br />

Les déterminants de succès des<br />

MPE<br />

Le succès des MPE ne dépend pas seu<strong>le</strong>ment<br />

des bonnes performances de<br />

l'entreprise ou de l'é<strong>du</strong>cation et de la<br />

formation des entrepreneurs. Ce secteur<br />

ne fonctionne pas en vase clos : l'environnement<br />

macro-économique, <strong>le</strong> cadre<br />

d'affaires ont un impact significatif <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>urs performances. Leurs perspectives,<br />

comme en témoignent <strong>le</strong>s enquêtes<br />

égyptiennes et turques, ont été extrêmement<br />

affectées par la récession que<br />

<strong>le</strong>s deux pays ont subie. On pourrait<br />

penser qu'il ne s'agit que d'un phénomène<br />

transitoire non généralisab<strong>le</strong>, mais<br />

<strong>le</strong> fait que ce secteur n'atteint pas son


potentiel de croissance per<strong>du</strong>re. Ainsi,<br />

tant la performance de la firme que l'environnement<br />

macro-économique dans<br />

<strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> évolue constituent <strong>le</strong>s facteurs<br />

principaux de succès ou d'échec.<br />

De ce fait, <strong>le</strong> programme de recherche<br />

a adopté une combinaison d'approches<br />

quantitatives et qualitatives de la col<strong>le</strong>cte<br />

de données pour capturer à la fois<br />

<strong>le</strong> contexte et la dynamique à l'échel<strong>le</strong><br />

nationa<strong>le</strong> tout en permettant une approche<br />

comparative à l'échel<strong>le</strong> de la région<br />

entière.<br />

La section venante présente <strong>le</strong>s principaux<br />

déterminants de succès de ces MPE<br />

tels qu'identifiés par <strong>le</strong>s entrepreneurs<br />

eux-mêmes en Egypte, au Liban, au<br />

Maroc et en Turquie.<br />

1. Le fait de constituer une entreprise<br />

formel<strong>le</strong>[3] représente un des principaux<br />

déterminants de succès des MPE.<br />

Le degré d'informalité varie selon la<br />

définition retenue et <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments.<br />

Certains pays comme la Turquie et <strong>le</strong><br />

Liban, exigent l'enregistrement pour<br />

que l'entreprise exerce certaines activités.<br />

Cependant, en Egypte, où l'enregistrement<br />

n'est pas une condition,<br />

on observe que 80% des MPE sont<br />

informels. Le fait d'évoluer dans la<br />

sphère formel<strong>le</strong> apporte de nombreux<br />

avantages comme un meil<strong>le</strong>ur accès à<br />

l'appui financier et administratif, mais<br />

la plupart des entrepreneurs trouvent<br />

<strong>le</strong>s procé<strong>du</strong>res d'enregistrement<br />

très compliquées, consommatrices de<br />

temps et coûteuses, relativement aux<br />

avantages qu'ils pensent en tirer.<br />

2. Le regroupement de MPE dans des<br />

Clusters pourrait, généra<strong>le</strong>ment, fournir<br />

un environnement incitatif, qui<br />

-7-<br />

accroît l'efficacité des entreprises <strong>du</strong><br />

fait de l'existence d'entités complémentaires<br />

en termes de pro<strong>du</strong>ction.<br />

Evoluer au sein d'un cluster permet<br />

l'échange de connaissance, d'expérience<br />

et permet des interconnexions<br />

professionnel<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s sociétés<br />

fonctionnant dans la même communauté,<br />

qui accroissent la performance<br />

de la société par augmentation <strong>du</strong><br />

capital social. En Egypte, l'appartenance<br />

à un cluster est apparu comme<br />

<strong>le</strong> premier déterminant prioritaire de<br />

succès. Au Liban, à l'inverse, <strong>le</strong>s MPE<br />

qui n'appartiennent pas à un cluster<br />

réalisent des meil<strong>le</strong>ures performances.<br />

C'est en raison de la nature des<br />

clusters au Liban, qui consiste principa<strong>le</strong>ment<br />

en entreprises évoluant<br />

dans la même branche. La conséquence<br />

est un environnement de concurrence<br />

qui limite <strong>le</strong>s profits et ainsi<br />

<strong>le</strong>s performances.<br />

3. Toutes <strong>le</strong>s études <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s MPE ont<br />

montré que <strong>le</strong> fait que l'entrepreneur<br />

soit un homme coïncide avec<br />

une meil<strong>le</strong>ure performance de l'entreprise.<br />

Indépendamment de <strong>le</strong>ur<br />

niveau é<strong>du</strong>cation, de formation et<br />

d'expérience (s'il y en a), <strong>le</strong>s entrepreneurs<br />

de sexe féminin souffrent<br />

d'une position désavantagée relativement<br />

aux entrepreneurs masculins :<br />

<strong>le</strong>s femmes font face à plus de difficultés<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché, dans l'é<strong>du</strong>cation<br />

et l'obtention de formation ainsi que<br />

dans l'accès à des moyens financiers<br />

et autres services d'appui. De plus, <strong>le</strong><br />

rô<strong>le</strong> de la femme au sein <strong>du</strong> ménage<br />

limite sa capacité à consacrer plus de<br />

temps à son affaire.<br />

4. L'existence d'un environnement d'affaires<br />

incitatif qui as<strong>sur</strong>e de bonnes


conditions de travail, la disponibilité<br />

d'une main d'oeuvre spécialisée, l'accès<br />

aux services financiers et aux<br />

autres services professionnels, <strong>le</strong> fait<br />

de pouvoir disposer d'incitations fisca<strong>le</strong>s<br />

et une concurrence limitée de la<br />

part de sociétés plus importantes sont<br />

considérés comme essentiels pour<br />

as<strong>sur</strong>er <strong>le</strong> succès de l'entreprise.<br />

5. Le succès des MPE dépend <strong>du</strong> niveau<br />

d'é<strong>du</strong>cation des entrepreneurs, de<br />

<strong>le</strong>ur formation et/ou de l'expérience<br />

acquise. Il a été trouvé au Maroc, au<br />

Liban et en Turquie que <strong>le</strong>s entreprises<br />

<strong>le</strong>s plus performantes sont cel<strong>le</strong>s<br />

qui appartiennent à des entrepreneurs<br />

qui ont reçu plus de 10 ans d'é<strong>du</strong>cation.<br />

Toutefois, en Egypte, <strong>le</strong> nombre<br />

d'années d'é<strong>du</strong>cation ne semb<strong>le</strong> avoir<br />

aucun effet <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s performances de<br />

l'entreprise.<br />

6. La formation professionnel<strong>le</strong> ou technique<br />

formel<strong>le</strong> acquise par l'entrepreneur<br />

apparaît aussi importante que<br />

<strong>le</strong> niveau d'instruction. En Turquie,<br />

seu<strong>le</strong>ment 10% des entrepreneurs<br />

avaient suivi une formation technique<br />

ou professionnel<strong>le</strong> formel<strong>le</strong>. En<br />

Egypte, ce pourcentage n'est que de<br />

3,4% pour <strong>le</strong>s entrepreneurs mâ<strong>le</strong>s<br />

et 2,9% pour <strong>le</strong>s femmes. Au Liban,<br />

ces pourcentages sont de 9% et 15%<br />

-8-<br />

respectivement. Dans ce pays, ce qui<br />

semb<strong>le</strong> importer n'est pas la formation<br />

professionnel<strong>le</strong> (qui affichait un<br />

impact négatif <strong>sur</strong> la performance de<br />

la société), mais <strong>le</strong>s entrepreneurs<br />

disposant d'une expérience d'apprentissage<br />

semb<strong>le</strong>nt en faire profiter <strong>le</strong>urs<br />

entreprises qui affichent de meil<strong>le</strong>urs<br />

performances. Ceci est vrai dans tous<br />

<strong>le</strong>s pays de l'étude, et se justifie par<br />

<strong>le</strong> fait que ce type de formation est<br />

spécialisé et donc particulièrement<br />

approprié à l'activité de la société.<br />

7. L'accès aux ressources financières<br />

constitue un facteur déterminant <strong>du</strong><br />

succès et de la pérennité des MPE.<br />

Comme indiqué par <strong>le</strong>s entrepreneurs,<br />

il faut <strong>le</strong> considérer comme<br />

l'un des principaux problèmes auxquels<br />

ils font face : <strong>le</strong>s institutions<br />

financières ne sont pas aptes ou<br />

enclines à prêter aux petites entreprises<br />

en raison <strong>du</strong> risque é<strong>le</strong>vé des<br />

prêts à de petits entrepreneurs inconnus<br />

et <strong>du</strong> coût de transactions é<strong>le</strong>vé<br />

lié à de petits prêts. En conséquence,<br />

l'enquête con<strong>du</strong>ite dans <strong>le</strong>s quatre<br />

pays a montré qu'un très petit pourcentage<br />

d'entrepreneurs disposent<br />

de prêts formels pour financer <strong>le</strong>ur<br />

affaire, la plupart recourant à <strong>le</strong>urs<br />

économies personnel<strong>le</strong>s ou d'autres<br />

sources de finances.<br />

Tab<strong>le</strong>au X1 : Les sources de financements des micro et petites entreprises<br />

Source de finances Egypte Liban Turquie<br />

Succession 21,0 18,0 5,3<br />

Epargne personnel<strong>le</strong> 67,1 60,0 78,9<br />

Liquidation d’actifs 3,6 3,8 1,9<br />

Prêts formels 3,5 4,2 0,6<br />

Prêts informels 2,6 2,5 8,8<br />

Versements propres 0,5 5,5 0,1<br />

Autres versements 0,9<br />

Autres 0,8 4,9 4,5<br />

Source : Femise, à partir de l’étude FEM21-31


8. Un autre facteur important de suc-<br />

cès est la disponibilité d'infrastruc-<br />

tures adéquates (comme des routes,<br />

<strong>le</strong> transport, l'é<strong>le</strong>ctricité, l'eau, etc),<br />

ainsi que l'accès à <strong>du</strong> matériel et à<br />

la technologie avancée (particulièrement<br />

pour <strong>le</strong>s entreprises travaillant<br />

dans <strong>le</strong> secteur in<strong>du</strong>striel), ce qui<br />

augmenterait la pro<strong>du</strong>ctivité et améliorerait<br />

la <strong>du</strong>rabilité de croissance.<br />

Évaluation des performances : <strong>le</strong><br />

cas des MPE en Egypte<br />

Pour mettre en évidence la dynamique<br />

de croissance de MPE en Egypte,<br />

un Index de Croissance a été construit<br />

utilisant <strong>le</strong>s données de l'enquête<br />

principa<strong>le</strong> (2003), où l'on dispose<br />

des données de performance <strong>sur</strong> deux<br />

points temporels : l'année de l'enquête<br />

(2003) et un an plus tôt (2002).<br />

L'Index de Croissance[4] est composé<br />

de quatre variab<strong>le</strong>s en liaison avec<br />

la croissance : (i) va<strong>le</strong>ur <strong>du</strong> capital<br />

investi; (ii) espace d'entreprise (iii)<br />

nombre d'employés; et (iv) va<strong>le</strong>ur de<br />

matières premières utilisées. L'Index<br />

a été calculé en se fondant <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

taux de variation moyen de ces variab<strong>le</strong>s<br />

entre la période de l'enquête et<br />

l'année précédente. Les variab<strong>le</strong>s de<br />

croissance, permettent de souligner<br />

quelques aspects <strong>sur</strong> la dynamique de<br />

cette période.<br />

En moyenne, <strong>le</strong> taux de croissance<br />

expérimenté par <strong>le</strong>s MPE n'a pas excédé<br />

2,2% entre 2002 et 2003. L'index<br />

-9-<br />

de croissance a montré que plus de la<br />

moitié (52,2%) des MPE n'a connu de<br />

croissance cette année là. La plupart<br />

des MPE restantes (28,5%) ont connu<br />

une détérioration de l'activité et seu<strong>le</strong>ment<br />

19% ont enregistré une croissance<br />

modérée. Pour 17%, la situation<br />

s'est détériorée de plus de cinq points<br />

de pourcentage, tandis que seu<strong>le</strong>ment<br />

12% ont connu une croissance de plus<br />

de cinq points de pourcentage.<br />

Testant la relation entre la va<strong>le</strong>ur<br />

de l'index de croissance et certaines<br />

des caractéristiques des MPE, on peut<br />

observer que :<br />

√ En termes d'activité économique, <strong>le</strong>s<br />

entreprises travaillant dans <strong>le</strong> secteur<br />

d'in<strong>du</strong>strie ont réalisé la croissance<br />

moyenne la plus haute avec<br />

4,1%,à comparer à la croissance de<br />

3,8% dans <strong>le</strong> secteur de services<br />

et 1,3% seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> secteur<br />

commercial.<br />

√ Par ail<strong>le</strong>urs, 15% des MPE travaillant<br />

dans <strong>le</strong> secteur tertiaire ont connu<br />

une croissance de plus de 5% contre<br />

seu<strong>le</strong>ment 10% des MPE travaillant<br />

dans <strong>le</strong> secteur in<strong>du</strong>striel.<br />

√ En termes de tail<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s données ont<br />

montré que <strong>le</strong>s petites entreprises<br />

employant de 5 à 9 personnes ont<br />

obtenu <strong>le</strong> taux de croissance moyen<br />

<strong>le</strong> plus haut avec 4,75%, tandis que<br />

cel<strong>le</strong>s employant de 10 à 49 personnes<br />

ont connu une détérioration<br />

moyenne de la situation de 1,3%.<br />

Tab<strong>le</strong>au X2-: Distribution de MPE selon l'indicateur de croissance<br />

Va<strong>le</strong>ur de l’index de croissance


√ Les données indiquent éga<strong>le</strong>ment que<br />

presque la moitié des micro entreprises<br />

(1-4 employés) n'ont pas eu de croissance,<br />

30% ont vu <strong>le</strong>urs performances<br />

se détériorer et seu<strong>le</strong>ment 18% ont<br />

réalisé un peu de croissance.<br />

√ L'image est quelque peu différente<br />

dans <strong>le</strong> cas des petites sociétés (5-<br />

9 employés), où <strong>le</strong> pourcentage des<br />

entreprises qui ont subi une détérioration<br />

est presque égal à celui des<br />

entreprises qui ont amélioré la situation<br />

(25%).<br />

√ Si la situation est restée inchangée<br />

pour la plupart des plus grandes<br />

entreprises (80% des 10 à 49<br />

employés), indiquant que cette classe<br />

d'entreprises est plus stab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> nombre<br />

d'entre el<strong>le</strong>s dont la dynamique<br />

a été négative était plus grand que<br />

cel<strong>le</strong>s qui ont amélioré <strong>le</strong>ur situation,<br />

entraînant <strong>le</strong> taux de croissance<br />

moyen de ce groupe à un niveau<br />

négatif (-1,3%).<br />

√ En termes de capital investi, <strong>le</strong>s résultats<br />

ont montré que <strong>le</strong>s entreprises<br />

qui ont investi un capital compris<br />

entre 5,000 et 20,000 Livres égyptiennes<br />

ont obtenu <strong>le</strong> taux de croissance<br />

<strong>le</strong> plus haut à 4,4% tandis que<br />

cel<strong>le</strong>s qui ont investi moins de 1,000<br />

livres égyptiennes ont réalisé <strong>le</strong>s performances<br />

<strong>le</strong>s plus basses (presque<br />

0,5%).<br />

√ Un des résultats particulièrement<br />

importants concerne la relation entre<br />

l'index de croissance et la «formalité».<br />

Les sociétés informel<strong>le</strong>s ont<br />

réalisé un taux de croissance moyen<br />

plus haut à 2,7% que cel<strong>le</strong>s qui sont<br />

formel<strong>le</strong>s (1,1%).<br />

-10-<br />

√ En termes de modè<strong>le</strong> de croissance,<br />

il reste <strong>le</strong> même pour des sociétés<br />

formel<strong>le</strong>s et informel<strong>le</strong>s : la moitié<br />

des deux catégories reste inchangée<br />

(52%); presque 28% des sociétés<br />

(formel ou informel) ont connu une<br />

tendance négative et presque 19%<br />

d'entre el<strong>le</strong>s (formel ou informel) ont<br />

réalisé un peu de croissance.<br />

Pour résumer, <strong>le</strong>s sociétés <strong>le</strong>s plus performantes<br />

en Egypte :<br />

1. se situent dans <strong>le</strong> secteur in<strong>du</strong>striel<br />

2. emploient entre 5 et 9 personnes<br />

3. disposent d'un capital investi important<br />

entre 5,000 et 20,000 LE<br />

4. et sont dans <strong>le</strong> secteur informel.<br />

Les perspectives de MPE<br />

Il est clair que <strong>le</strong>s performances des<br />

MPE et l'environnement dont el<strong>le</strong>s bénéficient<br />

sont <strong>le</strong>s principaux déterminants<br />

de la façon dont l'entrepreneur perçoit<br />

l'avenir de son entreprise. L'étude a<br />

donc construit un Index de Perspectives<br />

Futures pour me<strong>sur</strong>er la perception que<br />

<strong>le</strong>s entrepreneurs de MPE ont de l'avenir<br />

de <strong>le</strong>urs affaires.<br />

L'index est basé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s données<br />

recueillies dans l'enquête principa<strong>le</strong><br />

(2003) et lors d'une enquête complémentaire<br />

réalisée en (2004) <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

espoirs des entrepreneurs à l'avenir de<br />

<strong>le</strong>urs sociétés.<br />

L'index me<strong>sur</strong>e <strong>le</strong>s perspectives futures<br />

des entrepreneurs à partir des facteurs<br />

suivants : (i) emploi; (ii) espace<br />

de l'unité économique; (iii) pro<strong>du</strong>ction;<br />

(iv) capital investi; (v) revenus;<br />

(vi) ventes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché domestique;<br />

(vii) exportations; et (viii) intro<strong>du</strong>ction<br />

de nouveaux pro<strong>du</strong>its[5].


Les résultats indiquent qu'en Egypte, au<br />

Maroc et au Liban, la plupart des entrepreneurs<br />

ne prévoient aucun changement<br />

de <strong>le</strong>urs affaires. Les entrepreneurs en<br />

Egypte ont indiqué une perception plus<br />

négative de l'avenir de <strong>le</strong>urs affaires en<br />

2004 qu'en 2003[6]. Les anticipations<br />

négatives étaient tout à fait claires <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> nombre des entrepreneurs qui ont<br />

l'intention de quitter l'affaire ou de diminuer<br />

<strong>le</strong> nombre d'employés, la va<strong>le</strong>ur<br />

des actifs, la pro<strong>du</strong>ction, <strong>le</strong>s ventes<br />

domestiques et <strong>le</strong>s revenus. A l'inverse<br />

au Liban, l'image était complètement<br />

différente, avec un nombre d'entrepreneurs<br />

qui s'attendent à la croissance<br />

de <strong>le</strong>urs sociétés supérieur à ceux qui<br />

s'attendent à une contraction de <strong>le</strong>urs<br />

activités. Les fortes anticipations ont été<br />

particulièrement dominantes en termes<br />

de pro<strong>du</strong>ction (42% anticipaient une<br />

augmentation de la pro<strong>du</strong>ction) et de<br />

ventes domestiques (54%). Au Maroc, la<br />

situation est semblab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> Liban,<br />

<strong>le</strong>s entrepreneurs qui ont de bonnes<br />

anticipations étant plus nombreux que<br />

ceux dont la perception est négative.<br />

Ces anticipations étaient plus favorab<strong>le</strong>s<br />

en termes de pro<strong>du</strong>ction future (39%) et<br />

de revenus (49%).<br />

Recommandations de politique<br />

Il n'est pas diffici<strong>le</strong> de généraliser <strong>le</strong>s<br />

recommandations de politique à mettre<br />

en place pour promouvoir <strong>le</strong> secteur des<br />

MPE, puisque l'on a bien observé que<br />

<strong>le</strong>s besoins de base sont plus ou moins<br />

<strong>le</strong>s mêmes dans tous <strong>le</strong>s PM, même si<br />

certaines spécificités nationa<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s<br />

conditions spécia<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ce<br />

secteur fonctionne doivent être prises en<br />

considération. Les actions doivent non<br />

seu<strong>le</strong>ment se concentrer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s politiques<br />

qui augmenteraient la croissance<br />

-11-<br />

des MPE, mais plus encore <strong>sur</strong> cel<strong>le</strong>s<br />

permettant d'améliorer <strong>le</strong>ur efficacité<br />

et <strong>le</strong>s conditions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s<br />

opèrent. Il est à noter que l'efficacité<br />

de ces recommandations est conditionnel<strong>le</strong><br />

à la poursuite des réformes macroéconomiques<br />

concernant <strong>le</strong>s domaines<br />

des infrastructures, de la fiscalité, des<br />

domaines institutionnel, sectoriel et la<br />

politique d'emploi.<br />

√ Il est important de différencier <strong>le</strong>s<br />

micro et <strong>le</strong>s petites entreprises dans<br />

la mise en place de me<strong>sur</strong>es pour<br />

améliorer <strong>le</strong>ur croissance. Les deux<br />

groupes ont des schémas de pro<strong>du</strong>ctivité<br />

différents, des conditions<br />

d'opérations différentes, des perspectives<br />

de croissance différentes et<br />

des besoins différents. Les politiques<br />

visant <strong>le</strong>s micro-entreprises devraient<br />

se concentrer <strong>sur</strong> l'amélioration de<br />

la pro<strong>du</strong>ctivité et de l'efficacité, en<br />

fournissant des programmes d'aide<br />

techniques particulièrement dans des<br />

clusters. De <strong>le</strong>ur côté, <strong>le</strong>s politiques<br />

ciblant <strong>le</strong>s petites entreprises, doivent<br />

être plus diversifiées, en fournissant<br />

un appui dans <strong>le</strong>s domaines financiers,<br />

techniques et de marketing et<br />

des programmes de promotion de<br />

l'exportation.<br />

√ Les politiques doivent mettre en<br />

relation <strong>le</strong>s MPE (particulièrement<br />

<strong>le</strong>s plus petites) et de plus grandes<br />

sociétés. Les MPE pourraient agir<br />

comme des in<strong>du</strong>stries amont, des<br />

sous-traitants, des fournisseurs de<br />

service/maintenance pour <strong>le</strong>s activités<br />

des sociétés plus grandes. Ce<br />

secteur peut être considéré comme<br />

un chaînon manquant que pourrait<br />

mettre à profit <strong>le</strong>s entreprises plus<br />

importantes. Il pourrait par exemp<strong>le</strong>


s'agir d'octroyer aux grandes entre-<br />

prises qui seraient en relation avec<br />

des MPE des primes ou des exonérations<br />

de charges.<br />

√ Il est nécessaire de mettre en place<br />

un environnement d'affaires et institutionnel<br />

incitatif. Cela inclut la<br />

simplification des procé<strong>du</strong>res d'enregistrement<br />

et la conception des<br />

cadres fiscaux spéciaux pour <strong>le</strong>s<br />

MPE, <strong>le</strong>s encourageant à fonctionner<br />

formel<strong>le</strong>ment. La plupart des MPE<br />

informel<strong>le</strong>s ont tendance à limiter<br />

<strong>le</strong>ur croissance dans certaines limites<br />

et/ou préférer fonctionner de<br />

façon informel<strong>le</strong>, parce ce qu'el<strong>le</strong>s<br />

redoutent <strong>le</strong> besoin de traiter avec<br />

<strong>le</strong>s administrations publiques, <strong>le</strong>s<br />

administrations fisca<strong>le</strong>s, etc. Il est<br />

éga<strong>le</strong>ment nécessaire d'encourager<br />

<strong>le</strong>s MPE à exercer au sein de clusters<br />

afin de partager <strong>le</strong>s avantages de<br />

disposer de supports en termes de<br />

conseil et des services.<br />

√ La plupart des entrepreneurs dans<br />

<strong>le</strong>s quatre enquêtes ont souligné à<br />

quel point <strong>le</strong>ur paraissait très diffici<strong>le</strong><br />

sinon tâche impossib<strong>le</strong> l'accès aux<br />

prêts officiels. Ici, il est nécessaire<br />

de mettre en place <strong>le</strong>s mécanismes<br />

permettant d'accorder des prêts à<br />

des activités/projets spécialisées,<br />

identifiés selon <strong>le</strong>s besoins des marchés,<br />

et pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s conditions<br />

d'octroi et <strong>le</strong>s garanties exigées<br />

seraient ré<strong>du</strong>ites.<br />

√ Ainsi qu'il est apparu dans <strong>le</strong>s enquêtes,<br />

la formation continue est considérée<br />

comme la principa<strong>le</strong> (et parfois<br />

la seu<strong>le</strong>) source de formation.<br />

Pour soutenir ces entreprises, il est<br />

nécessaire de mettre en place plus<br />

-12-<br />

de possibilités et d'organismes de<br />

formation professionnel<strong>le</strong>. Les centres<br />

publics de formation ne sont<br />

pas assez nombreux, ce qui entraîne<br />

<strong>le</strong> besoin d'encourager des organisations<br />

non gouvernementa<strong>le</strong>s et <strong>le</strong><br />

secteur privé à investir dans la création<br />

de nouveaux centres modernes<br />

de formation spécialisés et ou <strong>le</strong><br />

financement de la rénovation et de<br />

la gestion des centres de formation<br />

de public existants.<br />

√ Des politiques spécialisées ciblant<br />

<strong>le</strong>s entrepreneurs femmes doivent<br />

éga<strong>le</strong>ment être conçues pour limiter<br />

<strong>le</strong>s inconvénients qui touchent<br />

actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s femmes : el<strong>le</strong>s sont<br />

en effet apparues moins instruites,<br />

non qualifiées, non-formées, el<strong>le</strong>s<br />

affichent une pro<strong>du</strong>ctivité basse, de<br />

faib<strong>le</strong>s revenus, une va<strong>le</strong>ur ajoutée<br />

inférieure; et ont moins accès aux<br />

actifs et aux ressources.<br />

√ Le nombre de MPE exportatrices est<br />

extrêmement bas. Les MPE n'ont<br />

pas <strong>le</strong>s connaissances, l'expérience<br />

ou l'infrastructure nécessaires pour<br />

l'exportation. La mise en place de<br />

formation et de services de conseils<br />

<strong>sur</strong> l'exportation, la création d'entreprises<br />

d'exportation spécialisées<br />

capab<strong>le</strong>s de faire la médiation entre<br />

<strong>le</strong>s marchés d'exportation et <strong>le</strong>s MPE<br />

pourrait être une façon efficace de<br />

promouvoir une culture d'exportation<br />

au sein des entreprises loca<strong>le</strong>s.<br />

Les MPE disposant d'un potentiel<br />

d'exportation devraient être informées<br />

des marchés étrangers, ainsi<br />

que des entreprises étrangères <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s mêmes créneaux afin d'augmenter<br />

la possibilité d'une coopération<br />

active.


2. La relation ouverture-emploi <strong>du</strong><br />

point de vue des entreprises<br />

Les caractéristiques identifiées des petites<br />

entreprises, qui rappelons-<strong>le</strong>, représente<br />

l'essentiel <strong>du</strong> tissu in<strong>du</strong>striel des<br />

PM et de l'emploi permettent ainsi de<br />

mieux comprendre quels peuvent être<br />

<strong>le</strong>s canaux de transmission des bénéfices<br />

atten<strong>du</strong>s de l'ouverture. Il reste<br />

néanmoins à connaître plus finement<br />

l'impact en termes d'emploi. C'est-àdire<br />

qu'il faut non seu<strong>le</strong>ment évaluer <strong>le</strong><br />

résultat global, dont on sait déjà qu'il<br />

a été modeste <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s dix dernières<br />

années, mais <strong>sur</strong>tout quels sont <strong>le</strong>s<br />

mécanismes précis qui ont con<strong>du</strong>it à cet<br />

impact, ce qui pourra con<strong>du</strong>ire à améliorer<br />

<strong>le</strong>s retombées potentiel<strong>le</strong>s.<br />

C'est ce qu'a cherché à faire une autre<br />

étude Femise[7], à partir des données<br />

de l'enquête annuel<strong>le</strong> <strong>du</strong> Ministère <strong>du</strong><br />

Commerce et de l'In<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> Maroc<br />

qui couvrent la période 1990-2002.<br />

Les équipes ont étudié <strong>le</strong>s processus<br />

de création et de destruction d'emploi<br />

dans l'in<strong>du</strong>strie manufacturière au<br />

niveau des branches, afin d'appréhender<br />

précisément <strong>le</strong>s mouvements<br />

qui s'y pro<strong>du</strong>isent et qui reflètent <strong>le</strong>s<br />

conséquences de l'ajustement in<strong>du</strong>striel,<br />

ce que ne permet pas une analyse<br />

au niveau sectoriel de la variation de<br />

l'emploi net. L'objectif est de mieux<br />

connaître <strong>le</strong>s origines de la réallocation<br />

de l'emploi (tail<strong>le</strong>, secteur d'activité<br />

de l'entreprise, propension à exporter,<br />

etc.) et son amp<strong>le</strong>ur au sein de l'in<strong>du</strong>strie<br />

et entre catégories d'entreprises.<br />

L'hétérogénéité des entreprises a été,<br />

en effet, identifiée comme un élément<br />

explicatif important des vagues de<br />

création/destruction d'emploi qui, dans<br />

ce cas, ne sont pas liées directement<br />

-13-<br />

aux chocs sectoriels spécifiques ou au<br />

cyc<strong>le</strong> conjoncturel, mais aux comportements<br />

des firmes. Par cette analyse,<br />

l'idée est d'appréhender <strong>le</strong>s effets <strong>sur</strong><br />

l'emploi marocain de l'ouverture symbolisée<br />

notamment par l'entrée <strong>du</strong> pays<br />

à l'OMC en 1995 et la signature de l'accord<br />

d'association avec l'UE. L'analyse<br />

a éga<strong>le</strong>ment été menée dans un objectif<br />

similaire <strong>sur</strong> <strong>le</strong> Turquie.<br />

L'étude <strong>du</strong> cas marocain, menée à un<br />

niveau fin, montre que la rigidité <strong>du</strong><br />

marché <strong>du</strong> travail marocain est un obstac<strong>le</strong><br />

moins important que cela n'a été<br />

souligné dans d'autres études et que la<br />

mobilité de la main d'œuvre est plutôt<br />

é<strong>le</strong>vée :<br />

√ Au total pour <strong>le</strong> Maroc, la création<br />

nette d'emploi a été faib<strong>le</strong> (64 000<br />

soit une croissance annuel<strong>le</strong> moyenne<br />

de 1,2% <strong>sur</strong> la période), <strong>sur</strong>tout<br />

depuis 1998 malgré une forte mobilité<br />

de la main d'œuvre attestée par<br />

l'amp<strong>le</strong>ur des chiffres bruts de création<br />

(650 000) et de destruction (586<br />

000) et la faib<strong>le</strong>sse de la contrainte<br />

que représente la législation (licenciement,<br />

en particulier) qui est pourtant<br />

souvent blâmée.<br />

√ La création est assez régulière, el<strong>le</strong> se<br />

monte à 11,8% entre 1990 et 2002<br />

(écart type inférieur à 0,7) alors que<br />

la destruction, presque aussi é<strong>le</strong>vée<br />

(10,6%), est plus chaotique (écart<br />

type de 1,9) ce qui est cohérent avec<br />

<strong>le</strong>s résultats obtenus pour d'autres<br />

pays en développement. Cela s'explique<br />

par <strong>le</strong> fait que la destruction est<br />

plus liée à la conjoncture que la création.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement de<br />

la création nette d'emploi serait l'expression<br />

d'une plus forte destruction


plutôt que d'un essouff<strong>le</strong>ment de la<br />

création (tab<strong>le</strong>au X3).<br />

√ la création d'emploi est à 90% <strong>le</strong> fait<br />

des entreprises pérennes, ce qui n'est<br />

pas <strong>le</strong> cas dans la plupart des autres<br />

pays pour <strong>le</strong>squels ce type d'analyse a<br />

été mené, mais ce sont aussi ces entreprises<br />

qui détruisent <strong>le</strong> plus d'emplois<br />

(57%) en réaménageant <strong>le</strong>urs effectifs<br />

(43% sont <strong>le</strong> résultat d'une faillite).<br />

Ces destructions sont très variab<strong>le</strong>s et<br />

oscil<strong>le</strong>nt entre 32,8% en 1999-2000 et<br />

76,3% en 1993-1994.<br />

Toutefois, au-delà <strong>du</strong> comportement des<br />

firmes, <strong>le</strong> cas marocain illustre l'impact<br />

de la spécialisation, dont <strong>le</strong>s limites commencent<br />

à pro<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>urs effets néfastes<br />

<strong>sur</strong> la création d'emplois :<br />

√ si <strong>le</strong>s secteurs qui absorbent <strong>le</strong> plus<br />

de main d'œuvre, en particulier peu<br />

-14-<br />

qualifiée, à savoir ceux <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et<br />

<strong>du</strong> cuir (46,7% de l'emploi manufacturier<br />

total en 2002), de la chimie et<br />

parachimie (19,4%) et de l'agroalimentaire<br />

(18,7%), voient <strong>le</strong>urs contributions<br />

relatives à l'emploi total<br />

recu<strong>le</strong>r depuis une décennie, seul<br />

<strong>le</strong> dernier d'entre eux a per<strong>du</strong> des<br />

emplois en termes absolus (tab<strong>le</strong>au<br />

X4). Mais, comme va <strong>le</strong> montrer<br />

la deuxième partie <strong>du</strong> rapport, cela<br />

pourrait devenir éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cas <strong>du</strong><br />

secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et <strong>du</strong> cuir <strong>du</strong> fait<br />

de la fin de l'accord multi-fibres et<br />

<strong>du</strong> manque de préparation <strong>du</strong> pays<br />

à affronter cette situation (recul de<br />

l'investissement, etc.).<br />

√ Les in<strong>du</strong>stries é<strong>le</strong>ctriques et é<strong>le</strong>ctroniques<br />

voient <strong>le</strong>ur place se renforcer<br />

puisque, bien qu'el<strong>le</strong>s ne viennent<br />

qu'en cinquième position en termes<br />

de part dans l'emploi total (5,6%),<br />

Tab<strong>le</strong>au X3-: Flux nets et flux bruts d'emplois dans l'in<strong>du</strong>strie manufacturière au<br />

Maroc<br />

Années<br />

Taux net<br />

de création<br />

(TNC)<br />

Taux brut<br />

de création<br />

(TBC)<br />

Taux<br />

brut de<br />

destruction<br />

(TBD)<br />

Taux de<br />

réallocation<br />

(TR)<br />

1990-1991 3 12,3 9,3 21,6<br />

1991-1992 2,8 11,7 8,8 20,5<br />

1992-1993 2,2 12,3 10,1 22,3<br />

1993-1994 0,5 12,1 11,5 23,6<br />

1994-1995 1,7 11,7 10 21,6<br />

1995-1996 2,8 12 9,2 21,2<br />

1996-1997 2,9 10,9 8 18,9<br />

1997-1998 -2,4 10,5 12,9 23,4<br />

1998-1999 1,5 11,4 9,9 21,4<br />

1999-2000 -1,4 12,8 14,2 26,9<br />

2000-2001 0 12,9 12,9 25,8<br />

2001-2002 0,7 11,3 10,6 21,9<br />

moyenne 1,2 11,8 10,6 22,4<br />

Ecart type 1,8 0,7 1,9 2,6<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22


el<strong>le</strong>s présentent un dynamisme dans<br />

la création d'emplois (22,7% entre<br />

1990-2002, dont -0,9% pour 1990-<br />

1995 puis 77,2% pour 1996-2002)<br />

qui n'est <strong>sur</strong>passé que par celui des<br />

in<strong>du</strong>stries <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et cuir (81,9%).<br />

Cependant, la part encore modeste <strong>du</strong><br />

secteur ne <strong>le</strong> rend pas apte à prendre<br />

<strong>le</strong> relais <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et cuir<br />

dans <strong>le</strong> court terme (tab<strong>le</strong>au X5).<br />

√ Au sein de l'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et<br />

cuir, principal contributeur à l'emploi<br />

manufacturier, c'est la branche<br />

habil<strong>le</strong>ment qui a été <strong>le</strong> moteur de la<br />

création d'emplois alors que <strong>le</strong> texti<strong>le</strong><br />

perdait de la vitesse. Il apparaît donc<br />

que <strong>le</strong> degré d'exposition <strong>du</strong> Maroc<br />

aux conséquences que l'on prévoit<br />

négatives de la fin de l'accord multifibres<br />

est plus é<strong>le</strong>vé que l'analyse au<br />

niveau sectoriel ne <strong>le</strong> laisse présager.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, cela souligne de plus l'in-<br />

-15-<br />

capacité <strong>du</strong> Maroc, à la différence de<br />

la Turquie comme on va <strong>le</strong> voir plus<br />

loin, à développer une filière <strong>sur</strong> son<br />

sol, ce qui lui permettrait de capter<br />

une partie de la rente (<strong>le</strong> tissu peut<br />

représenter 60% <strong>du</strong> prix d'un artic<strong>le</strong><br />

d'habil<strong>le</strong>ment). S'ajoute éga<strong>le</strong>ment<br />

une incapacité de maîtrise des coûts<br />

et des délais qui vont fortement renforcer<br />

la concurrence supportée par<br />

<strong>le</strong>s firmes à brève échéance.<br />

√ Enfin, la création brute d'emploi<br />

émane des entreprises installées <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> marché depuis une période longue<br />

(c'est <strong>le</strong> cas à 95% dans la chimie-parachimie,<br />

92% dans l'agroalimentaire,<br />

92% dans la mécanique<br />

et métallurgie). La contribution des<br />

entreprises nouvel<strong>le</strong>ment créées est<br />

toutefois plus é<strong>le</strong>vée dans <strong>le</strong>s secteurs<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et cuir ou de l'é<strong>le</strong>ctronique,<br />

moins capitalistiques. On<br />

Tab<strong>le</strong>au X4 : Evolution de la contribution à l'emploi manufacturier par secteur<br />

Années<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

In<strong>du</strong>stries Agro- In<strong>du</strong>stries Texti<strong>le</strong><br />

Chimiques &<br />

alimentaires & Cuir<br />

para-chimiques<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

Mécaniques &<br />

Métallurgique<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

E<strong>le</strong>ctriques &<br />

E<strong>le</strong>ctronique<br />

1990 22,9 41,2 21,9 11,0 3,0 100<br />

1991 22,2 41,8 22,1 11,2 2,8 100<br />

1992 20,8 42,9 22,3 11,6 2,4 100<br />

1993 21,7 41,7 22,2 11,9 2,5 100<br />

1994 21,9 42,8 21,8 11,0 2,4 100<br />

1995 21,5 42,2 22,7 11,1 2,6 100<br />

1996 20,6 42,2 23,7 10,8 2,6 100<br />

1997 20,2 43,2 23,4 10,6 2,6 100<br />

1998 18,9 45,7 22,1 9,7 3,6 100<br />

1999 18,3 46,5 21,0 9,9 4,2 100<br />

2000 18,8 46,1 20,5 9,9 4,7 100<br />

2001 19,1 46,3 19,9 9,6 5,1 100<br />

2002 18,7 46,7 19,4 9,6 5,6 100<br />

Tab<strong>le</strong>au X5 : Contribution sectoriel<strong>le</strong> à la création nette d'emplois<br />

Années<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

Agroalimentaires<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

Texti<strong>le</strong> &<br />

Cuir<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

Chimiques &<br />

para-chimiques<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

Mécaniques &<br />

Métallurgique<br />

In<strong>du</strong>stries<br />

E<strong>le</strong>ctriques &<br />

E<strong>le</strong>ctronique<br />

1990-1995 8,1 50,8 29,9 12,1 -0,9 100<br />

1996-2002 -46,3 154,1 -58 -27,1 77,2 100<br />

Ensemb<strong>le</strong> -8,3 81,9 3,4 0,3 22,7 100<br />

Total<br />

Total


y verra à nouveau une illustration<br />

des problèmes d'accès au financement<br />

pour <strong>le</strong>s entreprises. Reste à<br />

connaître la capacité d'adaptation de<br />

ces grandes entreprises au changement<br />

de la situation concurrentiel<strong>le</strong><br />

au niveau international ; l'accord de<br />

<strong>partenariat</strong> ne <strong>le</strong>s y ayant pas préparées<br />

puisqu'il s'est tra<strong>du</strong>it par des<br />

délocalisations et une division internationa<strong>le</strong><br />

des tâches, mais rarement<br />

par l'émergence de filières dans <strong>le</strong>s<br />

PM ou de remontées <strong>sur</strong> la chaîne<br />

de va<strong>le</strong>ur suffisantes pour vendre un<br />

pro<strong>du</strong>it sous une marque loca<strong>le</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

marché <strong>euro</strong>péen.<br />

Apparemment, l'in<strong>du</strong>strie marocaine n'a<br />

pas encore enc<strong>le</strong>nché un processus de<br />

transition vers un régime de croissance<br />

plus é<strong>le</strong>vé qui répondrait à ses contraintes<br />

d'emploi. El<strong>le</strong> est toujours dominée<br />

par <strong>le</strong>s branches qui emploient une main<br />

d'œuvre peu qualifiée et pro<strong>du</strong>isent peu<br />

de va<strong>le</strong>ur-ajoutée. L'émergence d'une<br />

in<strong>du</strong>strie plus intensive en travail qualifié<br />

et à haute va<strong>le</strong>ur-ajoutée s'avère diffici<strong>le</strong><br />

et l'ouverture ne soutient que peu ce<br />

processus. On remarque ainsi que :<br />

√ la structure de l'emploi évolue peu ;<br />

l'emploi non qualifié représente en<br />

2002, comme en 1990, quelques<br />

51% de l'emploi total ; la part des<br />

emplois qualifiés et <strong>le</strong>s taux d'enca-<br />

-16-<br />

drement stagnent autour de 39% et<br />

10% respectivement.<br />

√ <strong>le</strong>s mouvements des travail<strong>le</strong>urs se<br />

font principa<strong>le</strong>ment à niveau de qualification<br />

constant en faveur des branches<br />

habil<strong>le</strong>ment et au détriment <strong>du</strong><br />

texti<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> passage des travail<strong>le</strong>urs<br />

d'une in<strong>du</strong>strie faib<strong>le</strong>ment capitalistique<br />

à une autre plus intensive en<br />

capital et en qualité de la main d'œuvre<br />

est rare.<br />

√ la création d'emplois n'est pas l'apanage<br />

des entreprises tournées vers<br />

l'export[8] puisque cel<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong> sont<br />

moins ou qui servent uniquement <strong>le</strong><br />

marché local enregistrent des résultats<br />

similaires <strong>sur</strong> ce point. Cependant, <strong>le</strong>s<br />

premières enregistrent des taux de<br />

réallocation plus hauts que <strong>le</strong>s secondes<br />

et <strong>le</strong>ur taux brut de destruction<br />

d'emploi est é<strong>le</strong>vé et visib<strong>le</strong>ment très<br />

sensib<strong>le</strong> à la conjoncture, mais <strong>le</strong>ur<br />

capacité à créer des emplois est supérieure<br />

et progresse entre 1990 et<br />

2002 (-3,8 points pour <strong>le</strong>s secondes).<br />

Surtout, l'évolution des taux bruts<br />

entre 1990/91 et 2001/02 tend à indiquer<br />

que <strong>le</strong>s entreprises exportatrices<br />

ont mieux réussi, comme atten<strong>du</strong>,<br />

à s'aligner face à la concurrence, <strong>le</strong><br />

taux brut de destruction ayant très<br />

sensib<strong>le</strong>ment chuté. A l'inverse, <strong>le</strong>s<br />

entreprises non exportatrices voient<br />

Tab<strong>le</strong>au X6 : Création et destruction d'emplois selon l'orientation de l'activité des<br />

entreprises<br />

% des entreprises<br />

Exportatrices Non exportatrices<br />

exportatrices<br />

TBC TBD TBC TBD<br />

1990/1991 50,8 11,2 11 13,8 7,9<br />

1994/1995 50,9 13 11,2 10,5 8,9<br />

1999/2000 54,4 15,4 16,2 9,5 11,6<br />

2001/2002 56,1 14,1 6,9 10 14,1<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22


<strong>sur</strong>tout <strong>le</strong>ur taux brut de destruction<br />

croître indépendament de la conjoncture.<br />

Il semb<strong>le</strong> donc que ce confirme<br />

d'une part que l'ouverture peut créer<br />

un choc positif de compétitivité, qui<br />

se tra<strong>du</strong>it par une amélioration des<br />

possibilités de création brute et nette.<br />

Mais, il s'accompagne comme prévu<br />

d'un effet négatif <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s entreprises<br />

loca<strong>le</strong>s (taux de création moindre et<br />

taux de destruction en hausse), qui,<br />

globa<strong>le</strong>ment : (i) donne un effet net<br />

global faib<strong>le</strong> ; (ii) menace donc la<br />

dynamique de création <strong>sur</strong> un terme<br />

assez long, ce qui est incompatib<strong>le</strong><br />

avec <strong>le</strong>s besoins des PM et va nécessiter<br />

des actions pour modifier <strong>le</strong>s<br />

processus actuels.<br />

√ <strong>le</strong> taux de réallocation des emplois est<br />

de 22,4% (comptabilise la création et<br />

la destruction d'emploi) ce qui signifie<br />

que plus d'un cinquième des effectifs<br />

sont renouvelés chaque année.<br />

√ l'hétérogénéité des firmes à l'intérieur<br />

de la branche explique la volatilité de<br />

la création d'emplois. Les entreprises<br />

peuvent être classées en deux groupes<br />

: celui des entreprises pérennes<br />

-17-<br />

au sein <strong>du</strong>quel la mobilité est forte<br />

mais qui créent presque autant d'emplois<br />

qu'el<strong>le</strong>s n'en détruisent, et celui<br />

des petites entreprises nouvel<strong>le</strong>ment<br />

crées qui ont des capacités d'absorption<br />

des travail<strong>le</strong>urs é<strong>le</strong>vées mais<br />

dont la <strong>sur</strong>vie est courte et qui sont<br />

renouvelées rapidement.<br />

En Turquie[9], comme pour <strong>le</strong> Maroc,<br />

<strong>le</strong>s effets statiques de court terme <strong>sur</strong><br />

la croissance, liés à la réallocation des<br />

ressources des secteurs abrités vers<br />

<strong>le</strong>s secteurs exportateurs exposés à<br />

la concurrence internationa<strong>le</strong>, devraient<br />

être limités en général, et plus fortement<br />

négatifs <strong>sur</strong> l'emploi. Les effets<br />

dynamiques porteurs d'une croissance<br />

équilibrée à long terme, largement issus<br />

des transferts de technologies sont supposés<br />

dynamiser l'emploi, <strong>sur</strong>tout des<br />

travail<strong>le</strong>urs qualifiés, et permettre des<br />

gains de pro<strong>du</strong>ctivité, tout comme cela<br />

s'est pro<strong>du</strong>it pour <strong>le</strong>s NPI d'Asie.<br />

La politique turque de promotion des<br />

exportations s'est appuyée <strong>sur</strong> l'octroi<br />

de subsides qui ont représenté jusqu'à<br />

25% des exportations de biens entre<br />

1979 et 1990 (tab<strong>le</strong>au X7). Les pays<br />

Tab<strong>le</strong>au X7 : Evolution des subsides aux exportations turques 1979-1990 (% des<br />

exports tota<strong>le</strong>s)<br />

Subvention<br />

directes<br />

Crédits à<br />

l’exportation<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22<br />

Exonération<br />

de taxes à<br />

l’importation<br />

Ristourne<br />

<strong>sur</strong> la TVA<br />

Subsides<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

-1 -2 -3 -4 (=1+2+3+4)<br />

1979 11,0 9,9 0,3 0,0 21,2<br />

1980 5,6 14,9 4,2 - 26,7<br />

1981 9,1 13,0 3,3 - 27,4<br />

1982 15,1 10,8 3,6 - 31,5<br />

1983 17,4 10,5 5,6 - 35,9<br />

1984 17,3 5,9 2,0 2,0 27,2<br />

1985 10,0 2,0 5,1 2,0 19,1<br />

1986 9,9 4,8 8,6 2,6 25,9<br />

1987 8,6 2,9 6,7 4,3 22,5<br />

1988 7,6 4,8 6,6 4,3 22,5<br />

1989 5,5 8,8 7,7 5,9 27,9<br />

1990 4,4 9,2 7,7 6,2 27,5


d'Asie ont éga<strong>le</strong>ment employé ce type<br />

de me<strong>sur</strong>e incitative en liant <strong>le</strong> déblocage<br />

de subventions aux performances<br />

à l'export des entreprises. Cette politique<br />

s'inscrit dans un mouvement plus<br />

global de libéralisation de l'économie<br />

(dérég<strong>le</strong>mentation <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail,<br />

libéralisation financière, convertibilité <strong>du</strong><br />

compte de capital, etc.).<br />

L'étude indique que, dans <strong>le</strong> cas turc,<br />

l'emploi est :<br />

√ positivement lié au niveau de la pro<strong>du</strong>ction,<br />

mais que la faib<strong>le</strong>sse de<br />

l'élasticité (une hausse de 1% de la<br />

pro<strong>du</strong>ction accroît l'emploi de 0,44%)<br />

provient <strong>du</strong> développement de l'emploi<br />

informel qui aurait atteint près de<br />

50% de l'emploi <strong>sur</strong> la période 1988-<br />

2003,<br />

√ dépend négativement <strong>du</strong> prix des<br />

inputs et <strong>du</strong> capital, comme des<br />

investissements faits dans la période<br />

précédente. L'ajustement de l'appareil<br />

pro<strong>du</strong>ctif pèse donc fortement <strong>sur</strong><br />

l'emploi,<br />

√ l'ouverture économique, appréciée ici<br />

à partir <strong>du</strong> taux de pénétration des<br />

imports, ne semb<strong>le</strong> pas avoir influencé<br />

<strong>le</strong> niveau d'emploi dans <strong>le</strong> secteur<br />

manufacturier de façon significative,<br />

voire lorsque l'on décè<strong>le</strong> un effet, il<br />

s'agit d'une influence plutôt négative.<br />

Cela confirme <strong>le</strong>s résultats obtenus<br />

généra<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s pays en développement.<br />

Ainsi, en Turquie éga<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s effets<br />

positifs atten<strong>du</strong>s de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

<strong>sur</strong> l'emploi ne semb<strong>le</strong>nt pas s'être<br />

encore manifestés. Le développement<br />

extrêmement rapide de l'emploi infor-<br />

-18-<br />

mel vient cependant relativiser ces conclusions<br />

peu encourageantes. De plus,<br />

l'analyse de la spécialisation montre que<br />

la Turquie est en train de mettre en place<br />

<strong>le</strong>s conditions nécessaires à l'obtention<br />

d'une croissance plus é<strong>le</strong>vée et stab<strong>le</strong><br />

à long terme et créatrice d'emplois,<br />

notamment pour <strong>le</strong>s plus qualifiés.<br />

3. Déterminants des comportements<br />

: l'informalité<br />

De l'ensemb<strong>le</strong> des remarques précédentes<br />

qui décou<strong>le</strong>nt de plusieurs enquêtes<br />

réalisées par <strong>le</strong>s équipes Femise auprès<br />

d'entreprises, <strong>du</strong> traitement statistique<br />

de ces enquêtes et des enquêtes in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s<br />

nationa<strong>le</strong>s et de l'analyse de<br />

l'évolution de l'emploi, il apparaît clairement<br />

que : (i) l'effet global faib<strong>le</strong>, voire<br />

<strong>le</strong> plus souvent négatif, que l'on observe<br />

entre ouverture et emploi décou<strong>le</strong> pour<br />

une grande partie des conditions d'opérations<br />

que connaissent <strong>le</strong>s entreprises,<br />

notamment en termes de financement ;<br />

(ii) ces comportements d'ajustement<br />

peuvent être sensib<strong>le</strong>ment différents à la<br />

fois au sein d'un même pays entre différents<br />

secteurs et plus globa<strong>le</strong>ment entre<br />

différents PM (Cf. Maroc et Turquie), ce<br />

qui tend à souligner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des anticipations<br />

des entrepreneurs locaux ;<br />

(iii) <strong>le</strong>s incitations que mettent en place<br />

<strong>le</strong>s politiques publiques peuvent amener<br />

<strong>le</strong>s firmes à privilégier tel<strong>le</strong>s ou tel<strong>le</strong>s<br />

stratégies d'ajustement, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ont<br />

à <strong>le</strong>ur tour un impact différencié <strong>sur</strong> la<br />

croissance d'emploi que peut générer<br />

l'ouverture à la concurrence.<br />

Parmi <strong>le</strong>s différents comportements analysés<br />

dans <strong>le</strong>s parties précédentes, <strong>le</strong><br />

passage des entreprises dans <strong>le</strong> secteur<br />

informel a souvent été souligné comme<br />

possédant un rô<strong>le</strong> important <strong>sur</strong> ce que


l'on doit attendre de l'ouverture. Ce pas-<br />

sage est souvent justifié par la rigidité<br />

des cadres légaux. Il apparaît toutefois<br />

qu'il est diffici<strong>le</strong> de distinguer DEUX<br />

secteurs différents, l'un formel et l'autre<br />

informel. Comme <strong>le</strong> montre la section<br />

suivante, <strong>le</strong>s entreprises « ajustent »<br />

plutôt un certain degré d'informalité à<br />

l'évolution de la situation et à la perception<br />

qu'el<strong>le</strong>s ont de <strong>le</strong>ur environnement<br />

concurrentiel.<br />

Dans la section suivante, basée <strong>sur</strong><br />

une étude Femise réalisée <strong>sur</strong> la base<br />

d'enquêtes[12], <strong>le</strong> principe est que la<br />

perception des firmes des obstac<strong>le</strong>s<br />

auxquels el<strong>le</strong>s doivent faire face et <strong>le</strong>urs<br />

comportements dépendent de données<br />

institutionnel<strong>le</strong>s, politiques, juridiques<br />

propres au pays dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong>s sont<br />

implantées. Dans un contexte d'intensification<br />

de la concurrence et de montée<br />

des prix <strong>du</strong> pétro<strong>le</strong>, on est en présence<br />

d'une relation « structure-con<strong>du</strong>ite-performance<br />

» qui implique que <strong>le</strong>s firmes<br />

vont adapter <strong>le</strong>ur stratégies d'ajustement<br />

au contexte national. Les performances<br />

sont donc <strong>le</strong> fruit de comportements<br />

ou de stratégies qui s'incarnent dans<br />

des contraintes structurel<strong>le</strong>s internes<br />

(caractéristiques techniques de la firme,<br />

fonction de pro<strong>du</strong>ction et de coût, structure<br />

organisationnel<strong>le</strong>, etc.) et externes<br />

(caractéristiques sectoriel<strong>le</strong>s, position<br />

concurrentiel<strong>le</strong> de la firme, etc.).<br />

A partir de l'enquête faite par l'équipe<br />

<strong>du</strong> ROSES, des indicateurs de « gouvernance<br />

» et de « pression concurrentiel<strong>le</strong><br />

» sont construits pour symboliser<br />

ces contraintes structurel<strong>le</strong>s, ainsi que<br />

deux me<strong>sur</strong>es de la performance des<br />

firmes, l'une « synthétique » ou globa<strong>le</strong><br />

(croissance de l'entreprise, etc.),<br />

l'autre qui reflète <strong>le</strong>urs résultats <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

-19-<br />

marchés internationaux. Les résultats<br />

de l'estimation de l'impact de l'appartenance<br />

d'une firme à un pays <strong>sur</strong> ses<br />

performances à partir d'un modè<strong>le</strong> probit<br />

montrent que si celui-ci est faib<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> cas de la performance globa<strong>le</strong><br />

de la firme, il est nettement plus sensib<strong>le</strong><br />

pour ce qui est de sa capacité<br />

à exporter. Dans la me<strong>sur</strong>e où l'on a<br />

remarqué plus haut la différence de<br />

potentiel de création d'emploi entre<br />

firmes loca<strong>le</strong>s et firmes exportatrices<br />

(dans <strong>le</strong> cas <strong>du</strong> Maroc), <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>du</strong> contexte<br />

local est à nouveau mis en relief.<br />

Mais, au delà de ce simp<strong>le</strong> résultat, loin<br />

d'être contre-intuitif, l'intérêt de l'enquête<br />

réside éga<strong>le</strong>ment dans ce qu'el<strong>le</strong><br />

identifie pour <strong>le</strong> Maghreb <strong>le</strong>s comportements<br />

des entrepreneurs face à la<br />

corruption et à l'arbitrage informel/formel,<br />

en permettant de préciser la part<br />

de l'activité informel<strong>le</strong> des entreprises,<br />

à quel moment <strong>le</strong>s entreprises choisissent<br />

d'avoir recours à la corruption et<br />

comment el<strong>le</strong>s la perçoivent.<br />

Plusieurs déterminants de l'activité<br />

informel<strong>le</strong> ont été identifiés dans <strong>le</strong><br />

cadre des études des effets des changements<br />

institutionnels liés à la transition<br />

vers une économie de marché, en particulier<br />

dans <strong>le</strong>s pays de l'Est. Ainsi, <strong>le</strong>s<br />

entreprises peuvent (i) ne pas déclarer<br />

la totalité de <strong>le</strong>urs revenus si <strong>le</strong> niveau<br />

des taxes est trop é<strong>le</strong>vé et <strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations<br />

trop contraignantes, (ii) inscrire<br />

<strong>le</strong>ur activité dans l'économie informel<strong>le</strong><br />

si <strong>le</strong>s extorsions dont el<strong>le</strong>s sont victimes<br />

sont proportionnel<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>ur pro<strong>du</strong>ction<br />

ou si <strong>le</strong> coût d'opportunité de ce passage<br />

est faib<strong>le</strong> (<strong>du</strong> fait d'un contexte institutionnel<br />

défaillant qui implique, par<br />

exemp<strong>le</strong>, une incapacité à faire respecter<br />

<strong>le</strong>s droits de propriété ou d'un fort<br />

degré de discrétion des représentants


<strong>du</strong> gouvernement dans l'application des<br />

régimes d'imposition), etc.<br />

Quant à la propension à pratiquer une<br />

corruption active, qui se définit comme<br />

l'offre de corruption émanant des entreprises,<br />

el<strong>le</strong> dépend d'éléments qu'il est<br />

possib<strong>le</strong> de classer en deux catégories :<br />

ceux liés au contexte institutionnel (non<br />

respect des règ<strong>le</strong>s de droit <strong>sur</strong>tout dans<br />

un environnement faib<strong>le</strong>ment concurrentiel)<br />

et ceux qui décou<strong>le</strong>nt des caractéristiques<br />

des entreprises (entreprises<br />

ayant une position concurrentiel<strong>le</strong> faib<strong>le</strong><br />

qui sont amenées à biaiser <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s<br />

