25.09.2013 Views

Jocelyn JALTON - Conseil Régional de Guadeloupe

Jocelyn JALTON - Conseil Régional de Guadeloupe

Jocelyn JALTON - Conseil Régional de Guadeloupe

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CONSEIL GENERAL<br />

DE LA GUADELOUPE<br />

V ème CONGRES DES ELUS REGIONAUX ET DEPARTEMENTAUX<br />

Discours <strong>de</strong> <strong>Jocelyn</strong> <strong>JALTON</strong><br />

Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Conseil</strong> Economique<br />

et Social <strong>Régional</strong><br />

Monsieur le prési<strong>de</strong>nt du Congrès,<br />

Monsieur le prési<strong>de</strong>nt du <strong>Conseil</strong> général,<br />

Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs,<br />

Mesdames et messieurs les conseillers<br />

régionaux, généraux, maires, élus,<br />

Mesdames et messieurs les prési<strong>de</strong>nts,<br />

représentant <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> la société civile,<br />

Mesdames et messieurs, en vos gra<strong>de</strong>s et<br />

qualités, Mesdames, messieurs,<br />

Le développement économique et l’emploi représentent <strong>de</strong>s enjeux majeurs pour notre<br />

pays et c’est à juste titre que le congrès a jugé utile <strong>de</strong> se saisir <strong>de</strong> cette question avant<br />

les échéances majeures qui se profilent et toutes les inquiétu<strong>de</strong>s qu’elle soulève.<br />

Saluons donc le fait d’associer la société civile et toutes les forces vives à ces discussions<br />

car nous l’avons constaté récemment, leur avis dans le débat public est parfois utile pour<br />

corriger certains excès du législateur. La vigilance <strong>de</strong> certains peut être trompée, noyée<br />

sous une avalanche <strong>de</strong> textes à voter parfois en séances nocturnes, dans <strong>de</strong>s délais très<br />

brefs.<br />

Compte tenu du temps imparti, mon propos se limitera donc à l’essentiel en essayant <strong>de</strong><br />

poser les questions propres à faire avancer le débat, en ouvrant <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réflexion et<br />

d’action.<br />

Des approfondissements pourront être éventuellement trouvés dans <strong>de</strong>s rapports du<br />

CESR, notamment celui <strong>de</strong> juin 2000 intitulé « stratégie <strong>de</strong> développement économique<br />

pour la Gua<strong>de</strong>loupe » ainsi que la contribution aux assises <strong>de</strong>s libertés locales <strong>de</strong><br />

décembre 2002. Ces rapports constituent un ensemble complémentaire dont les<br />

conclusions restent d’actualité avec bien sûr quelques ajustements.<br />

En réalité, vous nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z, monsieur le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> faire un exercice <strong>de</strong><br />

prospective économique et sociale sur lequel se fon<strong>de</strong>ra un plan d’action dans les<br />

1


domaines ciblés visant à réaliser les objectifs que nous aurons fixés en terme d’activité et<br />

d’emploi. Le travail est déjà bien entamé puisque Monsieur <strong>Jocelyn</strong> MIRRE nous a<br />

présenté tout à l’heure toutes les conclusions <strong>de</strong>s commissions du SRDE. En terme<br />

méthodologique, il s’agirait pour nous d’imaginer la Gua<strong>de</strong>loupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>main dans laquelle<br />

nous voudrions vivre et telle que nous souhaiterions la transmettre à nos enfants, puis <strong>de</strong><br />

déterminer les voies et moyens nécessaires pour atteindre notre but, en d’autres termes,<br />

avoir une vision du développement futur <strong>de</strong> notre territoire, du bien-être <strong>de</strong> ses habitants<br />

pour les prochaines années, afin que chacun puisse vivre, s’épanouir et trouver sa place<br />

dans un vouloir vivre ensemble, c’est-à-dire une communauté d’intérêts et <strong>de</strong> <strong>de</strong>stins.<br />

