(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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on ne trouve presque plus de biftecks à la boucherie !» — « Tais-toi,
femme, dit-il, nous, nous pourrions très bien nous en passer, et laisser
manger les biftecks par ces coupeurs de charbon, car ces hommes travaillent
très fort! »
Où sont, Compagnons, vos Directeurs Belges avec leurs cœurs de
pierre, qui pourraient répéter ces paroles?
Je suis, comme on dit, dans la plus mauvaise contrée de l’Amérique
mais malgré cela, quand j’étais en Belgique, je vivais en esclave, et où
je suis, je vis comme un seigneur, car on respecte le travailleur, et mieux
vaut vivre dans le pays lointain que de mourir de faim sous le toit
paternel.
Partez donc, Compagnons, pour les pays libres, choisissez donc votre
contrée et ne vivez plus enchaînes. Je sais fort bien que c’est l’argent
qui manque à beaucoup, mais faites ceci pour vous racheter les uns les
autres de l ’esclavage. Faites des listes et mettez 25 centimes par semaine
pour avoir le prix d’un passage. Puis faites des loteries et celui qui tombera
partira.
Et dites à De Fuisseaux, le père du Peuple travailleur (2) qu’il dise
aux travailleurs : Assez de victimes du travail par ces maudits chefs ! assez
de victimes du bagne par ces gouvernants ! assez de sang versé par ces
infâmes bourreaux! nous allons nous racheter de l’esclavage et aller
monter des usines dans les pays libres. Et vous, Compagnons, faites des
bourses. Moi, malgré que je suis hors des mains de ces misérables
dompteurs, quand cela aura lieu, j’enverrai la même somme que vous
autres, afin que cela se réalise et que De Fuisseaux se mette au milieu
de vous tous et quitte ce pays maudit.
En attendant de vous voir tous délivrés de l’esclavage, je reste votre
ami confiant, vous souhaitant tout le bonheur.
F r. M a u f o r t .
Des compliments à mon frère Glabais et à tous mes amis. Pour répondre
à ma lettre veuillez prendre l’adresse chez Glabais.
La République Belge, 3 juin 1888.
4. Une lettre d’A m érique du N ord
Wallecolery, Country Pictou,
Nova Scation.
Après avoir fait la lecture de la révoltante brochure du Parti dit Ouvrier,
l’amour du droit de vote pour toutes les mains calleuses nous
oblige, moi et mes Camarades, que les lois à l’avantage des riches et la
( 2 ) Alfred D e f u is s e a u x , principal dirigeant du Parti socialiste républicain
alors réfugié en France. Baudour, 9 décembre 1843 - Nimy, 11 novembre 1901.