(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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ouvrière, mais aussi la progression considérable du chômage
complet ou partiel provoque encore une diminution de son niveau
de vie (de nombreux puits de charbonnages sont fermés, d’autres
travaillent 4 à 5 jours par semaine seulement, ou avec un personnel
réduit, pratiquant le « reculage », c’est-à-dire la rotation des
ouvriers dans un même chantier; dans les verreries et la sidérurgie
des fours, des hauts-fourneaux sont éteints). La crise économique
est d’autant plus ressentie qu’elle a été précédée d’une période
de prospérité sans précédent (à la suite de la guerre franco-
prussienne de 1870 ) (4).
L’émigration outre-Atlantique prend, elle, des dimensions relativement
importantes avec le départ d’ouvriers verriers soit engagés
par l’industrie verrière nord-américaine, soit victimes de la
grève générale de 1884, véritable « lock-out » dans l’industrie verrière
du bassin de Charleroi.
On connaît les liens qui se créent alors entre le jeune syndicat
à allure corporatiste « L’Union verrière » et l’ordre des « Knights
of Labor » des Etats-Unis. La « Fédération Universelle des Verriers
» créée en mai 1884 à St-HELENS (Grande-Bretagne) prévoit
dans son règlement la mobilité des ouvriers verriers entre les
différents pays membres. Des groupes d’ouvriers belges conduits
par des délégués de 1’« Union verrière » gagnent les Etats-Unis,
Pittsburg particulièrement, siège de l’assemblée n° 300 des
« Knights of Labor » qui patronne désormais 1’« Union verrière ».
Cette émigration organisée cesse, semble-t-il, en novembre
1884 alors qu’un nouveau conflit éclate aux Etats-Unis et que les
ouvriers belges sont employés comme briseurs de grève. Cela
n ’empêchera pas les contacts de rester amicaux et de permettre
à de nombreux verriers d’être accueillis par l’assemblée n“ 300
de Pittsburg des « Knights of Labor » (notamment un des principaux
dirigeants de l’Union Verrière O. Fa l l e u r, obligé de
s’exiler en 1888) (5). De son côté le recrutement d’ouvriers par
des « racoleurs » venus des Etats-Unis se poursuit (6).
Mais dès 1886, le phénomène s’élargit, dépasse le cadre étroit
des verriers et touche plusieurs catégories d’ouvriers de la région
de Charleroi en particulier (métallurgistes, mineurs, etc.). Les
raisons de cette augmentation brutale de Immigration outre-
Atlantique sont évidemment d’ordre social et économique. L’approfondissement
de la crise économique et l’extension du chôma­