Néanmoins, nous vivons dans un environnement national et international qui nous<br />

impose <strong>de</strong>s contraintes que seule la force <strong>de</strong> la tension créatrice entre notre vision et les<br />

moyens que nous mettrons en place pour l’atteindre, peut nous permettre d’aplanir. Il<br />

s’agit donc d’ajuster l’exigence du souhaitable aux limites du possible. C’est à force<br />

d’imagination, d’innovation, <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s énergies, <strong>de</strong> détermination et<br />

d’intelligence que nous pourrons trouver la voie dans notre développement futur, face<br />

aux difficultés importantes du mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne dans lequel nous vivons. Car il n’est <strong>de</strong><br />

richesse que d’hommes autonomes, formés et responsables, dans une société <strong>de</strong> progrès<br />

décidés à mobiliser leurs énergies pour construire ensemble un projet commun.<br />

Les clés du succès sont donc à rechercher autant au sein <strong>de</strong> nous-mêmes que dans les<br />

rapports que nous aurons avec l’extérieur. Dans notre démarche, il convient toutefois<br />

d’éviter les écueils classiques.<br />

Mon propos sera volontairement provocateur, l’un <strong>de</strong> ces écueils permet <strong>de</strong> ne jamais<br />

savoir ce qu’on veut ou vouloir tout et son contraire en même temps.<br />

Un <strong>de</strong>uxième, qui transforme chacun <strong>de</strong> nous en un ayant droit lésé par quelqu’un ou<br />

quelque chose pour justifier scientifiquement <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong>s omissions, <strong>de</strong>s<br />

actions dont les conséquences vont parfois à l’encontre <strong>de</strong> l’intérêt général.<br />

Un troisième écueil, le misérabilisme qui nous interdit <strong>de</strong> faire l’éloge <strong>de</strong> la réussite,<br />

source <strong>de</strong> la perte du goût <strong>de</strong> l’effort et qui entretient l’esprit d’assistanat.<br />

Je vais donc passer à l’aspect beaucoup plus concret, la restitution <strong>de</strong> notre atelier.<br />

Il est grand temps d’abor<strong>de</strong>r notre véritable tournant parce que les enjeux <strong>de</strong> ce début<br />

<strong>de</strong> siècle sont très importants, ils exigent <strong>de</strong> se donner les moyens d’abor<strong>de</strong>r l’avenir<br />

avec <strong>de</strong>s atouts certains et une gran<strong>de</strong> ambition en arrêtant <strong>de</strong>s choix clairs et <strong>de</strong>s<br />

priorités bien définies.<br />

D’ici 2015, la Gua<strong>de</strong>loupe aura achevé la mutation <strong>de</strong> son économie. L’agriculture,<br />

l’économie <strong>de</strong> plantation vont accentuer leur déclin face à l’ouverture <strong>de</strong> plus en plus<br />

gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés. Cependant, la baisse tendancielle <strong>de</strong> la production agricole finale<br />

n’est pas une fatalité si <strong>de</strong>s mesures spécifiques et ciblées sont prises rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Jusqu’ici, <strong>de</strong>s financements publics extérieurs importants ont contribué à l’élévation du<br />

niveau <strong>de</strong> vie. Toutefois, il subsiste encore <strong>de</strong> fortes disparités, c’est le cas <strong>de</strong> notre<br />

économie qu’on peut qualifier <strong>de</strong> duale. En matière <strong>de</strong> développement, on ne peut donc<br />

nier <strong>de</strong>s avancées significatives <strong>de</strong>puis la départementalisation. Pour autant, on ne peut<br />

parler pas <strong>de</strong> réel développement qui suppose la combinaison, et là je suis d’accord avec<br />

Patrice TIROLIEN, <strong>de</strong> changements mentaux et sociaux d’une population qui la ren<strong>de</strong>nt<br />

apte à faire croître cumulativement et durablement son produit global. Le développement<br />

n’est donc pas encore au ren<strong>de</strong>z-vous malgré une consommation galopante <strong>de</strong>s<br />

ménages, alimentées en partie par les prestations sociales et les rémunérations <strong>de</strong>s<br />

fonctionnaires.<br />

Le chômage qui sévit n’est pas un chômage <strong>de</strong> crise, il est structurel. Le travail informel,<br />

pour l’heure, sert <strong>de</strong> soupape <strong>de</strong> sécurité pour prévenir une explosion sociale qui serait<br />

inéluctable avec un taux <strong>de</strong> chômage aussi important.<br />

Une analyse fine <strong>de</strong> notre économie montre qu’elle souffre principalement d’une perte <strong>de</strong><br />

confiance <strong>de</strong>s acteurs, une absence <strong>de</strong> lisibilité malgré quelques avancées.<br />

