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LES SEPT FEMMES DE LA BARBE-BLEUE ET AUTRES CONTES ...

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Jeanne de Lespoisse, non contente d’attenter à l’honneur de son<br />

mari, ne craignit point d’attenter à sa vie.<br />

C’est dans le petit cabinet, autrement nommé cabinet des<br />

princesses infortunées, que Jeanne de Lespoisse, dame de<br />

Montragoux, concerta avec le chevalier de la Merlus la mort<br />

d’un époux fidèle et tendre. Elle déclara plus tard que, en<br />

entrant dans cette salle, elle y vit suspendus les corps de six<br />

femmes assassinées, dont le sang figé couvrait les dalles, et que,<br />

reconnaissant en ces malheureuses les six premières femmes de<br />

la Barbe-Bleue, elle avait prévu le sort qui l’attendait elle-même.<br />

Ce seraient, en ce cas, les peintures des murailles qu’elle aurait<br />

prises pour des cadavres mutilés et il faudrait comparer ses<br />

hallucinations à celles de lady Macbeth. Mais il est extrêmement<br />

probable que Jeanne imagina ce spectacle affreux pour le<br />

retracer ensuite et justifier les assassins de son époux en<br />

calomniant leur victime. La perte de M. de Montragoux fut<br />

résolue. Certaines lettres que j’ai sous les yeux m’obligent à<br />

croire que la dame Sidonie de Lespoisse participa au complot.<br />

Quant à sa fille aînée, on peut dire qu’elle en fut l’âme. Anne de<br />

Lespoisse était la plus méchante de la famille. Elle demeurait<br />

étrangère aux faiblesses des sens et restait chaste au milieu des<br />

débordements de sa maison ; non qu’elle se refusât des plaisirs<br />

qu’elle jugeait indignes d’elle, mais parce qu’elle n’éprouvait de<br />

plaisir que dans la cruauté. Elle engagea ses deux frères, Pierre<br />

et Cosme, dans l’entreprise par la promesse d’un régiment.<br />

V<br />

Il nous reste à retracer, d’après des documents authentiques<br />

et de sûrs témoignages, le plus atroce, le plus perfide et le plus<br />

lâche des crimes domestiques, dont le souvenir soit venu jusqu’à<br />

nous. L’assassinat dont nous allons exposer les circonstances,<br />

ne saurait être comparé qu’au meurtre commis dans la nuit du 9<br />

mars 1449 sur la personne de Guillaume de Flavy par Blanche<br />

d’Overbreuc, sa femme, qui était jeune et menue, le bâtard<br />

d’Orbandas et le barbier Jean Bocquillon. Ils étouffèrent<br />

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