<strong>du</strong> jeu en <strong>le</strong>ur faveur pour <strong>du</strong>rer, tail<strong>le</strong><br />

et rentabilité de la firme, nature de ses<br />

relations avec l'Etat, etc.).<br />

Enfin, plusieurs canaux d'influence de<br />

l'activité informel<strong>le</strong> des entreprises <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>urs pratiques de corruption peuvent<br />

être distingués. Premièrement, avec<br />

l'accroissement de l'activité informel<strong>le</strong>,<br />

la base d'imposition se ré<strong>du</strong>it ce qui<br />

implique d'une part, une hausse des<br />

taxes et incite à trouver des moyens<br />

d'éviter la fiscalité (pots-de-vin, etc.) et<br />

d'autre part, une baisse des recettes fisca<strong>le</strong>s<br />

donc de la qualité <strong>du</strong> service public<br />

d'où une corruption plus forte et des<br />

droits de propriété moins bien protégés<br />

(Johson et alii, 1998). Deuxièmement,<br />

<strong>le</strong> degré de corruption d'un pays est<br />

inversement proportionnel à l'intérêt<br />

qu'il y a à chercher à faire respecter<br />

la loi. Plus la corruption est fréquente,<br />

plus une stratégie visant à faire disparaître<br />

l'économie informel<strong>le</strong>, en tant que<br />

moyen d'échapper à l'autorité d'agents<br />

corrompus, aura de chances de se<br />

tra<strong>du</strong>ire par une hausse de la corruption.<br />

Dans ce cas, selon Vostroknutova<br />

(2003), ré<strong>du</strong>ire la corruption doit être la<br />

première priorité.<br />

-20-<br />

La libéralisation commercia<strong>le</strong>, la passation<br />

de nouveaux accords et l'intensification<br />

de la concurrence sont porteuses<br />

de nouvel<strong>le</strong>s opportunités mais aussi<br />

de contraintes, notamment par <strong>le</strong> biais<br />

<strong>le</strong>s changements de rég<strong>le</strong>mentation, qui<br />

obligent <strong>le</strong>s firmes à s'adapter et à modifier<br />

<strong>le</strong>urs comportements.<br />

L'enquête menée par l'équipe Femise <strong>du</strong><br />

ROSES qui porte <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s cas de l'Algérie<br />

et de la Tunisie montre que :<br />

√ la part de sa pro<strong>du</strong>ction que l'entreprise<br />

dissimu<strong>le</strong> sera d'autant plus é<strong>le</strong>vée<br />

(i) que <strong>le</strong> montant des paiements<br />

supplémentaires demandés en sont<br />

fonction (plus d'un tiers), (ii) que la<br />

corruption est perçue comme un obstac<strong>le</strong><br />

important à son activité, (iii) que<br />

cela lui permet de ré<strong>du</strong>ire son niveau<br />

d'imposition. Par ail<strong>le</strong>urs, si la position<br />

concurrentiel<strong>le</strong> de l'entreprise est faib<strong>le</strong>,<br />

el<strong>le</strong> peut développer son activité<br />

informel<strong>le</strong> afin de diminuer <strong>le</strong> coût <strong>du</strong><br />

travail et échapper à des procé<strong>du</strong>res<br />

comp<strong>le</strong>xes.<br />

√ <strong>le</strong>s défaillances <strong>du</strong> système juridique<br />

expliquent aussi <strong>le</strong> niveau de<br />

l'activité informel<strong>le</strong> dans la me<strong>sur</strong>e<br />

où l'intérêt de déclarer l'activité est<br />

de la protéger. Les entreprises peuvent<br />

donc faire appel à la corruption<br />

pour garantir la protection de <strong>le</strong>urs<br />

droits lorsque <strong>le</strong> système juridique<br />

est défaillant. Si la capacité de faire<br />

respecter <strong>le</strong>s droits de propriété ou de<br />

contrat des autorités est en effet peu<br />

satisfaisante, <strong>le</strong> coût d'opportunité<br />

d'inscrire son activité dans l'économie<br />

informel<strong>le</strong> diminue.<br />

√ la petite corruption au quotidien,<br />

exercée ou subie, et qui conditionne


<strong>le</strong> bon dérou<strong>le</strong>ment des activités des<br />

firmes joue plus lourdement dans la<br />

décision des entreprises de mener<br />

des activités informel<strong>le</strong>s que la corruption<br />

qui vise à influencer <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

contenu des lois et des règ<strong>le</strong>ments,<br />

pratique qui relève d'une stratégie de<br />

plus long terme.<br />

√ plus la part de l'activité informel<strong>le</strong><br />

est significative, plus <strong>le</strong>s firmes sont<br />

incitées à pratiquer la corruption sous<br />

<strong>le</strong>s différentes formes envisagées.<br />

Cependant, c'est là une arme à doub<strong>le</strong><br />

tranchant puisque la corruption<br />

est alors considérée par <strong>le</strong>s entreprises<br />

comme une entrave à l'extension<br />

de <strong>le</strong>ur activité.<br />

√ <strong>le</strong>s entreprises qui jugent que <strong>le</strong>s<br />

taxes sont contraignantes sont moins<br />

sensib<strong>le</strong>s au problème de la corruption<br />

qui est assimilée à une taxe additionnel<strong>le</strong><br />

relativement moins lourde.<br />

√ l'obstac<strong>le</strong> d'une rég<strong>le</strong>mentation trop<br />

contraignante <strong>du</strong> point de vue des<br />

firmes est contournée non pas en<br />

pesant <strong>sur</strong> <strong>le</strong> contenu des lois et<br />

règ<strong>le</strong>ments (capture de l'Etat) mais<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur application (corruption administrative).<br />

√ plus l'entreprise est en position de<br />

force <strong>sur</strong> son marché moins el<strong>le</strong> est<br />

susceptib<strong>le</strong> de pratiquer la corruption.<br />

Ces résultats soulignent donc l'existence<br />

d'une forte corrélation positive entre<br />

activité informel<strong>le</strong> et perception de la<br />

corruption, quel<strong>le</strong> que soit l'acception<br />

de ce terme. El<strong>le</strong>s se renforcent mutuel<strong>le</strong>ment<br />

comme cela a pu être observé<br />

dans <strong>le</strong>s pays en transition de l'Est.<br />

-21-<br />

Ils témoignent éga<strong>le</strong>ment qu'il s'agit<br />

bien d'un comportement d'ajustement<br />

et d'optimisation pour faire face au contexte<br />

de concurrence dans <strong>le</strong> contexte<br />

national.<br />

Cependant, <strong>le</strong>s comportements des firmes<br />

sont largement dictés par <strong>le</strong> contexte<br />

politique ou <strong>le</strong>ur histoire. Le premier<br />

élément détermine par exemp<strong>le</strong>, la propension<br />

des firmes à accepter de subir<br />

la corruption. Si <strong>le</strong> contexte politique est<br />

tel que cel<strong>le</strong>-ci est dénoncée systématiquement,<br />

alors <strong>le</strong> degré de corruption<br />

de l'administration comme des entreprises<br />

baissera. Quant au deuxième<br />

élément, on peut citer <strong>le</strong>s liens existants<br />

ou ayant existé entre l'entreprise et<br />

l'Etat. L'analyse menée montre alors que<br />

plus l'entreprise est proche des autorités,<br />

moins el<strong>le</strong> considère la corruption<br />

comme un obstac<strong>le</strong> à son développement,<br />

probab<strong>le</strong>ment car el<strong>le</strong> peut alors<br />

influer <strong>sur</strong> <strong>le</strong> contenu des lois et de la<br />

rég<strong>le</strong>mentation, sans avoir à verser une<br />

contrepartie financière. En revanche, une<br />

entreprise publique a certes moins tendance<br />

à chercher à capturer l'Etat, mais<br />

étant parfois relativement plus exposée<br />

à la corruption, peut en souffrir.<br />

En termes de recommandations de politique<br />

économique, <strong>le</strong>s résultats de cette<br />

étude soulignent donc <strong>le</strong> fait que, pour<br />

être efficace, en Algérie comme en<br />

Tunisie, une politique de lutte contre<br />

l'économie informel<strong>le</strong> doit al<strong>le</strong>r de pair<br />

avec une politique de ré<strong>du</strong>ction de la<br />

corruption et d'amélioration des performances<br />

<strong>du</strong> système juridique, notamment<br />

<strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> respect des<br />

contrats et des droits de propriété.<br />

De plus, il est impératif de modifier la<br />

perception que <strong>le</strong>s entreprises ont des<br />

rég<strong>le</strong>mentations qui ne doivent pas être


considérées comme des obstac<strong>le</strong>s, ce<br />

qui est en particulier <strong>le</strong> cas de la fiscalité.<br />

Au-delà même des modifications<br />

des cadres, il y a donc en premier lieu<br />

une campagne didactique à mener, pour<br />

expliciter auprès des entreprises <strong>le</strong>s conséquences<br />

de <strong>le</strong>urs choix.<br />

4. Comportements d'ajustements<br />

des entreprises et emploi<br />

On observe donc bien que <strong>le</strong>s effets de<br />

l'ouverture, qui pour <strong>le</strong>s PM renvoient<br />

d'abord aux Accords d'Association avec<br />

l'Union <strong>euro</strong>péenne, dépendent d'une<br />

part des stratégies des firmes, c'està-dire<br />

de la façon dont el<strong>le</strong>s vont faire<br />

face aux évolutions de <strong>le</strong>ur marché, et<br />

d'autre part, des évolutions de ces différents<br />

marchés, ce qui renvoit là aux<br />

spécialisations. Dans la présente section,<br />

c'est <strong>le</strong> premier point qui va nous<br />

préoccuper.<br />

L'analyse de la relation ouverture-emploi<br />

doit inclure trois conséquences atten<strong>du</strong>es<br />

de l'intensification des échanges :<br />

(i) la réallocation des facteurs de pro<strong>du</strong>ction<br />

des secteurs abrités vers <strong>le</strong>s<br />

secteurs exposés à la concurrence<br />

étrangère, supposés offrir des taux<br />

de rentabilité et de rémunération<br />

plus é<strong>le</strong>vés ;<br />

(ii) la réallocation des ressources pro<strong>du</strong>ctives<br />

entre <strong>le</strong>s acteurs d'une<br />

même in<strong>du</strong>strie, à nouveau des<br />

moins efficaces vers <strong>le</strong>s plus efficaces,<br />

<strong>le</strong>s firmes étant hétérogènes de<br />

ce point de vue ;<br />

(iii) un changement des choix stratégiques<br />

des firmes dans <strong>le</strong>urs ajustements,<br />

choix qui peuvent porter<br />

-22-<br />

<strong>sur</strong> plusieurs éléments comme la<br />

ré<strong>du</strong>ction des marges ou des salaires,<br />

un recours plus fréquent à<br />

l'emploi non qualifié ou temporaire,<br />

la recherche d'une amélioration de<br />

la pro<strong>du</strong>ctivité ou de la qualité des<br />

pro<strong>du</strong>its, etc.<br />

Une étude Femise a cherché à cerner ces<br />

comportements pour évaluer l'impact<br />

des décisions des entreprises existantes<br />

dans l'in<strong>du</strong>strie[10] <strong>sur</strong> la relation<br />

ouverture-emploi, l'ouverture faisant<br />

référence essentiel<strong>le</strong>ment à l'évolution<br />

de la protection tarifaire et non tarifaire.<br />

La démarche consiste à identifier<br />

<strong>le</strong>s secteurs pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s modifications<br />

de l'intensité de la concurrence<br />

ont été <strong>le</strong>s plus significatives à partir<br />

d'un indicateur de taux de pénétration<br />

des imports[11]. Il s'agit des secteurs<br />

<strong>du</strong> cuir, de la fabrication de meub<strong>le</strong>s<br />

et accessoires, <strong>du</strong> caoutchouc et des<br />

autres in<strong>du</strong>stries manufacturières pour<br />

la Turquie et <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>, de la fabrication<br />

d'ouvrages en métaux, de machines et<br />

de matériels, d'équipements et appareils<br />

de radio, télévisions et communications,<br />

de l'in<strong>du</strong>strie automobi<strong>le</strong> et de la fabrication<br />

d'autres matériels de transport.<br />

Il apparaît que, dans <strong>le</strong> cas turc, comme<br />

<strong>le</strong> veut la théorie, la pro<strong>du</strong>ction des<br />

in<strong>du</strong>stries qui ont connu une hausse de<br />

l'intensité de la concurrence a diminué<br />

(figures 1, 2, 3, 4) alors que la pro<strong>du</strong>ction<br />

de l'in<strong>du</strong>strie dans son ensemb<strong>le</strong> a<br />

progressé. Les graphiques par in<strong>du</strong>strie<br />

révè<strong>le</strong>nt par ail<strong>le</strong>urs l'existence d'une<br />

déconnexion entre <strong>le</strong>s évolutions de la<br />

pro<strong>du</strong>ction et de l'emploi, qui n'est pas<br />

corroborée par la dynamique sectoriel<strong>le</strong><br />

et est de ce fait attribuab<strong>le</strong> aux spécificités<br />

de l'environnement des firmes et à<br />

<strong>le</strong>ur comportement. Pour <strong>le</strong> Maroc, cette


déconnexion pro<strong>du</strong>ction de l'ensemb<strong>le</strong><br />

de l'in<strong>du</strong>strie-pro<strong>du</strong>ction par in<strong>du</strong>strie et<br />

pro<strong>du</strong>ction-emploi au sein des in<strong>du</strong>stries<br />

de plus en plus exposées à la concurrence<br />

étrangère a été nettement moins<br />

marquée et l'ajustement s'est réalisé par<br />

un recul de la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong><br />

travail.<br />

L'intensification de la concurrence peut<br />

en effet con<strong>du</strong>ire à différents modes<br />

d'ajustement des comportements des<br />

firmes : soit el<strong>le</strong>s jouent <strong>sur</strong> <strong>le</strong> prix de<br />

vente (ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> prix des inputs, des<br />

salaires et des marges ou redéfinition<br />

<strong>du</strong> contenu en inputs de la pro<strong>du</strong>ction<br />

avec changement et accroissement de<br />

l'efficacité technique), soit el<strong>le</strong>s accroissent<br />

la qualité de <strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>its et/ou<br />

<strong>le</strong>s quantités écoulées. Les divergences<br />

qui apparaissent entre <strong>le</strong>s évolutions des<br />

performances par sous in<strong>du</strong>strie et pour<br />

-23-<br />

l'ensemb<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strie entre <strong>le</strong> Maroc<br />

et la Turquie proviennent probab<strong>le</strong>ment<br />

de <strong>le</strong>urs choix stratégiques d'adaptation<br />

aux modifications des données de la<br />

concurrence : la Turquie aurait réussi<br />

à préserver la pro<strong>du</strong>ctivité apparente<br />

<strong>du</strong> travail et globa<strong>le</strong> grâce à des efforts<br />

d'investissement tandis que <strong>le</strong> Maroc<br />

pourrait avoir préféré une politique de<br />

prix avec compression des marges et<br />

des coûts de pro<strong>du</strong>ction. Cependant,<br />

d'autres facteurs ont vraisemblab<strong>le</strong>ment<br />

déterminé ces résultats, tels que des<br />

éléments de compétitivité propres à la<br />

localisation dans un pays donné dont<br />

l'influence a été soulignée par certaines<br />

études Femise (voir plus loin).<br />

Pour identifier la stratégie suivie dans<br />

chaque pays, l'étude a ensuite estimé<br />

l'impact de l'ouverture <strong>sur</strong> l'emploi à<br />

partir d'une approche économétrique<br />

Figure 1 : Evolution de la pro<strong>du</strong>ction et de l'emploi pour l'ensemb<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strie<br />

Figure 2 : Evolution de la pro<strong>du</strong>ction et de l'emploi pour <strong>le</strong>s firmes appartenant aux<br />

secteurs qui se sont <strong>le</strong> plus ouverts à la concurrence étrangère<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22


en panel avec effets fixes <strong>sur</strong> la période √ la relation ouverture-emploi est glo-<br />

1993-2002 ou 1995-2001 (lorsque <strong>le</strong>s ba<strong>le</strong>ment faib<strong>le</strong> et négative, ce qui<br />

diverses composantes de l'emploi total confirme <strong>le</strong>s résultats obtenus par<br />

sont intro<strong>du</strong>ites dans l'analyse) pour <strong>le</strong> d'autres équipes et pour d'autres<br />

Maroc, 1985-1990 pour la Turquie. Sont pays. Ainsi, dans <strong>le</strong> cas <strong>du</strong> Maroc,<br />

employés <strong>le</strong> taux de pénétration des une ré<strong>du</strong>ction des tarifs de 10 points<br />

imports à 4 digits et la moyenne des engendre un recul de l'emploi de<br />

droits de douane ad valorem à 4 digits 1% au niveau de l'in<strong>du</strong>strie, mais il<br />

selon <strong>le</strong>s données disponib<strong>le</strong>s. 7 sous peut atteindre <strong>le</strong>s 3% si l'entreprise<br />

échantillons de firmes ont été distingués est de tail<strong>le</strong> conséquente ou tournée<br />

en fonction de <strong>le</strong>urs caractéristiques : vers l'export. Cet effet est encore<br />

cel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus exposées à la concurrence plus marginal dans <strong>le</strong> cas turc puis-<br />

internationa<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>s dont la pro<strong>du</strong>ction qu'une hausse <strong>du</strong> taux de pénétra-<br />

présente, <strong>sur</strong> la période, une tendance tion de 10% se tra<strong>du</strong>it par une perte<br />

à la croissance ou à la baisse, cel<strong>le</strong>s qui d'emploi de 0,3% et seu<strong>le</strong>s certaines<br />

exportent plus de 25% de <strong>le</strong>ur pro<strong>du</strong>c- catégories de firmes sont concernées<br />

tion et cel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s cette part (grande tail<strong>le</strong> ou pro<strong>du</strong>ction décrois-<br />

est inférieure à 25%, <strong>le</strong>s entreprises<br />

dont l'effectif est supérieur ou égal à<br />

sante).<br />

100 employés pour <strong>le</strong> Maroc et à 150 √ une composante crucia<strong>le</strong> de la rela-<br />

pour la Turquie et cel<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong>s effection ouverture-emploi au Maroc est la<br />

tifs sont inférieurs à ceux-ci. Suivant ces politique cambiaire avec une baisse<br />

estimations, il s'est avéré que :<br />

de l'emploi (essentiel<strong>le</strong>ment tempo-<br />

Figure 3 : Pro<strong>du</strong>ctivité apparente pour l'ensemb<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strie<br />

Figure 4 : Pro<strong>du</strong>ctivité apparente pour <strong>le</strong>s firmes appartenant aux secteurs qui se<br />

sont <strong>le</strong> plus ouverts à la concurrence étrangère<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22<br />

-24


aire) qui va jusqu'à 7% en réaction<br />

à une appréciation <strong>du</strong> change de réel<br />

de 10%. Les firmes <strong>le</strong>s plus exposées<br />

sont évidemment cel<strong>le</strong>s dont l'activité<br />

privilégie l'export. Mais, cet effet n'est<br />

pas systématiquement négatif pour la<br />

Turquie, ce qui peut s'expliquer par <strong>le</strong><br />

poids é<strong>le</strong>vé des inputs importés dans<br />

la pro<strong>du</strong>ction dont <strong>le</strong> coût est ré<strong>du</strong>it<br />

lorsque <strong>le</strong> change s'apprécie ce qui<br />

augmente la compétitivité des biens<br />

pro<strong>du</strong>its et l'emploi (+2,5% à +3,5%<br />

pour une appréciation <strong>du</strong> change de<br />

10%).<br />

√ l'ajustement des effectifs, face aux<br />

modifications des conditions de la<br />

concurrence ou de la va<strong>le</strong>ur de la<br />

monnaie, a été obtenu au Maroc par<br />

un recours plus fréquent à l'emploi<br />

temporaire, en particulier pour la<br />

main d'œuvre non qualifiée. Ce mouvement<br />

n'est pas visib<strong>le</strong> au niveau de<br />

l'in<strong>du</strong>strie dans son ensemb<strong>le</strong>, mais<br />

certaines entreprises ont certainement<br />

d'ores et déjà procédé à des<br />

révisions de <strong>le</strong>urs choix de gestion de<br />

<strong>le</strong>ur structure d'emploi.<br />

√ dans <strong>le</strong> cas de la Turquie, deux éléments<br />

qui ont lourdement pesé <strong>sur</strong><br />

la relation ouverture-emploi. L'un est<br />

positif : la marge réalisée, lorsqu'el<strong>le</strong><br />

est positive, peut permettre une hausse<br />

de l'emploi de 0,8% à 1,3%, si el<strong>le</strong><br />

est contractée de 10%. Le second est<br />

négatif : une amélioration de la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

globa<strong>le</strong> de 1% pourrait faire<br />

recu<strong>le</strong>r l'emploi de 2,8%. Il convient<br />

de savoir si une pareil<strong>le</strong> évolution de<br />

la pro<strong>du</strong>ctivité a été possib<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est<br />

fonction de l'intensité capitalistique<br />

qui si el<strong>le</strong> croit ici de 10% serait susceptib<strong>le</strong><br />

de diminuer l'emploi de 1%,<br />

même si l'investissement en lui-même<br />

-25-<br />

améliore l'emploi (+0,4% à +1,2%<br />

pour une hausse de 10%).<br />

En conclusion à cette partie concernant<br />

<strong>le</strong> comportement des firmes, dans <strong>le</strong>ur<br />

quotidien, et son impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s effets<br />

de l'ouverture <strong>sur</strong> l'emploi, on soulignera<br />

<strong>le</strong>s principaux traits suivants :<br />

√ la stratégie d'ouverture que la quasitotalité<br />

des PM a suivi, modifie <strong>le</strong> cadre<br />

concurrentiel auquel <strong>le</strong>s firmes loca<strong>le</strong>s<br />

vont faire face. L'ouverture, qu'el<strong>le</strong><br />

soit d'origine multilatéra<strong>le</strong> (OMC) ou<br />

régiona<strong>le</strong> (<strong>le</strong>s accords d'association)<br />

n'a donc pas seu<strong>le</strong>ment un contenu<br />

macro-économique. El<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment<br />

une tra<strong>du</strong>ction micro-économique. En<br />

réaction à ces modifications de <strong>le</strong>ur<br />

contexte concurrentiels, <strong>le</strong>s firmes<br />

suivent en effet diverses stratégies<br />

qui décou<strong>le</strong>nt à la fois de <strong>le</strong>ur besoin<br />

de développer <strong>le</strong>ur activité (ou tout au<br />

moins de <strong>sur</strong>vivre) et des possibilités<br />

que <strong>le</strong>ur contexte local <strong>le</strong>ur octroie.<br />

√ Ces comportements se tra<strong>du</strong>isent<br />

comme partout par des actions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>viers habituels, notamment d'investissement,<br />

de marges et d'emploi. On<br />

observe de ce point de vue que pour<br />

la plupart des PM, <strong>le</strong>s choix effectués,<br />

notamment <strong>sur</strong> l'emploi et l'investissement,<br />

ne sont pas en phase avec<br />

<strong>le</strong>s besoins macro-économiques (cf.<br />

par exemp<strong>le</strong> la filière texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

au Maroc).<br />

√ Concernant <strong>le</strong>s actions publiques<br />

à mener <strong>sur</strong> ce plan, <strong>le</strong>s diverses<br />

enquêtes menées, qui ont concerné<br />

des sujets différents mais connexes<br />

et complémentaires <strong>sur</strong> plusieurs<br />

pays (Algérie, Egypte, Liban, Maroc,<br />

Tunisie, Turquie), ont confirmé plu-


sieurs priorités déjà soulignées par<br />

<strong>le</strong> Femise : amélioration des conditions<br />

de compétitivité des firmes,<br />

notamment <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan des services<br />

basiques de financement et de communications<br />

qui doivent permettre<br />

aux entreprises d'accéder à des ressources<br />

financières et de pouvoir<br />

exporter au moindre coût, <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan<br />

des actions de formation pour développer<br />

des compétences nécessaires<br />

à la remontée en gamme <strong>le</strong> long des<br />

filières, <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan des procé<strong>du</strong>res<br />

administratives encore comp<strong>le</strong>xe et<br />

opaque, notamment en ce que <strong>le</strong>s<br />

entreprises doivent percevoir <strong>le</strong>s conséquences<br />

positives de la plus grande<br />

« formalisation » de <strong>le</strong>ur activité.<br />

Enfin, un autre point important qui est<br />

ressortit est que <strong>le</strong> comportement des<br />

firmes est aussi dicté par l'évolution<br />

généra<strong>le</strong> <strong>du</strong> secteur dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong><br />

évolue, de sa dynamique mondia<strong>le</strong> et<br />

de l'évolution <strong>du</strong> contexte rég<strong>le</strong>mentaire<br />

qui <strong>le</strong> régie. Cet aspect est traité<br />

dans la partie suivante, en premier<br />

lieu en mettant en relief <strong>le</strong>s aspects<br />

spécifiques des PM dans <strong>le</strong>urs trajectoires<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s, puis en examinant<br />

en détail ce que la dynamique <strong>du</strong> secteur<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment a d'exemplaire,<br />

enfin en re<strong>le</strong>vant <strong>le</strong>s futurs opportunités,<br />

notamment dans <strong>le</strong>s secteurs de<br />

services et en particulier ceux identifiés<br />

plus haut.<br />

II. Des spécialisations sectoriel<strong>le</strong>s à<br />

ajuster pour modifier la dynamique<br />

1. Une trajectoire in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> spécifique<br />

L'analyse de la spécialisation d'un pays<br />

est donc incontournab<strong>le</strong> pour toute étude<br />

-26-<br />

des effets de toute stratégie d'ouverture<br />

quel<strong>le</strong> qu'en soit l'origine (changement<br />

des données d'un accord, entrée d'un<br />

nouveau pays à l'OMC, etc.). Il s'agit<br />

dans cette première section de mieux<br />

appréhender <strong>le</strong> processus d'in<strong>du</strong>strialisation<br />

à l'œuvre dans <strong>le</strong>s PM pour dresser<br />

un premier bilan de la capacité des<br />

PM à faire face au choc de concurrence.<br />

A la fin des années 1960, <strong>le</strong>s PM avaient<br />

tous un avantage comparatif <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

biens primaires. Ce sont <strong>le</strong>s politiques<br />

d'ajustement structurel, de dévaluation<br />

<strong>du</strong> change et d'ouverture des années<br />

80 qui <strong>le</strong>s ont amené à développer<br />

de nouveaux avantages comparatifs, à<br />

modifier <strong>le</strong>ur spécialisation et à réallouer<br />

<strong>le</strong>urs facteurs de pro<strong>du</strong>ction. Le développement<br />

économique est en effet un<br />

processus d'amélioration de la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

fondé <strong>sur</strong> une dynamique vertueuse<br />

d'investissement et de croissance[13].<br />

L'expérience historique montre que ce<br />

processus est invariab<strong>le</strong>ment associé à<br />

un changement structurel de la pro<strong>du</strong>ction<br />

et de l'emploi, de l'agriculture vers<br />

l'in<strong>du</strong>strie d'abord, puis progressivement<br />

entre différentes branches de l'in<strong>du</strong>strie<br />

manufacturière. Le développement<br />

in<strong>du</strong>striel correspond à une dynamique<br />

de transformation de la structure de la<br />

pro<strong>du</strong>ction manufacturière qui, si el<strong>le</strong><br />

n'est pas linéaire, est systématiquement<br />

orientée dans <strong>le</strong> sens d'un allongement<br />

<strong>du</strong> détour pro<strong>du</strong>ctif. L'interprétation de<br />

ce principe de division <strong>du</strong> travail croissante<br />

comme une évolution de la structure<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> vers des branches de<br />

plus en plus intensives en bien intermédiaires<br />

permet de construire une<br />

typologie de l'in<strong>du</strong>strie manufacturière<br />

en trois groupes de branches. La formalisation<br />

<strong>du</strong> développement in<strong>du</strong>striel


comme <strong>le</strong> déplacement progressif <strong>du</strong><br />

centre de gravité de l'in<strong>du</strong>strie –des<br />

pro<strong>du</strong>ctions simp<strong>le</strong>s intensives en travail<br />

(IPS-L) d'abord vers <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>ctions<br />

simp<strong>le</strong>s intensives en capital (IPS-K)<br />

puis vers <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>ctions intensives en<br />

biens intermédiaires (IPC)– définit une<br />

trajectoire standard de l'in<strong>du</strong>strialisation<br />

qui est d'abord testée avec succès <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s dynamiques longues des grands pays<br />

in<strong>du</strong>striels. L'examen empirique montre<br />

que <strong>le</strong>s processus longs de changement<br />

sectoriel sont orientés par <strong>le</strong>s mêmes<br />

tendances généra<strong>le</strong>s, qu'ils s'inscrivent<br />

dans des limites qui sont identifiab<strong>le</strong>s et<br />

qu'ils sont convergents. Ils définissent<br />

donc une séquence, qui caractérise de<br />

manière généra<strong>le</strong> l'évolution de la structure<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>. Depuis l'Ang<strong>le</strong>terre <strong>du</strong><br />

début <strong>du</strong> 19e sièc<strong>le</strong>, jusqu'à la Corée<br />

<strong>du</strong> Sud et Taiwan dans <strong>le</strong> dernier tiers<br />

<strong>du</strong> 20e, tous <strong>le</strong>s processus d'in<strong>du</strong>strialisation<br />

ont suivi cette même séquence<br />

sectoriel<strong>le</strong>. Les rythmes nationaux ne<br />

sont pas pour autant identiques. Plus<br />

l'in<strong>du</strong>strialisation est tardive, plus <strong>le</strong>s<br />

pentes sont marquées et <strong>le</strong> changement<br />

structurel rapide.<br />

La confrontation <strong>du</strong> changement structurel<br />

dans <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries des PM depuis <strong>le</strong><br />

début des années 1960 à cette séquence<br />

standard de l'in<strong>du</strong>strialisation montre<br />

en moyenne une évolution à rebours<br />

<strong>du</strong> sens <strong>du</strong> développement. Si la baisse<br />

<strong>du</strong> poids des IPS-L apparaît en effet<br />

conforme à la séquence historique, la<br />

principa<strong>le</strong> particularité de la dynamique<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> est la stagnation à<br />

un faib<strong>le</strong> niveau de la contribution des<br />

IPC.<br />

Ce processus d'in<strong>du</strong>strialisation « en<br />

marche arrière » est particulièrement<br />

remarquab<strong>le</strong> en Tunisie, au Maroc et,<br />

-27-<br />

dans une moindre me<strong>sur</strong>e, en Jordanie.<br />

Les in<strong>du</strong>stries <strong>le</strong>s plus modernes (IPC)<br />

y demeurent margina<strong>le</strong>s ou sont en<br />

décroissance relative, alors que <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries<br />

support <strong>du</strong> démarrage in<strong>du</strong>striel<br />

(IPS-L) représentent toujours une part<br />

considérab<strong>le</strong> de la pro<strong>du</strong>ction manufacturière.<br />

Relativement, la dynamique de<br />

changement structurel apparaît mieux<br />

orientée en Egypte, bien qu'el<strong>le</strong> soit<br />

faib<strong>le</strong>. Israël étant un cas à part, la<br />

Turquie représente <strong>le</strong> seul réel écart à<br />

la tendance régiona<strong>le</strong>. Sa séquence d'in<strong>du</strong>strialisation<br />

est assez proche de cel<strong>le</strong>s<br />

de la Corée <strong>du</strong> Sud et de Taiwan, avec<br />

un décalage de 25 ans.<br />

La comparaison avec <strong>le</strong>s autres régions<br />

en développement souligne <strong>le</strong> caractère<br />

contre-tendanciel des évolutions<br />

de la région <strong>méditerranéen</strong>ne. Le processus<br />

d'in<strong>du</strong>strialisation dans <strong>le</strong>s<br />

NPI2 (Thaïlande, Malaisie, Indonésie,<br />

Philippines) ainsi qu'en Chine est particulièrement<br />

conforme à la trajectoire<br />

historique d'in<strong>du</strong>strialisation, mais<br />

décalé dans <strong>le</strong> temps. Si la croissance<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> a été plus <strong>le</strong>nte en Asie<br />

<strong>du</strong> Sud-Ouest, on observe néanmoins<br />

dans cette région la même séquence de<br />

changement structurel, <strong>sur</strong> un rythme<br />

atténué.<br />

Cette orientation séculaire de l'in<strong>du</strong>strialisation<br />

se retrouve éga<strong>le</strong>ment en<br />

Amérique Latine, malgré la <strong>le</strong>nteur de la<br />

modernisation in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s « décennies<br />

per<strong>du</strong>es ». Les PM sont donc <strong>le</strong>s<br />

seuls cas contre-tendanciels dans cet<br />

échantillon. L'hypothèse <strong>du</strong> retard semb<strong>le</strong><br />

moins pertinente que cel<strong>le</strong> de l'inertie<br />

structurel<strong>le</strong>. Au début des années 1970,<br />

<strong>le</strong>s PM disposaient de structures in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s<br />

plus avancées que cel<strong>le</strong> des NPI2<br />

; Depuis, seu<strong>le</strong> la région Méditerranée se


caractérise par une tel<strong>le</strong> stabilité de la <strong>sur</strong> la volonté de préserver l'emploi, en<br />

hiérarchie des trois groupes d'in<strong>du</strong>stries. favorisant <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries utilisant relati-<br />

L'absence de décollage des IPC incite à vement intensivement la main d'œuvre.<br />

conclure à un faib<strong>le</strong> approfondissement Cet objectif, pour parfaitement ration-<br />

de la division <strong>du</strong> travail et à l'insuffisance nel qu'il soit, pourrait être tenab<strong>le</strong> en<br />

de construction de nouvel<strong>le</strong>s compéten- économie fermée. Toutefois, il est non<br />

ces in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s au cours des quatre seu<strong>le</strong>ment diffici<strong>le</strong> à pérenniser dans <strong>le</strong><br />

dernières décennies. De fait, ce n'est long terme, mais il est de plus incohérent<br />

pas tant la question de la vitesse de avec la démarche maintenant généralisée<br />

la transition des PM qui apparaît perti- d'ouverture entreprise dans <strong>le</strong>s PM. Dans<br />

nente, que cel<strong>le</strong> de la direction à suivre, ce contexte au contraire, <strong>le</strong>s spécialisa-<br />

notamment en termes in<strong>du</strong>striels. tions actuel<strong>le</strong>s apparaissent contrepro<strong>du</strong>ctives<br />

en termes d'emploi, comme <strong>le</strong><br />

2. L'impact des stratégies in<strong>du</strong>s- montre une analyse comparative issue<br />

triel<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> la relation ouverture- d'une recherche Femise[14]. Cette étude<br />

emploi<br />

s'est intéressée aux conséquences des<br />

choix de spécialisation dans <strong>le</strong>s domai-<br />

L'hypothèse souvent émise par <strong>le</strong> Femise nes de la croissance et de l'emploi<br />

est que cette inertie repose en partie pour six pays (Maroc, Tunisie, Turquie,<br />

Malaisie, Indonésie)<br />

Tab<strong>le</strong>au x8 : Les coefficients d'emploi par grands secteurs<br />

<strong>sur</strong> la période 1985manufacturiers[15]<br />

Secteurs 1985-1995 1995-2001 1985-2001<br />

2001 (qui est divisée<br />

IAA 0,5 1,0 0,5<br />

en deux sous-périodes<br />

Indonésie<br />

ICPC<br />

IEE<br />

0,6<br />

0,5<br />

1,2<br />

1,0<br />

0,8<br />

0,5<br />

1985-1995 et 1995-<br />

IMM 0,4 1,5 0,7<br />

2001). El<strong>le</strong> a confronté<br />

ITC 0,5 1,9 1,0<br />

<strong>le</strong>s résultats en termes<br />

TotIT<br />

IAA<br />

0,5<br />

0,7<br />

1,3<br />

1,1<br />

0,7<br />

0,8<br />

de croissance et d'em-<br />

ICPC 0,7 1,1 0,7<br />

ploi des secteurs de<br />

Malaisie IEE<br />

IMM<br />

ITC<br />

0,5<br />

0,5<br />

0,4<br />

0,9<br />

1,1<br />

1,1<br />

0,5<br />

0,6<br />

0,4<br />

l'économie afin d'établir<br />

une typologie des<br />

TotIT 0,6 1,0 0,6<br />

secteurs qui répon-<br />

IAA<br />

ICPC<br />

0,6<br />

0,5<br />

1,1<br />

1,1<br />

0,7<br />

0,6<br />

dent <strong>le</strong> mieux aux dif-<br />

IEE 0,6 1,3 0,7<br />

ficultés des PM.<br />

Maroc IMM 0,4 1,2 0,5<br />

ITC 0,6 1,3 0,7<br />

TotIT 0,5 1,1 0,6<br />

IAA 1,0 0,9 0,9<br />

ICPC 1,4 1,2 1,6<br />

IEE 1,4 1,9 2,7<br />

Tunisie IMM 1,0 0,9 0,9<br />

ITC 0,8 1,3 1,1<br />

TotIT 1,1 1,2 1,3<br />

IAA 0,4 1,0 0,4<br />

ICPC 0,3 1,1 0,3<br />

Turquie IEE 0,3 1,2 0,4<br />

IMM 0,3 1,1 0,3<br />

ITC 0,4 1,2 0,4<br />

TotIT 0,3 1,1 0,4<br />

Source : étude Femise 22-22, ONUDI <strong>2005</strong>, calculs des auteurs.<br />

-28-<br />

D'une manière généra<strong>le</strong>,<br />

la période 1995-<br />

2001 a été plus propice<br />

à la création<br />

d'emploi et cela aussi<br />

bien pour <strong>le</strong>s PM que<br />

pour <strong>le</strong>s pays d'Asie<br />

ce qui prouve que cela<br />

n'est pas attribuab<strong>le</strong> à<br />

un effet « intégration<br />

commercia<strong>le</strong> avec


l'UE ». Les coefficients d'emploi enre-<br />

gistrés pour <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et la<br />

Turquie sont proches pour la deuxième<br />

période alors qu'ils étaient nettement<br />

différents pour la première. La Tunisie<br />

domine <strong>le</strong> groupe avec des coefficients<br />

supérieurs à 1 et en légère amélioration<br />

(tab<strong>le</strong>au x8). Les secteurs <strong>le</strong>s plus créateurs<br />

d'emplois sont identiques pour <strong>le</strong>s<br />

trois PM (IEE, ITC, ICPC), ce qui signifie<br />

qu'ils ont des spécialisations similaires<br />

qui tranchent avec cel<strong>le</strong>s des deux pays<br />

d'Asie retenus qui diffèrent d'ail<strong>le</strong>urs<br />

entre el<strong>le</strong>s. Les secteurs <strong>le</strong>s plus porteurs<br />

en termes d'emploi sont <strong>le</strong>s IMM et ITC<br />

pour l'Indonésie et l'IMM et l'IAA pour<br />

la Malaisie (IAA : in<strong>du</strong>strie agroalimentaire,<br />

ICPC in<strong>du</strong>strie de la chimie et de<br />

la parachimie, IEE in<strong>du</strong>strie é<strong>le</strong>ctrique et<br />

é<strong>le</strong>ctronique, IMM in<strong>du</strong>strie mécanique,<br />

métallurgie et machines, ITC in<strong>du</strong>stries<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment).<br />

Cependant, une mise en perspective<br />

des contributions sectoriel<strong>le</strong>s à la création<br />

nette d'emploi et de va<strong>le</strong>ur-ajoutée<br />

(tab<strong>le</strong>au x9) souligne :<br />

√ que la stratégie des pays d'Asie retenus<br />

a été de développer des secteurs<br />

relativement plus intensifs en technologie<br />

et en travail qualifié et qui<br />

permettaient de gagner des parts de<br />

marché à l'international, tout en préservant<br />

<strong>le</strong>s secteurs dotés d'une capacité<br />

d'absorption de la main d'œuvre<br />

é<strong>le</strong>vée (Rizwanul, 2003). L'Indonésie<br />

a bien <strong>sur</strong>monté la crise qui a frappé<br />

<strong>du</strong>rement <strong>le</strong>s secteurs des ITC et des<br />

IMM qui sont restés largement contributeur<br />

de la création d'emploi et a<br />

favorisé l'émergence de secteurs tels<br />

que l'é<strong>le</strong>ctronique ou la chimie dont<br />

<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de moteur de la croissance<br />

et de la création d'emploi s'accroît.<br />

-29-<br />

Quant à la stratégie de la Malaisie,<br />

qui a opté pour une restructuration<br />

beaucoup plus rapide, el<strong>le</strong> a consisté<br />

à soutenir <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries é<strong>le</strong>ctriques<br />

et é<strong>le</strong>ctroniques qui occupent maintenant<br />

un rô<strong>le</strong> clé dans l'absorption<br />

de l'emploi et la création de richesse<br />

(80% de la création d'emplois).<br />

√ que la Tunisie a une stratégie plus<br />

proche de cel<strong>le</strong> des pays asiatiques.<br />

El<strong>le</strong> préserve <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

où el<strong>le</strong> a un avantage<br />

comparatif et qui crée beaucoup<br />

d'emplois mais réoriente sa spécialisation<br />

vers <strong>le</strong>s secteurs des IAA et<br />

IEE et se désengage des ICTC. De la<br />

même manière, la Turquie se repose<br />

et renforce ses avantages comparatifs<br />

dans <strong>le</strong> secteur des ITC qui reste un<br />

important pourvoyeur d'emplois et<br />

tente de diversifier son tissu in<strong>du</strong>striel<br />

et en particulier <strong>le</strong>s ICPC et IMM.<br />

√ qu'il existe un décalage entre <strong>le</strong>s<br />

réservoirs d'embauche identifiés dans<br />

<strong>le</strong>s PM et <strong>le</strong>s secteurs moteurs de<br />

la croissance, plus particulièrement<br />

pour <strong>le</strong> Maroc. La structure de la spécialisation<br />

pour 1985-1995 montre<br />

que <strong>le</strong>s sources de création d'emplois<br />

sont <strong>le</strong>s ITC alors que ce sont <strong>le</strong>s<br />

ICPC, <strong>le</strong>s IAA et <strong>le</strong>s ITC, mais dans<br />

une moindre me<strong>sur</strong>e, qui génèrent de<br />

la richesse. Les changements in<strong>du</strong>its<br />

par <strong>le</strong> processus de Barcelone se sont<br />

tra<strong>du</strong>its par une diversification des<br />

secteurs moteurs de la croissance en<br />

faveur des IEE et des IMM qui sont<br />

parmi ceux dont la capacité d'absorption<br />

de main d'œuvre est la plus<br />

faib<strong>le</strong>.<br />

L'analyse de la transformation des<br />

exportations manufacturières des PM


menée dans <strong>le</strong> cadre d'une autre étude<br />

Femise[16] confirme ces résultats.<br />

La comparaison entre l'évolution des<br />

exportations manufacturières des PM et<br />

cel<strong>le</strong> des pays émergents, notamment<br />

cel<strong>le</strong> des deux générations de NPI et<br />

de la Chine, montrent que <strong>le</strong>s exportations<br />

ont joué un rô<strong>le</strong> modeste en<br />

Méditerranée. Le différentiel de dynamisme<br />

à l'export avec la moyenne des<br />

PED s'est creusé alors même que <strong>le</strong>s<br />

traités d'association offraient aux PM un<br />

accès privilégié au marché <strong>euro</strong>péen.<br />

Cette approche quantitative est com-<br />

Tab<strong>le</strong>au X9 : contributions sectoriel<strong>le</strong>s*<br />

Indonésie<br />

Malaisie<br />

Maroc<br />

Tunisie<br />

Turquie<br />

-30-<br />

plétée par une analyse de la « qualité »<br />

des exportations des PM, dans une<br />

perspective dynamique et comparative,<br />

qui s'appuie <strong>sur</strong> la construction d'un<br />

indicateur synthétique : l'Indicateur de<br />

Rattrapage des eXportations, IRX. L'IRX<br />

synthétise <strong>le</strong> degré de sophistication des<br />

exportations de chaque pays et permet,<br />

à toute période, de situer son niveau <strong>sur</strong><br />

une échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> allant <strong>du</strong> pays<br />

<strong>le</strong> moins performant au plus performant.<br />

Le calcul de l'IRX ne se fonde pas <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

caractéristiques <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it mais <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

caractéristiques des exportateurs de ces<br />

création d’emploi va<strong>le</strong>ur-ajoutée<br />

1985-1995 1995-2001 1985-2001 1985-1995 1995-2001 1985-2001<br />

IAA 15% (-68%) 12% 17% (-8%) 20%<br />

ICPC 31% 50% 34% 29% (-15%) 33%<br />

IEE 5% (-32%) 4% 7% (-5%) 7%<br />

IMM 11% 28% 13% 27% (-30%) 26%<br />

ITC 37% 22% 37% 20% (-42%) 13%<br />

TotIT 100% 100% 100% 100% (-100%) 100%<br />

IAA 5% 18% 6% 8% (-5%) 7%<br />

ICPC 33% (-12%) 32% 35% (-47%) 30%<br />

IEE 37% 82% 42% 34% 100% 44%<br />

IMM 18% (-27%) 16% 18% (-35%) 15%<br />

ITC 7% (-61%) 5% 5% (-14%) 4%<br />

TotIT 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

IAA 31% 15% 27% 39% 34% 39%<br />

ICPC 17% 17% 17% 30% 19% 30%<br />

IEE 1% 11% 3% 2% 24% 3%<br />

IMM 6% 16% 8% 10% 23% 11%<br />

ITC 45% 42% 44% 19% (-100%) 16%<br />

TotIT 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

IAA 15% 2% 12% 16% 33% 17%<br />

ICPC 23% 17% 22% 36% 24% 36%<br />

IEE 4% 25% 9% 4% 26% 6%<br />

IMM 13% (-100%) 9% 10% (-100%) 9%<br />

ITC 45% 57% 49% 33% 17% 33%<br />

TotIT 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

IAA 4% 1% 14% 5% 13%<br />

ICPC 13% 22% 19% 41% 43% 41%<br />

IEE 6% 4% 5% 6% (-100%) 5%<br />

IMM 0% 17% 11% 21% 24% 22%<br />

ITC 80% 53% 64% 18% 28% 19%<br />

TotIT 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

* : il s'agit des contributions positives aux variations absolues de l'emploi et de la VA déflatée. Pour<br />

information, <strong>le</strong>s contributions négatives à la baisse sont reportées en italique et entre parenthèses.<br />

Source : étude Femise 22-22


pro<strong>du</strong>its ; il s'inspire d'une méthode proposée<br />

initia<strong>le</strong>ment par C.H Kwan (2002)<br />

dans un autre contexte. L'IRX permet<br />

de me<strong>sur</strong>er l'écart entre la structure<br />

d'exportation d'un PED et cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> pays<br />

qui a la structure d'exportation la plus<br />

avancée et, en dynamique, la ré<strong>du</strong>ction<br />

de cet écart, c'est à dire la dynamique<br />

de rattrapage des exportations <strong>du</strong><br />

pays. L'application de cette méthode à<br />

la structure <strong>du</strong> commerce international<br />

depuis <strong>le</strong> milieu des années 1960 fait à<br />

nouveau ressortir la situation singulière<br />

<strong>du</strong> Maroc et de la Tunisie. Alors qu'Israël<br />

et la Turquie connaissent des évolutions<br />

analogues à cel<strong>le</strong>s des NPI2, la Tunisie<br />

et <strong>le</strong> Maroc, qui avaient <strong>le</strong> même IRX<br />

que <strong>le</strong>s NPI 2 jusqu'au début des années<br />

1970, ont connu une évolution divergente.<br />

Leur IRX fluctue mais demeure<br />

très bas.<br />

Cette approche comparative est complétée<br />

par l'analyse des niches de diversification<br />

à un niveau plus fin (niveau<br />

4 de la CTCI, soit un millier de postes)<br />

entre 1994 et 2003. Lorsqu'on écarte <strong>le</strong>s<br />

exportations ne re<strong>le</strong>vant ni de la valorisation<br />

des ressources naturel<strong>le</strong>s ni <strong>du</strong><br />

TH, <strong>le</strong>s niches exportatrices deviennent<br />

presque inexistantes en Jordanie et en<br />

Syrie et rares en Egypte. On en recense<br />

une dizaine au Maroc et en Tunisie, un<br />

nombre stab<strong>le</strong>, et de l'ordre d'une vingtaine<br />

en Turquie. En termes de demande,<br />

ces niches se situent <strong>sur</strong> des marchés<br />

peu dynamiques. Sur ces segments, la<br />

concurrence est faib<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s pays<br />

<strong>du</strong> Maghreb et ceux <strong>du</strong> Machrek, mais<br />

forte entre tous <strong>le</strong>s PM et la Turquie.<br />

Au Maghreb, ces niches concernent <strong>sur</strong>tout<br />

des échanges intra-firmes, orientés<br />

vers l'Europe. Sur ce marché, <strong>le</strong>s PM<br />

sont plutôt en concurrence avec <strong>le</strong>s<br />

PECO qu'avec l'Asie et la Chine. Cette<br />

-31-<br />

confrontation et la prédominance de<br />

l'intra-firme suggèrent que la diversification<br />

des exportations des PM a pu être<br />

freinée par l'irruption des PECO, qui ont<br />

massivement attiré des IDE <strong>euro</strong>péens<br />

dans <strong>le</strong>s années 1990.<br />

D'autres indicateurs confirment ces tendances.<br />

A partir de l'analyse des efforts<br />

d'investissement, de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée,<br />

de l'emploi et de la pro<strong>du</strong>ctivité apparente<br />

<strong>du</strong> travail, il est clair que la spécialisation<br />

dérivée de l'ouverture et de<br />

la mise à niveau de l'économie n'ont pas<br />

permis au Maroc de se positionner <strong>sur</strong><br />

un sentier de croissance cohérent avec<br />

<strong>le</strong>s problèmes d'emploi qu'il connaît[17].<br />

Plus grave, un processus de déqualification<br />

<strong>du</strong> travail semb<strong>le</strong> à l'oeuvre ce qui<br />

explique <strong>le</strong>s difficultés grandissantes des<br />

diplômés à trouver un emploi.<br />

Si l'on se penche <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s formes de l'ajustement<br />

sectoriel, il faut noter que, dans<br />

<strong>le</strong> cas <strong>du</strong> Maroc, <strong>le</strong> processus de spécialisation<br />

en œuvre dans <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries é<strong>le</strong>ctriques<br />

et é<strong>le</strong>ctroniques ne provoque pas<br />

de montée en gamme. L'emploi a beaucoup<br />

progressé ainsi que l'investissement<br />

en début de période, mais la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

apparente <strong>du</strong> travail et <strong>le</strong> salaire réel ont<br />

sensib<strong>le</strong>ment reculé à partir de 1995.<br />

Ceci trouve son origine dans <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong><br />

Maroc est essentiel<strong>le</strong>ment un sous-traitant<br />

<strong>sur</strong> ce secteur. Pour ce qui est de la<br />

Tunisie, l'emploi a certes quintuplé entre<br />

1993 et 2001, pour ce même secteur,<br />

cependant <strong>le</strong> salaire réel a fortement<br />

chuté et des progrès de l'investissement<br />

et de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée se manifestent<br />

<strong>le</strong>ntement.<br />

La situation turque est complètement<br />

différente puisque ici ce secteur génère<br />

une va<strong>le</strong>ur-ajoutée conséquente, en


hausse rapide et offre des niveaux de<br />

rémunération parmi <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés. La<br />

Malaisie se trouve dans une position<br />

similaire : progression de l'emploi, de<br />

la va<strong>le</strong>ur-ajoutée et de l'investissement,<br />

baisse des salaires et hausse de la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

<strong>du</strong> travail, ainsi que l'Indonésie,<br />

qui suit à quelque distance, mais prend<br />

<strong>le</strong> même chemin.<br />

Pour ce qui est des performances <strong>du</strong><br />

secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s<br />

investissements importants consentis<br />

en 1993-1996 ne se sont pas tra<strong>du</strong>its<br />

par la redynamisation de la croissance<br />

et de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée espérée<br />

alors que <strong>le</strong>s salaires se maintenaient<br />

aux niveaux antérieurs. Une montée<br />

en gamme sera diffici<strong>le</strong> <strong>sur</strong>tout dans<br />

un contexte fortement perturbé marqué<br />

par la fin de l'accord multi-fibres.<br />

Cela vaut pour la Tunisie où <strong>le</strong> recul<br />

très significatif des salaires n'a pas<br />

profité à l'investissement ou à une<br />

amélioration de la pro<strong>du</strong>ctivité apparente<br />

<strong>du</strong> travail qui est de plus en<br />

plus déqualifié.<br />

La Turquie, a contrario, a su se doter<br />

des moyens nécessaires pour organiser<br />

une montée en gamme à savoir un<br />

rythme d'investissement é<strong>le</strong>vé qui n'a<br />

pas fléchi, et a même été renforcé, face<br />

aux conséquences potentiel<strong>le</strong>s néfastes<br />

de la fin de l'accord multi-fibres.<br />

La pro<strong>du</strong>ction de va<strong>le</strong>ur-ajoutée, la<br />

pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail s'accroissent<br />

<strong>sur</strong> la totalité de la période<br />

et la création d'emploi se fait au profit<br />

de travail<strong>le</strong>urs relativement plus qualifiés.<br />

L'Indonésie a <strong>le</strong> même type de<br />

profil avec des investissements qui ne<br />

faiblissent pas, des niveaux de salaire<br />

et de pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail<br />

stab<strong>le</strong>s et un emploi en hausse.<br />

-32-<br />

Au Maroc, l'investissement profite principa<strong>le</strong>ment<br />

aux in<strong>du</strong>stries de la chimie<br />

et de l'agroalimentaire. Le premier, qui<br />

est un secteur c<strong>le</strong>f de l'économie marocaine,<br />

parvient à préserver sa création<br />

d'emploi et ses salaires malgré une<br />

tendance à la baisse de la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

apparente <strong>du</strong> travail suite à cel<strong>le</strong> de la<br />

va<strong>le</strong>ur-ajoutée qui se conjugue, en fin<br />

de période, à une tendance au recul des<br />

salaires. La Tunisie, <strong>du</strong> fait de l'épuisement<br />

progressif de ses ressources<br />

naturel<strong>le</strong>s, notamment pétrolières, a vu<br />

<strong>le</strong> poids de ce secteur diminuer (chute<br />

des salaires, de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée, des<br />

investissements, l'emploi se maintient<br />

mais la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail<br />

perd 50%).<br />

Dans ce domaine, la Turquie mise encore<br />

une fois <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s investissements ce qui<br />

explique <strong>le</strong>s bons résultats en termes<br />

de va<strong>le</strong>ur-ajoutée, et de pro<strong>du</strong>ctivité<br />

<strong>du</strong> travail, mais ce n'est pas un secteur<br />

très dynamique <strong>du</strong> point de vue de l'emploi.<br />

L'Indonésie est <strong>sur</strong> <strong>le</strong> même type<br />

de stratégie, l'investissement nourrie<br />

<strong>le</strong>s gains de pro<strong>du</strong>ctivité et de va<strong>le</strong>urajoutée,<br />

mais, ici, <strong>le</strong> secteur crée de<br />

l'emploi.<br />

Le secteur de l'agroalimentaire souffre<br />

éga<strong>le</strong>ment d'un manque de dynamisme<br />

à partir de la deuxième partie de la<br />

décennie 90. L'emploi continue de progresser<br />

doucement, mais la va<strong>le</strong>ur-ajoutée<br />

baisse entraînant la pro<strong>du</strong>ctivité. En<br />

Turquie et en Tunisie, la vigueur de l'investissement<br />

a favorisé <strong>le</strong> maintien des<br />

niveaux de pro<strong>du</strong>ctivité. Les salaires ont<br />

fortement progressé en Tunisie et sont<br />

parmi <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés en Turquie.<br />

Un des rares secteurs où <strong>le</strong>s efforts d'investissement<br />

sont restés importants <strong>sur</strong>


la fin de la période est celui des in<strong>du</strong>stries<br />

mécaniques et métallurgiques. Malgré<br />

cela la progression de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée<br />

demeure en retrait tandis que l'emploi<br />

et <strong>le</strong>s salaires augmentent, ce qui tant<br />

à prouver que <strong>le</strong>s investissements faits<br />

ne sont pas suffisamment valorisés. Les<br />

performances de la Turquie ou de la<br />

Malaisie sont nettement meil<strong>le</strong>ures car<br />

l'investissement n'a pas fléchi <strong>sur</strong> toute<br />

la période et que la va<strong>le</strong>ur-ajoutée a crû<br />

au même rythme, l'emploi étant stab<strong>le</strong>.<br />

La question qui se pose maintenant est<br />

de connaître <strong>le</strong> résultat, en termes d'emploi,<br />

des ces différentes stratégies in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s<br />

dans un contexte d'ouverture<br />

commercia<strong>le</strong>. De ce point de vue, <strong>le</strong> calcul<br />

