(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
— 425 —<br />
1 utilisation de l’alphabet arabe pour la transcription de certaines<br />
langues africaines. Ainsi se <strong>for</strong>mèrent des littératures du type<br />
appelé « ajami ». Ce phénomène semble avoir commencé parmi<br />
les Peuls, dont les plus anciens manuscrits, originaires du Fouta<br />
Djalon, datent du XVIIIe siècle. Mais avec la guerre sainte d’Ous-<br />
mane Dan Fodio contre les émirs Haoussa du Nigéria septentrional,<br />
une littérature ajami se développa en langue Haoussa dès<br />
le début du XIX e siècle. A la fin de ce siècle apparaissait, au<br />
Sénégal, une littérature en langue Wolof. Cependant une autre<br />
branche de l’influence musulmane, partie de l’Hadramaout, parvenait,<br />
malgré la concurrence portugaise, à installer l’Islam sur<br />
la côté orientale de l’Afrique. Au départ de Zanzibar, des îles<br />
voisines et des villes côtières, un intense brassage ethnique et culturel<br />
constitua ainsi la civilisation Swahili, qui semble s’être exprimée<br />
très tôt par une littérature de type ajami. Les plus anciens<br />
manuscrits conservés datent, eux aussi, du XVIIIe siècle. La littérature<br />
Swahili, composée en grande partie d’œuvres narratives<br />
à caractère d’abord exclusivement religieux, puis recourant de<br />
plus en plus à l’inspiration séculière, est, de toutes les littératures<br />
islamiques de l’Afrique noire, celle qui a reçu le plus d’attention<br />
de la part des spécialistes européens; mais ceux-ci se sont surtout<br />
intéressés à des problèmes de langue et de prosodie, et il n’existe<br />
encore aucune étude historique sérieuse sur cette littérature, pas<br />
plus que sur celles de l’Afrique occidentale.<br />
Avec la colonisation européenne une troisième vague d’alphabétisation<br />
devait submerger graduellement l’ensemble de l’Afrique<br />
noire. Les conséquences pour la <strong>for</strong>mation de littératures<br />
écrites en furent très diverses. Les régions colonisées par des peuples<br />
latins et évangélisées par des missionnaires catholiques furent<br />
soumises à une politique culturelle qui conduisait à l’utilisation<br />
exclusive des langues européennes (portugais d’abord, puis français,<br />
puis espagnol) pour la création littéraire; au contraire, la<br />
colonisation britannique et l’évangélisation protestante favorisèrent<br />
l’essor de littératures écrites en langues vernaculaires, bien<br />
avant l’apparition d’œuvres en anglais.<br />
Alors qu’au cours des douze dernières années, des travaux en<br />
nombre croissant ont été consacrés aux littératures africaines d’expression<br />
anglaise, française ou portugaise, les littératures vernaculaires<br />
écrites ont été déplorablement négligées. Le but de l’ou-