les druides GAULOIS - Bibracte
les druides GAULOIS - Bibracte
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1<br />
<strong>les</strong> <strong>druides</strong><br />
<strong>GAULOIS</strong><br />
exposition temporaire<br />
du 29 avril au 5 novembre 2000
1<br />
2000, l'année des <strong>druides</strong><br />
En 2000, le musée de <strong>Bibracte</strong> propose la première exposition jamais<br />
consacrée aux <strong>druides</strong> gaulois rendus universellement célèbres<br />
par la bande dessinée.<br />
Le personnage du druide, mystérieux à bien des égards, continue de<br />
nous fasciner. La preuve en est la sortie en septembre 2000 d'un film<br />
dans lequel Max van Sydow interprète un Grand Druide, aux côtés de<br />
Christophe Lambert en Vercingétorix et de Klaus Maria Brandauer<br />
en César.<br />
Ainsi, l'année 2000 sera sans doute druidique, et c'est à <strong>Bibracte</strong><br />
que l'on pourra découvrir <strong>les</strong> fondements historiques et archéologiques<br />
du personnage du druide.<br />
Ce dossier et <strong>les</strong> images qui l’illustrent sont disponib<strong>les</strong> sur CD-rom.<br />
Voir p. 15.<br />
1
2<br />
LES DRUIDES FONT L’ACTUALITÉ<br />
Un film et une exposition pour deux<br />
regards : une interprétation du mythe<br />
et une approche archéologique.<br />
Dans un film qui doit sortir en septembre<br />
2000, l’acteur Christophe Lambert<br />
incarne le personnage de Vercingétorix.<br />
Pour cette œuvre qui retrace l’un des<br />
épisodes fondateurs<br />
de l’Histoire nationale, le réalisateur<br />
Jacques Dorfmann réunit et met en<br />
scène de nombreuses informations fournies<br />
par <strong>les</strong> sources historiques antiques.<br />
Il n’est donc pas étonnant que <strong>les</strong> <strong>druides</strong><br />
et l’enseignement druidique,<br />
qui intriguèrent tant <strong>les</strong> auteurs grecs<br />
et romains de l'Antiquité, figurent en<br />
bonne place dans le scénario – à tel<br />
point d’ailleurs que le sous-titre annoncé<br />
pour la version française est "la légende<br />
du druide-roi", tandis que le film devrait<br />
tout simplement sortir en langue anglaise<br />
sous le titre "Druids".<br />
La coïncidence des deux initiatives n'est<br />
pas fortuite. Le druidisme fascine en<br />
effet plus que jamais. Pour s’en convaincre,<br />
il suffit de consulter <strong>les</strong> sites<br />
Internet qui fleurissent sur le sujet<br />
dans le monde entier.<br />
Le film tire parti de cette fascination pour<br />
capter l’intérêt du public international<br />
et le faire participer à une épopée mêlant<br />
héroïsme et bravoure, qui n’avait<br />
jamais encore été portée à l’écran.<br />
Ainsi ce film n’a pas comme objet<br />
de restituer l’image fidèle de la Gaule<br />
au i er s. av. J.-C.<br />
L’entreprise serait d’ailleurs assez vaine,<br />
tant la connaissance que l’on a du sujet<br />
reste lacunaire.<br />
L’exposition de <strong>Bibracte</strong> répond bien<br />
évidemment à des objectifs autres que<br />
ceux d’une œuvre de fiction. À partir des<br />
travaux <strong>les</strong> plus récents des archéologues<br />
et des philologues, le musée offre au<br />
public une leçon de décryptage qui<br />
n’avait encore jamais été tentée dans le<br />
cadre d’une exposition. Elle démonte<br />
l’image d’Epinal et reconstitue, autant<br />
qu’il est possible, le personnage historique<br />
du druide grâce à une lecture croisée<br />
des textes antiques et des vestiges<br />
archéologiques.<br />
Cette page et la suivante :<br />
Statuettes en pierre,<br />
ii e s. av. J.-C.<br />
Site de Paule (Côtes-d’Armor),<br />
fouille 1988-1997.<br />
Service régional<br />
de l’Archéologie, Rennes.