<strong>du</strong> contenu en emploi des échanges<br />

confirme <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s pays asiatiques<br />

considérés ont eu une stratégie complètement<br />

différente de cel<strong>le</strong> adoptée par<br />

<strong>le</strong>s PM.<br />

Les premiers ont axé <strong>le</strong>ur développement<br />

économique <strong>sur</strong> une in<strong>du</strong>strialisation<br />

lourde et souvent diversifiée,<br />

protégeant ainsi <strong>le</strong>ur capacité d'absorption<br />

de la main d'œuvre peu qualifiée<br />

et accroissant cel<strong>le</strong> des travail<strong>le</strong>urs plus<br />

qualifiés. La stratégie des pays asiatiques<br />

a consisté :<br />

(i) d'une part, à protéger des économies<br />

naissantes qui devaient créer des<br />

opportunités de montée en gamme,<br />

comme l'in<strong>du</strong>strie é<strong>le</strong>ctrique et é<strong>le</strong>ctronique,<br />

d'où un renouvel<strong>le</strong>ment<br />

des avantages comparatifs et un<br />

positionnement <strong>sur</strong> des secteurs plus<br />

dynamiques au niveau international.<br />

Les besoins humains et financiers<br />

nécessaires à la réorientation de la<br />

spécialisation ont été couverts grâce<br />

à un engagement résolu de l'Etat<br />

-33-<br />

qui a éga<strong>le</strong>ment ciblé <strong>le</strong>s secteurs<br />

dont <strong>le</strong> poids devait être renforcé et<br />

éten<strong>du</strong>.<br />

(ii) d'autre part, à restructurer des secteurs<br />

traditionnels en consentant<br />

un effort d'investissement souvent<br />

très conséquent, d'où des montées<br />

en gamme, tout en conservant <strong>le</strong>ur<br />

niveau de création d'emplois.<br />

Cette stratégie in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> a préservé<br />

la cohésion socia<strong>le</strong> tout en créant des<br />

opportunités de croissance de manière<br />

à ce que <strong>le</strong> pays absorbe plus faci<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s ajustements structurels liés<br />

tant aux contraintes macroéconomiques<br />

internes que de compétitivité internationa<strong>le</strong>.<br />

Ainsi, l'Indonésie ménage <strong>le</strong>s<br />

possibilités d'emploi de la main d'œuvre<br />

peu qualifiée dans <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong> et de l'habil<strong>le</strong>ment tout en<br />

soutenant <strong>le</strong> développement des secteurs<br />

de la chimie et de l'é<strong>le</strong>ctronique<br />

plus intensifs en capital et en travail<br />

qualifié. La Malaisie, dont la restructuration<br />

<strong>du</strong> tissu in<strong>du</strong>striel est plus avancée,<br />

a suivi <strong>le</strong> même chemin et peut<br />

dorénavant se focaliser <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s secteurs<br />

de pointe des secteurs é<strong>le</strong>ctriques et<br />

é<strong>le</strong>ctroniques qui sont devenus suffisamment<br />

dynamiques pour créer de<br />

l'emploi. Les politiques d'intervention<br />

dans ces pays ont eu pour souci essentiel<br />

de réussir l'adéquation entre <strong>le</strong>s<br />

besoins de qualifications de l'in<strong>du</strong>strie<br />

et <strong>le</strong>s compétences acquises au sein <strong>du</strong><br />

système é<strong>du</strong>catif.<br />

Pour ce qui est des PM, ceux-ci n'enregistrent<br />

pas d'amélioration de <strong>le</strong>ur<br />

contenu en emplois des échanges <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s deux sous périodes, si ce n'est pour<br />

<strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment. La Turquie étant<br />

encore dans une position relativement


plus favorab<strong>le</strong> <strong>du</strong> fait de son comporte-<br />

ment d'investissement.<br />

Si <strong>le</strong>s performances des PM sont tel<strong>le</strong>ment<br />

éloignées de cel<strong>le</strong>s de ces pays<br />

d'Asie cela provient en partie <strong>du</strong> fait<br />

qu'ils ont des conceptions différentes <strong>du</strong><br />

rô<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strie dans <strong>le</strong> processus de<br />

croissance et que la question de l'emploi<br />

ne se pose pas dans <strong>le</strong>s mêmes termes.<br />

La preuve en est l'évolution <strong>du</strong> secteur<br />

tertiaire dont <strong>le</strong> développement a suivi<br />

et accompagné celui de l'in<strong>du</strong>strie qui<br />

a modelé ses activités (banques, conseil<br />

aux entreprises, etc.) dans <strong>le</strong>s pays<br />

d'Asie. Dans <strong>le</strong>s PM, <strong>le</strong> poids <strong>du</strong> secteur<br />

tertiaire dans l'économie reflète peu <strong>le</strong><br />

stade de l'in<strong>du</strong>strialisation <strong>du</strong> pays, il en<br />

est relativement déconnecté, il renvoie à<br />

la nécessité de répondre à l'offre d'emploi<br />

peu qualifiée. Ce positionnement ne<br />

paraît pas optimal dans la me<strong>sur</strong>e où<br />

même s'il satisfait aux urgences de court<br />

terme et as<strong>sur</strong>e la pérennité de l'ordre<br />

social, il oblitère <strong>le</strong>s capacités d'absorption<br />

d'emploi de long terme et pèse <strong>sur</strong><br />

la qualité de la main d'œuvre.<br />

Les crises graves qui ont touché la<br />

Turquie ont peut-être favorisé ces restructurations<br />

en abaissant <strong>le</strong>ur coût<br />

d'opportunité, lui faisant faire un bond<br />

en avant conséquent <strong>sur</strong> <strong>le</strong> chemin de<br />

sa transition. Pour <strong>le</strong>s PM, la crise que<br />

risque de véhicu<strong>le</strong>r la fin de l'accord<br />

multi-fibres avec ses effets in<strong>du</strong>its <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> reste de l'économie pourrait <strong>le</strong>s obliger<br />

à accélérer <strong>le</strong> rythme de la mise à<br />

niveau et à développer une stratégie de<br />

recherche de nouveaux avantages comparatifs<br />

étant donné <strong>le</strong> stock de main<br />

d'œuvre très qualifiée dont ils disposent<br />

d'une part, et de montée en gamme,<br />

d'autre part, en ne se cantonnant pas<br />

à des activités de sous-traitance qui ne<br />

-34-<br />

permettent pas de capturer une part<br />

importante de la rente. L'expérience des<br />

pays asiatiques ou de la Turquie montre<br />

que refaçonner sa position <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

internationaux est possib<strong>le</strong> pourvu<br />

que ce mouvement soit servi par des<br />

politiques in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s résolues et un<br />

engagement fort de l'Etat.<br />

Cet engagement peut être celui d'un<br />

investisseur, mais se posera alors rapidement<br />

la question <strong>du</strong> maintien des<br />

équilibres nécessaires, comme cel<strong>le</strong> de<br />

la rupture avec <strong>le</strong> système précédent qui<br />

a, force est de <strong>le</strong> constater, montré ses<br />

limites. Il peut aussi transiter par l'action<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> comportement des firmes, comme<br />

on l'a vu edans la première partie. Il<br />

s'agit ici d'accompagner <strong>le</strong> mouvement<br />

des acteurs en facilitant <strong>le</strong>ur quotidien<br />

opérationnel pour qu'ils soient amenés<br />

à adopter des stratégies en cohérence<br />

avec <strong>le</strong>s objectifs nationaux. On l'a vu<br />

plus haut, la dynamique <strong>du</strong> secteur texti<strong>le</strong><br />

habil<strong>le</strong>ment est de ce point de vue<br />

exemplaire.<br />

3. Le texti<strong>le</strong>, secteur révélateur des<br />

dynamiques in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s<br />

Le secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment a été <strong>le</strong><br />

moteur de développement de nombreux<br />

pays et reste important nombre de pays<br />

développés. Ainsi au sein de l'UE, la part<br />

de la va<strong>le</strong>ur-ajoutée <strong>du</strong> TH dans cel<strong>le</strong> <strong>du</strong><br />

secteur manufacturier se monte à 4%<br />

et cette activité absorbe 7% de l'emploi.<br />

L'Italie, <strong>le</strong> Royaume-Uni, la France,<br />

l'Al<strong>le</strong>magne et l'Espagne pro<strong>du</strong>isent <strong>le</strong>s<br />

trois quarts <strong>du</strong> T-H de l'UE. Au total 200<br />

milliards (billions) d'<strong>euro</strong>s que se partagent<br />

177 000 entreprises employant<br />

plus de 2 millions de personnes[18]. Les<br />

premiers exportateurs de texti<strong>le</strong> sont la<br />

Chine, l'Italie, l'Al<strong>le</strong>magne, la République


de Corée, Taipei, la France, la Belgique,<br />

<strong>le</strong> Japon et <strong>le</strong> Royaume-Uni, pour ce<br />

qui est de l'habil<strong>le</strong>ment dominent la<br />

Chine, l'Italie, l'Al<strong>le</strong>magne, la France, la<br />

Turquie, l'Indonésie, la République de<br />

Corée et la Thaïlande.<br />

Mais, dans <strong>le</strong> cas des PM, l'enjeu est<br />

renforcé, d'abord par <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> historique<br />

joué par <strong>le</strong> secteur dans l'in<strong>du</strong>strialisation<br />

des économies, ensuite par son<br />

poids aujourd'hui dans <strong>le</strong>urs in<strong>du</strong>stries,<br />

dans <strong>le</strong>urs échanges et <strong>sur</strong>tout dans <strong>le</strong>s<br />

emplois, enfin parce qu'au moment d'un<br />

choc d'ouverture majeur, que constitue<br />

la fin de l'accord multi-fibre et que<br />

va constituer dans deux ans cel<strong>le</strong> des<br />

me<strong>sur</strong>es transitoires prises par l'UE et<br />

<strong>le</strong>s Etats-Unis lorsqu'ils ont pris conscience<br />

de l'impact quantitatif potentiel,<br />

<strong>le</strong> secteur est très symptomatique <strong>du</strong><br />

rô<strong>le</strong> que peuvent jouer différentes stratégies<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s, tant en comparant<br />

<strong>le</strong>s PM aux pays asiatiques qu'au sein<br />

même des PM.<br />

Essor de la filière texti<strong>le</strong><br />

Le Maroc et la Tunisie étaient des pays<br />

très ouverts avant <strong>le</strong>ur indépendance<br />

et dont l'économie nationa<strong>le</strong> dépendait<br />

largement des importations de<br />

pro<strong>du</strong>its <strong>euro</strong>péens dans <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong><br />

TH. L'obtention de <strong>le</strong>ur indépendance a<br />

coïncidé avec la mise en place de plans<br />

de substitution aux exports qui ont<br />

dynamisé <strong>le</strong>s investissements. 41% des<br />

investissements agréés au Maroc vont<br />

au secteur TH en 1960. Cependant, ces<br />

plans montrent rapidement <strong>le</strong>urs limites<br />

et des nouvel<strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es sont prises<br />

visant à accentuer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des exports<br />

dans la croissance. En 1972, la Tunisie<br />

adopte une loi qui instaure <strong>le</strong> statut<br />

d'entreprise exportatrice et prévoit des<br />

-35-<br />

avantages fiscaux tandis que <strong>le</strong>s entreprises<br />

sont encouragées à pro<strong>du</strong>ire pour<br />

<strong>le</strong> marché intérieur qui reste protégé.<br />

Le Maroc a pris cette même voie et <strong>le</strong><br />

plan d'ajustement structurel de 1983 et<br />

la promulgation d'un code des investissements<br />

et des exportations favorisent<br />

<strong>le</strong> développement des échanges.<br />

L'essor <strong>du</strong> secteur TH dans ces pays a<br />

bénéficié <strong>du</strong> mouvement de délocalisation<br />

<strong>euro</strong>péen qui a été à l'origine, en<br />

moyenne, de 30% des investissements<br />

faits au Maroc, après 1987 ; et de la<br />

signature <strong>du</strong> traité d'association UE-<br />

Tunisie en 1976. Entre 1972 et 1981,<br />

l'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> TH crée 40% des nouveaux<br />

emplois dans <strong>le</strong> secteur manufacturier<br />

en Tunisie et 48% pour <strong>le</strong> Maroc,<br />

entre 1980 et 2000. El<strong>le</strong> compte pour<br />

40% des exportations manufacturières<br />

de la Tunisie en 1980 soit plus que pour<br />

<strong>le</strong> Maroc ou la Turquie.<br />

La structure <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> TH dans <strong>le</strong>s<br />

trois pays <strong>du</strong> Maghreb est très différente.<br />

En Algérie, au début des années<br />

1980, <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> TH représente<br />

30% de l'emploi in<strong>du</strong>striel total. Avant<br />

<strong>le</strong>s privatisations qui ont débuté dans<br />

<strong>le</strong>s années 1990, <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong><br />

était dominé par des entreprises publiques<br />

alors que <strong>le</strong>s entreprises privées<br />

avaient une place prépondérante dans<br />

<strong>le</strong> secteur de l'habil<strong>le</strong>ment. Ces deux<br />

secteurs s'enfoncent dans la crise, incapab<strong>le</strong>s<br />

de faire face à la concurrence<br />

in<strong>du</strong>ite par <strong>le</strong>s privatisations. En 2001<br />

la pro<strong>du</strong>ction de texti<strong>le</strong> se stabilise<br />

autour de 25% de son niveau de 1990<br />

et cel<strong>le</strong> d'habil<strong>le</strong>ment autour de 40%.<br />

L'emploi a beaucoup reculé jusqu'en<br />

2000. Dans la première partie de la<br />

période de privatisation, <strong>le</strong>s détaillants<br />

algériens ont fait de plus en plus appel


à des pro<strong>du</strong>ctions étrangères mais cette<br />

tendance s'est inversée et la pro<strong>du</strong>ction<br />

domestique augmente depuis peu. En<br />

2002, <strong>le</strong> secteur compte pour 4,4% de<br />

la pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> (hydrocarbures<br />

exclus) tandis que <strong>le</strong> secteur privé<br />

<strong>du</strong> TH représente 9,9% de la va<strong>le</strong>ur de<br />

la pro<strong>du</strong>ction en 2003.<br />

L'Egypte a un parcours très différent.<br />

L'in<strong>du</strong>strie se développe grâce au soutien<br />

de la banque Misr et à la fin de la<br />

guerre, Misr Spinning and Weaving qui<br />

compte quelques 25000 salariés est la<br />

plus grande entreprise in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> <strong>du</strong><br />

Moyen-Orient. Dès 1945, <strong>le</strong> TH occupe<br />

une place prépondérante dans l'économie<br />

turque et totalise 42,4% des entreprises<br />

et 37% de l'emploi <strong>du</strong> secteur<br />

manufacturier. Depuis <strong>le</strong>s nationalisations<br />

des années 1960-1962 où seuls<br />

<strong>le</strong>s établissements de moins de 200<br />

salariés sont restés privés, <strong>le</strong> secteur<br />

public domine <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>, et <strong>le</strong> privé l'habil<strong>le</strong>ment<br />

(75% des exports).<br />

L'in<strong>du</strong>strie texti<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>ment très<br />

ancienne en Turquie. Largement dépendant<br />

des importations tant qu'il n'a pas<br />

retrouvé son autonomie douanière <strong>le</strong><br />

pays a, dans <strong>le</strong> cadre <strong>du</strong> premier plan<br />

quinquenal et avec l'aide des soviétiques,<br />

confié à la Sümerbank <strong>le</strong> développement<br />

<strong>du</strong> secteur TH. Mais, ici, <strong>le</strong><br />

secteur privé a <strong>sur</strong>tout été présent dans<br />

la pro<strong>du</strong>ction de fils et tissus (50% à<br />

60%).<br />

L'activité texti<strong>le</strong> s'est beaucoup accrue<br />

après la seconde guerre mondia<strong>le</strong><br />

bénéficiant <strong>du</strong> boom <strong>sur</strong> <strong>le</strong> coton dû<br />

à la guerre de Corée, des me<strong>sur</strong>es<br />

d'incitation à l'investissement dans <strong>le</strong><br />

cadre de la politique de substitution<br />

des importations et de protection <strong>du</strong><br />

-36-<br />

marché domestique. Ce n'est qu'avec<br />

la politique d'ouverture commercia<strong>le</strong> et<br />

de promotion des exportations que <strong>le</strong><br />

secteur de l'habil<strong>le</strong>ment a décollé et ses<br />

performances à l'export sont devenues<br />

meil<strong>le</strong>ures que cel<strong>le</strong>s <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> à la fin<br />

des années 1980. Dans la décennie 90,<br />

ce sont <strong>le</strong>s relations privilégiées de la<br />

Turquie avec l'Al<strong>le</strong>magne et la perspective<br />

de la création de l'Union douanière<br />

avec l'UE qui ont tiré <strong>le</strong>s exports d'habil<strong>le</strong>ment<br />

et soutenu et encouragé <strong>le</strong>s<br />

efforts considérab<strong>le</strong>s d'investissement<br />

et de modernisation entrepris.<br />

Le TH est une composante essentiel<strong>le</strong><br />

des exportations in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s en<br />

Jordanie, au Liban, au Maroc, en Syrie<br />

et en Turquie. Etant donnée l'incapacité<br />

de la plupart de ces pays de créer<br />

une filière <strong>sur</strong> <strong>le</strong> territoire national, il<br />

est éga<strong>le</strong>ment un poste important des<br />

importations.<br />

Le TH demeure <strong>le</strong> plus important segment<br />

<strong>du</strong> secteur manufacturier et <strong>le</strong><br />

premier employeur en Egypte, au Maroc,<br />

en Tunisie et en Turquie. Au Maroc,<br />

il a contribué à créer 60% de nouveaux<br />

emplois manufacturiers depuis<br />

1986 contre plus de 30% des emplois<br />

in<strong>du</strong>striels de la Tunisie. Il s'agit d'un<br />

emploi fortement féminisé et informel<br />

et <strong>le</strong>s chiffres <strong>sur</strong> l'emploi <strong>du</strong> secteur<br />

sont peu fiab<strong>le</strong>s. Ainsi, en Turquie, <strong>le</strong>s<br />

professionnels estiment que l'emploi<br />

<strong>du</strong> secteur est cinq fois plus é<strong>le</strong>vé que<br />

ne laissent à penser <strong>le</strong>s statistiques.<br />

Autre difficulté, il est malaisé d'évaluer<br />

la pro<strong>du</strong>ction dans la me<strong>sur</strong>e où dans<br />

cette activité quelques grandes entreprises[19],<br />

souvent parmi <strong>le</strong>s plus grandes<br />

<strong>du</strong> pays et générant des exports<br />

conséquentes, avoisinent avec de très<br />

nombreuses PME-PMI.


L'importance majeure au niveau<br />

économique et social<br />

Au Maroc, comme en Tunisie, <strong>le</strong> secteur<br />

de l'habil<strong>le</strong>ment occupe un rô<strong>le</strong> central<br />

dans <strong>le</strong>s exports manufacturées et cela<br />

depuis <strong>le</strong>s années 80. Pour la Tunisie,<br />

depuis 1996, <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> représente plus<br />

de la moitié des exportations en va<strong>le</strong>ur<br />

de pro<strong>du</strong>its manufacturés et, en 2001, <strong>le</strong><br />

texti<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s chaus<strong>sur</strong>es et <strong>le</strong> cuir comptent<br />

pour 48,5% des exports tota<strong>le</strong>s<br />

en va<strong>le</strong>ur (ce chiffre tombe à 42% en<br />

2002). Le Maroc est dans une situation<br />

similaire : <strong>le</strong>s exports de TH s'é<strong>le</strong>vaient<br />

à 23% de la va<strong>le</strong>ur tota<strong>le</strong> des exportations<br />

manufacturées en 1996 et 33%<br />

en 2001[20]. Pour l'Algérie, <strong>le</strong> poids est<br />

moindre[21].<br />

Dans <strong>le</strong>s trois pays <strong>du</strong> Maghreb, au sein<br />

<strong>du</strong> secteur texti<strong>le</strong>, c'est celui de l'habil<strong>le</strong>ment<br />

qui domine en termes de va<strong>le</strong>ur de<br />

la pro<strong>du</strong>ction et d'emploi. Cet élément<br />

structurel a son importance puisque <strong>le</strong><br />

secteur de l'habil<strong>le</strong>ment est plus intensif<br />

en travail que celui <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> en général,<br />

ce qui se répercute <strong>sur</strong> <strong>le</strong> niveau de l'emploi<br />

formel. La pro<strong>du</strong>ction de TH au Maroc<br />

se monte à 15% de la pro<strong>du</strong>ction manufacturière<br />

en va<strong>le</strong>ur mais compte pour<br />

45% de l'emploi, en 2003. La Tunisie est<br />

dans <strong>le</strong> même cas où la pro<strong>du</strong>ction de ce<br />

secteur représente <strong>le</strong> tiers de la pro<strong>du</strong>ction<br />

manufacturière alors qu'il absorbe<br />

plus de la moitié de l'emploi et compte<br />

pour 7,1% <strong>du</strong> PIB (EIU, 2003).<br />

Il faut souligner quelques caractéristiques<br />

propres au secteur <strong>du</strong> TH dans<br />

<strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Maghreb qui sont une part<br />

importante d'emploi informel et un comportement<br />

des firmes qui recourent à<br />

de l'emploi non déclaré afin de ré<strong>du</strong>ire<br />

<strong>le</strong>s coûts. L'origine des difficultés de<br />

-37-<br />

compétitivité rencontrées par ces pays<br />

réside dans <strong>le</strong> niveau <strong>du</strong> coût de la main<br />

d'œuvre qui est significativement plus<br />

haut que celui que supporte <strong>le</strong>urs concurrents<br />

asiatiques. En 2002, <strong>le</strong> salaire<br />

moyen dans <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong> au Maroc<br />

et en Tunisie était presque 5 fois celui<br />

de la Chine et équivalait à celui enregistré<br />

dans certains pays de l'Est comme<br />

la Slovaquie et l'Estonie ou encore en<br />

Turquie. Avec la fin de l'accord multifibres<br />

et son impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s quotas qui<br />

étaient imposés aux concurrents d'Asie,<br />

il était fatal que <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Maghreb<br />

souffrent de la pression concurrentiel<strong>le</strong><br />

et licencient.<br />

Du point de vue de la structure et des<br />

conditions d'emploi dans <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong><br />

TH au Maroc, il apparaît une domination<br />

de l'emploi féminin, de la pro<strong>du</strong>ction<br />

informel<strong>le</strong>, des employés jeunes et/ou<br />

non mariés ayant un niveau d'é<strong>du</strong>cation<br />

faib<strong>le</strong> et qui n'ont pas été scolarisés<br />

régulièrement, et ont souvent occupé un<br />

emploi temporairement. En 1999, 61%<br />

des salariés et 90% des travail<strong>le</strong>urs<br />

à domici<strong>le</strong> étaient des femmes. Les<br />

employeurs ont une préférence marquée<br />

pour <strong>le</strong>s femmes célibataires qui<br />

n'ont pas de responsabilité familia<strong>le</strong> et<br />

sont faci<strong>le</strong>s à former. Selon Bouquia<br />

(2002), 59% des employées de ce secteur<br />

ont moins de 25 ans contre 45%<br />

des employés. Reste qu'ils ont une responsabilité<br />

familia<strong>le</strong> en termes de contribution<br />

aux dépenses de la famil<strong>le</strong> au<br />

sens large. Le travail temporaire est très<br />

répan<strong>du</strong> <strong>sur</strong>tout dans <strong>le</strong>s PME. Cette<br />

structure de l'emploi décou<strong>le</strong> de l'orientation<br />

principa<strong>le</strong>ment vers l'export de<br />

l'activité des firmes <strong>du</strong> secteur formel et<br />

de la dépendance vis-à-vis des commandes<br />

venant des distributeurs <strong>euro</strong>péens.<br />

Ces derniers préfèrent faire appel à des


entreprises proches géographiquement<br />

lorsque <strong>le</strong>s délais de livraison doivent<br />

être courts (Belghazi), au cas où, par<br />

exemp<strong>le</strong>, un pro<strong>du</strong>it est écoulé plus<br />

rapidement que prévu et qu'un réassort<br />

est nécessaire, et <strong>le</strong>s entreprises basées<br />

au Maroc sont apparemment capab<strong>le</strong>s<br />

de satisfaire ces contraintes.<br />

Les enquêtes menées pour l'étude Femise<br />

montre que si la force de travail est relativement<br />

jeune au Maroc, ce n'est pas<br />

vrai pour la Tunisie et l'Algérie où <strong>le</strong>s<br />

travail<strong>le</strong>urs ont plutôt moins de 30 ans<br />

; Par contre, ici aussi, l'emploi féminin<br />

domine. Cependant, en Tunisie, où <strong>le</strong><br />

revenu moyen par habitant est presque<br />

deux fois plus é<strong>le</strong>vé qu'au Maroc, <strong>le</strong>s<br />

motivations des femmes pour occuper un<br />

emploi sont plus personnel<strong>le</strong>s, comme<br />

avoir suffisamment d'argent pour acheter<br />

un trousseau de mariage.<br />

Une crise révélatrice qui a débuté<br />

avant la fin de l'accord multi-fibre<br />

Les tendances récentes pour <strong>le</strong>s pays<br />

<strong>du</strong> Maghreb montrent que la pro<strong>du</strong>ction<br />

a commencé à décliner au début des<br />

années 1990 pour l'Algérie, en 1999<br />

pour <strong>le</strong> Maroc et en 2002 pour la Tunisie,<br />

et que l'emploi a suivi l'évolution de la<br />

pro<strong>du</strong>ction.<br />

La crise <strong>du</strong> TH est apparue à la fin des<br />

années 1990 au Maroc. Des licenciements<br />

ont eu lieu. L'appréciation <strong>du</strong><br />

Dirham marocain et <strong>le</strong>s incertitudes liées<br />

à la fin de l'accord multi-fibre ont engendré<br />

un recul de l'investissement d'où de<br />

nouveaux licenciements et des pertes de<br />

parts de marché en Europe. L'expansion<br />

de l'emploi dans <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> TH a<br />

souffert de l'évolution défavorab<strong>le</strong> de la<br />

demande et des prix. Pour la première<br />

-38-<br />

moitié de l'année <strong>2005</strong>, <strong>le</strong> Maroc a connu<br />

une perte d'emploi de 60 000 alors que<br />

<strong>le</strong>s effectifs pour 2002 étaient de 202<br />

000 personnes[22]. Le Maroc rencontre<br />

des problèmes y compris <strong>sur</strong> son propre<br />

marché, qui s'incarnent dans une baisse<br />

des prix, ce qui explique <strong>le</strong>s performances<br />

décevantes de ce secteur. Au troisième<br />

trimestre <strong>2005</strong>, la pro<strong>du</strong>ction de l'in<strong>du</strong>strie<br />

de l'habil<strong>le</strong>ment a per<strong>du</strong> -8,9%<br />

par rapport à 2004 et la branche texti<strong>le</strong><br />

et cuir -0,8% alors qu'el<strong>le</strong> progressait<br />

de 5% en 2004. Au deuxième trimestre<br />

<strong>2005</strong>, <strong>le</strong>s exportations d'artic<strong>le</strong>s de<br />

confection et de bonneterie ont fléchi de<br />

10,8% et de 17,9% respectivement. Ceci<br />

a occasionné une baisse de -3,3% de la<br />

va<strong>le</strong>ur ajoutée <strong>du</strong> « texti<strong>le</strong> et cuir »[23].<br />

Quant à la Tunisie, el<strong>le</strong> a bien <strong>sur</strong>monté<br />

<strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement intervenu dans <strong>le</strong>s<br />

années 1980 et la croissance <strong>du</strong> secteur<br />

a <strong>sur</strong>passé cel<strong>le</strong> des exportations manufacturières.<br />

Le pays a pu préserver sa<br />

part de marché en Europe, qui atteint<br />

son maximum 6,1% en 1998, malgré<br />

l'arrivée de nouveaux concurrents<br />

(Maroc, Turquie, puis pays de l'Est). Ce<br />

n'est pas <strong>le</strong> cas depuis la fin de l'accord<br />

multi-fibres. Attentisme et incertitude,<br />

ra<strong>le</strong>ntissement des réformes d'un côté<br />

alors que dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong>s<br />

grands pays exportateurs accroissaient<br />

<strong>le</strong>urs investissements. 79% des entreprises<br />

tunisiennes <strong>du</strong> secteur ne pro<strong>du</strong>isent<br />

que pour l'export[24] et connaissent<br />

néanmoins des difficultés à soutenir la<br />

concurrence des pro<strong>du</strong>cteurs asiatiques<br />

à la fois <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché étranger et<br />

domestique.<br />

En Turquie, la crise bancaire et économique<br />

de 2001 et la perte de salaire réel<br />

qu'el<strong>le</strong> a entraîné a permis de restaurer<br />

la compétitivité des exportations turques


minée par une inflation galopante et une<br />

forte appréciation <strong>du</strong> taux de change<br />

réel. A partir de <strong>2005</strong>, la pro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> secteur TH fléchie cependant, alors<br />

que <strong>le</strong> secteur manufacturier dans son<br />

ensemb<strong>le</strong> est en progression grâce à la<br />

diversification vers l'automobi<strong>le</strong> et l'é<strong>le</strong>ctronique.<br />

En Algérie, <strong>le</strong> secteur est entré en crise<br />

plus tôt qu'en Tunisie ou au Maroc suite<br />

aux restructurations visant <strong>le</strong> passage<br />

à une économie de marché. Dans <strong>le</strong>s<br />

années 80, <strong>le</strong>s conditions de travail<br />

étaient relativement bonnes, <strong>sur</strong>tout<br />

dans <strong>le</strong> secteur public, moins pour <strong>le</strong>s<br />

employés <strong>du</strong> secteur privé, en particulier<br />

des PME, qui ont été remplacés par des<br />

apprentis ou des travail<strong>le</strong>urs à domici<strong>le</strong><br />

afin de diminuer <strong>le</strong>s coûts de pro<strong>du</strong>ction.<br />

Dans <strong>le</strong>s années 1990, la restructuration<br />

économique a engendré une vague de<br />

fermeture d'entreprises et de ré<strong>du</strong>ction<br />

de la pro<strong>du</strong>ction (1500 entreprises au<br />

total ont été concernées). L'emploi dans<br />

ce secteur a reculé de près de 60%, <strong>le</strong>s<br />

salaires ont baissé et <strong>le</strong> travail occasionnel<br />

s'est accru. La législation <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

conditions de travail (normes de santé et<br />

de sécurité, couverture socia<strong>le</strong>, horaires<br />

de travail, etc.) a été moins scrupu<strong>le</strong>usement<br />

respectée. Dans la même mouvance,<br />

<strong>le</strong>s congés payés ont été abolis<br />

ou ré<strong>du</strong>its, <strong>le</strong>s programmes de formation<br />

abandonnés et <strong>le</strong>s cantines ou <strong>le</strong>s centres<br />

médicaux fermés. Les travail<strong>le</strong>urs<br />

n'ont pas été déclarés et la pratique <strong>du</strong><br />

paiement <strong>du</strong> salaire en espèces s'est<br />

répan<strong>du</strong>e.<br />

La fragilité <strong>du</strong> secteur est d'essence<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong><br />

L'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> TH dans <strong>le</strong>s PM est très fragi<strong>le</strong><br />

car, hormis la Turquie, il apparaît:<br />

-39-<br />

√ que ces pays n'ont pas su construire<br />

de filière, c'est-à-dire établir des relations<br />

étroites clients-fournisseurs. Or,<br />

tout au long de la filière <strong>le</strong>s activités<br />

peuvent être segmentées et localisées<br />

dans des pays différents sans que<br />

cela ait des implications sérieuses <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> prix <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it final dans la me<strong>sur</strong>e<br />

où <strong>le</strong> coût de transport des pro<strong>du</strong>its<br />

intermédiaires est relativement faib<strong>le</strong>.<br />

Les variab<strong>le</strong>s stratégiques ici sont<br />

<strong>le</strong> temps de transport et <strong>le</strong> coût de<br />

stockage supportés par chaque intervenant<br />

de la filière. Ceci explique l'essor<br />

de l'externalisation des opérations<br />

de coupe et de montage permettant<br />

de tirer parti des conditions de fabrication<br />

spécifiques à chaque lieu et<br />

cela aussi bien à l'échel<strong>le</strong> d'une vil<strong>le</strong><br />

que d'un ou plusieurs pays.<br />

√ que <strong>le</strong>urs entreprises n'ont pas su<br />

améliorer <strong>le</strong>ur position <strong>sur</strong> la chaîne<br />

de va<strong>le</strong>ur. La position centra<strong>le</strong> dans<br />

l'organisation de la chaîne de va<strong>le</strong>ur<br />

dans <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong> est tenue<br />

par <strong>le</strong> distributeur car il maîtrise <strong>le</strong>s<br />

variab<strong>le</strong>s stratégiques qui sont la<br />

conception des pro<strong>du</strong>its et la connaissance<br />

<strong>du</strong> marché. C'est donc à ce<br />

niveau que se crée <strong>le</strong> plus de va<strong>le</strong>ur<br />

(tab<strong>le</strong>au X12). Le prix d'un artic<strong>le</strong><br />

peut être de trois à quinze fois son<br />

prix sorti d'usine. La différence s'explique<br />

non par une qualité <strong>du</strong> tissu<br />

ou un temps d'exécution significativement<br />

plus é<strong>le</strong>vés mais <strong>du</strong> fait des<br />

coûts de promotion et de distribution<br />

et de la « rente » que procure la marque.<br />

Reste que <strong>le</strong>s inputs, tels que <strong>le</strong><br />

tissu qui représente près de 60% <strong>du</strong><br />

prix de revient d'un artic<strong>le</strong> d'habil<strong>le</strong>ment,<br />

sont <strong>le</strong>s éléments essentiels de<br />

la compétitivité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it et non <strong>le</strong>s<br />

coûts de fabrication[25].


Ces quelques faits qui illustrent <strong>le</strong> mode donneur d'ordre étranger qui lui a fourni<br />

d'organisation <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> TH sou- <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> et <strong>le</strong> tissu (tab<strong>le</strong>au X12). La<br />

lignent la différence qui existe entre compétitivité <strong>du</strong> premier repose <strong>sur</strong> des<br />

l'entreprise qui exporte sous une mar- facteurs hors coûts (col<strong>le</strong>ction, notoque<br />

loca<strong>le</strong> propre et qui contrô<strong>le</strong> et riété), cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> second <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s coûts<br />

peut capter une large part de la va<strong>le</strong>ur, et <strong>le</strong>s délais. Un troisième acteur peut<br />

et <strong>le</strong> sous-traitant qui confectionne ces s'immiscer entre <strong>le</strong>s deux premiers, <strong>le</strong><br />

mêmes pro<strong>du</strong>its pour <strong>le</strong> compte d'un co-traitant qui confectionne un artic<strong>le</strong> à<br />

Tab<strong>le</strong>au X10 : structure des coûts dans l'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> vêtement dans plusieurs pays,<br />

2001 (% de la pro<strong>du</strong>ction)<br />

Main d’œuvre non<br />

qualifiée<br />

Main d’œuvre<br />

qualifiée<br />

Capital<br />

Source : étude Femise 22-34<br />

Tab<strong>le</strong>au X11 : structure des coûts dans l'in<strong>du</strong>strie texti<strong>le</strong> dans plusieurs pays, 2001<br />

(% de la pro<strong>du</strong>ction)<br />

Source : étude Femise 22-34<br />

Tab<strong>le</strong>au X12 : Va<strong>le</strong>ur ajoutée à chaque étape de la chaîne de va<strong>le</strong>ur ajoutée (des<br />

fibres à la distribution)<br />

Source : étude Femise 22-34, à partir de Kurt Salomon Associates, cité dans Texti<strong>le</strong> Outlook international,<br />

Janvier 2004<br />

-40-<br />

Total de la va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée<br />

Cons.<br />

Intermédiaire<br />

dont importé<br />

Canada 25,9 5,0 10,2 41,2 58,8 19,8<br />

USA 21,0 5,8 5,8 32,6 67,4 13,8<br />

France 21,6 4,7 8,8 35,0 65,0 24,3<br />

Italie 14,3 3,1 16,4 33,8 66,2 13,5<br />

Japon 21,9 4,0 11,2 37,1 62,9 7,8<br />

Hong Kong, China 22,6 7,9 12,9 43,4 56,6 13,0<br />

Corée 15,0 2,9 4,7 22,6 77,4 15,9<br />

Chine Taipei 20,8 3,5 6,0 30,3 69,7 10,9<br />

Chine 18,2 2,5 12,2 32,9 67,1 6,7<br />

Inde 21,1 2,9 7,8 31,8 68,2 1,8<br />

Viet Nam 9,0 1,2 3,8 14,0 86,0 40,4<br />

Tchéquie 21,1 3,2 9,9 34,1 65,9 28,9<br />

Maroc 14,6 2,1 10,9 27,6 72,4 37,9<br />

Main d’œuvre non<br />

qualifiée<br />

Main d’œuvre<br />

qualifiée<br />

Capital<br />

Total de la va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée<br />

Cons.<br />

Intermédiaire<br />

dont importé<br />

Canada 22,7 3,1 10,3 36,1 63,9 24,2<br />

USA 19,5 4,2 10,3 34,0 66,0 9,7<br />

France 13,8 3,7 7,2 24,7 75,3 22,0<br />

Italie 11,8 3,2 7,2 24,7 75,3 22,0<br />

Japon 17,6 6,6 7,0 31,2 68,8 11,2<br />

Hong Kong, China 9,0 3,9 10,8 23,8 76,2 5,8<br />

Corée 12,0 2,3 16,2 29,5 70,5 20,0<br />

Chine Taipei 10,4 3,3 8,3 22,0 78,0 10,2<br />

Chine 9,7 1,6 12,0 23,2 76,8 8,1<br />

Inde 17,8 2,8 6,7 27,3 72,7 4,0<br />

Viet Nam 10,2 1,6 12,4 24,3 75,7 34,3<br />

Tchéquie 13,0 1,8 13,8 28,7 71,3 35,1<br />

Maroc 5,8 0,9 6,2 13,0 87,0 44,3<br />

Etape<br />

Chemise Homme<br />

Fibre Fils Tissage Confection Distribution<br />

Unité 1kg 0,8 kg 4,85 m 2,1 chemises 2,1 chemises<br />

Va<strong>le</strong>ur en USD 1 2,0 4,7 9,8 22,7<br />

Va<strong>le</strong>ur ajoutée (USD) 1,0 2,6 5,1 12,9<br />

% de va<strong>le</strong>ur fina<strong>le</strong> 4% 5% 12% 23% 57%<br />

Pantalon<br />

Unité 1 0,75 kg 2,3 m 2 pantalons 2 pantalons<br />

Va<strong>le</strong>ur en USD 1 2,2 7,5 14,5 37,5<br />

Va<strong>le</strong>ur ajoutée en USD 1,2 5,2 7 23<br />

% de va<strong>le</strong>ur fina<strong>le</strong> 3% 3% 14% 19% 61%


partir de tissus qu'il a acheté et dont la<br />

compétitivité renvoie à sa connaissance<br />

<strong>du</strong> marché des pro<strong>du</strong>its de base.<br />

Ces deux points de vue, la chaîne de<br />

va<strong>le</strong>ur et la filière, ne sont pas entièrement<br />

indépendantes l'une de l'autre.<br />

La place, que <strong>le</strong>s entreprises d'un pays<br />

peuvent occuper <strong>sur</strong> la chaîne de va<strong>le</strong>ur,<br />

dépend <strong>du</strong> niveau de développement de<br />

la filière. Plus l'in<strong>du</strong>strie est diversifiée,<br />

plus une entreprise peut trouver faci<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s matériaux de base dont el<strong>le</strong> a<br />

besoin dans son pays, plus <strong>le</strong>s activités<br />

de co-traitance peuvent se multiplier.<br />

L'accord multi-fibre et <strong>le</strong>s accords commerciaux<br />

préférentiels, tout en freinant<br />

l'immigration et en dynamisant l'émergence<br />

de pays en développement, ont<br />

favorisé l'apparition de « spécialisations<br />

habil<strong>le</strong>ment » dans <strong>le</strong>s pays voisins de<br />

l'Europe qui, à <strong>le</strong>ur tour, ont permis un<br />

accroissement des exportations de tissus<br />

<strong>euro</strong>péens. Les pro<strong>du</strong>its entrants <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

marché <strong>euro</strong>péen hors droits de douane<br />

doivent respecter <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d'origine<br />

et <strong>le</strong>s PM, à l'exception de la Turquie,<br />

n'ayant pas su mettre en place une filière<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> territoire national ont été obligé<br />

d'importer <strong>le</strong>s tissus d'Europe.<br />

Cependant, ce mouvement a in<strong>du</strong>it un<br />

morcel<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> marché. Les quatre<br />

principaux exportateurs (Chine, Mexique,<br />

Inde, Turquie) comptent pour 38% des<br />

exportations mondia<strong>le</strong>s et suivent une<br />

vingtaine de pays à hauteur de 1%<br />

<strong>du</strong> total mondial. L'examen des coûts<br />

salariaux et de la compétitivité et des<br />

performances de l'in<strong>du</strong>strie des divers<br />

protagonistes montre que <strong>le</strong>s positions<br />

que certains occupent <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

mondial sont maintenues artificiel<strong>le</strong>ment<br />

et uniquement par l'existence de l'accord<br />

-41-<br />

multi-fibre. Les pays qui ont éliminé <strong>le</strong>s<br />

quotas ont d'ail<strong>le</strong>urs enregistré une forte<br />

concentration de <strong>le</strong>urs imports d'où deux<br />

configurations de l'économie :<br />

√ des pays dont <strong>le</strong>s exportateurs de TH<br />

sont présents <strong>sur</strong> tous <strong>le</strong>s marchés,<br />

qui s'appuient <strong>sur</strong> une offre texti<strong>le</strong><br />

nationa<strong>le</strong> abondante et diversifiée ;<br />

√ des pays dont <strong>le</strong>s exportateurs,<br />

essentiel<strong>le</strong>ment des sous-traitants,<br />

ont un rayon d'action régional (marché<br />

<strong>euro</strong>péen ou américain), mais où<br />

<strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> TH compte pour plus<br />

de 40% des exports <strong>du</strong> pays, même<br />

si sa part dans la va<strong>le</strong>ur-ajoutée est<br />

faib<strong>le</strong> (faib<strong>le</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, emplois<br />

peu qualifiés), est un des principaux<br />

employeurs de l'in<strong>du</strong>strie, permet de<br />

pallier à la faib<strong>le</strong>sse d'autres exportations<br />

et attire des IDE (Bangladesh,<br />

Cambodge, Egypte, Syrie, Tunisie).<br />

En termes de compétitivité, <strong>le</strong>s PM accusent<br />

plusieurs types de handicaps :<br />

√ ils ne peuvent rivaliser en termes de<br />

coûts salariaux avec <strong>le</strong>s pays d'Asie<br />

où <strong>le</strong>s salaires varient entre 50 <strong>euro</strong>s<br />

(Mayanmar) et 100 <strong>euro</strong>s (Chine)<br />

bien qu'ils <strong>le</strong> puissent vis-à-vis des<br />

pays d'Europe (5% à 15% des coûts<br />

<strong>euro</strong>péens).<br />

√ ils souffrent d'un retard sensib<strong>le</strong> de<br />

qualification de la main d'œuvre avec<br />

l'impact négatif que cela peut avoir<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

√ la rigidité <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail freine<br />

<strong>le</strong>s réallocations de main d'œuvre.<br />

√ l'évolution des taux de change effectifs<br />

réels pèse <strong>sur</strong> la compétitivité


externe et l'évolution <strong>du</strong> cours de tudes quant à l'amp<strong>le</strong>ur des conséquen-<br />

change <strong>du</strong> dollars a soutenu cel<strong>le</strong> des ces néfastes de la fin de l'accord multi-<br />

pays asiatiques <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés <strong>euro</strong>fibre. La crise <strong>du</strong> secteur TH dans <strong>le</strong>s<br />

péens.<br />

pays <strong>du</strong> Maghreb a probab<strong>le</strong>ment une<br />

dimension auto-réalisatrice. Les chiffres<br />

Reste qu'ils ont un avantage de proxi- d'achat d'équipement <strong>le</strong> prouvent. Entre<br />

mité avec <strong>le</strong> marché <strong>euro</strong>péen, non que 2000 et 2003, quand la Chine achetait la<br />

<strong>le</strong> coût de transport soit particulièrement moitié des équipements de filature (fibre<br />

bas, mais cela favorise une meil<strong>le</strong>ure longue) ven<strong>du</strong>s dans <strong>le</strong> monde, et l'Inde<br />

réactivité. L'envoi par avion, qui repré- et <strong>le</strong> Pakistan <strong>le</strong> quart de ceux pour<br />

senterait un coût additionnel de 1 <strong>euro</strong> fibre courte, l'Europe de l'Ouest acqué-<br />

par artic<strong>le</strong> et qui n'est pas pénalisant rait 18000 métiers et la Turquie 11000<br />

pour <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s de moyenne gamme soit plus que l'Inde, <strong>le</strong> Bangladesh, <strong>le</strong><br />

et plus, risque d'entamer cet avantage Pakistan et la Thaïlande réunis. L'effort<br />

(10% des exports chinoises). La proxi- fourni par la Turquie est considérab<strong>le</strong><br />

mité culturel<strong>le</strong> demeure.<br />

puisque malgré la très grave crise économique<br />

que <strong>le</strong> pays traversait à cette<br />

Un fait troublant est <strong>le</strong> recul de la part de époque, <strong>le</strong> PIB a per<strong>du</strong> quelques 7%,<br />

marché des pays <strong>du</strong> Maghreb <strong>sur</strong> <strong>le</strong> mar- 40% <strong>du</strong> parc a été renouvelé. L'Egypte<br />

ché <strong>euro</strong>péen intervenue depuis 1998 : et la Syrie ont suivi plus mol<strong>le</strong>ment alors<br />

5,4% en 1998 contre 4,9% en 2004 que la Tunisie et <strong>le</strong> Maroc ont fait très<br />

pour <strong>le</strong> Maroc et 6,1% contre 5,2% pour<br />

<strong>le</strong>s mêmes années pour la Tunisie. Ces<br />

peu d'investissements.<br />

mauvaises performances ne peuvent Les conséquences de la fin de l'ac-<br />

être attribuées à la progression de la<br />

Chine <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés mondiaux, suite à<br />

cord Multi-fibre<br />

son entrée à l'OMC, ou à la libéralisation Les échanges dans <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> tex-<br />

des échanges de certains biens puisque ti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment sont régis par l'accord<br />

ceux-ci ne figurent pas parmi <strong>le</strong>s princi- général <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s tarifs et <strong>le</strong> commerce<br />

pa<strong>le</strong>s exports de ces pays.<br />

<strong>du</strong> 1er janvier <strong>2005</strong> qui met fin au système<br />

de quotas d'importation en vigueur<br />

Ce phénomène s'explique en particulier depuis 40 ans. La libéralisation des<br />

par <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement de l'investissement échanges de texti<strong>le</strong> tant redoutée est<br />

qui a accompagné la montée des incerti- donc aujourd'hui une réalité à laquel<strong>le</strong><br />

Figures 5 et 6 : Investissements dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> habil<strong>le</strong>ment en % <strong>du</strong> chiffre d'affaires<br />

(Tunisie et Maroc)<br />

-42


<strong>le</strong>s PM, comme l'UE et <strong>le</strong>s Etats-Unis,<br />

doivent faire face. Certes, face à la <strong>le</strong>vée<br />

de bouclier engendrée par <strong>le</strong>s premiers<br />

effets de la fin de l'accord multi-fibre,<br />

<strong>le</strong>s quotas <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s importations chinoises<br />

ont été réintro<strong>du</strong>its de façon temporaire<br />

au printemps <strong>2005</strong>. Les PM ont ainsi<br />

obtenu un délai supplémentaire de deux<br />

ans pour restructurer ce secteur et être<br />

prêts à affronter la concurrence asiatique.<br />

Après janvier 2008, la seu<strong>le</strong> protection<br />

qui subsistera sera tarifaire 12,4%<br />

dans <strong>le</strong> cas de l'UE (avec un maximum<br />

de 13,4%) et 12,8% pour <strong>le</strong>s Etats-Unis<br />

(avec un maximum de 29,7%).<br />

La conséquence de la <strong>le</strong>vée des quotas<br />

<strong>sur</strong> l'in<strong>du</strong>strie <strong>euro</strong>péenne est un recul<br />

très sensib<strong>le</strong> de ses exportations de fils<br />

et tissus qui se monterait à près de 15%.<br />

Pour <strong>le</strong>s Etats-Unis et l'UE, <strong>le</strong> danger est<br />

moins l'invasion de <strong>le</strong>urs marchés par<br />

des pro<strong>du</strong>its fabriqués en Chine qu'une<br />

baisse significative de <strong>le</strong>urs exportations<br />

de fils et tissus. Ceux-ci alimentent<br />

<strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries d'habil<strong>le</strong>ment d'Europe<br />

Centra<strong>le</strong>, <strong>du</strong> Sud de la Méditerranée<br />

et d'Amérique Centra<strong>le</strong> qui subissent<br />

<strong>le</strong> choc de la concurrence des pro<strong>du</strong>its<br />

chinois de p<strong>le</strong>in fouet et l'évolution des<br />

exports de fil et tissus <strong>euro</strong>péens et<br />

américains n'est qu'un effet in<strong>du</strong>it des<br />

difficultés que rencontrent <strong>le</strong>s in<strong>du</strong>stries<br />

de ces pays.<br />

Pour <strong>le</strong>s PM, la nouvel<strong>le</strong> situation est<br />

porteuse à la fois de risques puisque<br />

<strong>le</strong>s échanges des in<strong>du</strong>stries texti<strong>le</strong>s <strong>du</strong><br />

Maghreb avec l'UE notamment étaient<br />

relativement bien protégés par ce système<br />

mais ouvre éga<strong>le</strong>ment de nouvel<strong>le</strong>s<br />

opportunités que ces pays doivent saisir.<br />

Cela demandera un effort d'adaptation<br />

considérab<strong>le</strong> face à des concurrents<br />

qui se sont plus tardivement, mais plus<br />

-43-<br />

résolument, engagés dans la voie des<br />

réformes.<br />

Les opportunités et <strong>le</strong>s risques peuvent<br />

être me<strong>sur</strong>és en quelques chiffres. Le<br />

Bangladesh, <strong>le</strong> Sri Lanka, <strong>le</strong> Vietnam,<br />

la Mauritanie et <strong>le</strong> Cambodge ont enregistré<br />

des rythmes de croissance très<br />

é<strong>le</strong>vés dans ce secteur. La Chine a été <strong>le</strong><br />

premier exportateur de T-H <strong>sur</strong> la période<br />

1995-2002 et sa part <strong>du</strong> marché<br />

mondial est passée de 22,5% à 30%<br />

dans <strong>le</strong> secteur de l'habil<strong>le</strong>ment et de<br />

16% à 22% dans celui <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>. Mais,<br />

à l'inverse, de nombreuses in<strong>du</strong>stries<br />

n'ont pas su s'adapter et <strong>sur</strong>vivre aux<br />

changements de la concurrence. Cel<strong>le</strong><br />

des vêtements au Bangladesh pourrait<br />

être la prochaine. Selon un rapport <strong>du</strong><br />

FMI, <strong>le</strong> pays pourrait perdre un quart<br />

de ses exports, ce qui se tra<strong>du</strong>irait par<br />

2,3 millions d'emplois en moins, après<br />

la suppression des quotas. L'Afrique <strong>du</strong><br />

Nord, la Turquie et <strong>le</strong>s pays d'Europe de<br />

l'Est pourraient être en partie évincés<br />

<strong>du</strong> marché <strong>euro</strong>péen tout comme <strong>le</strong>s<br />

pro<strong>du</strong>cteurs mexicains et africains <strong>du</strong><br />

marché américain. Le succès rapide <strong>du</strong><br />

Cambodge, pour <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s vêtements<br />

sont la première pro<strong>du</strong>ction manufacturière,<br />

est éga<strong>le</strong>ment en péril.<br />

L'impact de la <strong>le</strong>vée des quotas est<br />

souvent me<strong>sur</strong>é avec un biais qui tend<br />

à minimiser la concurrence chinoise.<br />

Les me<strong>sur</strong>es sont en effet réalisées à<br />

partir des similitudes des structures<br />

d'exportation des pays qui entrent en<br />

concurrence <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de l'UE,<br />

biaisées dans <strong>le</strong> cas de la Chine par<br />

l'utilisation de données d'exportation<br />

d'habil<strong>le</strong>ment vers l'UE qui reflètent<br />

l'existence des quotas. Pour contourner<br />

ce problème, on peut calcu<strong>le</strong>r l'indice en<br />

prenant comme référence <strong>le</strong>s échanges


Chine-Japon dont la structure n'est pas<br />

très éloignée de cel<strong>le</strong> avec l'UE mais<br />

dont <strong>le</strong>s montants ne souffrent pas des<br />

mêmes limites. Il apparaît alors que la<br />

concurrence potentiel<strong>le</strong> des exportations<br />

chinoises <strong>sur</strong> cel<strong>le</strong> des PM est très<br />

forte et que <strong>le</strong>s PM sont concurrents<br />

entre eux par bloc (Maroc et Tunisie,<br />

mais pas Maghreb-Machrek et Turquie<br />

avec <strong>le</strong>s PM). La concurrence est cependant<br />

moins forte qu'avec <strong>le</strong>s pays de<br />

l'Est nouvel<strong>le</strong>ment membres de l'Union<br />

Européenne.<br />

Les effets atten<strong>du</strong>s <strong>du</strong> changement sont<br />

alarmants par <strong>le</strong>ur importance, même si<br />

<strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es sont toujours indicatives.<br />

On s'attend par exemp<strong>le</strong> à ce que la<br />

part <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché <strong>euro</strong>péen <strong>du</strong> Maroc<br />

passe de 5% à 4% en <strong>2005</strong> <strong>du</strong> fait de<br />

la hausse des importations de l'UE en<br />

provenance de l'Asie et en particulier<br />

de Chine. Cependant, dans ces pays <strong>le</strong><br />

contenu en imports des exports de texti<strong>le</strong><br />

est é<strong>le</strong>vé et ceci pèse <strong>sur</strong> la part de<br />

va<strong>le</strong>ur-ajoutée marocaine ou tunisienne<br />

dans la pro<strong>du</strong>ction tota<strong>le</strong> et ne permet<br />

pas d'employer l'arme de la dévaluation<br />

pour dynamiser la compétitivité internationa<strong>le</strong>.<br />

-44-<br />

L'expérience de 2002 de la forte croissance<br />

des parts de marché de la Chine<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché <strong>euro</strong>péen des onze pro<strong>du</strong>its<br />

concernés par la <strong>le</strong>vée des quotas<br />

suite à l'entrée de la Chine à l'OMC<br />

(+13% à +45%) est édifiante et préfigure<br />

ce qui se pro<strong>du</strong>ira sans doute<br />

dans 2 ans. Sur <strong>le</strong>s huit pro<strong>du</strong>its qui<br />

concernaient l'habil<strong>le</strong>ment, la Chine a<br />

enregistré des progrès fulgurants et<br />

une chute des prix toute aussi étonnante<br />

: -12% à -80% des prix unitaires<br />

en <strong>euro</strong>s (figures 6 et 7). Cela est <strong>le</strong><br />

résultat de la suppression des quotas<br />

qui impliquaient des coûts, de la<br />

réforme de l'in<strong>du</strong>strie chinoise puisque<br />

<strong>le</strong>s entreprises d'Etat ont per<strong>du</strong> <strong>le</strong>urs<br />

privilèges ce qui a permis à d'autres de<br />

progresser et à la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre<br />

d'intermédiaires.<br />

Sachant que <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> TH a joué un<br />

rô<strong>le</strong> moteur dans <strong>le</strong> développement de<br />

la pro<strong>du</strong>ction, de l'emploi et des exportations<br />

et étant données <strong>le</strong>s caractéristiques<br />

socio-économiques <strong>du</strong> secteur,<br />

<strong>le</strong> choc de compétitivité in<strong>du</strong>it par <strong>le</strong>s<br />

modifications des données de la concurrence<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés internationaux<br />

pourrait donc se tra<strong>du</strong>ire par :<br />

Tab<strong>le</strong>au X13 : Indicateur de concurrence dans la filière texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, PM,<br />

nouveaux membres, Chine, à partir des données 2003<br />

Roumanie Tunisie Maroc Pologne Tchéquie Egypte Syrie Chine Chine*<br />

Turquie 0,5 0,6 0,7 0,5 0,6 0,7 0,8 0,3 0,8<br />

Roumanie 0,7 0,8 0,9 0,8 0,4 0,4 0,4 0,7<br />

Tunisie 0,9 0,8 0,8 0,4 0,2 0,3 0,6<br />

Maroc 0,9 0,8 0,6 0,5 0,4 0,7<br />

Pologne 0,8 0,4 0,3 0,4 0,6<br />

Tchéquie 0,0 0,0 0,4 0,8<br />

Egypte 0 0,3 0,7<br />

Syrie 0,2 0,6<br />

Source : étude Femise 22-36<br />

L’indicateur utilisé est nommé Cos Cos. Pour comparer <strong>le</strong>s structures exportatrices vers l’UE d’artic<strong>le</strong>s<br />

de l’habil<strong>le</strong>ment d’un pays i à cel<strong>le</strong> d’un pays j, on a considéré <strong>le</strong>s vecteurs Eik et Ejk pour k=1,…,n (n<br />

étant <strong>le</strong>s 246 postes de la nomenclature HS pour l’habil<strong>le</strong>ment) qui représentent <strong>le</strong>s exportations des<br />

deux pays étudiés dans ce secteur. La «distance» entre ces deux vecteurs est obtenue en calculant <strong>le</strong><br />

cosinus de <strong>le</strong>ur ang<strong>le</strong> qui varie de 0 (dissimilarité tota<strong>le</strong>) à 1 (similarité tota<strong>le</strong>).


