(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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belgo-congolaise à la veille de l’indépendance. Ici, il me semble<br />
dépasser l’anecdote: en réalité, chaque génération de policiers au<br />
sens large, en y englobant les magistrats instructeurs, a apporté<br />
sa contribution à la criminologie du Congo belge sous <strong>for</strong>me d ’exposé<br />
d’affaires, chaque génération, disais-je, sauf la dernière. En<br />
effet, seuls des policiers revêtus d’une certaine notoriété et parvenus<br />
en fin de carrière jettent par écrit leurs souvenirs. Or les<br />
enquêtes sont dévolues en général à des magistrats subalternes.<br />
L’ultime génération policière coloniale, celle de la « relève »<br />
d’après-guerre, n’avait pas encore atteint ce stade des exposés systématiques<br />
de ses expériences.<br />
Des souvenirs enregistrés et conservés par la mémoire de l’un<br />
d’entre eux, plus de dix ans après sa fin de carrière, donc avec<br />
l’érosion du temps, paraît susceptible de combler le vide créé par<br />
la cassure de l’indépendance, et d’apporter un matériau historique<br />
sur ce qu’était la recherche des infractions dans la dernière phase<br />
de la vie du Congo belge. Pour conserver à ma mémoire le caractère<br />
d’un document, je n’ai pas voulu éliminer certains passages<br />
peut-être moins intéressants, j’ai tenu à éviter aussi de l’enrober<br />
d ’une enveloppe littéraire laissant place à la reconstruction arbitraire,<br />
même si elle rendait plus agréable la marchandise.<br />
Quels avantages peut-on tirer de la lecture de ces souvenirs?<br />
L’auteur est mal placé pour en décider, mais je puis analyser quels<br />
enseignements j’en ai tirés.<br />
Le premier et le plus important est une leçon de modestie personnelle<br />
et d’admiration pour le corps dans lequel j’ai servi. En<br />
restituant la trame d’énigmes que j’avais résolues, il y a en<br />
moyenne une vingtaine d’années, et dont j’étais fier, je me suis<br />
aperçu que je n ’aurais jamais abouti sans l’aide de l ’infrastructure<br />
policière, en premier lieu, à l’intérieur, les territoriaux, dans<br />
les centres urbains, les commissaires de police. Mais en poussant<br />
plus loin, je me suis rendu compte qu’eux-mêmes devaient avoir<br />
compté sur des auxiliaires plus humbles, chefs, policiers, interprètes,<br />
plantons. En descendant les degrés de la pyramide, je dois<br />
finalement admettre une évidence fondamentale: jamais nous<br />
n ’aurions pu mener avec le succès qui était le nôtre au Congo, les<br />
enquêtes judiciaires, si nous n’avions pas pu compter sur la confiance<br />
et même la collaboration de l'ensemble de la population.<br />
Je crois être bien placé pour l’affirmer après plus de dix ans de