3<br />
LES DRUIDES <strong>GAULOIS</strong><br />
Vous connaissez Panoramix, le druide<br />
de la BD, célèbre d'un bout à l'autre<br />
de l'empire romain pour sa recette<br />
de potion magique qui transforme Astérix<br />
en guerrier invincible.<br />
De mai à novembre, le musée de<br />
<strong>Bibracte</strong>, musée de la Civilisation<br />
celtique, met en scène une exposition<br />
consacrée aux <strong>druides</strong> gaulois. C'est<br />
l'occasion de découvrir Diviciacos<br />
l'Éduen, le seul druide dont l'histoire a<br />
retenu le nom et qui officia à <strong>Bibracte</strong><br />
à l'époque de César.<br />
Cette exposition est conçue pour remettre<br />
en question <strong>les</strong> représentations<br />
traditionnel<strong>les</strong>. Quelle est la réalité<br />
scientifique de l'image fortement véhiculée<br />
du druide à la longue robe blanche,<br />
cueillant le gui avec une serpe d'or et<br />
offrant aux dieux de sanglants sacrifices ?<br />
Le personnage mythique du druide continue<br />
de hanter <strong>les</strong> forêts de Bretagne,<br />
"l'inconscient collectif" et aujourd'hui la<br />
BD et… le web ! Il fascinait déjà <strong>les</strong><br />
auteurs grecs et romains qui en assurèrent<br />
la postérité. Les archéologues, quant à<br />
eux, éprouvent de sérieuses difficultés à<br />
en retrouver la trace. On connaît bien<br />
des épées gravées de symbo<strong>les</strong> lunaires<br />
ou solaires mais pas de serpes d'or…<br />
3
4<br />
Pièces de char en bronze,<br />
iii e s. av. J.-C.<br />
H. 6,5 et 8 cm.<br />
Proviendraient de Paris.<br />
Musée des Antiquités nationa<strong>les</strong>,<br />
Saint-Germain-en-Laye.<br />
La représentation équivoque<br />
de la figure humaine est une<br />
des caractéristiques de l’art<br />
des Gaulois, qui se refusaient<br />
à donner une forme humaine<br />
à leurs dieux.<br />
Il est poussé à son comble<br />
sur ces objets.<br />
La société gauloise de l’époque de César<br />
est très codifiée. Plus qu'un simple prêtre,<br />
le druide en est un acteur privilégié, qui<br />
intervient dans le domaine politique,<br />
juridique et culturel. C'est un intellectuel,<br />
formé par la tradition orale et dépositaire<br />
de tous <strong>les</strong> savoirs de son temps.<br />
Grâce à ses intercessions, le druide met<br />
en relation <strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> dieux :<br />
il révèle par ses compétences de devin<br />
le succès ou l'échec des entreprises<br />
humaines.<br />
Ainsi, l'exposition, se propose-t-elle de<br />
dépasser le mythe en illustrant chacun<br />
des aspects de la fonction druidique par<br />
des objets archéologiques qui permettent<br />
de mieux appréhender l'origine des clichés<br />
contemporains et d'en comprendre la<br />
force d'attraction.
5<br />
DU MYTHE À LA RÉALITÉ<br />
Le visiteur découvre l'exposition en<br />
compagnie de Panoramix, si<br />
présent dans notre imaginaire,<br />
avant de faire connaissance avec<br />
Diviciacos, personnage historique<br />
puissant, qui côtoya Cicéron<br />
et César.<br />
Au cœur de l'espace, Diviciacos<br />
muni de son cuculus brun est le<br />
héros de cette exposition. Dans la<br />
pénombre de la nuit et de la forêt,<br />
il nous délivre quelques secrets de<br />
son enseignement. Autour de lui,<br />
un dispositif scénographique met en<br />
regard des objets archéologiques et<br />
des textes d’auteurs anciens, grecs<br />
et romains.<br />
Les <strong>druides</strong> parlaient par énigmes.<br />
Ainsi préservaient-ils le secret de<br />
leur connaissance. Le mystère faisait<br />
partie intégrante de leur attitude<br />
et de leurs fonctions : divination,<br />
sacrifices, astronomie,<br />
géométrie, justice, diplomatie…<br />
Tout au long des cinq séquences<br />
de l’exposition, le visiteur est invité<br />
à marcher dans <strong>les</strong> pas des <strong>druides</strong>.<br />
Comme eux, lorsqu’ils interprètent<br />
<strong>les</strong> désirs et messages des<br />
dieux, le visiteur s'initie à leur<br />
monde en décodant le message des<br />
objets et des vestiges<br />
archéologiques qui nous sont<br />
parvenus.<br />
Agrafe de ceinture en bronze,<br />
seconde moitié<br />
du v e s. av. J.-C.<br />
Herrnsheim (Kreis Alzey-Worms,<br />
Allemagne).<br />
Moulage du<br />
Römisch-germanisches<br />
Zentralmuseum, Mayence.<br />
Cette agrafe est ornée d’une<br />
tête humaine affublée d’une<br />
coiffure en forme de feuil<strong>les</strong><br />
de gui, qui représente sans<br />
doute une divinité.<br />
Dés à jouer, os et céramique,<br />
iii e s. av. J.-C.<br />
Site de La Grande Borne<br />
(Clermont-Ferrand,<br />
Puy-de-Dôme),<br />
fouille 1973-1981.<br />
Service régional<br />
de l’Archéologie,<br />
Clermont-Ferrand<br />
.<br />
Ces singuliers dés allongés<br />
sont fréquents sur <strong>les</strong> sites<br />
gaulois du second âge du Fer.<br />
À l’évidence, ils n’étaient pas<br />
utilisés de la même manière que<br />
<strong>les</strong> dés cubiques, déjà en vogue<br />
à la même époque dans le<br />
monde méditerranéen.<br />
Il est tentant de <strong>les</strong> associer aux<br />
pratiques de divination fondées<br />
sur la numérologie.<br />
5
6<br />
Les <strong>druides</strong> tels qu’ils sont évoqués<br />
par un manuel d’histoire de 1935<br />
destiné aux éco<strong>les</strong> primaires.<br />
Séquence 1 : L'image<br />
du druide à travers <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong><br />
Aucune tombe, aucun vestige, aucun<br />
objet ne se signale formellement<br />
à l'archéologue comme druidique.<br />
Comment donc connaît-on <strong>les</strong> <strong>druides</strong> ?<br />
En premier lieu, par <strong>les</strong> textes antiques.<br />
Les Romains et <strong>les</strong> Grecs ne se sont pas<br />
privés de décrire <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> celtes, avec<br />
leur regard de l'étranger. De ces écrits<br />
nous proviennent <strong>les</strong> premières descriptions<br />
des sacrifices humains, de l'importance<br />
rituelle du gui, de leurs dieux et surtout<br />
des <strong>druides</strong>.<br />
Les sièc<strong>les</strong> suivants ont enjolivé ces<br />
mentions fournissant, d'une génération à<br />
l'autre, une représentation conventionnelle<br />
d'un personnage disparu. Au xix e siècle,<br />
il y a longtemps que l'image du druide<br />
est fixée, à partir d'éléments invérifiés et<br />
parfois rocambo<strong>les</strong>ques. Les manuels<br />
scolaires, la littérature s'en sont emparés,<br />
transmettant et renforçant cette image.<br />
L'absence de certitude n'a jamais empêché<br />
de parler, d'écrire, de peindre sur<br />
ces <strong>druides</strong> dont on sait encore si peu<br />
de choses aujourd'hui.