(i) un déplacement de la main d'œuvre<br />

<strong>du</strong> secteur formel vers <strong>le</strong> secteur<br />

informel de l'économie (PME-PMI et<br />

entrepreneurs indépendants),<br />

(ii) une baisse <strong>du</strong> rendement <strong>du</strong> travail<br />

suite au déplacement de la main<br />

d'œuvre formel<strong>le</strong> et cela dans <strong>le</strong>s<br />

secteurs des biens échangeab<strong>le</strong>s et<br />

non-échangeab<strong>le</strong>s, suite au recul<br />

<strong>du</strong> salaire horaire ou <strong>du</strong> temps de<br />

travail,<br />

(iii) une évolution <strong>du</strong> salaire qui dépend<br />

de l'intensité en capital et en qualification<br />

des différentes branches de<br />

pro<strong>du</strong>ction des PME.<br />

Une étude menée par une équipe Femise √ que, parce que <strong>le</strong>s firmes ferment<br />

montre, en particulier à partir d'enquê- ou ré<strong>du</strong>isent <strong>le</strong>s effectifs <strong>du</strong> fait des<br />

tes[26], que :<br />

restructurations en cours, il est diffici<strong>le</strong><br />

de retrouver un emploi dans<br />

√ <strong>le</strong>s conséquences de la perte d'emploi <strong>le</strong> même secteur, que la période de<br />

varient au sein et entre <strong>le</strong>s pays en chômage se prolonge, et que <strong>le</strong>s<br />

fonction des caractéristiques structu- difficultés économiques s'accroissent<br />

rel<strong>le</strong>s des trois pays et de <strong>le</strong>ur niveau même si ce n'est pas <strong>le</strong> cas de tous<br />

Figure 6 et 7 : Augmentation de la part de la Chine <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs. Dans l'ensem-<br />

dans <strong>le</strong>s importations UE et chute des prix unitaires b<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s enquêtes confirment<br />

<strong>le</strong>s résultats d'autres études<br />

selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l'emploi informel<br />

progresse en Afrique <strong>du</strong><br />

Nord.<br />

Source : étude Femise FEM22-34<br />

-45-<br />

de développement économique mais<br />

que l'insécurité augmente.<br />

√ <strong>du</strong> point de vue des conditions d'emploi,<br />

l'idée selon laquel<strong>le</strong> il existe<br />

une dichotomie claire entre <strong>le</strong>s firmes<br />

<strong>du</strong> secteur formel et cel<strong>le</strong>s <strong>du</strong><br />

secteur informel semb<strong>le</strong> fausse. Il<br />

existerait un continuum d'entreprises<br />

dont <strong>le</strong>s caractéristiques et <strong>le</strong>s<br />

comportements s'incarnent en une<br />

façon de mener <strong>le</strong>urs affaires qui est<br />

en partie conforme à la législation<br />

et aux règ<strong>le</strong>s formel<strong>le</strong>s et en partie<br />

cherche à en contourner certaines<br />

obligations, notamment en ce qui<br />

concerne l'emploi.<br />

√ qu'il est très peu probab<strong>le</strong><br />

que <strong>le</strong> secteur de l'habil<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong>s trois pays<br />

soit en me<strong>sur</strong>e d'absorber <strong>le</strong>s<br />

travail<strong>le</strong>urs qui ont été licenciés<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s quelques dernières<br />

années ou vont l'être et cela<br />

quel<strong>le</strong> que soit l'efficacité des<br />

restructurations et des améliorations<br />

qui seront faites. Par<br />

ail<strong>le</strong>urs, tout ce qui peut être<br />

fait pour accroître la compéti-


tivité et l'efficacité de ce secteur doit<br />

être fait mais, selon <strong>le</strong>s auteurs, une<br />

stratégie d'absorption de la force de<br />

travail qui dépasse <strong>le</strong> seul secteur de<br />

l'habil<strong>le</strong>ment doit être pensée et mise<br />

en place rapidement.<br />

A la fin des deux ans pendant <strong>le</strong>squels<br />

l'UE imposera de nouveaux quotas,<br />

comme <strong>le</strong>s Etats-Unis, <strong>le</strong>s exportateurs<br />

chinois auront organisé la montée en<br />

gamme de <strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>its et la convergence<br />

de <strong>le</strong>urs spécialisations avec cel<strong>le</strong>s<br />

des PM. Pour ces derniers, il est impératif<br />

d'exploiter ce répit pour être capab<strong>le</strong><br />

de faire face au choc qui se profi<strong>le</strong> en<br />

2008 et qui pourrait marquer <strong>le</strong> début de<br />

l'« après texti<strong>le</strong> » dans <strong>le</strong>s PM.<br />

Gérer l'après Multifibre pour <strong>le</strong> texti<strong>le</strong><br />

Au vu de ce qui prècède, se pose naturel<strong>le</strong>ment<br />

la question suivante : peut-on<br />

préparer un « soft-landing » pour <strong>le</strong> secteur<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s PM, pour donner<br />

<strong>du</strong> temps à l’identification et à l’émergence<br />

d’activités <strong>du</strong> secteur in<strong>du</strong>striel<br />

et des services qui pourront relayer <strong>le</strong><br />

secteur <strong>du</strong> TH en termes d'emploi, d'exportations<br />

et de gains de pro<strong>du</strong>ctivité ?<br />

L'étude citée ci-dessus, a proposé <strong>le</strong>s<br />

recommandations de politique suivantes<br />

dont <strong>le</strong>s effets bénéfiques pourraient se<br />

manifester rapidement :<br />

√ <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Maghreb doivent prendre<br />

en compte trois éléments nouveaux<br />

qui doivent guider <strong>le</strong>ur stratégie de<br />

restructuration : premièrement, <strong>le</strong>s<br />

changements intervenus dans <strong>le</strong>s<br />

conditions de la concurrence internationa<strong>le</strong>,<br />

deuxièmement une tendance<br />

de plus en plus marquée de l'UE<br />

à recentrer ses sources d'approvi-<br />

-46-<br />

sionnement <strong>sur</strong> l'Asie (Chine, Inde),<br />

enfin, une modification <strong>du</strong> rô<strong>le</strong> des<br />

pro<strong>du</strong>cteurs de TH, géographiquement<br />

plus proches de l'UE mais dont<br />

<strong>le</strong>s coûts de pro<strong>du</strong>ction sont plus<br />

é<strong>le</strong>vés, qui devront être capab<strong>le</strong>s<br />

de fournir des séries ré<strong>du</strong>ites en<br />

un temps très court (pro<strong>du</strong>ction de<br />

mi-saison ou besoin d'un réassort<br />

face à une demande plus importante<br />

que prévue, etc.). Cependant,<br />

il est nécessaire pour <strong>le</strong>s pays de<br />

l'UE d'as<strong>sur</strong>er une qualité constante<br />

de <strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>its. Ils continueront<br />

donc à imposer des contrô<strong>le</strong>s stricts<br />

à la fois <strong>sur</strong> <strong>le</strong> design et <strong>sur</strong> la provenance<br />

des inputs (principa<strong>le</strong>ment<br />

hors Afrique <strong>du</strong> Nord). Le niveau de<br />

la pro<strong>du</strong>ction pour l'export d'Afrique<br />

<strong>du</strong> Nord restera de ce fait<br />

probab<strong>le</strong>ment intensive en importations<br />

et dépendra de la capacité<br />

des firmes à satisfaire dans des<br />

délais brefs <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s commandes,<br />

à diversifier <strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>ctions<br />

et à passer de l'une à l'autre. Les<br />

contraintes qui en décou<strong>le</strong>nt sont<br />

qu'il faudra sous-traiter certaines<br />

activités, comme c'est déjà <strong>le</strong> cas<br />

au Maroc, et renforcer la tendance<br />

à l'emploi occasionnel, ce qui est<br />

éga<strong>le</strong>ment une caractéristique <strong>du</strong><br />

secteur de l'habil<strong>le</strong>ment marocain.<br />

En Tunisie, où la majorité des firmes<br />

sont habituées à pro<strong>du</strong>ire pour<br />

des marques tel<strong>le</strong>s que Levis ou<br />

Lee Cooper, il y a place pour des<br />

entreprises qui auraient <strong>le</strong>s moyens<br />

de répondre à une demande plus<br />

ponctuel<strong>le</strong> (comme en Egypte ou en<br />

Jordanie).<br />

√ Comme <strong>le</strong> Maroc l'a démontré, <strong>le</strong><br />

développement de pro<strong>du</strong>ctions de<br />

niche orientées vers la partie géné-


ant des revenus relativement plus<br />

é<strong>le</strong>vés <strong>du</strong> marché <strong>euro</strong>péen est possib<strong>le</strong>.<br />

Les autres pays doivent s'en<br />

inspirer même si repérer ce type<br />

de niche n'est pas aisé. La Tunisie<br />

connaît actuel<strong>le</strong>ment des problèmes<br />

à prendre ce tournant <strong>du</strong>s à<br />

un manque d'originalité des pro<strong>du</strong>ctions,<br />

une peur <strong>du</strong> changement<br />

des entrepreneurs et un retard dans<br />

l'adoption des techniques modernes<br />

de gestion (Zghal, 1999). Les clés<br />

de la réussite de la restructuration<br />

<strong>du</strong> secteur sont : l'amélioration de<br />

la qualité des pro<strong>du</strong>its, l'adoption<br />

d'innovations et de techniques de<br />

management modernes. Dans ce<br />

domaine, l'UE pourrait aider <strong>le</strong>s<br />

firmes des pays <strong>du</strong> Maghreb (i) en<br />

contribuant à identifier <strong>le</strong>s opportunités<br />

de marché de niche existantes<br />

(possibilités d'exploiter des<br />

connaissances et savoir-faire spécifiques<br />

en broderie et autres techniques<br />

décoratives destinés à certains<br />

marchés comme <strong>le</strong>s kaftans et <strong>le</strong>s<br />

vêtements de cuir, tenues de mariage<br />

brodées, <strong>le</strong>s vêtements de soirée<br />

utilisant des coupes <strong>euro</strong>péennes<br />

mais agrémentées de broderies traditionnel<strong>le</strong>s<br />

des PM), (ii) en offrant<br />

<strong>le</strong>s fonds nécessaires au démarrage<br />

d'activités conjointes EU-MED, dans<br />

<strong>le</strong> secteur de l'habil<strong>le</strong>ment, (iii) en<br />

encourageant l'innovation au sein<br />

des PME-PMI, (iv) en aidant <strong>le</strong>s firmes<br />

<strong>du</strong> Maghreb à mener des études<br />

de marché au sein de l'UE, (v)<br />

en encourageant une gestion plus<br />

efficace via des programmes de formation<br />

des entrepreneurs maghrébins<br />

dans <strong>le</strong>s entreprises <strong>euro</strong>péennes<br />

notamment (ces programmes<br />

peuvent d'ail<strong>le</strong>urs être éten<strong>du</strong>s à<br />

tous <strong>le</strong>s PM et tous <strong>le</strong>s secteurs).<br />

-47-<br />

√ <strong>le</strong> fait que ce soit au niveau des PME<br />

qu'il soit pertinent d'intervenir signifie<br />

que des politiques en faveur de la<br />

facilitation des échanges, de l'acquisition<br />

de compétences en termes de<br />

design et de pro<strong>du</strong>ction, de possibilités<br />

de micro-finance, de l'obtention<br />

de conseils techniques et d'encouragement<br />

aux groupement d'entreprises<br />

pourraient être très efficaces<br />

dans <strong>le</strong> court-moyen terme ; l'objectif<br />

de ces initiatives étant <strong>le</strong> développement<br />

des PME dans <strong>le</strong> secteur de<br />

l'habil<strong>le</strong>ment mais pas seu<strong>le</strong>ment.<br />

√ Il serait éga<strong>le</strong>ment très bénéfique<br />

de développer <strong>le</strong>s connaissances des<br />

travail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong>s domaines <strong>du</strong><br />

design et de la pro<strong>du</strong>ction, cela en<br />

étroite collaboration avec <strong>le</strong>s entreprises<br />

afin d'as<strong>sur</strong>er à chacun un<br />

emploi et de ne pas créer un <strong>sur</strong>effectif<br />

qui viendra nourrir <strong>le</strong> chômage.<br />

La Tunisie a d’ores et déjà pris des<br />

initiatives dans ce sens en créant des<br />

éco<strong>le</strong>s délivrant des enseignements<br />

techniques, en particulier en matière<br />

de design, spécifiquement tournées<br />

vers <strong>le</strong> secteur <strong>du</strong> TH. Les capacités<br />

de formation existantes ne sont pas<br />

employées p<strong>le</strong>inement. De ce fait,<br />

il faudrait établir une coopération<br />

régiona<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> développement des<br />

organismes de formation.<br />

√ un rô<strong>le</strong> essentiel que doit jouer <strong>le</strong><br />

gouvernement s'il souhaite aider <strong>le</strong>s<br />

entreprises à s'adapter aux nouvel<strong>le</strong>s<br />

conditions de la concurrence, est de<br />

simplifier <strong>le</strong>s formalités douanières.<br />

La réactivité des firmes à l'export<br />

est souvent entravée par des lourdeurs<br />

administratives qui retardent<br />

<strong>le</strong> passage en douane de biens intermédiaires<br />

importés qui entrent dans


la fabrication de ces pro<strong>du</strong>its. Le<br />

Maroc, qui est en train de moderniser<br />

la douane en coopération avec<br />

la Banque mondia<strong>le</strong>, doit prendre<br />

en compte cette dimension et, pour<br />

ce faire, une étude <strong>sur</strong> l'opinion des<br />

firmes <strong>sur</strong> l'efficacité de la réforme<br />

douanière au Maroc permettrait de<br />

dégager des informations uti<strong>le</strong>s pour<br />

<strong>le</strong>s autres PM.<br />

√ <strong>le</strong>s problèmes relatifs à la perte de<br />

revenu et à l'emploi suggèrent une<br />

extension de la période de mise en<br />

place de la zone de libre-échange<br />

avec l'UE pour <strong>le</strong> Maroc de 3-5 ans,<br />

comme ce fut <strong>le</strong> cas pour la Tunisie,<br />

à la condition que soient prises des<br />

me<strong>sur</strong>es supplémentaires permettant<br />

d'accroître la capacité de l'économie<br />

à répondre efficacement à la libéralisation<br />

des échanges. Ce délai mettrait<br />

<strong>le</strong> Maroc à l'abri d'une pression<br />

additionnel<strong>le</strong> <strong>sur</strong> sa compétitivité, ce<br />

qui limiterait <strong>le</strong>s licenciements. La<br />

Tunisie a déjà obtenu un délai et lui<br />

en donner un autre ne serait pas pertinent<br />

car cela encouragerait <strong>le</strong>s firmes<br />

et <strong>le</strong> gouvernement à repousser<br />

la restructuration qui s'impose afin de<br />

faire face à la réalité <strong>du</strong> marché.<br />

√ un renforcement de l'é<strong>du</strong>cation est<br />

nécessaire pour <strong>le</strong>s trois pays et cela<br />

à tous <strong>le</strong>s niveaux. Ces réformes doivent<br />

viser en priorité à développer<br />

<strong>le</strong>s capacités d'adaptation et la f<strong>le</strong>xibilité<br />

de la main d'œuvre, c'est-àdire<br />

possédant <strong>le</strong>s connaissances de<br />

base, y compris dans <strong>le</strong> domaine des<br />

nouvel<strong>le</strong>s technologies. Au niveau <strong>du</strong><br />

secondaire et supérieur, une extension<br />

des possibilités d'apprentissage<br />

professionnel et tout au long de la vie<br />

serait bienvenue.<br />

-48-<br />

Le projet de création d'une zone de<br />

libre-échange entre l'UE et <strong>le</strong>s PM pêche<br />

cruel<strong>le</strong>ment par l'absence d'une stratégie<br />

économique claire à l'adresse des<br />

pays qui devaient libéraliser. Le temps<br />

passant, <strong>le</strong>s prévisions concernant la<br />

hausse des revenus et de l'emploi dans<br />

<strong>le</strong>s pays partenaires, qui devait théoriquement<br />

décou<strong>le</strong>r de la libéralisation et<br />

de la réforme des politiques économiques<br />

nationa<strong>le</strong>s, se sont révélées très<br />

optimistes. Peu d'études se sont concentrées<br />

<strong>sur</strong> l'analyse de la nature de<br />

la compétition que ces pays pourraient<br />

progressivement être amenés à supporter<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs principaux marchés d'exportation.<br />

Etant données <strong>le</strong>s difficultés que<br />

connaissent <strong>le</strong> Maroc et la Tunisie avec<br />

<strong>le</strong>urs exportations c<strong>le</strong>fs, il est urgent<br />

aujourd'hui d'élaborer des stratégies de<br />

développement réalistes, ce qui signifie,<br />

en premier lieu, qu'el<strong>le</strong>s doivent prendre<br />

acte <strong>du</strong> fait que <strong>le</strong>s réformes et <strong>le</strong>s investissement<br />

en infrastructures sont certes<br />

des pré-requis essentiels mais n'ont pas<br />

permis de générer <strong>le</strong> dynamisme dont<br />

ces pays ont besoin. Il faut donc trouver<br />

d'autres voies. Selon l'équipe qui a mené<br />

cette étude, ces stratégies doivent tenir<br />

compte des spécificités des pays afin<br />

d'identifier et de tirer parti de nouvel<strong>le</strong>s<br />

opportunités à l'export tout en explorant<br />

<strong>le</strong>s possibilités de dynamiser l'expansion<br />

des pro<strong>du</strong>ctions intensives en travail<br />

pour <strong>le</strong> marché domestique. Ce dernier<br />

aspect dépend <strong>du</strong> rythme d'expansion<br />

<strong>du</strong> marché domestique, dont la hausse<br />

permettrait d'augmenter la demande<br />

dans la proportion nécessaire, mais qu'il<br />

est diffici<strong>le</strong> de contrô<strong>le</strong>r et qui dépend,<br />

à son tour, <strong>du</strong> rythme d'expansion des<br />

exportations intensives en travail (biens<br />

et services) et de la volonté de l'UE d'y<br />

contribuer, par exemp<strong>le</strong> en ré<strong>du</strong>isant <strong>le</strong>s<br />

restrictions <strong>sur</strong> ses importations hor-


tico<strong>le</strong>s en provenance <strong>du</strong> Maghreb. Il<br />

faudrait éga<strong>le</strong>ment favoriser une amélioration<br />

de la qualité et de la compétitivité<br />

des pro<strong>du</strong>ctions domestiques et<br />

de générer un revenu supérieur pour<br />

l'économie domestique via l'acquisition<br />

de formations techniques, notamment.<br />

Au Maroc, où il existe des capacités non<br />

exploitées significatives dans <strong>le</strong> domaine<br />

des réserves d'eau (Yang et Zehnder,<br />

2002), une restructuration des exploitations<br />

via une redistribution des terres<br />

des pro<strong>du</strong>ctions céréalières irriguées à<br />

large échel<strong>le</strong> vers des unités hortico<strong>le</strong>s<br />

et l'é<strong>le</strong>vage de bétail plus intensives<br />

en travail pourrait accroître <strong>le</strong> revenu<br />

et l'emploi et, de ce fait, contribuer à<br />

l'expansion de la demande domestique<br />

pour <strong>le</strong>s biens et services pro<strong>du</strong>its loca<strong>le</strong>ment.<br />

La mise en place de cette stratégie<br />

ne sera cependant viab<strong>le</strong> que si la<br />

libéralisation des importations agrico<strong>le</strong>s<br />

<strong>du</strong> côté de l'UE non seu<strong>le</strong>ment a lieu<br />

mais aussi se fait au sein d'un processus<br />

négocié qui reconnaît <strong>le</strong> bien fondé d'une<br />

transition plus <strong>le</strong>nte vers la <strong>le</strong>vée des<br />

protections <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s en<br />

Méditerranée.<br />

Quoiqu'il en soit, si la revitalisation de<br />

la filière texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment est nécessaire,<br />

el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment être un<br />

objectif de court terme compte-tenu<br />

des enseignements des deux premières<br />

parties. C'est à une stratégie plus<br />

globa<strong>le</strong>, de diversification sectoriel<strong>le</strong> et<br />

de soutien aux entreprises loca<strong>le</strong>s qu'il<br />

faut mettre en place. Dans un contexte<br />

marqué par une intensification de la<br />

concurrence entre <strong>le</strong>s pays en développement<br />

dans <strong>le</strong> secteur manufacturier<br />

et par de nouvel<strong>le</strong>s ouvertures <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés des services exportab<strong>le</strong>s, la<br />

question pertinente selon <strong>le</strong> Femise<br />

-49-<br />

est cel<strong>le</strong> de l’amélioration des capacités<br />

de réponse de l'offre des PM et de<br />

l’émergence de secteurs qui pourront<br />

prendre <strong>le</strong> relais des spécialisations<br />

actuel<strong>le</strong>s, dont on maintes fois souligné<br />

qu’el<strong>le</strong>s ne coorespondaient pas <strong>le</strong> plus<br />

souvent aux marchés <strong>le</strong>s plus dynamiques<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan mondial. Mais, pour ce<br />

faire, comme l’ont montré <strong>le</strong>s enquêtes<br />

auprès des entreprises <strong>du</strong>rant la partie<br />

I, toute stratégie in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> devra<br />

être mise en place en cohérence avec<br />

<strong>le</strong>s points sou<strong>le</strong>vés par la première partie,<br />

concernant <strong>le</strong>s besoins des entreprises,<br />

qui, en premier lieu, ont souligné<br />

l’importance particulière que revêt <strong>le</strong><br />

secteur des services, notamment <strong>le</strong>s<br />

services financiers, de communications<br />

et de transport.<br />

4. Les services, opportunités de<br />

relais<br />

Les services sont rarement abordés par<br />

<strong>le</strong>s théories <strong>du</strong> développement qui, marquées<br />

par une tradition in<strong>du</strong>strialiste,<br />

<strong>le</strong>s cantonnent au rô<strong>le</strong> de supports de<br />

l'in<strong>du</strong>strie. Cependant, <strong>le</strong>s évolutions<br />

techniques et institutionnel<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s<br />

invitent à réévaluer la viabilité d'un<br />

développement par <strong>le</strong>s services. Les<br />

progrès des télécommunications et de<br />

l'informatisation modifient la division <strong>du</strong><br />

travail et créent des possibilités nouvel<strong>le</strong>s<br />

d'externalisation, de délocalisation<br />

et d'exportation d'activités de services.<br />

Simultanément, l'accumulation de capital<br />

humain dans <strong>le</strong>s PED permet à certains<br />

d'entre eux de mobiliser une offre<br />

de main d'œuvre qualifiée et compétitive<br />

pour de tel<strong>le</strong>s activités pro<strong>du</strong>ctives.<br />

Dans un contexte marqué par une couverture<br />

statistique insuffisante et une<br />

problématique encore relativement nou-


vel<strong>le</strong>, plusieurs approches sont combi- entre <strong>le</strong> PIB par tête et la contribution<br />

nées. Après une synthèse <strong>du</strong> processus des services au PIB et que, d'autre part<br />

de tertiarisation dans <strong>le</strong>s différents PM et au niveau des économies nationa<strong>le</strong>s,<br />

des perspectives d'exportation dans ce <strong>le</strong> poids des services stagne (Jordanie,<br />

domaine seront abordées <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s Maroc, Tunisie) ou diminue (Algérie,<br />

opportunités qui sont ouvertes au PM<br />

aujourd'hui, soit par <strong>le</strong> développement<br />

Syrie) depuis <strong>le</strong>s années 1970.<br />

d'avantages comparatifs et de niches Par contre, l'internationalisation en cours<br />

porteuses (tourisme, services de santé), dans l'économie des services semb<strong>le</strong><br />

soit par la libéralisation et la réforme avoir été engagée assez tôt dans <strong>le</strong>s<br />

des secteurs identifiés dans la première PM. Le taux d'ouverture des services,<br />

partie comme indispensab<strong>le</strong>s pour aider au niveau agrégé, y est supérieur à la<br />

<strong>le</strong>s firmes à s'adapter à <strong>le</strong>ur nouveau moyenne mondia<strong>le</strong> comme <strong>euro</strong>péen-<br />

contexte (services bancaires, télécoms, ne ; et il augmente. Pour l'ensemb<strong>le</strong> des<br />

transport).<br />

PM, la contribution des exportations de<br />

services au revenu national s'est accrue<br />

Perspectives de croissance et de de 50% au cours des deux dernières<br />

développement des services en décennies et ce secteur compte pour une<br />

Méditerranée<br />

plus large part qu'ail<strong>le</strong>urs aux exportations<br />

tota<strong>le</strong>s. Il as<strong>sur</strong>e plus de la moitié<br />

Le processus de tertiarisation a con- des recettes d'exportation dans deux<br />

cerné <strong>le</strong>s pays riches comme <strong>le</strong>s pays en pays (Egypte, Liban), et plus <strong>du</strong> quart<br />

développement et la corrélation entre <strong>le</strong> dans cinq autres (Turquie, Israël, Maroc,<br />

revenu par tête et <strong>le</strong> degré de tertiari- Tunisie, Jordanie). Au niveau régional,<br />

sation est étroite. Mis à part la Turquie, <strong>le</strong>s échanges de services dégagent un<br />

<strong>le</strong>s PM font exception à ces tendances excédent commercial croissant et sont<br />

structurel<strong>le</strong>s lourdes puisque, d'une part un facteur essentiel d'équilibrage des<br />

au niveau régional, il n'y pas de relation balances des paiements.<br />

Tab<strong>le</strong>au X14 : Taxonomie des in<strong>du</strong>stries de service dans pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s existe un<br />

potentiel de croissance<br />

In<strong>du</strong>strie<br />

Services<br />

Turquie Israel Algérie Maroc Tunisie Egypte Jordanie Liban Syrie<br />

Services Commerciaux ..<br />

Services Transport + .. ..<br />

Transport Maritime + .. .. ..<br />

Transport Aérien .. + .. ..<br />

Autres transports .. + .. ..<br />

Voyages + .. + + .. +<br />

Autres Services ..<br />

Communications .. .. + .. .. ..<br />

Construction + .. + + .. .. ..<br />

As<strong>sur</strong>ance .. .. .. ..<br />

Services Financiers .. .. .. .. .. ..<br />

Services informatiques .. .. .. .. + + .. .. ..<br />

Royalties et revenus de licences .. .. .. .. ..<br />

Other Business services + .. ..<br />

Serv. Pers. Cult & loisirs + .. .. .. + .. .. ..<br />

Services Gouvernementaux , n.i.e. ..<br />

Source : étude Femise 22-34<br />

.. pas d’informations disponib<strong>le</strong>s<br />

+ Services avec un potentiel de croissance<br />

Services dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> pays est spécialisé<br />

-50


Malgré cette « spécialisation services »,<br />

<strong>le</strong>s PM n'ont pas profité autant que <strong>le</strong>s<br />

autres PED de l'internationalisation <strong>du</strong><br />

secteur et <strong>le</strong>ur part <strong>du</strong> marché mondial<br />

diminue. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s PM se caractérisent<br />

par une très forte hétérogénéité<br />

au regard des différents indicateurs de<br />

performances commercia<strong>le</strong>s. L'utilisation<br />

d'une classification désagrégée en dix<br />

branches de services permet de caractériser<br />

<strong>le</strong>s spécialisations services de<br />

chaque PM et d'identifier, à coté des spécialisations<br />

effectives, <strong>le</strong>s opportunités<br />

de croissance (tab<strong>le</strong>au X14).<br />

Les gains de la libéralisation dans<br />

<strong>le</strong>s services : <strong>le</strong> cas des banques et<br />

des télécommunications<br />

A côté des marchés traditionnels comme<br />

<strong>le</strong> tourisme (encadré ci-contre) ou naissants<br />

comme <strong>le</strong>s echanges de services<br />

de santé (encadré ci-après), l'autre versant<br />

de la question des services peut<br />

s'appréhender en termes de compétitivité.<br />

On l'a souligné à de nombreuses<br />

reprises, <strong>le</strong>s PM se sont engagés dans<br />

une stratégie d'ouverture. Mais, cel<strong>le</strong>-ci<br />

se focalise pour l'instant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s secteurs<br />

in<strong>du</strong>striels. Il est donc nécessaire de<br />

progresser éga<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> la question<br />

des services, rapidement dans certains<br />

secteurs c<strong>le</strong>fs bien identifiés à travers<br />

<strong>le</strong>s réactions des firmes (cf. partie 1), et<br />

ce pour deux raisons qui se renforcent<br />

l'une l'autre : (i) dégager des spécialisations<br />

nouvel<strong>le</strong>s qui se révè<strong>le</strong>ront<br />

porteuses avec l'évolution internationa<strong>le</strong><br />

et (ii) améliorer <strong>le</strong>s conditions de compétitivité<br />

des firmes loca<strong>le</strong>s pour qu'el<strong>le</strong>s<br />

progressent dans <strong>le</strong>s autres secteurs.<br />

Il y aujourd'hui une prise de conscience<br />

certaine de l'importance de services<br />

dans l'économie. Les avancés techno-<br />

-51-<br />

Encadré : Les exportations de services<br />

de tourisme de la Tunisie et des<br />

pays <strong>méditerranéen</strong>s<br />

Le tourisme as<strong>sur</strong>e <strong>le</strong> tiers des exportations<br />

mondia<strong>le</strong>s de services. Pour <strong>le</strong>s<br />

PM, <strong>le</strong>s crédits <strong>du</strong> poste voyage s'é<strong>le</strong>vaient<br />

à 20 milliards de dollars US en<br />

2000, à comparer à 10 milliards pour<br />

<strong>le</strong>s exportations de texti<strong>le</strong>, 90 milliards<br />

pour <strong>le</strong>s exportations tota<strong>le</strong>s de marchandises<br />

et 5 milliards pour <strong>le</strong>s revenus<br />

issus de l'émigration. Ces recettes<br />

as<strong>sur</strong>aient alors entre 15% (Turquie) et<br />

50% (Chypre) des rentrées en devises.<br />

Les recettes nettes directes <strong>du</strong> tourisme<br />

représentent un pourcentage croissant<br />

<strong>du</strong> PIB de la région : de 1 point en 1980<br />

à 4 points en 2000. Pour <strong>le</strong>s PM qui en<br />

disposent, l'utilisation des comptes satellites<br />

<strong>du</strong> tourisme montre que <strong>le</strong> poids <strong>du</strong><br />

secteur, me<strong>sur</strong>é par la demande à l'économie,<br />

est compris entre 10% (Turquie)<br />

et 19% (Tunisie). La place dans l'emploi<br />

est proche de sa participation au PIB.<br />

Le rapprochement de la va<strong>le</strong>ur ajoutée<br />

et des emplois <strong>du</strong> tourisme (hors effet<br />

in<strong>du</strong>it), con<strong>du</strong>it à un niveau de pro<strong>du</strong>ctivité<br />

proche de cel<strong>le</strong> de l'activité <strong>du</strong> texti<strong>le</strong><br />

habil<strong>le</strong>ment.<br />

Le sud de la Méditerranée est l'une des<br />

premières destinations <strong>du</strong> tourisme de<br />

masse. Les flux dans la région sont passés<br />

de 4% (1990) à 6% (2003) <strong>du</strong> total<br />

mondial, alors que <strong>le</strong>s entrées y étaient<br />

multipliées par 2,5. Simultanément la<br />

concurrence s'intensifiait <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>. Cependant, <strong>le</strong>s<br />

offres touristiques des PM sont plus<br />

différenciées qu'il n'y paraît a priori.<br />

On observe en effet des préférences<br />

nationa<strong>le</strong>s qui se tra<strong>du</strong>isent par des<br />

spécialisations assez marquées, à la<br />

fois par pays émetteur et par pays de<br />

destination. De plus, <strong>le</strong>s PM proposent<br />

des services touristiques différents.<br />

Mais <strong>le</strong>urs performances à l'exportation<br />

sont éga<strong>le</strong>ment bien différenciées. Il<br />

est possib<strong>le</strong> de distinguer trois types de<br />

profils : croissance extensive (Turquie),<br />

croissance intensive (Maroc), perte de<br />

compétitivité (Egypte, Tunisie).


Encadré : Le commerce international<br />

de services de santé et <strong>le</strong>s perspectives<br />

d'exportation des pays en<br />

développement<br />

Les exportations de services de santé<br />

ont traditionnel<strong>le</strong>ment été dirigées <strong>du</strong><br />

Nord vers <strong>le</strong> Sud ; <strong>le</strong>s patients voyageant<br />

dans <strong>le</strong> sens inverse. Mais <strong>le</strong>s<br />

facteurs qui as<strong>sur</strong>aient l'attractivité des<br />

systèmes de santé au Nord se sont progressivement<br />

banalisés et diffusés, avec<br />

l'accroissement et l'amélioration des<br />

compétences médica<strong>le</strong>s dans de nombreux<br />

pays en développement (PED).<br />

Les opportunités d'exportation dans ce<br />

secteur sont évaluées ici à partir, d'une<br />

part, de l'estimation <strong>du</strong> volume global <strong>du</strong><br />

commerce international de santé, de la<br />

tendance et de la structure de ces échanges<br />

et, d'autre part, de l'analyse de l'expérience<br />

de la Tunisie. Les exportations<br />

de services de santé y représentent <strong>le</strong><br />

quart de l'activité <strong>du</strong> secteur privé. Avec<br />

<strong>le</strong>s services d'hébergement in<strong>du</strong>its, el<strong>le</strong>s<br />

atteignent 107 millions de dollars US en<br />

2003 -environ 4% des exportations de<br />

services de Tunisie- et as<strong>sur</strong>ent près de<br />

10 500 emplois.<br />

Au niveau mondial, ce commerce connaît<br />

une expansion plus rapide que la<br />

moyenne des échanges, <strong>sur</strong>tout depuis<br />

2000. Il représente 11,8 milliards de<br />

dollars US en 2003, soit 0,75% des<br />

échanges mondiaux de services. Cette<br />

part a doublé depuis 1997. Les études<br />

de cas et l'analyse globa<strong>le</strong> convergent<br />

pour souligner la dimension régiona<strong>le</strong><br />

des échanges extérieurs de services de<br />

santé. 84% des patients étrangers en<br />

Tunisie, et 87% en Jordanie, proviennent<br />

des pays voisins. Le commerce<br />

des autres PED exportateurs de soins<br />

(Thaïlande, Malaisie, Cuba) est soumis<br />

au même principe de proximité. La nature<br />

particulière <strong>du</strong> commerce des services<br />

de santé et la spécificité de la demande<br />

expliquent cette prédominance des<br />

échanges Sud-Sud. Ces deux caractéristiquent<br />

soulignent l'aspect niche prometteuse<br />

pour <strong>le</strong>s PM dans <strong>le</strong> contexte<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong> avec la proximité de<br />

l'UE, mais éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> cas d'une<br />

progression de l'intégrationSud-Sud.<br />

-52-<br />

logiques jouent éga<strong>le</strong>ment un rô<strong>le</strong> c<strong>le</strong>f<br />

dans l'intérêt porté au commerce des<br />

services par <strong>le</strong>s décideurs. Les avancés<br />

dans <strong>le</strong>s domaines financier, technologies<br />

de l'information et de communication,<br />

transport ont contribué à une expansion<br />

rapide de commerce de services.<br />

Longtemps considérées comme coûteuses,<br />

<strong>le</strong>s transactions internationa<strong>le</strong>s sont<br />

maintenant ren<strong>du</strong>es faci<strong>le</strong>s en raison <strong>du</strong><br />

flux d'information é<strong>le</strong>ctronique.<br />

Les bénéfices de la libéralisation de services<br />

sont mis en lumière par quelques<br />

faits stylisés, notamment <strong>le</strong> fait que<br />

<strong>le</strong>s pays qui ont amélioré <strong>le</strong>s performances<br />

des services liés au commerce<br />

(transport, finance, réseaux et télécommunications)<br />

semb<strong>le</strong>nt avoir connu<br />

une augmentation substantiel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs<br />

exportations et des flux d'IDE. Les<br />

réformes domestiques visant la baisse<br />

des coûts <strong>du</strong> transport et <strong>du</strong> management<br />

quotidien des affaires peuvent en<br />

effet jouer un rô<strong>le</strong> crucial en améliorant<br />

<strong>le</strong>s possibilités de liaison aux marchés<br />

mondiaux. La libéralisation de services<br />

renforcerait d'une part <strong>le</strong>s capacités de<br />

réponse des exportateurs aux réformes<br />

menées dans <strong>le</strong> cadre <strong>du</strong> commerce<br />

et, d'autre part, permettrait aux pro<strong>du</strong>cteurs<br />

locaux de mieux coordonner<br />

<strong>le</strong>urs activités avec des fournisseurs<br />

d'intrants situés dans des pays à revenus<br />

é<strong>le</strong>vés, rendant ainsi <strong>le</strong> pays plus<br />

attractif aux IDE. Ainsi, libéraliser <strong>le</strong><br />

commerce des services peut créer plus<br />

d'opportunités d'investissement pour<br />

<strong>le</strong> secteur privé domestique et aider<br />

à attirer des financements étrangers<br />

non créateurs de dette comme <strong>le</strong>s IDE<br />

et <strong>le</strong>s investissements de portefeuil<strong>le</strong>,<br />

puisque <strong>le</strong>s IDE dans <strong>le</strong>s services ont<br />

été <strong>le</strong> moteur principal des flux d'IDE<br />

mondiaux pendant <strong>le</strong>s années 1990 et


eprésente aujourd'hui encore environ<br />

la moitié de la va<strong>le</strong>ur des stock d'IDE<br />

dans <strong>le</strong> monde.<br />

Les PM connaissent cependant des difficultés<br />

à profiter de ces tendances<br />

mondia<strong>le</strong>s parce qu'ils ont eu tendance<br />

à mettre en place <strong>le</strong>s réformes concernant<br />

<strong>le</strong>s services de façon décousue.<br />

Les privatisations ont été plus <strong>le</strong>ntes<br />

que dans d'autres parties <strong>du</strong> monde,des<br />

barrières à l'entrée freinent toujours<br />

<strong>le</strong>s investisseurs tant étrangers que<br />

domestiques. La raison de cela est sans<br />

doute encore à chercher dans <strong>le</strong>s stratégies<br />

de préservation de l'emploi. Les<br />

services, essentiel<strong>le</strong>ment publics, ont<br />

été (ou sont encore) envisagés d'abord<br />

comme un réservoir d'emplois qui permettent<br />

éventuel<strong>le</strong>ment de gérer <strong>le</strong>s<br />

ajustements sociaux dans l'in<strong>du</strong>strie.<br />

Ils ne sont pas appréhendés comme des<br />

secteurs « pro<strong>du</strong>ctifs » en eux-mêmes.<br />

Or, ce qu'il est ressorti de façon incontestab<strong>le</strong><br />

des diverses enquêtes menées<br />

par <strong>le</strong>s équipes <strong>du</strong> Femise, c'est que<br />

nombre de ces secteurs participent de<br />

fait au processus in<strong>du</strong>striel, en fournissant<br />

aux firmes d'autres sources de<br />

compétitivité, de sorte qu'ils sont p<strong>le</strong>inement<br />

au cœur des processus in<strong>du</strong>striels.<br />

La spécificité des PM est, de ce<br />

point de vue, qu'ils agissent en négatif,<br />

c'est-à-dire que <strong>le</strong>s firmes regrettent<br />

<strong>le</strong>ur absence ou <strong>le</strong>ur inefficacité. Ainsi,<br />

non seu<strong>le</strong>ment ils pourraient évoluer en<br />

nouvel<strong>le</strong> spécialisation régiona<strong>le</strong>, mais<br />

<strong>le</strong>s effets d'entraînement <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s tissus<br />

locaux sont à même d'améliorer fortement<br />

« <strong>le</strong> rendement » de la stratégie<br />

d'ouverture en général, <strong>du</strong> processus<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong> en particulier.<br />

L'ouverture à la concurrence des marchés<br />

de services dans la région peut<br />

-53-<br />

compenser <strong>le</strong>s coûts d'ajustement provenant<br />

de la libéralisation <strong>du</strong> commerce<br />

de marchandises : <strong>le</strong>s réformes proconcurrence,<br />

qui facilitent l'entrée de<br />

nouvel<strong>le</strong>s entreprises, peuvent pro<strong>du</strong>ire<br />

des fortes opportunités d'emploi pour<br />

<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs qualifiés ou non qualifiés,<br />

actuel<strong>le</strong>ment employés par <strong>le</strong>s<br />

gouvernements dans des emplois de<br />

pro<strong>du</strong>ctivité basse. Parce que l'on ne<br />

peut pas <strong>le</strong> plus souvent échanger des<br />

services, l'amélioration de l'accès aux<br />

marchés de services va probab<strong>le</strong>ment<br />

entraîner l'entrée de concurrents étrangers<br />

par <strong>le</strong> biais d'IDE, dont on peut<br />

espérer qu'ils intro<strong>du</strong>iront éga<strong>le</strong>ment de<br />

nouvel<strong>le</strong>s technologies et des demandes<br />

d'emplois <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché <strong>du</strong> travail<br />

domestique.<br />

Dans cette section, basée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> cas<br />

de quatre Partenaires Méditerranéens<br />

(l'Egypte, <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et la<br />

Turquie), il s'agit d'explorer <strong>le</strong>s bénéfices<br />

potentiels de bien-être issue de<br />

la libéralisation, spécifiquement définie<br />

ici comme l'alignement avec <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments<br />

de l'UE en matière de commerce<br />

dans <strong>le</strong>s services. Trois secteurs sont<br />

étudiés : <strong>le</strong> secteur bancaire, <strong>le</strong> secteur<br />

de télécommunication et <strong>le</strong> secteur<br />

maritime de transport. L'accent<br />

est mis d'une part <strong>sur</strong> <strong>le</strong> secteur bancaire,<br />

où sont mis en relief <strong>le</strong>s points<br />

importants de réformes récentes et la<br />

performance actuel<strong>le</strong> <strong>du</strong> secteur dans<br />

<strong>le</strong>s quatre pays, et, d'autre part, <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

transport en raison <strong>du</strong> gain atten<strong>du</strong> et<br />

de la cohérence avec <strong>le</strong>s stratégies des<br />

PM. Pour <strong>le</strong>s 3 secteurs, la présentation<br />

généra<strong>le</strong> est suivie par une évaluation<br />

de l'amélioration de bien-être global de<br />

la libéralisation enten<strong>du</strong>e comme mise<br />

en conformité avec <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments de<br />

l'UE.


Le secteur bancaire : Les effets<br />

d'une p<strong>le</strong>ine conformité avec l'UE<br />

Pendant <strong>le</strong>s années quatre-vingt-dix,<br />

plusieurs pays <strong>méditerranéen</strong>s ont initié<br />

des programmes de réforme significative<br />

de <strong>le</strong>urs secteurs financiers, qu'ils débutaient<br />

généra<strong>le</strong>ment avec la réforme de<br />

secteur bancaire. Les résultats de ces<br />

programmes, quoique variés selon <strong>le</strong>s<br />

pays, ont été généra<strong>le</strong>ment modestes<br />

et ont ainsi entraîné <strong>le</strong> besoin d'une<br />

autre vague de réforme et de modernisation.<br />

Dans la phase à venir, la plupart<br />

des économies <strong>méditerranéen</strong>nes vont<br />

chercher à mettre en place <strong>le</strong> nécessaire<br />

pour l'intégration mondia<strong>le</strong> plus profonde,<br />

dont l'intégration avec l'UE est une<br />

composante c<strong>le</strong>f. Ainsi, plusieurs pays<br />

de la région considèrent en effet une<br />

ouverture gra<strong>du</strong>el<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs secteurs de<br />

services à la concurrence <strong>euro</strong>péenne ;<br />

il s'agit donc d'étendre <strong>le</strong>urs Accords de<br />

Libre-échange avec l'UE au commerce<br />

des services.<br />

Il est important de noter que la notion<br />

de libéralisation utilisée dans <strong>le</strong> présent<br />

contexte ne signifie pas l'annulation de<br />

tous <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments et formes de restrictions.<br />

El<strong>le</strong> se comprend comme un autre<br />

cadre préservant <strong>le</strong>s éléments essentiels<br />

que sont <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments prudentiels<br />

nécessaire à la <strong>sur</strong>vie <strong>du</strong> secteur bancaire.<br />

En fait, <strong>le</strong> terme « libéralisation »<br />

dans cette section se réfère à l'adaptation<br />

des législations des pays et des<br />

institutions pour être conforme à ceux<br />

généra<strong>le</strong>ment adoptés par <strong>le</strong>s pays de<br />

l'UE et donc, par la même, à la conformité<br />

avec <strong>le</strong>s conditions de l'intégration<br />

avec l'UE. La section explore l'impact de<br />

la libéralisation des secteurs bancaires<br />

dans <strong>le</strong>s quatre PM choisis (l'Egypte, la<br />

Tunisie, <strong>le</strong> Maroc et la Turquie) en ter-<br />

-54-<br />

mes de performance, en supposant que<br />

chaque pays entreprend <strong>le</strong>s réformes<br />

nécessaires pour une intégration réussie.<br />

L'ouverture de services bancaires à la<br />

concurrence de l'UE peut probab<strong>le</strong>ment<br />

con<strong>du</strong>ire à l'amélioration <strong>du</strong> système<br />

bancaire dans <strong>le</strong>s PM, ouvrant la voie<br />

à des services de meil<strong>le</strong>ure qualité et<br />

meil<strong>le</strong>ur marché. En comparaison au cas<br />

<strong>du</strong> commerce de marchandises, la me<strong>sur</strong>e<br />

des effets de la libéralisation dans <strong>le</strong>s<br />

services semb<strong>le</strong> diffici<strong>le</strong> et problématique.<br />

Le commerce dans <strong>le</strong>s services<br />

diffère <strong>du</strong> commerce de marchandises<br />

non seu<strong>le</strong>ment s'effectuant selon quatre<br />

modes conventionnels, mais éga<strong>le</strong>ment<br />

par <strong>le</strong>s moyens de protection <strong>du</strong> marché<br />

intérieur. Dans <strong>le</strong> cas des services, on<br />

considère que <strong>le</strong>s législations d'un pays<br />

et <strong>le</strong>s institutions ajoutent encore à la<br />

simp<strong>le</strong> protection tarifaire observée dans<br />

<strong>le</strong> cas des marchandises. Cependant, il a<br />

été possib<strong>le</strong> de calcu<strong>le</strong>r l'équiva<strong>le</strong>nt tarifaire<br />

<strong>du</strong> règ<strong>le</strong>ment restrictif. Cela facilite<br />

l'évaluation de l'impact de libéralisation<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s divers indicateurs, dont <strong>le</strong>s prix<br />

et <strong>le</strong> bien-être.<br />

Cette section, basée <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s résultats<br />

d'une étude Femise[28] réalise donc<br />

l'évaluation des avantages en termes<br />

de bien-être général issus de la mise en<br />

oeuvre complète de la libéralisation, en<br />

évaluant quantitativement l'équiva<strong>le</strong>nt<br />

tarifaire de me<strong>sur</strong>es restrictives adoptées<br />

dans <strong>le</strong> secteur bancaire et évaluant<br />

l'effet de <strong>le</strong>ur élimination.<br />

En Egypte, <strong>le</strong>s mouvements de libéralisation<br />

déjà entamés s'incarnent dans<br />

un secteur affichant un taux de protection<br />

équiva<strong>le</strong>nt tarifaire relativement bas<br />

(11,7%) comparés à 5% dans <strong>le</strong> cas de


l'UE. La prise en compte d'un certain<br />

nombre d'indicateurs complémentaires,<br />

non inclus dans <strong>le</strong>s calculs, auraient<br />

même abouti à un équiva<strong>le</strong>nt tarifaire<br />

inférieur. Les simulations ont montré<br />

que si <strong>le</strong> secteur bancaire en Egypte se<br />

libéralisait davantage, atteignant <strong>le</strong> taux<br />

de l'UE, cela ne se tra<strong>du</strong>irait pas par des<br />

bénéfices de bien-être significatifs pour<br />

l'économie égyptienne, puisque la ré<strong>du</strong>ction<br />

de prix de 6% qui en résulterait,<br />

n'entraînera qu'une modeste hausse de<br />

bien-être de 1,44% dans la consommation<br />

et 1,2% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut.<br />

De plus, même si des baisses de prix<br />

encore plus significatives avaient lieu,<br />

il n'en résulterait pas pour autant un<br />

bou<strong>le</strong>versement, dans la me<strong>sur</strong>e où une<br />

ré<strong>du</strong>ction des prix de 26% entraînerait<br />

une augmentation de bien-être évaluée<br />

à 6,54% en termes de consommation et<br />

5,47% pour <strong>le</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut.<br />

En Tunisie, l'estimation obtenue donne<br />

un indice restrictif (RI) de 55 pour cent;<br />

qui est tout à fait remarquab<strong>le</strong> : ce taux<br />

est haut, mais comparab<strong>le</strong> avec d'autres<br />

me<strong>sur</strong>es obtenues pour d'autres pays<br />

en voie de développement semblab<strong>le</strong>s.<br />

Il implique, approximativement, un taux<br />

équiva<strong>le</strong>nt tarifaire de 50 pour cent.<br />

En utilisant <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au d'entrée-sortie<br />

Tunisien de 1997 à 99 secteurs, il apparaît<br />

que <strong>le</strong>s bénéfices sont positifs, significatifs,<br />

mais modestes. Les prix, autres<br />

que <strong>le</strong> prix des services bancaires, diminueraient<br />

de seu<strong>le</strong>ment 1% au mieux et,<br />

<strong>le</strong> plus souvent, de moins de 0,5%. Cela<br />

con<strong>du</strong>irait à un gain de bien-être global<br />

de moins de 0.5% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut actuel.<br />

Quant au Maroc, l'harmonisation des<br />

règ<strong>le</strong>ments <strong>du</strong> secteur bancaire marocain<br />

avec celui de l'UE, se tra<strong>du</strong>irait<br />

-55-<br />

par une ré<strong>du</strong>ction de 19,3% <strong>du</strong> coût<br />

de services bancaires, étant donné un<br />

équiva<strong>le</strong>nt tarifaire de 6,3% par rapport<br />

à un scénario de p<strong>le</strong>ine libéralisation.<br />

Pour évaluer l'effet de cette ré<strong>du</strong>ction<br />

<strong>sur</strong> l'économie, la matrice d'Entrées-<br />

Sorties 1998 de l'économie marocaine<br />

a été utilisée, supposant ainsi qu'il n'y<br />

a aucun changement significatif de la<br />

structure de l'économie marocaine pendant<br />

la période 1998-<strong>2005</strong>. Les résultats<br />

indiquent que <strong>le</strong> bien-être, en termes de<br />

consommation tota<strong>le</strong>, s'améliorerait de<br />

1,15%. Comme, en 1998, la consommation<br />

représentait 86,12% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it<br />

intérieur brut, <strong>le</strong> gain de bien-être se<br />

tra<strong>du</strong>irait dans une augmentation de<br />

0,99% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut.<br />

Dans <strong>le</strong> cas turc, <strong>le</strong> nouveau prix de services<br />

bancaires issu de la libéralisation<br />

augmenterait <strong>le</strong> bien-être de la société<br />

de 1,38%. Ainsi, l'effet de l'adoption<br />

des règ<strong>le</strong>s et règ<strong>le</strong>ments de l'UE dans<br />

<strong>le</strong> secteur bancaire se tra<strong>du</strong>it par une<br />

augmentation annuel<strong>le</strong> <strong>du</strong> revenu réel<br />

des consommateurs turcs de 2,1 milliards<br />

US$. Comme la consommation en<br />

1996 comptait pour 72,95% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it<br />

intérieur brut, ce changement bien-être<br />

de la société est équiva<strong>le</strong>nt à l'augmentation<br />

de 1% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut<br />

réel. De plus, comme <strong>le</strong> coût de la crise<br />

financière 2001 a été évalué comme<br />

53,2 milliards de $ et compte-tenu d'un<br />

taux d'intérêt réel annuel de 6,86%,<br />

on peut évaluer <strong>le</strong> coût annuel de la<br />

crise monétaire à 3,65 milliards US$. La<br />

Turquie n'aurait donc pas eu à supporter<br />

un tel coût si el<strong>le</strong> avait adopté et mis en<br />

oeuvre la structure législative, régulatrice<br />

et institutionnel<strong>le</strong> <strong>du</strong> système bancaire<br />

de l'UE au début des années 1990.<br />

En notant que <strong>le</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut en<br />

2004 s'est é<strong>le</strong>vé à 300,63 milliards US$,


<strong>le</strong> gain de bien-être issu de l'implanta-<br />

tion des règ<strong>le</strong>s <strong>euro</strong>péennes régissant <strong>le</strong><br />

secteur bancaire peut être ainsi évalué à<br />

2,2% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut.<br />

On peut conclure des résultats précédents<br />

que l'on ne doit pas s'attendre à ce<br />

que l'adoption des règ<strong>le</strong>ments <strong>euro</strong>péens<br />

entraîne une augmentation substantiel<strong>le</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>le</strong> bien-être général. Les bénéfices<br />

potentiels <strong>le</strong>s plus hauts ont été observés<br />

en Egypte (1,2% de pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut) et <strong>le</strong> plus bas ont été observé en<br />

Tunisie (0,5%). Toutefois, cela ne prend<br />

pas en compte <strong>le</strong>s gains encore plus<br />

importants in<strong>du</strong>its par un secteur bancaire<br />

plus compétitif, <strong>le</strong>s effets <strong>sur</strong> l'investissement<br />

et la croissance, que l'on<br />

ne peut capturer par <strong>le</strong>s équations de<br />

pro<strong>du</strong>ction d'entrée. L'exercice de quantification<br />

ne porte là en effet que <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

effets statiques de prix, positifs et généra<strong>le</strong>ment<br />

de l'ordre d'un point de PIB. On<br />

rappel<strong>le</strong>ra que ces effets sont calculés<br />

en utilisant <strong>le</strong>s matrices input-output qui<br />

supposent une fixité des combinaisons<br />

pro<strong>du</strong>ctives. Comme la première partie<br />

l'a montré, l'essentiel <strong>du</strong> gain à attendre<br />

d'une « mise à niveau » des secteurs<br />

bancaires repose en fait <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s effets<br />

dynamiques, qui seront in<strong>du</strong>its par une<br />

modification positive de la compétitivité<br />

des firmes (rappelons que dans la plupart<br />

des enquêtes qui ont porté <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

obstac<strong>le</strong>s rencontrés par <strong>le</strong>s entreprises,<br />

<strong>le</strong>s possibilités d'obtenir des financements<br />

sont revenues dans <strong>le</strong>s premiers<br />

soucis cités), et par conséquent <strong>sur</strong> l'ensemb<strong>le</strong><br />

des secteurs.<br />

On y ajoutera d'autres effets, que l'on a<br />

trop souvent tendance à sous-estimer :<br />

<strong>le</strong>s effets en termes d'anticipation, ceux<br />

qui vont amener à un moment donné<br />

la communauté à considérer qu'un pas<br />

-56-<br />

décisif est franchi. L'exemp<strong>le</strong> <strong>du</strong> secteur<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, et de son sousinvestissement,<br />

tend à indiquer que <strong>le</strong>s<br />

anticipations actuel<strong>le</strong>s des agents sont<br />

réservées éga<strong>le</strong>ment au plan national.<br />

On doit alors considérer que modifier <strong>le</strong><br />

secteur bancaire, notamment dans sa<br />

fonction de fournir des sources de financement<br />

aux entreprises, constituera une<br />

étape décisive, d'abord en ce que cela<br />

apportera un changement visib<strong>le</strong> dans<br />

<strong>le</strong>s conditions d'opérations quotidiennes<br />

des agents avec un fort pouvoir symbolique,<br />

ensuite que <strong>le</strong>s firmes efficaces y<br />

trouveront une source de compétitivité<br />

pour l'instant absente.<br />

La libéralisation dans <strong>le</strong>s télécommunications<br />

Au cours de la dernière décennie, <strong>le</strong><br />

secteur de télécommunication est entré<br />

dans une période de changement profond,<br />

amorcée par l'innovation technologique,<br />

la libéralisation des marchés<br />

nationaux et par la libéralisation partiel<strong>le</strong><br />

ou complète des opérateurs historiques.<br />

Traditionnel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s opérateurs de<br />

télécommunication étaient des monopo<strong>le</strong>s<br />

publics vertica<strong>le</strong>ment intégrés. En<br />

raison des forts coûts fixes liés à la<br />

construction d'un réseau, on a considéré<br />

l'activité de fournisseur de services de<br />

télécommunication comme un monopo<strong>le</strong><br />

naturel. Cependant, <strong>le</strong> progrès technologique<br />

et l'innovation ont intro<strong>du</strong>it des<br />

nouveaux systèmes de transmission et<br />

ont diminué <strong>le</strong> coût de construction des<br />

infrastructures. Ainsi, l'idée d'un monopo<strong>le</strong><br />

naturel n'est plus aussi évidente.<br />

De plus, on a bien observé que l'absence<br />

de concurrence n'incite pas à diminuer<br />

<strong>le</strong>s coûts, à ré<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>s processus inefficaces<br />

et à des pertes de bien-être. En<br />

conséquence, la plupart des opérateurs


historiques, dans <strong>le</strong> monde entier, ont<br />

été la cib<strong>le</strong> de plans de privatisation.<br />

Cette section, issue de la même étude<br />

Femise, suit la même approche que la<br />

précédente en évaluant <strong>le</strong> bien-être<br />

atten<strong>du</strong> provenant de la libéralisation<br />

des services de télécommunication en<br />

Egypte, en Tunisie, au Maroc et en<br />

Turquie.<br />

En Egypte, ce secteur a renforcé son<br />

importance depuis 1999 avec l'établissement<br />

<strong>du</strong> « Ministère des Communications<br />

et des Technologies de l'information »<br />

(MCIT). De nombreux changements<br />

importants ont eu lieu dans ce secteur,<br />

reflétant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> accru qu'il joue<br />

dans <strong>le</strong> processus de développement<br />

et dans la mise à niveau en termes de<br />

technologies avancées. Le secteur des<br />

télécommunications contribue significativement<br />

au pro<strong>du</strong>it intérieur brut, <strong>le</strong>s<br />

statistiques officiel<strong>le</strong>s évaluant sa part<br />

à 3%. Il s'agit de plus, de l'un des<br />

secteurs dont la croissance est la plus<br />

rapide. Le nombre d'employés dans <strong>le</strong><br />

secteur atteint environ 0,27% de maind'oeuvre<br />

tota<strong>le</strong>, ce qui est relativement<br />

bas et illustre la nature capital-intensive<br />

de cette in<strong>du</strong>strie. Les dépenses tota<strong>le</strong>s<br />

dans ce secteur se sont é<strong>le</strong>vées à<br />

2,3 milliards de dollars en 2001, soit<br />

2,5% de pro<strong>du</strong>it intérieur brut (l'Union<br />

de Télécommunications Internationa<strong>le</strong><br />

(ITU), 2001).<br />

L'indice FR pour <strong>le</strong>s lignes fixes est évalué<br />

à 0,519 et l'indice FDR (Restrictions<br />

<strong>du</strong>es aux discriminations envers <strong>le</strong>s<br />

investisseurs étrangers) atteint 0,387<br />

(soit environ 75% <strong>du</strong> FR). Une seconde<br />

évaluation a été menée <strong>sur</strong> la base <strong>du</strong><br />

scénario plus libéral probab<strong>le</strong> après la fin<br />

<strong>2005</strong>. L'indice FR atteint cette fois 0,138<br />

-57-<br />

et l'indice FDR de 0,0973 (soit environ<br />

70% <strong>du</strong> FR). Pour <strong>le</strong> secteur de la téléphonie<br />

mobi<strong>le</strong>, on observe un indice FR<br />

de 0,354 et un indice FDR de 0,235 qui<br />

représente 67% <strong>du</strong> FR. Pour <strong>le</strong> secteur<br />

d'Internet, l'indice FR est de 0,124 et <strong>le</strong><br />

FDR de 0,089.<br />

En calculant l'équiva<strong>le</strong>nt tarifaire, on<br />

obtient un taux de protection de 13%<br />

dans <strong>le</strong> cas de la téléphonie mobi<strong>le</strong>, qui<br />

diminue à 4% si l'on se base <strong>sur</strong> <strong>le</strong> secteur<br />

des lignes fixes. Dans <strong>le</strong> cas d'Internet,<br />

où sont appliqués <strong>le</strong>s coefficients<br />

des lignes fixes, on obtient un équiva<strong>le</strong>nt<br />

tarifaire de 2%.<br />

Les résultats révè<strong>le</strong>nt que généra<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong> secteur des télécommunications en<br />

