(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

Albert S. Gérard. — Présentation de son livre:
« Four African Literatures: Xhosa, Sotho, Zulu,
Amharic » (Berkeley, University of California Press,
1971,458 p., bibl., index, cartes) *
A l’heure actuelle, la majorité de la population du continent
noir appartient encore à la culture de l'oralité. Par conséquent,
la plus grande partie de sa production littéraire est non écrite. Il
n’empêche que l’Afrique subsaharienne a produit de nombreuses
œuvres littéraires écrites, rédigées dans une cinquantaine de langues
différentes par des centaines d ’auteurs dont l’identité est
connue. Le lecteur occidental cultivé a conscience de l’existence
d’une littérature d’imagination de plus en plus abondante dans
les langues introduites par le régime colonial: l’anglais, le français,
le portugais, sans oublier la littérature afrikaans produite
par quelques Cape Coloureds de l’Afrique du Sud. Mais seuls les
rares spécialistes de la question savent que la majorité des œuvres
écrites par des Africains l’ont été, et le sont encore, dans les
langues vernaculaires.
La littérature écrite de l’Afrique du sud du Sahara est beaucoup
plus ancienne qu’on ne l’imagine généralement. L’Ethiopie produisait
déjà des œuvres écrites en langue guèze il y a plus de
1.500 ans, résultat d’une première vague d’alphabétisation venue
de la péninsule arabique. L’histoire de la littérature éthiopienne
a été faite par l’Allemand L it t m a n n et l’italien C e r u l l i. Une
deuxième vague d’alphabétisation fut le fruit de la conquête islamique.
Elle se développa dans deux directions. Une branche de
l’Islam, venue le long du littoral méditerranéen, se développa
vers le Sud et engendra, au XVIe siècle, la culture de Tombouctou,
dont il reste une quantité considérable de manuscrits, ouvrages
scientifiques et édifiants en langue arabe. Au XVIIIe siècle,
un mouvement de réforme au sein de l’Islam noir conduisit à
* Communication présentée à la séance du 21 mars 1972 (Bulletin des séances
1972, fasc. 2, p. 151).