Bibliothèque / Bibliotheek - Centre for Historical Research and ...
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<strong>Bibliotheek</strong> / <strong>Bibliothèque</strong><br />
étape vers la guerre totale, caractéristique<br />
du XX e siècle. Toutefois, l’échec de cette<br />
politique et le retour dès 1917 à une politique<br />
de recrutement moins agressive<br />
montre que la totalisation de la guerre<br />
n’était pas parachevée en 19141918.<br />
Les milieux économiques ne furent pas les<br />
seuls à tenter de profiter de l’Occupation.<br />
Cinq articles sur les “Allem<strong>and</strong>s en Belgique”<br />
mettent en lumière des intellectuels<br />
allem<strong>and</strong>s qui cherchent à exploiter la<br />
situation d’exception et lorgnent sur les<br />
richesses du pays. Ce sont pêlemêle le port<br />
d’Anvers, le patrimoine artistique belge ou<br />
encore les iguanodons de Bernissart qui<br />
attisent leurs convoitises. Des tentatives de<br />
spoliations des biens, notamment culturels,<br />
accompagnent la politique d’occupation.<br />
Il n’est cependant pas ici seulement<br />
question de pillages de guerre, mais aussi<br />
d’une volonté d’accroître l’influence allem<strong>and</strong>e<br />
en Belgique sur le moyen terme.<br />
Le second volet de l’ouvrage traite de<br />
“la Belgique en guerre dans le monde”.<br />
Il débute par un chapitre consacré aux<br />
“Regards” sur la Belgique au cours du<br />
premier conflit mondial. L’invasion allem<strong>and</strong>e<br />
et les atrocités qui l’accompagnent<br />
sont décisives dans la fabrication de<br />
l’image d’une poor little Belgium. Le viol<br />
de la neutralité du pays en 1914 en fait<br />
instantanément le symbole de l’innocence<br />
bafouée, l’emblème de la civilisation en<br />
lutte contre la barbarie. Cette image, déjà<br />
bien connue, est ici éclairée de façon particulièrement<br />
subtile par un article de<br />
John Horne sur les intellectuels belges<br />
face à l’invasion. Les plus gr<strong>and</strong>es figures<br />
du monde savant belge se mobilisent<br />
pour démontrer la réalité des atrocités<br />
alle m<strong>and</strong>es et déconstruire la thèse d’une<br />
231<br />
Volkskrieg. Cette recherche de la ‘vérité’<br />
se veut rigoureuse et scientifique mais,<br />
au final, c’est la quête de sens du conflit<br />
qui anime ces intellectuels. Expliquer<br />
la culpabilité allem<strong>and</strong>e devient pour<br />
beau coup un moyen de donner un sens<br />
à la guerre et de ren<strong>for</strong>cer la nation. La<br />
disqua lification de l’Allemagne, assimilée<br />
à la Barbarie, permet la requalification et<br />
la recomposition de la nation belge.<br />
Cette nation belge était pourtant bien<br />
divisée, et avant tout au sens littéral du<br />
terme. L’exil concerna jusqu’à un million<br />
de Belges dont près de 600.000 de manière<br />
récurrente, soit près de 10 % de la population<br />
nationale à l’époque. L’expérience<br />
des réfugiés, indéniable phénomène de<br />
masse, resta pourtant longtemps dans<br />
l’ombre, oubliée tant par l’historiographie<br />
que par la mémoire collective. Seule<br />
l’attention toujours croissante pour la<br />
dimension civile de la Gr<strong>and</strong>e Guerre<br />
permet actuellement d’enfin inscrire ces<br />
déplacements de populations au sein des<br />
interrogations historiennes. On ne peut<br />
donc que se réjouir qu’un chapitre, intitulé<br />
“Réfugiés et solidarité”, soit consacré<br />
aux Belges exilés en France, en Gr<strong>and</strong>e<br />
Bretagne et aux PaysBas. Il réunit deux<br />
articles pionniers, à lire en parallèle. S’y<br />
croisent deux façons de mettre en lumière<br />
un même phénomène historique, avec un<br />
éclairage social (Michaël Amara) et l’autre<br />
plus culturel (Pierre Purseigle).<br />
Quant au troisième volet de l’ouvrage, il<br />
se penche sur “L’aprèsguerre”. Les “Contentieux”<br />
qui éclatent dès la fin du conflit<br />
font l’objet d’un chapitre qui interroge la<br />
période qui suit l’Armistice en termes d’un<br />
prolongement de l’univers de la guerre. Le<br />
chemin de la démobilisation culturelle y