Egypte a connu plusieurs changements<br />

de politique et de niveau de régulation,<br />

con<strong>du</strong>isant <strong>le</strong> secteur et tous ses composants<br />

vers davantage de libéralisation.<br />

Les équiva<strong>le</strong>nts tarifaires calculés<br />

indiquent que <strong>le</strong> secteur de la téléphonie<br />

mobi<strong>le</strong> est relativement plus fortement<br />

protégé relativement aux lignes fixes et<br />

Internet. Quoique cela puisse semb<strong>le</strong>r<br />

<strong>sur</strong>prenant, <strong>le</strong>s lignes fixes étant supposées<br />

être généra<strong>le</strong>ment plus protégées,<br />

il peut s'agir plutôt d'un effet dû<br />

aux spécifications <strong>du</strong> modè<strong>le</strong> utilisé (qui<br />

change énormément si <strong>le</strong>s spécifications<br />

« lignes fixes » sont appliquées). Les<br />

estimations indiquent néanmoins que<br />

l'on peut attendre une forte diminution<br />

<strong>du</strong> niveau de protection dans <strong>le</strong> domaine<br />

des lignes fixes quand <strong>le</strong>s engagements<br />

GATS sont entièrement mis en œuvre à<br />

la fin de <strong>2005</strong>.<br />

Malgré l'adoption rapide de nouvel<strong>le</strong>s<br />

technologies et <strong>le</strong>ur intro<strong>du</strong>ction<br />

dans différents secteurs de l'économie,<br />

comme en témoigne plusieurs indica-


teurs différents, l'Egypte reste toujours<br />

relativement en retard, comparée aux<br />

autres pays à revenu moyen-inférieur,<br />

groupe dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> se classe.<br />

Dans <strong>le</strong> cas de la Tunisie, <strong>le</strong> gouvernement<br />

tunisien a été pendant une longue<br />

période peu disposé à entreprendre tout<br />

mouvement de libéralisation significatif,<br />

et peu a été fait jusqu'en 2001. Mais en<br />

2001, <strong>le</strong> processus de libéralisation dans<br />

ce secteur a été accéléré, la question<br />

n'étant plus de savoir s'il fallait ouvrir<br />

à la concurrence et à l'investissement<br />

étranger, mais de savoir comment et<br />

à quel<strong>le</strong> vitesse libéraliser. La réponse<br />

pourrait dépendre de l'impact atten<strong>du</strong> de<br />

cette libéralisation <strong>sur</strong> <strong>le</strong> secteur de télécommunication<br />

lui-même et <strong>sur</strong> l'économie<br />

entière, mais éga<strong>le</strong>ment de la façon<br />

dont la libéralisation est conçue.<br />

En appliquant l'analyse séparément à<br />

la téléphonie fixe, aux portab<strong>le</strong>s et aux<br />

services Internet, <strong>le</strong>s indices de restriction<br />

atteignent respectivement 60%<br />

pour <strong>le</strong>s lignes fixes, 46% pour la téléphonie<br />

mobi<strong>le</strong> et 53% pour l'Internet.<br />

Sur la base des ces trois composantes,<br />

on obtient donc un taux moyen de 53%.<br />

En conséquence, l'équiva<strong>le</strong>nt tarifaire<br />

comp<strong>le</strong>t est évalué à 70%. Le résultat<br />

n'est pas <strong>sur</strong>prenant et confirme que <strong>le</strong>s<br />

télécommunications sont toujours fortement<br />

protégées. Mais, au-delà des effets<br />

directs atten<strong>du</strong>s, la principa<strong>le</strong> question<br />

que cela pose pour la Tunisie est cel<strong>le</strong><br />

de la cohérence avec <strong>le</strong> plan stratégique<br />

tunisien préparant l'émergence d'une<br />

économie fondée <strong>sur</strong> la connaissance.<br />

Les techniques de communication en<br />

sont un pilier et <strong>le</strong> succès <strong>du</strong> plan tunisien<br />

ne peut s'envisager sans une ré<strong>du</strong>ction<br />

importante de la protection afin<br />

d'élargir la diffusion loca<strong>le</strong>.<br />

-58-<br />

Quant au cas marocain, comme beaucoup<br />

d'autres pays, <strong>le</strong> Maroc a mis<br />

l'accent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s télécommunications et<br />

<strong>le</strong>s technologies de l'information dès <strong>le</strong><br />

début des années quatre-vingt-dix. Le<br />

développement significatif enregistré au<br />

cours de la période peut être expliqué<br />

maintenant par trois actions principa<strong>le</strong>s-:<br />

réformes léga<strong>le</strong>s et institutionnel<strong>le</strong>s<br />

dans <strong>le</strong> domaine des télécommunications,<br />

ouverture politique et démocratisation<br />

et changements technologiques.<br />

L'indice de restriction général pour <strong>le</strong>s<br />

services de télécommunications au<br />

Maroc a été évalué à 0.278 et l'équiva<strong>le</strong>nt<br />

tarifaire qui en décou<strong>le</strong> atteint 32%.<br />

Autrement dit, <strong>le</strong>s restrictions existantes<br />

augmentent <strong>le</strong> prix de services de télécommunications<br />

de 32% relativement<br />

au niveau qui prévaudrait en cas de<br />

libéralisation complète. Les calculs indiquent<br />

éga<strong>le</strong>ment que l'équiva<strong>le</strong>nt tarifaire<br />

s'élève à 40,5% pour la téléphonie<br />

fixe, 29,7% pour <strong>le</strong>s services Internet<br />

et seu<strong>le</strong>ment 23,4% pour la téléphonie<br />

mobi<strong>le</strong>. Ces résultats indiquent ainsi que<br />

la libéralisation complète de services<br />

de télécommunications profiterait aux<br />

utilisateurs plus particulièrement dans<br />

la téléphonie fixe et Internet. La ré<strong>du</strong>ction<br />

des prix atten<strong>du</strong>e pour <strong>le</strong>s services<br />

mobi<strong>le</strong>s est relativement plus basse,<br />

mais toujours significative en termes<br />

absolus.<br />

Pour évaluer l'effet total d'une diminution<br />

de 32% <strong>du</strong> prix des services<br />

de télécommunications de l'économie,<br />

l'étude recourt à nouveau à la matrice<br />

d'Entrée-sortie 1998 de l'économie<br />

marocaine. On suppose à nouveau l'absence<br />

de changement significatif de la<br />

structure de l'économie marocaine pendant<br />

la période 1998-<strong>2005</strong>. Plus particu-


lièrement, cela suppose que <strong>le</strong> secteur<br />

des télécommunications joue éga<strong>le</strong>ment<br />

plus ou moins <strong>le</strong> même rô<strong>le</strong> en <strong>2005</strong><br />

qu'en 1998. Là, cette hypothèse est<br />

une limitation sérieuse en sous-estimant<br />

<strong>le</strong>s progrès remarquab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> secteur<br />

de télécommunication ces dernières<br />

années. Une deuxième limite inhérente à<br />

la matrice d'Entrée-sortie 1998 est l'absence<br />

de distinction entre <strong>le</strong> transport et<br />

<strong>le</strong>s télécommunications, regroupé dans<br />

la même ligne. Sur la base des données<br />

de va<strong>le</strong>ur ajoutée, la part des télécommunications<br />

dans l'ensemb<strong>le</strong> « Transport<br />

et télécommunications » s'est é<strong>le</strong>vée à<br />

23% en 1998 et plus de 34% en 2002.<br />

Sur la base des calculs précédents,<br />

on peut s'attendre à ce que l'adoption<br />

des règ<strong>le</strong>ments de l'UE dans <strong>le</strong> secteur<br />

de télécommunication con<strong>du</strong>ise à une<br />

ré<strong>du</strong>ction moyenne <strong>du</strong> prix des services<br />

de télécommunication de 32%. En conséquence,<br />

<strong>le</strong> bien-être global en termes<br />

de consommation tota<strong>le</strong>, s'améliorera<br />

de 1,627%. En 1998, la consommation<br />

représentant 86,12% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut, ce gain de bien-être se tra<strong>du</strong>irait<br />

par une augmentation de 1,4%<br />

<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut. En 2004, <strong>le</strong><br />

pro<strong>du</strong>it intérieur brut s'est é<strong>le</strong>vé à 444<br />

milliards DH, soit 50 milliards d'US$, ce<br />

qui permet d'évaluer <strong>le</strong> gain de bienêtre<br />

dû à l'adoption des règ<strong>le</strong>ments de<br />

l'UE en matière de télécommunication<br />

à 700 millions US$ (tout en gardant<br />

en mémoire que ce chiffre sous-estime<br />

l'effet total).<br />

En Turquie, <strong>le</strong>s services de télécommunication<br />

étaient fournis jusqu'en 1994 par<br />

la société publique PTT, monopo<strong>le</strong> national<br />

offrant éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s services postaux.<br />

La Turquie a décidé de libéraliser <strong>le</strong><br />

secteur des télécommunications pendant<br />

-59-<br />

<strong>le</strong>s années 1990. Le Par<strong>le</strong>ment a passé<br />

une nouvel<strong>le</strong> Loi de Télécommunications<br />

en 2000, amendée en 2001. Depuis<br />

lors, la Turquie essaye de libéraliser <strong>le</strong><br />

secteur de télécommunications en suivant<br />

l'approche de l'UE. Les autorités<br />

partent <strong>du</strong> principe que la concurrence<br />

et la rég<strong>le</strong>mentation dans <strong>le</strong> secteur<br />

sont essentiel<strong>le</strong>s et que la privatisation,<br />

combinée avec l'établissement de codes<br />

de con<strong>du</strong>ite, est essentiel<strong>le</strong> pour atteindre<br />

l'efficacité économique et garantir <strong>le</strong><br />

service universel nécessaire pour éviter<br />

toute « fracture digita<strong>le</strong> ».<br />

Les estimations des différents indices<br />

de restriction atteignent 0,193 pour <strong>le</strong>s<br />

lignes fixes, 0,165 pour la téléphonie<br />

mobi<strong>le</strong> et 0,12 dans <strong>le</strong> cas des services<br />

Internet. En utilisant la matrice d'entrée-sortie<br />

et en supposant que l'adoption<br />

des règ<strong>le</strong>s de l'UE dans <strong>le</strong> secteur<br />

des télécommunications con<strong>du</strong>ise à une<br />

baisse de prix des télécommunications<br />

de 33,53%, <strong>le</strong> bien-être global devrait<br />

s'accroître de 0.587%, soit une augmentation<br />

annuel<strong>le</strong> de 1,12 milliards<br />

US$ <strong>du</strong> revenu réel des consommateurs<br />

turcs. La part de la consommation dans<br />

<strong>le</strong> PIB s'é<strong>le</strong>vant à 72,95% en 1996, <strong>le</strong><br />

changement de bien-être est équiva<strong>le</strong>nt<br />

à l'augmentation de 0,428% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it<br />

intérieur brut réel. Fina<strong>le</strong>ment, il<br />

faut remarquer qu'à partir de <strong>2005</strong>, la<br />

Turquie a adopté la plupart des règ<strong>le</strong>s<br />

<strong>euro</strong>péennes. Il ne reste donc plus qu'à<br />

mettre en oeuvre ces règ<strong>le</strong>ments par la<br />

Turquie pour tirer <strong>le</strong>s bénéfices calculés<br />

ci-dessus.<br />

L’importance <strong>du</strong> transport maritime<br />

Le transport maritime constitue une activité<br />

économique importante dans presque<br />

tous <strong>le</strong>s partenaires de Méditerranée.


Ainsi, environ 95% de commerce inter-<br />

national de marchandises de la Tunisie<br />

est expédié ou reçu par voie maritime<br />

et <strong>le</strong> volume de son commerce équivaut<br />

à près de 80% de son pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut. En Egypte, l'importance <strong>du</strong> secteur<br />

résulte de l'emplacement géographique<br />

de l'Egypte dont <strong>le</strong>s ports comptaient<br />

parmi <strong>le</strong>s plus importants dans la région<br />

de Méditerranée, faisant fonction de<br />

hub pour la région arabe, ou de station<br />

importante de transbordement entre<br />

l'Europe et <strong>le</strong> reste <strong>du</strong> monde. Au Maroc,<br />

<strong>le</strong>s statistiques disponib<strong>le</strong>s indiquent que<br />

plus de 98% <strong>du</strong> commerce international<br />

<strong>du</strong> pays empruntent la mer, soit plus<br />

de 60 millions de tonnes métriques en<br />

2004.<br />

Le transport est donc un élément essentiel<br />

de la capacité des PM à préserver et<br />

étendre <strong>le</strong>urs parts de marché et à faire<br />

face à la concurrence <strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs marchés.<br />

Mais, dans <strong>le</strong> cas présent sans dout<br />

plus qu'ail<strong>le</strong>urs, la cohérence régiona<strong>le</strong><br />

doit prévaloir au moment d'envisager<br />

en détails <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es d'ouverture, <strong>le</strong><br />

rendement des initiatives de chacun<br />

étant fortement dépendant des actions<br />

des autres partenaires. Ainsi, si l'Algérie<br />

améliore la capacité de ses aéroports<br />

d'accueillir des gros porteurs, cela peut<br />

intensifier ses échanges avec <strong>le</strong>s autres<br />

PM à condition qu'eux-mêmes puissent<br />

offrir des services similaires aux compagnies<br />

aériennes[29].<br />

Pour illustrer l'importance <strong>du</strong> secteur, on<br />

pourra se référer à une étude Femise<br />

portant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s conditions d'intégration<br />

régiona<strong>le</strong>[30]. L'analyse montre entre<br />

autre que <strong>le</strong> commerce vers des zones<br />

de plus en plus distantes croît grâce<br />

à l'expansion <strong>du</strong> transport maritime<br />

dont <strong>le</strong> coût reste é<strong>le</strong>vé alors qu'il est<br />

-60-<br />

un élément clé de la capacité des PM à<br />

faire face à la concurrence, s'exprimant<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés <strong>euro</strong>péens notamment.<br />

Le lien création de trafic-qualité des<br />

infrastructures semb<strong>le</strong> se distendre, ce<br />

qui peut paraître paradoxal, mais qui,<br />

en fait, reflète l'existence d'économies<br />

d'échel<strong>le</strong>. Les pays qui accusaient un<br />

certain retard dans <strong>le</strong>s années 70-80<br />

ont progressivement rattrapé <strong>le</strong>s pays<br />

<strong>le</strong>s plus avancés et <strong>le</strong>s gains de la construction<br />

d'une route supplémentaire, par<br />

exemp<strong>le</strong>, seront de moins en moins<br />

importants à me<strong>sur</strong>e que <strong>le</strong> réseau routier<br />

s'étendra.<br />

Il apparaît toutefois que la création de<br />

trafic au sein des PM (Algérie, Egypte,<br />

Maroc, Tunisie, Turquie) in<strong>du</strong>ite par une<br />

ré<strong>du</strong>ction des coûts de transport <strong>du</strong>e à<br />

une amélioration de la qualité <strong>du</strong> transport<br />

d'une situation intermédiaire à un<br />

niveau équiva<strong>le</strong>nt à celui des 25% des<br />

pays <strong>le</strong>s plus performants[31], pourrait<br />

être de 34% à 55%[32]. Le pays qui<br />

en retirerait <strong>le</strong> plus de profit serait la<br />

Turquie qui est <strong>le</strong> pays <strong>le</strong> plus riche de la<br />

zone mais celui qui enregistre une part<br />

dans <strong>le</strong>s infrastructures tota<strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>.<br />

Reste à savoir s'il pourra tirer tous <strong>le</strong>s<br />

bénéfices potentiels d'une tel<strong>le</strong> mise à<br />

niveau sachant que <strong>le</strong> rattrapage nécessaire<br />

est conséquent.<br />

Figure 8 : Part de chaque pays dans <strong>le</strong><br />

total des infrastructures de la zone<br />

Source : étude Femise FEM22-36


On peut éga<strong>le</strong>ment calcu<strong>le</strong>r l'effet glo-<br />

bal d'une libéralisation <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong><br />

transport maritime, en utilisant la même<br />

méthodologie que dans <strong>le</strong>s sections précédentes.<br />

C'est ce qu'a réalisé l'étude<br />

Femise déjà cité (FEM22-02), évaluant<br />

l'impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> bien-être provenant<br />

d'une libéralisation <strong>du</strong> secteur enten<strong>du</strong>e<br />

comme la mise en conformité avec <strong>le</strong>s<br />

règ<strong>le</strong>ments de l'UE. Ainsi, on soulignera<br />

à nouveau que la libéralisation dans<br />

<strong>le</strong> contexte présent se conçoit comme<br />

<strong>le</strong> mouvement vers <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments en<br />

usage au sein de l'UE et est bien loin de<br />

l'abolition de tous <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments.<br />

Les résultats <strong>sur</strong> l'Egypte montrent que<br />

<strong>le</strong> secteur maritime est parmi <strong>le</strong>s secteurs<br />

qui restent relativement protégés<br />

comparé aux secteurs des banques et<br />

des télécommunications. Les équiva<strong>le</strong>nts<br />

tarifaires sont relativement hauts, mais<br />

néanmoins comparab<strong>le</strong>s à d'autres pays.<br />

En fait, l'indice de restriction envers <strong>le</strong>s<br />

étrangers (l'indice FR) est inférieur à<br />

celui des Etats-Unis et très comparab<strong>le</strong><br />

à celui de l'Al<strong>le</strong>magne. Le principal<br />

problème <strong>du</strong> secteur maritime est la<br />

non transparence : <strong>le</strong>s textes évoquent<br />

certaines pratiques libéra<strong>le</strong>s mais la réalité<br />

démontre des pratiques restrictives.<br />

Malgré <strong>le</strong>s réformes entreprises dans <strong>le</strong>s<br />

années 90, qui ont ouvert <strong>le</strong> secteur, il<br />

demeure donc fortement protégé. Cela<br />

a été confirmé par <strong>le</strong>s obligations de<br />

l'Egypte pour <strong>le</strong> GATS qui ont montré<br />

des engagements fortement restrictifs.<br />

Pour des questions de données, l'analyse<br />

a été con<strong>du</strong>ite conjointement <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> transport maritime et <strong>le</strong> secteur des<br />

télécommunications. La libéralisation <strong>du</strong><br />

transport maritime et <strong>du</strong> secteur des<br />

télécommunications, suivant <strong>le</strong>s normes<br />

de l'UE, doit aboutir à des augmentations<br />

-61-<br />

de bien-être respectivement de 11,2%<br />

et 0,89% en termes de consommation<br />

ou encore 5,47% et 0,74% en termes<br />

de pro<strong>du</strong>it intérieur brut. En fait l'effet<br />

de bien-être sera probab<strong>le</strong>ment plus bas<br />

que cela, <strong>le</strong>s calculs supposant que la<br />

libéralisation s'applique au secteur entier<br />

qui inclut <strong>le</strong>s télécommunications avec<br />

tous <strong>le</strong>s modes de transport.<br />

Dans <strong>le</strong> cas de la Tunisie, l'indice de<br />

restriction <strong>du</strong> transport maritime atteint<br />

40%, soit un équiva<strong>le</strong>nt tarifaire de<br />

50%. Étant données <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es déjà<br />

prises pour libéraliser <strong>le</strong> secteur, ce taux<br />

n'est pas si haut comparé à d'autres<br />

pays au sein et à l'extérieur de la région,<br />

mais il reste plutôt é<strong>le</strong>vé comparé aux<br />

taux obtenus par <strong>le</strong>s pays plus développés,<br />

dont <strong>le</strong>s pays de l'UE. La libéralisation<br />

se définissant comme l'adoption<br />

des règ<strong>le</strong>ments en vigueur dans l'UE,<br />

l'indice devrait être ré<strong>du</strong>it à environ<br />

30%, approximativement <strong>le</strong> taux obtenu<br />

dans <strong>le</strong>s pays de l'UE, pour un équiva<strong>le</strong>nt<br />

tarifaire de ce même ordre. Les prix <strong>du</strong><br />

transport maritime connaîtraient donc<br />

une baisse significative. En termes d'impact<br />

indirect <strong>sur</strong> <strong>le</strong> prix de marchandises<br />

et <strong>sur</strong> <strong>le</strong> bien-être, <strong>le</strong> résultat peut semb<strong>le</strong>r<br />

faib<strong>le</strong>, mais il ne s'agit là que des<br />

effets directs qui ne représentent pas<br />

tous <strong>le</strong>s gains.<br />

Au Maroc, en convertissant l'indice de<br />

restriction comp<strong>le</strong>t concernant <strong>le</strong>s services<br />

maritimes de transport, évalué<br />

à 0.5425, on parvient à un équiva<strong>le</strong>nt<br />

tarifaire de 72%. Autrement dit, <strong>le</strong>s<br />

restrictions actuel<strong>le</strong>s entraînent un coût<br />

supplémentaire des services maritimes<br />

de transport de 72% en comparaison à<br />

ce qui prévaudrait après libéralisation.<br />

Ce coût substantiel affecte l'économie<br />

dans son ensemb<strong>le</strong> et sape sérieuse-


ment la capacité des opérateurs marocains<br />

à rivaliser efficacement <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés étrangers. Il représente aussi<br />

un handicap sérieux pour attirer des<br />

investisseurs étrangers désirant faire <strong>du</strong><br />

Maroc une plate-forme d'exportation.<br />

Pour évaluer l'effet présumé d'une diminution<br />

de 72% <strong>du</strong> prix de services maritimes,<br />

on utilise à nouveau la matrice<br />

1998 d'Entrées-sorties de l'économie<br />

marocaine. Cela suppose que <strong>le</strong> secteur<br />

maritime joue grossièrement <strong>le</strong><br />

même rô<strong>le</strong> en <strong>2005</strong> qu'en 1998, ce qui<br />

est dans une certaine me<strong>sur</strong>e soutenab<strong>le</strong><br />

vues <strong>le</strong>s statistiques <strong>du</strong> transport<br />

maritime et l'état actuel des réformes<br />

touchant <strong>le</strong>s divers composants de la<br />

chaîne logistique. Cependant, la limite<br />

la plus importante dans l'évaluation de<br />

bien-être est <strong>du</strong>e au fait que la matrice<br />

d'Entrées-sorties 1998 ne sépare pas <strong>le</strong><br />

transport des télécommunications.<br />

Sur la base des calculs effectués, on<br />

peut estimer néanmoins qu'en alignant<br />

<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments marocains des services<br />

de transport maritime <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments<br />

<strong>euro</strong>péens et as<strong>sur</strong>ant la concurrence<br />

dans la fourniture des services,<br />

on observerait une amélioration<br />

<strong>du</strong> bien-être des consommateurs de<br />

3,254% en termes de consommation<br />

tota<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>-ci comptant pour 86,12%<br />

<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut 1998, ce gain<br />

de bien-être se tra<strong>du</strong>irait par une augmentation<br />

de 2,84% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut. C'est là une croissance substantiel<strong>le</strong><br />

qui révè<strong>le</strong> l'amp<strong>le</strong>ur <strong>du</strong> coût<br />

économique pour <strong>le</strong> Maroc <strong>du</strong> manque<br />

d'efficacité dans <strong>le</strong>s services de transport<br />

maritime. El<strong>le</strong> illustre aussi <strong>le</strong> gain<br />

potentiel atten<strong>du</strong> une fois <strong>le</strong>s réformes<br />

<strong>du</strong> secteur maritime efficacement mises<br />

en œuvre.<br />

-62-<br />

Dans <strong>le</strong> cas turc, l'indice <strong>du</strong> niveau<br />

des restrictions touchant <strong>le</strong>s étrangers<br />

atteint 0,4944 pour la Turquie contre<br />

0,3270 pour <strong>le</strong>s 15 Etats membres de<br />

l'UE. Pour effectuer la conversion de<br />

l'indice en un tarif ad valorem, l'étude a<br />

considéré trois scénarios alternatifs. Le<br />

premier scénario suppose que la Turquie<br />

baisse son indice (0.4944) au niveau<br />

de celui de l'UE (0.3270) en adoptant<br />

<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>euro</strong>péennes tel<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong>s<br />

étaient fin 1998. Dans <strong>le</strong> deuxième<br />

scénario, <strong>le</strong> degré des restrictions en<br />

Turquie est abaissé au niveau de celui<br />

<strong>du</strong> Royaume-Uni (0.2394), <strong>le</strong> plus bas<br />

parmi tous <strong>le</strong>s Etats membres de l'UE<br />

considérés. Fina<strong>le</strong>ment, dans <strong>le</strong> dernier<br />

scénario, il est supposé que toutes <strong>le</strong>s<br />

restrictions <strong>du</strong> commerce dans <strong>le</strong>s services<br />

maritimes sont <strong>le</strong>vées.<br />

Les calculs révè<strong>le</strong>nt que, si la Turquie<br />

libéralise son secteur maritime pour<br />

que son indice rejoigne <strong>le</strong> niveau 1998<br />

pour 15 Etats membres de l'UE, <strong>le</strong>s<br />

prix maritimes turcs seraient ré<strong>du</strong>its de<br />

30,44%. Une poursuite de la libéralisation<br />

maritime en Turquie con<strong>du</strong>isant<br />

au niveau <strong>du</strong> Royaume-Uni impliquerait<br />

une chute de prix supplémentaire de<br />

15,92%. Enfin, une élimination complète<br />

des barrières commercia<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong> secteur maritime turc donnerait une<br />

baisse de prix de 89,9%.<br />

Pour obtenir l'effet en termes de bienêtre<br />

<strong>du</strong> possib<strong>le</strong> changement <strong>du</strong> prix de<br />

transport maritime <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s prix d'autres<br />

marchandises et des services, l'étude a<br />

utilisé la matrice d'Entrées-sorties 1996<br />

qui comporte 97 secteurs. Selon <strong>le</strong>s<br />

trois scénarios alternatifs de libéralisation<br />

maritime en Turquie mentionnés<br />

ci-dessus, <strong>le</strong> bien-être de la société<br />

turque augmenterait respectivement de


0,22, 0,34 et 0,66%. Convertis dans<br />

<strong>le</strong>urs équiva<strong>le</strong>nts de croissance de pro<strong>du</strong>it<br />

intérieur brut réels, la consommation<br />

de 1996 formant 72,95% <strong>du</strong><br />

pro<strong>du</strong>it intérieur brut, on obtiendrait<br />

0.1616, 0.2464 ou 0.4793% de croissance<br />

<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut réel de<br />

la Turquie.<br />

On peut conclure que la libéralisa-<br />

tion <strong>du</strong> secteur maritime constitue une<br />

bonne opportunité d'augmentation <strong>du</strong><br />

bien-être des PM, bien qu'à des degrés<br />

divers. Les quatre pays bénéficieraient<br />

de l'adoption et de la mise en œuvre<br />

de la structure léga<strong>le</strong>, régulatrice et<br />

institutionnel<strong>le</strong> de l'UE <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan <strong>du</strong><br />

secteur <strong>du</strong> transport. L'effet principal<br />

décou<strong>le</strong>rait de l'augmentation de la concurrence<br />

dans <strong>le</strong> secteur. Il convient de<br />

noter à nouveau <strong>le</strong>s limites de la méthodologie<br />

des tab<strong>le</strong>aux Entrées-sorties qui<br />

ne peuvent prendre en compte que <strong>le</strong>s<br />

effets statiques. Ils ne capturent par<br />

exemp<strong>le</strong> pas l'augmentation probab<strong>le</strong><br />

de la demande de consommation pour<br />

<strong>le</strong>s matières premières après la ré<strong>du</strong>ction<br />

de <strong>le</strong>urs prix, qui nécessiterait des<br />

informations <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s élasticités des prix<br />

de demande de toutes <strong>le</strong>s matières premières<br />

couvertes dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux.<br />

On notera une fois encore que, pour<br />

« modestes » que peuvent apparaître<br />

ces effets statiques globaux, ils demeurent<br />

toutefois parmi <strong>le</strong>s plus significatifs<br />

pour 3 d'entre-eux. Surtout, en termes<br />

de prix, l'effet pour <strong>le</strong>s firmes sera loin<br />

d'être négligeab<strong>le</strong> au niveau microéconomique.<br />

Comme on l'a souligné<br />

dans la partie I, <strong>le</strong>s firmes adoptent un<br />

comportement d'optimisation pour faire<br />

face à la concurrence, et de ce point de<br />

vue, <strong>le</strong>s problèmes liés aux transports<br />

-63-<br />

constituent un obstac<strong>le</strong> souvent cité.<br />

Il est bien évident que toute source<br />

permettant de stimu<strong>le</strong>r la compétitivitéprix<br />

des firmes, sans agir au niveaux<br />

des effectifs ou de la masse salaria<strong>le</strong><br />

(cela est incompatib<strong>le</strong> avec la contrainte<br />

socia<strong>le</strong> des PM) revêt une importance<br />

stratégique. Enfin, l'examen des problèmes<br />

<strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

ont éga<strong>le</strong>ment montré que <strong>le</strong>s PM<br />

devaient pour progresser dans la chaîne<br />

de va<strong>le</strong>ur, accroître la « réactivité » de<br />

<strong>le</strong>ur firme. Ici, en plus de l'effet prix, la<br />

libéralisation <strong>du</strong> transport devient éga<strong>le</strong>ment<br />

une composante majeur d'un<br />

projet in<strong>du</strong>striel global.<br />

De plus, <strong>le</strong> transport demeure un des<br />

principaux facteurs <strong>du</strong> processus comp<strong>le</strong>xe<br />

de développement, parce que<br />

l’existence d’un réseau de transport<br />

fiab<strong>le</strong> est un pré-requis pour <strong>le</strong>s investisseurs<br />

et, en particulier, pour <strong>le</strong>s<br />

exportateurs. Il est en effet bien établi<br />

qu’un système de transport maritime<br />

inefficace, <strong>le</strong>s progrès en termes d’investissement<br />

et de croissance seront<br />

très diffici<strong>le</strong>s à atteindre.<br />

III. L’intégration régiona<strong>le</strong> : l’heure<br />

des choix<br />

La question <strong>du</strong> transport con<strong>du</strong>it tout<br />

naturel<strong>le</strong>ment à l'un des grands manques<br />

des dix premières années <strong>du</strong> processus<br />

de Barcelone, comme indiqué dans l'intro<strong>du</strong>ction,<br />

celui de l'intégration régiona<strong>le</strong><br />

sud-sud. La sratégie de l'ouverture<br />

a clairement été choisie par la quasitotalité<br />

des partenaires <strong>méditerranéen</strong>s,<br />

mais l'axe nord-sud semb<strong>le</strong> encore bien<br />

privilégié par rapport à une dimension<br />

plus régiona<strong>le</strong>. C'est l'objet de cette<br />

partie que de se poser la question de la<br />

cohérence de cet état de fait, des raisons


qui peuvent l'expliquer ou permettre de<br />

progresser <strong>sur</strong> l'axe transversal et, ce<br />

qui peut apparaître essentiel dans <strong>le</strong><br />

contexte <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>, de ce que<br />

<strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>euro</strong>péen peut apporter aux<br />

dernières initiatives régiona<strong>le</strong>s.<br />

1. L'insertion internationa<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong><br />

des PM<br />

Très peu de pays ne sont pas impliqués<br />

dans un accord commercial quelconque<br />

(7 selon Bouet et Mayer, 2003) et de ce<br />

point de vue <strong>le</strong>s PM ne sont pas dans une<br />

situation atypique au premier abord. Ils<br />

sont membres de l'OMC (Egypte, Maroc,<br />

Tunisie, Turquie depuis 1995, Jordanie<br />

depuis 2000) ; ils ont signé des accords<br />

commerciaux avec <strong>le</strong>urs voisins <strong>euro</strong>péens<br />

et la politique de nouveau voisin<br />

ouvre des négociations pour la mise en<br />

place d'une vaste zone de libre-échange<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>ne ; enfin, ils sont<br />

partie prenante de divers accords régionaux.<br />

Toute la question est de savoir quel<strong>le</strong><br />

est la cohérence de la stratégie commercia<strong>le</strong><br />

des PM et la compatibilité entre<br />

<strong>le</strong>urs approches multilatéra<strong>le</strong> et régiona<strong>le</strong><br />

de la libéralisation des échanges. Pour<br />

répondre à cette question, une approche<br />

consiste à me<strong>sur</strong>er <strong>le</strong> degré d'ouverture<br />

commercia<strong>le</strong> d'un pays, à partir d'une<br />

estimation <strong>du</strong> niveau et de la dispersion<br />

des tarifs et des conséquences des barrières<br />

non-tarifaires. Le protectionnisme<br />

peut se définir, en effet, comme toute<br />

action qui gêne <strong>le</strong>s échanges de biens<br />

et services en faisant en sorte que <strong>le</strong>s<br />

biens importés par un acteur national<br />

soient relativement plus coûteux que<br />

<strong>le</strong>s mêmes biens pro<strong>du</strong>its <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

national. Si <strong>le</strong> prix, toutes taxes comprises,<br />

de ces deux biens identiques mais<br />

-64-<br />

pro<strong>du</strong>its en des lieux différents est <strong>le</strong><br />

même <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché considéré alors il<br />

n'y a pas de protectionnisme. A partir de<br />

ces indicateurs de degré d'ouverture <strong>du</strong><br />

marché domestique d'un pays et de ses<br />

marchés d'exportation, il est possib<strong>le</strong><br />

d'avoir une meil<strong>le</strong>ure idée de la politique<br />

commercia<strong>le</strong> optima<strong>le</strong> pour ce pays et<br />

enfin, de la cohérence entre <strong>le</strong>s accords<br />

passés et de la stratégie d'ouverture<br />

optima<strong>le</strong> (multilatéra<strong>le</strong>, régiona<strong>le</strong>, etc.).<br />

Une étude menée par une équipe<br />

Femise[35] a exploité une nouvel<strong>le</strong> base<br />

de données qui offre une estimation<br />

<strong>du</strong> degré d'ouverture d'un pays fondée<br />

<strong>sur</strong> un calcul, mené <strong>sur</strong> une base<br />

bilatéra<strong>le</strong>, détaillée et désagrégée, qui<br />

inclut <strong>le</strong> degré de dispersion des tarifs<br />

selon <strong>le</strong>s biens, ce qui se fait traditionnel<strong>le</strong>ment,<br />

mais éga<strong>le</strong>ment selon <strong>le</strong>s<br />

partenaires suivant <strong>le</strong> type d'accord en<br />

vigueur (accords régionaux, traitements<br />

préférentiels) et qui se tra<strong>du</strong>isent par<br />

des dispositions particulières (quotas<br />

tarifaires, droits spécifiques, etc.). Cette<br />

démarche permet de donner une image<br />

plus réaliste des barrières aux échanges<br />

existantes, même si chaque type de barrière<br />

a un impact différent <strong>sur</strong> <strong>le</strong> niveau<br />

des échanges qui dépend de l'élasticité<br />

de l'offre et de la demande et donner<br />

une estimation ad valorem de certaines<br />

d'entre el<strong>le</strong>s est délicat.<br />

L'accès au marché des PM<br />

La nouvel<strong>le</strong> me<strong>sur</strong>e des barrières commercia<strong>le</strong>s<br />

employée ici montre que <strong>le</strong>s<br />

marchés des PM sont très protégés.<br />

Les pays <strong>le</strong>s plus riches appliquent en<br />

général un niveau global de protection<br />

inférieur, mais l'examen par secteur souligne<br />

une réalité toute autre, notamment<br />

en ce qui concerne <strong>le</strong>s marchés agrico<strong>le</strong>s<br />

des pays de l'OCDE où la protection est


tout aussi forte que cel<strong>le</strong> calculée pour<br />

<strong>le</strong>s PM (tab<strong>le</strong>au X15). Au sein <strong>du</strong> groupe<br />

des pays en développement, <strong>le</strong> niveau<br />

de protection est en général plus é<strong>le</strong>vé<br />

et plus homogène que pour des pays<br />

plus riches. Quelques exceptions cependant<br />

: Madagascar a une politique de<br />

libre-échange et <strong>le</strong> Lesotho a un niveau<br />

de barrières tarifaires qui varie d'un secteur<br />

à l'autre.<br />

Une comparaison des performances des<br />

PM au niveau mondial comme avec <strong>le</strong>s<br />

pays à revenu intermédiaire[36] souligne<br />

<strong>le</strong> fort degré de protection de <strong>le</strong>urs<br />

marchés domestiques, <strong>sur</strong>tout pour la<br />

Libye, <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et l'Egypte<br />

(figure 9). La Turquie est relativement<br />

-65-<br />

plus ouverte que <strong>le</strong>s autres PM, à l'exception<br />

<strong>du</strong> Liban. Cela reflète l'influence<br />

de l'UE, via l'accord d'union douanière<br />

et <strong>le</strong>s perspectives d'entrer dans l'Union<br />

économique, qui oblige <strong>le</strong> pays à s'aligner<br />

<strong>sur</strong> ses pratiques. Son secteur agrico<strong>le</strong><br />

demeure néanmoins très protégé.<br />

Ce traitement différencié des secteurs<br />

in<strong>du</strong>striel et agrico<strong>le</strong> est commun à tous<br />

<strong>le</strong>s pays. Seuls l'Egypte, la Syrie et la<br />

Libye protègent moins l'agriculture que<br />

l'in<strong>du</strong>strie dont certaines activités sont<br />

naissantes.<br />

Une analyse plus fine de la protection<br />

par type de bien confirme que cel<strong>le</strong>-ci est<br />

é<strong>le</strong>vée pour certains pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s,<br />

comme <strong>le</strong>s céréa<strong>le</strong>s au Japon, la viande<br />

Tab<strong>le</strong>au X15 : Niveau de protection global et sectoriel dans <strong>le</strong>s PM<br />

Global Agriculture In<strong>du</strong>strie<br />

Pays <strong>méditerranéen</strong>s Algérie 13,8% 17,9% 13,5%<br />

Egypte 29,0% 13,8% 30,3%<br />

Jordanie 11,2% 11,8% 11,1%<br />

Liban 3,9% 8,8% 3,4%<br />

Libye 21,0% 11,9% 21,8%<br />

Maroc 20,9% 43,9% 19,0%<br />

Syrie 16,4% 12,1% 16,8%<br />

Tunisie 20,2% 57,5% 17,1%<br />

Turquie 6,1% 42,0% 3,1%<br />

Pays OCDE Australie 5,2% 1,2% 5,5%<br />

Canada 3,5% 15,2% 2,6%<br />

UE 3,5% 17,2% 2,6%<br />

Japon 4,1% 37,4% 1,5%<br />

Suisse 3,9% 43,7% 1,0%<br />

USA 2,4% 5,1% 2,2%<br />

Pays émergents Argentine 12,5% 11,5% 12,6%<br />

Brésil 11,8% 10,2% 11,9%<br />

Chine 14,1% 23,6% 13,3%<br />

inde 33,4% 59,2% 30,1%<br />

Pakistan 19,1% 26,9% 18,1%<br />

Afrique <strong>du</strong> Sud 8,5% 19,4% 7,4%<br />

Pays <strong>le</strong>s moins avancés Bangladesh 17,4% 20,0% 17,1%<br />

Cambodge 12,9% 12,7% 13,0%<br />

Tchad 15,8% 21,5% 14,7%<br />

Ethiopie 14,4% 17,0% 13,9%<br />

Lesotho 8,1% 20,7% 6,4%<br />

Madagascar 4,4% 4,8% 4,3%<br />

Source : Etude Femise FEM22-36, à partir de MacMap-HS6 des calculs des auteurs


en Suisse, etc. et pour <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>ctions<br />

de secteurs-clé de l'économie (habil<strong>le</strong>ment<br />

en Egypte, véhicu<strong>le</strong>s en Syrie), ce<br />

qui reflète <strong>le</strong> poids des lobbies ou l'adoption<br />

de politiques de développement de<br />

nouvel<strong>le</strong>s activités qu'il faut iso<strong>le</strong>r de la<br />

concurrence mondia<strong>le</strong> jusqu'à ce qu'el<strong>le</strong>s<br />

soient en me<strong>sur</strong>e d'y faire face.<br />

De plus, <strong>le</strong>s données employées permettent<br />

de tracer <strong>le</strong> niveau de protection<br />

bilatéra<strong>le</strong>, c'est-à-dire <strong>le</strong> degré d'accès<br />

d'un pays au marché de son partenaire<br />

(tab<strong>le</strong>au X15). L'interprétation de ces<br />

chiffres doit être prudente[37] car ils<br />

renvoient à la fois au type d'accord<br />

-66-<br />

qu'un pays entretien avec un autre (<strong>le</strong><br />

Maroc a des accords avec la Libye et l'Algérie<br />

et <strong>le</strong> commerce est libre entre ces<br />

pays) mais aussi la composition de <strong>le</strong>urs<br />

flux d'échanges et <strong>le</strong>urs spécialisations<br />

respectives qui, plus el<strong>le</strong>s sont similaires<br />

à cel<strong>le</strong>s <strong>du</strong> pays partenaire, plus el<strong>le</strong>s<br />

l'incitent à hausser ses barrières (par<br />

exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s exports d'habil<strong>le</strong>ment de<br />

la Turquie sont fortement pénalisées<br />

dans ses échanges avec l'Egypte, contre<br />

exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s exports de pétro<strong>le</strong> et<br />

gaz de l'Algérie ou de la Libye bénéficient<br />

d'un accès quasi libre à tous <strong>le</strong>s<br />

marchés). Les enseignements de cette<br />

approche sont :<br />

Figure 9 : Comparaison des niveaux de protection dans <strong>le</strong> monde, imports<br />

Figure 10 : Comparaison des niveaux de protection dans <strong>le</strong> monde, exports<br />

Source-: Femise, à partir de l’étude FEM22-22


√ que globa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s PM discrimi-<br />

nent fortement <strong>le</strong>urs partenaires à<br />

l'import. Cela est dû certes à l'existence<br />

d'accords commerciaux mais<br />

plus largement à l'hétérogénéité des<br />

tarifs qu'ils pratiquent ;<br />

√ que la plupart des pays, membres de<br />

l'OMC, se réservent <strong>le</strong> droit de pratiquer<br />

des tarifs qui dépassent sensib<strong>le</strong>ment<br />

ceux prévus par <strong>le</strong>s accords<br />

(16,2% plus é<strong>le</strong>vés pour la Tunisie,<br />

24,8% pour la Turquie), à l'exception<br />

de l'Egypte.<br />

√ que <strong>le</strong>s exports des PM à destination<br />

de l'UE ont pu se développer grâce<br />

aux faib<strong>le</strong>s tarifs imposés comparativement<br />

à ceux pratiqués par d'autres<br />

pays tels que <strong>le</strong>s Etats-Unis ou <strong>le</strong><br />

reste de l'OCDE. C'est ce qui explique<br />

<strong>le</strong>ur spécialisation dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

par exemp<strong>le</strong> car l'UE<br />

est un marché proche et un des plus<br />

riches <strong>du</strong> monde.<br />

√ que <strong>le</strong>s tarifs imposés par <strong>le</strong>s PM <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s PM sont parmi <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés, ce<br />

-67-<br />

qui ne favorise pas une intégration<br />

Sud-Sud.<br />

√ que <strong>le</strong>s tarifs é<strong>le</strong>vés sont appliqués<br />

aux imports qui sont d'une importance<br />

mineure pour <strong>le</strong> bien-être des<br />

consommateurs dans <strong>le</strong>s cas de la<br />

Turquie, de la Tunisie et <strong>du</strong> Maroc<br />

mais pas pour <strong>le</strong> reste des PM.<br />

La spécialisation des PM, tel<strong>le</strong> qu'évoquée<br />

précédemment influence éga<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s formes d'intégration dans <strong>le</strong>s<br />

flux qui sont susceptib<strong>le</strong>s de convenir<br />

aux PM, de même que <strong>le</strong> poids de la<br />

protection tarifaire <strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs flux. On<br />

remarquera ainsi que :<br />

√ Le degré de diversification des exportations<br />

dépend de plusieurs facteurs<br />

tels que <strong>le</strong> processus d'in<strong>du</strong>strialisation,<br />

la politique d'ouverture mise en<br />

place et la concentration géographique<br />

des flux d'échanges. La proximité<br />

des pays <strong>du</strong> Maghreb et de l'UE explique<br />

donc la structure relativement<br />

plus concentrée des exports des pays<br />

<strong>du</strong> Maghreb. Deux conséquences à<br />

Tab<strong>le</strong>au X16 : Niveau de protection bilatéral, imports, 2001[38]<br />

Partenaires<br />

Reporter Algérie Egypte UE Jordanie Liban Libye Maroc Rest OCDE Syrie Tunisie Turquie USA<br />

Algérie 14,6% 14,6% 15,3% 18,4% 8,6% 0,0% 13,7% 12,8% 19,1% 19,7% 12,0%<br />

Egypte 7,3% 28,6% 10,2% 17,6% 3,2% 14,0% 24,1% 23,8% 15,1% 77,2% 28,2%<br />

Jordanie 18,8% 5,8% 12,6% 7,9% 3,6% 4,5% 10,3% 5,0% 7,1% 16,2% 9,9%<br />

Liban 2,0% 3,3% 4,7% 5,8% 2,3% 1,8% 3,0% 2,2% 4,5% 7,8% 3,8%<br />

Libye 37,9% 7,6% 21,6% 5,2% 11,6% 0,0% 18,5% 24,0% 7,0% 18,7% 20,5%<br />

Maroc 0,0% 20,5% 18,9% 11,1% 16,6% 0,0% 20,9% 12,7% 15,8% 34,1% 19,5%<br />

Syrie 10,1% 16,1% 20,0% 10,8% 17,2% 7,1% 9,7% 16,2% 18,3% 27,7% 14,0%<br />

Tunisie 4,0% 15,9% 12,7% 15,7% 21,8% 4,7% 16,6% 23,2% 12,8% 40,1% 23,7%<br />

Turquie 0,6% 12,0% 3,3% 5,4% 11,4% 1,3% 12,1% 6,2% 6,6% 16,1% 6,2%<br />

Australie 2,7% 7,7% 5,8% 12,7% 4,4% 5,0% 10,4% 5,2% 5,7% 13,8% 12,0% 3,3%<br />

Canada 0,0% 4,5% 4,7% 9,9% 4,7% 0,4% 8,0% 2,6% 1,1% 9,8% 8,0% 0,5%<br />

UE 0,1% 1,7% 3,0% 2,6% 2,8% 0,3% 1,4% 3,9% 0,5% 2,1% 1,5% 3,8%<br />

Japon 0,9% 7,2% 4,6% 6,3% 6,9% 0,2% 6,5% 3,0% 1,4% 6,4% 5,0% 3,0%<br />

Suisse 0,0% 6,7% 4,1% 18,2% 7,9% 0,0% 8,1% 3,9% 1,8% 3,5% 6,9% 5,4%<br />

USA 0,2% 3,7% 2,7% 4,2% 2,3% 0,2% 5,8% 1,4% 1,1% 6,3% 5,9%<br />

Argentine 0,2% 13,0% 13,8% 10,7% 15,3% 1,0% 7,9% 12,9% 7,7% 9,5% 16,2% 13,2%<br />

Brésil 0,4% 10,9% 13,9% 7,1% 10,3% 1,0% 7,9% 13,2% 5,0% 11,6% 15,7% 10,6%<br />

Chine 4,6% 10,6% 16,4% 10,3% 13,8% 1,7% 9,8% 14,3% 6,8% 16,2% 19,2% 13,7%<br />

inde 15,6% 24,6% 32,9% 29,4% 32,1% 31,2% 30,4% 33,4% 13,4% 31,0% 34,1% 30,8%<br />

Pakistan 9,6% 12,4% 19,4% 15,1% 17,6% 12,6% 12,6% 20,1% 7,8% 17,5% 21,1% 17,7%<br />

Afrique <strong>du</strong> Sud 1,8% 10,3% 8,2% 4,7% 14,7% 5,3% 5,3% 7,9% 8,5% 6,0% 15,6% 8,0%<br />

Bangladesch 13,3% 21,3% 14,8% 13,0% 19,6% 17,3% 15,5% 15,8% 7,4% 14,4% 23,2% 15,8%<br />

Cambodge 3,8% 9,1% 14,4% 9,6% 15,6% 6,4% 9,1% 12,9% 10,9% 9,5% 14,2% 15,7%<br />

Tchad 11,3% 15,9% 14,8% 11,5% 15,8% 7,5% 23,3% 13,3% 20,4% 24,0% 18,5% 11,9%<br />

Ethiopie 5,9% 9,4% 14,8% 9,0% 15,1% 0,8% 26,4% 9,7% 27,3% 21,0% 16,8% 9,4%<br />

Lesotho 3,6% 6,9% 7,3% 6,1% 9,2% 2,5% 3,1% 7,8% 15,5% 7,7% 13,2% 9,6%<br />

Madagascar 0,7% 0,0% 4,5% 2,3% 4,9% 0,3% 5,8% 4,7% 5,8% 4,9% 3,7% 3,2%<br />

Source : Etude Femise FEM22-36, à partir de MacMap-HS6 des calculs des auteurs


cela : d'une part, <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Maghreb<br />

seront plus vulnérab<strong>le</strong>s aux fluctuations<br />

<strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> économique <strong>euro</strong>péen,<br />

d'autre part, la concentration des<br />

exports, dans l'absolu, affaiblit la<br />

capacité de résilience de <strong>le</strong>urs économies.<br />

√ L'insertion des PM <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

internationaux se fait essentiel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>sur</strong> la base d'avantages comparatifs<br />

reposant <strong>sur</strong> des différences de<br />

pro<strong>du</strong>ctivité relative ou de dotation<br />

factoriel<strong>le</strong>. La proximité géographique<br />

avec l'UE explique l'intensité des<br />

échanges et <strong>le</strong>s caractéristiques de<br />

l'offre déterminent largement la composition<br />

des échanges. Les échanges<br />

sont principa<strong>le</strong>ment inter-branches[39].<br />

Cependant, on commence<br />

à observer <strong>le</strong> développement d'un<br />

commerce intra-branche.<br />

√ Les PM sont particulièrement performants<br />

à l'export <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />

manufacturés à l'exception de l'Algérie<br />

qui régresse et de l'Egypte qui<br />

stagne. Pour la Turquie ou Israël,<br />

Tab<strong>le</strong>au X17 : Niveau de protection bilatéral, exports, 2001<br />

-68-<br />

<strong>le</strong> recul de l'agroalimentaire a été<br />

plus que compensé par <strong>le</strong>s bons<br />

résultats des biens de consommation<br />

et d'équipement respectivement. En<br />

revanche, depuis la deuxième partie<br />

des années 90, <strong>le</strong>s gains de parts de<br />

marché enregistrés par <strong>le</strong> Maroc et<br />

la Tunisie ont marqué un coup d'arrêt,<br />

en grande partie parce que <strong>le</strong>s<br />

entreprises <strong>du</strong> secteur texti<strong>le</strong> ont été<br />

paralysées face aux conséquences de<br />

la fin de l'accord multi-fibre et que<br />

l'investissement a été freiné.<br />

√ Excepté l'Algérie, tous <strong>le</strong>s PM sont<br />

en déficit commercial, dont l'origine<br />

réside dans <strong>le</strong>urs échanges avec l'UE<br />

(sauf pour l'Egypte) plus spécifiquement<br />

de pro<strong>du</strong>its manufacturés. Le<br />

comb<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> déficit permis dans<br />

la décennie 80 par la hausse des<br />

exports et la limitation des imports a<br />

été stoppé <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> ra<strong>le</strong>ntissement<br />

de la demande <strong>euro</strong>péenne et des<br />

gains de part de marché. La Turquie,<br />

qui est en situation d'union douanière<br />

avec l'UE depuis janvier 1996,<br />

a vu ses imports en provenance de<br />

Importer<br />

Exporter Algérie Egypte UE Jordanie Liban Libye Maroc Rest OCDE Syrie Tunisie Turquie USA<br />

Algérie 7,3% 0,1% 18,8% 2,0% 37,9% 0,00ù 1,5% 10,1% 4,0% 0,6% 0,2%<br />

Egypte 14,6% 1,7% 5,8% 3,3% 7,6% 20,5% 7,4% 16,1% 15,9% 12,0% 3,7%<br />

Jordanie 15,3% 10,2% 2,6% 5,8% 5,2% 11,1% 10,2% 10,8% 15,7% 5,4% 4,2%<br />

Liban 18,4% 17,6% 2,8% 7,9% 11,6% 16,6% 12,3% 17,2% 21,8% 11,4% 2,3%<br />

Maroc 0,0% 14,0% 1,4% 4,5% 1,8% 0,0% 8,2% 9,7% 16,6% 12,1% 5,8%<br />

Syrie 12,8% 23,8% 0,5% 5,0% 2,2% 24,0% 12,7% 5,3% 12,8% 6,6% 1,1%<br />

Tunisie 19,1% 15,1% 2,1% 7,1% 4,5% 7,0% 15,8% 7,0% 18,3% 16,1% 6,3%<br />

Turquie 19,7% 77,2% 1,5% 16,2% 7,8% 18,7% 34,1% 8,3% 27,7% 40,1% 5,9%<br />

Australie 11,1% 11,7% 9,0% 6,9% 2,5% 15,5% 31,4% 10,3% 8,3% 30,4% 17,6% 2,0%<br />

Canada 10,3% 10,1% 5,1% 7,8% 3,0% 16,0% 22,1% 5,2% 10,1% 38,7% 10,6% 0,1%<br />

UE 8,8% 5,7% 2% 5,9% 5,1% 92,7% 18,5% 3,3% 8,5% 8,4% 1,0% 1,5%<br />

Japon 12,9% 17,7% 4,3% 10,9% 3,0% 21,7% 17,9% 5,6% 17,6% 20;6% 4,4% 1,9%<br />

Suisse 12,4% 12,8% 0,8% 8,2% 2,8% 15,2% 16,8% 3,4% 7,9% 22,2% 0,6% 2,2%<br />

USA 12,0% 28,2% 3,8% 9,9% 3,8% 20,5% 19,5% 3,1% 14,0% 23,7% 6,2% -<br />

Argentine 14,0% 16,0% 6,8% 9,8% 5,0% 24,4% 28,0% 15,5% 16,7% 33,2% 16,7% 3,5%<br />

Brésil 14,6% 22,8% 6,7% 11,1% 4,8% 19,4% 26,6% 14,6% 18,0% 25,0% 18,6% 3,0%<br />

Chine 19,9% 142,6% 4,3% 15,9% 5,5% 18,9% 28,4% 5,6% 25,1% 32,0% 9,4% 4,5%<br />

Inde 17,0% 51,6% 5,6% 10,4% 3,4% 9,8% 33,8% 11,1% 13,4% 30,3% 14,5% 4,6%<br />

Pakistan 17,8% 45,0% 2,7% 3,9% 2,8% 14,1% 38,6% 14,7% 30,3% 25,9% 9,1% 8,2%<br />

Afrique <strong>du</strong> Sud 14,8% 35,2% 3,3% 14,1% 5,7% 17,1% 28,0% 5,9% 17,0% 28,8% 11,1% 0,7%<br />

Bangladesh 18,1% 63,9% 0,7% 5,7% 3,3% 8,0% 30,5% 6,7% 17,9% 28,3% 7,8% 11,7%<br />

Cambodge 15,5% 42,4% 1,6% 4,4% 1,9% 10,2% 36,6% 7,5% 23,8% 28,4% 8,6% 12,4%<br />

Tchad 5,5% 6,1% 0,0% 1,1% 0,5% 1,4% 4,0% 0,6% 28,8% 1,8% 0,2% 2,0%<br />

Ethiopie 14,6% 28,6% 3,0% 12,6% 4,7% 21,6% 18,9% 6,0% 20,0% 12,7% 3,3% 2,7%<br />

Lesotho 8,4% 13,0% 0,7% 2,6% 1,7% 27,1% 10,9% 7,0% 8,3% 10,4% 2,2% 12,0%<br />

Madagascar 23,4% 0,0% 1,5% 23,4% 4,0% 6,5% 33,1% 7,2% 22,8% 34,8% 19,3% 5,0%<br />

