(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

Jean Sohier. — Présentation de « La mémoire
d’un policier belgo-congolais »
Par « La mémoire d’un policier », j’entends son souvenir d’expériences
personnelles qui forment l’essentiel de son savoir-
faire.
Ce n ’est pas sans hésitations que je me suis décidé à proposer
la mienne à la classe. Notamment, j’ai donné l’ouvrage à lire à
plusieurs d’entre vous avant de m’y résoudre.
Ce travail repose dans mes cartons depuis plus de quatre ans.
Je l’avais offert en 1969 à CEPSI qui l’avait accueilli avec reconnaissance,
puis, à mon étonnement, ne le publiait pas. Finalement,
on me fit savoir que cette étude, si elle tombait bien au
moment où je l’avais confiée, était vite devenue dangereuse dans
un contexte nationaliste exacerbé, en effet des récits d’affaires
policières de l’époque coloniale risquaient d’entraîner des comparaisons
fâcheuses avec la situation actuelle.
Pour CEPSI, j’avais conçu ce travail comme un manuel pratique
de criminologie illustré par des récits d’affaires que j’avais
personnellement vécues ou dont j’avais fréquenté intimement les
héros.
Me restaient sur les bras, outre ce petit traité, un certain
nombre de récits-souvenirs que je n ’avais pas utilisés pour cet
exposé didactique.
Je réunis le tout et reliai les différents chapitres par des explications
destinées à un public qui n’avait pas connu le Congo
belge, tout en maintenant de brèves leçons pratiques.
Il en résultait un amalgame hybride, des récits détachés entrelardés
de commentaires historiques et juridiques.
Il fallait choisir l’un ou l’autre: j’aurais opté pour le traité si
j’avais pu m’adresser à des Zaïrois désireux de pallier certaines
déficiences actuelles dans leur lutte contre la criminalité. Mais
puisqu’ils n’en veulent pas, il me paraît que pour un public plus
large, il est intéressant d’apporter par une série d’exemples vivants,
une sorte d’album photographique de ce qu’était la police