7<br />
Séquence 2 : vrais ou faux<br />
<strong>les</strong> clichés sur <strong>les</strong> <strong>druides</strong> ?<br />
Panoramix est le druide idéal.<br />
Vêtu d'une longue robe blanche,<br />
il cueille à la serpe d'or le gui<br />
qui pousse sur <strong>les</strong> chênes au plus<br />
profond de la forêt des Carnutes<br />
où, entre menhirs et mégalithes,<br />
dans <strong>les</strong> chaudrons, bout la potion<br />
magique. Qu'y a t-il de vrai dans<br />
cette image, construite au fil du<br />
temps, à partir de brèves mentions<br />
laissées par <strong>les</strong> érudits antiques ?<br />
Même l'étymologie du mot "druide"<br />
est incertaine. Renvoie-t-elle aux<br />
"très savants" ou aux "hommes du<br />
chêne" ? Si, encore aujourd'hui, <strong>les</strong><br />
suppositions et hypothèses sont plus<br />
nombreuses que <strong>les</strong> certitudes, <strong>les</strong><br />
archéologues et <strong>les</strong> historiens nous<br />
aident cependant à démêler le<br />
vrai du faux.<br />
Séquence 3 : Diviciacos,<br />
le druide de <strong>Bibracte</strong><br />
Diviciacos est né Éduen, ce peuple<br />
gaulois dont la capitale était<br />
<strong>Bibracte</strong>. Il est à ce jour le seul<br />
druide dont l'histoire ait conservé le<br />
nom et des bribes de biographie.<br />
Né dans <strong>les</strong> années 100 avant<br />
notre ère, il connut César auprès<br />
duquel il fit office d'ambassadeur<br />
et de diplomate, négociant avec<br />
succès la grâce de son frère cadet,<br />
Dumnorix. Hôte de Cicéron,<br />
Diviciacos voyagea jusqu'à Rome<br />
où, debout, appuyé sur son long<br />
bouclier, il prononça devant le<br />
Sénat un discours qui fit sensation.<br />
Il est mort à la fin des années<br />
50 avant notre ère. Sa tombe gît<br />
peut-être au pied du Mont<br />
Beuvray.<br />
Statuette d’accroupi, bronze,<br />
iv e/i er s. av. J.-C.<br />
H. 2,2 cm.<br />
Sanctuaire de la Bauve<br />
(Seine-et-Marne),<br />
fouille 1977.<br />
Musée Bossuet, Meaux.<br />
La posture “bouddhique” est<br />
semblable à celle<br />
de figurations en pierre<br />
de héros ou de divinités<br />
connues<br />
dans le sud de la Gaule.<br />
7
8<br />
Couteau et rasoirs en bronze,<br />
fin du ii e s. av. J.-C.<br />
L. du couteau 31,6 cm.<br />
St-Georges-lès-Baillargeaux<br />
(Vienne), fouille 1998.<br />
Service régional<br />
de l’Archéologie, Poitiers.<br />
Ces objets faisaient partie<br />
du mobilier d’une riche<br />
tombe à inhumation.<br />
L’usage d’un métal peu solide<br />
mais de la couleur de l’or<br />
suggère qu’il s’agit<br />
d’instruments sacrificiels,<br />
pour <strong>les</strong>quels on a exclu le fer.<br />
Peut-être faut-il interpréter<br />
de cette façon <strong>les</strong> serpes d’or<br />
dont, selon Pline l’Ancien,<br />
se servaient <strong>les</strong> <strong>druides</strong>.<br />
Séquence 4 : <strong>les</strong> très savants<br />
Les Celtes connaissent l'écriture, mais<br />
l'utilisent peu pour « ne pas corrompre<br />
la mémoire, ni divulguer leurs connaissances<br />
<strong>les</strong> plus sacrées » (César). Les<br />
<strong>druides</strong> dont la formation pouvait durer<br />
jusqu'à vingt ans étaient indispensab<strong>les</strong><br />
au fonctionnement de cette société<br />
orale. Détenteurs des savoirs médicaux,<br />
botaniques et astronomiques, ils valident<br />
aussi l'élection des magistrats des cités,<br />
jugent et tranchent <strong>les</strong> conflits et crimes<br />
de sang. Diplomates et ambassadeurs,<br />
ils négocient avec <strong>les</strong> hommes comme<br />
ils le font avec <strong>les</strong> dieux. Et, ce n'est pas là<br />
la moindre de leur fonction.<br />
Présidant aux sacrifices, capab<strong>les</strong><br />
d'interpréter <strong>les</strong> signes divins, <strong>les</strong> <strong>druides</strong><br />
sont plus que des prêtres. Ils sont détenteurs<br />
d'un monopole, celui de la relation<br />
avec <strong>les</strong> dieux. Multip<strong>les</strong> sont donc<br />
leurs fonctions et leurs prérogatives.<br />