2


Le SRDE veut contribuer à éclaircir un peu notre horizon, d’une baisse <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong><br />

publique, ainsi que <strong>de</strong>s délais <strong>de</strong> règlements excessivement longs. Notre gros handicap<br />

provient en fait, selon les entrepreneurs, du volume d’activité qui ne permet pas à la fois<br />

<strong>de</strong> supporter les charges courantes et dégager <strong>de</strong>s marges suffisantes pour investir et se<br />

développer.<br />

En ce qui concerne les dispositifs existants, il s’agit pour nous, entre autre, <strong>de</strong> passer<br />

d’une logique <strong>de</strong> guichet à une logique <strong>de</strong> projet. Les axes <strong>de</strong> développement à<br />

privilégier doivent favoriser à la fois la valorisation <strong>de</strong>s ressources locales, la création <strong>de</strong><br />

valeurs ajoutées et la diffusion d’un savoir local. Il convient <strong>de</strong> passer par une logique<br />

d’accompagnement <strong>de</strong>s entreprises dans l’archipel, adaptée aux différentes étapes <strong>de</strong><br />

leurs évolutions.<br />

A cela, il paraît important à l’assemblée <strong>de</strong>s socioprofessionnels <strong>de</strong> rechercher les leviers<br />

<strong>de</strong> progression d’avantage dans l’action collective et le maillage. A cet égard, monsieur le<br />

prési<strong>de</strong>nt, pourrons-nous faire l’économie d’un niveau infra-régional basé sur une<br />

intercommunalité <strong>de</strong> projets ? Pourquoi pas une communauté d’agglomérations à TPU<br />

couvrant la totalité <strong>de</strong> notre territoire (nous sommes en phase <strong>de</strong> production d’idées<br />

n’est-ce pas ?) qui <strong>de</strong>viendrait ainsi un niveau beaucoup plus solidaire alliant proximité et<br />

cohérence ?<br />

Selon le CESR, il s’agit pour la collectivité régionale <strong>de</strong> renforcer sa stratégie <strong>de</strong><br />

développement économique et la rendre plus forte et plus lisible dans le concept et plus<br />

efficace dans sa mise en œuvre.<br />

L’idée <strong>de</strong> l’instauration d’une TVA sociale mériterait d’être approfondie. Je ne pourrais pas<br />

la développer ici mais on pourrait éventuellement en discuter dans le cadre d’autres<br />

instances. Il s’agit <strong>de</strong> prendre en compte les enjeux suivants : le vieillissement <strong>de</strong> la<br />

population, les évolutions <strong>de</strong> l’économie agricole, l’évolution <strong>de</strong> la politique régionale<br />

européenne et ainsi que les logiques <strong>de</strong> coopération inter régionale. A notre avis,<br />

l’économie sociale et solidaire <strong>de</strong>vrait se généraliser.<br />

En matière d’emploi, le chômage qui se présente tel l’Hydre <strong>de</strong> Lerne, c’est-à-dire chaque<br />

fois qu’on coupe une tête, <strong>de</strong>ux têtes repoussent, trois têtes combattues sur tous les<br />

fronts à la manière d’Hercule pour éradiquer ce mal qui mine notre société, brise l’élan<br />

<strong>de</strong> notre jeunesse qui en paye un lourd tribu. Un postulat : les entreprises ne créent <strong>de</strong>s<br />

emplois que lorsqu’il existe un besoin. C’est toujours bon à rappeler. Les subventions et<br />

appuis à l’emploi ne sont pas une fin en soi si le marché n’est pas porteur. Le besoin réel<br />

d’embauche est conditionné par le fait :<br />

1°) qu’il y ait une activité soutenue,<br />

2°) que les capacités <strong>de</strong> productions soient saturées,<br />

3°) que la rentabilité <strong>de</strong> l’embauche s’avère plus élevée que celle offerte par le taux<br />

d’intérêt.<br />

De nombreux freins existent pour développer l’emploi : <strong>de</strong>s freins liés à la formation, <strong>de</strong>s<br />

freins liés à la législation, <strong>de</strong>s freins psychologiques, <strong>de</strong>s freins liés au marché, à<br />

