LES SEPT FEMMES DE LA BARBE-BLEUE ET AUTRES CONTES ...

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22.09.2013 Views

A ces mots, bien que la Barbe-Bleue ne pût lui faire peur, car son langage et son maintien n’exprimaient que la mélancolie et l’amour, la jeune dame de Montragoux se mit à crier à tuetête : – Au secours ! On me tue ! C’était le signal convenu. En l’entendant le chevalier de la Merlus et les deux fils de madame de Lespoisse devaient se jeter sur la Barbe-Bleue et le percer de leurs épées. Mais le chevalier, que Jeanne avait caché dans une armoire de la chambre, parut seul. M. de Montragoux, le voyant bondir l’épée au poing, se mit en garde. Jeanne s’enfuit épouvantée et rencontra dans la galerie sa sœur Anne, qui n’était pas, comme on l’a dit, sur une tour, car les tours du château avaient été abattues par l’ordre du cardinal de Richelieu. Anne de Lespoisse s’efforçait de redonner du cœur à ses deux frères, qui, pâles et chancelants, n’osaient risquer un si grand coup. Jeanne, rapide et suppliante : – Vite ! vite ! mes frères, secourez mon amant ! Alors Pierre et Cosme coururent sur la Barbe Bleue ; ils le trouvèrent qui, ayant désarmé le chevalier de la Merlus, le tenait sous son genou, et ils lui passèrent traîtreusement, par derrière, leur épée à travers le corps et le frappèrent encore longtemps après qu’il eut expiré. La Barbe-Bleue n’avait point d’héritiers. Sa veuve demeura maîtresse de ses biens. Elle en employa une partie à doter sa sœur Anne, une autre partie à acheter des charges de capitaine à - 26 -

ses deux frères et le reste à se marier elle-même avec le chevalier de la Merlus, qui devint un très honnête homme des qu’il fut riche. *********************** Icône de Saint Nicolas - École de Novgorod - 27 -

A ces mots, bien que la Barbe-Bleue ne pût lui faire peur,<br />

car son langage et son maintien n’exprimaient que la mélancolie<br />

et l’amour, la jeune dame de Montragoux se mit à crier à tuetête<br />

:<br />

– Au secours ! On me tue !<br />

C’était le signal convenu. En l’entendant le chevalier de la<br />

Merlus et les deux fils de madame de Lespoisse devaient se jeter<br />

sur la Barbe-Bleue et le percer de leurs épées.<br />

Mais le chevalier, que Jeanne avait caché dans une armoire<br />

de la chambre, parut seul. M. de Montragoux, le voyant bondir<br />

l’épée au poing, se mit en garde.<br />

Jeanne s’enfuit épouvantée et rencontra dans la galerie sa<br />

sœur Anne, qui n’était pas, comme on l’a dit, sur une tour, car<br />

les tours du château avaient été abattues par l’ordre du cardinal<br />

de Richelieu. Anne de Lespoisse s’efforçait de redonner du cœur<br />

à ses deux frères, qui, pâles et chancelants, n’osaient risquer un<br />

si grand coup.<br />

Jeanne, rapide et suppliante :<br />

– Vite ! vite ! mes frères, secourez mon amant !<br />

Alors Pierre et Cosme coururent sur la Barbe Bleue ; ils le<br />

trouvèrent qui, ayant désarmé le chevalier de la Merlus, le tenait<br />

sous son genou, et ils lui passèrent traîtreusement, par derrière,<br />

leur épée à travers le corps et le frappèrent encore longtemps<br />

après qu’il eut expiré.<br />

La Barbe-Bleue n’avait point d’héritiers. Sa veuve demeura<br />

maîtresse de ses biens. Elle en employa une partie à doter sa<br />

sœur Anne, une autre partie à acheter des charges de capitaine à<br />

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