Cuiller et coupelle, bronze, iii e/ii e s. av. J.-C. L. 9,2 cm et D. 12,8 cm.<br />
Tombe 12 de la nécropole de La Chaussée-sur-Marne<br />
(Marne), fouille du Dr Baffet 1910.<br />
Musée municipal, Châlons-sur-Marne.<br />
Si la coupelle n’est pas sans rappeler <strong>les</strong> patères à sacrifices<br />
utilisées à la même époque dans le monde romain, <strong>les</strong><br />
deux cuillers, dont l’une (perdue) portait une croix gravée,<br />
trouvent plusieurs parallè<strong>les</strong> précis dans <strong>les</strong> Î<strong>les</strong> britanniques,<br />
tant en Irlande qu’en Angleterre, sans pour autant<br />
permettre d’en préciser la fonction. Les tombes livrent parfois<br />
des assemblages d’objets insolites qui suggèrent que leur<br />
détenteur occupait une fonction particulière dans la<br />
société gauloise.<br />
Uné épée ployée du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde<br />
(Oise), iii e/ii e s. av. J.-C. Musée Vivenel, Compiègne.<br />
Depuis la découverte de Gournay, à la fin des années 1970,<br />
on connaît bien mieux <strong>les</strong> pratiques sacrificiel<strong>les</strong><br />
des Gaulois, qui s’exerçaient souvent dans des lieux consacrés<br />
et réservés à cet usage.<br />
Le calendrier de Coligny (Ain),<br />
détail du mois d’EQUOS<br />
de la première année<br />
et du mois de SAMON<br />
de la deuxième année.<br />
Musée de la<br />
Civilisation gallo-romaine, Lyon.<br />
Ce calendrier fameux, gravé<br />
à l’époque romaine<br />
sur une plaque de bronze,<br />
est en fait d’origine gauloise.<br />
Bien qu’il soit encore<br />
incomplètement déchiffré, il montre<br />
que <strong>les</strong> Gaulois possédaient<br />
un calendrier luni-solaire,<br />
fait de mois ajustés sur la durée<br />
d’une lunaison (entre 29 et 30 jours),<br />
avec l’addition épisodique<br />
de mois et jours intercalaires<br />
afin de respecter le cycle<br />
de l’année solaire (365,25 jours).
9<br />
Honorer <strong>les</strong> dieux. Ne pas faire le mal. S’exercer à la bravoure. 9<br />
Séquence 5 : la fin d’un monde<br />
Au i er siècle de notre ère, <strong>les</strong> empereurs<br />
romains Auguste, Tibère et Claude<br />
introduisent en Gaule le droit romain<br />
basé sur l'écriture, fondent des éco<strong>les</strong><br />
gréco-romaines et multiplient <strong>les</strong><br />
condamnations envers <strong>les</strong> <strong>druides</strong>.<br />
Interdiction d'être druide ou de le devenir,<br />
interdiction de pratiquer <strong>les</strong> rituels,<br />
interdiction de prédire le vouloir des dieux<br />
et donc de sacrifier.<br />
Pour <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> celtes, auxquels leurs<br />
prêtres prescrivaient « d'honorer <strong>les</strong><br />
dieux, de ne pas faire le mal et de<br />
s'exercer à la bravoure », la fin des <strong>druides</strong><br />
marque la fin d'un monde,<br />
la fin de leur monde. Avec la disparition<br />
des <strong>druides</strong>, c'est la culture d'un peuple<br />
qui s'est éteinte.<br />
Autel miniature en marbre<br />
provenant d’Autun,<br />
i er s. ap. J.-C., H. 21 cm.<br />
Musée Rolin, Autun.<br />
L’inscription : AVG(usto)<br />
SA[CR(um)]/ DEO AN/<br />
VALLO NOR/BANEIVS/<br />
THALLVS/GVTVATER//,<br />
se traduit : "Norbaneius<br />
Thallus, gutuater,<br />
a consacré à la divinité<br />
auguste, au dieu Anvallus".<br />
La dédicace au dieu indigène<br />
Anvallus et à la divinité<br />
auguste est faite par un<br />
citoyen romain qui exerce<br />
une fonction religieuse<br />
d’origine gauloise,<br />
celle de gutuater.<br />
Tuile de toiture en terre cuite<br />
inscrite avant cuisson,<br />
ii e/iii e s. ap. J.-C. L. 37 cm.<br />
Châteaubleau<br />
(Seine-et-Marne),<br />
fouille 1997.<br />
Châteaubleau,<br />
Association La Riobé.<br />
Cette inscription soignée<br />
en écriture cursive latine<br />
est en fait rédigée<br />
en langue gauloise.<br />
Il semble s’agir d’un panneau<br />
d’affichage qui était exposé<br />
sur un lieu public<br />
et qui annonçait<br />
un projet de mariage.