l’environnement, <strong>de</strong>s freins liés aux abus financiers ou autres… En particulier, on a<br />

soulevé la méfiance <strong>de</strong>s banques, les ai<strong>de</strong>s complexes et tardives, je ne m’y attar<strong>de</strong> pas,<br />

un dialogue social insuffisant, c’est un dossier sur lequel le CESR est actuellement en<br />

train <strong>de</strong> travailler, et nous serons en mesure très prochainement <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

propositions concrètes en la matière, et puis <strong>de</strong>s freins psychologiques, en particulier un<br />

esprit d’entreprise faible et peu développé.<br />

En ce qui concerne la situation <strong>de</strong> l’emploi, elle est préoccupante. Cette situation découle,<br />

nous l’avons dit, pour l’essentiel <strong>de</strong> l’insuffisance d’activité et du fait que l’agriculture<br />

perdra encore, et ça c’est une donne absolument permanente, perdra encore <strong>de</strong><br />

nombreux emplois dans les années à venir, alors que les gisements futurs se<br />

retrouveront dans les activités <strong>de</strong> service, le BTP dans une certaine mesure, les activités<br />

<strong>de</strong> transformation.<br />

L’emploi, bien sûr, c’est une prérogative régalienne <strong>de</strong> l’Etat, mais la Région ne peut s’en<br />

désintéresser. Les secteurs susceptibles d’être porteurs ont été évoqués, je ne m’y<br />

3


étendrai pas. A notre avis, le développement <strong>de</strong> l’emploi doit faire l’objet d’une stratégie<br />

directrice, fondée sur trois objectifs prioritaires :<br />

- sur la compétitivité, l’attractivité du territoire,<br />

- l’accroissement <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> qualification <strong>de</strong>s salariés,<br />

- et un pacte social régional sur lequel, je le répète, le CESR est en train <strong>de</strong><br />

travailler, ainsi que <strong>de</strong>s objectifs opérationnels qui sont l’incitation aux<br />

organisations professionnelles à développer <strong>de</strong>s réseaux, <strong>de</strong>s réseaux locaux<br />

d’entrepreneurs, créer <strong>de</strong>s facilitateurs, le pont entre les laboratoires <strong>de</strong><br />

recherches et <strong>de</strong>s réseaux locaux, on en a parlé, la liaison recherche <strong>de</strong>s pôles<br />

<strong>de</strong> compétitivité ; définir <strong>de</strong>s mesures concrètes <strong>de</strong> soutien mieux adaptées<br />

aux réalités locales.<br />

Une nouvelle proposition :<br />

- instituer une conférence régionale annuelle sur les coûts, les prix, les revenus<br />

et les salaires, pour soutenir les mesures favorisant le dialogue social <strong>de</strong>s<br />

entreprises et sur le territoire,<br />

- veiller à la professionnalisation <strong>de</strong>s emplois <strong>de</strong> services,<br />

- accroître également le positionnement logistique.<br />

En conclusion et c’est une évi<strong>de</strong>nce, le développement <strong>de</strong> l’offre d’emploi local ne peut<br />

résulter que <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>s entreprises par une politique encore plus<br />

incitative <strong>de</strong> l’offre pour, en priorité et d’abord vers la satisfaction <strong>de</strong>s besoins internes,<br />

puis sur <strong>de</strong>s niches à l’export ; et les entrepreneurs qui ont souligné qui n’y a pas <strong>de</strong><br />

réussite à l’export qui ne soit fondé sur la compétitivité <strong>de</strong> nos entreprises.<br />

Les exemples <strong>de</strong> Trinidad, Curaçao méritent d’être étudiés donc avec la plus gran<strong>de</strong><br />

attention. Ces stratégies nous inscriraient sur le chemin <strong>de</strong> la création d’un marché d’un<br />

million d’habitants qui constitue la taille critique minimale permettant d’avoir un volume<br />

d’activité propre à consoli<strong>de</strong>r la structure <strong>de</strong> nos PME-PMI.<br />

Nous émettons donc l’espoir que ce congrès accélère la mise en place d’outils propres à<br />

mieux capter le bénéfice <strong>de</strong>s politiques publiques au service d’une stratégie <strong>de</strong><br />

développement encore plus volontariste.<br />

Je vous remercie.<br />

4

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!