Charles TRENET - durand-salabert-eschig

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24.09.2013 Views

Un Trenet doit en cacher un autre permis d’inventer un langage respectueux de notre langue (le swing n’exclut pas la rigueur). A ce propos, pourquoi tous ceux qui ont chantonné cent fois « Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu » s’acharnent-ils encore à employer le subjonctif à la place de l’indicatif avec « après que » ? Trenet a toujours suivi les règles de la grammaire française, que ceux qui prétendent aimer Trenet les suivent ! « Je n’ai pas aimé ma mère, je n’ai pas aimé mon sort, je n’ai pas aimé la guerre, je n’ai pas aimé la mort », ces phrases négatives et à la première personne, extraites de « La Folle Complainte », chanson particulièrement lucide malgré son titre, étonnent par leur accent de vérité et font présager un Trenet caché. Un indice supplémentaire est fourni par une réflexion du Fou Chantant : « Quand j’écris une chanson, c’est souvent pour oublier ce monde extérieur qui n’est pas tellement beau », ce qui expliquerait son optimisme exacerbé et justifierait doublement notre titre : un précieux antidote. Trenet aurait donc autant que son public (sinon plus) besoin de l’exceptionnel contrepoison à la réalité contenu dans ses chansons. Comme l’auteur de « L’Education Sentimentale » déchiré entre ses penchants naturels au lyrisme et à l’effusion et ses tendances non moins naturelles à l’observation désabusée, ou encore se devinant sous son mâle aspect d’une grande féminité, Trenet a sûrement ses contradictions et ses zones d’ombre. Contrairement à Flaubert cependant qui a fui les hommes et vécu en ermite, Trenet s’est exhibé en pleine lumière, mais se montrer ne signifie pas forcément tout montrer ou tout dire. Quoi qu’il en soit, tout en restant hors normes, Charles Trenet fait l’unanimité. A une époque aussi conventionnelle et robotisée que la nôtre, voilà qui le rend encore plus réjouissant ! Jean-Claude HEMMERLIN 11

12 CHANSONS DE CHARLES TRENET PUBLIÉES PAR SALABERT* * paroles et musique de Charles Trenet, sauf indication contraire le Bonheur ne passe qu’une fois (1942) CD c Durée : 1' 55" EAS 13868 la Bourse ou la vie (1948) EAS 13899 C’est bon (1942) CD c Musique de Charles Trenet et Francis Salabert EAS 13820 Chanson de Lormel (1941) Chanson parodique du film «La Romance de Paris» Valse populaire EAS 13679 Chantez, mon cœur ! (1932) extrait du film «Bariole» Musique de Jane Bos EAS 7962 Dans le lit d’Aline (1933) CD a Fox-trot Création : Charles et Johnny Durée : 2' 45" EAS 8995 Débit de l’eau... Débit de lait (1943) CD c Polka extraite du film «La Cavalcade des heures» Paroles de Charles Trenet et Francis Blanche Durée : 2' 25" EAS 13967 Ding ! Dong ! (1945) CD c Durée : 3' 15" EAS 14292 Douce France (1943) CD d, j Durée : 2' 25" EAS 18134

Un Trenet<br />

doit en cacher<br />

un autre<br />

permis d’inventer un langage respectueux de notre langue<br />

(le swing n’exclut pas la rigueur). A ce propos, pourquoi<br />

tous ceux qui ont chantonné cent fois « Longtemps, longtemps,<br />

longtemps après que les poètes ont disparu »<br />

s’acharnent-ils encore à employer le subjonctif à la place de<br />

l’indicatif avec « après que » ? Trenet a toujours suivi les<br />

règles de la grammaire française, que ceux qui prétendent<br />

aimer Trenet les suivent !<br />

« Je n’ai pas aimé ma mère, je n’ai pas aimé mon sort, je n’ai<br />

pas aimé la guerre, je n’ai pas aimé la mort », ces phrases<br />

négatives et à la première personne, extraites de « La Folle<br />

Complainte », chanson particulièrement lucide malgré son<br />

titre, étonnent par leur accent de vérité et font présager un<br />

Trenet caché. Un indice supplémentaire est fourni par une<br />

réflexion du Fou Chantant : « Quand j’écris une chanson,<br />

c’est souvent pour oublier ce monde extérieur qui n’est pas<br />

tellement beau », ce qui expliquerait son optimisme exacerbé<br />

et justifierait doublement notre titre : un précieux<br />

antidote. Trenet aurait donc autant que son public (sinon<br />

plus) besoin de l’exceptionnel contrepoison à la réalité<br />

contenu dans ses chansons.<br />

Comme l’auteur de « L’Education Sentimentale » déchiré<br />

entre ses penchants naturels au lyrisme et à l’effusion et ses<br />

tendances non moins naturelles à l’observation désabusée,<br />

ou encore se devinant sous son mâle aspect d’une grande<br />

féminité, Trenet a sûrement ses contradictions et ses zones<br />

d’ombre. Contrairement à Flaubert cependant qui a fui les<br />

hommes et vécu en ermite, Trenet s’est exhibé en pleine<br />

lumière, mais se montrer ne signifie pas forcément tout<br />

montrer ou tout dire. Quoi qu’il en soit, tout en restant hors<br />

normes, <strong>Charles</strong> Trenet fait l’unanimité. A une époque<br />

aussi conventionnelle et robotisée que la nôtre, voilà qui le<br />

rend encore plus réjouissant !<br />

Jean-Claude HEMMERLIN<br />

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