10<br />
LES DRUIDES <strong>GAULOIS</strong>, UN REGARD<br />
SCIENTIFIQUE MODERNE<br />
Dès le début du ii e s. av. J.-C., des<br />
auteurs gréco-latins avaient avancé l’idée,<br />
combien surprenante, d’une origine<br />
barbare de la philosophie grecque, attribuant<br />
implicitement aux <strong>druides</strong> gaulois<br />
un savoir pour le moins étonnant chez<br />
des peup<strong>les</strong> considérés comme l’incarnation<br />
même de la barbarie.<br />
Vu de la Méditerranée antique, le druide<br />
apparaît donc comme un personnage au<br />
statut nettement plus complexe que<br />
l’image que s’en fait le public. Juge,<br />
devin, prêtre, naturaliste, astronome…,<br />
il est avant tout un "intellectuel", fruit<br />
d’une longue tradition aujourd’hui<br />
entièrement disparue, car jamais transcrite<br />
par écrit, conformément aux directives<br />
des <strong>druides</strong> eux-mêmes.<br />
Si le droit, la mythologie et <strong>les</strong> prescriptions<br />
religieuses sont à jamais perdus, des pratiques<br />
religieuses complexes sont en<br />
revanche révélées, année après année,<br />
par l’archéologie. Dans la mesure où,<br />
selon <strong>les</strong> sources antiques, “jamais on ne<br />
sacrifiait sans la présence d’un druide”,<br />
on dispose d’une matière nouvelle<br />
qui éclaire bien des aspects obscurs du<br />
druidisme.<br />
Ainsi, dans <strong>les</strong> villages et <strong>les</strong> sanctuaires<br />
des Gaulois – “peuple qui se passionne<br />
immodérément pour <strong>les</strong> choses de la<br />
religion”- se manifeste une piété qui<br />
apparaît plus complexe que ne le<br />
laissaient présager <strong>les</strong> sources littéraires.<br />
Les traitements accordés à certains<br />
défunts et <strong>les</strong> mises en scène observées<br />
n’en sont qu’un des aspects, sans doute<br />
le plus spectaculaire.<br />
Plus que tout autre site, l’antique<br />
<strong>Bibracte</strong> des Éduens s’impose comme<br />
le lieu légitime pour une manifestation<br />
de ce genre : en effet, le seul druide<br />
dont l’Histoire nous a rapporté le nom,<br />
ainsi que quelques événements de sa vie,<br />
vécut, si ce n’est sur le Mont Beuvray, du<br />
moins dans ses alentours ; il se nommait<br />
Diviciacos et fut, aux côtés de César, l’un<br />
des acteurs de la Guerre des Gau<strong>les</strong>.<br />
Ce personnage s’impose naturellement<br />
comme le guide d’une exposition placée<br />
à la rencontre des deux sources<br />
de connaissances que sont la philologie<br />
et l’archéologie.<br />
Outre une évocation de la perception<br />
du druidisme au cours des sièc<strong>les</strong>,<br />
l’exposition présente <strong>les</strong> différents aspects,<br />
célèbres ou méconnus, du sujet en faisant<br />
le point des connaissances sur des thèmes<br />
tels que le rôle du druide dans la<br />
société, <strong>les</strong> relations entre oralité et écriture,<br />
l’art et la représentation des dieux,<br />
<strong>les</strong> connaissances astronomiques et la<br />
mesure du temps, la divination, <strong>les</strong> sacrifices<br />
sanglants et non-sanglants, le droit<br />
pénal, <strong>les</strong> temp<strong>les</strong>, <strong>les</strong> manifestations de la<br />
vie religieuse dans <strong>les</strong> communautés villageoises,<br />
et, enfin, la disparition du druidisme<br />
gaulois et breton.
11<br />
Cruche avec graffiti en caractères grecs, seconde moitié du i er s. av. J.-C. H.<br />
18,5 cm. Oppidum de <strong>Bibracte</strong>, fouil<strong>les</strong> du xix e siècle.<br />
Musée des Antiquités nationa<strong>les</strong>.<br />
En Gaule du Centre-Est, l’habitude d’inscrire son nom sur la vaisselle<br />
que l’on possède – qui témoigne de la diffusion de l’écriture à toutes <strong>les</strong><br />
couches de la société – se développe dans <strong>les</strong> décennies qui précèdent<br />
la Guerre des Gau<strong>les</strong>.<br />
Objets de la nécropole de Tartigny (Somme) :<br />
monture en fer d’un seau en bois (H. 30 cm),<br />
bassin en bronze, couteau et pincettes en fer,<br />
seconde moitié du iii e s. av. J.-C.<br />
Musée départemental de l’Oise, Beauvais.<br />
La nécropole de Tartigny abrite <strong>les</strong> tombes<br />
à incinération d’une famille<br />
de l’aristocratie bellovaque.<br />
Parmi un riche mobilier, des objets inhabituels<br />
semblent signaler le statut particulier<br />
de certains des défunts.<br />
Exemple de légende monétaire du i er s. avant J.-C.<br />
sur une monnaie du centre-est de la Gaule.<br />
Le développement de l’usage de l’écriture<br />
en Gaule non méditerranéenne<br />
se signale notamment par <strong>les</strong> inscriptions<br />
