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Bibliothèque / Bibliotheek - Centre for Historical Research and ...

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congolaise occupe toujours une place<br />

primordiale dans les débats politiques et<br />

les polémiques qui chatouillent l’opinion<br />

publique. Enjeu de mémoire et de réconciliation<br />

collective, l’histoire coloniale<br />

belge constitue un véritable défi pour les<br />

générations actuelles d’historiens. Dans<br />

cet ouvrage consacré à la polémique qui<br />

entoura la diffusion du film de Peter Bate,<br />

Michel Dumoulin, professeur à l’Université<br />

catholique de Louvain, brasse de façon<br />

très large la question de la mémoire coloniale<br />

et de ses dérives émotionnelles dans<br />

le contexte sociétal actuel. Après un retour<br />

sur l’origine de la production audiovisuelle<br />

du documentaire britannique, il<br />

inscrit sa diffusion au sein des remous<br />

socio­politiques qui ont ébranlé l’Afrique<br />

et son histoire ces dernières années. Il fait<br />

notamment référence au pillage des ressources<br />

du Congo dont l’enjeu dépasse<br />

largement les frontières de notre petite<br />

Belgique et qui témoigne de la place centrale<br />

occupée par les états africains au sein<br />

de l’économie mondiale.<br />

L’historien louvaniste revient également<br />

sur l’atmosphère qui règne autour du passé<br />

colonial de la Belgique depuis la fin des<br />

années nonante. Il consacre notamment<br />

un chapitre aux reportages télévisés, aux<br />

pièces de théâtre et aux documentaires<br />

qui ont suscité l’émoi du monde colonial<br />

et des politiques dans la décennie qui<br />

vient de s’écouler. Du film de Raoul Peck<br />

con sacré à Lumumba à la pièce de théâtre<br />

tirée du pamphlet de Marc Twain publié en<br />

1905 sous le titre King Leopold’s Soliloquy<br />

et présentée au théâtre des Martyrs en<br />

février 2005, le professeur Dumoulin<br />

évoque pour chacun de ces événements<br />

les réactions suscitées auprès des réseaux<br />

par ticulièrement sensibles. Selon lui, les<br />

<strong>Bibliotheek</strong> / <strong>Bibliothèque</strong><br />

252<br />

travaux de la commission Rw<strong>and</strong>a ainsi<br />

que ceux de la commission Lumumba<br />

ont marqué une véritable rupture dans<br />

la manière de considérer le passé colonial<br />

de notre pays. Michel Dumoulin se pose<br />

alors la question du rôle de l’historien et<br />

de son positionnement face à un passé<br />

dont l’écriture paraît encore terriblement<br />

vul nérable. Il revient ainsi sur les points<br />

de rupture et de continuité des historiographies<br />

qui se sont penchées sur le sujet.<br />

De la vision critique du monde anglosaxon<br />

à l’européocentrisme des historiens<br />

belges, il retrace les gr<strong>and</strong>es lignes de la recherche<br />

historique consacrée aux anciennes<br />

colonies belges. L’historien relève entre<br />

autres l’impact de la communautarisation<br />

sur une vision parfois divergente de<br />

l’histoire coloniale entre le nord et le sud<br />

du pays, d’autant que le passé colonial a<br />

joué un gr<strong>and</strong> rôle dans la construction<br />

d’une identité belge. D’où une histoire<br />

nationale qui ne serait plus examinée<br />

uni quement par une “intelligentsia progressiste”<br />

mais également par une opinion<br />

nationaliste flam<strong>and</strong>e. C’est dans cet esprit<br />

que s’inscrivent en Fl<strong>and</strong>re des travaux<br />

visant à étudier la mise en scène de la<br />

colonisation auprès d’une opinion publique<br />

manipulée.<br />

Michel Dumoulin achève son ouvrage<br />

en revenant sur les critiques émises en<br />

Bel gique au début du 20 e siècle à l’égard<br />

de la politique coloniale du souverain<br />

belge, critiques auxquelles ni Peter Bate<br />

ni Adam Hochschild ne font référence.<br />

“Le principe de la colonisation étant<br />

dans l’air du temps”, écrit­il, “nombreux<br />

sont ceux qui aujourd’hui, considèrent<br />

que l’on ne posait pas de questions. La<br />

réalité est bien diffé rente”. Retraçant le fil<br />

des condamnations du système colonial

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