Source : Etude Femise FEM22-36, à partir de MacMap-HS6 des calculs des auteurs


l'UE 15 progresser rapidement alors<br />

que ses exports demeuraient très<br />

diversifiées. En ce sens, <strong>le</strong> pays a su<br />

profiter de l'opportunité offerte d'importer<br />

des technologies nouvel<strong>le</strong>s et<br />

des pro<strong>du</strong>its meil<strong>le</strong>ur marché pour<br />

dynamiser sa compétitivité et ses<br />

échanges et ré<strong>du</strong>ire son déficit (la<br />

dévaluation de sa monnaie l'y a aidé<br />

éga<strong>le</strong>ment).<br />

√ Une estimation, à partir d'un modè<strong>le</strong><br />

gravitaire au niveau sectoriel, des<br />

effets <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s importations et <strong>le</strong>s<br />

exportations de chaque PM <strong>du</strong> niveau<br />

relatif de richesse des pays considérés,<br />

de l'intensité capitalistique de<br />

<strong>le</strong>urs échanges et de <strong>le</strong>ur structure,<br />

de l'existence d'un langage ou d'une<br />

frontière commune, de <strong>le</strong>ur histoire<br />

commune, et des tarifs montre que <strong>le</strong><br />

niveau de protection tarifaire influence<br />

plus significativement <strong>le</strong>s importations<br />

des PM que <strong>le</strong>urs exportations<br />

et l'élasticité des flux d'échange aux<br />

tarifs est é<strong>le</strong>vée[40]. Ceci renvoie à<br />

l'existence d'un accès préférentiel<br />

des PM à certains grands marchés<br />

comme celui de l'UE, certes, mais<br />

signifie aussi qu'une <strong>le</strong>vée des tarifs<br />

engendrerait une hausse importante<br />

des échanges, plus importante que<br />

cel<strong>le</strong> obtenue généra<strong>le</strong>ment dans ce<br />

type d'analyses qui ne tiennent pas<br />

compte des tarifs et <strong>du</strong> fait que <strong>le</strong>s<br />

PM ne peuvent influencer <strong>le</strong> prix de<br />

marché imposé par <strong>le</strong>urs partenaires<br />

commerciaux. Au delà de cela, <strong>le</strong>s<br />

contraintes imposées par la plupart<br />

des PM à l'importation, notamment<br />

de technologies plus avancées, ont<br />

certainement eu un impact négatif<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur capacité d'ajustement en<br />

entravant la mise à niveau de l'in<strong>du</strong>strie.<br />

-69-<br />

√ Il apparaît aussi que partager une langue<br />

commune dynamise <strong>le</strong>s exports<br />

et <strong>le</strong>s imports des PM, <strong>sur</strong>tout en provenance<br />

de pays dont ils étaient des<br />

colonies dans <strong>le</strong> passé, alors qu'avoir<br />

une frontière commune n'a pas d'impact<br />

<strong>sur</strong> l'intensité <strong>du</strong> commerce, ce<br />

qui capture bien <strong>le</strong>s difficultés d'une<br />

intégration Sud-Sud, alors même que<br />

la tail<strong>le</strong> <strong>du</strong> marché de l'importateur<br />

joue un rô<strong>le</strong> significatif. Cependant, <strong>le</strong>s<br />

estimations faites montrent que l'effet<br />

d'une <strong>le</strong>vée des barrières tarifaires des<br />

PM vis-à-vis des autres PM n'aurait<br />

qu'un effet marginal <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s échanges<br />

intra-zone et que d'autres éléments<br />

doivent relayer cette politique commercia<strong>le</strong><br />

d'intégration Sud-Sud pour<br />

en faire un complément à un rapprochement<br />

avec l'UE.<br />

√ Sans oublier, comme on l'a vu plus<br />

haut, l'importance de ré<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>s coûts<br />

de transports, tant par la réforme des<br />

différents secteurs, en particulier <strong>le</strong>s<br />

transports maritimes, que par la création<br />

de nouvel<strong>le</strong>s infrastructures.<br />

Evaluation des bénéfices de différentes<br />

formes d'intégration<br />

Sur la base de ces constats, l'étude a<br />

cherché à déterminer quel type d'ouverture<br />

est optima<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s PM. Les simulations<br />

faites à partir <strong>du</strong> modè<strong>le</strong> MIRAGE<br />

montrent que :<br />

√ un accord de libre-échange Sud-Sud<br />

ne bénéficierait qu'à la Turquie et à<br />

la Tunisie et très margina<strong>le</strong>ment au<br />

Maroc qui est très protectionniste relativement<br />

aux autres PM. Le premier<br />

accroîtrait ses exports, notamment de<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, vers <strong>le</strong>s PM et <strong>le</strong><br />

second verrait ses exports vers <strong>le</strong>s PM


et <strong>le</strong>s pays de l'UE progresser grâce<br />

aux gains de compétitivité que l'ouverture<br />

des marchés au Sud permettrait.<br />

√ <strong>le</strong> même type d'accord signé entre<br />

l'UE et chaque PM pris séparément<br />

in<strong>du</strong>it une hausse <strong>du</strong> bien-être en<br />

Turquie, en Tunisie et au Maroc mais<br />

pas dans <strong>le</strong> reste de la zone <strong>méditerranéen</strong>ne<br />

pour laquel<strong>le</strong> il décroît.<br />

Le Maroc et la Tunisie bénéficieraient<br />

d'une création de trafic conséquente<br />

(respectivement +54% et +48%)<br />

in<strong>du</strong>ite par la libéralisation des échanges<br />

de biens agrico<strong>le</strong>s avec l'UE qui<br />

compenserait la baisse des échanges<br />

entre PM. L'équilibre budgétaire souffrirait<br />

beaucoup <strong>du</strong> manque à gagner<br />

impliqué par la <strong>le</strong>vée des tarifs, mais<br />

l'emploi, <strong>le</strong>s revenus et l'investissement<br />

progresseraient. Cette stratégie<br />

d'ouverture entraînerait une modification<br />

profonde de la structure pro<strong>du</strong>ctive.<br />

Les secteurs qui seraient voués<br />

à voir <strong>le</strong>ur activité ré<strong>du</strong>ite sont ceux<br />

<strong>du</strong> lait et de la viande pour la Turquie,<br />

<strong>le</strong> Maroc et la Tunisie, ceux <strong>du</strong> texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

et de l'agriculture pour<br />

<strong>le</strong>s autres PM. D'autres profiteraient<br />

largement de cette croissance des<br />

échanges tels que <strong>le</strong>s secteurs <strong>du</strong><br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment pour la Turquie,<br />

<strong>le</strong> Maroc (plus <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s)<br />

et la Tunisie. Cependant, cette stratégie<br />

ne semb<strong>le</strong> pas optima<strong>le</strong> pour<br />

<strong>le</strong>s PM en tant que zone, la création<br />

de trafic dont bénéficient certains<br />

étant tout ou partie compensée par <strong>le</strong><br />

détournement de trafic dont souffrent<br />

d'autres. Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> secteur<br />

<strong>du</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, la création<br />

de trafic avec l'UE porte <strong>sur</strong> des<br />

échanges intra-branche. Les avantages<br />

comparatifs <strong>du</strong> Maroc, de la<br />

Tunisie et de la Turquie sont tels que<br />

-70-<br />

<strong>le</strong>ur activité croit et <strong>le</strong>ur balance commercia<strong>le</strong><br />

nette vis-à-vis de l'UE dans<br />

ce secteur s'améliore. La compétitivité<br />

des autres PM dans ce domaine<br />

étant faib<strong>le</strong>, l'UE va préférer à <strong>le</strong>urs<br />

pro<strong>du</strong>its ceux <strong>du</strong> Maroc, de la Tunisie<br />

ou de la Turquie et <strong>le</strong>ur balance commercia<strong>le</strong><br />

nette vis-vis de l'UE va se<br />

détériorer de même que <strong>le</strong>urs termes<br />

de l'échange. Ceci affaiblit l'efficacité<br />

globa<strong>le</strong> de cette stratégie.<br />

√ enfin, une libéralisation commercia<strong>le</strong><br />

multilatéra<strong>le</strong> profiterait a priori à<br />

tous <strong>le</strong>s PM mais moins à la Turquie.<br />

Des coûts d'ajustement, plus importants<br />

que ceux issus des deux cas<br />

de figure envisagés précédemment,<br />

sont à prendre en compte (hausse<br />

<strong>du</strong> chômage dans <strong>le</strong>s secteurs<br />

exposés à la concurrence étrangère,<br />

devenir de l'agriculture, réallocation<br />

massive de facteurs de pro<strong>du</strong>ction)<br />

ce que ne peut pas faire ce modè<strong>le</strong>.<br />

Les résultats sont donc à manipu<strong>le</strong>r<br />

avec précaution, mais cette stratégie<br />

générerait une forte création de trafic<br />

qui dynamiserait principa<strong>le</strong>ment la<br />

pro<strong>du</strong>ction de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment en<br />

Tunisie et au Maroc, de céréa<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong>s autres PM, d'où une croissance<br />

sensib<strong>le</strong> <strong>du</strong> PIB et des salaires.<br />

Certains avanceront qu'une approche<br />

régiona<strong>le</strong> peut servir de tremplin à<br />

une ouverture multilatéra<strong>le</strong>. L'avantage<br />

serait une transition progressive en douceur<br />

qui faciliterait la réallocation des<br />

facteurs de pro<strong>du</strong>ction, dont la mobilité<br />

n'est pas parfaite ce qui implique<br />

des coûts d'ajustement. Cependant, une<br />

tel<strong>le</strong> approche ne débouche pas toujours<br />

naturel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> un accord multilatéral.<br />

C'est possib<strong>le</strong> uniquement si celui-ci<br />

demande <strong>le</strong>s mêmes ajustements que


l'accord régional dans tous <strong>le</strong>s autres<br />

cas, <strong>le</strong> pays concerné aura à supporter<br />

<strong>le</strong>s conséquences de deux transitions.<br />

Une analyse de la situation des PM en termes<br />

de congruence structurel<strong>le</strong> montre<br />

que si pour la Turquie et pour <strong>le</strong>s autres<br />

PM conclure un accord de libre-échange<br />

avec l'UE peut constituer un bon moyen<br />

de se préparer à une libéralisation complète<br />

des échanges <strong>sur</strong> une base multilatéra<strong>le</strong>,<br />

pour <strong>le</strong> Maroc, la situation n'est<br />

pas aussi tranchée, et pour la Tunisie, un<br />

accord régional avec <strong>le</strong>s autres PM serait<br />

préférab<strong>le</strong> (tab<strong>le</strong>au X18).<br />

Il n'en reste pas moins que derrière <strong>le</strong>s<br />

seuls apports économiques, se trouvent<br />

éga<strong>le</strong>ment d'importants effets politiques<br />

et sociaux, ce dont la construction <strong>euro</strong>péenne<br />

peut largement témoigner. Il est<br />

évident que la situation actuel<strong>le</strong>, orientée<br />

nord-sud, n'est pas satisfaisante et<br />

que <strong>le</strong> premier facteur de rééquilibrage<br />

repose <strong>sur</strong> des initiatives comme Agadir<br />

ou GAFTA. Il est alors intéressant de<br />

s'interroger <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s pas nécessaires pour<br />

transformer ses accords en une intégration<br />

régiona<strong>le</strong> plus profonde.<br />

2. L'intégration de l'Europe, un<br />

modè<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s initiatives régiona<strong>le</strong>s<br />

au sud<br />

L'intégration régiona<strong>le</strong> est devenue ces<br />

dernières années un objectif global.<br />

L'intégration prend plusieurs formes,<br />

depuis la création de zones de libreéchange,<br />

<strong>le</strong>s marchés communs, jus-<br />

Tab<strong>le</strong>au X18 : indicateur de congruence structurel<strong>le</strong><br />

Source : Etude Femise FEM22-36<br />

-71-<br />

qu'aux configurations plus profondes<br />

comme <strong>le</strong>s unions économiques et politiques.<br />

L'intégration régiona<strong>le</strong> est supposée<br />

maximiser <strong>le</strong> bien-être d'une<br />

nation et renforcer <strong>le</strong> pouvoir de négociation<br />

d'une région dans <strong>le</strong> contexte<br />

international.<br />

Cette section <strong>du</strong> rapport examine la<br />

capacité des PM à mettre en place une<br />

intégration régiona<strong>le</strong> forte. Comme la<br />

plupart des PM sont aussi des pays arabes,<br />

on ne peut pas exclure de l'analyse<br />

<strong>le</strong>s tentatives d'unions arabes, notamment<br />

parce que <strong>le</strong>s PM ont été parmi <strong>le</strong>s<br />

plus actifs dans la création des accords<br />

au sein de la région arabe. La section,<br />

qui repose <strong>sur</strong> une étude Femise<br />

(FEM22-07), se référera donc principa<strong>le</strong>ment<br />

à l'intégration arabe. El<strong>le</strong> tire <strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>çons de l'expérience d'intégration de<br />

l'UE, mettant en relief <strong>le</strong>s similitudes et<br />

<strong>le</strong>s différences entre <strong>le</strong>s deux régions et<br />

proposant des recommandations politiques<br />

pour la région arabe. Sept aspects<br />

différents de l'intégration sont discutés<br />

ci-dessous, à savoir <strong>le</strong>s relations commercia<strong>le</strong>s,<br />

<strong>le</strong>s lois de concurrence, la<br />

convergence des politiques publiques en<br />

matière de finance et de fiscalité, la politique<br />

monétaire, la question agrico<strong>le</strong>, la<br />

politique socia<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s flux migratoires.<br />

Les Relations Commercia<strong>le</strong>s<br />

Il est intéressant de noter qu'entre 1990<br />

et 2004, <strong>le</strong> nombre d'accords commerciaux<br />

régionaux signés (ACR) est passé<br />

de 50 à 230 environ. Le nombre moyen<br />

Turquie Maroc Tunisie Autres PM<br />

Sud Sud /Multi. 94,1% 94,5% 96,3% 97,7%<br />

Nord Sud/Multi 98,5% 93,5% 91,5% 98,1%


d’ACR auquel un pays appartient est<br />

six.<br />

Au cours des années, plusieurs ACR<br />

ont été lancés entre <strong>le</strong>s pays arabes.<br />

L'histoire de ces accords remonte à<br />

1950, quand a été signé <strong>le</strong> Traité de<br />

Défense Commune et de Coopération<br />

Économique. Comme <strong>le</strong> nom l'indique,<br />

c'était davantage une forme de coopération<br />

que d'intégration. Sensib<strong>le</strong>ment<br />

à la même période, <strong>le</strong>s premières initiatives<br />

d'intégration voient éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

jour en Europe. L'histoire <strong>euro</strong>péenne<br />

commence avec la formation de la<br />

Communauté Européenne <strong>du</strong> Charbon<br />

et de l'Acier (CECA) qui comprend l'Al<strong>le</strong>magne,<br />

la France, la Grande-Bretagne<br />

et <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> Bénélux (la Belgique, <strong>le</strong>s<br />

Pays-Bas et <strong>le</strong> Luxembourg). Alors que<br />

l'intégration <strong>euro</strong>péenne a été renforcée<br />

à la fois selon <strong>le</strong>s axes verticaux et horizontaux,<br />

l'intégration arabe, qui incluait<br />

plus de pays, n'a pas encore semblé<br />

s'approfondir.<br />

Encadré : coup de projecteur <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

GCC<br />

Le Conseil de Coopération <strong>du</strong> Golfe<br />

(GCC) est l'un des exemp<strong>le</strong>s d'intégration<br />

régiona<strong>le</strong> réussie. Formé en 1981,<br />

<strong>le</strong> Conseil devait accroître la coopération<br />

de six pays qui ont des conditions politiques,<br />

socia<strong>le</strong>s et économiques convergentes,<br />

à savoir <strong>le</strong>s Emirats Arabes Unis,<br />

Bahreïn, l'Arabie Saoudite, Oman, <strong>le</strong><br />

Qatar et <strong>le</strong> Koweït. Le Conseil a débuté<br />

avec des objectifs spécifiques limités,<br />

comme la zone de libre-échange GCC.<br />

Dans la me<strong>sur</strong>e où cet objectif a été<br />

atteint avec succès, <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> GCC ont<br />

récemment envisagé l'étape suivante,<br />

soit la création d'une union douanière et<br />

d'un marché commun GCC. En 2001, ils<br />

ont approuvé un accord économique plus<br />

comp<strong>le</strong>t qui a détaillé la nouvel<strong>le</strong> structure<br />

d'intégration économique GCC.<br />

-72-<br />

Plus tard, d'autres ACR ont été signés, dont<br />

l'Accord <strong>sur</strong> la Facilitation Commercia<strong>le</strong><br />

et <strong>le</strong> Règ<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> Commerce de Transit<br />

en 1953, qui devait exempter <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />

arabes de droits de douane, comme<br />

forme de traitement préférentiel. En<br />

1953 toujours est apparu l'Accord pour<br />

<strong>le</strong> Paiement des Transactions Courantes<br />

et <strong>le</strong>s Mouvements de Capitaux, qui<br />

n'est constitué que de recommandations<br />

non contraignantes et est donc resté<br />

inusité. Ces deux accords ont été suivis<br />

par l'Accord d'Union Économique Arabe<br />

en 1957, l'Accord de Marché Commun<br />

Arabe en 1964 et l'Accord de Facilitation<br />

et de Développement <strong>du</strong> Commerce en<br />

1983.<br />

Toutefois, la contribution de ces accords<br />

à l'intégration régiona<strong>le</strong> a été très<br />

modeste. C'est principa<strong>le</strong>ment en raison<br />

de la formulation vague de ces<br />

accords, qui était souvent destinée à<br />

garantir l'approbation par toutes <strong>le</strong>s<br />

parties impliquées. Cela a donné des<br />

accords faib<strong>le</strong>s et non contraignants.<br />

De plus, ces ACR sont souvent considérés<br />

comme trop ambitieux, étant<br />

données <strong>le</strong>s circonstances dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

ils devaient fonctionner, ce qui finit<br />

par faire apparaître la frustration des<br />

partenaires commerciaux <strong>du</strong> fait de la<br />

non réalisation des objectifs annoncés.<br />

En outre, ces ACR manquent généra<strong>le</strong>ment<br />

d'une vision claire des réalisations<br />

nécessaires. Aussi, constituent-ils fréquemment<br />

des slogans politiques qui<br />

ne sont pas mis en action. L'intégration<br />

devient éga<strong>le</strong>ment sé<strong>le</strong>ctive dès lors que<br />

des controverses apparaissent, notamment<br />

parce que <strong>le</strong>s signataires veu<strong>le</strong>nt<br />

toujours être gagnants et n'envisagent<br />

jamais de remettre en question une partie<br />

de <strong>le</strong>urs avantages immédiats pour<br />

des bénéfices futurs.


Plusieurs raisons économiques et insti-<br />

tutionnel<strong>le</strong>s ont gêné <strong>le</strong> processus d'in-<br />

tégration. D'un point de vue économi-<br />

que, la similitude de la pro<strong>du</strong>ction et<br />

de la composition des exportations des<br />

pays de la région, aussi bien que <strong>le</strong><br />

manque de congruence entre <strong>le</strong>s exportations<br />

d'un pays et <strong>le</strong>s importations<br />

d'un autre empêche l'approfondissement<br />

de relations commercia<strong>le</strong>s. De plus, la<br />

stratégie de substitution d'importation<br />

largement répan<strong>du</strong>e dans ces pays, couplée<br />

à la haute protection tarifaire et la<br />

tail<strong>le</strong> importante <strong>du</strong> secteur public, sont<br />

autant d'autres entraves. Enfin, il y a<br />

une disparité flagrante entre des taux<br />

tarifaires et <strong>le</strong> revenu des pays de la<br />

région, ainsi que <strong>le</strong>ur structure économique<br />

(Cf. figure 11).<br />

En plus de ces obstac<strong>le</strong>s économiques,<br />

l'intégration de la région arabe fait face<br />

à un certain nombre de difficultés ins-<br />

-73-<br />

titutionnel<strong>le</strong>s. Un des principaux inconvénients<br />

est, comme on l'a vu précédemment<br />

l'absence d'un système de<br />

transport adéquat. Il est symptomatique<br />

de noter, par exemp<strong>le</strong>, qu'il y a deux vols<br />

quotidiens entre Le Caire et différents<br />

aéroports en Al<strong>le</strong>magne, mais seu<strong>le</strong>ment<br />

deux vols hebdomadaires entre Le Caire<br />

et Casablanca.<br />

Le principal handicap institutionnel est<br />

<strong>le</strong> manque d'institutions supranationa<strong>le</strong>s<br />

qui piloteraient <strong>le</strong> processus comp<strong>le</strong>t<br />

d'intégration. Au lieu de cela, <strong>le</strong>s<br />

PM utilisent une approche intergouvernementa<strong>le</strong><br />

qui limite <strong>le</strong> processus d'intégration<br />

aux limites de chaque gouvernement.<br />

Ce manque d'institutions<br />

a plusieurs implications, notamment <strong>le</strong><br />

manque de précision des règ<strong>le</strong>ments<br />

contrôlant <strong>le</strong> commerce. De plus, de<br />

tel<strong>le</strong>s institutions auraient l'autorité<br />

pour arbitrer <strong>le</strong>s discussions et <strong>le</strong>s<br />

Figure 11 : Part des différents grands secteurs dans <strong>le</strong> PIB de certains pays arabes<br />

Source : Etude Femise FEM22-07, à partir de World Bank, WDI 2003


conflits <strong>sur</strong>gissant entre des pays,<br />

d'autant que certains PM ne sont pas<br />

membres de l'OMC, à savoir l'Algérie,<br />

l'Autorité pa<strong>le</strong>stinienne et <strong>le</strong> Liban.<br />

Ainsi, <strong>le</strong>s violations signalées entre<br />

ces pays, comme cel<strong>le</strong>s établies entre<br />

l'Egypte et <strong>le</strong> Liban, sont résolues bilatéra<strong>le</strong>ment<br />

d'une façon inefficace, qui<br />

exige souvent une intervention politique.<br />

Ces conditions affaiblissent en fin<br />

de compte <strong>le</strong>s liens commerciaux entre<br />

<strong>le</strong>s pays, constituant un nouvel obstac<strong>le</strong><br />

à l'intégration régiona<strong>le</strong>.<br />

L'ACR <strong>le</strong> plus récent dans la région<br />

arabe est la Grande Zone Arabe de<br />

Libre-échange (GAFTA), qui est spécifiquement<br />

orientée vers la libéralisation<br />

<strong>du</strong> commerce des marchandises. Il est<br />

prévu que, par <strong>le</strong> biais de GAFTA, une<br />

union douanière sera formée parmi des<br />

Etats membres à l'issue d'une période<br />

de dix ans débutant en 2006. Les<br />

analystes considèrent GAFTA comme<br />

<strong>le</strong> premier véritab<strong>le</strong> accord d'intégration<br />

et pensent généra<strong>le</strong>ment que cet<br />

accord <strong>sur</strong>passera ses prédécesseurs.<br />

Pour éviter de tomber dans <strong>le</strong>s travers<br />

d'inefficacité, qui ont jusqu'ici toujours<br />

marqué <strong>le</strong>s ACR arabes, la mise en<br />

œuvre de GAFTA devrait se fonder <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons tirées des expériences réussies,<br />

comme cel<strong>le</strong> de l'UE.<br />

L'UE a disposé de plusieurs avantages<br />

et forces qui ont soutenu son intégration<br />

régiona<strong>le</strong>. En premier lieu, et sans<br />

doute <strong>le</strong> plus important, <strong>le</strong> processus<br />

dispose d'une vision claire des objectifs<br />

voulus. Pour l'UE, l'intégration<br />

économique n'est pas une fin en soi,<br />

mais plutôt <strong>le</strong> moyen de réaliser une<br />

intégration politique. Du côté arabe,<br />

cependant, l'objectif est rarement clair<br />

et, comme indiqué précédemment,<br />

-74-<br />

fréquemment fondé <strong>sur</strong> des réactions<br />

émotionnel<strong>le</strong>s.<br />

De plus, l'UE a adopté une approche<br />

que l'on peut qualifier de fédéra<strong>le</strong> <strong>du</strong><br />

point de vue <strong>du</strong> sud, en créant des<br />

institutions supranationa<strong>le</strong>s qui sont<br />

en charge de <strong>sur</strong>veil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> processus<br />

d'intégration. Parmi ces institutions,<br />

on citera <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment Européen, la<br />

Cour de Justice Européenne, la Banque<br />

Centra<strong>le</strong> Européenne et la Commission<br />

Européenne. Dans la région arabe,<br />

l'intégration est toujours fondée <strong>sur</strong><br />

une approche gouvernementa<strong>le</strong>, principa<strong>le</strong>ment<br />

<strong>du</strong> fait que des <strong>le</strong>aders<br />

politiques craignent une perte de <strong>le</strong>ur<br />

souveraineté et de <strong>le</strong>ur autorité.<br />

En outre, <strong>le</strong>s accords <strong>euro</strong>péens sont<br />

clairs et spécifiques avec des objectifs<br />

accessib<strong>le</strong>s. L'UE a adopté une<br />

approche gra<strong>du</strong>el<strong>le</strong> et pragmatique<br />

qui a permis une transformation lissée<br />

et soutenab<strong>le</strong>, mais allant fermement<br />

d'une intégration superficiel<strong>le</strong> à une<br />

intégration plus profonde. Les analystes<br />

pensent, toutefois, que <strong>le</strong> développement<br />

récent dans <strong>le</strong> commerce<br />

international et <strong>le</strong> progrès technologique<br />

ne permettraien pas <strong>le</strong> succès et<br />

<strong>le</strong> caractère <strong>du</strong>rab<strong>le</strong> d'une intégration<br />

peu profonde.<br />

En se retournant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s débuts de l'UE,<br />

deux facteurs ont aidé <strong>le</strong> processus<br />

d'intégration, dont l’un est la pression<br />

et l'appui des Etats-Unis pour pousser<br />

en avant <strong>le</strong> processus. De plus, <strong>le</strong>s six<br />

pays fondateurs de l'UE avaient des<br />

conditions économiques semblab<strong>le</strong>s.<br />

La différence entre des niveaux tarifaires<br />

moyens non-pondérés, par exemp<strong>le</strong>,<br />

était autour de 10% seu<strong>le</strong>ment.<br />

Du côté arabe, comme indiqué ci-des-


sus, <strong>le</strong>s pays de la région ne sont pas<br />

assez homogènes pour permettre un<br />

processus d'intégration lissé.<br />

Les lois de concurrence<br />

Pour compléter et faciliter <strong>le</strong>s relations<br />

commercia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s lois de concurrence<br />

ont été intro<strong>du</strong>ites et affinées dans <strong>le</strong><br />

monde entier. En <strong>2005</strong>, plus de 110 pays<br />

ont mis en place de tel<strong>le</strong>s lois nationa<strong>le</strong>s<br />

de compétition pour interdire <strong>le</strong>s comportements<br />

anti-compétition et garantir<br />

un marché concurrentiel. Cependant, il a<br />

été prouvé que des lois de concurrence<br />

nationa<strong>le</strong>s ne sont pas suffisantes pour<br />

promouvoir la concurrence à un niveau<br />

régional. Cette affirmation repose <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

fait que <strong>le</strong>s objectifs des différentes lois<br />

nationa<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> la concurrence peuvent<br />

varier et que des pays entrant dans un<br />

processus d'intégration régiona<strong>le</strong> peuvent<br />

ne pas disposer d'une tel<strong>le</strong> législation<br />

nationa<strong>le</strong>. La mise en place d'une loi<br />

régiona<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la concurrence nécessite<br />

l'intro<strong>du</strong>ction d'une autorité régiona<strong>le</strong> de<br />

la concurrence.<br />

En ce qui concerne l'intégration arabe,<br />

la Charte de la Ligue des pays arabes<br />

de 1945 ne fait pas mention de disposition<br />

léga<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la compétition. Il n'est<br />

pas évident de savoir s'il s'agissait d'une<br />

décision délibérée ou d'un « oubli ». Il<br />

est communément admis cependant,<br />

que la Charte a involontairement laissé<br />

de côté cette notion, notamment parce<br />

qu'el<strong>le</strong> ne jouissait pas de sa notoriété<br />

actuel<strong>le</strong>. Sur <strong>le</strong> plan <strong>euro</strong>péen toutefois,<br />

<strong>le</strong>s lois de compétition ont été intro<strong>du</strong>ites<br />

en Autriche en 1890. La première loi<br />

<strong>euro</strong>péenne de concurrence a été adoptée<br />

en Al<strong>le</strong>magne en 1923 et développée<br />

depuis. Dans la me<strong>sur</strong>e où l'on pense<br />

que l'accord GAFTA devrait impulser plus<br />

-75-<br />

d'intégration, la région arabe a besoin<br />

d'une loi de concurrence régiona<strong>le</strong>, pour<br />

laquel<strong>le</strong> l'expérience de l'UE pourrait servir<br />

de <strong>le</strong>çon.<br />

Un des principaux objectifs de la loi<br />

<strong>euro</strong>péenne de concurrence était <strong>le</strong> soutien<br />

à la création <strong>du</strong> marché unique.<br />

Le processus législatif pour l'UE n'était<br />

pas faci<strong>le</strong> et plusieurs obstac<strong>le</strong>s ont dû<br />

être <strong>sur</strong>montés. L'opposition de grandes<br />

in<strong>du</strong>stries était l'un de ces obstac<strong>le</strong>s,<br />

cel<strong>le</strong>s-ci concevant la loi comme la<br />

limitation. Il a éga<strong>le</strong>ment dû faire face<br />

à une résistance politique et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.<br />

Ce fut essentiel<strong>le</strong>ment grâce à<br />

la persévérance et la détermination des<br />

Etats membres que cette loi a pu voir<br />

<strong>le</strong> jour. Il a été nécessaire de modifier<br />

la perception préva<strong>le</strong>nte faisant des<br />

lois de compétition une contrainte, et<br />

instil<strong>le</strong>r l'idée qu'el<strong>le</strong>s ont à l'inverse un<br />

pouvoir social constructif. Initia<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>le</strong>s accords <strong>euro</strong>péens n'incluaient pas<br />

de dispositifs pour gérer la concurrence,<br />

mais ils contenaient <strong>le</strong>s dispositions<br />

nécessaires pour <strong>le</strong>s mettre en place. Ce<br />

type de dispositions, comme mentionné<br />

précédemment, manque éga<strong>le</strong>ment dans<br />

<strong>le</strong> cas de la région arabe.<br />

De plus, <strong>le</strong>s administrations <strong>euro</strong>péennes<br />

étaient en faveur de la mise en<br />

place de lois de compétition, ce qui a<br />

facilité <strong>le</strong>ur promulgation. Dans la région<br />

arabe, <strong>le</strong>s administrations manquent de<br />

compréhension de l'importance de ces<br />

lois au sein d'un processus d'intégration.<br />

Il peut être alors envisagé qu'un<br />

modè<strong>le</strong> de loi <strong>sur</strong> la concurrence pour la<br />

région arabe puisse être formulé, pour<br />

servir de guide pour l'harmonisation des<br />

lois nationa<strong>le</strong>s, qui ouvrirait la voie à la<br />

mise en place d'une loi de compétition<br />

régiona<strong>le</strong>.


La convergence en termes de finan-<br />

ces publiques<br />

Un autre aspect considéré comme important<br />

pour approfondir une intégration<br />

régiona<strong>le</strong> est la convergence de finances<br />

publiques. Il est en effet souvent avancé<br />

que la non-conformité de la politique<br />

fisca<strong>le</strong> entre Etats membres peut créer<br />

tension politique et désaccord. Une convergence<br />

fisca<strong>le</strong> gra<strong>du</strong>el<strong>le</strong> peut garantir<br />

une intégration aisée et ré<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>s coûts<br />

d'ajustement encourus par <strong>le</strong>s Etats<br />

membres. De plus, l'élimination des barrières<br />

et des distorsions, en particulier<br />

la coordination fisca<strong>le</strong>, est crucia<strong>le</strong> pour<br />

l'intégration régiona<strong>le</strong>. La convergence<br />

de finances publiques est même un prérequis<br />

pour <strong>le</strong>s formes plus profondes<br />

d'intégration, en particulier <strong>le</strong>s unions<br />

monétaires et fisca<strong>le</strong>s. A nouveau, cette<br />

convergence implique l'existence d'une<br />

autorité unifiée, soit une institution<br />

supranationa<strong>le</strong>.<br />

L'expérience de l'UE est très instructive<br />

en matière de convergence des finances<br />

publiques. L'UE s'est ren<strong>du</strong>e compte<br />

qu'il est crucial de comb<strong>le</strong>r l'écart entre<br />

<strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s plus riches et <strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s<br />

plus pauvres de l'Union. Ainsi, l'Union a<br />

adopté une sorte de fédéralisme budgétaire<br />

pour répondre à ce défi, d'autant<br />

que <strong>le</strong> revenu par habitant des 15 membres<br />

initiaux de l'UE est de 2,2 à 13 fois<br />

plus é<strong>le</strong>vé que celui des dix nouveaux<br />

membres. La Commission Européenne<br />

a donc mis en place un plan d'action<br />

pour la période 2006-2013 pour comb<strong>le</strong>r<br />

l'écart. Le plan est doté d'un budget de<br />

336,4 milliards d’€, divisé en trois objectifs<br />

principaux. Le premier, qui dispose<br />

d'un budget de 262 milliards d’€, cib<strong>le</strong>ra<br />

<strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s moins développées, cel<strong>le</strong>s<br />

qui ont un pro<strong>du</strong>it intérieur brut inférieur<br />

-76-<br />

à 75% de la moyenne de l'UE. Le deuxième<br />

objectif, qui est doté de 61 milliards<br />

d’€, cib<strong>le</strong> <strong>le</strong>s régions en reconversion. Le<br />

troisième objectif, doté d'un budget de<br />

13,4 milliards d’€, doit accroître <strong>le</strong> commerce<br />

parmi <strong>le</strong>s Etats membres. Ce plan<br />

a été présenté en détail pour donner une<br />

idée de la façon dont <strong>le</strong>s régions gèrent<br />

<strong>le</strong>urs disparités. Un tel plan devrait être<br />

adopté, moyennant quelques modifications,<br />

au sein de la région arabe.<br />

Dans la région arabe en effet, on peut<br />

observer des disparités semblab<strong>le</strong>s entre<br />

<strong>le</strong>s pays, ainsi que des problèmes de<br />

pauvreté. Le niveau de la dette publique<br />

domestique et étrangère, par exemp<strong>le</strong>,<br />

est relativement é<strong>le</strong>vé dans certains<br />

pays arabes, atteignant 100% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it<br />

intérieur brut en Egypte, 135% au<br />

Liban, 93% en Jordanie et 81% en Syrie.<br />

De plus, <strong>le</strong>s différences en matière de<br />

dépenses publiques entre <strong>le</strong>s Etats sont<br />

très importantes, en particulier <strong>du</strong> fait<br />

que plusieurs pays allouent une somme<br />

considérab<strong>le</strong> de dépenses publiques à la<br />

dépense militaire.<br />

On doit cependant reconnaître que la<br />

pression fisca<strong>le</strong> a connu une tendance<br />

baissière dans des pays arabes. De plus,<br />

avant 2004, <strong>le</strong>s droits de douane entre<br />

<strong>le</strong>s pays arabes ont été ré<strong>du</strong>its à 20%<br />

de <strong>le</strong>ur niveau de 1997. De nombreux<br />

pays ont éga<strong>le</strong>ment commencé à réviser<br />

et restructurer <strong>le</strong>urs systèmes fiscaux.<br />

Toutefois, ces réformes sont con<strong>du</strong>ites<br />

<strong>sur</strong> une base nationa<strong>le</strong> plutôt que régiona<strong>le</strong>,<br />

ce qui peut aboutir à l'approfondissement<br />

des disparités.<br />

Le problème avec la convergence fisca<strong>le</strong><br />

est que <strong>le</strong>s Etats doivent accepter de<br />

subir des coûts d'ajustement à court<br />

terme pour récolter des bénéfices à long


terme. De plus, la coordination est un<br />

problème-c<strong>le</strong>f. Les réformes indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>s<br />

pourraient alors être plus négatives<br />

que des disparités existantes.<br />

Les politiques monétaires<br />

Après la convergence fisca<strong>le</strong>, l'étape<br />

suivante serait l'harmonisation des politiques<br />

monétaires. Ce sujet ne peut pas<br />

être discuté sans évoquer l'expérience<br />

unique de l'UE. Il fait remarquer que<br />

l'idée d'une monnaie unique avait rencontré<br />

un grand scepticisme. Ce nouveau<br />

pas a nécessité une forte volonté<br />

des <strong>le</strong>aders politiques, une structure<br />

institutionnel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> efficace et <strong>le</strong><br />

consentement <strong>sur</strong> <strong>le</strong> fait qu'un des Etats<br />

membres jouerait un rô<strong>le</strong> principal dans<br />

<strong>le</strong> processus. Dans <strong>le</strong> cas de l'UE, c'est<br />

l'Al<strong>le</strong>magne qui fut la force première.<br />

La version arabe cependant, ne remplit<br />

aucune de ces trois exigences. Il y a<br />

d'abord des doutes <strong>sur</strong> la volonté des<br />

<strong>le</strong>aders arabes à entrer dans une tel<strong>le</strong><br />

intégration profonde. Dans <strong>le</strong> monde<br />

arabe, l'intégration est <strong>sur</strong>tout un slogan<br />

politique. De ce fait, il est diffici<strong>le</strong><br />

d'avoir une structure institutionnel<strong>le</strong><br />

régiona<strong>le</strong> dans une tel<strong>le</strong> ambiance hosti<strong>le</strong>.<br />

Et certainement, choisir un <strong>le</strong>ader<br />

constituerait la tâche la plus diffici<strong>le</strong><br />

sinon impossib<strong>le</strong>.<br />

La création de la Banque Centra<strong>le</strong><br />

Européenne (BCE) a été crucia<strong>le</strong> dans<br />

<strong>le</strong> succès de cette forme d'intégration.<br />

Il s'agit d'une institution supranationa<strong>le</strong><br />

qui possédait la crédibilité, une stratégie<br />

appropriée, l'expertise technique ainsi<br />

que l'autorité pour mettre en oeuvre ses<br />

plans. Un préalab<strong>le</strong> décisif pour <strong>le</strong> succès<br />

de la BCE a été son indépendance.<br />

Il est parfois avancé que l'indépendance<br />

de banques centra<strong>le</strong>s implique des<br />

-77-<br />

Encadré : Intégration Financière et<br />

Monétaire sud-sud (basé <strong>sur</strong> l'étude<br />

Femise 22-39)<br />

Les PM semb<strong>le</strong>nt vouloir se diriger vers une<br />

intégration économique régiona<strong>le</strong> accrue. Une<br />

partie importante de l'intégration économique<br />

est l'augmentation <strong>du</strong> commerce. Cependant,<br />

étant donné <strong>le</strong>s environnements monétaires,<br />

macro-économiques et financiers instab<strong>le</strong>s<br />

dans certaines parties de la région, il semb<strong>le</strong><br />

douteux que <strong>le</strong>s politiques macro-économiques<br />

suivies actuel<strong>le</strong>ment fourniront la stabilité<br />

nécessaire pour accroître l'intégration<br />

économique à une échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong>.<br />

On continue de plus à observer des divergences<br />

significatives dans <strong>le</strong>s politiques de taux<br />

de change et <strong>le</strong>s cyc<strong>le</strong>s d'activité. L'existence<br />

d'une <strong>sur</strong>évaluation des taux de change réels<br />

et de mauvais alignements dans <strong>le</strong>s pays<br />

GAFTA freinent toujours <strong>le</strong>s flux de commerce<br />

intra-régional. Ici, la divergence des politiques<br />

macro-économiques dans la région peut être<br />

considérée comme l'un des principaux obstac<strong>le</strong>s<br />

à la réalisation d'une intégration commercia<strong>le</strong><br />

et monétaire. Une façon possib<strong>le</strong> de<br />

résoudre ce problème est peut-être l'adoption<br />

d'une devise commune dans la région MED.<br />

La littérature <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s problèmes de taux<br />

de change indique que <strong>le</strong>s bénéfices d'une<br />

union monétaire, par adoption d'une devise<br />

commune, sont issus de l'élimination des<br />

coûts liés aux mauvais alignements de taux<br />

de change et à la conversion des monnaies.<br />

Les accords GAFTA actuels ne prévoient pas<br />

immédiatement la mobilité <strong>du</strong> travail dans la<br />

région, ni la possibilité de transferts fiscaux<br />

inter-frontaliers pour aplanir <strong>le</strong>s chocs économiques<br />

et financiers. Plus loin, <strong>le</strong>s banques<br />

centra<strong>le</strong>s des divers PM ne possèdent pas des<br />

bons antécédents pour maintenir la stabilité<br />

des prix et un taux de change f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>, qui <strong>le</strong>ur<br />

permettraient de poursuivre <strong>le</strong>urs propres<br />

politiques monétaires indépendantes. Une<br />

politique monétaire qui adopterait une devise<br />

commune ou qui ancrerait étroitement <strong>le</strong>s<br />

devises MED à l'<strong>euro</strong> et non au dollar pourrait<br />

contribuer à « emprunter » de la crédibilité<br />

monétaire de la Banque Centra<strong>le</strong> Européenne<br />

(BCE) et ainsi, ré<strong>du</strong>ire l'inflation et <strong>le</strong>s taux<br />

d'intérêt de la région MED.<br />

Si <strong>le</strong> souhait est l'indépendance monétaire, un<br />

régime de taux de change f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> est meil<strong>le</strong>ur<br />

pour <strong>le</strong>s PM, compte tenu de <strong>le</strong>urs différences<br />

structurel<strong>le</strong>s. Cependant, <strong>le</strong>s expériences <strong>du</strong><br />

Liban, de l'Egypte, <strong>du</strong> Maroc et de la Tunisie<br />

en termes de taux f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s ont été décevan-


tes, vus la forte volatilité de <strong>le</strong>urs taux de<br />

change réels et <strong>le</strong> mauvais alignement prolongé<br />

de <strong>le</strong>urs devises respectives par rapport<br />

aux va<strong>le</strong>urs d'équilibres. Une monnaie domestique<br />

faib<strong>le</strong> contribue à la faib<strong>le</strong> pro<strong>du</strong>ctivité<br />

des entreprises domestiques qui rivalisent<br />

avec l'étranger. Dans la me<strong>sur</strong>e où ces pays<br />

optent pour une stratégie d'ouverture qui<br />

devrait con<strong>du</strong>ire à des liaisons commercia<strong>le</strong>s<br />

plus grandes <strong>le</strong>s uns avec <strong>le</strong>s autres, une plus<br />

grande fixité des taux de change vis-à-vis de<br />

l'<strong>euro</strong> pourrait être favorisée.<br />

L'étude Femise a analysé cette question à partir<br />

des données annuel<strong>le</strong>s de la base de données<br />

« Statistiques Financières Internationa<strong>le</strong>s »<br />

et <strong>du</strong> Fonds Monétaire arabe <strong>sur</strong> la période<br />

1960-2003, pour étudier <strong>le</strong> statut d'intégration<br />

monétaire dans la région MED et <strong>le</strong>s perspectives<br />

d'adoption d'une devise commune.<br />

Des tests de co-integration ont été utilisés<br />

pour étudier l'intégration monétaire sud-sud,<br />

notamment si <strong>le</strong>s PM menaient <strong>le</strong>urs politiques<br />

macro et monétaires indépendamment<br />

ou suivaient une sorte de convergence favorab<strong>le</strong><br />

à l'adoption d'une devise commune. Les<br />

résultats montrent qu'il n'y a aucune convergence<br />

dans <strong>le</strong>s politiques monétaires ou<br />

macro en général. Ces résultats indiquent une<br />

forte relation de long terme entre <strong>le</strong>s taux de<br />

croissance <strong>du</strong> PIB de la Jordanie, <strong>du</strong> Koweït,<br />

<strong>du</strong> Maroc, de l'Arabie Saoudite, de la Syrie, de<br />

la Tunisie, des EAU et <strong>du</strong> Liban, indiquant une<br />

convergence forte des cyc<strong>le</strong>s d'activité. Si une<br />

croissance <strong>du</strong> commerce intra-régional peut<br />

con<strong>du</strong>ire apparemment à plus de synchronisation<br />

dans des cyc<strong>le</strong>s d'activité, ici <strong>le</strong>s taux<br />

de croissance de PIB sont aussi fortement corrélés<br />

avec <strong>le</strong>s fluctuations <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> pétro<strong>le</strong>.<br />

C'est non seu<strong>le</strong>ment vrai pour <strong>le</strong>s pays pro<strong>du</strong>cteurs,<br />

mais éga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s autres, <strong>du</strong><br />

fait des effets significatifs des rapatriements<br />

des travail<strong>le</strong>urs émigrés travaillant dans des<br />

pays pétroliers. On peut ainsi sans risque<br />

conclure que la convergence forte dans <strong>le</strong>s<br />

taux de croissance <strong>du</strong> PIB n'est pas vraiment<br />

<strong>le</strong> résultat d'une intégration commercia<strong>le</strong> plus<br />

grande, mais est plutôt con<strong>du</strong>ite par la dynamique<br />

<strong>du</strong> prix de pétro<strong>le</strong>. Les résultats de<br />

cointegration des taux de change nominaux<br />

en Jordanie, Egypte, Koweït, Maroc, Syrie,<br />

Tunisie et <strong>le</strong>s EAU indiquent une convergence<br />

plutôt faib<strong>le</strong>, qui n'est pas <strong>sur</strong>prenante. C'est<br />

expliqué par <strong>le</strong> manque de coordination et au<br />

degré significatif d'hétérogénéité des politiques<br />

monétaires et de taux de change : au<br />

moins cinq des sept pays MED semb<strong>le</strong>nt fixer<br />

<strong>le</strong>urs taux de change indépendamment. Les<br />

résultats <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s taux d'inflation de Bahreïn,<br />

-78-<br />

d'Egypte, de Jordanie, de l'Arabie Saoudite<br />

et de la Syrie indiquent une convergence très<br />

faib<strong>le</strong> des politiques monétaires en ce qui concerne<br />

l'inflation. Les éléments indiquant une<br />

convergence ne peuvent pas être attribués<br />

à une coordination, mais sont plutôt <strong>du</strong>es<br />

au fait que tous <strong>le</strong>s PM ont fourni des efforts<br />

significatifs pour contenir <strong>le</strong>s pressions inflationnistes<br />

depuis la fin des années 1980.<br />

La conclusion généra<strong>le</strong> est que la coordination<br />

des politiques monétaires et macro manque<br />

toujours dans la région et que plus d'efforts<br />

doivent être consacrés à cet égard. Un secteur<br />

où des véritab<strong>le</strong>s efforts vont devoir être<br />

menés concerne <strong>le</strong>s politiques monétaires.<br />

Il est nécessaire d'accroître l'harmonisation<br />

des politiques de taux d'intérêt et de taux de<br />

change. La politique de taux de change fixés<br />

à l'USD a con<strong>du</strong>it à la <strong>sur</strong>évaluation de taux<br />

de change réels avec des impacts négatifs <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> commerce intra-régional. Deux options de<br />

politique sont disponib<strong>le</strong>s. L'option de politique<br />

monétaire optima<strong>le</strong> est une union monétaire<br />

entre <strong>le</strong>s pays. Toutefois, la perspective<br />

d'une union monétaire entre des membres<br />

GAFTA apparaissant peu probab<strong>le</strong> à court<br />

terme, ces pays devraient peut-être suivre <strong>le</strong>s<br />

exemp<strong>le</strong>s tunisiens, marocains et égyptiens<br />

et présenter à court terme plus de f<strong>le</strong>xibilité<br />

dans <strong>le</strong>urs taux de change. A long terme, <strong>le</strong>s<br />

pays peuvent opter pour plus de fixité par un<br />

ancrage rigide ou une zone de cib<strong>le</strong> de taux de<br />

change comme étape avant l'adoption d'une<br />

devise commune. Toutefois, cela ne semb<strong>le</strong><br />

pas actuel<strong>le</strong>ment une alternative viab<strong>le</strong> pour<br />

la majorité des PM, compte tenu de l'absence<br />

de politiques monétaires indépendantes et<br />

des marchés financiers bien développés. De<br />

plus, <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> développement d'institutions<br />

monétaires, politiques et des institutions pour<br />

appliquer <strong>le</strong>s politiques ont tendance à affaiblir<br />

l'efficacité de politiques monétaires discrétionnaires.<br />

Pour <strong>le</strong> moment, l'option la plus<br />

sûre pour la plupart de ces pays peut être un<br />

certain type d'entente fixée. Pour <strong>le</strong>s PM qui<br />

réalisent une part significative de <strong>le</strong>ur commerce<br />

avec l'UE, un ancrage à l'<strong>euro</strong> peut être<br />

plus approprié qu'un ancrage au dollar. Dans<br />

tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s pays qui prendraient des<br />

dispositions de taux de change fixes doivent<br />

mettre en oeuvre des me<strong>sur</strong>es de prévention<br />

de crise, à savoir en exerçant la discipline<br />

fisca<strong>le</strong>, gérant <strong>le</strong>urs dettes et <strong>le</strong>urs réserves<br />

de devises et évitant l'appréciation de<br />

monnaie. A me<strong>sur</strong>e que <strong>le</strong>s PM amélioreront<br />

<strong>le</strong>urs infrastructures monétaires et fisca<strong>le</strong>s et<br />

deviendront plus intégrés aux marchés financiers<br />

mondiaux, ils pourront songer à adopter<br />

une devise commune.


taux d'inflation inférieurs, une meil<strong>le</strong>ure<br />

croissance et de meil<strong>le</strong>ures conditions<br />

d'emploi. La BCE a éga<strong>le</strong>ment cultivé la<br />

transparence, bien que ce soit une tâche<br />

diffici<strong>le</strong>, n'importe quels événements<br />

imprévus et affectant la politique monétaire<br />

pouvant attaquer sa crédibilité. Le<br />

processus a été accompagné par des<br />

campagnes d'information pour garantir<br />

l'appui <strong>du</strong> public.<br />

Dans la région arabe, la plupart des tentatives<br />

d'intégration reposent principa<strong>le</strong>ment<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce, qui était parfois<br />

suivi par une mobilité des capitaux et <strong>du</strong><br />

travail. Mais, peu d'efforts ont été dirigés<br />

vers l'identification de politiques monétaires<br />

régiona<strong>le</strong>s.<br />

Les questions agrico<strong>le</strong>s<br />

Au sein des interrogations <strong>sur</strong> l'intégration<br />

de la région arabe, une attention<br />

spécia<strong>le</strong> doit être portée au secteur agrico<strong>le</strong>,<br />

qui est l'un des principaux secteurs<br />

<strong>du</strong> monde arabe. Environ 23 millions<br />

de personnes sont employées directement<br />

dans <strong>le</strong>s activités agrico<strong>le</strong>s dans la<br />

région. Ici aussi, malgré <strong>le</strong>s ressources<br />

-79-<br />

naturel<strong>le</strong>s importantes disponib<strong>le</strong>s dans<br />

la région, l'absence de politiques et de<br />

régulation a con<strong>du</strong>it à un déficit commercial<br />

é<strong>le</strong>vé et grandissant dans ce<br />

secteur. La majorité des pays arabes<br />

importe massivement des pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s.<br />

Au cours de la période 1980-2003,<br />

<strong>le</strong>s importations agrico<strong>le</strong>s de la région<br />

arabe ont augmenté de 19 milliards US$<br />

à 26,2 milliards US$. Dans <strong>le</strong> même<br />

temps, <strong>le</strong>s exportations sont passées de<br />

3 milliards US$ à seu<strong>le</strong>ment 5,7 milliards<br />

US$ (Cf. figure 12). En ce qui concerne<br />

<strong>le</strong> commerce au sein des pays arabes, <strong>le</strong><br />

volume s'est é<strong>le</strong>vé à 5,3 milliards US$,<br />

ce qui implique que <strong>le</strong>s importations<br />

depuis la région arabe ne représentent<br />

qu’un quart des importations tota<strong>le</strong>s des<br />

pays arabes.<br />

Du côté <strong>euro</strong>péen, <strong>le</strong> nombre d'employés<br />

dans <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong> a baissé<br />

de 19 millions en 1970 à seu<strong>le</strong>ment 6,7<br />

millions en 2002. Cette baisse peut être<br />

attribuée à plusieurs facteurs, notamment<br />

la croissance de l'in<strong>du</strong>strie et des<br />

services, représentant un facteur d'attraction<br />

et la mécanisation croissante<br />

des processus agrico<strong>le</strong>s. Le secteur agri-<br />

Figure 12 : Importations et exportations tota<strong>le</strong>s de pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s dans la région<br />

arabe 1980-2003 (US$1000)<br />

Source : Etude Femise FEM22-07


co<strong>le</strong> au sein des deux régions a deux<br />

différences marquantes. En premier lieu,<br />

sa contribution au pro<strong>du</strong>it intérieur brut<br />

est bien inférieure pour <strong>le</strong>s pays de l'UE.<br />

En second lieu, la structure de pro<strong>du</strong>ction<br />

agrico<strong>le</strong> est tout à fait différente,<br />

que ce soit en termes de qualité de<br />

pro<strong>du</strong>ction, de niveau de mécanisation,<br />

d'échel<strong>le</strong> des exploitations, etc.. Pour<br />

illustrer la différence, on peut noter que<br />

<strong>le</strong> niveau <strong>le</strong> plus haut d'exportations<br />

par employé dans la région arabe a été<br />

atteint en 2002. Il ne représentait que<br />

10% de celui de l'UE la même année.<br />

Alors que la région arabe n'en est qu'à<br />

l'étape de la libéralisation commercia<strong>le</strong>,<br />

l'UE est déjà p<strong>le</strong>inement intégrée.<br />

Malgré <strong>le</strong> fait que l'agriculture ne compte<br />

en moyenne que pour seu<strong>le</strong>ment 2%<br />

dans <strong>le</strong>s comptes nationaux des pays de<br />

l'UE, son développement et <strong>le</strong> mouvement<br />

d'intégration ont fait l'objet d'une<br />

attention particulière de la part de l'UE.<br />

L'UE a intro<strong>du</strong>it la Politique Agrico<strong>le</strong><br />

Commune (PAC) dont l'objectif était<br />

d'augmenter la pro<strong>du</strong>ctivité agrico<strong>le</strong>, de<br />

garantir un niveau de vie convenab<strong>le</strong><br />

à la communauté agrico<strong>le</strong>, de stabili-<br />

-80-<br />

ser <strong>le</strong> marché, d'as<strong>sur</strong>er l'indépendance<br />

alimentaire et de maintenir des prix<br />

raisonnab<strong>le</strong>s. Grâce à cette politique,<br />

la pro<strong>du</strong>ction de céréa<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong>,<br />

s'est fortement développée en Europe<br />

au cours des années quatre-vingt-dix.<br />

L'UE a éga<strong>le</strong>ment œuvré au comb<strong>le</strong>ment<br />

de l'écart entre ses importations et<br />

exportations (Cf. figure 13).<br />

De plus, alors que <strong>le</strong> commerce intraarabe<br />

est tout à fait limité, comme nous<br />

l'avons vu ci-dessus, l'UE dépend plus<br />

de ses marchés internes que des marchés<br />

externes. La figure 14 distingue la<br />

proportion <strong>du</strong> commerce intra-<strong>euro</strong>péen<br />

dans <strong>le</strong> commerce total. Les chiffres<br />

repro<strong>du</strong>its ici concernent seu<strong>le</strong>ment l'UE<br />

à 15, ce qui suggère que l'élargissement<br />

de l'UE à 25 états va augmenter la proportion<br />

<strong>du</strong> commerce intra-<strong>euro</strong>péen.<br />

La faib<strong>le</strong> intégration de l'agriculture a<br />

été attribuée à plusieurs facteurs. Une<br />

des principa<strong>le</strong>s raisons est l'importation<br />

de pro<strong>du</strong>its bon marché depuis l'extérieur<br />

de la région arabe. Une autre<br />

raison est que <strong>le</strong>s investissements sont<br />

dirigés vers de grands projets de tra-<br />

Figure 13 : Importations et exportations agrico<strong>le</strong>s de l’Union Européenne en millions<br />

US$ (1980-2003)<br />

Source : Etude Femise FEM22-07


vaux publics. Ces projets ont souvent<br />

des coûts é<strong>le</strong>vés de maintenance, ce qui<br />

ne laisse aux pays que de faib<strong>le</strong>s fonds<br />

à consacrer au développement <strong>du</strong> secteur<br />

agrico<strong>le</strong> et à l'adoption de nouvel<strong>le</strong>s<br />

technologies. Enfin, un facteur qui est<br />

commun à tous <strong>le</strong>s aspects de l'intégration<br />

est l'absence de politique agrico<strong>le</strong><br />

régiona<strong>le</strong>.<br />

Pour combattre <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>sses <strong>du</strong> secteur<br />

agrico<strong>le</strong>, plusieurs institutions arabes<br />

ont porté une attention particulière à<br />

son développement dans toute la région.<br />

Un exemp<strong>le</strong> est <strong>le</strong> Fonds Arabe pour <strong>le</strong><br />

Développement Économique et Social.<br />

De 1974 à 2003, <strong>le</strong> développement<br />

agrico<strong>le</strong> et rural a bénéficié d'un budget<br />

de 886 millions KD, soit environ un cinquième<br />

des engagements de prêt totaux<br />

<strong>du</strong> Fonds. Le Fonds <strong>du</strong> Koweït pour <strong>le</strong><br />

Développement Économique Arabe a<br />

consacré un budget de 338 millions<br />

KD à l'agriculture, ce qui représente<br />

autour de 19% de débours totaux. Le<br />

Fonds Saoudien pour <strong>le</strong> Développement<br />

a éga<strong>le</strong>ment porté de l'intérêt au secteur<br />

agrico<strong>le</strong>, en y consacrant autour de 19%<br />

de ses dépenses, qui s'élèvent à envi-<br />

-81-<br />

ron 4,5 milliards SR pendant la période<br />

1974-2003 pour 71 projets. Bien que ces<br />

efforts aient été largement appréciés,<br />

ils n'ont pas in<strong>du</strong>it un élan d'intégration<br />

régiona<strong>le</strong>, ni de politique régiona<strong>le</strong>, dans<br />

la me<strong>sur</strong>e où ils n'ont pas de nature<br />

supranationa<strong>le</strong>.<br />

En se basant <strong>sur</strong> l'expérience de l'UE,<br />

on constate un fort besoin de la région<br />

arabe d'adopter un modè<strong>le</strong> agrico<strong>le</strong> qui<br />

renforcerait l'orientation <strong>du</strong> marché,<br />

augmenterait la pro<strong>du</strong>ctivité agrico<strong>le</strong> et<br />

coordonnerait <strong>le</strong>s efforts entre <strong>le</strong>s différents<br />