de plus en plus nombreuses sur <strong>les</strong> monnaies<br />
à partir du début du i er s. av. J.-C. :<br />
anthroponymes, plus rarement ethniques et magistratures.<br />
11
12<br />
Divinité à la coiffure en<br />
forme de feuil<strong>les</strong> de gui<br />
sur la poignée<br />
de couvercle de cruche<br />
en bronze de la tombe<br />
princière de Reinheim<br />
(Sarre, Allemagne),<br />
seconde moitié<br />
du v e s. av. J.-C.<br />
Museum für Vor- und<br />
Frühgeschichte,<br />
Saarbrücken<br />
(moulage du<br />
Römisch-germanisches<br />
Zentralmuseum, Mayence).<br />
“On ne doit pas non plus oublier l'admiration<br />
qu'ont <strong>les</strong> Gaulois pour le gui”<br />
QUELQUES CLICHÉS SUR LES DRUIDES : VRAI OU FAUX ?<br />
Le druide<br />
Dès l’Antiquité, le mot gaulois “druide” donna<br />
lieu à des tentatives d’explication. Sa ressemblance<br />
avec le nom grec du chêne (Drus) incita<br />
certains à le traduire par “<strong>les</strong> hommes du chêne”.<br />
Le chêne était en effet connu pour être la manifestation<br />
d’un dieu majeur des Gaulois.<br />
Les études linguistiques modernes préfèrent donner<br />
au mot le sens de “très savant” ou plus précisément<br />
“qui a la science solide comme le chêne”.<br />
Autre hypothèse : faire du grec semnothée –<br />
littéralement “le vénérable d’origine divine” – que<br />
l’on trouve chez un auteur du iii e s. av. J.-C., un<br />
synonyme exact du gaulois “druide”.<br />
« Le nom des <strong>druides</strong>, du nom du chêne parce<br />
qu’ils vivent dans des bois sacrés ou parce qu’ils<br />
exercent la divination sous l’effet de l’ingestion<br />
de glands. »(Scholies dites "bernoises"<br />
à la Pharsale de Lucain, ix e s. ap. J.-C.).<br />
Le chêne et la forêt<br />
Le chêne était un arbre sacré aux yeux<br />
de certains Gaulois. Selon César, <strong>les</strong> <strong>druides</strong> se<br />
réunissaient annuellement dans un lieu sacré<br />
sur le territoire des Carnutes (entre Orléans et<br />
Chartres). Certaines copies médiéva<strong>les</strong> du texte<br />
précisent que ce lieu est une forêt (lucus), mais<br />
il peut s’agir d’une mauvaise lecture d’un autre<br />
mot, locus (= lieu).<br />
« Les <strong>druides</strong> n’ont rien de plus sacré que le gui<br />
et l’arbre sur lequel il croît, à condition que<br />
celui-ci soit un chêne rouvre. Ils choisissent le<br />
rouvre pour leurs bois sacrés et n’accomplissent<br />
aucun acte sacré sans son feuillage. »<br />
(Pline, i er s. ap. J.-C.).<br />
Le gui<br />
Le gui est un végétal parasite assez commun,<br />
mais il est très rare sur certains arbres, notamment<br />
le chêne, arbre sacré pour <strong>les</strong> Gaulois.<br />
À l’approche du nouvel an gaulois, sans doute à<br />
l’automne ou au début de l’hiver, <strong>les</strong> <strong>druides</strong><br />
pratiquaient une cueillette rituelle suivie du<br />
sacrifice de taureaux blancs et d'un banquet.<br />
On considérait sans doute que le gui, qui reste vert<br />
et porte ses fruits en hiver, témoignait<br />
de la vitalité du chêne qui le portait<br />
et garantissait le retour du printemps.<br />
« On ne doit pas non plus oublier l'admiration<br />
qu'ont <strong>les</strong> Gaulois pour le gui. »<br />
(Pline, i er s. ap. J.-C.).<br />
Le vêtement blanc<br />
Les étoffes de laine, de lin ou de chanvre utilisées<br />
par <strong>les</strong> Gaulois avaient une couleur naturellement<br />
beige, grise ou brune. La teinture avec des<br />
colorants végétaux et le tissage permettaient
“Les <strong>druides</strong> pensent que la boisson tirée du gui<br />
13<br />
donne la fécondité à tout animal stérile,<br />
qu’il est un remède contre tous <strong>les</strong> poisons”<br />
d’obtenir des vêtements ornés de motifs<br />
multicolores. Les étoffes d’un blanc parfait<br />
étaient plus diffici<strong>les</strong> à obtenir, ce qui explique<br />
que, chez <strong>les</strong> Gaulois comme chez bien d’autres<br />
peup<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> étaient réservées à des usages<br />
particuliers. Rien en revanche ne permet de penser<br />
que <strong>les</strong> <strong>druides</strong> aient en permanence été vêtus<br />
de cette manière.<br />
« Un prêtre paré d’un vêtement blanc monte<br />
dans l’arbre. » (Pline, i er s. ap. J.-C.).<br />
La serpe d’or<br />
Aucune serpe ou faucille gauloise en or n’a été<br />
retrouvée à ce jour. Ces outils, s’ils ont existé,<br />
ont sans doute été rares. Ils ont peut-être<br />
disparu au cours de pillages pendant<br />
la conquête de la Gaule.<br />
Il est aussi possible que l’on ait utilisé des outils<br />
en métal doré (donc en bronze) plutôt qu’en or.<br />
L’important semble avoir été de ne pas employer<br />
