(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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sans une correcte connaissance de laquelle les faits récents sont
malaisés à comprendre. C’est la phase antérieure à l’entrée en
scène des Belges, compatriotes de l’auteur. Les cent pages suivantes
sont alors descriptives des méritoires efforts belges de la
période difficile — approximativement le deuxième quart du
siècle — où les autorités, sans beaucoup de moyens, devaient
combattre simultanément les rigueurs d’une économie de pauvreté
et par endroits de famine, ,et celles de l’injustice sociale d’un
régime féodal particulièrement raffiné et impitoyable. Le passage
suivant est alors consacré à décrire succinctement l’épopée révolutionnaire:
riche de trente-cinq pages seulement, c’est peut-être
le rare exemple où le lecteur reste un peu sur sa faim. Puis, après
une vingtaine de pages, également ramassées, menant de l’autonomie
hutu à l’indépendance nationale, c’est, en cent vingt pages,
le bilan des dix années d’indépendance. Une série d’utiles annexes
termine le volume, parmi lesquelles près de deux cents
notes bibliographiques concernant des acteurs des événements
des deux dernières décennies. On le constate, l’auteur, dans son
désir de faire œuvre d’historien, n ’a pas cédé à la tentation de
gonfler exagérément les passages célébrant les réalisations des
années les plus récentes, ce à quoi eussent pu l’inciter, d’une part,
le caractère commémoratif de son livre et, d’autre part, une plus
grande facilité d’obtention, à Kigali, d’une abondante documentation
imprimée.
Enfin, troisième qualité que nous aimerions encore souligner:
la constante modération de ton dans une présentation d’événements
ou de situations dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils
ont déchaîné en leur temps les passions les plus violentes. Les
jugements de valeur sont portés tout en nuances, mais surtout ils
sont agréablement rares. S’il a lui-même vibré en se penchant sur
les souvenirs de ces années par moments homériques, il a su se
dominer en les relatant, laissant aux faits eux-mêmes le soin
d’émouvoir le lecteur.
Sobrement préfacé également par le ministre Froduald M i n a n i,
ce livre a donc exactement atteint son but: rendre service et
rendre hommage. Quiconque aime le Rwanda se doit de l’avoir
sur les rayons de sa bibliothèque.
Janvier 1973