Etats membres. Les pays arabes<br />

doivent commencer <strong>le</strong>ur négociation <strong>sur</strong><br />

ce sujet comme une unique entité afin<br />

d'améliorer <strong>le</strong>s termes de l'échange et<br />

d’être clairement enten<strong>du</strong>s internationa<strong>le</strong>ment.<br />

Les politiques socia<strong>le</strong>s<br />

On ne pourra considérer l'intégration<br />

comme réussie, qu'à condition qu'el<strong>le</strong><br />

bénéficie vraiment aux citoyens de chaque<br />

Etat membre. C'est pourquoi <strong>le</strong>s<br />

analystes ont tendance à considérer la<br />

politique socia<strong>le</strong> comme une me<strong>sur</strong>e de<br />

Figure 14 : Le commerce <strong>euro</strong>péen total de pro<strong>du</strong>its agrico<strong>le</strong>s, incluant et excluant<br />

<strong>le</strong> commerce intra-<strong>euro</strong>péen (1990-2003, million US$)<br />

Source : Etude Femise FEM22-07


l'intégration régiona<strong>le</strong> et <strong>du</strong> bien-être<br />

des citoyens.<br />

La région arabe est souvent caractérisée<br />

par <strong>le</strong> manque de coordination des<br />

efforts de développement sociaux, non<br />

seu<strong>le</strong>ment au niveau régional, mais au<br />

sein même de chaque pays. Les efforts<br />

de développement sont souvent <strong>le</strong> fait<br />

des organisations non gouvernementa<strong>le</strong>s<br />

indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>s. La région a connu des<br />

améliorations successives de certains<br />

indices sociaux, comme la mortalité<br />

maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong>, l'espérance de<br />

vie et <strong>le</strong>s taux d'alphabétisation, que<br />

l'on verra en détail plus loin. Toutefois,<br />

<strong>le</strong> <strong>Rapport</strong> Arabe <strong>sur</strong> <strong>le</strong> Développement<br />

Humain a constaté que <strong>le</strong>s progrès<br />

ont été longs et ne peuvent pas être<br />

considérés comme universels, puisque<br />

beaucoup de citoyens de la région sont<br />

toujours privés des besoins de base.<br />

Il faut remarquer que <strong>le</strong> revenu par habitant<br />

moyen PPP des états arabes atteint<br />

5 685 US$. C'est une va<strong>le</strong>ur relativement<br />

haute, comparée à la moyenne des pays<br />

en développement, qui est 4 359 US$<br />

(va<strong>le</strong>urs de 2003 selon <strong>le</strong> <strong>Rapport</strong> <strong>2005</strong><br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> Développement Humain). Mais,<br />

cette moyenne est assez trompeuse,<br />

car el<strong>le</strong> est fortement déterminée par<br />

<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des pays <strong>du</strong> Golfe, dont <strong>le</strong>s<br />

revenus par habitant peuvent atteindre<br />

22 420 US$ aux Emirats Arabes Unis.<br />

Pour d'autres états arabes, cependant,<br />

<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs sont considérab<strong>le</strong>ment inférieures,<br />

comme au Soudan (1 910 US$)<br />

et au Yémen (889 US$).<br />

Malgré l'amélioration apparente des<br />

revenus, certains indices de base restent<br />

toujours en arrière. Le taux d'alphabétisation<br />

moyen pour <strong>le</strong>s états arabes est<br />

64,1% alors que la moyenne des pays<br />

-82-<br />

en développement s'établit à 76,5%. Les<br />

taux d'alphabétisation <strong>le</strong>s plus bas dans<br />

la région se rencontrent en Algérie, en<br />

Egypte, au Maroc, à Oman, au Soudan,<br />

en Tunisie et au Yémen, qui cumu<strong>le</strong><br />

avec un niveau inférieur des revenus.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> niveau de revenu n'est pas<br />

<strong>le</strong> seul déterminant de l'alphabétisation,<br />

comme <strong>le</strong> montre la comparaison<br />

entre Oman et la Jordanie. Tandis que <strong>le</strong><br />

revenu par habitant à Oman est <strong>le</strong> trip<strong>le</strong><br />

de celui de Jordanie, <strong>le</strong> taux d'alphabétisation<br />

de cette dernière est plus é<strong>le</strong>vé<br />

de 20%.<br />

De plus, la discrimination par genre est<br />

une caractéristique particulière dans <strong>le</strong><br />

monde arabe. Les taux d'alphabétisation<br />

comme <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs en termes de maind'oeuvre<br />

<strong>le</strong> prouvent. Les taux d'alphabétisation<br />

féminins, en pourcentage des<br />

taux masculins, atteignent 71% dans la<br />

région. De plus, <strong>le</strong>s taux d'inscriptions<br />

scolaires pour <strong>le</strong>s femmes s'établissent<br />

autour de 83,8%, contre une moyenne<br />

des pays en développement de 87,3%.<br />

Plus loin, <strong>le</strong> taux d'activité féminin,<br />

toujours en pourcentage des taux enregistrés<br />

pour <strong>le</strong>s hommes n'atteint que<br />

38,9%. Les écarts <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s pour<br />

l'activité économique entre hommes et<br />

femmes se rencontrent au Maroc, au<br />

Koweït, en Tunisie et en Egypte, quand<br />

<strong>le</strong>s plus haut sont l'apanage d'Oman, de<br />

l'Irak et de l'Arabie Saoudite. On doit<br />

cependant reconnaître que la participation<br />

féminine dans la main-d'oeuvre<br />

a augmenté de 11,7% entre 1985 et<br />

1997 dans la région arabe, contre une<br />

augmentation moyenne pour <strong>le</strong>s pays en<br />

développement de seu<strong>le</strong>ment à 2,3%.<br />

Sur un autre plan, l'espérance de vie<br />

s'est substantiel<strong>le</strong>ment améliorée depuis<br />

<strong>le</strong>s années cinquante, où el<strong>le</strong> était de


40,5 ans pour <strong>le</strong>s hommes et 42,6 ans<br />

pour <strong>le</strong>s femmes. Pour la période 1990-<br />

1995, l'espérance de vie a atteint 62,6<br />

ans pour <strong>le</strong>s hommes et 65,2 ans pour<br />

<strong>le</strong>s femmes. De plus, <strong>le</strong> taux de mortalité<br />

des enfants de moins de 5 ans (pour<br />

1 000 naissances vivantes) varie de 3<br />

à 39, <strong>le</strong> Liban affichant <strong>le</strong> taux <strong>le</strong> plus<br />

bas et <strong>le</strong> Yémen <strong>le</strong> plus haut. Les taux<br />

de mortalité maternel<strong>le</strong> (pour 100 000<br />

naissances vivantes) s'étendent de 3 à<br />

550. Les dépenses tota<strong>le</strong>s de santé en<br />

pourcentage <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur brut<br />

vont de 1,5 à 10,1%.<br />

Pour améliorer <strong>le</strong> bien-être des citoyens,<br />

plusieurs pays arabes ont créé des fonds<br />

sociaux, qui agissent comme des médiateurs<br />

et répartissent des fonds provenant<br />

des gouvernements ou des donateurs,<br />

principa<strong>le</strong>ment aux pauvres en finançant<br />

de petits projets. Ils œuvrent en<br />

as<strong>sur</strong>ant des offres d'emploi, améliorant<br />

l'infrastructure et offrant des services de<br />

base aux démunis. Toutefois, l'efficacité<br />

de tels fonds peut être entravée par plusieurs<br />

facteurs. L'indépendance de ces<br />

fonds est variab<strong>le</strong> d'une nation à l'autre.<br />

Alors que <strong>le</strong>s fonds jordaniens et libanais,<br />

par exemp<strong>le</strong>, atteignent <strong>le</strong>s plus<br />

hauts niveaux d'indépendance, <strong>le</strong> conseil<br />

d'administration <strong>du</strong> Fonds Social égyptien<br />

est en grande partie composé par<br />

des représentants gouvernementaux, ce<br />

qui accroît sa nature bureaucratique.<br />

De plus, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> et l'évaluation des<br />

activités des fonds sociaux sont parfois<br />

abandonnés afin de ré<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>s coûts.<br />

Enfin, la nature temporaire de ces fonds<br />

est <strong>le</strong> principal défi au caractère <strong>du</strong>rab<strong>le</strong><br />

de <strong>le</strong>urs interventions.<br />

En plus de l'effort national, il existe un<br />

effort régional pour améliorer <strong>le</strong> bienêtre<br />

des citoyens. Comme dans <strong>le</strong> cas<br />

-83-<br />

de l'agriculture vu dans la section précédente,<br />

différentes institutions, comme<br />

<strong>le</strong> Fonds arabe pour <strong>le</strong> Développement<br />

Économique et Social, ont prêté une<br />

attention particulière au développement<br />

social. Le fonds a ainsi dirigé presque<br />

9,3% des débours de prêt totaux aux<br />

projets de services sociaux. Le Forum<br />

de Réforme Arabe est encore une autre<br />

tentative d'harmonisation de la politique<br />

socia<strong>le</strong>. Le forum a été créé en 2004<br />

dans la Bibliotheca A<strong>le</strong>xandrina avec<br />

pour mandat un dialogue continu entre<br />

des intel<strong>le</strong>ctuels. Ces dialogues portent<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s questions de développement, en<br />

se concentrant particulièrement <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

rô<strong>le</strong> des jeunes et des femmes dans <strong>le</strong><br />

développement.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, la politique socia<strong>le</strong> dans<br />

<strong>le</strong> monde arabe apparaît en retrait. Cela<br />

peut être attribué à plusieurs obstac<strong>le</strong>s.<br />

La tension politique dans la région a<br />

con<strong>du</strong>it <strong>le</strong>s gouvernements à investir<br />

de grandes sommes dans <strong>le</strong> développement<br />

militaire, au détriment <strong>du</strong><br />

développement social. Ainsi, il y a éga<strong>le</strong>ment<br />

un problème de non disponibilité<br />

de fonds. De forts taux de croissance<br />

démographique constituent encore un<br />

défi sérieux, qui pose la question <strong>du</strong><br />

chômage et de l'échec, dans de nombreux<br />

cas, à as<strong>sur</strong>er la formation professionnel<strong>le</strong>.<br />

L'incapacité à coordonner<br />

<strong>le</strong>s efforts de développement entre <strong>le</strong>s<br />

gouvernements et <strong>le</strong>s différentes entités<br />

non gouvernementa<strong>le</strong>s pèse éga<strong>le</strong>ment<br />

<strong>sur</strong> l'efficacité, d'autant que la société<br />

civi<strong>le</strong> dans la région arabe n'a qu'une<br />

expérience limitée. La centralisation <strong>du</strong><br />

processus décisionnel est éga<strong>le</strong>ment<br />

un obstac<strong>le</strong>, en particulier en présence<br />

d'une importante corruption et <strong>du</strong> manque<br />

de capacité humaine. La nature de<br />

gestion de crise de la plupart des efforts


en termes de développement entraîne<br />

<strong>le</strong> manque de caractère <strong>du</strong>rab<strong>le</strong> et une<br />

vraie amélioration <strong>du</strong> bien-être.<br />

En examinant l'expérience <strong>euro</strong>péenne,<br />

il faut noter que <strong>le</strong> Fonds Social<br />

Européen n'a joué qu'un rô<strong>le</strong> marginal<br />

dans l'intégration en termes de politique<br />

socia<strong>le</strong>. Sur un autre plan, la Charte<br />

Socia<strong>le</strong> Européenne de 1961, qui a été<br />

révisée et éten<strong>du</strong>e en 1996, représente<br />

un ensemb<strong>le</strong> d'actions obligatoires. De<br />

plus, pour renforcer l'intégration en<br />

matière socia<strong>le</strong>, la Cour Européenne<br />

de Justice a limité <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> national<br />

d'un pays <strong>sur</strong> sa politique socia<strong>le</strong> dans<br />

<strong>le</strong> sens où el<strong>le</strong> interdit la restriction des<br />

prestations socia<strong>le</strong>s aux seuls citoyens<br />

d'un pays.<br />

Un des principaux défis que l'UE rencontre<br />

est <strong>le</strong> chômage persistant des<br />

années quatre-vingt-dix. Pour traiter un<br />

tel problème, il a été exigé que chaque<br />

Etat membre formu<strong>le</strong> un plan d'action.<br />

Les plans de tous <strong>le</strong>s pays seraient alors<br />

coordonnés par <strong>le</strong>s différentes institutions<br />

de l'UE. Le Fonds Social Européen<br />

devait fournir l'appui à ces initiatives.<br />

Le problème est là d'identifier comment<br />

l'UE a coordonné <strong>le</strong>s efforts de développement<br />

sociaux.<br />

Pour accélérer <strong>le</strong> processus de <strong>le</strong>ur développement,<br />

<strong>le</strong>s pays arabes doivent utiliser<br />

efficacement <strong>le</strong>s ressources disponib<strong>le</strong>s<br />

et coordonner <strong>le</strong>s efforts de développement<br />

sociaux. Les deux principaux<br />

problèmes de développement social, à<br />

savoir <strong>le</strong> chômage des jeunes hommes<br />

et la discrimination de genre, doivent<br />

éga<strong>le</strong>ment être traités. Pour soutenir <strong>le</strong>s<br />

efforts de développement, il est nécessaire<br />

d'encourager et de développer la<br />

participation de la société civi<strong>le</strong>.<br />

-84-<br />

La mobilité des travail<strong>le</strong>urs<br />

La forme la plus superficiel<strong>le</strong> d'intégration,<br />

à savoir <strong>le</strong>s ACR, se concentre<br />

principa<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> la liberté de mouvement<br />

des marchandises et des services.<br />

Les marchés communs, deuxième étape<br />

d'intégration, prennent en compte <strong>le</strong>s<br />

mouvements des facteurs de pro<strong>du</strong>ction,<br />

donc la mobilité <strong>du</strong> travail. Il est<br />

notoire que la mobilité <strong>du</strong> travail est<br />

un processus naturel qui accompagne<br />

la croissance économique. Cependant,<br />

il peut être amélioré par la politique<br />

d'intégration. Ainsi, en absence de tel<strong>le</strong>s<br />

politiques, ce qui est <strong>le</strong> cas dans la<br />

région arabe, <strong>le</strong>s facteurs d'attraction<br />

sont <strong>le</strong> seul déterminant de la mobilité<br />

<strong>du</strong> travail. Des accords bilatéraux sont<br />

<strong>le</strong>s seuls accords dans la région arabe<br />

qui traitent quelques aspects de mobilité<br />

<strong>du</strong> travail, sans al<strong>le</strong>r toutefois jusqu'à la<br />

libre circulation.<br />

L'Egypte, par exemp<strong>le</strong>, a signé des<br />

accords de coopération <strong>sur</strong> la question<br />

<strong>du</strong> travail avec neuf pays arabes au cours<br />

de la période 1974-1990. Le Maroc a des<br />

accords avec cinq pays arabes, datant<br />

<strong>du</strong> début des années 1980, la Tunisie<br />

avec quatre pays et <strong>le</strong>s Emirats Arabes<br />

Unis avec cinq pays. Malgré ce nombre<br />

d'accords bilatéraux, la main-d'oeuvre<br />

arabe a dû faire face à la concurrence<br />

de travail<strong>le</strong>urs résidant en dehors de la<br />

région, particulièrement en provenance<br />

de l'Asie. En outre, <strong>le</strong>s tensions politiques<br />

entre <strong>le</strong>s pays arabes ont souvent abouti<br />

à la résiliation des contrats de travail<br />

des travail<strong>le</strong>urs d'autres pays arabes.<br />

Ce genre d'événement n'a pas été unique;<br />

il a été répété dans plusieurs pays<br />

<strong>sur</strong> un grand nombre de travail<strong>le</strong>urs.<br />

En 1985, par exemp<strong>le</strong>, la Libye a mis<br />

fin aux contrats de travail de nombreux


émigrés égyptiens et tunisiens. Le Qatar<br />

a expulsé plusieurs centaines d'ouvriers<br />

égyptiens en 1998. De plus, la deuxième<br />

guerre <strong>du</strong> Golfe a con<strong>du</strong>it au retour d'environ<br />

390 mil<strong>le</strong> travail<strong>le</strong>urs égyptiens<br />

dans <strong>le</strong>ur pays. Les évaluations tendent<br />

à indiquer que <strong>le</strong>s pays GCC, suite au<br />

désaccord <strong>sur</strong> la position politique adoptée<br />

par ces pays pendant cette guerre,<br />

ont expulsé plus d'un million d'ouvriers<br />

en Jordanie, en Syrie et au Yémen.<br />

L'Organisation Arabe <strong>du</strong> Travail a adopté<br />

deux chartes pour régir <strong>le</strong>s mouvements<br />

des hommes dans la région arabe. El<strong>le</strong>s<br />

indiquent que l'on devrait donner la préférence<br />

aux travail<strong>le</strong>urs arabes, en particulier<br />

aux pa<strong>le</strong>stiniens, après la préservation<br />

d'offres d'emploi pour <strong>le</strong>s citoyens<br />

d'un Etat membre. Cependant, el<strong>le</strong>s ne<br />

font aucune mention <strong>sur</strong> la libre circulation<br />

<strong>du</strong> travail. De plus, ce sont des instruments<br />

non contraignants. Le dernier<br />

accord est la Déclaration de Principes <strong>sur</strong><br />

la Facilitation <strong>du</strong> Mouvement <strong>du</strong> Travail<br />

Arabe, établie en février <strong>2005</strong>. Cette<br />

déclaration ne mentionne que la facilitation<br />

et non la libération, des mouvements<br />

des travail<strong>le</strong>urs. C'est éga<strong>le</strong>ment<br />

un accord non obligatoire.<br />

Comme indiqué précédemment, en l'absence<br />

de politique <strong>sur</strong> la circulation des<br />

travail<strong>le</strong>urs, la croissance économique<br />

est <strong>le</strong> seul déterminant des migrations.<br />

Dans la région arabe, <strong>le</strong>s principaux facteurs<br />

d'attraction résident dans <strong>le</strong>s pays<br />

GCC, qui possèdent un fort potentiel<br />

de croissance. Au cours de la période<br />

1975-2002, la population des pays GCC<br />

récepteurs a augmenté de 335%, soit<br />

de 9,7 à 32,5 millions. Cependant, alors<br />

que la population nationa<strong>le</strong> représentait<br />

77,4% de population tota<strong>le</strong> en 1975,<br />

el<strong>le</strong> n'en représente plus que 61,5%<br />

-85-<br />

en 2002, ce qui implique un taux de<br />

croissance de population migrante de<br />

568%. La partie arabe non-GCC de la<br />

population migrante a diminué de 72%<br />

en 1975 à 31% en 1996. Dans <strong>le</strong> cas<br />

spécifique de l'Arabie Saoudite, exemp<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> plus saisissant, cette part a chuté de<br />

90% à seu<strong>le</strong>ment 30%.<br />

A l'inverse, l'UE dispose d'une solide<br />

politique d'intégration en ce qui concerne<br />

la mobilité <strong>du</strong> travail. Les citoyens<br />

des Etats-membres de l'UE ont <strong>le</strong> droit<br />

de résider et d'être employés dans tout<br />

autre Etat membre. Un des principaux<br />

obstac<strong>le</strong>s auxquels cette forme d'intégration<br />

a dû faire face était la divergence<br />

de qualifications. Pour répondre<br />

à ce défi, il a été décidé que <strong>le</strong>s Etats<br />

membres reconnaîtraient mutuel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s qualifications de chacun plutôt que<br />

de tenter d'unifier <strong>le</strong>s critères de l'é<strong>du</strong>cation.<br />

Il est important de comprendre la<br />

différence entre <strong>le</strong> cas de la région arabe<br />

et celui de l'UE. Alors que la première ne<br />

dispose pas d'une vision claire, ni de la<br />

détermination à l'atteindre, la seconde<br />

a établi des règ<strong>le</strong>s précises et a délégué<br />

l'autorité de <strong>le</strong>ur mise en place à des<br />

institutions supranationa<strong>le</strong>s afin d'en<br />

garantir <strong>le</strong>ur accomplissement en temps<br />

opportun.<br />

Progresser<br />

La région arabe dispose de nombre<br />

d'avantages de va<strong>le</strong>ur importante. Les<br />

pays de la région ont un fort héritage<br />

historique, culturel et religieux commun,<br />

en plus d'être unis par une langue<br />

commune, avantage indisponib<strong>le</strong> pour<br />

<strong>le</strong>s Etats membres de l'UE. De plus, la<br />

région dispose d'une importante variété<br />

et d'une grande richesse de ressources<br />

naturel<strong>le</strong>s. Une population qui dépasse


<strong>le</strong>s 270 millions en 2003 représente un<br />

très important marché et une maind'œuvre<br />

diversifiée. L'emplacement de<br />

la région au coeur <strong>du</strong> monde est éga<strong>le</strong>ment<br />

un grand actif. La région semb<strong>le</strong><br />

toutefois paralysée par plusieurs facteurs<br />

et notamment un manque d'engagement<br />

pour l'intégration de la part<br />

des Etats.<br />

La discussion autour des différents<br />

aspects de l'intégration et de l'expérience<br />

<strong>euro</strong>péenne a indiqué un ensemb<strong>le</strong><br />

d'actions communes nécessaires pour<br />

atteindre une plus forte intégration. En<br />

premier lieu, <strong>le</strong>s pays de la région doivent<br />

établir une vision claire de ce qu'ils<br />

veu<strong>le</strong>nt vraiment réaliser. Les pays doivent<br />

éga<strong>le</strong>ment coordonner <strong>le</strong>urs efforts<br />

dans des domaines différents pour former<br />

une région homogène plutôt que<br />

dispersée et parfois même marquée<br />

par la contradiction. La me<strong>sur</strong>e la plus<br />

importante qui réclame vraiment une<br />

action immédiate est la formation des<br />

institutions supranationa<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s de<br />

contrô<strong>le</strong>r et <strong>sur</strong>veil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s progrès faits<br />

dans <strong>le</strong>s différents pays vers l'intégration.<br />

Sans ces institutions, <strong>le</strong>s pays<br />

arabes ne seront pas capab<strong>le</strong>s de coordonner<br />

sérieusement <strong>le</strong>urs efforts et de<br />

garantir la mise en œuvre des objectifs<br />

consentis. Le préalab<strong>le</strong> à la formation<br />

de tel<strong>le</strong>s institutions est la volonté des<br />

autorités politiques à être évaluées par<br />

des institutions régiona<strong>le</strong>s.<br />

3. Les migrations en Méditerranée :<br />

la voie d’une intégration plus profonde<br />

La migration dans <strong>le</strong> bassin <strong>méditerranéen</strong><br />

est un phénomène ancien, avec<br />

des implications historiques et sociopolitiques<br />

profondes. Récemment, cette<br />

-86-<br />

question est devenue un sujet beaucoup<br />

plus comp<strong>le</strong>xe et débattu.<br />

L’influence des migrations <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développement<br />

global est considérab<strong>le</strong> : considérab<strong>le</strong><br />

pour l’UE, parce qu’il s’agit de<br />

comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s manques <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché de<br />

l’emploi et d’augmenter la tail<strong>le</strong> de la<br />

main-d’oeuvre et <strong>le</strong> nombre d’actifs ;<br />

positif pour <strong>le</strong>s pays en développement<br />

parce qu’el<strong>le</strong>s relâchent la pression<br />

que connaissent <strong>le</strong>s marchés d’emploi<br />

domestiques, parce qu’el<strong>le</strong>s entraînent<br />

un afflux de devises étrangères, en<br />

général supérieur à l’aide officiel<strong>le</strong>, et<br />

parce qu’el<strong>le</strong>s augmentent <strong>le</strong>s compétences.<br />

Avec un chômage toujours é<strong>le</strong>vé au<br />

sein des Partenaires de Méditerranée,<br />

<strong>le</strong>s migrations constituent une opportunité<br />

pour absorber l’excès de maind’oeuvre.<br />

Néanmoins, <strong>le</strong>s questions de<br />

cohésion socia<strong>le</strong> et de migration illéga<strong>le</strong><br />

en Europe empêchent d’accepter la<br />

migration comme une compensation de<br />

la croissance <strong>le</strong>nte de la main-d’œuvre.<br />

Les contrastes démographiques des<br />

tendances des marchés <strong>du</strong> travail<br />

dans <strong>le</strong> bassin <strong>méditerranéen</strong><br />

La situation démographique en<br />

Méditerranée varie considérab<strong>le</strong>ment. La<br />

population dans l’UE vieillit. Les naissances<br />

(7,3 millions par an) ne compensent<br />

plus <strong>le</strong>s décès (8,1 millions par<br />

an) (Femise, 2003). De plus, <strong>le</strong> taux de<br />

croissance démographique moyen pour<br />

l’UE s’établit à 0,3% dans la période de<br />

1990-2003, contre 2,4% pour <strong>le</strong>s pays<br />

<strong>du</strong> sud, et <strong>le</strong>s projections montrent qu’ils<br />

baisseront respectivement à 0% et 1,7%<br />

dans la période 2003-2015 (Banque<br />

Mondia<strong>le</strong>, <strong>2005</strong>).


Les pays <strong>du</strong> nord ont une population rela- L’amp<strong>le</strong>ur des migrations : la moitié<br />

tivement plus âgée alors que cel<strong>le</strong> des des migrants des Pays <strong>du</strong> sud choi-<br />

rives sud est jeune. Les moins de 15 ans<br />

y représentent de 35 à 40% de la popusissent<br />

l’Europe<br />

lation (Femise, 2003). La proportion de Les pays <strong>du</strong> sud de la Méditerranée<br />

la population en âge de travail<strong>le</strong>r va donc constituent aujourd’hui une zone majeu-<br />

croître plus rapidement que la population re d’émigration, caractérisée par deux<br />

tota<strong>le</strong>. L’offre d’emploi va augmenter, flux principaux : l’un vers <strong>le</strong>s pays de<br />

ainsi que <strong>le</strong> potentiel migratoire. En con- Conseil de Coopération <strong>du</strong> Golfe (CCG),<br />

séquence, trouver un emploi à l’extérieur et l’autre vers <strong>le</strong>s pays <strong>euro</strong>péens. Avec<br />

de l’économie domestique est devenu un nombre de primo-émigrants allant<br />

une caractéristique structurel<strong>le</strong> de beau- de 10 et à 15 millions, suivant que <strong>le</strong><br />

coup de pays de la région sud.<br />

calcul s’effectue par destination ou par<br />

pays d’origine, <strong>le</strong>s primo-émigrants des<br />

De plus, la population de la Méditerranée pays <strong>du</strong> sud représentent environ 4,8%<br />

<strong>du</strong> Sud et <strong>le</strong>s entrées <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché <strong>du</strong> de <strong>le</strong>ur population agrégée, qui s’élève à<br />

travail continueront à croître au moins<br />

jusqu’à 2015, la structure de population<br />

260 millions en <strong>2005</strong> (Fargue, <strong>2005</strong>).<br />

étant caractérisée par la prédominance Le flux de migration vers <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong><br />

des jeunes (<strong>FEMISE</strong>, 2003). Ainsi, <strong>le</strong> taux<br />

de chômage moyen pour l’UE est 6,7%<br />

Conseil de Coopération <strong>du</strong> Golfe<br />

(OIT, 2004a), tandis qu’il atteint environ Ce flux se dirige vers <strong>le</strong>s pays riches pro-<br />

16.0% pour <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> sud (Banque <strong>du</strong>cteurs de pétro<strong>le</strong> : Bahrayn, <strong>le</strong> Koweït,<br />

mondia<strong>le</strong>, <strong>2005</strong>).<br />

<strong>le</strong> Sultanat d’Oman, <strong>le</strong> Qatar, l’Arabie<br />

Saoudite et <strong>le</strong>s Emirats Arabes Unis.<br />

Parallè<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s pays de l’Union Ces pays ont maintenant une popula-<br />

Européenne, confrontés au vieillissetion active étrangère importante. Cette<br />

ment de <strong>le</strong>ur population, sont réticents à immigration est liée au développement<br />

reconnaître la nécessité de programmes de la ressource pétrolière depuis 1972,<br />

de gestion de l’immigration léga<strong>le</strong> pour date à laquel<strong>le</strong> environ 800 000 ouvriers<br />

répondre aux besoins futurs de <strong>le</strong>ur mar- migrants vivaient dans <strong>le</strong> CCG. Avec<br />

ché <strong>du</strong> travail.<br />

l’augmentation <strong>du</strong> prix de pétro<strong>le</strong> depuis<br />

Tab<strong>le</strong>au X19 : Pourcentage de ressortissants et expatriés dans la main-d’oeuvre de<br />

pays GCC, 1995-2001 (000 Personnes)<br />

1995 * 2002**<br />

Total ('000s) % Nationaux % Non Total (000s)<br />

% Nationaux % Non<br />

nationaux<br />

nationaux<br />

UAE 955,1 11,6 88,4 2 269,0 10,2 89,8<br />

Bahrain 226,5 40,0 60,0 308,3 40,1 59,0<br />

KSA 6 450,0 36,5 63,5 6089,8*** 49,7 50,3<br />

Oman 670,3 35,8 64,2 731,5 21,7 78,2<br />

Qatar 218,0 17,9 82,1 322,9 14,2 85,7<br />

Kuwait 1 051,5 16,6 83,4 1 320,2 19,6 80,4<br />

Total 9 571,4 26,4 73,6 11 041,7 26,0 74<br />

Sources : * Maurice Girgis, Les nationaux et <strong>le</strong>s ouvriers migrants dans <strong>le</strong> GCC : Faire face au changement,<br />

2000<br />

** GCC, STATISTICAL BULLETIN, volume 12, 2003;<br />

Http : // www.gcc-sg.org/gccstatvo112/genstat/g4. htm<br />

*** Annuaire d’OIT de Statistique <strong>du</strong> Travail 2002<br />

-87-


1972, la région entière est rapidement<br />

devenue dépendante de la population<br />

active étrangère : dès 1975, la population<br />

étrangère dans <strong>le</strong>s Etats <strong>du</strong> CCG<br />

était évaluée à 3.8 millions de personnes,<br />

soit 40% de population tota<strong>le</strong>.<br />

Aujourd’hui, <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs étrangers<br />

représentent presque <strong>le</strong>s trois quarts<br />

de la main-d’œuvre (Fasano et, Rishi,<br />

2004). Il y a cependant de grandes<br />

différences en termes distribution<br />

par pays <strong>du</strong> CCG : tandis qu’ils<br />

représentent presque 90% dans la<br />

main-d’oeuvre des EAU, <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs<br />

étrangers représentent 50% de la main<br />

d’œuvre en Arabie Saoudite (tab<strong>le</strong>au<br />

X19).<br />

Du milieu des années 1980 au milieu<br />

des années 1990, <strong>le</strong> CCG a vu <strong>le</strong> remplacement<br />

des travail<strong>le</strong>urs arabes par<br />

des travail<strong>le</strong>urs asiatiques : la part des<br />

arabes dans la force de travail étrangère<br />

est passée de 75% à 28% en<br />

2000, au bénéfice des travail<strong>le</strong>urs asiatiques<br />

(Girgis, 2002). Une des explications<br />

de cette baisse est la tendance<br />

à la nationalisation des marchés <strong>du</strong><br />

travail. Confrontés à l’augmentation<br />

<strong>du</strong> chômage de <strong>le</strong>urs nationaux, <strong>le</strong>s<br />

gouvernements <strong>du</strong> CCG ont pris des<br />

me<strong>sur</strong>es qui ont con<strong>du</strong>it à l’adoption de<br />

règ<strong>le</strong>ments limitant la part de la main<br />

d’œuvre étrangère, en faveur de la<br />

main-d’oeuvre nationa<strong>le</strong>, comme :<br />

√ Une condition de nationalité pour<br />

certaines professions, réservées aux<br />

nationaux.<br />

√ Des subventions aux entreprises<br />

pour encourager <strong>le</strong> recrutement de<br />

nationaux et accroître <strong>le</strong>ur part dans<br />

<strong>le</strong>s effectifs employés.<br />

-88-<br />

√ L’augmentation <strong>du</strong> coût de la main<br />

d’œuvre étrangère par des me<strong>sur</strong>es<br />

fisca<strong>le</strong>s.<br />

√ La mise en œuvre de me<strong>sur</strong>es obligatoires,<br />

y compris des quotas de<br />

ressortissants employés par des<br />

sociétés privées, pour certaines professions<br />

ou secteurs spécifiques.<br />

√ Une tentative d’égaliser l’attractivité<br />

de l’emploi public et privé, en<br />

alignant <strong>le</strong>s régimes de retraite et<br />

<strong>le</strong>s prestations socia<strong>le</strong>s de tous <strong>le</strong>s<br />

nationaux, quel que soit <strong>le</strong> secteur<br />

dans <strong>le</strong>quel ils sont employés.<br />

√ Une tentative de ré<strong>du</strong>ction des écarts<br />

de salaire et de pro<strong>du</strong>ctivité entre<br />

<strong>le</strong>s secteurs public et privé.<br />

Grâce à l’augmentation des prix de<br />

pétro<strong>le</strong> et à la croissance des revenus<br />

générée, qui devrait excéder cel<strong>le</strong> des<br />

années 1970 et 1980, la balance budgétaire<br />

et la balance courante s’améliorent<br />

considérab<strong>le</strong>ment, créant une<br />

demande intérieure forte. L’excédent<br />

courant régional devrait atteindre<br />

23,5% de PIB en 2006 (<strong>le</strong> FMI, <strong>2005</strong>)<br />

Ce bonus financier est une occasion<br />

pour <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> CCG d’accélérer la mise<br />

en œuvre de réformes qui pro<strong>du</strong>iraient<br />

l’emploi, pour répondre à la croissance<br />

de la population active nationa<strong>le</strong> et à<br />

la croissance de la demande de main<br />

d’œuvre étrangère.<br />

Le flux vers l’Europe<br />

Entre 5,0 et 6,4 millions de primo-émigrants<br />

Med-MENA résident en Europe<br />

(migrants clandestins non inclus). Ce<br />

chiffre n’inclut pas <strong>le</strong>s émigrés « de la


seconde génération ». En général, on<br />

estime qu’il y a environ 10,6 millions<br />

d’émigrés, première et deuxième générations<br />

confon<strong>du</strong>es (Fargue, <strong>2005</strong>)<br />

Les statistiques agrégées fournies par<br />

<strong>le</strong>s Etats membres d’UE comptabilisent<br />

5.8 millions de migrants d’origine<br />

Med-MENA. Deux pays traditionnels de<br />

destination, l’Al<strong>le</strong>magne et la France,<br />

accueil<strong>le</strong>nt presque <strong>le</strong>s trois-quarts de<br />

cette population, <strong>le</strong> reste étant distribué<br />

entre <strong>le</strong>s vingt-trois autres Etats membres<br />

de l’UE (Figure 15). Parmi <strong>le</strong>s trois<br />

Figure 15 : Migrants MENA par pays de résidence<br />

-89-<br />

pays suivants dans <strong>le</strong> classement - Pays-<br />

Bas, Espagne et Italie -, <strong>le</strong>s deux derniers<br />

constituent un nouveau pô<strong>le</strong> d’attraction<br />

pour <strong>le</strong>s migrants de la Méditerranée <strong>du</strong><br />

sud. Les principaux pays d’origine sont :<br />

<strong>le</strong>s Territoires Pa<strong>le</strong>stiniens, la Turquie, <strong>le</strong><br />

Maroc et l’Egypte.<br />

La figure 16 indique l’existence de trajets<br />

migratoires spécifiques selon <strong>le</strong>s<br />

différents pays d’origine. Les migrants<br />

<strong>du</strong> Maghreb et de la Turquie sont principa<strong>le</strong>ment<br />

attirés par l’Europe, tandis que<br />

ceux de pays arabes de la Méditerranée<br />

Sources : Fargue, <strong>2005</strong>, basé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s calculs de :<br />

Algérie : Recensement de la population, 1998; Arménie : recensement de la population, 2001; Australie<br />

: Recensement de la population, 2001; l’Autriche : Recensement de la population, 2001; Belgique<br />

: Bureau des étrangers, <strong>2005</strong>; Canada : 2001, Statistiques <strong>du</strong> Canada; Chypre : Recensement de<br />

Population, 2002; République Tchèque : Ministère de l’Intérieur, 2002; Danemark : Statistiques <strong>du</strong><br />

Danemark, 2003; Estonie : recensement de la population, 2000; Finlande : Statistique de La Finlande,<br />

2003; France : Recensement de la population, INSEE, 1999; Al<strong>le</strong>magne : Registre Central <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

Étrangers, 2002; Grèce : Recensement de la Population, 2001; Hongrie : Recensement de la Population,<br />

2001; Islande : Statistiques de l’Islande, 2003; Iran : Centre Statistique de l’Iran, 2003; Irlande : nd;<br />

Israël :Bureau Central de Statistique, mi-2003; Italie : Permis de séjour 31.08.2004; Japon : Bureau de<br />

Statistique <strong>du</strong> Japon, 2000; la Jordanie : Recensement de la Population et <strong>du</strong> Logement, 1994; Lettonie<br />

: Recensement de la Population et <strong>du</strong> Logement, 2000; Lituanie : Recensement de la Population et <strong>du</strong><br />

Logement 2001; Luxembourg : RP2001; Malte : nd; Maroc : Direction Gén. De la Sûreté Généra<strong>le</strong>, 2002;<br />

Pays-Bas : statistique des Pays-Bas, 2004; Nouvel<strong>le</strong>-Zélande : Recensement de la Population, 2001;<br />

Norvège : Statistique la Norvège, <strong>2005</strong>; Territoires Pa<strong>le</strong>stiniens : Israël, <strong>le</strong> Bureau Central de Statistique,<br />

fin 2004; Pologne : nd; Portugal : 2003; Roumanie : Recensement de la Population, 2002; Slovaquie :<br />

nd; Slovénie : Recensement de la Population, 2000; Afrique <strong>du</strong> Sud : Statistique l’Afrique <strong>du</strong> Sud, 2003;<br />

Espagne : Permis de séjour 31.12.2003; Suède : Statistique la Suède, 2003; Suisse : Bureau fédéral<br />

de l’Immigration, 2003; la Tunisie : Recensement de la Population 2004; Turquie : Recensement de la<br />

Population 2000; Royaume-Uni : Recensement 2001; Etats-Unis : Bureau de Recensement américain,<br />

Recensement 2000.


orienta<strong>le</strong> sont attirés par <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> nies, voire davantage, <strong>le</strong>s rapatriements<br />

CCG et d’autres régions <strong>du</strong> monde. des revenus des migrants d’Afrique <strong>du</strong><br />

Nord ont constitué la part de PIB la plus<br />

Les rapatriements de revenus des tra- é<strong>le</strong>vée par rapport aux autres régions<br />

vail<strong>le</strong>urs jouent un rô<strong>le</strong> central dans la dans <strong>le</strong> monde : en 2002, ils représen-<br />

stabilité monétaire de beaucoup de pays taient 3,1% de PIB, contre 1,6% pour<br />

en voie de développement et sont cru- l’Amérique Latine et 0,6% pour l’Afrique<br />

ciaux pour la <strong>sur</strong>vie des ménages pau- sub-Saharienne (la plus basse dans <strong>le</strong><br />

vres. Pendant ces deux dernières décen- monde) (Gallina, 2004).<br />

Figure 16 : Répartition des migrants en provenance de 7 PM par région de destination<br />

Selon <strong>le</strong>s données des pays d’origine<br />

L’Israël, la Jordanie et la Syrie ne fournissent pas de statistiques de <strong>le</strong>urs ressortissants à l’étranger par<br />

<strong>le</strong> pays de résidence et ne sont pas inclus dans <strong>le</strong> graphique.<br />

Source : Fargue, <strong>2005</strong>, basé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s calculs de :<br />

1/Conseil Économique national et Social (1997), Commission Communauté de la Algérienne à l’Étranger<br />

«Situation de la Communauté Algérienne à l’étranger «, étude préliminaire<br />

2/CAPMAS (2001)<br />

3/Choghig Kasparian, L’entrée des jeunes libanais dans la vie active et l’émigration depuis 1975, Université<br />

Saint Joseph de Beyrouth, 2003<br />

4/Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, Maroc, 2004<br />

5/Bureau Central pa<strong>le</strong>stinien de la Statistique, Résumé Statistique de la Pa<strong>le</strong>stine, No4. Ramallah, 2003<br />

6/Ministère des Affaires Etrangères, Tunis, <strong>2005</strong><br />

7/Direction Généra<strong>le</strong> des Services pour <strong>le</strong>s Ouvriers À l’étranger, Attaché au Ministère <strong>du</strong> Travail et à la<br />

Sécurité socia<strong>le</strong> (2002).<br />

Tab<strong>le</strong>au X20 : Les rapatriements des revenus des migrants (milliard $)<br />

1996 2000 2004* % PIB<br />

2004**<br />

% Exports<br />

Egypte 3,1 2,9 3,0 4,0 39,0<br />

Jordanie 1,7 1,8 2,2 19,7 56,4<br />

Maroc 2,2 2,2 3,6 7,2 37,1<br />

Turquie 3,5 4,6 0,7 0,2 1,1<br />

Source : Finances <strong>du</strong> Développement Global <strong>2005</strong> : Mobilisation des Finances et Gestion de la<br />

Vulnérabilité<br />

** Calculs <strong>du</strong> <strong>Rapport</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> Développement Mondial 2006 et des Finances <strong>du</strong> Développement Global<br />

<strong>2005</strong><br />

-90


Depuis la Déclaration de Barcelone et<br />

<strong>le</strong> lancement <strong>du</strong> Partenariat, <strong>le</strong>s flux<br />

de revenus rapatriés sont devenus une<br />

source importante de revenu des PM<br />

(Tab<strong>le</strong>au X20), puisqu’ils représentent<br />

plus de 35% de la va<strong>le</strong>ur des exportations<br />

<strong>du</strong> Maroc et de l’Egypte, et plus de<br />

50% de la va<strong>le</strong>ur des exportations de la<br />

Jordanie.<br />

Il apparaît que <strong>le</strong>s montants des rapatriements<br />

sont plus importants que ceux des<br />

aides à destination de la région. Ainsi,<br />

l’aide de développement de l’UE - conformément<br />

au programme MEDA lancé avec<br />

<strong>le</strong> Processus de Barcelone - dans 8 des 12<br />

pays de la Méditerranée s’élève à moins<br />

de 1 milliard d’USD par an, auquel s’ajoute<br />

un milliard supplémentaire, provenant<br />

des prêts de la Banque Européenne d’Investissements.<br />

Cette aide, qui représente<br />

environ 9 USD per capita, est supposée<br />

stimu<strong>le</strong>r la modernisation des économies<br />

de la Méditerranée <strong>du</strong> Sud et <strong>le</strong>s encourager<br />

à rivaliser avant 2010 avec <strong>le</strong>urs partenaires<br />

<strong>euro</strong>péens, au sein d’un marché<br />

complètement libre. Les rapatriements<br />

ne sont pas seu<strong>le</strong>ment plus importants<br />

et plus stab<strong>le</strong>s, ils contribuent éga<strong>le</strong>ment<br />

directement au bien-être de ménages à<br />

bas revenus, tant dans <strong>le</strong>s zones rura<strong>le</strong>s<br />

que dans <strong>le</strong>s zones urbaines (Gallina,<br />

2004).<br />

-91-<br />

Le défi de l’intégration : <strong>le</strong> cas des<br />

migrations turques vers l’UE<br />

Un des principaux débats provoqués<br />

par l’ouverture des négociations relatives<br />

à l’adhésion de la Turquie à l’UE,<br />

est son effet <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s migrations de<br />

main-d’oeuvre. La question est ren<strong>du</strong>e<br />

comp<strong>le</strong>xe par l’affrontement <strong>du</strong> point<br />

de vue des opposants, pour que cela<br />

pourrait ouvrir la porte à une migration<br />

incontrôlée en provenance d’un pays de<br />

72 millions de personnes et celui des<br />

partisans, qui voit là un réservoir de<br />

main-d’oeuvre jeune pouvant compenser<br />

<strong>le</strong>s effets <strong>du</strong> rapide vieillissement<br />

de la population <strong>euro</strong>péenne, ce qui va<br />

rendre longues <strong>le</strong>s négociations avec<br />

l’UE.<br />

Le nombre officiel des migrants turcs<br />

dans l’UE est diffici<strong>le</strong> à évaluer, mais<br />

l’on peut estimer approximativement à<br />

4 millions de migrants et de réfugiés.<br />

93% d’entre eux sont concentrés dans<br />

quatre pays de l’UE : l’Al<strong>le</strong>magne, qui<br />

accueil<strong>le</strong> à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> 70% des migrants<br />

turcs, <strong>le</strong>s Pays-Bas (9%), la France<br />

(8,7%) et l’Autriche (4,4%). Plus de la<br />

moitié de ces migrants sont inclus dans<br />

la main-d’oeuvre de ces pays, contribuant<br />

à 0,7% de <strong>le</strong>ur pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut.<br />

Tab<strong>le</strong>au X21 : Taux de Participation* dans certains pays de l’OCDE choisis, moyennes<br />

2002-2003<br />

Autriche Belgique Suisse Al<strong>le</strong>magne Danemark France Pays-Bas Suède Roy.-Uni<br />

Taux global 71,7 64,2 81,2 71,8 79,7 69,2 76,4 78,0 75,3<br />

Dont Étrangers 74,1 57,0 80,2 65,0 64,2 62,5 61,3 66,0 67,0<br />

Dont Turc 64,7 39,8 74,9 58,9 46,9 55,8 57,6 47,4 51,3<br />

Femmes 41,6 22,3 61,7 40,4 - 30,4 45,1 - 24,8<br />

Hommes 83,5 60,5 83,4 74,8 51,6 78,6 69,7 70,8 76,9<br />

Note : <strong>le</strong> signe «-” indique que l’estimation n’est pas statistiquement significative.<br />

*Le taux de participation est défini comme <strong>le</strong> rapport de la population active âgée de 15 à 64 ans <strong>sur</strong> la<br />

population en âge de travail<strong>le</strong>r.<br />

Source : calculs de l’OCDE basés <strong>sur</strong> l’enquête <strong>sur</strong> la force de travail de la Commission <strong>euro</strong>péenne,<br />

<strong>2005</strong>


En plus de <strong>le</strong>ur forte proportion en<br />

Europe, <strong>le</strong>s turcs constituent un pouvoir<br />

économique qui est encore sous-estimé<br />

aux niveaux nationaux et internationaux.<br />

Selon un centre de recherches<br />

turc, la somme des investissements<br />

turcs dans l’UE a augmenté de plus de<br />

50% ces 7 dernières années, avec un<br />

nombre croissant d’entrepreneurs turcs<br />

(plus de 6% de main-d’oeuvre turque<br />

sont des entrepreneurs).<br />

Le nombre de migrants turcs en Al<strong>le</strong>magne<br />

est en hausse. L’OCDE estime <strong>le</strong>s ressortissants<br />

turcs à environ 1,9 millions (dont<br />

46% de femmes). Plus de 832 000 turcs<br />

y travail<strong>le</strong>nt (70% de la main-d’oeuvre<br />

émigrée turque est en Al<strong>le</strong>magne) et ils<br />

contribuent à 2% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />

brut al<strong>le</strong>mand. Toutefois, <strong>le</strong>s résidants<br />

turcs font toujours face à des difficultés<br />

d’intégration dans la société al<strong>le</strong>mande.<br />

Du fait de l’ancienne politique considérant<br />

<strong>le</strong>s Turcs comme « des invités »,<br />

ils ont été isolés (en particulier <strong>le</strong>s femmes<br />

qui appartiennent au groupe <strong>le</strong> plus<br />

désavantagé). La plupart d’entre eux ne<br />

disposent pas de passeports al<strong>le</strong>mands<br />

et certains ne par<strong>le</strong>nt même pas la langue.<br />

Cette politique peu intégratrice a<br />

contribué à la formation et au développement<br />

de groupes fondamentalistes dans<br />

la communauté turque.<br />

-92-<br />

Une nouvel<strong>le</strong> loi d’immigration a été<br />

présentée en janvier <strong>2005</strong>, qui rationalise<br />

<strong>le</strong>s procé<strong>du</strong>res d’immigration, améliore<br />

l’intégration des immigrés et facilite<br />

l’entrée des travail<strong>le</strong>urs qualifiés dans<br />

certains secteurs. Bien que cette loi soit<br />

considérée comme un premier pas pour<br />

intégrer <strong>le</strong>s turcs dans la société al<strong>le</strong>mande,<br />

el<strong>le</strong> ne supprime pas <strong>le</strong> statut<br />

temporaire de milliers de réfugiés et ne<br />

traite pas entièrement des questions de<br />

naturalisation et d’intégration. Certains<br />

suggèrent qu’il est nécessaire d’abord<br />

d’intégrer <strong>le</strong>s résidants existants dans la<br />

société avant d’admettre de nouveaux<br />

migrants, afin d’éviter <strong>le</strong> risque de créer<br />

des sociétés parallè<strong>le</strong>s.<br />

Au sein de l’UE et particulièrement en<br />

Al<strong>le</strong>magne, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s craintes sont<br />

qu’en formalisant la migration, il y ait<br />

un risque d’augmenter <strong>le</strong> problème déjà<br />

existant de chômage de certains pays<br />

<strong>euro</strong>péens et que <strong>le</strong> type des compétences<br />

des migrants ne corresponde pas aux<br />

besoins de main-d’oeuvre. On observe<br />

ainsi de forts taux de chômage (audessus<br />

des moyennes nationa<strong>le</strong>s) parmi<br />

<strong>le</strong>s migrants turcs dans certains pays<br />

<strong>euro</strong>péens, en particulier en France et en<br />

Belgique. D’un autre côté, certains pays<br />

<strong>euro</strong>péens comme l’Irlande, l’Espagne et<br />

<strong>le</strong> Royaume-Uni admettent un nombre<br />

Tab<strong>le</strong>au X22 : Taux de Chômage dans certains pays de l’OCDE, moyennes 2002-2003<br />

Autriche Belgique Suisse Al<strong>le</strong>magne Danemark France Pays-Bas Suède Roy.-Uni<br />

Taux global 4,8 7,3 3,6 9,2 4,9 8,9 3,1 5,3 5,0<br />

Dont Étrangers 9,0 17,5 7,3 15,1 12,9 18,5 7,4 12,4 8,0<br />

Dont turcs 13,7 34,2 12,6 19,1 - 25,4 - - -<br />

Femmes 13,0 48,1 14,9 17,9 - 38,4 - - -<br />

Hommes 13,9 28,3 11,6 19,7 - 20,8 - - -<br />

Note : <strong>le</strong> signe «-” indique que l’estimation n’est pas statistiquement significative.<br />

* Le taux de chômage est défini comme <strong>le</strong> rapport de la population active âgée de 15 à 64 ans qui est<br />

au chômage <strong>sur</strong> la population active.<br />

Source : calculs de l’OCDE basés <strong>sur</strong> l’enquête <strong>sur</strong> la force de travail de la Commission <strong>euro</strong>péenne,<br />

<strong>2005</strong>


croissant de main-d’oeuvre immigrée<br />

parce que <strong>le</strong>s migrants apportent des<br />

compétences qui font défaut loca<strong>le</strong>ment<br />

et remplissent un grand nombre d’emplois<br />

dans l’agriculture, la santé et des<br />

services que <strong>le</strong>s locaux ne veu<strong>le</strong>nt ou ne<br />

peuvent occuper.<br />

Selon certains points de vue, un ra<strong>le</strong>ntissement<br />

(ou une suspension) dans<br />

<strong>le</strong> processus d’accession de la Turquie<br />

pourrait avoir un impact négatif substantiel<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s questions de migration. Sur<br />

<strong>le</strong> plan économique, ra<strong>le</strong>ntir <strong>le</strong> processus<br />

entraînerait une croissance basse et<br />

l’augmentation <strong>du</strong> chômage en Turquie.<br />

Cela pourrait aussi ra<strong>le</strong>ntir ou suspendre<br />

<strong>le</strong>s réformes politiques et économiques<br />

entreprises en Turquie. Cela accroîtrait<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> sentiment général d’insécurité<br />

et, en conséquence, <strong>le</strong> nombre des<br />

migrants potentiels (légal ou illégal).<br />

Sous <strong>le</strong>s régimes stricts actuels, la<br />

migration nette de Turquie vers l’UE<br />

représente un minimum de 35 000 personnes<br />

par an. Il faut s’attendre à ce que<br />

cette tendance s’accélère dans l’avenir si<br />

aucun règ<strong>le</strong>ment formalisant la migration<br />

n’est mis en place.<br />

Dans une étude évaluant l’émigration<br />

éventuel<strong>le</strong> de la Turquie vers l’UE dans<br />

<strong>le</strong> cas où la Turquie devient un Etatmembre,<br />

des scénarios ont été élaborés<br />

pour la période 2004 à 2030, fondés <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s expériences de divers groupes. Ces<br />

scénarios ont évalué une migration nette<br />

de la Turquie vers l’UE15 d’ici 2030 comprise<br />

entre 0,5 et 4,4 millions de personnes,<br />

en supposant la libre circulation <strong>du</strong><br />

travail d’ici à 10 ans dès ce moment-là<br />

(chiffres inférieurs aux estimations obtenues<br />

dans <strong>le</strong> cas où l’adhésion dans l’UE<br />

seraient suspen<strong>du</strong>e).<br />

-93-<br />

L’ouverture de la Turquie et son accession<br />

possib<strong>le</strong> à l’UE représente un grand défi.<br />

Il est cependant probab<strong>le</strong> que <strong>le</strong> développement<br />

et l’intégration croissante de la<br />

Turquie dans l’économie mondia<strong>le</strong> diminueront<br />

<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des migrations. Ces dernières<br />

années, <strong>le</strong> gouvernement turc a<br />

de plus entamé <strong>le</strong>s premiers pas sérieux<br />

vers la formulation et la mise en place<br />

d’une nécessaire politique <strong>euro</strong>péenne<br />

de migration. Il est néanmoins clair que<br />

plus vite <strong>le</strong> débat commence, plus des<br />

anticipations politiques et économiques<br />

<strong>sur</strong> la croissance de l’économie turque<br />

renforceront cette tendance. De fait,<br />

l’enjeu concerne certainement davantage<br />

<strong>le</strong>s façons d’intégrer <strong>le</strong>s immigrants turcs<br />

déjà présents, plutôt que de se concentrer<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s nouveaux migrants vers<br />

l’UE. Il est même probab<strong>le</strong> que certains<br />

migrants turcs choisissent de retourner<br />

dans <strong>le</strong>ur pays d’origine après l’intégration,<br />

suivant <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s observés pour<br />

la Grèce, l’Espagne et <strong>le</strong> Portugal).<br />

Pour une approche plus équitab<strong>le</strong> des<br />

migrations <strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>nes :<br />

défis et opportunités<br />

Au Sommet de Barcelone de novembre<br />

<strong>2005</strong>, la déclaration <strong>du</strong> président <strong>du</strong><br />

Sommet a appelé « à la création d’un<br />

espace de coopération mutuel<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la<br />

migration, l’intégration socia<strong>le</strong>, la justice<br />

et la sécurité, et au renforcement<br />

d’une gestion globa<strong>le</strong> des flux migratoires<br />

légaux, pour <strong>le</strong> bénéfice des peup<strong>le</strong>s<br />

des deux rives de la Méditerranée ». Il<br />

apparaît néanmoins que <strong>le</strong>s négociations<br />

en la matière se sont principa<strong>le</strong>ment<br />

concentrées <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s préoccupations<br />

<strong>euro</strong>péennes.<br />

Au cours des négociations, <strong>le</strong>s chefs<br />

d’Etats de l’UE ont mis un accent con-


sidérab<strong>le</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s questions concernant<br />

la lutte contre <strong>le</strong>s migrations illéga<strong>le</strong>s,<br />

la régulation des flux migratoires et la<br />

cohésion socia<strong>le</strong>. La déclaration fina<strong>le</strong><br />

<strong>du</strong> Sommet fait écho à ses préoccupations,<br />

en précisant que <strong>le</strong>s partenaires<br />

<strong>euro</strong>-<strong>méditerranéen</strong>s développeront<br />

des mécanismes de coopération, afin<br />

de lutter contre <strong>le</strong>s migrations illéga<strong>le</strong>s,<br />

notamment par <strong>le</strong>s accords de<br />

réadmission, la lutte contre <strong>le</strong> trafic<br />

humain, et <strong>le</strong> développement de la<br />

capacité à contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s frontières.<br />

Le Programme de Travail en cinq ans<br />

<strong>du</strong> Sommet de Barcelone tente de<br />

dessiner <strong>le</strong>s principes directeurs d’une<br />

politique de migration. Il affirme que<br />

« la Migration, l’Intégration Socia<strong>le</strong>,<br />

la Justice et la Sécurité sont <strong>le</strong>s questions<br />

d’intérêt commun dans <strong>le</strong> <strong>partenariat</strong><br />

et devraient être traitées par<br />

une approche globa<strong>le</strong> et intégrée » et<br />

que <strong>le</strong> <strong>partenariat</strong> Euro-<strong>méditerranéen</strong><br />

augmentera la coopération dans ces<br />

domaines pour :<br />

√ Promouvoir des opportunités de<br />

migration léga<strong>le</strong>, et faciliter la<br />

migration léga<strong>le</strong> des indivi<strong>du</strong>s, car<br />

ceux-ci constituent une chance pour<br />

la croissance économique et un<br />

moyen de renforcer <strong>le</strong>s liens entre<br />

<strong>le</strong>s pays, instaurer un traitement<br />

juste et une politique d’intégration<br />

pour <strong>le</strong>s migrants légaux, faciliter<br />

<strong>le</strong>s rapatriement de revenus et<br />

prendre en considération « la fuite<br />

des cerveaux »;<br />

√ Ré<strong>du</strong>ire significativement <strong>le</strong> niveau<br />

de migration illéga<strong>le</strong>, <strong>le</strong> trafic d’indivi<strong>du</strong>s<br />

et <strong>le</strong> nombre de morts <strong>du</strong>s<br />

aux traversées péril<strong>le</strong>uses de la mer<br />

et des frontières;<br />

-94-<br />

√ Continuer à moderniser et accroître<br />

l’efficacité de l’administration<br />

de la justice et faciliter l’accès des<br />

citoyens à la justice ;<br />

√ Renforcer la coopération judiciaire,<br />

y compris <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s questions des<br />

frontières internationa<strong>le</strong>s.<br />

Pour parvenir à une politique de migration<br />

juste, certains défis doivent être<br />

re<strong>le</strong>vés. La nouvel<strong>le</strong> politique doit répondre<br />

aux préoccupations de l’UE concernant<br />

la lutte contre <strong>le</strong>s migrations illéga<strong>le</strong>s<br />

(<strong>sur</strong> la base d’accords bilatéraux et<br />

de la Politique de Voisinage <strong>euro</strong>péenne),<br />

la cohésion socia<strong>le</strong> et l’intégration<br />

des émigrants de deuxième génération.<br />

El<strong>le</strong> devra aussi prendre en considération<br />

<strong>le</strong>s opportunités que représente pour <strong>le</strong>s<br />

PM <strong>le</strong> gap démographique avec l’UE, et<br />

<strong>le</strong> mode 4 de prestation de services <strong>du</strong><br />

GATS.<br />

√ Les migrations « clandestines »<br />

au sein de la région <strong>méditerranéen</strong>ne ont<br />

considérab<strong>le</strong>ment augmenté au cours de<br />

la dernière décennie, malgré <strong>le</strong> renforcement<br />

des règ<strong>le</strong>ments <strong>euro</strong>péens et<br />

des règ<strong>le</strong>s internationa<strong>le</strong>s. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />

un autre nouveau phénomène apparaît<br />

dans la région : la migration de transit.<br />

La plupart des pays <strong>du</strong> Maghreb se sont<br />

métamorphosés en pays de transit pour<br />

des migrants d’Afrique Sub-Saharienne<br />

et <strong>du</strong> Moyen-Orient, qui se dirigent<br />

vers <strong>le</strong>s pays <strong>euro</strong>péens. D’après <strong>le</strong>s<br />

estimations, environ 100 000 à 120<br />

000 migrants traversent la Méditerranée<br />

chaque année. Parmi ces migrants, environ<br />

35 000 sont d’origine sub-saharienne<br />

(Baldwin, <strong>2005</strong>). En 2003, 9 800<br />

migrants illégaux ont été arrêtés <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

sol marocain, 6600 d’entre eux provenaient<br />

d’Afrique Sub-saharienne.