de simp<strong>les</strong> outils de paysans en fer, indignes<br />
d’une plante sacrée.<br />
« Un prêtre […] avec une serpe en or […] coupe<br />
le gui. » (Pline, i er s. ap. J.-C.).<br />
Le chaudron<br />
et la potion magique<br />
Le gui – dont on ignore le nom gaulois – est<br />
l’une des multip<strong>les</strong> plantes dont <strong>les</strong> Gaulois<br />
connaissaient <strong>les</strong> vertus. Comme le suggère Pline,<br />
<strong>les</strong> <strong>druides</strong> détenaient et transmettaient <strong>les</strong><br />
connaissances médica<strong>les</strong> de leur peuple.<br />
Le chaudron est quant à lui un instrument de<br />
cuisine que l’on trouvait dans chaque maisonnée.<br />
En tôle de bronze, c'était un récipient destiné à<br />
faire chauffer de l’eau ou cuire par ébullition <strong>les</strong><br />
viandes, utilisé suspendu par une crémaillère<br />
au-dessus d’un foyer.<br />
« Les <strong>druides</strong> pensent que la boisson tirée de<br />
cette plante (le gui) donne la fécondité à tout<br />
animal stérile, qu’il est un remède contre tous<br />
<strong>les</strong> poisons. » (Pline, i er s. ap. J.-C.).<br />
Les mégalithes<br />
Depuis la Renaissance, l’imagerie populaire associe<br />
dolmens et menhirs aux Gaulois. Ainsi, <strong>les</strong><br />
dolmens ont été identifiés à tort, en raison de<br />
leur forme tabulaire, à des autels religieux, sur<br />
<strong>les</strong>quels <strong>les</strong> <strong>druides</strong> sacrifiaient des victimes<br />
humaines. La réalité est toute différente.<br />
Ces mégalithes sont des monuments funéraires<br />
et cultuels érigés au Néolithique, à l’époque où<br />
apparurent <strong>les</strong> premières communautés<br />
villageoises, soit plusieurs milliers d’années<br />
avant l’émergence du druidisme.<br />
Le barde<br />
Les pratiques religieuses des Gaulois<br />
nécessitaient un personnel qui ne se<br />
limitait pas aux seuls <strong>druides</strong>.<br />
Sans doute en dessous d’eux, dans la<br />
hiérarchie sacerdotale, <strong>les</strong> vates, <strong>les</strong> gutuaters et<br />
<strong>les</strong> bardes avaient chacun une fonction précise.<br />
Le barde était une sorte de poète lyrique, déclamant<br />
des vers en s’accompagnant d’une lyre. Les<br />
textes le montrent flattant <strong>les</strong> puissants, pratiquant<br />
la critique ou s’avançant entre <strong>les</strong> armées pour<br />
apaiser <strong>les</strong> combattants. On pense qu’ils étaient<br />
capab<strong>les</strong> de mémoriser de nombreux vers<br />
rythmés par une métrique particulière<br />
et de conserver ainsi le souvenir des hauts faits<br />
des chefs de guerre et des peup<strong>les</strong>.<br />
« Chez tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> gaulois, il y a trois sortes<br />
d'hommes qui sont honorés de façon différente :<br />
<strong>les</strong> bardes, <strong>les</strong> vates, et <strong>les</strong> <strong>druides</strong>. Les bardes<br />
sont des chanteurs et des poètes. »<br />
(Strabon, i er s. av. J.-C.).<br />
13
Une question que tout le monde se pose<br />
Nos ancêtres : <strong>les</strong> Gaulois… ou <strong>les</strong> Celtes ?<br />
Celtes, Gaulois et Galates, tels sont <strong>les</strong> termes qu’ont utilisés <strong>les</strong> Grecs et<br />
<strong>les</strong> Romains pour désigner une partie des habitants de l’Europe intérieure,<br />
non méditerranéenne.<br />
Aujourd’hui, par commodité, on a pris l’habitude de parler du “monde” ou<br />
de la “civilisation” celtique, la Gaule et <strong>les</strong> Gaulois en constituant la partie<br />
la plus occidentale, entre <strong>les</strong> Pyrénées et le Rhin. Le vocable de “Celtes”<br />
tend donc à être d’un usage de plus en plus général, alors qu’en France,<br />
<strong>les</strong> Gaulois sont traditionnellement plus populaires. Il n’y a pas d’autre<br />
raison à cela que l’histoire récente : à l’époque où l’intérêt pour ces lointains<br />
ancêtres se développa, nos voisins d’Outre-Rhin étaient réticents à utiliser<br />
le vocable de “Gaulois”, trop attaché à la nation française. De même, ce<br />
n’est que selon une convention inventée par des érudits modernes que<br />
l’on désigne comme Celtes <strong>les</strong> habitants d’une partie des Î<strong>les</strong> Britanniques<br />
à l’époque de la conquête romaine, puisqu’aucun auteur antique n’indique<br />
la présence de Celtes dans cette région.<br />
L’archéologie nous enseigne que ces populations dites celtiques ont eu<br />
une grande homogénéité culturelle. Depuis le viii e s. av. J.-C., quelques<br />
objets caractéristiques vous montrent l’évolution du “style celtique”.<br />
La civilisation celtique prit une grande extension à partir du v e s. av. J.-C.,<br />
