(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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Nous livrons cette lettre aux méditations de ceux qui, fatigués du joug<br />
censitaire, auraient le désespoir dans l’âme, qu’ils lisent attentivement ces<br />
nouvelles et nous viennent d’au delà de l’Atlantique. Ils verront que nos<br />
compatriotes n’oublient pas leurs frères de misère. Qu’ils aillent donc où<br />
ils savent trouver un sort meilleur, mais qu’ils se mettent en garde contre<br />
le sort d’émigrants, victimes d’exploiteurs protégés par le Gouvernement.<br />
Nous lisons un télégramme de l’Agence Havas, daté de New York:<br />
Le steamer ALEZIA a quitté New York, hier, avec 300 immigrants italiens<br />
qui retournent en Italie faute d’ouvrage.<br />
Combien de Belges ont eu confiance dans les paroles trompeuses<br />
d’embaucheurs et sont restés exilés sans soutien eu sont revenus épuisés<br />
par la misère et la maladie.<br />
6. On nous communique la lettre suivante d ’un de nos dévoués camarades<br />
émigré en Amérique<br />
Val Collery, le 15 juillet 1888.<br />
Mon cher François Mignon,<br />
D ’après promesse avant le départ, je vous in<strong>for</strong>me que je suis en Amérique,<br />
Canada, nouvelle Ecosse, à deux lieue de la mer, à peu près cent<br />
mille du port d’Halifax, car j’ai dû suivre la rive pour arriver à destination.<br />
J’habite un petit village bâti en bois au milieu des <strong>for</strong>êts. Pour toute<br />
industrie, il y a deux puits d’extraction, le genre de vivre est ici pour les<br />
campagnards de cultiver les quatre mois d’été et rentrer les huit mois<br />
d’hiver et beaucoup n’en sortent jamais. L’ouvrier est libre, il gagne plus<br />
qu’en Belgique, mais l’hiver est presque insupportable pour les Belges<br />
car pour novembre je dois partir avoisiner la Cali<strong>for</strong>nie. Ici personne ne<br />
veut du genièvre que par flacon de 1,50 F.; de la bière il n’y en a pas<br />
pour le village; il a y une boutique d’aunages, épiceries et merceries<br />
bourgeoise, ensuite la coopérative qui débite, aunages, merceries, épiceries,<br />
pipes, tabacs, le tout par crédit d’un mois.<br />
Tu vois que de vivre ici d’un commerce est impossible où il faut être<br />
très-<strong>for</strong>t et le travail est très dur pour l’ouvrier, les hiercheurs sont mieux,<br />
ils gagnent leur vie facilement, mais il n’en faut pas beaucoup.<br />
L’Union ouvrière est très-<strong>for</strong>te mais les Belges ne la suivent pas beaucoup<br />
de près à cause de la langue anglaise, la Loge est affiliée aux<br />
Etats-Unis d’Amérique, on verse cinq francs par mois pour fonds<br />
de grèves; toute l’Union est reconnue par le gouvernement, ceux qui en<br />
font partie sont grands parmi toute l’Amérique. Plus tard, si je pars plus<br />
loin, je vous donnerai d’autres détails, peut être plus avantageux.<br />
Charles Mitral qui est déjà parti m’a dit de vous faire des compliments,<br />
il ne vous a pas écrit à cause qu’il n’est pas assez au courant de<br />
l’écriture ou sans quoi il ne vous a pas oublié.