La loi sur les animaux purs et impurs dans le Lévitique

La loi sur les animaux purs et impurs dans le Lévitique La loi sur les animaux purs et impurs dans le Lévitique

02.10.2013 Views

------------Théologie biblique- ment dit, les respecter fait partie des conditions de sainteté. Plusieurs explications ont été proposées. Nous en mentionnons ici quelquesunes. 1. On a pensé que les animaux impurs étaient ceux qui jouent un rôle dans les cultes pafens. Il n'en est pas ainsi, car le taureau ou le bœuf sont considérés comme purs, alors que les Cananéens avaient des idoles en forme de taureau ou de bœuf. 2. On a avancé des raisons hygiéniques, mais les textes ne mentionnent nulle part de danger, menaçant la santé des Israélites. De plus, certains animaux impurs ne sont pas plus dangereux que d'autres - comme, par exemple, le chameau - tandis que certains animaux purs peuvent présenter un certain danger (le ténia peut s'attraper en consommant certains d'entre eux). Et si la raison de ces lois était d'ordre hygiénique, pourquoi alors le NT déclare-t-il tout pur (Mc 7.14ss ; Tt 1.15) ? Les conditions d'hygiène n'avaient pas changé à l'époque de Jésus et les apôtres. Les versets 44 et 45 suggèrent qu'il y a une raison plus profonde, d'ordre plus théologique. 3. Wenham (2) reprend des travaux de Mary Douglas, pour qui la notion de pureté serait caractérisée par l'idée de (2) G.J. Wenham, The Book of Leviticus (NICOT, Grand Rapids: Eerdmans, 1979), p. 169ss. normalité. Serait normal tout animal qui se conforme aux critères de normalité, dans la classe à laquelle il appartient, (poissons, oiseaux, ou animaux se déplaçant sur le sol). Ces critères de normalité seraient déterminés par des facteurs socio-cultureis (ainsi, pour un peuple de bergers, le mouton et la chèvre fournissent le type normal des mammifères, et les animaux, qui ne s'y conforment pas, sont considérés comme anormaux). Là-dessus, Douglas et Wenham voient, dans la division du règne animal, un symbole de la division du genre humain: il y a des animaux purs et impurs, comme il yale peuple de Dieu et les autres hommes. En outre, parmi les animaux purs, certains peuvent être offerts en sacrifice; de même, à l'intérieur d'Israël, certains hommes sont consacrés au culte. Douglas et Wenham voient, dans la division du règne ani· mal, un symbole de la division du genre humain. L'idée que les animaux impurs seraient anormaux, ne paraît pas bien s'accorder avec la déclaration originelle du Créateur sur ses œuvres : toute la création était très bonne. Il est donc difficile d'admettre que Dieu ait entériné, sans autre, une classification soclo-culturelle du règne animai, à de simples fins symboliques. Même si la thèse de Douglas et Wenham n'est pas dénuée de tout intérêt, nous pensons qu'il doit y avoir une réalité plus profonde, qui ne se réduit pas à un lien Fae-Réflexioll n° 34 23--

-Théologiebiblique------------ symbolique entre le règne animal et le genre humain. Pour la découvrir, il faut d'abord se poser la question suivante: d'où vient l'impureté, dans un monde créé « très bon» par Dieu, et donc pur à l'origine? Nous ne voyons qu'une seule réponse: la désobéissance d'Adam a entraîné le règne animal dans la malédiction (Gn 3.17, où le sol, qui est maudit, représente le milieu dans lequel l'homme vit). Paul le suggère aussi : toute la création est souillée par le mal (Rm 8.20), et cela comprend la gent animale. Ceci implique que tous les animaux sont impurs depuis que la malédiction a sanctionné la transgression d'Adam. C'est pour cette raison qu'il faut ensuite se demander pourquoi, ou comment, certains animaux sont purs. Nous proposons l'explication suivante. Israël étant un peuple saint, il lui faut une nourriture pure. C'est pourquoi, Dieu, dans sa grâce, déclare certains animaux purs, afin qu'Israël puisse en consommer la viande, tout en préservant sa sainteté. La réglementation alimentaire apparaît donc comme une mesure de grâce, de liberté. C'est là tout le contraire d'une loi d'interdits. Dieu déclare certains animaux purs, pour que son peuple ait la liberté d'en consommer. Pourquoi alors déclare-t-il certains animaux purs, plutôt que d'autres? Dans certains cas, le choix a pu être motivé par un souci d'ordre hygiénique. Dans d'autres, le choix paraît arbitraire, à moins que Dieu n'ait tenu compte de critères de normalité déterminés par des facteurs socio-culturels, comme le pense M. Douglas. En fait, savoir quels animaux sont purs ne semble pas avoir d'importance en soi. Limportant est qu'il y ait des animaux purs. C'est là tout le contraire d'une loi d'interdits. Dieu déclare certains animaux purs, pour que son peuple ait la liberté d'en consommer. Deux questions subsistent. En vertu de quoi Dieu déclare-HI certains animaux purs, alors que tous ont été rendus impurs? Et pourquoi pas tous? A la première question, il faut répondre que c'est en vertu de l'œuvre du Messie. L'Ecriture enseigne en effet que l'œuvre rédemptrice du Christ affecte toute la création. Selon Esaïe, la création - en particulier le règne animal - retrouvera l'harmonie originelle grâce à l'œuvre du Messie, qui en fera disparaître tout mal (Es 1.1-9). Plus loin, le prophète précise que cette description concerne la nouvelle création, la nouvelle terre (Es 65.17-25). La dernière partie du livre de Zacharie apporte un enseignement semblable, à partir de l'exemple du cheval. Celui-ci est --24 Fac-Réflexion n° 34

