(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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Mende (Tibor): D e l’aide à la recolonisation — les leçons d’un échec<br />
(Paris, Seuil, 1972, 316 p., coll. « L’histoire immédiate »).<br />
Tibor M e n d e , né en Hongrie, a fait ses études universitaires à<br />
Londres. Naturalisé français, il a été jusqu’à la fin 1971, haut<br />
fonctionnaire des Nations-Unies où il s’est occupé de problèmes<br />
économiques et, surtout, de pays sous-développés. Il a été un des<br />
précurseurs de l’analyse des problèmes du Tiers Monde auxquels<br />
il a consacré une douzaine d’ouvrages, abondamment traduits<br />
et publiés ailleurs qu’en France. Il est actuellement professeur<br />
ou conférencier de plusieurs institutions d’enseignement<br />
supérieur.<br />
Dans le présent ouvrage, T. M e n d e est à nouveau un pionnier.<br />
Il publie la première analyse critique de ce qu’on appelle 1’« aide<br />
au développement ». On sait que celle-ci est de plus en plus<br />
sérieusement mise en question — quant à son efficacité surtout<br />
— par ceux qui la dispensent. Il est juste de reconnaître que<br />
cette critique et cette mise en cause sont amplement justifiées.<br />
Le livre original, courageux et passionnant de Tibor<br />
M e n d e est là pour le prouver, indiscutablement.<br />
En épluchant l’artichaut de l’aide et en écartant tout ce que<br />
les organismes officiels ont convenu de définir comme tel mais<br />
qui, en réalité, ne l’est pas le moins du monde, le solde est très<br />
mince. Et encore, peut-on s’interroger sur l’efficacité ou la nocivité<br />
de ce qui subsiste malgré tout. Par contre, les flux financiers<br />
inverses, des pays pauvres vers les pays riches, sont énormes et<br />
vont croissant, eux, alors que l’aide stagne (ou diminue en termes<br />
relatifs). On met ainsi à nu les véritables motifs de la « coopération<br />
au développement» — procédé astucieux que les pays<br />
industrialisés, capitalistes ou socialistes emploient pour exploiter<br />
mieux encore les pays sous-développés — et les mécanismes (les<br />
structures de l’échange international) ou situations sociologiques<br />
(la complicité des bourgeoisies des pays pauvres) qui la maintiennent<br />
en action. T. M e n d e conclut à l’échec de ce qui était à<br />
l’origine, il y a un quart de siècle, une entreprise généreuse de<br />
solidarité.<br />
12 juin <strong>1973</strong><br />
André H u y b r e c h t s