le second âge du Fer ou époque de La Tène. La Tène est le nom d’un site<br />
important de Suisse, d’où proviennent d’ailleurs beaucoup d’objets présentés<br />
dans le musée de <strong>Bibracte</strong>. Dès lors, la civilisation celtique se développe.<br />
Des entités politiques apparaissent, qui ont en général l’emprise d’un à<br />
trois départements français. Les plus importantes se situent dans le centre<br />
et l’est de la Gaule, par exemple <strong>les</strong> Éduens qui occupent le Morvan et ses<br />
marches, <strong>les</strong> Bituriges (en Berry) ou encore <strong>les</strong> Séquanes (en Franche<br />
Comté). Certaines ont laissé leur nom à une région actuelle, comme <strong>les</strong><br />
Arvernes, qui habitaient l’Auvergne.<br />
Le territoire de ces peup<strong>les</strong> s’organise. Vers 200 avant J.-C., apparaissent<br />
des agglomérations. Il s’agit de gros villages, non fortifiés, qui par la suite<br />
allaient souvent donner naissance à une ville.<br />
Les oppida (le terme est emprunté à César) sont <strong>les</strong> premières vil<strong>les</strong><br />
européennes en dehors du monde méditerranéen. Ce sont de vastes<br />
agglomérations fortifiées couvrant des dizaines d’hectares, qui apparaissent<br />
en quelques dizaines d’années vers la fin du ii e s. av. J.-C. Leur physionomie<br />
est bien différente de celle des vil<strong>les</strong> contemporaines de Grèce ou d’Italie,<br />
en raison de l’usage abondant du bois dans l’architecture des fortifications<br />
et des maisons.<br />
Beaucoup d’oppida sont devenus des agglomérations importantes, appelées<br />
à jouer pour longtemps le rôle de centres politiques, comme Vesontio,<br />
devenue Besançon, Avaricum, devenue Bourges, Lutecia, devenue Paris, etc.<br />
<strong>Bibracte</strong> eut un destin différent. La capitale des Éduens fut abandonnée<br />
quelques décennies après la conquête romaine au profit d’une ville neuve<br />
placée en lieu plus facile d’accès, Augustodunum, Autun.
15<br />
Renseignements pratiques<br />
Où : au musée de <strong>Bibracte</strong>, musée de la civilisation celtique, situé au pied du<br />
Mont Beuvray, dans un site naturel remarquable et protégé, haut lieu de l'histoire<br />
des Gau<strong>les</strong>, qui accueille chaque année plus de 80 000 visiteurs.<br />
Quand : l'exposition temporaire est ouverte du 29 avril au 5 novembre 2000.<br />
Le musée est ouvert de mi-mars à mi-novembre (fermé l’hiver) :<br />
- du 14 avril au 14 septembre : tous <strong>les</strong> jours, de 10h à 18h<br />
(jusqu’à 19h en juillet et en août).<br />
- en dehors de cette période, le musée est ouvert tous <strong>les</strong> jours de 10h à 18h,<br />
sauf le mardi.<br />
UNE pUBLICATION<br />
À l’occasion de l’exposition temporaire<br />
"<strong>les</strong> <strong>druides</strong> gaulois", le musée de<br />
<strong>Bibracte</strong> s’associe avec la revue<br />
L’archéologue pour éditer un numéro<br />
spécial de 64 pages sur le sujet.<br />
Ce numéro spécial, abondamment illustré, a<br />
bénéficié du concours de nombreux spécialistes<br />
du sujet, historiens ou archéologues, notamment :<br />
Miranda Aldhouse-Green (université de<br />
Newport), Gilbert Argoud (univer sité de<br />
St-Etienne), Michel Bats (CNRS, Nap<strong>les</strong>),<br />
Jean-Louis Brunaux (CNRS, Paris), Gérard Coulon<br />
(Tours), Andrew Fitzpatrick (Wessex<br />
Archaeology, Salisbury), Christian Goudineau<br />
(Collège de France, Paris), Pierre-Yves Lambert<br />
(École Pratique des Hautes Études, Paris),<br />
Bernard Lambot (Compiègne), Jean Lefort<br />
(Wintzenheim), Franck Perrin (musée de<br />
<strong>Bibracte</strong>), William Van Andringa (université de<br />
St-Etienne).<br />
Ce numéro spécial de L’Archéologue<br />
est en kiosque le 1er juin 2000.<br />
GÉNÉRIQUE<br />
Expostion produite par<br />
le Centre archéologique européen du Mont<br />
Beuvray<br />
Commissaires : Vincent Guichard, Franck Perrin<br />
Muséologie : Agence Reverdie Paquelot<br />
Scénographie : Annie Helsly, architecte<br />
Éclairage : Ramon Ruiz<br />
Son : Pierre Lange<br />
Graphisme : Michel Redon<br />
Ce dossier et <strong>les</strong> images qui l’illustrent<br />
sont disponib<strong>les</strong> sur CD rom.<br />
Contact presse :<br />
Christian Landeau<br />
Sophie Jouet<br />
Centre archéologique européen du Mont<br />
Beuvray,<br />
58370 Glux-en-Glenne.<br />
Tél. : 00 33 (0) 3 86 78 69 19<br />
Fax : 00 33 (0) 3 86 78 65 70<br />
e-mail : com.bibracte@wanadoo.fr<br />
Les objets illustrés sont tous présentés<br />
dans l’exposition.<br />
Crédit photographique : Antoine Maillier,<br />
Centre archéologique européen du Mont Beuvray<br />
15
CENTRE<br />
ARCHEOLOGIQUE EUROPEEN<br />
DU MONT BEUVRAY