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ment dit, <strong><strong>le</strong>s</strong> respecter fait partie des<br />

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Plusieurs explications ont été proposées.<br />

Nous en mentionnons ici quelquesunes.<br />

1. On a pensé que <strong><strong>le</strong>s</strong> <strong>animaux</strong> im<strong>purs</strong><br />

étaient ceux qui jouent un rô<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong><br />

cultes pafens. Il n'en est pas ainsi, car <strong>le</strong><br />

taureau ou <strong>le</strong> bœuf sont considérés<br />

comme <strong>purs</strong>, alors que <strong><strong>le</strong>s</strong> Cananéens<br />

avaient des ido<strong><strong>le</strong>s</strong> en forme de taureau ou<br />

de bœuf.<br />

2. On a avancé des raisons hygiéniques,<br />

mais <strong><strong>le</strong>s</strong> textes ne mentionnent<br />

nul<strong>le</strong> part de danger, menaçant la santé<br />

des Israélites. De plus, certains <strong>animaux</strong><br />

im<strong>purs</strong> ne sont pas plus dangereux que<br />

d'autres - comme, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> chameau<br />

- tandis que certains <strong>animaux</strong> <strong>purs</strong><br />

peuvent présenter un certain danger (<strong>le</strong><br />

ténia peut s'attraper en consommant certains<br />

d'entre eux). Et si la raison de ces<br />

<strong>loi</strong>s était d'ordre hygiénique, pourquoi<br />

alors <strong>le</strong> NT déclare-t-il tout pur<br />

(Mc 7.14ss ; Tt 1.15) ? Les conditions<br />

d'hygiène n'avaient pas changé à<br />

l'époque de Jésus <strong>et</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong> apôtres. Les vers<strong>et</strong>s<br />

44 <strong>et</strong> 45 suggèrent qu'il y a une raison<br />

plus profonde, d'ordre plus théologique.<br />

3. Wenham (2) reprend des travaux de<br />

Mary Douglas, pour qui la notion de<br />

pur<strong>et</strong>é serait caractérisée par l'idée de<br />

(2) G.J. Wenham, The Book of Leviticus (NICOT,<br />

Grand Rapids: Eerdmans, 1979), p. 169ss.<br />

normalité. Serait normal tout animal qui se<br />

conforme aux critères de normalité, <strong>dans</strong><br />

la classe à laquel<strong>le</strong> il appartient, (poissons,<br />

oiseaux, ou <strong>animaux</strong> se déplaçant <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

sol). Ces critères de normalité seraient<br />

déterminés par des facteurs socio-cultureis<br />

(ainsi, pour un peup<strong>le</strong> de bergers, <strong>le</strong><br />

mouton <strong>et</strong> la chèvre fournissent <strong>le</strong> type<br />

normal des mammifères, <strong>et</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong> <strong>animaux</strong>,<br />

qui ne s'y conforment pas, sont considérés<br />

comme anormaux). Là-dessus, Douglas<br />

<strong>et</strong> Wenham voient, <strong>dans</strong> la division<br />

du règne animal, un symbo<strong>le</strong> de la division<br />

du genre humain: il y a des <strong>animaux</strong><br />

<strong>purs</strong> <strong>et</strong> im<strong>purs</strong>, comme il ya<strong>le</strong> peup<strong>le</strong> de<br />

Dieu <strong>et</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong> autres hommes. En outre,<br />

parmi <strong><strong>le</strong>s</strong> <strong>animaux</strong> <strong>purs</strong>, certains peuvent<br />

être offerts en sacrifice; de même, à<br />

l'intérieur d'Israël, certains hommes sont<br />

consacrés au culte.<br />

Douglas <strong>et</strong> Wenham voient,<br />

<strong>dans</strong> la division du règne ani·<br />

mal, un symbo<strong>le</strong> de la division<br />

du genre humain.<br />

L'idée que <strong><strong>le</strong>s</strong> <strong>animaux</strong> im<strong>purs</strong> seraient<br />

anormaux, ne paraît pas bien s'accorder<br />

avec la déclaration originel<strong>le</strong> du Créateur<br />

<strong>sur</strong> ses œuvres : toute la création était<br />

très bonne. Il est donc diffici<strong>le</strong> d'adm<strong>et</strong>tre<br />

que Dieu ait entériné, sans autre, une<br />

classification soclo-culturel<strong>le</strong> du règne animai,<br />

à de simp<strong><strong>le</strong>s</strong> fins symboliques.<br />

Même si la thèse de Douglas <strong>et</strong> Wenham<br />

n'est pas dénuée de tout intérêt, nous<br />

pensons qu'il doit y avoir une réalité plus<br />

profonde, qui ne se réduit pas à un lien<br />

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