(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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constate en tout premier lieu que deux grands thèmes se partagent<br />
l’attention des auteurs. L’un est la culture ancestrale: nombreux<br />
sont les écrivains qui ont consacré une bonne part de leur temps<br />
et de leur talent à la mise par écrit des œuvres orales traditionnelles,<br />
contes, proverbes, chroniques, mais aussi ce genre si<br />
répandu en Afrique: le panégyrique ou praise-poem. L’autre est<br />
constitué par les multiples problèmes que pose inévitablement<br />
l’acculturation des sociétés africaines à ce stade de leur histoire<br />
où elles sont contraintes par la <strong>for</strong>ce des choses de passer d’une<br />
économie de subsistance à une économie de marché, d’une activité<br />
exclusivement agraire à l’industrialisation, d’une culture essentiellement<br />
communautaire et spiritualiste à une culture individualiste<br />
et fondamentalement matérialiste. D ’autre part, il est<br />
évident que le passage de l’oralité à l’écriture et à l’imprimerie<br />
implique des modifications profondes dans les <strong>for</strong>mes littéraires,<br />
et notamment la naissance et la diffusion du roman, genre ignoré<br />
de la tradition orale.<br />
C’est pourquoi Four African Literatures apporte en fin de<br />
compte une contribution particulière à un problème assez fascinant<br />
de littérature générale. Tout en cherchant à communiquer,<br />
comme l’écrit Nicholas H y m a n dans African Affairs, « awareness<br />
of the global importance of the transition from oral to<br />
written literatures which has taken place over much of Africa<br />
in the past 150 years», le livre montre qu’il s’agit là, pour<br />
reprendre les termes de Robert K oester dans le Library Journal,<br />
d’une « evolution comparable to the development of the art and<br />
technique of creative writing in Western Europe in the years<br />
after the death of the Roman Empire ». La science littéraire est<br />
en effet pour la première fois en mesure d’observer directement<br />
le passage de l’oralité à l’écriture, ses causes et ses conséquences,<br />
tant sur le plan de la <strong>for</strong>me que sur celui du contenu, et cela au<br />
moment où les sociétés concernées sont encore impliquées dans<br />
ce processus qui s’est répété tant de fois dans l’histoire de la<br />
civilisation humaine sans jamais avoir pu être étudié scientifiquement<br />
sur le vif.<br />
27 avril <strong>1973</strong>