(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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misère pour les pauvres ont fait émigrer au Canada, de venir protester
énergiquement par la voie de votre estimable journal LA REPUBLIQUE
BELGE, contre le défi jeté à la face de toute la Wallonie par les Messieurs
de Bruxelles, qui ne voient dans l’avenir que des places d’honneur.
En 1886 et 1887, les paradeurs de notre Capitale se sont délégués dans
nos bassins houillers pour y prêcher la GREVE NOIRE, comme moyen
pratique de forcer la bourgeoisie à donner aux Ouvriers le droit de
s’approcher des urnes électorales.
Le Peuple ayant confiance dans les grands faiseurs de petites choses,
entreprit la Grève Générale pour l’obtention de ses droits politiques. Les
Messieurs de Bruxelles ne voulant que de la théorie, et voyant que les
Ouvriers prenaient la Grève au sérieux, sont venus à notre plus grande
stupéfaction, prêcher le contraire et dire aux Travailleurs qu’il fallait
économiser des millions, c’est-à-dire qu’il fallait encore cinquante années
de parade avant d’entreprendre la Grève Générale (1 ).
Triste récompense pour des Ouvriers courageux de voir reconnaître par
les journaux conservateurs que notre Grève était légale, et voir que
les organes et brochures du dit Parti Ouvrier nous traitaient ou de fous
ou de vauriens.
C’est pourquoi je viens, avec mes Camarades du Canada (Amérique du
Nord), procLamer hautement l’éternelle honte du Parti dit Ouvrier, tache
qu’aucun journal ne saura jamais effacer et qui sera toujours visible au
front des traîtres qui combattirent leurs frères.
Mes chers Compagnons, ne vous découragez pas, car le parti de l’action,
le Parti Socialiste Républicain, marche au progrès et par sa forte et
légale organisation, il saura mettre le Peuple à même de lutter contre nos
exploiteurs qui nous gouvernent sous un régime absurde et jésuitique.
Pour les émigrants belges au Canada,
Joseph G ueulette.
ex Vice-président de la société
coop, les « gaux » de Châtelet.
La République Belge,
1er juillet 1888.
(1) En fait le Parti Ouvrier Belge n’a jamais été partisan de la «grève noire»
qui est un mot d’ordre du Parti Socialiste Républicain en faveur du suffrage
universel. Le POB ne pouvant s’opposer au mot d'ordre de grève générale réclamé
par les bassins industriels de Wallonie et particulièrement les ouvriers mineurs
(congrès de Jolimont des bassins houillers - février 1887) tenta d’expliquer que
ce mouvement ne pourrait être déclenché qu'après l’organisation du mouvement
ouvrier, la constitution d'un trésor important et une préparation minutieuse. L'impatience
et l’impulsivité des mineurs ne pouvait admettre cette prudente patience.
Le Conseil général du POB a développé le thème dans une brochure dont il est
question par ailleurs. «L a Grève générale» Bruxelles 1887. Le POB n’a donc pas
soutenu la grève qui s’est développée dans le Centre et surtout le Borinage et
Charleroi en mai 1887.