L’UE a l’intention d’utiliser la politique<br />

de Voisinage et <strong>le</strong>s Instruments <strong>du</strong><br />

Partenariat pour intensifier sa coopération<br />

<strong>sur</strong> la gestion des migrations avec<br />

<strong>le</strong>s pays tiers de la Méditerranée. Cette<br />

coopération sera spécifique selon <strong>le</strong>s<br />

pays, ou, conformément au langage de<br />

la politique <strong>euro</strong>péenne de voisinage,<br />

« différenciée ».<br />

√ Les politiques globa<strong>le</strong>s d’intégration<br />

des migrants sont aujourd’hui<br />

crucia<strong>le</strong>s. La politique de migration a<br />

été principa<strong>le</strong>ment défensive et centrée<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>, au lieu d’être proactive.<br />

De la même façon, la politique<br />

d’intégration des migrants a été réactive.<br />

Dans de nombreux cas, la politique<br />

d’intégration a d’ail<strong>le</strong>urs contribué<br />

à accroître <strong>le</strong>s perceptions négatives à<br />

l’égard des migrants, ce qui a con<strong>du</strong>it<br />

à des politiques d’immigration encore<br />

plus défensives.<br />

Dans ce contexte, de nombreux acteurs<br />

non-gouvernementaux peuvent fortement<br />

influencer <strong>le</strong> processus d’intégration<br />

des migrants. Ces acteurs institutionnels<br />

essentiels incluent <strong>le</strong>s églises, <strong>le</strong>s syndicats,<br />

<strong>le</strong>s organisations d’employeurs,<br />

<strong>le</strong>s parties politiques, <strong>le</strong>s médias et <strong>le</strong>s<br />

autres acteurs de la société civi<strong>le</strong>. Les<br />

politiques gouvernementa<strong>le</strong>s visant à<br />

l’intégration devraient impliquer activement<br />

<strong>le</strong>s immigrés, mais aussi <strong>le</strong>s<br />

acteurs importants de la société civi<strong>le</strong>.<br />

Ces partenaires non-gouvernementaux<br />

sont importants pour deux raisons.<br />

D’une part, ils constituent des partenaires<br />

directs dans la mise en oeuvre de ces<br />

politiques. D’autre part, et <strong>sur</strong>tout, ils<br />

sont des acteurs politiques. Ils peuvent<br />

influencer <strong>le</strong> climat politique et <strong>le</strong>s résultats<br />

des politiques, en tant qu’agents<br />

importants dans la lutte contre l’exclu-<br />

-95-<br />

sion, la discrimination et la xénophobie<br />

(Penninx, 2004).<br />

√ Sur un autre front, comme cela<br />

a été mis en évidence auparavant par<br />

<strong>le</strong> <strong>FEMISE</strong>, <strong>le</strong>s PM peuvent profiter de<br />

l’opportunité offerte par <strong>le</strong>s structures<br />

démographiques contrastées des pays<br />

<strong>euro</strong>péens comparés aux PM. En effet,<br />

alors que l’Europe vieillit rapidement, <strong>le</strong>s<br />

PM bénéficient d’une structure démographique<br />

où la part des jeunes est prépondérante.<br />

Si <strong>le</strong>s taux de participation de<br />

main-d’oeuvre restent constants dans<br />

l’UE, une part toujours plus importante<br />

de la population sera inactive suite au<br />

vieillissement, ce qui affectera négativement<br />

la croissance économique à long<br />

terme.<br />

Pour déterminer <strong>le</strong>s besoins potentiels<br />

d’immigration des pays de l’UE, l’OIT a<br />

réalisée une analyse combinée, démographique<br />

et économique, afin d’évaluer<br />

l’impact <strong>du</strong> vieillissement <strong>sur</strong> la ré<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> niveau de vie (me<strong>sur</strong>é par <strong>le</strong> PIB<br />

per capita).<br />

Pour <strong>le</strong> but de l’exercice, <strong>le</strong> PIB par personne<br />

et <strong>le</strong> niveau de consommation<br />

moyen par personne est supposé augmenter,<br />

en termes réels, d’environ 3%<br />

par an. L’analyse, utilisant un modè<strong>le</strong><br />

de simulation, prévoit un manque substantiel<br />

de force de travail d’environ 38<br />

millions de travail<strong>le</strong>urs avant 2050, <strong>sur</strong><br />

la base d’une hausse de la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

<strong>du</strong> travail de 2.5%. Si la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

augmente seu<strong>le</strong>ment de 2% par an, <strong>le</strong><br />

manque s’accroît à 88 millions de travail<strong>le</strong>urs.<br />

L’effet <strong>sur</strong> « l’écart entre <strong>le</strong><br />

niveau de vie ciblé et celui qui est possib<strong>le</strong><br />

» serait alors substantiel. Par personne,<br />

<strong>le</strong> PIB serait seu<strong>le</strong>ment à 78% <strong>du</strong><br />

niveau atten<strong>du</strong> en 2050 (l’OIT, 2004b).


√ Une autre opportunité qui doit<br />

être exploitée par <strong>le</strong>s PM est la prestation<br />

de services par <strong>le</strong>s personnes<br />

physiques sous <strong>le</strong> Mode 4 <strong>du</strong> GATS.<br />

Cependant, même avec ces standards<br />

modestes de libéralisation de services,<br />

très peu de me<strong>sur</strong>es ont été prises pour<br />

libéraliser <strong>le</strong>s déplacements temporaires<br />

des prestataires de services, et la plupart<br />

des pays ont seu<strong>le</strong>ment souscrits à<br />

des engagements limités <strong>sur</strong> <strong>le</strong> Mode 4.<br />

L’UE a tendance à restreindre <strong>le</strong> mode<br />

4 aux seuls travail<strong>le</strong>urs fortement qualifiés,<br />

et à planifier la gestion de l’immigration<br />

Mode 4 <strong>sur</strong> la base d’évaluation<br />

des besoins économiques ou de quotas,<br />

pour éviter des chocs <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché <strong>du</strong><br />

travail.<br />

À court terme, <strong>le</strong>s PM doivent analyser<br />

de manière plus approfondie <strong>le</strong>s p<strong>le</strong>ines<br />

implications <strong>du</strong> Mode 4 <strong>du</strong> GATS, et<br />

identifier <strong>le</strong>s stratégies pour en tirer profit,<br />

en orientant la négociation vers l’approfondissement<br />

de libéralisation dans<br />

ce secteur, afin d’ouvrir une voie d’accès<br />

au marché <strong>du</strong> travail <strong>euro</strong>péen.<br />

Dans ce contexte, la nouvel<strong>le</strong> politique<br />

de migration doit être conçue pour promouvoir<br />

et encourager des flux nonpermanents<br />

régulés. Cette forme de<br />

migration est dynamique, plus équitab<strong>le</strong><br />

et as<strong>sur</strong>e des flux migratoires continus.<br />

Cette migration non-permanente<br />

pourra répondre aux exigences <strong>du</strong> marché<br />

<strong>du</strong> travail des pays <strong>euro</strong>péens,<br />

sans entraîner des problèmes sociaux.<br />

La migration provisoire peut éga<strong>le</strong>ment<br />

être mise en œuvre comme un outil permettant<br />

d’augmenter <strong>le</strong>s compétences<br />

des migrants, grâce à l’expérience professionnel<strong>le</strong><br />

qu’ils acquièrent à l’étranger.<br />

La migration pourrait ainsi constituer<br />

une facette d’une stratégie visant à<br />

-96-<br />

accroître <strong>le</strong> capital humain dans <strong>le</strong>s pays<br />

d’origine; autrement dit, une tel<strong>le</strong> politique<br />

permettrait de passer d’une situation<br />

« d’exode des cerveaux » à une situation<br />

« d’enrichissement des cerveaux » (<strong>du</strong><br />

« brain drain » au « brain gain »).<br />

Conclusion :<br />

Les migrations internationa<strong>le</strong>s des indivi<strong>du</strong>s<br />

sont un phénomène substantiel<br />

et répan<strong>du</strong>, qui a concerné plus de 10<br />

millions de personnes par an au cours<br />

de la dernière décennie, aussi bien qu’un<br />

nombre croissant de pays (OIT, 2004c).<br />

Cependant, <strong>le</strong> cadre institutionnel actuel<br />

souffre de l’absence d’une structure multilatéra<strong>le</strong><br />

pour traiter de ce phénomène.<br />

Du point de vue de la Commission<br />

Mondia<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la Dimension Socia<strong>le</strong> de la<br />

Globalisation, <strong>le</strong> manque d’une structure<br />

multilatéra<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la migration est<br />

une illustration claire <strong>du</strong> déséquilibre<br />

des règ<strong>le</strong>s <strong>du</strong> jeu actuel<strong>le</strong>s. Les règ<strong>le</strong>s<br />

instaurées pour l’économie globa<strong>le</strong> ont<br />

protégé et renforcé considérab<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s droits pour <strong>le</strong>s investissement étrangers,<br />

mais <strong>le</strong>s droits des travail<strong>le</strong>urs<br />

migrants ont fait l’objet de beaucoup<br />

moins d’attention. Un cadre multilatéral<br />

pour <strong>le</strong>s migrations internationa<strong>le</strong>s des<br />

indivi<strong>du</strong>s, qui permettrait de <strong>le</strong>s régu<strong>le</strong>r<br />

et d’éliminer l’exploitation des migrants,<br />

pourrait représenter un gain considérab<strong>le</strong><br />

pour tous.<br />

En raison de la prolongation des négociations<br />

concernant <strong>le</strong>s services au sein<br />

l’OMC (Doha, Cancun, Hong-Kong), <strong>le</strong>s<br />

disposition <strong>du</strong> GATS «Mode 4» restent<br />

faib<strong>le</strong>s, très limitées et restreintes au<br />

mouvement provisoire des prestataires<br />

de services. El<strong>le</strong>s ne concernent<br />

donc qu’une infime partie de l’ensemb<strong>le</strong>


des migrations internationa<strong>le</strong>s des tra-<br />

vail<strong>le</strong>urs.<br />

Beaucoup pourrait être fait pour améliorer<br />

significativement la situation actuel<strong>le</strong>.<br />

La question de développer une structure<br />

multilatéra<strong>le</strong> pour régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s migrations<br />

internationa<strong>le</strong>s devrait à présent être<br />

inscrite à l’agenda international. Les<br />

objectifs d’une tel<strong>le</strong> structure devraient<br />

être (l’OIT, 2004c) :<br />

√ faciliter, dans une optique de bénéfices<br />

mutuels, l’accroissement des<br />

opportunités d’immigration, et as<strong>sur</strong>er<br />

que <strong>le</strong> processus soit juste pour<br />

<strong>le</strong>s pays d’origine et <strong>le</strong>s pays d’accueil<br />

;<br />

√ faire des phénomènes migratoires un<br />

processus régulé, prévisib<strong>le</strong> et légal ;<br />

√ éliminer <strong>le</strong> trafic d’êtres humains, et<br />

<strong>le</strong>s abus auxquels <strong>le</strong>s femmes sont<br />

particulièrement vulnérab<strong>le</strong>s ;<br />

√ as<strong>sur</strong>er la p<strong>le</strong>ine protection des droits<br />

des travail<strong>le</strong>urs migrants et faciliter<br />

<strong>le</strong>ur intégration loca<strong>le</strong> ;<br />

√ maximiser <strong>le</strong>s bénéfices des migrations<br />

internationa<strong>le</strong>s en termes de<br />

développement.<br />

-97


-98-


Notes<br />

[1] : l’informalité se réfère aux entrerpises<br />

qui ne respectent pas <strong>le</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res léga<strong>le</strong>s pour la création<br />

et l’exploitation de la société,<br />

notamment enregistrement,<br />

licence, sécurité socia<strong>le</strong>, fiscalité,<br />

etc...Données établies à partir de<br />

Egyptian Labour Market <strong>sur</strong>vey<br />

(ELMS), 1998.<br />

[2] : Source : Egyptian Labour Market<br />

<strong>sur</strong>vey (ELMS), 1998.<br />

[3] : La formarlité se définit par trois<br />

grandes caractéristiques : (i) être<br />

enregistré ; (ii) posséder une<br />

licence et (iii) tenir une comptabilité<br />

récurrente.<br />

[4] : L’indice se calcul comme suit :<br />

4 1 ⎛ f<br />

⎞<br />

ai − fbi<br />

Index1=<br />

∑ ⎜ × 100 ⎟<br />

4 i= 1 ⎝ fbi<br />

⎠<br />

où fai = va<strong>le</strong>ur <strong>du</strong> facteur i à la<br />

date de l’enquête et fbi =va<strong>le</strong>ur<br />

<strong>du</strong> facteur i un an plus tôt.<br />

[5] : Cet indice a été calculé à partir<br />

des des va<strong>le</strong>urs pour chacune<br />

des ces variab<strong>le</strong>s avec :<br />

la va<strong>le</strong>ur (1) donnée à chaque<br />

variab<strong>le</strong> atten<strong>du</strong>e croissante, (0)<br />

pour <strong>le</strong>s variab<strong>le</strong>s qui devraient<br />

être stab<strong>le</strong>s et (-1) pour cel<strong>le</strong>s qui<br />

devraient décroître. Le score pour<br />

chaque entreprise est standardisé<br />

pour appartenir à l’interval<strong>le</strong>[-<br />

100%;100%].<br />

[6] : Il faut remarque que l’Egypte a<br />

connu une récession en 2003 et<br />

2004, qui a effectivement affecté<br />

la perception des d’entreprises.<br />

[7] : Etude FEM22-22, con<strong>du</strong>ite par <strong>le</strong><br />

CEFI.<br />

[8] : Une entreprise est ici considérée<br />

comme tournée vers l’export si<br />

au moins 10% de son chiffre<br />

d’affaires est destiné au marché<br />

extérieur.<br />

[9] : Analyse à partir des données col<strong>le</strong>ctées<br />

à l’occasion des enquêtes<br />

annuel<strong>le</strong>s faites auprès des entreprises<br />

publiques et privées de<br />

plus de 10 travail<strong>le</strong>urs par l’institut<br />

national de la statistique turc<br />

(niveau des secteurs à quatre<br />

chiffres de la classification internationa<strong>le</strong><br />

des types d’in<strong>du</strong>stries).<br />

-99-<br />

[10] : Cf. FEM22-22, Cefi op. cit.. Les<br />

firmes entrées ou sorties <strong>sur</strong> la<br />

période sont oblitérées.<br />

[11] : Soit Imports / (imports + pro<strong>du</strong>ction<br />

ou chiffre d’affaires).<br />

[12] : Etude FEM22-20, dirigée par <strong>le</strong><br />

ROSES.<br />

[13] : Cf. Marc Lautier, Care et Cepii,<br />

étude FEM22-34, dirigée par <strong>le</strong><br />

Cepii. Cette section utilise dans<br />

certaines parties une contribution<br />

résumée de l’étude Femise rédigée<br />

par Marc Lautier.<br />

[14] : FEM22-22, Cefi, op. cit.<br />

[15] : Elasticité de la croissance de l’emploi<br />

à la va<strong>le</strong>ur-ajoutée in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong><br />

réel<strong>le</strong>. Ainsi, pour <strong>le</strong> Maroc, une<br />

hausse de 1 point de la va<strong>le</strong>urajoutée<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> a créé 1,13<br />

emplois entre 1995 et 2001.<br />

[16] : FEM22-34, Cepii, op. cit.<br />

[17] : FEM2222, Cefi, op. cit.<br />

[18] : Commission of the European<br />

Communities. European<br />

Commission (2003). Economic<br />

and Competitiveness analysis<br />

of the European Texti<strong>le</strong> and<br />

Clothing Sector in support of the<br />

Communication: the Future of<br />

theTexti<strong>le</strong>s and Clothing sector in<br />

an enlarged Europe. Commission<br />

Staff Working Paper, SEC (2003)<br />

1345, Brussels, Belgium.: 3-4.<br />

[19] : 99 parmi <strong>le</strong>s 500 premières entreprises<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s en Turquie,<br />

16 parmi <strong>le</strong>s 50 premières tous<br />

secteurs confon<strong>du</strong>s au Maroc,<br />

7 parmi <strong>le</strong>s 100 premières en<br />

Tunisie. Parmi <strong>le</strong>s 330 plus grandes<br />

entreprises <strong>du</strong> secteur au<br />

niveau mondial, 13 sont turques,<br />

1 est israélienne, 2 égyptiennes<br />

et 1 syrienne.<br />

[20] : Chiffres Association Marocaine des<br />

In<strong>du</strong>stries <strong>du</strong> Texti<strong>le</strong> Habil<strong>le</strong>ment<br />

(AMITH).<br />

[21] : Nordås, H. K.. The Global Texti<strong>le</strong><br />

and Clothing In<strong>du</strong>stry post the<br />

Agreement on Texti<strong>le</strong>s and<br />

Clothing.Discussion Paper n. 5,<br />

World Trade Organization, Geneva,<br />

Switzerland, 2004: 16.<br />

[22] : Les chiffres concernant la Tunisie<br />

sont beaucoup plus diffici<strong>le</strong>s à<br />

trouver et <strong>le</strong> plus souvent non<br />

publiés.


[23] : Chiffres <strong>du</strong> Haut Commissariat au<br />

Plan, notes de conjoncture.<br />

[24] : Ce qui représente 1690 firmes<br />

dont 997 enregistrent une participation<br />

étrangère et 632 sont<br />

détenues en totalité par des<br />

étrangers.<br />

[25] : Cela explique l’avantage des NPI<br />

qui ont réussi à remonter la filière.<br />

Ces pays ont en effet percé<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché mondial de l’habil<strong>le</strong>ment<br />

en s’appuyant <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

différentiel de salaire. Le succès<br />

de <strong>le</strong>urs exportations d’habil<strong>le</strong>ment<br />

qui utilisaient des tissus<br />

importés a élargi <strong>le</strong>s débouchés<br />

de l’in<strong>du</strong>strie texti<strong>le</strong> loca<strong>le</strong>. Cette<br />

dernière a réussi à fabriquer des<br />

tissus répondant aux exigences<br />

des confectionneurs locaux et,<br />

après s’être substitués aux importations,<br />

ses tissus ont été exportés.<br />

La « remontée de la filière »<br />

(Cepii, 1978), s’est prolongée<br />

jusqu’à l’in<strong>du</strong>strie des fibres synthétiques<br />

devenue à son tour<br />

exportatrice.<br />

[26] : Etude FEM22-06, dirigée par<br />

Federicco Cafe Center, Roskilde<br />

University<br />

[27] : Etude FEM22-02, dirigée par<br />

Bilkent University.<br />

[28] : Illustration complète de la méthodologie<br />

et résultats disponib<strong>le</strong>s<br />

dans l’étude FEM22-02, Bilkent<br />

Univ., op. cit.<br />

[29] : Etude FEM22-36, dirigér par <strong>le</strong><br />

Catt, réseau EMMA.<br />

[30] : FEM22-36, Catt, op. cit.<br />

[31]: Estimations obtenues à partir<br />

d’un modè<strong>le</strong> gravitaire. Le coût de<br />

transport est me<strong>sur</strong>é à partir de<br />

la compilation de trois indices de<br />

qualité des communications, <strong>du</strong><br />

transport par train et par route.<br />

[32] : Selon la qualité des routes, l’existence<br />

de déserts séparant <strong>le</strong>s PM<br />

considérés ici et <strong>le</strong> l’évolution de<br />

l’ouverture des frontières Maroc-<br />

Algérie.<br />

[33] : FEM22-02, Bilkent Univ. op. cit.<br />

[34] : Pour l’analyse détaillée, cf. FEM22-<br />

02, Bilkent Univ. op. cit.<br />

[35] : A partir de FEM22-36, Catt, op.<br />

cit.<br />

[36] : Exception faite de l’Inde.<br />

-100-<br />

[37] : Ils reflètent en effet non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s préférences accordées<br />

et <strong>le</strong> degré d’intégration d’un pays<br />

avec un autre mais éga<strong>le</strong>ment la<br />

composition de <strong>le</strong>urs flux d’échanges.<br />

Prenons <strong>le</strong> cas de l’Uruguay,<br />

par exemp<strong>le</strong>. Ce pays exporte<br />

principa<strong>le</strong>ment de la viande et<br />

ses pro<strong>du</strong>its dérivés. Des conditions<br />

préférentiel<strong>le</strong>s lui ont été<br />

accordées par l’UE mais aussi <strong>le</strong><br />

Japon et <strong>le</strong>s pays de l’AELE, mais<br />

l’accès au marché de ces pays ne<br />

s’améliorera pas pour l’Uruguay<br />

tant qu’ils imposeront des tarifs<br />

é<strong>le</strong>vés <strong>sur</strong> ces pro<strong>du</strong>its.<br />

[38] : Le tab<strong>le</strong>au se lit de la manière suivante<br />

: globa<strong>le</strong>ment la Jordanie<br />

impose en moyenne des droits de<br />

18,8% <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its en provenance<br />

d’Algérie.<br />

[39] : La branche se définie comme l’ensemb<strong>le</strong><br />

des fractions d’entreprises<br />

fabriquant <strong>le</strong> même pro<strong>du</strong>it, <strong>le</strong><br />

secteur regroupe <strong>le</strong>s entreprises<br />

selon <strong>le</strong>ur activité principa<strong>le</strong>. Les<br />

échanges intra-branche (interbranches)<br />

consistent à échanger<br />

des pro<strong>du</strong>its issus de la même<br />

branche in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> (de branches<br />

in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s différentes).<br />

[40] : Les résultats seraient certainement<br />

plus contrastés si <strong>le</strong>s tarifs<br />

employés ici n’étaient pas issus<br />

de la base TRAINS mais de la<br />

base développée par <strong>le</strong> CEPII.


Bibliographie<br />

Liste des principa<strong>le</strong>s études Femise utilisées<br />

pour la rédaction de ce rapport et de <strong>le</strong>urs<br />

principaux contributeurs :<br />

FEM22-02 : «Impact of Liberalization of Trade in<br />

Services: Banking, Te<strong>le</strong>communications<br />

and Maritime Transport in Egypt,<br />

Morocco, Tunisia and Turkey», dirigée<br />

par Bilkent University, Center for<br />

International Economics, coord. Sübidey<br />

Togan en collaboration avec Faculty of<br />

Economics and Political Science, Cairo<br />

University. (Egypte), INSEA (Maroc),<br />

Université de Tunis (Tunisie) ; décembre<br />

<strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Driss Abbadi, Erkan Akdemir,<br />

Lahcen Achy, Erdem Basçı, Hakan<br />

Berument, Mongi Boughzala, Ahmed<br />

F. Ghoneim, Hanaa Kheir-El-Din, Aykut<br />

Kibritçioglu, Dhafer Saidane, Hala Sakr,<br />

Sübidey Togan.<br />

FEM22-06 : «The Informal Economy<br />

Employment Impacts Of Trade<br />

Liberalisation And Increased<br />

Competition In Export Markets: The<br />

North African Texti<strong>le</strong>, Clothing And<br />

Footwear Sector», dirigée par Federico<br />

Caffè Centre, Roskilde Univeristy<br />

Denmark, Dir. Bruno Amoroso, Andrea<br />

Gallina, en collaboration avec CREAD<br />

(Algeria), INSEA (Morocco), University<br />

of Sussex (United Kingdom), University<br />

of Tunis, Tunisia ; octobre <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Bruno Amoroso, Bechir<br />

Chourou, Bruno Cozzari, Andrea<br />

Gallina, Diana Hunt, Mehdi Lahlou,<br />

Saïb Musette<br />

FEM22-07 : «Integration and enlargement<br />

of the European Union, <strong>le</strong>ssons for<br />

the Arab region», Center for European<br />

Studies, Faculty of Economics and<br />

Political Science, Cairo University,<br />

coord. Naglaa El Ehwany, Faculty of<br />

Law, Monofeya University (Egypt),<br />

University of Jordan, Amman (Jordan),<br />

University of Essex (United Kingdom),<br />

Migration Department, ILO and World<br />

Bank, novembre <strong>2005</strong><br />

-101-<br />

Contributeurs : Lonba Abdelatif, Ben Ali<br />

Edriss, Bahaa Ali El Dean, Ibrahim<br />

Awad, Heba El-Laithy, Ahmed F.<br />

Ghoneim, Amer S. Jabarin, Hanaa<br />

Kheir-El-Din, Alastair McAu<strong>le</strong>y, Sahar<br />

Nasr, Abdallah Shehata.<br />

FEM22-20 : «F<strong>le</strong>xibilité <strong>du</strong> travail et concurrence<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens et<br />

services : impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s conditions de<br />

travail et <strong>le</strong> développement <strong>du</strong> secteur<br />

informel en Algérie, au Maroc et en<br />

Tunisie», dirigée par <strong>le</strong> ROSES, université<br />

de Paris I, coord. Gérard Duchêne,<br />

Boris Najman, en collaboration avec<br />

CREAD (Algérie), CREQ (Maroc) et<br />

ISTIS (Tunisie) ; novembre <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Fatima Boubekeur, Mohamed<br />

Bougroum, Gérard Duchêne, A<strong>le</strong>xandra<br />

Froment, Annie Garnero, Nasreddine<br />

Hammouda, Aomar Ibourk, Boris<br />

Najman, Hosni Nemsia<br />

FEM22-22 : «Identification des effets <strong>sur</strong> la<br />

croissance et l’emploi des mécanismes<br />

d’ajustement micro-éconbomique de<br />

l’offre face à l’ouverture», dirigée par<br />

<strong>le</strong> CEFI, université de la Méditerranée,<br />

coord. Patricia Augier, Michael Gasiorek,<br />

en collaboration avec INSEA (Maroc),<br />

Université de Sussex (Royaume-Uni) ;<br />

septembre <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Lahcen Achy, Patricia Augier,<br />

Amine Basri, Novella Bottini, Marion<br />

Dovis, Michael Gasiorek, A. Hassani,<br />

A. Irali, Thomas Lagoarde-Segot, N.<br />

Mounir, Teoman Pamukçu, Char<strong>le</strong>s Lai-<br />

Tong, Sandra Palméro, Nathalie Roux<br />

FEM22-34 : «Les perspectives de changement<br />

sectoriel dans <strong>le</strong>s pays <strong>méditerranéen</strong>s:<br />

quels secteurs de croissance<br />

après l’in<strong>du</strong>strie légère?», dirigée par<br />

<strong>le</strong> CEPII, coord. Agnes Chevalier, Jean-<br />

Raphael Chaponnière, et Marc Lautier,<br />

en collaboration avec CARE-Université<br />

de Rouen (France), CEPN-Université<br />

de Paris 13 (France), ESSEC Tunis<br />

(Tunisie), Hebrew University Jerusa<strong>le</strong>m<br />

(Israel), Université de Grenade<br />

(Espagne) ; juil<strong>le</strong>t <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Wifak Barouni, José<br />

Camacho, Jean-Raphael Chaponnière,<br />

Agnes Chevalier, Marc Lautier, Juliette<br />

Milgram Ba<strong>le</strong>ix, Mercedes Rodriguez<br />

Molina, Alfred Tovias


FEM22-36 : «Obstac<strong>le</strong>s to South-South<br />

Integration, to trade and to foreign<br />

direct investment: the MENA countries<br />

case», dirigée par CATT-Université de<br />

Pau, réseau EMMA, coord. Jacques<br />

Le Cacheux, en collaboration avec<br />

Université de Grenade ; octobre <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Antoine Bouët, Jamal<br />

Bouoiyour, Marie-Laure Cheval, Sandy<br />

Dall’erba, Fabrice Darrigues, Sylvain<br />

Dejean, Aomar Ibourk, Saad Isseini,<br />

Miren Lafourcade, Amina Lahrèche-<br />

Révil, Jacques Le Cacheux, Juliette<br />

Milgram, Serge Rey<br />

FEM22-39 : «South-South Trade Monetary<br />

and Financial Integration and the<br />

Euro-Mediterranean Partnership:<br />

An Empirical Investigation», dirigée<br />

par Institute of Financial Economics,<br />

American University of Beirut, Dir.<br />

Simon Neaime ; juin <strong>2005</strong><br />

Contributeurs : Rima El-Kadi, Simon Neaime,<br />

Myra Yazbeck<br />

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-104- -104-


ANNEXES<br />

Indicateurs sociaux-économiques des PM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.107<br />

Indicateurs macroéconomiques des PM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.108<br />

Entrée d’IDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.109<br />

Panorama des échanges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.110<br />

Modélisation de l’impact d’un accord sud-sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.111<br />

Modélisation de l’impact d’un accord nord-sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.112<br />

Modélisation de l’impact d’une libéralisation multilatéra<strong>le</strong> . . . . . . . . . . . . . . p.113<br />

-105-


-106-


Indicateurs sociaux-économiques des PM<br />

<br />

<br />

<br />

Improved<br />

Improved<br />

Probability at Personal<br />

Life<br />

water source water source<br />

Personal<br />

Te<strong>le</strong>phone<br />

Te<strong>le</strong>phone Internet users Internet users Public spending<br />

Life expectancy<br />

birth of not computers<br />

expectancy at<br />

(% of<br />

(% of<br />

computers (per mainlines (per mainlines (per (per 1,000 (per 1,000 on e<strong>du</strong>cation,<br />

at birth, total (i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

(i) <strong>sur</strong>viving to (ii) (per 1,000 (i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

(i)<br />

birth, total<br />

population<br />

population<br />

1,000 peop<strong>le</strong>) 1,000 peop<strong>le</strong>) 1,000 peop<strong>le</strong>)<br />

peop<strong>le</strong>)<br />

peop<strong>le</strong>) total (% of GDP)<br />

(years) 1990<br />

age 40<br />

peop<strong>le</strong>)<br />

(years) 2003 with access) with access)<br />

2003<br />

1995<br />

2003<br />

1995<br />

2003<br />

2002<br />

2000-<strong>2005</strong><br />

1995<br />

1990<br />

2002<br />

Algérie 67,37 70,88 95% 87% 7,8% 3,0 7,7 g 41,9 69,3 0,02 15,97 g ..<br />

Egypte 62,80 69,13 94% 98% 7,8% 4,3 21,9 46,7 127,3 0,34 39,33 ..<br />

Israël 76,09 78,76 100% 100% 7,7% f 133,5 242,6 g 416,9 458,2 8,90 301,40 g 7,3% c<br />

Jordanie 68,48 72,12 98% 91% 6,4% 8,2 44,7 73,9 113,6 0,23 81,05 ..<br />

Liban 67,90 70,88 100% 100% 5,7% 16,6 80,5 g 149,1 198,8 g 0,83 117,13 g 2,7%<br />

Maroc 63,48 68,59 75% 80% 8,6% 3,2 19,9 42,4 40,5 0,04 33,20 6,5%<br />

Syrie 66,41 70,49 79% 79% 4,6% 7,1 19,4 g 67,7 123,2 g 0,00 1,85 d ..<br />

Tunisie 70,31 73,16 77% 82% 4,7% 6,7 40,5 58,2 117,7 0,11 63,70 6,8% d<br />

Turquie 65,69 68,64 81% 93% 8,9% 14,9 44,6 g 214,4 267,5 0,81 84,85 3,7% c<br />

-107-<br />

Algérie 52,9% 69,8% .. .. 60,9% 80,0% 11,8% 20,5% 0,722 28,19 27,53 ..<br />

Egypte 47,1% 55,6% 96-99 11,6% .. 70,8% 88,1% c 16,7% 38,3% e 0,659 23,37 22,49 c ..<br />

Israël 91,4% 96,9% 36,0% 67,1% c 88,1% 94,4% c 35,8% 57,6% c 0,915 13,39 12,40 c 7,2%<br />

Jordanie 81,5% 89,9% 25,5% 31,3% c 63,3% 86,5% c 24,0% 31,0% c 0,753 .. .. 5,0%<br />

Liban .. 86,5% a .. 48,2% .. 79,4% .. 44,3% 0,759 13,91 17,00 2,1%<br />

Maroc 38,7% 50,7% a 8,1% 9,9% 35,5% 45,0% 10,9% 10,8% 0,631 28,14 28,18 6,1%<br />

Syrie 64,8% 82,9% 14,4% .. 48,8% 48,3% 18,5% .. 0,721 24,77 24,02 c ..<br />

Tunisie 59,1% 74,3% 6,9% 21,4% d 44,4% 79,1% c 8,7% 23,2% c 0,753 23,86 21,89 c 7,5%<br />

Turquie 77,9% 88,3% 9,1% 20,9% c 48,2% 76,0% c 13,1% 24,8% c 0,750 .. .. 4,0%<br />

gross) 1990<br />

gross) 2002<br />

A<strong>du</strong>lt Literacy<br />

Rate 1990<br />

(i)<br />

A<strong>du</strong>lt Literacy<br />

Rate 2003b<br />

(ii)<br />

School<br />

enrollment,<br />

tertiary,<br />

fema<strong>le</strong> (%<br />

(i)<br />

School<br />

enrollment,<br />

tertiary,<br />

fema<strong>le</strong> (%<br />

(i)<br />

School<br />

enrollment,<br />

secondary (%<br />

gross) 1990<br />

(i)<br />

School<br />

enrollment,<br />

secondary (%<br />

gross) 2002<br />

(i)<br />

School<br />

enrollment,<br />

tertiary (%<br />

gross) 1990<br />

(i)<br />

School<br />

enrollment,<br />

tertiary (%<br />

gross) 2002<br />

(i)<br />

Human<br />

Development<br />

Index 2003<br />

(ii)<br />

Pupil-teacher<br />

ratio, primary<br />

1998<br />

(i)<br />

Pupil-teacher<br />

ratio, primary<br />

2002<br />

(i)<br />

Public spending<br />

on e<strong>du</strong>cation,<br />

total (% of GDP)<br />

1999<br />

(i)


0 : sauf indication contraire, <strong>le</strong>s ratios PPM sont calculés à partir de la somme des va<strong>le</strong>urs nomina<strong>le</strong>s converties en $. 1 : médiane des pays considérés. 2 : hors Turquie. 3 : hors Liban. a : 2002, b/e : paiement des intérêts <strong>sur</strong> la dette étrangère<br />

uniquement, f= troisième trimestre 2003.<br />

*oct à oct 2004<br />

Sources : World Bank, WDI 2004 cédérom (i) ; Fond Monétaire International, SFI cédérom (ii) ; Wold Bank, World Economic Outlook Database, Avril 2004 (iii) ; Banques Centra<strong>le</strong>s (iv) ; Offices nationaux de statistiques (v), DPEG Maroc (vi), Ministère des<br />

Finances (vii), Calculs Institut de la Mediterranée (viii), prévisions de la Banque Mondia<strong>le</strong>, on line WDI 2003 (ix), State Planing Organization (x); Fond Monétaire International, Country Profi<strong>le</strong> (xi), EIU (xii),DREE (xiii).<br />

Total PM (0) 0,7% 1 2,4% 1 2,3% 1 19,3% 1 17,4% 1 17,7% 1 20,7% 1 12,3 1 7,8 1 12,6% 1/2 13,8%<br />

2003<br />

2004<br />

Algérie 7,7% 13,0% 8,8% 23,8% n.a. 17,7% xiv n.a. 24,3 30,0 23,7% f 22,0% xiv<br />

Egypte 0,7% 2,4% 4,3% 16,3% 16,5% 13,3% iv 11,7% iv 12,4 10,0 iv 9,9% n.a.<br />

Israël -1,2% 0,7% 0,3% 17,6% 17,0% n.a. n.a. 6,7 8,2 xiv 10,7% 10,4% v<br />

Jordanie 5,6% 11,3% 5,3% 19,3% n.a. 23,5% n.a. 12,3 7,4 xi 13,9% xi 14,5% xi<br />

Liban -15,1% -12,5% -10,9% 16,7% n.a. 21,7% xi 22,3% xi 17,9 n.a. n.a. n.a.<br />

Maroc 4,1% 3,6% 2,3% 23,5% n.a. 14,2% xi n.a. 12,7 9,6 vii 13,1% 10,9% vi<br />

Syrie 8,9% 6,0% 2,8% 22,6% n.a. n.a. n.a. 8,8 xi 8,0% xi 12,1% xi n.a.<br />

Tunisie -3,5% -2,9% -3,0% 23,4% 22,9% 15,1% xi 19,0% xi 3,4 2,9 xi 14,3% 13,8% xi<br />

Turquie -0,8% -3,3% -3,0% 15,5% 17,8% 34,9% xi 31,1% xi 6,3 4,7 9,4% n.a.<br />

Indicateurs macroéconomiques des PM<br />

Solde <strong>du</strong><br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

2002<br />

(iii)<br />

Solde <strong>du</strong><br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

2003<br />

(iii)<br />

Solde <strong>du</strong><br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

2004<br />

(iii)<br />

Taux d'investissement<br />

2003<br />

Taux d'investis-<br />

(ii)<br />

sement 2004<br />

(ii)<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

2003<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

2004<br />

Réserves de<br />

change<br />

(nombre de<br />

mois<br />

d'importations)<br />

(ii)<br />

Réserves de<br />

change<br />

(nombre de<br />

mois<br />

d'importations)<br />

(ii)<br />

Taux de<br />

chômage<br />

2003<br />

(iii)<br />

Taux de<br />

chômage<br />

2004<br />

Total PM (0) 5,5% 1 -3,9% 1 -1,0% 1 25,4% 1 19,5% 1 17,9% 1 17,8% 1 7,7 1 11,9% 1/2 11,2% 1/2<br />

Algérie 5,5% -5,4% n.a. 27,0% 22,8% 33,0% 22,6% iv) 8,5 28,1% 27,3%<br />

Egypte 5,5% -0,4% -1,2% 16,2% 17,7% 11,0% 12,3% iv 11,9 9,6% 9,1%<br />

Israël 6,5% -6,0% -1,9% 25,4% 19,0% 19,7% 21,1% (iv,v) 6,4 6,9% 10,3%<br />

Jordanie 4,5% -3,9% -0,1% 29,6% 19,5% 16,0% 13,7% 8,6 14,2% 15,3%<br />

Liban 10,8% -41,9% -18,5% 33,0% 17,0% n.a. 85,4% e 8,6 n.a. 9,9% a<br />

Maroc 5,1% -3,9% 0,6% 21,4% 22,3% 28,0% 17,8% 7,0 22,3% 11,2%<br />

Syrie n.a. -2,9% 0,6% 27,2% 20,9% 6,0% 3,2% (ix) n.a. 7,0% 11,7%<br />

Tunisie 6,1% -4,3% -3,5% 24,2% 26,2% 16,0% 17,2% xi 2,9 15,3% 14,9%<br />

Turquie n.a. -1,4% -0,7% 23,8% 18,2% 23,0% 37,3% xi 5,8 6,6% 10,6%<br />

Taux d'intérêt<br />

interbancaire<br />

2002<br />

(iv)<br />

Solde <strong>du</strong><br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

1995<br />

(iii)<br />

Solde <strong>du</strong><br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

1998-2000<br />

(iii)<br />

Taux d'investissement<br />

1995<br />

Taux d'investis-<br />

(ii)<br />

sement 2001<br />

(ii)<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

1995-1998<br />

(ii)<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

2002<br />

(ii)<br />

Réserves de<br />

change<br />

(nombre de<br />

mois<br />

d'importations)<br />

1998-2001<br />

(ii)<br />

Taux de<br />

chômage<br />

1995<br />

(iii)<br />

Taux de<br />

chômage<br />

2002<br />

(iii)<br />

-108-<br />

Total PM (0) 5,4% 1 2,3% 1 4079 1 7,7% 1 2,7% 1 -3,2% 1/2 -3,6% 1/2 11,1% 10,7% 1<br />

Pib PPP par<br />

Taux de<br />

Taux de<br />

Solde<br />

Solde<br />

Croissance de Croissance de<br />

tête<br />

Taux<br />

Taux<br />

croissance ( croissance<br />

budgétaire<br />

budgétaire<br />

la masse<br />

la masse<br />

(i)<br />

(i) International (i) d'inflation (%) (iii) d'inflation (%) (iii)<br />

(iii)<br />

(ii)<br />

(ii)<br />

% annuel ( % annuel<br />

(% PIB)<br />

(% PIB)<br />

monétaire<br />

monétaire<br />

$<br />

2004<br />

<strong>2005</strong><br />

moy.) 2003 moy.) 2004<br />

2003<br />

2004<br />

2003<br />

2004<br />

2003<br />

Algérie 6,8% 5,2% 5769 3,6% 3,5% 5,1% (iv) 2,4% xii 16,0% 11,3%<br />

Egypte 3,2% 4,3% 3731 8,1% 8,8% -6,1% (iv) -5,9% iv 21,3% 14,4%<br />

Israël 1,3% 4,3% 18925 -0,4% 1,2% -3,1% (xi) -4,0% xiv -0,2% 3,6%<br />

Jordanie 4,0% 7,5% 4081 3,4% 3,7% -2,3% (iv) -3,9% vii 16,6% 10,5%<br />

Liban 4,9% 6,3% 4793 3,0% 2,0% -14,5% -8,2% xi 13,0% 10%<br />

Maroc 5,2% 3,5% 3783 1,5% 2,0% -3,6% (vii) -4,4% vii 8,7% 7,7%<br />

Syrie 2,5% 3,6% 3378 4,6% 10,0% -2,7% xi n.a. 7,8% n.a.<br />

Tunisie 5,6% 5,8% 6765 3,6% 2,9% -3,5% (xi) -2,8% xi 6,4% 11,3%<br />

Turquie 5,8% 8,9% 6398 10% 8,4% -11,3% xi -8,1% xi 14,6% 22,1%<br />

-3,6% -3,6%<br />

Total PM (0) 4,9% 1 5,2% 1 4793 1 3,6% 1 3,5% -3,5% 1/2 -4,2% 1 13,0% 1/2 10,9%<br />

Principaux agrégats macroéconomiques<br />

Taux de<br />

Taux de<br />

Pib PPP par<br />

Croissance de Croissance de<br />

Solde<br />

Solde<br />

croissance ( croissance<br />

tête<br />

Taux<br />

Taux<br />

la masse<br />

la masse<br />

budgétaire<br />

budgétaire<br />

% annuel (ii) ( % annuel International (i) d'inflation (%) (iii) d'inflation (%) (iii)<br />

(iv)<br />

(iv) monétaire (% (ii) monétaire (%<br />

(% PIB)<br />

(% PIB)<br />

moy.)<br />

moy.)<br />

$<br />

1995-1998 1998-2002<br />

an. moy.) 1993- an. moy.)<br />

1995<br />

2002<br />

1995-1998 1998-2002<br />

1995<br />

1997<br />

1998-2002<br />

Algérie 3,0% 3,0% (iv) 5027 16,1% 2,7% -1,4% 0,2% 13,7% 21,7%<br />

Egypte 5,4% 4,5% (iv) 3025 7,9% 2,7% 0,9% -5,8% 10,7% 10,7%<br />

Israël 3,3% 2,1% (iv) 18477 8,9% 3,7% -5,0% -3,0% xi 21,5% 9,9%<br />

Jordanie 2,7% 4,1% (iii) 4056 4,1% 1,6% 0,3% -4,1% 3,9% 9,9%<br />

Liban 3,3% 1,1% (ix) 4102 7,7% -0,8% -18,3% -11,8% 21,9% 9,3%<br />

Maroc 5,4% 2,6% (iii) 3214 3,2% 1,7% -5,6% -4,3% 9,9% 9,8%<br />

Syrie 5,8% 0,9% 3162 4,3% -0,9% -4,2% (ix) -3,4% (ix) 10,0% 18,6%<br />

Tunisie 5,8% 4,3% (iii) 5083 4,2% 2,7% -3,2% -3,5% (xi) 11,1% 11,9%<br />

Turquie 6,0% 0,5% (iv) 5601 84,7% 60,8% -4,1% -15,2% 115,2% 61,3%<br />

(ii)


Source : United Nations : World Investment Reports 1995 à 2004.<br />

Selon révision des prévisions UNCTAD, WIR 2004<br />

Europe centra<strong>le</strong> et de l'est 957 4 145 6 751 11 059 8 379 16 991 16 762 24 185 26 849 29 072 29 400 30 141 35 479 34 868 53 671 8 047 31 158 287,2%<br />

Czech Republic 72 523 1 003 654 869 2 562 1 428 1 300 3 718 6 324 4 986 5 641 8 483 2 101 4 463 947 4 272 351,1%<br />

Estonia 0 0 82 162 215 202 151 267 581 305 387 542 284 891 926 110 481 337,5%<br />

Hungary 623 2 950 2 955 4 892 2 286 5 104 3 300 4 167 3 335 3 312 2 764 3 936 2 994 2 162 4 167 3 135 3 348 6,8%<br />

Latvia 0 0 29 45 214 180 382 521 357 347 413 132 254 300 647 78 372 376,9%<br />

Lithuania 0 0 10 30 31 73 152 355 926 486 379 446 732 179 773 24 492 1949,4%<br />

Poland 89 291 678 1 715 1 875 3 659 4 498 4 908 6 365 7 270 9 343 5 714 4 131 4 123 6 159 1 385 5 835 321,4%<br />

Romania 0 40 77 94 341 419 263 1 215 2 031 1 041 1 037 1 157 1 144 2 213 5 174 162 1 697 948,7%<br />

Slovakia 93 81 100 179 273 258 370 231 707 428 1 925 1 584 4 094 669 1 122 164 1 237 653,8%<br />

Slovenia 4 65 111 113 117 151 174 334 216 107 136 370 1 686 337 516 93 431 361,3%<br />

Entrées d’IDE<br />

Pays en développement 35 736 43 951 54 872 80 420 105 141 117 544 151 746 191 764 186 626 232 507 253 179 217 845 155 528 166 337 233 227 72 944 198 751 172,5%<br />

Amérique Latine et Caraïbes 9 586 15 803 18 076 17 796 30 102 30 167 50 246 76 260 82 540 108 640 97 523 89 130 50 492 46 908 67 526 20 255 74 363 267,1%<br />

Asie <strong>du</strong> Sud et de l'Est (excl. Chine, incl. HK) 18 671 17 627 18 820 26 089 32 000 40 197 48 281 55 668 45 996 69 377 101 240 54 605 33 575 41 250 77 075 25 567 58 563 129,1%<br />

-109-<br />

Pays Partenaires de Méditerranée 2 051 2 078 3 060 2 840 4 545 4 585 4 476 6 144 6 592 8 068 11 027 13 234 7 198 11 268 10 093 3 193 8 678 171,8%<br />

Pays Partenaires de Méditerranée hors Israël 1 775 1 569 2 339 3 117 4 103 3 234 3 079 4 510 4 855 4 953 5 950 9 599 5 428 7 388 8 474 2 690 6 026 124,1%<br />

Total Monde 207 883 161 278 169 238 227 694 259 469 341 086 392 922 487 878 701 124 1 092 052 1 396 539 825 925 716 128 632 599 648 146 227 775 765 923 236,3%<br />

Entrées d'IDE en millions de US $<br />

Moyenne annuel<strong>le</strong> (mios $)<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 (B) (B/A) %<br />

1990- 1996-<br />

1995 2004<br />

Algérie* 12 10 -59 18 5 4 7 501 507 438 1 196 1 065 634 882 -3 582<br />

Egypte 734 253 459 493 1 256 596 637 888 1 076 1 065 1 235 510 647 237 1 253 632 839 32,7%<br />

Israël 151 346 589 605 442 1 351 1 398 1 635 1 737 3 115 5 077 3 635 1 770 3 880 1 619 580 2 652 356,8%<br />

Jordanie 38 -12 41 -34 3 13 16 361 310 158 801 120 64 424 620 8 319 3802,9%<br />

Liban 6 2 18 7 23 35 80 150 200 250 298 249 257 358 288<br />

Maroc 165 317 423 491 551 335 357 1 079 417 850 215 2 825 481 2 314 853 380 1 043 174,3%<br />

Syrie 71 62 18 1 020 1 079 987 912 854 743 972 1 202 947 1 030 1 084 1 206 540 994 84,3%<br />

Tunisie 76 125 526 562 566 378 351 366 668 368 779 486 821 584 639 372 562 51,1%<br />

Turquie 684 810 844 636 608 885 722 805 940 783 982 3 266 1 063 1 753 2 733 745 1 450 94,7%


[1] Calculée selon l’indice de Herfindahl-Hirschmann qui permet d’avoir une me<strong>sur</strong>e <strong>du</strong> niveau de la concentration des exportations d’un pays <strong>sur</strong> un petit nombre de pro<strong>du</strong>its.<br />

Hj= i=1314 (xi/X)2 / (1/239)/(1 - (1/239))<br />

Hj étant l’indice <strong>du</strong> pays, Xi = va<strong>le</strong>ur des exportations <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it i , X = va<strong>le</strong>ur des exportations tota<strong>le</strong>s <strong>du</strong> pays j 239 =nombre de pro<strong>du</strong>its de la SITC rev 2 à 3 digit. L’indice est normalisé afin<br />

d’obtenir des va<strong>le</strong>urs comprises entre 0 et 1. Plus l’indice est faib<strong>le</strong>, plus la structure d’exportation est diversifiée. Lorsqu’il est égal à 1, la concentration maxima<strong>le</strong> (<strong>le</strong> pays n’exporte qu’un seul<br />

pro<strong>du</strong>it).<br />

Source : Comtrade, calculs Institut de la Méditerranée<br />

Panorama des échanges<br />

Avec l'Union Européenne<br />

Echanges totaux 2003 (en millions de dollars) Soldes commerciaux (millions de dollars) Structure des échanges<br />

Taux de croissance annuels<br />

Part des<br />

moyens des échanges hors<br />

Pro<strong>du</strong>its<br />

Concentration<br />

Importations Exportations Importations Exportations Tous pro<strong>du</strong>its Hors pétro<strong>le</strong><br />

pro<strong>du</strong>its<br />

pétro<strong>le</strong> 1995-2003<br />

manufacturés<br />

des exports[1]<br />

manufacturés<br />

Hors pétro<strong>le</strong> Hors pétro<strong>le</strong> Imports Exports 2003 2003 2003 2003 2003<br />

Algérie 7 947,6 14 537,2 7 878,4 338,2 2,75% 5,12% 6 590,0 -7 540,0 -6 046,0 2% 0,61<br />

Egypte 2 805,2 2 023,3 2 778,2 1 027,7 -5,94% 0,08% -782,0 -1 751,0 -1 388,0 39% 0,34<br />

Israël 13 955,3 8 423,4 13 906,2 8 420,8 -0,66% 4,01% -5 532,0 -5 485,0 -5 500,0 87% 0,22<br />

Jordanie 1 428,1 89,3 1 425,3 89,3 1,94% -5,63% -1 339,0 -1 336,0 -1 094,0 42% 0,11<br />

Liban 3 064,6 143,5 2 665,3 143,5 -1,29% 1,28% -2 921,0 -2 522,0 -2 038,0 67% 0,15<br />

Maroc 8 352,5 6 645,5 7 777,1 6 532,6 6,71% 10,88% -1 707,0 -1 244,0 -1 962,0 75% 0,20<br />

Syrie 972,1 3 269,9 949,6 278,8 -7,12% -4,23% 2 298,0 -671,0 -626,0 5% 0,88<br />

Tunisie 7 353,1 5 877,7 6 926,7 5 341,1 3,01% 3,93% -1 475,0 -1 586,0 -1 397,0 84% 0,21<br />

Turquie 31 695,5 24 487,9 31 220,7 24 275,0 8,12% 10,55% -7 208,0 -6 946,0 -6 341,0 89% 0,14<br />

<br />

-110-<br />

Avec <strong>le</strong> Monde<br />

Echanges totaux 2003 (en millions de dollars) Soldes commerciaux (millions de dollars) Structure des échanges<br />

Taux de croissance annuels<br />

Taux<br />

Part des<br />

moyens des échanges hors<br />

Pro<strong>du</strong>its<br />

Concentration<br />

d'ouverture Importations Exportations Importations Exportations Tous pro<strong>du</strong>its Hors pétro<strong>le</strong><br />

pro<strong>du</strong>its<br />

pétro<strong>le</strong> 1995-2003<br />

manufacturés<br />

des exports[1]<br />

(X+M/PIB)<br />

manufacturés<br />

2003 Hors pétro<strong>le</strong> Hors pétro<strong>le</strong> Imports Exports 2003 2003 2003 2003 2003<br />

Algérie 57,8% 13 532,5 24 611,5 13 424,8 481,9 2,92% 0,93% 11 079,0 -12 943,0 -9 659,0 1% 0,60<br />

Egypte 20,7% 10 892,7 6 160,7 10 329,7 3 507,5 -1,43% 6,24% -4 732,0 -6 822,0 -3 414,0 25% 0,32<br />

Israël 60,0%* 34 210,9 31 782,7 30 451,9 31 644,6 1,67% 6,55% -2 428,0 1 193,0 1 871,0 96% 0,34<br />

Jordanie 88,6% 5 653,2 3 081,6 4 720,3 3 074,1 4,90% 7,16% -2 572,0 -1 646,0 -1 354,0 66% 0,10<br />

Liban 45,7% 7 167,5 1 523,9 6 046,8 1 520,4 2,41% 13,23% -5 644,0 -4 526,0 -3 561,0 51% 0,21<br />

Maroc 50,6% 13 730,6 8 777,2 11 514,6 8 547,7 5,74% 8,01% -4 953,0 -2 967,0 -3 240,0 46% 0,16<br />

Syrie 50,4% 5 110,6 5 730,7 4 924,5 1 642,1 3,59% 6,96% 620,0 -3 282,0 -3 083,0 21% 0,61<br />

Tunisie 72,1% 10 146,7 7 354,4 9 454,5 6 721,9 3,23% 3,74% -2 792,0 -2 733,0 -2 050,0 68% 0,17<br />

Turquie 49,0% 69 339,7 47 252,8 57 764,8 46 272,6 8,05% 10,18% -22 087,0 -11 492,0 -7 046,0 82% 0,09<br />

<br />

* : PIB 2002


Modélisation de l’impact d’un accord sud-sud<br />

Tab<strong>le</strong>au A4 : Impact d’un accord d’intégration sud-sud <strong>sur</strong> diverses variab<strong>le</strong>s<br />

macroéconomiques (en% de croissance)<br />

Tab<strong>le</strong>au A5 : Impact d’un accord d’intégration sud-sud <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s secteurs de pro<strong>du</strong>ction<br />

(niveau initial en Mds de US $, et taux de croissance après 14 ans)<br />

Source : étude Femise FEM22-36, CATT<br />

-111-


Modélisation de l’impact d’un accord nord-sud<br />

Tab<strong>le</strong>au A6 : Impact d’un accord d’intégration nord-sud <strong>sur</strong> diverses variab<strong>le</strong>s<br />

macroéconomiques (en% de croissance)<br />

Tab<strong>le</strong>au A7 : Impact d’un accord d’intégration nord-sud <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s échanges extérieurs<br />

bilatéraux (niveau initial en Mds de US $, et taux de croissance après 14 ans)<br />

Tab<strong>le</strong>au A8 : Impact d’un accord d’intégration nord-sud <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s secteurs de pro<strong>du</strong>ction<br />

(niveau initial en Mds de US $, et taux de croissance après 14 ans)<br />

Source : étude Femise FEM22-36, CATT<br />

-112-


Modélisation de l’impact d’une libéralisation multilatéra<strong>le</strong><br />

Tab<strong>le</strong>au A9 : Impact d’un accord multilatéral de libéralisation tota<strong>le</strong> <strong>sur</strong> diverses<br />

variab<strong>le</strong>s macroéconomiques (en% de croissance)<br />

Tab<strong>le</strong>au A10 : Impact d’un accord d’intégration nord-sud <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s secteurs de pro<strong>du</strong>ction<br />

(niveau initial en Mds de US $, et taux de croissance après 14 ans)<br />

Source : étude Femise FEM22-36, CATT<br />

-113-

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